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La gouvernance urbaine de l'eau et l'accès aux services de base des quartiers précaires cas de la ville de Safi (Maroc)

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par Ali Ighil
Institut National d'Aménagement et d'Urbanisme INAU (Maroc) - Diplôme d'études supérieurs en aménagement et urbanisme (DESAU) 2008
  

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B. Tutelle et régulation :

La Direction des Régies et Services Concédés (DRSC), du Ministère de l'intérieur, a la charge du suivi des opérations des régies et de la supervision des contrats de gestion déléguée aux concessionnaires privés.

La Direction Générale des Collectivités Locales du Ministère de l'Intérieur (DGCL), au travers de sa Direction de l'Eau et de l'Assainissement (DEA), joue un rôle particulier d'appui et conseil aux collectivités pour ce qui est de la gestion des services publics.

La régulation des aspects économiques du secteur est, en l'absence de régulateur proprement dit, une responsabilité partagée entre plusieurs acteurs dont la Direction des régies, la Direction des entreprises publiques et de la privatisation (DEPP) du Ministère des finances, et la Commission Interministérielle des Prix qui donne un avis au Premier Ministre ou à l'autorité déléguée sur les demandes d'augmentation tarifaire de l'ONEP et des régies. Cette commission comprend des représentants de plusieurs Ministères, notamment le Ministère des Finances et celui des Affaires générales, qui préside la commission sur délégation de la Primature.

Le ministère de l'intérieur joue un rôle primordial, de part la tutelle qu'il exerce sur les collectivités locales, dans le contrôle des programmations budgétaires, des investissements communaux relatifs aux équipements et des décisions des conseils communaux de manière générale. Si bien que les décisions importantes (concernant les modes de gestion des services urbains), ne peuvent être prises sans l'aval des services du ministère, si elles ne sont pas initiées par ces services.

Dans un autre aspect de cette tutelle, les walis et gouverneurs président les conseils administratifs des régies autonomes de distribution d'eau, et sont considérés de ce fait comme étant les premiers responsables de la gestion du service au sein de leurs provinces. Le Dahir du 6 octobre 1993 fait du gouverneur « le coordinateur des activités des services des administrations centrales de l'Etat et le président du comité technique préfectorale ou provinciale », le gouverneur est habilité à intervenir en vue d'assurer l'approvisionnement suffisant en eau potable, de veiller à une utilisation rationnelle de cette eau et à sa protection contre toute forme de dégradation.

C. Le système de tarification, acteurs et logiques:

1. présentation du système tarifaire actuel :

Avant la fin de la décennie 60, l'alimentation en eau potable des grandes villes ne posait pas de problèmes particuliers, la tarification de l'eau, en dehors des concessions régies par des dispositions particulières, ne retenait pas particulièrement l'attention des pouvoirs publics, longtemps les tarifs ont été gelés et on enregistrait des prix publics et des prix de revient, la compensation de la différence entrait dans le cadre des finances publics

A la fin de cette décennie, des déficits en eau ont été enregistrés dans la plupart des grandes villes, les ressources en eau mobilisées ont été saturées ce qui a traduit une carence de planification de l'alimentation en eau potable: L'ONEP a été créé en1972 pour pallier à cette carence, et des schémas directeurs d'alimentation en eau potable ont été établis pour la quasitotalité des grandes villes.

L'importance du volume des investissements nécessaires que ces schémas directeurs ont fait apparaître pour rattraper la situation a conduit à reconsidérer la politique tarifaire sur la base d'une étude tarifaire réalisée entre 1975 et 197748 et qui a déterminé les besoins en financement, ainsi que les ressources pour les couvrir. Cette étude a conclu à la nécessité de mettre en place un système de recouvrement des coûts basé sur les principes suivants :

- Le tarif doit être établi par référence au coût économique de développement, qui est une variante de la tarification au coût marginal, elle permet de faire ressentir à l'usager la rareté de l'eau et de l'amener ainsi à éviter le gaspillage et à préserver la ressource, elle assure l'efficacité économique,

- Le tarif doit assurer aux organismes du secteur, les moyens financiers nécessaires pour l'exploitation et le développement de leurs infrastructures compte tenu des possibilités de l'Etat et des opportunités que peut offrir le recours aux financements extérieurs,

- La tarification doit permettre aux ménages à faible revenu d'accéder à une consommation jugée sanitairement nécessaire et à un tarif compatible avec leurs revenus.

D'autres objectifs, non moins importants, ont été également recherchés tels que la simplicité, l'évolution régulière et progressive des tarifs.

L'analyse de la demande a permis de définir les types de consommateurs pour lesquels des tarifs différents devaient être appliqués :

- Usage domestique,

- Usage industriel,

- Usage préférentiel concernant les bornes fontaines et les bains maures.

48 Une étude nationale de tarification a été lancée en 1975 et a permit de jeter les bases du système tarifaire en vigueur. Cette étude a été actualisée en 1982-1983 et une nouvelle étude a été achevée en 1990

L'analyse de la concentration de la consommation corrélée avec le niveau de revenu a permis d'adopter, pour l'usage domestique, une tarification progressive par tranches, c'est ainsi que deux tranches de consommation avaient été, dans un premier temps, retenues:

1ère tranche : 0 - 30 m3/trimestre dite tranche sociale; la 2ème au-dessus de ce seuil ;

Les gros consommateurs domestiques étant supposés plus riches devaient compenser le manque à gagner créé par l'application d'un tarif relativement bas pour la tranche dite sociale. L'équilibre financier a été défini pour chaque institution de telle façon que le tarif puisse couvrir les charges courantes d'exploitation, le service de la dette y compris les fluctuations de changes et une part raisonnable des investissements en supposant que l'Etat continue à soutenir le secteur et à lui faciliter l'accès à des prêts concessionnels.

Actuellement la tarification domestique est structurée en 4 tranches, avec l'instauration en 1982 d'une 3éme tranche, et en date de 01/11/2000 d'une 4éme tranche. La mise en place d'une tranche sociale (1ére tranche, consommation inférieure à 6 m3) en faveur des populations pauvres avec un prix au m3 inférieur au prix à l'achat, ne pénalise pas les critères de viabilité et d'efficience économique de l'opérateur si le manque à gagner est couvert par les gains réalisés au niveau des tranches supérieurs.

Tableau 31: Exemples de tarifications à la distribution.
(Illustration de la tarification différenciée).

Tarif (Dh/m3)

Moyenne
régies

Tarif Bas
(Meknès)

Tarif élevé
(Safi)

Tarif Centres
ONEP

Usage domestique

 
 
 
 

1ère tranche 0 - 6 m3

2,44

1,30

3,32

2,37

2ème tranche 6 - 20 m3

6,68

3,88

7,88

7,39

3ème tranche 20 - 40 m3

9,20

4,45

13,12

10,98

4ème tranche > 40 m3

9,25

4,51

13,17

11,03

Usage Préférentiel

5,94

2,18

7,82

7,20

 
 

5,70

2,23

7,14

6,68

 
 

Source : ONEP

Les trois premières tranches ont connu plus de 15 augmentations depuis 1980, date de leur création, avec une multiplication des tarifs de 4 à 7 selon les tranches49. La plus forte hausse des tarifs des tranches supérieures renforce la progressivité du tarif et le caractère incitatif à l'économie d'eau. Le rapport de prix entre la tranche la plus élevée et la tranche sociale a atteint 4 à Casablanca en 1993. Pour l'ensemble des grandes villes ce rapport avoisine 3 en 1995.50

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe