II.1 Quelques aspects théoriques sur la
pratique contraceptive moderne
La notion de la pratique contraceptive moderne a
été abordée à travers les différentes
théories sur la population. Nous avons tout d'abord Malthus (1798) avec
le malthusianisme, lequel a évolué vers le
néomalthusianisme. En outre, un tournant décisif dans la pratique
contraceptive moderne par les femmes a été atteint grâce au
féminisme. Par ailleurs, les théoriciens comme Becker (1960) et
Easterlin (1975) ont eux aussi contribué à la
compréhension de la pratique contraceptive moderne.
II.1.1 Théorie malthusienne
La théorie malthusienne a été
initiée par le pasteur Thomas Robert Malthus en 1798. A travers son
ouvrage « Essai sur le principe de la population », il prône la
restriction démographique. En effet, il part du constat selon lequel la
population croît selon une progression géométrique tandis
que les ressources croissent selon une progression arithmétique. Par
ailleurs, la capacité de la population à se reproduire est
illimitée alors que la capacité de production des moyens de
subsistance est nécessairement limitée. Malthus aboutit ainsi au
fait que la population doit accepter volontairement de limiter sa croissance,
sinon au cas où elle ne sera pas détruite par la famine, les
épidémies ou la guerre, elle verra sa taille dépasser
celle de ses ressources.
On peut donc comprendre ici la volonté de Malthus
d'assurer un certain équilibre entre la taille de la population et celle
des ressources, par une réduction de la natalité. Pour ce faire,
il affirme que le recul de l'âge au mariage accompagné de la
chasteté est le seul moyen moral pour
y arriver35. En effet, le mariage étant le
lieu par excellence de la procréation, il apparaît donc opportun
de le retarder le plus longtemps afin de réduire le risque de faire trop
d'enfants. En outre, pour Malthus le recours aux méthodes contraceptives
et à l'avortement est immoral.
Par ailleurs, Malthus n'a pas précisé un
âge au mariage, mais il a plutôt fixé une règle selon
laquelle celui qui se marie doit pouvoir assurer l'entretien de sa famille.
Cette règle se trouve renforcé lorsqu'il affirme : « Pour
qu'un homme en se mariant soit exempt de reproches, le moins qu'il doive avoir,
le plus petit revenu sur lequel il doive compter, est un salaire tel, en
état de santé, qu'il puisse suffire à nourrir, au prix
moyen du blé, le nombre moyen d'enfants produits par un mariage
»36. On retrouve ainsi un désir de voir tout individu
qui veut se marier, pratiquer une parenté responsable, gage du bien
être de la famille. Par ailleurs l'exercice d'une activité
génératrice de revenu peut donc influencer la procréation
des individus.
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