2.3. Conséquences du sous financement du
secteur agricole sur le développement du Sud Kivu.
De part le nombre qu'il emploie (plus de 80%), son rôle
dans la souveraineté alimentaire, ses caractères de mode de vie,
d'unité sociale, écologique et culturelle, l'agriculture
revêt une importance incommensurable pour le développement de la
province du Sud Kivu.
C'est pourquoi, compte tenu de l'importance des risques que
comporte ce secteur, se manifestant à travers les lourdes incertitudes
tout au long du cycle de production qui va du semis à la vente des
récoltes, le secteur agricole est appelé à relever le
principal défis consistant à rendre prévisible les revenus
agricoles sans distorsion des marchés.
Ainsi, la non prise en compte des signes manifestes
d'incertitudes à savoir (1) le fait de compter sur la
météo, (2) le fait que la récolte peut être
compromise ou endommagée à tout moment, (3) la concurrence accrue
dans le contexte de la mondialisation et la faiblesse des prix des produits
agricoles, etc ; à travers un mécanisme d'appui englobant les
aspects aussi bien d'aider les paysans à avoir des ressources pour
exploiter leurs terres de manière moderne que (1) de la défense
d'un modèle paysan qui donne priorité à la survie des
personnes vivant de l'agriculture plutôt qu'à un modèle
purement productiviste, (2) d'aider les paysans à faire entendre leur
voix au monde politique ; produira des conséquences fâcheuses sur
le développement de la province du Sud Kivu.
Il y a lieu de retenir entre autres conséquences :
- La paupérisation de la population rurale suite à
une faible production agricole
- L'exode rural suite à entre autres causes : la famine
et le chômage en milieu rural.
- L'insécurité et la dépendance alimentaire
de l'extérieur en ces moments où s'annonce avec pompe une crise
alimentaire mondiale.
- La non saisine des opportunités de
développement de la petite industrie pour la production des biocarburant
et le biodiesel afin de faire face aux prix galopant du pétro carburant
et du pétro diesel.
- Le déséquilibre permanent de la balance
commerciale de la province du Sud Kivu. - L'étouffement du
développement des industries agro-alimentaires locales.
- L'abandon des activités agricoles au profit de celles
des autres secteurs notamment le secteur minier ou le petit commerce.
Conclusion partielle
L'analyse du financement du secteur agricole au Sud Kivu
développée au cours de ce chapitre nous révèle
qu'en dépit d'un contexte très préoccupant et
controversé marqué par, d'un coté, un lendemain moins
promettant pour assurer une indépendance alimentaire mais aussi une
réduction de la pauvreté surtout en milieu rural, et de l'autre,
un environnement riche en opportunité de financement, les acteurs de
financement, dans leur globalité, demeurent moins attirer par le secteur
agricole.
Cependant, il y a lieu de décrier les contradictions
constatées dans le chef du pouvoir public quant à ce qui concerne
ses discours et ses faits et gestes vis-à-vis du secteur agricole. D'un
coté, il présente sa volonté de voler à la
rescousse du secteur agricole et cela à travers des discours mais pour
ce qui est de l'allocation des moyens financiers (subventions), ce secteur est
relégué à l'arrière plan.
L'implication des organisations non gouvernementales et des
coopératives en faveurs du secteur agricole est encourageante. En effet,
5 sur 11 Coopératives et ONG Locales analysées, soit 45,45%
allouent plus de 40% de leur enveloppe globale de crédit au secteur
agricole ; Egalement, 5 autres sur les 11, soit 45, 45% y affectent moins de
10% de leur enveloppe globale de crédit ; et 1/11, soit 9,09% y affecte
une enveloppe globale de crédit variant entre 10% et 40%.
Les Entreprises Commerciales, les IMF et les Institutions
Bancaires restent à l'écart du financement du secteur
agricole.
Quant à la seule ONG Internationales reprise dans ce
travail, elle ne met pas un accent sur le secteur bénéficiaire du
crédit qu'elle accorde.
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