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Effet des variations des prix du pétrole sur l'inflation : approche macro-sectorielle pour le cas de la Tunisie

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par Omar JRIDI
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion deTunis El Manar - Mastère 2010
  

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Introduction

L'inflation des cours pétroliers constitue, en principe, une menace sérieuse pour la bonne marche de l'économie mondiale. Cependant, l'affaiblissement des effets des hausses récentes des cours pétroliers sur la croissance du PIB et l'inflation vient d'infirmer ce précepte historique, déjà confirmé par les retombés pervers des deux premiers chocs pétroliers. Dans l'examen des causes de cet affaiblissement, s'impose le changement des comportements des politiques monétaires aux quels dépend la réaction de l'inflation aux évolutions des cours pétroliers. À cet effet, nous réservons la première section de ce

chapitre pour un bref historique sur les évolutions des prix pétroliers ainsi qu'aux déterminants de ces évolutions. En second temps, nous nous pencherons sur l'appréhension des causes de l'affaiblissement des effets des chocs pétroliers, toute en exploitant, de point de vue théorique, les principaux canaux de transmission de ces chocs.

Dans la deuxième section, l'examen de l'efficacité des politiques anti-inflationnistes passe par l'exploration des réactions des politiques monétaires face aux chocs pétroliers, du qu'elle on tire l'importance de la stabilisation des prix en visant ses bienfaits sur les plans économiques et sociales. Néanmoins, l'émergence de la politique de ciblage crédible d'inflation, comme la politique la plus efficace face à la transmission des effets des chocs pétroliers fait l'objet de la seconde sous section, dans la quelle nous avançons ses commodités, tout en utilisant les hausses récentes des cours pétroliers pour l'évaluation de sa performance.

Section 1 : Chocs pétroliers et effet de transmission

L'objet de cette section se cristallise sur l'effet limité des hausses récentes des cours pétroliers, relativement aux incidences perverses des deux chocs pétroliers sur l'inflation et la croissance du PIB, ce qui nous amène à l'investigation des causes de cet affaiblissement. C'est ainsi qu'on entame cette section par une esquisse historique des grandes phases de l'évolution des prix du brut, toute en accordant l'importance, dans un second temps, sur le fait que l'appréhension de ces évolutions sur le marché mondial peut être conduite à travers la référence aux fondamentaux du marché, à savoir, l'état de l'offre et de la demande, ainsi qu'à travers le poids accordé aux incertitudes des facteurs exogènes (les facteurs géopolitiques). La seconde sous section sera réservée à l'examen des mécanismes de transmission théorique des chocs pétroliers ainsi qu'à l'appréciation de l'affaiblissement des effets des hausses récentes des prix du brut, relativement aux deux chocs pétroliers, toute en exploitant les principales raisons de cet impact limité sur la croissance du PIB, mais surtout sur l'inflation.

1-1 Evolution et déterminants des prix du pétrole

L'anticipation de l'évolution des prix du pétrole sur les marchés mondiaux est une tâche ardue compte tenu de nombreux facteurs explicatifs qui s'interfèrent dans ce domaine. C'est ainsi qu'on va essayer de dénombrer les principaux déterminants retenus dans la littérature et voir dans quelle mesure ils peuvent intervenir. Néanmoins, il convient d'advenir, dans un premier temps, l'analyse des principales phases qu'à connues l'histoire de l'évolution des prix du pétrole.

1-1-1 Historique de l'évolution des prix du pétrole

L'étude historique de l'évolution des prix du pétrole certifie bien le caractère erratique et la volatilité persistante et fulgurante des cours du pétrole, cette irrégularité des évolutions peut être témoignée par le graphique suivant :

Courbe 2-1 : Volatilité du prix du pétrole (en $ 2008/B)

Source : AIE, US BLS.

A partir de ce constat, on peut arranger ces évolutions en cinq phases ;

i- Première phase : 1930-1973 : caractériser par des variations des prix du pétrole relativement stable qui s'inscrivent dans l'intervalle [10$ - 15$], cette phase marque la naissance d'un événement important dans la vie des marchés pétroliers. La création de l'Organisation des Pays Producteurs de Pétrole (OPEP) en septembre 1960, l'objectif été la nationalisation de la production de pétrole dans le volet de maintenir le pouvoir d'influencer les cours pétroliers.

ii- Deuxième phase : 1973 - 1979 : c'est la phase la plus instable dans l'histoire des marchés pétroliers. Le début de cette phase se bute sur le premier choc pétrolier ; suite aux conflits israélo-palestiniens dans la guerre de Kippour, le 6 octobre 1973, les pays arabes membres de l'OPEP ont décidés de faire un embargo de provision envers les pays occidentaux qui soutiennent Israël. La réduction de la production, qui en résulte, a engendré le quadruplement des prix du pétrole qui ont passé, au bout de cinq mois, de 2.60 $ en octobre 1973 à 11.65 $ en mars 1974, en baril (159 litres).

