I.1 #177; 3tisIntation
AGIAl'êttIAItAGIAl'otiginIAGuAnéant.
L'rtre est une réalité vécue par la
conscience. La négation c'est "la faculté consistant à
apporter des jugements pour établir une comparaison entre le
résultat escompté et le résultat obtenu". Ce qui
signifie, en d'autres termes, que la réalité ne surgit pas en
tant qu'elle est investie, elle est toujours séparée de ce
qu'elle n'est pas et c'est dans le mouvement « d'interrogation qui
traverse tout, que s'organise l'etre dans le monde».3 Or,
le concept de « Néant » revêt plusieurs
définitions variant avec les courants de pensée. De son
étymologie latine "non nihil", le mot signifie "contraire
de quelque chose''4 ; et ce mot fut employé par les
présocratiques, en particulier Parménide qui l'assimile au
"non-être" avec son fameux énoncé : «
l'etre est, le non-etre n'est pas a». En d'autres mots, pour
l'Eléate, le néant est ce qui n'est rien. Il est identifié
à "l'Un" supérieur à "l'Etre". Au fil
des siècles, la conception du néant a encore réapparu,
précisément dans la pensée chrétienne, de
manière décisive dans la formulation mrme de l'idée de la
création qui consiste à conférer l'existence «
à partir du néant » "ex nihilo". Pour les
chrétiens donc, le caractère fini des créatures est
justement le signe de leur provenance du néant. Chaque courant ou
tendance philosophique donne une conception particulière du
néant. Ainsi, le philosophe idéaliste Hegel, qui se
réclame de l'opposition parménidienne de l'rtre et du
néant, développe la thèse de leur identité à
partir du moment oil
2
M. HEIDEGGER, L'Etre et le temps, Paris, Gallimard,
1964, p.41.
3 J.P. SARTRE, L'être et le
néant, essai d'ontologie phénoménologique,
Paris, Gallimard, 1943, p. 41.
4 L.M MORFAUX, Vocabulaire de la philosophie et
des sciences humaines, Paris, Armand Colin, 1996, p. 235.
5
on les pense comme indéterminés. Pour sa part,
Heidegger, notamment dans : Qu'est-ce que la métaphysique ?
(1929), considère le néant comme ce qui n'est ''rien à
l'étant" en ce qu'il ne se confond avec aucun «
étant » particulier. Bref, l'idée du néant
dépend donc du courant philosophique dans lequel on se situe.
De ce point de vue, notre préoccupation ici est de
retrouver le rapport qui existe entre l'rtre et le néant. Est-t-il
possible, dans cette recherche, de traiter le néant séparé
de l'~tre ? Ce serait plonger dans l'abstrait. Car, pour reprendre M. Laporte :
« l'on abstrait, lorsqu'on pense à l'état isolé
ce qui n'est point fait pour exister isolement ; le concret, par opposition,
est une totalité qui peut exister par soi-seule »5
telle une chose temporo-spatiale avec toutes ses déterminations. En ce
sens, et puisqu'elle recèle une origine ontologique, la conscience est
un abstrait, et réciproquement le phénomène est aussi un
abstrait puisqu'il doit ''paraître à l'etre". Le seul
concret c'est ''l'homme-dans-le-monde : l'etre-dans-le-monde
heideggérien". Et toute démarche visant à saisir
cette relation phénoménologique entre l'homme et le monde
commence par l'abstrait. Ceci, non pas par une simple sommation des
éléments constitutifs du concret. Alors pour pouvoir
découvrir cette totalité qu'est l'homme, il suffit de
procéder par des interrogations du genre : 1° Quel est le
rapport synthétique que nous nommons
"Etre-dans-lemonde" ? 2° Que doivent etre
l'homme et le monde pour que le rapport soit possible entre
eux?6 Ces deux questions sont jà l'évidence
complexes et complémentaires. Les réponses à celles-ci
nécessitent une sérieuse analyse des conduites humaines, des
conduites de l'Hommedans-le-monde, en tant que réalités
objectivement saisissables et non comme des affections subjectives qui ne se
découvriraient qu'au regard de la réflexion. Seule pareille
démarche peut nous dévoiler à la fois l'homme, le monde et
les relations qui les unissent.
Les conduites humaines sont à prendre dans toute leur
diversité : par exemple, je constate mon attitude en tant que l'homme
que je suis dans une attitude interrogative devant l'rtre, et je m'interroge :
« est-il une attitude qui puisse me révéler le rapport
de l'homme avec le monde ? »7. Cette question, non
seulement est objective puisque n'importe qui peut aussi la poser, mais elle
est aussi indifférence aux signes qui l'expriment. En ce sens, elle est
à considérer comme une attitude humaine pourvue de sens. Mais que
me révèle-t-elle ?
