Parmi les variables retenues pour le modèle, neuf sont
significatives. Il s'agit pour ce qui est des variables composites (scores) du
soutien social communicationnel (soutsocom11), des normes subjectives
(normsub11), des croyances (croy11) et du point de contrôle (locc11). En
ce qui concerne les caractéristiques de la population, les variables
significatives sont la discussion de la PF avec le conjoint (disc_pf_conj),
attitude du conjoint face à la PF (attitude_conjt), la religion
(religion2), l'arrondissement de résidence (arrond) et la pratique des
avortements dans l'entourage de la femme (avort).
Dans l'ensemble, toutes les variables ont un coefficient
positif. Ce qui traduit le fait que la probabilité d'utiliser la
contraception moderne croit avec ces variables. Les interprétations qui
suivent se font à l'aide du tableau B9 (annexe B) dont une
synthèse est présentée dans le tableau 4 de la page 75.
· Le soutien social
communicationnel
Il est positivement associé à la pratique
contraceptive moderne par les femmes en union de la ville de Yaoundé. En
effet, Lorsque le score du soutien communicationnel croit de 1 %, la chance
d'utiliser la contraception moderne par la femme en union augmente de 36,0 %.
Par conséquent, le fait pour la femme en union de discuter de la PF avec
ses amis et particulièrement
des injectables accroit sa probabilité à
utiliser la contraception moderne. Ainsi, la discussion entre la femme en union
et ses amis par rapport à la PF, lui permet d'exposer ses
appréhensions et craintes vis à vis des méthodes
contraceptives modernes. Cela lui permet également d'avoir des avis
autres, ce qui peut l'amener à changer d'opinion ou de perception en
matière de pratique contraceptive et par conséquent
améliorer sa chance d'utiliser la contraception moderne.
· Les normes subjectives liées à
l'encouragement reçu par la femme par son entourage (amis,
parents)
L'utilisation de la contraception moderne par les femmes en
union de la ville de Yaoundé croit avec les normes subjectives. En
effet, quand le score des normes subjectives augmente de 1 %, alors la chance
d'utiliser la contraception moderne par la femme en union croit de 27,3 %. De
ce fait, plus la femme en union perçoit l'acceptation de la part de son
environnement quant à l'utilisation des contraceptifs modernes
(injectables et oral), plus sa probabilité d'en utiliser croit. Ceci est
tout à fait plausible car une femme en union qui est encouragée
par son entourage (amie, parents, famille) sera plus à même de
recourir à la contraception moderne. En outre, c'est très souvent
à cause des pressions négatives venant de son entourage que la
femme en union n'utilise pas la contraception moderne. Par ailleurs, il faut
préciser qu'en Afrique, la femme en union est généralement
très influencée par son entourage.
· Les croyances relatives aux effets provenant de
l'utilisation de la contraception moderne
Les croyances justes relatives aux effets provenant de
l'utilisation de la contraception moderne influencent positivement le recours
à la contraception moderne. En effet, la chance d'utiliser la
contraception moderne par la femme en union augmente de 47,9%, lorsque le score
de la croyance augmente de 1 %. Par conséquent si une femme en union
croit que les contraceptifs modernes n'ont pas d'effet néfaste sur la
santé alors sa probabilité d'y recourir augmente. Par ailleurs,
les croyances et rumeurs suites à des effets secondaires dangereux sont
très répandues et ce sont de véritables freins à
l'utilisation de la contraception moderne. De ce fait, si ces rumeurs sont
perçues comme fausses par la femme en union, alors elle aura plus de
chance d'utiliser la contraception moderne.
· Le point de contrôle lié à la
maîtrise de la santé reproductive
L'utilisation de la contraception moderne croit avec la prise
de conscience par la femme du fait qu'elle est capable de maîtriser sa
santé reproductive. Lorsque le score du point de contrôle
lié à la maîtrise de la santé reproductive augmente
de 1 % alors la chance pour la femme
en union d'utiliser la contraception moderne croit de 33,3 %.
En d'autre terme, plus la femme est capable de contrôler sa santé
reproductive plus elle a des chances d'utiliser la contraception moderne. En
effet, lorsque qu'une femme se rend compte qu'elle peut maîtriser sa
fécondité alors elle va rechercher les moyens pour le faire et
par conséquent ses chances de recourir aux méthodes
contraceptives modernes augmenteront.