Cinq ans plus tard, la révolution iranienne et la guerre entre Iran et Iraq ont
amorcés le second choc pétrolier. Les réductions des exportations sont à

l'origine de la hausse des prix du pétrole qui ont passés entre 1979 et 1981 de 14 $ à 39 $ le baril, septembre 1980.

iii- Troisième phase : 1981 - 1986 : une phase caractérisée par la baisse des prix du pétrole qui se stabilisent à l'entour des 29 $ le baril.

L'explication la plus admise est la conjonction entre la réduction de la demande, par la mise en place des politiques d'économie d'énergie, et la modification des rapports de force de l'OPEP, suite à l'exploitation de nouveaux gisements en provenance du Mexique et de la mer du nord. La fin de cette phase a été marquée par l'effondrement des prix à 7 $ le baril, suite au contre choc pétrolier de 1983.

iv- Quatrième phase : 1987 - 2000 : au cours de cette période les prix ont évolués au tour de la moyenne des 20 $, à l'exception de quelques perturbations (la hausse brutale des prix suite à l'invasion du Koweït par l'Irak et la chute des prix suite à la crise financière des pays d'Asie).

Le principal enseignement de cette phase et l'augmentation des consommations, favorisées par des prix stables et bon marché, en dépit de l'intensification de la dépendance pétrolière.

v- Cinquième phase : 2000 - 2008 : c'est la phase du pétrole cher qui s'envole d'un record à un autre. À l'exception des baisses enregistrées en 2002 suite à la contraction de l'activité économique, engendrée par les attentats du 11 septembre 2001, « la hausse des prix du brent en dollar a atteint 15,6% en 2003, 32,2% en 2004 et 40,3% sur les neuf premiers mois de l'année 2005. Si en dollar courant les prix n'ont jamais été aussi élevés, il convient de rappeler qu'ils restent encore sensiblement inférieurs à leur pic de 1980 en dollar constants 2004 (80 dollar le baril). »23. Un rappel démenti en janvier 2008 quant le prix du baril table, pour la première fois de son histoire à la bourse de New York, sur les 100$. La fièvre haussière se poursuit et les prix atteignent les 130$ en mai et en dépassant les145$ en juillet 2008.

Cette trajectoire à été alimentée par l'expansion économique qui a suscité une forte demande de pétrole et dont la croissance globale s'est établie, selon les statistiques de l'Agence Internationale de l'Energie, à 0,5% en 2002, 1,9% en 2003 et 3,8% en 2004. La mise en fin de cette dynamique haussière date à la contraction de l'activité économique mondiale suite à la crise financière des subprimes.

La volatilité fulgurante, que reflète l'esquisse historique de l'évolution des prix du pétrole, renvoi en fait à la complexité de détermination d'un cours de référence

23 Joseph KERGUERIS, Claude SAUNIER (2006), Rapport d'information n°105, SENAT, session ordinaire de 2005-2006.

international vu la diversité géographique des gisements, dont chacun fait l'extraction d'un type de brut à caractéristiques différentes. Les types les plus connus à l'échelle mondiale sont le Brent (le brut de référence en Europe), le WTI (West Texan Intermediate, le brut de référence Américain) et le Dubaï Light pour l'Asie. A cela s'ajoute qu'il n'existe pas un seul marché au comptant pour chaque type de brut mais sept marchés qui reflètent chacun les prix de plusieurs brut (le marché de Rotterdam, le marché méditerranéen, le marché des Etats-Unis, le marché du Golfe du Moyen-Orient, le marché d'Extrême Orient, le marché de la Mer du Nord et le marché d'Afrique de l'Ouest).

En revanche, cette instabilité des cours pétroliers est occurrente à plusieurs facteurs qui tiennent aux fondamentaux des marchés pétroliers et aux autres facteurs exogènes d'ordre géopolitique. L'investigation de ces déterminants fait l'objet de la sous section suivante.

