RÉSUMÉ
En Afrique subsaharienne, le paludisme est un véritable
problème de santé publique où il cause 1 à 2
millions de décès par Anopheles Au Cameroun, principalement dans
sa partie sud, la transmission du germe responsable de cette maladie est
essentiellement assurée par les moustiques du genre Anopheles nili
et Anopheles moucheti dont la distribution spatiale et les
préférences écologiques sont mal connues.
C'est pour ressortir cette distribution ainsi que l'influence
des paramètres du milieu sur la présence de ces vecteurs que nous
avons travaillé sur le thème « Distribution de Anopheles
nili et Anopheles moucheti au sud du Cameroun : influence des
facteurs du milieu ».
Pour cela nous avons effectué des descentes dans les
différentes localités au sud du Cameroun en vue de collecter les
larves de moustiques dans les cours d'eau sélectionnés. Puis,
l'identification de ces larves a été effectuée au
laboratoire en utilisant un PCR (Polymerase Chain Reaction). Pendant ces
descentes, plusieurs paramètres du milieu ont été
mesurés. Il s'agit de la température, du pH, du potentiel
d'oxydo-réduction, de la conductivité des cours d'eau. Nous avons
aussi identifié le type de plantes aquatiques et la nature du sol.
Pour atteindre nos objectifs, une analyse descriptive nous a
permis d'abord de donner la répartition de ces larves d'anophèles
en fonction des différents cours d'eau et ensuite de les répartir
en fonction des paramètres du milieu. L'utilisation des tests du
Khi-deux, du test U de Mann Whitney nous a permis de mettre en évidence
l'existence d'une relation entre le type de vecteurs et certains
paramètres du milieu. En utilisant des régressions logistiques,
nous avons mesuré l'influence des paramètres pH,
conductivité, température et potentiel sur les chances de trouver
chacun de ces vecteurs dans un cours d'eau. L'Analyse des Correspondances
Multiples nous a permis de ressortir le type de sol ainsi que la
végétation aquatique propice au développement de chaque
vecteur.
Les résultats de nos analyses montrent que
Anopheles nili et Anopheles moucheti sont les vecteurs du
paludisme les plus abondants au sud du Cameroun. Ces deux vecteurs
représentent à eux seuls 87,7 % de l'ensemble des larves
collectées. En plus, leur répartition dans l'environnement
respecte un certain nombre de critères. Si la température diminue
pendant que le potentiel d'oxydo-réduction augmente, la
probabilité de trouver Anopheles nili dans le cours d'eau
augmente. Si la conductivité augmente, les chances de trouver
Anopheles moucheti dans le milieu augmentent. Les cours d'eau
où
les vecteurs Anopheles moucheti sont présents
ont en moyenne une conductivité de 26,28 uS/cm, un pH de 5,862, une
température de 24,873°C et un potentiel d'oxydo-réduction de
200,10 mV. Par contre les cours d'eau où les Anopheles nili
sont présents ont une conductivité moyenne de 69,33 uS/cm,
un pH moyen de 6,51, une température moyenne de 24,999°C et un
potentiel d'oxydo-réduction moyen de 159,40 mV. Les deux vecteurs ont
chacun des préférences quant à la nature du sol, le type
de plantes aquatiques et le pH du sol. Tandis que Anopheles nili
trouve un abri favorable sous les plantes Paspallum, dans un cours d'eau
neutre à sol argileux, Anopheles moucheti quant à lui se
développe majoritairement dans les cours d'eau acide où la
végétation aquatique est faite de Pistia ou de Paspallum, sous un
sol latéritique.
Ces résultats seront utiles dans le contrôle des
populations de ces deux vecteurs du paludisme. Ils permettront aux acteurs
impliqués dans la lutte antivectorielle de modifier certains
paramètres du cours d'eau afin de créer un environnement moins
propice à la prolifération des vecteurs. Ce qui contribuera
à réduire l'incidence du paludisme au Cameroun.
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