IV- Les raisons aussi bien sociales que culturelles
justifieraient la persistance de l'excision dans la commune de Bantè
De l'analyse des données, il ressort que sept raisons
principales font perdurer la pratique de l'excision dans la commune de
Bantè. Il s'agit de :
1- Raisons sociales
1-1
L'analphabétisme fait perdurer l'excision dans la commune de
Bantè
Figure 4 :
Raisons de la persistance de l'excision
Source : Résultat d'enquête
L'enquête qualitative fait ressortir,
l'analphabétisme comme cause de la persistance de l'excision chez les
hommes tandis que le maintien de la tradition, justifie la persistance de
l'excision chez les femmes. 53,8% des femmes ont reconnu que la pratique de la
MGF à Bantè est une exigence de la tradition. Ensuite 34,6% des
femmes excisées ont répondu qu'il s'agit de l'inconscience. Enfin
les raisons comme "contre sa volonté", "valorisation de la femme",
"dignité sociale" et "rite de passage" ont été
acceptées par les femmes ayant subi l'excision respectivement dans les
proportions ci-après: 10,0%, 9,4% et 7,1 % .
Beaucoup d'hommes ont déclaré «nous
risquons de perdre nos fiancées si nous refusons de participer aux
dépenses de l'excision. Nos beaux-parents nous traiterons d'incapables
puis inciteront leur fille à nous quitter » d'autres
enquêtés estiment que « ne pensez même pas
substituer la pratique par autres choses car se serait un autre moyen pour les
filles pour nous ruiner et de s'enrichir ».
En dehors des raisons économiques qui font perdurer la
pratique, certains prêtres des religions traditionnelles estiment que
l'excision comme la circoncision sont indispensables pour les enfants obtenus
grâce aux pratiques ancestrales. Tout enfant issu des dieux qui
s'opposerait à la pratique serait exposé aux troubles mentaux ou
autres mauvais sors.
1-2 La pression sociale est aussi
un facteur de la persistance de l'excision
Les mêmes paramètres qui, dans une tradition,
obligent les individus à bien se comporter dans la
société, peuvent tout aussi bien servir à intimider les
mêmes individus à se plier aux respects des traditions même
si celles-ci sont néfastes. Si effectivement la société
exige de telles pratiques, est-ce que la femme est vraiment libre de choisir,
et de dire `'non'' à l'excision ? Si elle doit être l'objet
de moqueries de la part de toutes ses camarades, est-ce qu'elle a vraiment de
choix ? Qui peut vivre comme un paria dans sa société ?
Concernant une femme adulte qui subit l'opération, les exigences de sa
communauté ne lui permettent pas de refuser facilement. A
Atokolibé par exemple, si les vielles femmes disent qu'elle sera sage et
qu'elle peut prouver son courage seulement en se faisant exciser, une femme le
fera. Si les vieux lui disent que les fétiches vont la rendre folle si
elle ne subit pas l'excision, elle se fera exciser. Si ses parents lui disent
qu'elle n'aurait pas de valeur si elle ne se faisait pas exciser avant d'aller
chez son mari, elle se fera exciser. Pour être considérée
comme majeur dans leur communauté, les femmes doivent subir cette
opération.
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