· La discussion de la PF avec le
conjoint
La discussion de la PF au sein du couple augmente les chances
de la femme d'utiliser la contraception moderne dans la ville de
Yaoundé. En effet les femmes qui ont discuté de la PF avec leur
conjoint relativement aux cours des 12 derniers mois ont presque 2 fois plus de
chance d'utiliser la contraception moderne par rapport à celles qui ne
l'ont pas fait. En effet, la discussion au sein du couple est le moment
où la femme fait part de ses opinions par rapport à la
maîtrise de sa procréation et reçoit l'avis de son
conjoint. A la suite d'une telle discussion, des compromis peuvent être
faites et des résolutions sont prises au sein de la famille pour assurer
une parenté responsable ; ce qui accroît le cas
échéant, la chance pour la femme en union de recourir à la
contraception moderne.
· L'attitude du conjoint face à la
PF
Le recours à la contraception moderne par la femme en
union est influencé positivement par l'attitude favorable du conjoint
face à la PF. En effet, les femmes en union dont le conjoint est
favorable à la PF ont 1,6 fois plus de chance d'utiliser la
contraception moderne relativement aux femmes en union dont le conjoint a une
attitude négative. En effet, la femme en union est très
influencée par son mari. De ce fait, l'attitude de celui-ci est
déterminante quant à la décision de la femme de recourir
à la contraception moderne. Ainsi, une femme qui perçoit
l'approbation de son conjoint aura plus de chance d'utiliser la contraception
moderne, qu'une autre dont le mari est désapprobateur.
· La religion
La religion influence significativement la pratique
contraceptive moderne par la femme en union de la ville de Yaoundé. En
effet, les femmes chrétiennes ont 2 fois plus de chances de recourir
à la contraception moderne que les femmes musulmanes. Par ailleurs, les
non chrétiennes (animistes) autres que les musulmanes ont 5 fois plus de
chance d'utiliser la contraception moderne par rapport aux musulmanes. Ceci
nous montre que la rigidité de la religion musulmane quant à
l'utilisation de la contraception moderne demeure. Les femmes qui ne sont pas
chrétiennes (autre que les musulmanes) n'ont aucune barrière
religieuse d'où leur
forte chance à recourir à la contraception
moderne.
· L'arrondissement de résidence
Le recours à la contraception moderne par la femme en
union de la ville de Yaoundé est différent selon l'arrondissement
de résidence de cette dernière. En effet la femme en union vivant
dans l'arrondissement de Yaoundé VII, a 4 fois plus de chance d'utiliser
la contraception moderne par rapport à celle vivant dans
l'arrondissement de Yaoundé I. Cette chance est de 2,6 pour une femme
qui vit dans l'arrondissement de Yaoundé VI. L'utilisation de la
contraception moderne n'est pas influencée par les autres
arrondissements relativement à la référence.
· La pratique des avortements dans l'entourage de
la femme
Le recours à l'avortement par les femmes de
l'entourage de la femme en union influence l'utilisation de la contraception
moderne par celle-ci. En effet, celles qui ont déclaré que celles
de leur milieu pratiquaient souvent l'avortement ont 2,5 fois plus de chance de
recourir à la contraception moderne par rapport aux femmes qui ont
déclaré qu'il n'y a jamais eu d'avortement dans leur entourage.
Ainsi, la pratique des avortements dans l'entourage de la femme en union
l'amène à prendre conscience des dangers que cela peut causer et
la nécessité de contrôler sa fécondité. Ceci,
afin de ne pas se retrouver dans une situation critique qui pourrait l'amener
elle aussi à recourir à l'avortement. D'où sa forte
propension à l'utilisation de la contraception moderne. Il faut
préciser que l'avortement est un acte répugnant et interdit au
Cameroun. De ce fait aucune femme en général et la femme en union
en particulier n'aimerait s'y exposer. Par conséquent, elle essaie de
limiter les grossesses non désirées ou nocives pour sa
santé (c'est le cas des grossesses trop rapprochées). Ce qui
accroit sa chance d'utiliser la contraception moderne surtout lorsque la femme
a déjà été confrontée à une telle
situation dans son entourage.
Tableau 4 : Synthèse des
résultats, variables significatives du modèle de
régression logistique