1-1-2 Les facteurs explicatifs de l'évolution des prix pétroliers

Les déterminants de l'évolution des prix du pétrole sur les marchés mondiaux peuvent être appréciés à travers des facteurs techniques et économiques, qui font référence aux fondamentaux des marchés, ainsi qu'à travers le poids accordé aux incertitudes des facteurs géopolitiques.

a- Les facteurs techniques et économiques

L'étude des facteurs techniques et économiques des variations des prix du pétrole fait appel aux fondamentaux des marchés pétroliers, à savoir l'analyse de la stabilité de la demande et de l'offre mondiale de pétrole.

i- Du côté offre mondial de pétrole : Selon les statistiques de l'EIA (Energie Information Administration), les 12 pays de l'OPEP fournissent conjointement 35 millions de barils/jour soit 43% de la production mondiale, ils représentent 60% des exportations et détiennent 75% de réserves mondiales. Cette part immense de marché attribuée à ce cartel le qualifie d'un pouvoir significatif sur les prix par le biais de l'approvisionnement. En revanche, la décolonisation des ressources pétrolières a été suivie par des politiques de quotas qui dépendent fortement des capacités de production actuelles, des réserves, de la population et de l'évolution démographique. C'est ainsi qu' « En mars 2000, l'OPEP fixe officiellement la bande de fluctuation du baril de pétrole entre 22 et 28 dollars et instaure un système de régulation « automatique » de la production qui ne nécessite pas une réunion des pays membres. Ainsi, lorsque le prix du panier de sept bruts mondiaux est au-dessous de 22 dollars le baril pendant dix jours ouvrés consécutifs, l'OPEP peut décider de réduire sa production de 500.000 barils par jour. Inversement, si les cours sont au-dessus de 28 dollars le baril pendant vingt jours ouvrés consécutifs, l'OPEP peut décider d'augmenter sa

production.»24. Néanmoins, l'offre réelle du pétrole semble loin d'être stabilisé vu qu'il s'écarte d'une manière permanente des quotas fixés. Les motifs de cette instabilité reviennent, principalement, aux situations divergentes des membres de l'OPEP qui se divisent en deux groupes ;

- Ceux qui sont caractérisées par une population importante et des réserves faibles optent pour des prix élevés dans le souci de financer leurs dépenses publiques. Les partisans de cette politique sont le Nigeria, l'Iran et le Venezuela.

- Les membres de l'autre politique sont des pays caractérisés par une population faible et des réserves importantes telles que l'Arabie Saoudite, le Koweït et les EAU. Ces pays optent pour la stabilité de leur offre afin de maintenir le droit des générations futures dans la rente pétrolière.

A cet inconvénient structurel de non unanimité des membres de ce cartel, s'ajoute la forte corrélation entre le prix du pétrole et la volatilité des cours du dollar. En effet, dans la mesure où les exportations du pétrole sont libellées en dollar et les importations sont libellées en euro ou en yen, une dépréciation relative du dollar amène ces pays à réviser leurs prix à la hausse afin de maintenir stable leur balance commerciale. C'est ainsi que les hausses des quotas de la fourchette de 22-28 dollars en 2000 à la fourchette de 27-35 dollars en 2004 sont remis, essentiellement, à la dévaluation du dollar par rapport à l'euro et au yen.

ii- Du côté demande mondiale de pétrole : l'aperçut historique montre que les chocs pétroliers ont été devancés par des hausses importantes de la demande mondiale du pétrole. C'est ainsi qu'entre 1965 et 1973, avant le premier choc pétrolier, la demande mondiale du pétrole a augmentée à un taux annuel moyen de 8,2%, en passant de 31 millions de barils par jour (Mb/j) à 58 Mb/j. Après une légère stagnation, de nouvelles augmentations ont précédées le second choc pétrolier, dont le rythme de progression a atteint les 3,1% par an, soit une augmentation moyenne de 1,9 Mb/j.

En dépit du changement du contexte, et dans le cadre d'une économie plus libérale et fortement concurrentielle, la relation entre hausse de la demande et hausse des prix du pétrole persiste encore. Les statistiques récentes montrent que la demande mondiale du pétrole s'est accélérée pendant la dernière décennie par rapport à la période 1990-2001, où le taux de progression annuel moyen s'établi à 1,2%. En effet, au cour de la période 2002- 2005 le taux de croissance annuel moyen enregistre une hausse de 2,4% et table en 2004 sur le niveau record de 1978, où on a enregistré une hausse de 3,4%. La demande

24 Joseph KERGUERIS, Claude SAUNIER (2006), Rapport d'information n°105, SENAT, session ordinaire de 2005-2006.

dynamique se poursuivre encor et s'établirait à 86 Mb/j en 2007, soit une hausse de 1,7% par rapport à son niveau de 2006.

