Enjeux économique des accord de partenariat ACP/UE pour Haiti( Télécharger le fichier original )par Dymck PETIT HOMME Institut d'études européennes Paris VIII - Master pro études européennes et internationales option enjeux et dynamique de l'intégration européenne 2008 |
IV. Haïti et les accords de partenariat économiqueHaïti a initié les APE le 16 décembre 2007. Jusqu'à aujourd'hui, il n'a pas encore signé d'accords complets. Les dirigeants et les sociétés civiles du pays ont fait ressortir de multiples raisons pour ne signer les APE. Certains estiment que Haïti n'est pas encore en mesure d'éliminer ses droits de douanes, non seulement parce qu'il a le droit de douane le plus faible des Caraïbes, mais plus encore parce qu'Haïti n'est pas encore en mesure d'entrer dans une concurrence qui mettrait à mal sa production nationale. Dans un rapport sur le commerce en Haïti, l'OMC écrit que « Haïti a exécuté des réformes qui ont substantiellement libéralisé son économie et en ont fait l'une des plus ouvertes d'Amérique Latine et des Caraïbes. Toutefois, la mise en oeuvre de la composante structurelle des réformes demeure hésitante, ce qui affecte négativement la performance de l'économie, étant donné que la plupart des entreprises publiques en difficultés fournissent des services de base nécessaires à la production... » 17(*). Dans un atelier organisé le 18 juillet 2007 en Haïti par des organisations haïtiennes militant contre la signature des APE, on peut lire sur le document final qu'en 2003 Haïti a importé de l'UE des produits pour un montant de 90 millions d'euros. 40% de ces importations sont constitués de produits alimentaires : des céréales pour 13% (avec une augmentation de 3,5 points en 2006), de l'alcool pour 10%, et 8% de produits laitiers. En refusant de signer les APE, Haïti ne veut plus continuer à détruire sa production nationale. Car en ouvrant son marché aux produits européens, Haïti perdra toutes recettes douanières et le budget de l'Etat haïtien en sera considérablement réduit. La production haïtienne, déjà en constante baisse, sera mise en concurrence avec de grandes firmes multinationales, de grandes compagnies agroalimentaires, la dépendance alimentaire s'aggravera et les maigres efforts d'industrialisation du pays seront anéantis. IV.1- La situation économique et industrielle d'HaïtiPartageant l'île d'Hispaniola avec la République Dominicaine, la République d'Haïti occupe la partie occidentale de l'île avec une superficie de 27 700 km2 et une population d'environ 8,3 millions d'habitants. L'île a accueilli en 1492 ses premiers étrangers amenés par Christophe Colomb, qui a exterminé et réduit en esclavage la population autochtone. Elle devient le premier territoire américain colonisé par les Espagnols. Elle a été cédée en 1697 à la France, et est devenue dès la fin du XVIII siècle - par sa production de cacao, de sucre, de café et de coton -, l'une des plus riches colonies françaises. L'économie de la République d'Haïti repose actuellement presque exclusivement sur l'agriculture. Ce secteur emploie à lui seul presque la moitié de la population active. Si la République d'Haïti est presque essentiellement agricole, l'agriculture qui y est pratiquée est une agriculture de subsistance répartie sur des parcelles de terre. Il faut noter que les méthodes de culture utilisées sont encore rudimentaires et archaïques. Ce qui fait que le pays est dans l'incapacité de nourrir ses habitants. Le pays est le plus gros importateur de produits alimentaires des Caraïbes. En Haïti, le secteur industriel est encore à l'état embryonnaire. Les usines existantes se concentrent à Port au prince, la capitale du pays. Les années 1960 ont été dominées par l'implantation d'un nombre significatif d'industries de sous-traitance motivées sans nul doute par des avantages fiscaux - franchises douanières, exemptions fiscales, liberté de transférer librement des fonds etc. -, et une main d'oeuvre bon marché. Après avoir connu une croissance moyenne annuelle de 2, 3% au cours des années 1970, le PIB a baissé d'environ 2,4% par an au cours des années 1980. Suite à l'embargo imposé à Haïti par les Nations Unies en 1991 pour forcer le retour à l'ordre constitutionnel, le pays a vu sa situation économique se dégrader de manière considérable. Cette dégradation s'explique par la délocalisation d'importantes industries de sous-traitance, la dépréciation de la monnaie locale, le déficit public, l'inflation et le recul considérable du PIB. Les émeutes répétées au cours de l'année 2004 et au début de l'année 2005, ajoutées aux catastrophes naturelles (cyclones Ivan et Jeanne) ont eu des conséquences fâcheuses sur l'économie. Les dégâts causés aux secteurs publics et privés sont estimés, selon la Banque de la République d'Haïti (BRH), à 5,5% du PIB. En effet, ces événements malheureux ont réduit le taux de croissance du PIB, déjà faible de 0,5%, à un taux de croissance négatif de -3,8%. Il faut signaler que pour la même époque la population a connu un taux de croissance de 2,8%. Le secteur primaire a subi une diminution de 5,6% de valeur ajoutée contre une progression de 0,5% en 2003. Le secteur secondaire a enregistré une contraction de 1,47% dû aux manifestations répétées et aux dommages causés par l'insécurité. Le secteur tertiaire s'est contracté de 4,3%. Cette situation économique s'expliquerait aussi par l'insécurité qui a entraîné la réduction du taux de fréquentation des hôtels et restaurants. * 17 OMC, « Examens des politiques commerciales, Haïti, rapport du secrétariat », 7 octobre 2007. |
|