La pression de l'habitat sur le site maraicher de Lukunga dans la commmune de Ngaliema a Kinshasa: problématique de planification urbaine et pistes d'aménagement( Télécharger le fichier original )par Maspy YETA SUKISA Université de Kinshasa - 2008 |
5.2. De l'organisation de l'espace de la ceinture verte de KinshasaLa ville de Kinshasa connait de sérieux problèmes d'approvisionnement maintenant à cause de la croissance spatiale urbaine. A l'allure où s'effectue la croissance urbaine, Kinshasa risque de manquer d'espaces maraîchers intra urbains et péri urbain proches. Cela aura des conséquences néfastes : approvisionnement lointain de la ville en légumes, perte d'emploi agricole, augmentation des prix des légumes, accentuation de la pauvreté dans les ménages dont l'activité principale était l'agriculture, etc. C'est la raison pour laquelle, il est important de réfléchi sur la manière d'intégrer l'aspect <agriculture urbaine> dans l'aménagement de la ville de Kinshasa. Pour ce faire, on peut s'inspirer de la théorie de Von Thünen. La théorie de Von Thünen (1826) visait une économie d'échange ville-campagne où la problématique était d'obtenir la rente la plus élevée, c'est-à-dire maximiser les valeurs Von Thünen va élaborer Une théorie de localisation optimale. Le technique de production vu la fertilité étant partout la même pour une même technique de culture, le coût de production est identique en tout point de l'espace et si l'on admet que l'écoulement de la production se fait en totalité sur le marché urbain qui concentre tous les consommateurs, seul varie le coût de transport T qui est fonction de la distance d séparant la ville des lieux de production. La rente est donnée par la formule : R= P-C-T où P est le prix de vente, C le coût de production et T le coût du transport qui est fonction de la distance. Au delà d'une certaine distance critique dmax, les frais de transport annulent la rente foncière : la culture envisagée sera abandonnée. La rente est évidemment la plus élevée possible pour les terres immédiatement voisines de la ville (là où d tend vers 0). De cette première approche, nous retenons plus on rapproche les cultures de la ville, plus la rente est la plus élevée. VON THÜNEN envisage le cas de plusieurs cultures différentes intensives et/ou extensives. Il aboutit à un ordonnancement des cultures conforme à la hiérarchie des rentes foncières unitaires en fonction des distances et des coûts de transport. L'augmentation de la population apparait dès lors comme l'une des principales contraintes à toutes perspectives d'aménagement urbain de l'espace kinois car son accroissement ne s'accompagne pas à celui des infrastructures. Sur le plan de logement De Maximy (1984), prévoyait déjà 23.105 nouveaux logements en l'an 2000. Responsable de la sécurité générale des citoyens, l'Etat doit mettre en place les conditions générales propres à une politique d'approvisionnement et de distribution alimentaires. Les bassins de production de proximité offrent plus de garanties que les importations ou les zones rurales éloignées, les systèmes logistiques risquant d'être déstabilisés lors de crises géopolitiques. En corollaire, surtout si la surface cultivable par habitat est faible (le seuil critique est de l'ordre de 0,3ha par habitant), l'Etat doit élaborer des règles de protection de l'espace cultivé, qui s'imposent à tout le territoire, donc aux villes. Qu'à cela ne tienne, une modélisation sur la répartition des produits issus des activités agricoles de la ville devrait en théorie donner la figure n°15 ci-dessous :