Les déterminants de ces hausses rétrospectives de la demande du pétrole peuvent être résumés en deux principaux motifs :

- Le premier est le rythme de la croissance économique mondiale, dans la mesure de la forte corrélation entre la croissance économique et la croissance de la demande du pétrole. En effet ; « Utilisant le PIB de l'OCDE comme variable « proxy », la Direction de la prévision (Buissé, Depecker et Tissot, 2001) trouve qu'une variation de 1 % du taux de croissance entraîne une variation de la demande de pétrole de 0,9 % à court terme et de 1 % à long terme. »25. Cette relation peut être refléter, aussi, par le changement de la structure géographique de la demande mondiale du pétrole, surtout vers la Chine qui tienne le devant de la scène par une demande de 7,86 Mb/j en 2007 contre 4,18 Mb/j en 1997 et qui explique en raison de 33,7% la hausse récente de la demande mondiale du pétrole. Ces besoins en pétrole résultent, essentiellement, d'un taux de croissance fulgurant du PIB qui a progressé à 11,6% en 2006 et à 12% en 2007.

- Le second motif est la constitution des stocks de réserves stratégiques dans l'objectif d'assurer une consommation constante et continue, en cas de rupture de l'approvisionnement. Ces stocks représentent un surplus de demande non négligeable, surtout après les régulations de l'AIE qui réclame des stocks couvrant 90 jours de consommation.

Cependant, confier l'explication des évolutions des prix du pétrole aux seuls facteurs économiques peut engendrer certaines insuffisances, vu l'importance du poids des aléas géopolitiques dans l'investigation des causes de ces évolutions.

b- Les facteurs exogènes

Le prix du pétrole est fortement sensible à deux types de facteurs exogènes qui s'échappent à toutes prévisions ; les facteurs politiques et les facteurs climatiques.

Au niveau politique, « Il s'agit notamment des incertitudes géopolitiques au Moyen-Orient qui détient 60% des réserves mondiales prouvées de pétrole (instabilité en Irak, crise du dossier nucléaire iranien), des tensions sociales et ethniques au Nigeria, des grèves au Venezuela et en Norvège, ainsi que du rebondissement de l'affaire Youkos qui a mis en évidence la volonté de l'Etat russe à reprendre le contrôle des secteurs pétrolier et

25 2006, « Les répercussions de la hausse des cours pétroliers sur les économies internationales et nationales », direction des études et des prévisions financières, ministère des finances et de la privatisation, royaume du Maroc.

gazier. »26. La recrudescence de ces aléas géopolitiques alimente forcément les risques d'interruption des approvisionnements pétroliers, ce qui engendre des instabilités au niveau de l'offre et pousse les prix du brut vers le haut.

Au niveau climatique, non moins important, les facteurs liés aux aléas climatiques peuvent engendrer des distorsions d'offre et de demande et exacerbé des tensions sur les prix du pétrole. Les ouragans Katrina et Rita, qu'on connut le Golfe du Mexique, ont pénalisés fortement et durablement les capacités de raffinage américaines à raison de 5%. A cela s'ajoute l'effet saisonnais de la demande du pétrole qui varie en fonction des saisons de la manière suivante ; «À la sortie de l'hiver, elle connaît un point bas au deuxième trimestre (plus précisément, mois de mai), pour augmenter ensuite, connaître un léger ralentissement en août et novembre et culminer à la fin du quatrième trimestre. L'écart entre le maximum et le minimum dépend des aléas météorologiques et peut se situer entre 2 et 4 Mb/j.»27. La rigueur de l'hiver 2005 reflète l'importance de cet effet par une baisse de 2 Mb/j des capacités de réserves suite à l'augmentation des besoins en chauffage.

Pris ensemble, ces facteurs d'incertitude et d'instabilité de la demande et de l'offre alimentent les opérations de spéculation sur les marchés pétroliers. L'espace de ces transactions financières est représenté par le marché papier qui comprend le marché des futures, où les contrats s'effectuent sur une durée de 3 à 6ans, et le marché de gré à gré, sur lequel les contrats peuvent aller jusqu'à 15ans. Si ces transactions spéculatives suivent les mouvements des prix sur le marché physique, elles impacteraient forcément les prix des contrats de long terme sur le marché papier, dont le volume d'échanges s'élève à 9 fois plus que ceux du premier marché. Compte tenu de ce volume intense des transactions, l'analyse du FMI confirme l'existence d'un consensus sur le fait que la spéculation représenterait 10 à 20% du prix actuel.

De ce fait, il en ressort que les opérations spéculatives sur le marché papier renforcent la volatilité et impactent les prix du pétrole, et ce d'autant que le niveau des capacités de production excédentaires est faible et que le niveau de la demande est accrue.

