II.1 - LifAil-pour-soi et ses
caractéristiques.
L'etre-pour-soi et l'etre pour autrui font partie des
catégories ontologiques de l'etre
posées par Jean Paul Sartre dans L'etre et
Néant Dès son introduction à cette oeuvre, Sartre
fait la distinction entre
l'«être-pour-soi»T T7
tR7t f77 lhf7TTTT T777TiiTt di IT7
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sa liberté1
11«être-en-soi»
représenté par l17 anim
TT77 Ri m nature, les objets non conscients
d'eux-mêmes ; et l'«être-pour-autrui»
c'est-à-dire l'homm e conscient qui se définit par rapport aux
autres. Autrement dit, il distingue radicalement deux modes d'etre comme
irréductibles l'un à l'autre : tout d'abord, la conscience, dont
la structure fondamentale est
"l'intentionnalité'',
c'est-à-dire le fait qu'il y va toujours dans son etre question
d'un etre autre que soi ; et après avoir posé, à la suite
de Husserl et Brentano que : « toute
conscience est toujours conscience de quelque chose »37,
et que : « l'apparaître ne s'oppose pas à l'etre
c'est-à-dire que l'etre est un existant, c'est ce qu'il paraît et
donc le phénomène le dévoile tel qu'il est
»38 , il clarifie sa distinction en ces termes:
~ L'en-soi : c'est l'être massif et
plein de choses, l'être transcendant à la conscience, tout ce que
la conscience saisit comme ce qui n'est pas elle c'est-à-dire monde, qui
n'est que ce qu'il est, et qui se définit donc par sa parfaite
plénitude. « L'en-soi est plein de lui-même, et l'on ne
saurait imaginer plénitude plus totale, adéquation plus parfaite
du contenu au contenant : il n'y a pas de moindre vide dans l'etre, la moindre
fissure par où se pourrait glisser le néant
»39. C'est l'être qui adhère à soi dans sa
présence irréductible ; l'en-soi est opaque alors que la
conscience est transparente ; le passé, c'est ce qu'il y a en nous
d'en-soi.
-- Le pour-soi : c'est la conscience ; il
possède un caractère contingent, cause de la nausée ; il
se saisit comme étant « de trop ». Ce manque
d'être créant de la souffrance, le sujet reve d'une impossible
synthèse : d'être « en-soi-pour-soi ». Mais il
sait que sa liberté comme
même, si bien que la réalité humaine est le
perpétuel dépassement vers cette coïncidence40 L
présent est pour-soi. Quant au futur, il est un manque qui est le
présent de l'en-soi.
37 J.P. SARTRE, L'etre et le néant, essai
d'ontologie phénoménologique, Paris, Gallimard, 1943, p.
17.
38 Ibid., p. 13.
39 Ibid., , p. 112.
40 Ibid., p. 112.
16
Si l'on veut comprendre ce qu'est le néant, but de
notre première partie de ce travail intitulée '' Le rapport
entre l'être et le néant", il ne faut pas partir de l'en-soi,
car le néant ne saurait etre conçu à partir d'un etre qui
est plénitude ; c'est donc par la conscience seule que le néant
peut venir au monde : la conscience est en effet néantisante,
c'est-à-dire qu'elle peut nier l'en-soi. En ce sens, elle doit
être caractérisée comme liberté. Cette
liberté est absolue : c'est pourquoi elle éprouve de l'angoisse
devant la responsabilité qu'elle a d'être le fondement de tous ses
actes.
simple coïncidence avec soi : c'est ce que lui permet la
"mauvaise foi" où la conscience se ment sur sa réalité en
se faisant chose, comme cet homosexuel qui explique ses tendances par son
passé et refuse d'assumer la responsabilité de son
homosexualité. La mauvaise foi n'est pas un processus inconscient, car
Sartre refuse l'hypothèse freudienne de
''l'inconscient'': on ne peut en effet
censurer que ce dont on a conscience. Elle est alors un mensonge
à soi, qui ne rompt pas l'unité de la conscience.
Néanmoins, la mauvaise foi ne peut être
une réelle chosification : ce n'est que parce que je suis libre que
je peux me rapporter à ce que j'ai à etre. Ainsi, le
garçon de café ne peut etre garçon de café que
parce qu'il ne l'est pas, parce qu'il joue à l'être. On
peut alors déduire précisément le « pour-soi »,
en tant qu'il est contingent, c'est ce qui définit sa
facticité, son être-jeté dans le monde ; mais il
est aussi ''manque', dont l'expression immédiate est
le désir : il se rapporte alors à son être comme à
un ''possible'', ne pouvant jamais coïncider avec
luimême, comme l'en-soi.
Mais il est surtout ''temporalité": le
passé, c'est ce que le pour-soi a été et qui se
présente donc à lui sous la forme de l'en-soi ; le futur, c'est
ce qu'il est comme possible ; quant au présent, il est la
présence à soi du pour soi. Enfin, le pour-soi
est transcendance, c'est-à-dire qu'il se rapporte toujours
à autre chose que soi ou à soi comme possible : son rapport au
monde n'est jamais en ce sens un rapport intuitif, mais le monde est toujours
pour lui un monde d'ustensiles, comme chez Heidegger. Mais ce
monde est également celui où je rencontre autrui : comment
appréhender alors l'être-pour-autrui ?
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