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La protection sociale au Cameroun

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par Alex OKOLOUMA
Université de Yaoundé II-Soa - DEA en sciences économiques 2008
  

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3.2.1. Les arguments en faveur du modèle d'assurance du revenu salarial

« Les économistes ont généralement porté peu d'attention aux assurances obligatoires, en les considérants comme une forme déguisée d'impôt et un mode comme un autre de dépense publique » (Summers, 1989 p.177). C'est, au contraire, par la mise en évidence des caractéristiques et des avantages propres aux systèmes d'assurance du revenu salarial en matière de distribution des ressources, par rapport aux transferts publics financés par l'impôt, qu'ont été justifiées les réformes conformes à ce premier modèle.

3.2.1.1. Assurances sociales et principe d'équivalence

La stratégie de renforcement de la logique assurantielle, telle qu'elle peut être comprise dans le cadre de ce premier modèle, s'appuie sur conception d'assurance, qui n'est pas nécessairement unifiée, mais que l'on peut comprendre a minima comme étant caractérisée par trois critères. Une assurance verse des prestations :

- dont le financement est apporté pour l'essentiel par le versement préalable de prime (de cotisations) ;

- pour lequel le principe d'équivalence (relative) prévaut ;

- qui sont versées inconditionnellement lorsqu'intervient l'évènement ouvrant droit au bénéfice de l'indemnisation, et donc indépendamment de la situation des bénéficiaires.

Le principe d'équivalence constitue ainsi l'un des pivots de cette stratégie. C'est pourquoi la démonstration de sa pertinence dans le cadre des systèmes publics obligatoires est importante.

Une approche théorique traditionnelle revient à qualifier la logique de l'assurance comme celle qui relie indemnité et cotisation par le biais de calcul actuariel. Dans cette optique, la spécificité des assurances sociales est d'occasionner une vaste redistribution ex ante puisque la cotisation n'est pas a priori liée à la probabilité d'occurrence du risque. On peut toutefois, au contraire, considérer comme parfaitement justifié le fait que les prélèvements opérés par les assurances sociales sont liés au revenu, puisque les risques professionnels lui sont liés à des degrés divers. En tout état de cause, puisque c'est la perte du revenu salarial qui constitue le risque à couvrir, l'originalité des assurances sociales comme assurance, tient à ce que les charges et les avantages (les cotisations et les prestations) y sont définis à proportion de celui-ci. En application du principe d'équivalence relative, les assurances sociales, à l'image des assurances privées, conduisent à différencier les prestations individuelles sur la base de la durée de cotisation et, via le salaire, de leur montant.

De ce point de vue, ce n'est donc ni la taille de la communauté de risque, ni l'uniformité des taux de cotisation, qui donnent à l'assurance publique son caractère social, mais bien le critère d'attribution des prestations. L'assurance publique va au-delà de la simple compensation des risques lorsque, pour un taux de cotisation uniforme au sein d'un groupe d'assurés, certaines prestations sont accordées indépendamment du montant du revenu salarial sur lequel est assise la cotisation ou de l'appartenance à la communauté des risques. Les prestations accordées sans cotisations préalables à certains d'ayant-droit en sont un exemple.

Cette distinction relatif claire sur le plan théorique s'avère, en revanche, délicate à appliquer lorsqu'il s'agit de distinguer empiriquement la redistribution interpersonnelle et intergénérationnelle des risques de celle afférent aux revenus, notamment afin d'énoncer des recommandations en matière de financement. Ce qui, au premier abord, semble devoir être conçu comme de la redistribution interpersonnelle, peut être en réalité compris comme une redistribution des risques parfaitement efficiente du point de vue économique. Ainsi en va-t-il, par exemple, des avantages versés aux femmes qui ont élevé des enfants dans le cadre des systèmes de pension. En conséquence, la séparation entre la redistribution des risques et la redistribution interpersonnelle et intergénérationnelle des revenus requiert un certain nombre de conventions, qui ne sont pas pour autant arbitraires.

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