B. Mise en oeuvre de la politique énergétique
des Etats-Unis
La mise en oeuvre de la politique énergétique
des Etats-Unis appelle à la combinaison de plusieurs moyens : la
diplomatie, la stratégie économique, l'armée, les
partenariats historiques, etc. Depuis la signature du Project for the New
American Century (PNAC) en 1998 et l'accession, le 20 janvier 2001, de George
W. Bush à la tête de l'exécutif américain, les
Etats-Unis ont opté à grande échelle de mettre tous les
moyens en jeu pour assurer leur sécurité
énergétique109. Ces moyens supposent mêler
politique et économie pour l'intérêt de la nation.
En réalité, la mise en oeuvre de la politique
énergétique des Etats-Unis suit des traditions bien
données. Elle est tributaire de l'histoire et de la géopolitique
de l'énergie tout au long du 20ème et en ce
début du 21ème siècle. Elle est donc à
l'entrecroisement de la projection de puissance aussi bien économique
que politique, mais faite aussi des manoeuvres diplomatiques et militaires.
107 Le Nigéria est considéré comme le pays
du golfe de Guinée dont l'exportation énergétique est la
plus menacée à cause de la présence des rebelles dans
lé région productrice du delta du Niger.
108 CNUCED, « La politique américaine de
l'énergie », in Information de marché dans les secteurs
de produits de base, CNUCED, 2009, p.4.
109 Le fait que les acteurs politiques soient aussi des
acteurs économiques y est certainement pour quelque chose. L'on a
noté sous l'administration Bush que la plupart des dirigeants ont
appartenu aussi à des grandes compagnies pétrolières.
Paragraphe II. Le golfe de Guinée comme «
espace vital » en matière énergétique pour les
Etats-Unis
Le golfe de Guinée est sujet à de nombreuses
convoitises, nous l'avons vu, de la part des Etats-Unis. Mais considérer
cet espace comme un espace vital en matière énergétique
pour la première puissance du monde, c'est reconnaitre qu'il est une
source importante, du moins stratégique, d'approvisionnement ; et que
par ricochet, il permet la réalisation de gros bénéfices
pour les multinationales américaines.
A. Le golfe de Guinée comme source
d'approvisionnement énergétique
Depuis que les risques de rupture de l'approvisionnement
augmentent du fait de la reconfiguration géopolitique mondiale, les
Etats-Unis essayent de construire un nouveau partenariat avec les pays du golfe
de Guinée. Aussi, il sied de reconnaître que
l'intérêt porté aux pays du golfe de Guinée
(Nigeria, Angola, Gabon, Congo, Guinée équatoriale)
n'apparaît donc pas comme simplement circonstanciel, lorsqu'en
février 2003 les pressions américaines (et françaises) se
multiplient pour emporter le vote du Cameroun, de l'Angola et de la
Guinée au Conseil de sécurité de l'Organisation des
Nations unies (ONU) au sujet de l'intervention en Irak. Ce d'autant plus qu'il
se construit une véritable politique africaine des
Etats-Unis110.
Les attaques terroristes perpétrées en 2001 aux
Etats-Unis et leur catalogage comme << déclaration de guerre
», les incertitudes autour du conflit israélo-palestinien ou encore
la controverse autour des projets nucléaires iraniens, ont incité
les Américains à tenter de réduire leur dépendance
du pétrole importé du Moyen Orient, où gisent les deux
tiers des réserves mondiales. Dès 2002, des responsables
américains ont ainsi reconnu la valeur << stratégique
» des réserves d'hydrocarbures du continent africain, où les
« majors » pétroliers américains et européens
sont déjà bien implantés. Washington a aussi
manifesté un nouvel intérêt pour le développement
<< énergétique » de l'Afrique
sub-saharienne111. Cette dynamique a pour enjeu l'augmentation des
importations en matière énergétique. En 2002, le golfe de
Guinée fournissait 15% des importations américaines de
pétrole, mais ces chiffres devraient atteindre
110 Ciril OBI, op. cit., p.12.
111 Depuis 2001, les Etats-Unis multiplient les rencontres au
sommet entre dirigeants : visite du Secrétaire d'Etat, Colin POWEL, au
Gabon et en Angola (septembre 2002) ; déjeuner entre Georges Bush et dix
chefs d'Etat de l'Afrique centrale à Washington (13 septembre 2002),
visite d'un responsable aux affaires militaires à Principe (juillet
2002) ; implication dans la résolution des conflits au soudan et au
Tchad, symposium sur le pétrole africain à Washington
(début 2002) ; visite du chef de l'exécutif américain au
Nigeria, Afrique du sud, etc.(septembre 2002), tournée du commandant
adjoint de l'EUCOM au Ghana, Nigeria, Afrique du sud, Sao tome et principe,
Angola (mars 2002), mise sur pied d'un groupe de travail sur la politique
pétrolière.
25% en 2015, selon les recommandations du Rapport
Cheney112. On peut reprendre l'analyse de François Lafargue
pour dire que les États-Unis profitent de l'exploration des gisements en
eaux profondes qui implique la maîtrise de techniques
sophistiquées et un coût onéreux, ce qui limite le nombre
d'investisseurs potentiels113.
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