5 M. Laporte cité par J.P. SARTRE, L'etre
et le néant, essai d'ontologie
phénoménologique, Paris, Gallimard,
1943, p. 38
6 Ibid.
7 Ibid.
La question me dévoile trois dimensions
transcendantales de l'tre : l'etre questionnant, l'etre questionné
et l'etre de ce sur quoi on questionne. De ce fait, la possibilité
de réponse est aussi variée. Le questionnant attend du
questionné une réponse, un dévoilement de son être
ou de sa manière d'tre. Ce dernier peut répondre par
''l'affirmatif'' ou par "le négatif''; c'est de ces
deux possibilités de réponse objective et contradictoire que
naît, par principe, la question de "l'affirmation" ou
de "la négation". Admettant que cette réponse soit
négative, cela suppose qu'on accepte d'rtre mis en face de la
non-existence de l'rtre ou d'une telle conduite. Car c'est l'rtre qui me donne
cette réponse et c'est donc lui qui me dévoile la
négation.
Le questionnant se trouve ici dans une possibilité
permanente et objective d'une réponse négative et se pose par
là-même comme en état de "non
détermination", car ne sachant pas si la réponse du
questionné sera affirmative ou négative.8 On se
retrouve ainsi en présence de deux "non-êtres" : le
non-être du savoir en l'homme et la possibilité du non-rtre dans
l'rtre transcendant menant par la suite jà l'existence d'un
troisième élément : « la vérité
» qui, en tant que différenciation de l'tre introduit un
troisième non-être comme déterminant la question, le
non-être de la limitation. Et toute interrogation aussi
métaphysique soit-elle est conditionnée par ce triple
non-être. Et enfin, c'est le non ~tre qui circonscrit la réponse
de l'tre questionné par cette réponse, on peut trouver l'tre
comme « cela » et « non autrement » ou en
dehors de « cela », « rien
»9.
:
La négation se présente, pour ainsi dire, comme
la qualité d'un jugement questionnant sur la présence d'une chose
et sur le pourquoi de l'absence d'une autre. Tous ces jugements subjectifs et
négatifs sont assimilés rigoureusement au jugement affirmatif.
Quant au néant, il tire son origine de ces jugements de
la négation. Il opère une union entre l'rtre et le
non-être.10 ,Il faut admettre que l'rtre qui est abstrait est
la manifestation de l'existant avec son essence. Nous pouvons illustrer cette
idée, avec Sartre, comme ceci : si je pense qu'il y a cent francs dans
mon sac et que j'en trouve cinquante, cela ne signifie pas que ma pensée
n'ait pas découvert le non-rtre des cents francs, mais c'est parce que
dans ma conscience je me suis posé la question de savoir pourquoi il y a
cinquante francs au lieu de cent francs. Ma conscience rend de la sorte
présent l'rtre abstrait des cent francs par la découverte des
cinquante francs qui le composent. C'est pourquoi Sartre affirme que «
le non-être apparaît
8 Ibid., p. 39.
9 Ibid., p. 42.
10 Ibid., p. 16.
7
toujours dans les limites d'une attente humaine. Il serait
donc vain de nier que l'on ne découvre pas les non-titres comme des
structure du néant et l'origine de la négation
»11.
Ainsi, selon Sartre, la condition qui rend possible la
négation c'est que "le néant hante l'etre qui est pleine
positivité". Cela signifie que l'rtre en effet n'a pas besoin du
néant pour se concevoir, il peut exister sans la "trace du
néant'' mais que ce néant ne saurait avoir qu'une «
existence d'emprunt ; c'est donc de l'etre qu'il prend son etre, son
néant d'être ne se rencontre que dans ses limites et la
disparition totale de l'etre. Elle ne serait pas que l'avènement du
règne du non-etre, mais aussi de l'évanouissement concomitant du
néant, il n'y a de non-etre qu'à la surface de l'etre
».12
Tout compte fait, et au regard de ce qui
précède, Sartre pose la question de l'tre conçu comme un
type de la conduite humaine. Il reconnaît à travers l'illustration
ci-dessus que si la négation n'existait pas, aucune question ne saurait
~tre posée sur l'rtre, que cette négation envisagée nous
renvoie au néant comme son fondement réel et son origine. En
plus, pour qu'il y ait de la négation dans le monde et pour que nous
puissions nous interroger sur l'tre, il faut que le néant soit
donné de quelque façon13. C'est en ce sens que
l'auteur de l'Etre et le Néant conçoit le néant
en dehors de l'tre dont seul l'homme est la réalisation complète.
Cependant, on peut se demander si l'rtre garde le mrme rapport avec le
néant, lorsqu'on aborde le néant d'un point de vue dialectique et
d'un point de vue phénoménologique ou si alors ce rapport
change.
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