1-2 Effet de transmission des chocs pétroliers

Un choc pétrolier fait référence aux conséquences économiques d'un changement brutal des prix du pétrole. De cet effet, toute variation brusque des prix du pétrole provoque un choc pétrolier si elle oblige les agents économiques à prendre des décisions immédiates et critiques, qui s'infligent aux autres agents et les obligent, à leur tour, à prendre d'autres décisions cruciales. À terme, le choc pétrolier amène l'économie à un nouvel état d'équilibre. En revanche, si le concept du choc pétrolier semble évident, les voies de

26 2006, « Les répercussions de la hausse des cours pétroliers sur les économies internationales et nationales », direction des études et des prévisions financières, ministère des finances et de la privatisation, royaume du Maroc.

27 Joël Maurice, « Prix du pétrole », La Documentation française. Paris, 2001.

propagation de ces chocs dans l'économie constituent une question d'ambiguïté vu l'omniprésence du pétrole dans tous les secteurs économiques et l'interdépendance des fils conducteurs. Dans cette sous section, nous proposons donc d'explorer les circuits par les quels se transmet cet effet.

Par la suite, nous apprécions l'affaiblissement des effets de ces canaux de transmissions traditionnels par les incidences des hausses récentes, toute en exploitant les raisons de cet impact limité.

1-2-1 Mécanismes de transmission des chocs pétroliers

Le choc pétrolier de 1973 à marqué un important détourné dans l'histoire de la relation performance macro-économique et prix du pétrole, du fait des retombées macroéconomiques désastreuses de la hausse des prix pétroliers. Les résultats des chercheurs qui se sont penchés sur cette question été parfois corroborés et parfois divergentes, cependant, ils soutiennent tous l'authenticité d'une telle relation.

Commençant par l'étude déterminante sur les chocs pétroliers de Hamilton (1983) qui a été fait sur la relation entre prix du pétrole et l'économie américaine à l'aide d'un système de vecteur autorégressif (VAR) employant les données trimestrielles de croissance du Produit National Brut, du taux de chômage, etc. Les résultats montrent qu'en général toutes les récessions qu'à connues les Etats-Unis, après la seconde guerre mondiale, ont été précédée par des hausses des prix du pétrole. D'autres travaux similaires dans d'autres pays ont consolidés cette corrélation telle que celles de Burbidge et Harrison (1984), Bruno et Sachs (1985)...

Plus récemment, les investigations sur la nature de la relation entre l'activité économique et les variations des prix du pétrole menées par Lardic et Mignon (2005) dans douze pays européens et par Cunado et De Gracia (2001, 2004) dans des échantillons de pays européens, puis asiatiques ont conclus sur l'existence d'une relation non linéaire (asymétrique) et affermis donc que les baisses des prix du pétrole ne sont pas, forcément, synonymes d'expansion économique, cette relation asymétrique a été corroborer par des études sur des données américaines et britanniques menés par Balke, Brown et Yucel (1998), Davis et Haltiwanger (2001).

En revanche, si la relation entre l'activité économique et les variations des prix du pétrole semble évidente, les voies de transmission des effets de hausses des prix pétroliers aux grandeurs macro-économiques constituent une question d'ambiguïté dans un cadre macroéconomique connexe, ajouté à l'omniprésence du brut dans toutes les branches économiques. Ainsi, et pour ne pas prendre des chemins dérivés, nous nous s'inspirant du circuit le plus admis par les principaux économistes qui se sont penchés sur la question. A cet effet, nous nous sommes basés sur l'étude menée par Taoufik Rajhi, Mohamed Ben

Abdallah et Wided Hmissi sur l'impact des chocs pétroliers sur les économies africaines vue qu'elle avance un circuit fondé sur les principales investigations qui portent sur ce sujet. En effet, « Les publications sur le sujet permettent d'avoir une vision relativement claire des voies que peuvent emprunter les chocs pétroliers pour se propager dans l'économie. En effet, les cours pétroliers peuvent avoir un impact sur l'activité économique par diverses voies de transmission existantes. »28 Dont-ils repèrent le circuit suivant :

1. Une augmentation des prix du pétrole se manifeste à court terme par un renchérissement de la facture énergétique, qui découle non seulement de la hausse des prix du pétrole, mais aussi des prix des autres produits qui le suive, notamment le prix du gaz. Cette hausse des coûts de consommation intermédiaire se traduit par un renchérissement des coûts de production global et donc par un ralentissement de la production et de la productivité. On parle ainsi de l'effet d'offre basique qui a été mentionné par Brown et Yücel en (1999) et par Abel et Bernanke (2001).

2. La hausse des prix du pétrole entraine, en second lieu, une redistribution des richesses en faveurs des pays exportateurs nets de pétrole, par le biais de la balance commerciale, ce qui engendre une ponction du pouvoir d'achat des entreprises et des ménages dans les pays importateurs nets du pétrole. Parmi les économistes qui on traiter cet effet, on peut citer Dohner (1981) qui a analyser la dégradation de la balance commerciale des pays importateurs vis-à-vis des pays exportateurs et Abeysinghe (2001) qui a traiter le transfert de richesse au sein de la partenariat commerciale entre la Singapour (importateur net de pétrole) au profit de la Malaisie et de l'Indonésie (exportateurs nets de pétrole).

