I.5. Excès et carence du phosphore :
Les excès de phosphore sont en général
sans inconvénient pour la récolte (DUTHIL,
1974). Au contraire, la carence en phosphore se manifeste sur
les végétaux par des symptômes extrêmement graves
:
- Une présence insuffisante de
phosphore dans le milieu où le végétal puis son
alimentation minérale se traduit le plus souvent par des retards de
croissance, un moindre développement, des accidents
végétatifs et, bien entendu, une production amoindrie
(GERVY, 1970).
- Réduction du développement des
racines avec peu de ramification, l'alimentation est donc plus
limitée (BRAHIMI, 1991).
- Feuillage en général
foncé et mat avec des teintes pourprées et une défoliation
précoce commençant par la base de la plante (PRAT et al
1971 ; CHARLES, 1976).
La plante sans P2O5 voit sa végétation
diminuée et sa floraison retardée (GERVY, 1970),
donc la récolte peut diminuer jusqu'à 50%
(BAEYENS, 1967).
I.6. Interactions des autres éléments
nutritifs avec le phosphore :
Les éléments nutritifs peuvent avoir un
comportement synergique ou antagoniste vis-à-vis du phosphore.
L'action simultanée azote phosphore est synergique car
il favorise le développement radiculaire.
Il existe une relation de synergisme entre le phosphore et
l'azote. En effet ces deux éléments sont
indispensables pour les fonctions vitales de la plante (photosynthèse,
formation de protéines, fixation symbiotique du phosphore...).
L'azote ammoniacal favorise l'absorption du
phosphore par la plante (LEIKAM et al,
1983).
Aussi il semble que le Mg entraîne une meilleure
dissolution du phosphore dans la solution du sol. Et la présence des
sulfates en faible quantité dans le sol à un effet synergique
vis-à-vis du phosphore (RAZI,
2006).
Par contre, lorsque les cations Ca2+ se trouvent en
quantité importante dans le sol, il y a un effet antagoniste entre le
phosphore et le calcium par la formation des composés insolubles P-Ca
(RAZI, 2006).
Aussi le rapport Ca+2 /Mg+2 influe sur
l'assimilation de phosphore lorsque la teneur en
Mg+2augmente.
II.Le phosphore dans le sol :
II.1. Les différents états du phosphore
dans le sol : II.1.1. Le phosphore total :
C'est l'ensemble de toutes les
formes de phosphore présentes dans un échantillon de sol,
qu'elle soit minérales ou organiques
(BAIZE, 2000).
La teneur en phosphore total dans la plus part des sols est
comprise entre 0.02 à 0.08 % (GERVY,
1970).
Les sols dérivant des roches ignées sont plus riche
en phosphore totale que les roches issues des roches sédimentaires
(DUTHIL, 1976).
II.1.2. Le phosphore assimilable :
Appelé aussi << réserve
assimilable >> ou << fraction
labile >>, c'est le phosphore
susceptible d'être absorbé par les racines
(BAIZE, 2000).
A la notion de réserve globale de phosphore (P)
s'est donc très vite substituée celle de
quantité facilement accessible aux racines des plantes,
c'est-à-dire capable de participer à la fois à
l'alimentation du végétal et au maintien de la
concentration de la solution du sol en phosphore
(GERVY,1970).
GERVY(1970), estime
qu'un sol est considéré comme riche en phosphore
assimilable lorsque sa teneur dépasse 0,3%o, moyennement riche quand
cette dernière est comprise entre 0.15 %o et 0.3 %o, et pauvre quant
elle est inférieure à 0.15%o.
II.2. Dynamique du phosphore dans le sol :
La connaissance de la dynamique d'un
élément est indispensable au diagnostic de la fertilité
d'un sol et à l'estimation des
correctifs à apporter (BOSC, 1976).
Le croquis «dynamique du phosphore dans le
sol» permet une visualisation de ces différents
formes du phosphore dans le sol (GROS, 1979) (figure 2).
