L'observance des réalités de terrain
confrontées aux différentes théories et expériences
sur le financement du secteur agricole nous permet de dégager un certain
nombre d'obstacles auxquels l'on ferait face dans le financement du secteur
agricole au Sud Kivu. Il s'agit notamment :
- La dispersion de la clientèle rurale ;
- Le mauvais état de routes et surtout des routes de
desserte agricole ;
- La faible expérience des acteurs financiers dans le
domaine de financement du secteur agricole. En effet, beaucoup d'acteurs
risqueraient de faire une simple extension des activités de
crédit commerce ou petit commerce au secteur agricole ;
- Le caractère saisonnier de l'agriculture. Dans la
plupart de cas, les organisations de crédit admettent des
modalités de remboursement de crédit qui ne cadrent pas avec les
réalités du secteur agricole ; notamment,
l'échéance de remboursement qui ne dépasse pas 6 mois et
le fait de rembourser le crédit (le capital) en tranches ;
- Les risques relatifs à la production, au marché
et au prix ;
- Le risque de type « aléa moral » dans des
milieux de crédit. Il y a risque que les clients en milieu rural
confondent le crédit agricole en un don puisque ce dernier constitue une
innovation dans plusieurs territoires ;
- Au vu du niveau d'analphabétisme en milieu rural du
Sud Kivu, il y a lieu de craindre pour les capacités de gestion de
crédit de la part des populations rurales ainsi que de leurs
capacités à monter des projets bancables et de gérer avec
efficience et efficacité une exploitation agricole.
- Des pratiques culturales inappropriées. Ceci pourrait
influer sur la production agricole et ainsi placer le paysan dans
l'incapacité d'honorer à ses engagements;
- Problèmes fonciers notamment dans le Kivu montagneux
(constitué par les territoires de Walungu, Kabare, Kalehe, et Idjwi)
où en moyenne le ménage agricole a moins de 30 ares de terrain
;
- Manque de main d'oeuvre agricole notamment dans la partie
dite le Kivu forestier (constitué des territoires de Mwenga, Shabunda,
Uvira et Fizi) ;
- Le changement climatique produisant des perturbations du
calendrier agricole risquent de peser lourdement sur la production agricole et
par conséquent sur la capacité pour les clients à
rembourser le crédit ;
- Les calamités pour certaines cultures (mosaïque
africaine du manioc, le cosmopolites sordidus pour le bananier) ;
- Le non entretien des infrastructures d'irrigation notamment
dans la plaine de la Ruzizi où elles existent ;
- L'insécurité persistante en milieu rural.