3. Troisièmement, la hausse des prix du pétrole a un effet direct sur l'inflation des pays importateurs dans la mesure où la hausse des coûts de production se traduit, selon le degré de la concurrence sur les marchés, par une hausse des prix de vente. Par ailleurs, cette hausse se transmet aux produits pétroliers consommés par les ménages vue la forte corrélation entre les prix du pétrole et les prix des produits énergétique (une hausse de 10% des prix du pétrole se traduit en deux mois par une hausse de 4,5% des prix du fioul et de 8% pour le super sans plomb). Si les prix du pétrole se maintiennent à ces niveaux élevés, les ménages peuvent revendiquer des hausses de salaire pour compenser la baisse de leur pouvoir d'achat et basculent l'évolution des prix vers la spirale prix-salaire, déjà mentionnée dans le premier chapitre. Il en résulte ainsi une accélération de l'inflation sousjacente ce qui inflige la banque centrale à durcir sa politique monétaire en augmentant les taux d'intérêt.

28 TAOUFIK RAJHI, MOHAMED BENABDALLAH, WIDED HMISSI, « Impact des chocs pétroliers sur les économies africaines : une enquête empirique », Février 2005.

4. La hausse de l'inflation, qui en résulte, impacte les piliers de l'économie : d'une part, la consommation intérieure ralentie du fait de la baisse du revenu disponible des ménages et la hausse des coûts de production engendre, de l'autre part, une contraction des profits. Les entreprises révisent leurs plans d'investissements à la baisse et retardent les décisions de l'embauche.

5. Finalement, et à moyen terme, l'érosion de la rentabilité des secteurs les plus amont en énergie entraine une réallocation de la demande, du capital investi et de la main d'oeuvre entre secteurs en faveur ceux les moins intensif en énergie, ce qui peut affecter à terme le taux de chômage, selon les travaux de Loungani (1986).

A long terme, si le choc pétrolier perdure, le potentiel de croissance de l'économie sera affecté à des niveaux faibles. C'est ainsi que les chocs pétroliers sont généralement analyser, pour les pays importateurs nets de pétrole, comme des chocs stagflationnistes qui poussent, simultanément, les prix à la hausse et les taux de croissance à la baisse. A l'inverse, les pays exportateurs nets de pétrole profitent de la hausse de leurs prix de vente, ce qui améliore le rendement de leurs activités pétrolières et induit des entrées supplémentaires de devises étrangères, nommés pétrodollars. Il s'ensuit une hausse de la demande et des importations en faveur des pays importateurs nets de pétrole, cependant, cet effet n'emporte pas sur la récession engendré par le renchérissement des produits pétroliers. En revanche, si ces canaux de transmission semblent très actifs durant la période des deux premiers chocs pétroliers, ils jouent bien moins pendant la dite « troisième chocs pétrolier ». Il convient donc d'analyser, dans la sous section suivante, les caractéristiques du dernier choc pétrolier tout en cherchant de comprendre les raisons qui expliquent cet impact relativement limité.

1-2-2 Affaiblissement des effets des chocs pétroliers

Les hausses récentes des prix pétroliers que subit l'économie mondiale ces années se spécifies des deux premiers chocs par la nature, l'ampleur et la persistance ainsi que par les effets sur la croissance économique et l'inflation. Nous présenterons dans ce qui suit ses principales caractéristiques, toute en accordant l'importance sur l'affaiblissement des effets, relativement aux deux chocs précédents, ainsi que sur les raisons appropriés.

a- Hausses récentes des prix du pétrole et affaiblissement des effets

Contrairement aux deux premiers chocs pétroliers, qui résulteraient des ruptures d'offre en 1973 suite à la guerre de kippour et fin 1979 suite à la révolution islamique et à la guerre entre Iran et Irak, tous les économistes sont unanimes que les hausses récentes des

prix pétroliers résultent de la persistance de la demande mondiale que l'offre peine de la suivre, comme nous montre le graphique suivant pour la période 2003-2007.

Courbe 2-2 : Evolution de la demande et de l'offre mondiale du pétrole

 
 

Source : AIE, 2006.

 

Comme on a déjà mentionné, la vigueur de la demande (+2.4% par an en moyenne depuis 2002) est la résultante d'une croissance mondiale soutenue portée par la forte croissance enregistrée par les pays émergents, notamment la Chine, ainsi que le dynamisme de la croissance des Etats-Unis.

