II. Le Contexte hydrographique de la ville de Safi
:
A. Le bilan hydrique national:
1. Le potentiel hydraulique et le stresse annoncé :
Le Maroc est dans la majeure partie de son territoire un pays
à climat essentiellement semi-aride caractérisé par une
grande variabilité des précipitations dans le temps et l'espace.
Les sécheresses sévères qu'a connut le Maroc ces
dernières années affectent, dans une large mesure, la croissance
de l'économie nationale. Le potentiel en ressources en eau naturelle
était évalué, avant la prise en compte des années
de sécheresse qui ont marqué les trois dernières
décennies a près de 30 Milliards de m3 par an.
Le potentiel des ressources en eau du pays est
évalué actuellement à environs 20 milliards de m3, soit
presque 690 m3 par habitant et par an. La régression de cette dotation
est un phénomène généralisé dans le monde,
mais de façon plus dramatique dans certains pays dont le Maroc (voir
tableau 4).
Tableau 4: Évolution par pays des ressources en eau
constatées et prévisibles en m3 par habitant et par
an.
PAYS
|
1955
|
1990
|
2025 (prévision)
|
Grèce
|
7 406
|
5 228
|
4 840
|
Turquie
|
8 509
|
3 262
|
2 186
|
France
|
4 260
|
3 262
|
3 044
|
Espagne
|
3 801
|
2 849
|
2 733
|
Maroc
|
2 763
|
1 117
|
590
|
Source : ONEP
D'après ce tableau on constate que le potentiel en eau
par habitant et par an a généralement régressé
pendant la deuxième moitié du XX siècle. Les
prévisions pour 2025 conservent la même tendance à la
régression accentuant ainsi la disparité relative au potentiel
par personne dans ces pays.
Globalement, le potentiel hydraulique mobilisable au
Maroc est estimé dans les conditions techniques et économiques
actuelles, si l'on déduit les pertes par évaporation et les
écoulements non maîtrisables vers la mer et le désert,
à prés de 16 milliards de m3 dont 13 milliards à partir
des eaux superficielles et 2,5 milliards en provenance des eaux
souterraines18 (voir figure 2).
Les ressources mobilisées sont de 13 milliards de
m3, dont 3 milliards de m3 sont des eaux souterraines et 10 milliards de m3 des
eaux de surface19.
18 Débat national sur l'eau, MATEE. 2006.
19 Rapport : 50 ans de développement humain au Maroc
et perspectives pour 2025.
Figure 2: Le potentiel des ressources en eau du Maroc.
Source : Plateforme débat national sur l'eau 2006.
MATEE.
Les ressources souterraines, généralement les
moins coûteuses à exploiter, sont quasi totalement
mobilisées. Seules quelques mobilisations ponctuelles sont encore
envisagées pour satisfaire des besoins ruraux. Cette saturation des
ressources souterraines contraint le secteur à recourir de façon
systématique, aux eaux de surface qui sont devenues
prédominantes, en matière d'alimentation en eau potable.
Enfin, compte tenu de la distribution géographique
inégale des précipitations, la répartition spatiale de ces
ressources est très inégale, les parties Sud et Est du Royaume
étant les plus défavorisées, ce qui nécessite de
réaliser d'importants complexes adducteurs pour permettre des transferts
régionaux.
Trois bassins sur l'Atlantique : Sebou, Bouregreg et Oum Er
Rbia détiennent les 2/3 du potentiel hydrique alors que les eaux coulant
vers la Méditerranée ou vers la zone saharienne connaissent,
certains étés, des débits presque nuls. Les ressources en
eau de tous les bassins sont cependant en régression (voir figure 3).
Figure 3: Prévisions de l'évolution des
ressources en eau par bassin.
Source : Débat national sur l'eau 2006. MATEE.
L'infrastructure de mobilisation compte 113 barrages, pour une
capacité de 16 milliards m3. Les travaux de captage et de stockage de la
ressource permettent de maîtriser près de 13 milliards de m3 soit
une moyenne nationale de 544 m3 par habitant, le potentiel encore mobilisable
serait de l'ordre de 5 à 10% de la ressource.
Dans l'une de ses déclarations à la presse, le
Secrétaire d'Etat chargé de l'eau livre un constat alarmant de la
situation hydrique du Maroc, nous avons retenu : «Si les efforts accomplis
jusqu'à présent en matière de mobilisation des eaux de
surface confèrent à notre pays une disponibilité en eau,
sans grand risque de rupture avant 2020-2025 ; le manque d'eau au delà
de cette échéance n'est pas écarté si le
parachèvement du programme de construction des barrages et des ouvrages
de transfert d'eau des zones excédentaires aux régions qui
souffrent d'un déficit n'est pas relancé dans l'immédiat.
En effet, c'est aux alentours de 2020-2025 que se situerait le point de rupture
entre production et consommation. Les besoins (alimentation eau potable,
fourniture pour l'irrigation et l'industrie) sont en perpétuel
accroissement et la ressource se raréfie davantage. Il est donc urgent
de tout entreprendre pour éviter un "assoiffement" du pays à
l'horizon 2020-2025»20. Au delà du caractère
alarmiste de cette déclaration (le Secrétaire d'Etat est
réputé adepte de la politique de plus de barrages) on ne peut
cependant ignorer le son du glas qui annonce l'étape proche de la
raréfaction de la ressource.
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