D'après GROS
(1977), il existe un équilibre permanent entre les
divers états du phosphore dans le sol. Ainsi la matière
organique, à son tour, libère du phosphore dans la solution du
sol après minéralisation.
L'équilibre le plus rapide et le plus
important existe entre le phosphore dissout dans la solution du sol et le
phosphore échangeable, et estime que ces deux dernières formes
représentent la réserve alimentaire en phosphore
(DUTHIL, 1976).
Donc le phosphore peut être absorbé,
précipité, comme il peut être dissout. Le phosphore
organique peut être minéralisé ou réorganisé
(RAZI, 2006).
L'emploi de l'isotope
P32, met en évidence trois phénomènes dans le
sol : L'adsorption de l'anion phosphorique
sur le complexe, la mobilisation et la rétrogradation.
II.2.1. Le phosphore soluble (dans la solution du sol)
:
La solution du sol est une source alimentaire possible mais
très réduite par rapport aux besoins des végétaux,
sa concentration est très faible est presque constante du fait des
échanges continuels avec le phosphore adsorbé
(DIEHL, 1975).
II.2.2. Le phosphore insoluble des roches mères
:
Les formes dites << insolubles
>> ne font néanmoins pas partie des
réserves inassimilables de phosphore existant dans le sol. Des
modifications de pH, l'action de la matière organique,
l'activité microbienne, la possibilité
d'utilisation directe des phosphates minéraux par
plusieurs espèces végétales font que ces formes de
phosphore exercent un rôle non négligeable dans la nutrition des
plantes (GERVY, 1970).
DUTIL (1976), montre
qu'en sols calcaires les ions orthophosphates en solution
évoluent en présence de calcite vers des formes insolubles
suivant un enchaînement régulier des réactions conduisant
à la formation de : - Phosphate monocalcique ;
- Phosphate bi- calcique ; - Phosphate tricalcique.
II.2.3. Le phosphore facilement échangeable
:
Ce sont les ions phosphoriques adsorbés sur le complexe
adsorbant du sol. Ils participent aux échanges constants (SOL -
SOLUTION) et constituent l'essentiel du
<< pool alimentaire >> des
plantes (FARDEAU et al, 1991).
L'acide phosphorique est un anion, et ne peut
être retenu par le complexe que par
l'intermédiaire d'un cation : fer,
aluminium, potassium, mais plus généralement le calcium
(LAMBERT, 1979).
Dans un sol calcaire, la fixation du phosphore
s'opère grâce à un "ponte calcique", le
calcium sert de lien entre le phosphore et l'argile.
Figure 2. Les formes du phosphore dans le sol
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II.3. Les facteurs influençant
l'assimilabilité du phosphore dans le sol : I.3.1. Le pH :
Selon BUCKMAN(1990), en sols
acides, le fer, l'aluminium et le manganèse, qui ont
une activité intense, rendent le phosphore insoluble, et par
conséquence inassimilable par les plantes.
Le degré de l'insolubilisassions
dépend de la richesse du sol en calcaire. Les mêmes auteurs
estiment que c'est à des pH voisins de la
neutralité que le phosphore est le plus soluble.
GERVY(1970), souligne
qu'à pH égal à 7, il existe une
proportion à peu prés équivalente d'ions
H2PO4 - et d'ions HPO42-, alors que
l'ion PO3- n'apparaît
qu'à pH > 11.
Le pH optimum pour l'assimilation du
phosphore se situe au voisinage de la neutralité. Les formes dissoutes
dans la solution du sol sont facilement utilisable par les plantes seraient
H2PO4 - et HPO42- (GERVY, 1970)
(figure 2).
Les sols à pH élevé ont des teneurs en
phosphore du sol plus faible. Mais, les teneurs en phosphore dans les plantes
sont à l'inverse plus élevées dans les
parcelles chaulées (COMIFIER,
2002).
Figure 3. Effet du pH de la solution du sol sur les
formes solubles du phosphore (STANLEY, 1995)
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