Si ces dernières hausses se distinguent en nature des deux premiers chocs pétroliers, elles se spécifient de même par l'ampleur ainsi que par la persistance. En effet, lors du premier et du second choc pétrolier, les prix ont été multipliés, respectivement, par plus de trois fois en six mois et par deux fois en douze mois. Concernant es hausses récentes, l'économie mondiale a connue un quintuplement des cours pétroliers qui s'étale sur la période de septembre 2003 à juin 2008, dont la hausse été fulgurante dés le premier semestre 2008 pour débattu le record historique de 103.76 dollars en avril 1980 en atteignant le pic des 145 dollars fin juillet 2008.

Concernant l'affaiblissement des effets des hausses des cours pétroliers, la mise en perspective des incidences du pic historique actuel avec celui des années 70 nous permette de bien constater l'abaissement des conséquences sur la croissance du PIB et sur l'inflation. Si les retombées des deux premiers chocs pétroliers sur les taux de croissance du PIB, de l'emploi et de l'investissement été pervers, il apparaît que la croissance de l'économie mondiale a quasiment résistée depuis 2002 aux augmentations des prix du brut et démentie les résultats des principaux modèles de prévision.

En revanche, « Des modèles macroéconomiques permettent de fixer des ordres de grandeur des effets des chocs pétroliers. En moyenne, une hausse maintenue de 10 dollars du prix du baril amputerait la croissance du PIB des pays industrialisés de 0,25 à 0,5 point la première année et d'autant la deuxième année. Compte tenu de l'explosion des prix du pétrole entre

2003 et aujourd'hui, la croissance du PIB des pays industrialisés aurait dû être amputée de 2 points. Or, rien de tel n'a été constaté. »29. C'est ainsi que la croissance de l'économie mondiale à bien résisté aux flambées des cours pétroliers en 2004 avec un taux de 5,2% et même s'il a fléchi en 2005, les modérations demeurent en effet largement en deçà des proportions estimées par les modèles. Après une légère stabilisation autour de 4,3% en 2006 et de 3,9% en 2007, le taux de croissance du PIB mondial enregistre un fléchissement intense et table sur 3,1% en 2008 et 0,3% en 2009, selon les prévisions de la banque mondiale. Si ce recul est concomitant aux hausses historiques des cours pétroliers, la crise des subprimes que subi Etats-Unis semble avoir un pouvoir explicatif non négligeable dans ce sujet, ce qui rend difficile la visualisation de l'impact net des hausses pétroliers sur la croissance mondiale de cette période.

Néanmoins, on peut tirer comme enseignement que la relation entre les variations des prix du brut et la croissance économique est affaiblie.

Côté inflation, le constat reste le même. Les hausses des prix du pétrole n'a pas eu d'effet, si l'on compare avec celle des deux premiers chocs où l'inflation a oscillait dans les pays de l'OCDE aux alentours des 9% par an et a tablait sur des records historiques pour les principaux pays industrialisés (tableau 1-1 page 26).

Le tableau suivant assimile les taux d'inflation durant la période du troisième choc pétrolier :

Tableau 2-1 : Les taux d'inflation durant la période des hausses récentes des
cours pétroliers

Allemagne 1.0 1.8 1.7 1.7 2.1 2.6

Etats-Unis 2.3 2.7 3.1 2.8 4.1 3.8

France 2.2 2.3 1.9 1.8 1.5 2.8

Japon -0.2 0.0 -0.4 -0.1 0.1 1.4

Chine -0.8 1.2 4.1 1.8 1.5 4.7

Italie 2.8 2.3 2.1 2.0 1.8 3.3

2003 2004 2005 2006 2007 2008

2009*

0.4

0.6

0.6

0.8

1.0

1.1

* : prévisions de la banque mondiale.

Il en résulte ainsi que l'inflation à quasiment rester stable toute au long de la période des hausses récentes des cours pétroliers, même si elle a enregistrée une légère augmentation en

29 Joseph KERGUERIS, Claude SAUNIER (2006), Rapport d'information n°105, SENAT, session ordinaire de 2005-2006.

2008, qui s'explique par sa coïncidence avec le pic des 145 dollars le baril, et qui reste incomparable avec les incidences des deux premiers chocs et largement surestimé par les résultats des modèles de prévision des effets des chocs pétroliers. En ce qui concerne les baisses spectaculaires des taux pour l'année 2009, l'explication la plus admise met en cause la baisse de la demande provoquée par la crise immobilière des subprimes que le fléchissement des prix du brut.

