1.1.2.3. Le régime «
social-démocrate »
Le troisième modèle apparaît comme le plus
démarchandisant dans la mesure où il offre une indemnité
de base égale à tous, indépendamment des gains
antérieurs ou des cotisations. La protection sociale incarne la logique
universaliste et constitue un droit pour tous les citoyens, la plupart des
prestations sont forfaitaires et d'un montant élevé,
versées automatiquement en cas d'apparition du besoin social. Ces
systèmes sont essentiellement financés par des recettes fiscales.
Ils sont totalement publics, placés sous l'autorité direct des
pouvoirs publics centraux et locaux. Les salariés reçoivent aussi
des prestations complémentaires au travers de régimes
professionnels obligatoires, financés essentiellement par les
employeurs. Seule l'assurance chômage n'est pas intégrée au
système public de protection sociale.
Plutôt que de tolérer un dualisme entre
l'État et le marché, entre classe ouvrière et classe
moyenne, les sociaux-démocrates ont choisi d'instaurer un
État-providence qui encourage une égalité à partir
des plus hauts standards et non des besoins minimaux. Toutes les classes sont
incorporées dans un système universel d'assurance sociale, bien
que les indemnités soient relatives aux revenus habituels. Ce
modèle neutralise le marché et par conséquent
établit une solidarité globale en faveur de
l'État-providence.
La politique d'émancipation du régime
social-démocrate concerne aussi la famille traditionnelle. Contrairement
au modèle corporatiste, le principe n'est pas d'accompagner (voire de
renforcer) l'interdépendance familiale mais de rendre possible une
interdépendance individuelle. En ce sens, le modèle est une
fusion particulière de libéralisme et de socialisme. Il en
résulte un État-providence qui octroi des subsides directement
aux individus et qui prend la responsabilité directe des soins aux
enfants, aux personnes âgées ou aux personnes sans ressources. Par
conséquent, il est soumis à une lourde charge de service social,
qui tend à s'équilibrer par un accès facilité
à l'emploi pour les femmes.
La spécificité du régime
social-démocrate est d'après Esping-Andersen sa fusion entre
bien-être et travail : il vise à fournir une garantie de
plein emploi et est indépendant de la réalisation de cet
objectif. D'une part, le droit au travail a le même statut que le droit
à la garantie de revenu. De ce fait, l'État-providence intervient
sous la forme de politiques actives pour l'emploi (formation, reclassement,
création d'emplois publics). D'autre part les coûts de maintien du
système nécessitent de préserver un quasi plein emploi, et
la valeur du travail est prééminente. Cet idéal-type
rassemble les pays nordiques, c'est-à-dire la Suède, la Finlande,
le Danemark...
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