· Une première zone 0 : qui regroupe les communes de Gombe (centre d'affaire), Kintambo (usines textiles et construction), Kinshasa (Marché central), Lingwala, Barumbu et Limete (industriel) où sont localisés les produits manufacturés, · Une zone 1 : avec comme produits des légumes. Cette zone comprend la commune de Kasa-Vubu, Bandalungwa (pépinière), Lemba (Kiyimbi), Kalamu (le long de la rivière) ; · Une zone 2 : les principaux produits pour cette zone sont les légumes. Elle est composée des communes ci-après : Makala, Matete (De bonhomme), Ngiri-Ngiri. Ces légumes peuvent être cultivés à Debonhomme, le long de la rivière Ndjili. · Une zone 3 : comprenant les communes de N'djili (Brasserie rizières), Masina (Masina pool), Selembao, Kisenso (Nzeza-Nlandu), Kimbanseke (CECOMAF), Ngaliema; où les produits principaux sont les céréales et les produits de l'élevage. · Une zone 4 : les produits de l'élevage et des légumes cette zone compte la commune de Mont-Ngafula (Kimwenza et lemba Imbu), Maluku, Nsele (DAIPN et Tadi), · Une zone 5 : est constituée comme étant en dehors de la ville cette zone ne contient aucuns produits issus des activités agricoles. Il est à noter que la délimitation de ces zones sont aussi fonction de la distance d'approvisionnement. Pour ce qui est de l'analyse effective de l'espace de Kinshasa, il s'agit d'une part de pallier aux mutations indispensables en conciliant les impératifs du développement local et la mobilisation du potentiel de la ville, il s'agit d'autre part du reste de promouvoir la maîtrise et la gestion de l'espace urbain face aux mutations en cours et à venir. A cet effet, les orientations retenues sont les suivantes : Ø La relocalisation de la ceinture verte issue du dernier Schéma Directeur d'Aménagement Urbain (SDAU) de la ville de 1975 compte tenu de l'empiètement de cette dernière par l'étalement urbain, Adaptation aux nouvelles centralités, c'est la prise en compte de l'agriculture urbaine comme élément intégré et global de gestion des ressources reposant sur des solides principes urbanistiques. Cette adaptation devrait également comporter les mesures précises destinées à surmonter les conflits d'affectation des sols ; Ø La conservation des activités agricoles dans les bas fonds de la ville drainés principalement par la Lukunga; Ø Appui aux différentes coopératives existant de la ville composant une filière important dans la viabilité et la sécurité alimentaire urbaine. L'étude avait entre autre comme objectif de démontrer les conflits qui existent entre l'agriculture urbaine et la pression de l'habitat à Kinshasa et plus particulièrement dans le quartier Lukunga. Le chapitre 1 a montré combien l'agriculture urbaine est considérée comme l'une des solutions viables et durables pour contrer l'insécurité alimentaire, le chômage, le sous-emploi et la dégradation de l'environnement dans les villes des pays en développement, ainsi que la lutte contre la pauvreté et l'exclusion. Le chapitre 2 a décrit la manière dont la ville
de Kinshasa connait une croissance démographique et une crise du
logement qui se traduit par un grand besoin d'approvisionnement en produits
vivriers et qui fait l'objet des multiples lotissements. En outre, la République Démocratique du Congo et la ville de Kinshasa particulièrement traverse une crise socio-économique et qui accentue le taux de chômage. L'agriculture urbaine paraît comme un remède contre le chômage et l'insécurité alimentaire, car elle permet à la fois la production des denrées et fournit du travail et des revenus. Outre son rôle dans la création des emplois et
l'apport des revenus, l'agriculture urbaine est aussi un moyen efficace
d'assainissement du milieu par le ramassage et la revalorisation des
déchets biodégradables, servant de fertilisant pour une bonne
production agricole dans Le chapitre 5 sur les perspectives d'aménagement a présenté deux solutions ont été évoquées lors des enquêtes. La création des villes satellites afin d'éviter l'exode rural dans la ville de Kinshasa et l'application d'une politique d'habitat et enfin sensibiliser la population à l'importance des espaces verts pour la pratique de l'agriculture et expliqué la population des multiples fonctions de l'agriculture urbaine. 1. ATLAS de la République Démocratique du Congo, Ed. Jeune Afrique, 2000 et l'Encyclopédie Encarta 2009 de Microsoft. 2. ASAA, N. (2008) Thèse présentée en vue de l'obtention du grade de Docteur en Sciences Agronomiques et Ingénierie Biologique : L'agriculture urbaine et périurbaine à Yaoundé: analyse multifonctionnelle d'une activité montante en économie de survie ,190P, UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES. 3. DE MAXIMY, R. (1988) Tous les chemins ne mènent pas à Tombouctou. In : Coquery-Vidovich C. (éd.), Processus d'urbanisation en Afrique noire. Paris, France, Karthala, pp. 11-25. 4. DE SAINT MOULIN, L. (2005) INS recensement scientifique de la population 1984: perspectives démographiques (1984-2000) Hôtel de Ville de Kinshasa et Division Urbaine du Plan à Kinshasa (2005), Monographie de la ville de Kinshasa, 44 pages. 5. DONNADIEU, P. et Fleury, A. (1997), L'agriculture, une nature pour la ville ; In annales de la recherche urbaine, pp31-39. 6. DUPLAT, A. (2008),-L'agriculture urbaine et périurbaine face aux contraintes foncières à Kinshasa(RDC) quelles solution pour une activité durable : cas du site maraîcher de Kimbanseke, mémoire de licence en Sciences Géographiques, Université libre de Bruxelles, 65p. 7. KASHIMBA, G 8. LELO, N. (2009) <Croissance urbaine et recul de la ceinture verte maraîchère a Kinshasa, in Congo-Afrique n° 440, novembre, 2009, pp 406-418. 9. LUSAMBA, K (2006), Portrait des quartiers populaires à Kinshasa (RDC) : un territoire, une identité, SPED3 - UCL Louvain-la-Neuve, 15p. 10. MADIA, S (2008) La crise de l'habitat et l'occupation des espaces agricoles urbains à Kinshasa : cas du site maraîcher Molimbi dans la commune de Masina -Mémoire de Licence en Urbanisme, Institut de Bâtiment et des Travaux Publics, 86p. 11. MINISTERE DU PLAN (2004) Monographie de la ville de Kinshasa, 173p. 12. MOUGEOT, L. (2006) Cultiver des meilleures villes ; Agriculture urbaine et Développement durable, CRDI, 136p. 13. MOUSTIER P., DAVID, O. (1997) : Etudes de cas de la dynamique du maraîchage périurbain en Afrique subsaharienne. Rome, Italie, Fao, document N-DT/02/96, 36 p. 14. MOUSTIER P., MBAYE A. (1999) Introduction générale. in : Moustier P. et al. (Éd.), Agriculture périurbaine en Afrique subsaharienne. Montpellier, France, Cirad, Colloques, pp 7-17. 15. MOUSTIER P, PAGES J. (1997) Le périurbain en Afrique, une agriculture en marge ? In Economie rural, pp 48-55. 16. MOUSTIER, P, et FALL, (2004), « Les dynamiques de l'agriculture urbaine : caractérisation et évolution » in SMITH Olanrewaju B. et al. (2004), Développement durable de l'agriculture urbaine en Afrique francophone : Enjeux, Concepts et méthodes, Cirad, pp 23-44. 17. MOUSTIER, P (1995), Dynamiques des systèmes agraires. Terre, terroir, territoire. Les tensions foncières, Paris, ORSTOM, pp 461-463. 18. MUZINGU, N. (2005) Agriculture urbaine à Kinshasa: Alternative à l'insécurité alimentaire, Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux - Diplôme d'études approfondies DEA, pp54. 19. NGUEGANG A.P, 2003. Situation et perspectives de recherche sur l'agriculture urbaine et Périurbaine à Yaoundé. Mémoire DES, Faculté des Sciences Agronomiques de Gembloux-Belgique, 74 p. 20. NKENKU, L (2006). La gestion et la gouvernance des déchets dans la ville de Kinshasa, travail de fin de cycle à la faculté des sciences économiques pp3-4. 21. REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO, Ministère du Plan (1988) Ville de Kinshasa, Fiche technique, 107p. 22. VIRGILE. M, 2006. L'agriculture périurbaine au risque de la ville? (le cas de Diamniadio, Dakar, Sénégal), Mémoire de Master I en Géographie Humaine, Université Louis Pasteur Strasbourg I UFR, 79 p.
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