Si les canaux de transmission entre les variations des prix du pétrole et la croissance économique et l'inflation jouent moins que par le passé, l'investigation sur les raisons de cet affaiblissement semble utile pour l'accomplissement de notre étude.

b- Les raisons de l'affaiblissement des effets des chocs pétroliers

L'abaissement des effets des chocs pétroliers sur l'activité économique trouve sont explication dans les mutations qu'à connues la conjoncture économique du point de vue politique, énergétique ainsi que l'élévation des degrés de la libéralisation financière et la globalisation commerciale. Ces raisons peuvent être regroupées comme suit :

> La baisse de l'intensité pétrolière de la croissance : L'intensité de la croissance en pétrole est un indicateur fréquemment utilisé par les économistes, pour évaluer le pourcentage de la consommation du pétrole affecté à la production supplémentaire d'une unité de PIB dans un pays. Le degré d'utilisation du pétrole a considérablement diminué relativement aux années 70, néanmoins, cet indicateur diffère selon les pays ; le Japon, l'Europe Occidentale, l'Amérique Latine et l'Asie du Sud on réussit à réaliser une intensité de 25% plus faible par rapport à la moyenne mondiale de l'intensité énergétique. Cependant, l'Amérique du Nord et l'Océanie se trouvent à des niveaux supérieurs de 40%. Le graphique suivant illustre bien la baisse de l'intensité pétrolière de la croissance pour la période 1965-2003.

Courbe 2-3 : L'intensité pétrolière de la croissance : consommation de pétrole en milliers de barils/jour par unité de PIB (dollars 1999)

Source : Direction de la Prévision et de l'Analyse économique.

Globalement, la moyenne mondiale de cet indicateur enregistre une baisse annuelle de 1.5% depuis 1990, une baisse qui se trouve, notamment, consolidée par la politique énergétique chinoise (première consommateur du pétrole) qui a réalisé des diminutions de quatre foies plus vite que le reste du monde pour se situer, actuellement, au niveau de la moyenne mondiale. Finalement, on note que l'effort des pays de l'OCDE au sujet de l'économie d'énergie et l'efficience énergétique des appareils productifs a permet de réduire de moitié l'utilisation du pétrole pour réaliser une baisse d'environ 20% de la consommation énergétique par unité de PIB depuis 1980.

~ L'état de la conjoncture économique : la position de l'économie dans le

cycle de croissance influence certainement l'effet des variations des prix du pétrole sur l'inflation. En effet, si les prix du brut augmentent en phase d'expansion économique, les salariés se trouvent en position de force, compte tenu d'un chômage faible, pour réclamer la revalorisation salariale adéquate. De même, les entreprises se trouvent en position de force, compte tenu d'une demande soutenue, pour répercuter la hausse des entrants sur leurs prix de vente. Cela conduit au déclanchement de la spirale prix-salaire, déjà mentionnée, et donc à la hausse de l'inflation. Néanmoins, actuellement, la relation entre hausse des prix du brut et l'inflation se trouve distendue et la possibilité de déclanchement du mécanisme de la spirale prix-salaire s'est restreindre vu le niveau élevé du chômage au sein de nombreux pays de l'OCDE (héritage des années 70) et l'absence de tensions sur le marché du travail.

~ Le recyclage des revenus des pays de l'OPEP : Les pétrodollars des pays de

l'OPEP représentent aujourd'hui un cumul de plus de 2000 milliards de dollars depuis

1999. Ces gigantesques recettes permettent de stimuler les taux de croissance de leurs PIB, qui se situ aux alentours des 5%, ainsi que la progression de leurs balance courante (+20,3 % en 2005 et 17,5 % en 2006). Ces excédents des revenus de l'OPEP se trouvent pour 65% sur les marchés des biens et services sous forme d'importations en provenance de l'Union Européen, premier partenaire de l'OPEP, à raison de 30% devant les Etats-Unis, le Japon, la Chine et les autres pays en développement. Grace à cette demande, les pays de l'OPEP permettent d'amortir l'effet des chocs pétroliers subi par les pays importateurs net de pétrole. C'est ainsi que le troisième choc pétrolier s'interprète généralement comme un simple transfert des revenus des pays exportateurs net aux pays importateurs nets de pétrole, dans un contexte d'une économie mondiale globalement financiarisée dans laquelle le recyclage des pétrodollars s'effectuerait bien mieux que dans le passé.

Finalement, si l'amoindrissement des effets des chocs pétroliers sur l'inflation s'explique par les mutations qu'à connues l'économie mondiale sur les plans économiques et énergétique, on note que la réaction de l'inflation à ces chocs dépond des spécificités nationales au niveau de la politique de fixation des prix de l'énergie ainsi qu'au niveau de la politique monétaire appliquée, qui joue un rôle crucial dans la transmission de la hausse du prix du pétrole à l'inflation sous-jacente.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams