Section 2 : La position du pétrole dans les
déterminants de l'inflation
L'inflation est un phénomène difficile à
appréhender, définie comme la hausse durable et auto entretenue
du niveau général des prix, il serait assez important de
connaître les facteurs qui permettent l'explication des changements de ce
phénomène. Les investigations qui se sont portées sur
cette question on aboutir à la naissance de diverses théories,
certaines se concurrentes et d'autres se complètes, dont on peut les
regrouper en trois grandes approches ; les déterminants d'ordre
monétaire qui remontent à la Théorie Quantitative de la
Monnaie, les déterminants d'ordre structurel qui résident dans
les mutations et les rigidités des structures économiques et
l'inflation par la demande et par les coûts qui avance ensemble
l'explication la plus traditionnelle de l'inflation.
Dans la seconde sous section ont va présenter la hausse
des prix du pétrole comme un déterminant primordial de
l'inflation, vue son omniprésence dans la plupart des cycles de
production des biens et services. L'accent sera mis sur les effets de premier
tour et de second tour que génère l'augmentation des prix du
pétrole, et sur le rôle du taux de chômage et des
anticipations dans l'amorcement des spirales prix-salaire.
2-1 Les déterminants de l'inflation
Le non unanimité des économistes qui se sont
penchés sur la question des causes de l'inflation a produit divers
théories, dont on peut les utiliser comme piliers pour la classification
des sources de l'inflation. A cet effet, trois catégories de
déterminants de l'inflation ont été repérées
; les déterminants d'ordre monétaire, les déterminants
d'ordre structurel et l'inflation par la demande et par les coûts.
2-1-1 Les déterminants d'ordre
monétaire
Lorsqu'on aborde la question des causes de l'inflation, la
théorie monétaire tienne le devant de la scène vu son
antiquité, son développement profond et sa consolidation par un
nombre important d'économistes. Dans cette catégorie de sources
d'inflation, on va attrouper deux déterminants, à savoir la masse
monétaire et le seigneuriage.
a- La relation : masse
monétaire-inflation
Les d'analyses qui ont étudié la nature de la
relation entre masse monétaire et inflation peuvent être
regroupées en trois grands courant ; le courant des monétaristes,
le courant des keynésiens et le courant des nouveaux classiques.
Néanmoins, les raisonnements de ces approches théoriques partent
tous de la Théorie Quantitative de la Monnaie (T.Q.M) qui remonte
à l'économiste Jean Bodin (1568) suite à l'intuition d'une
relation liant la montée fulgurante des prix en Europe à l'afflux
des quantités de métaux précieux résultant de la
découverte du nouveau monde. Cette relation intuitive entre la
quantité de monnaie en circulation et le niveau général
des prix à été affermie durant l'époque classique,
en effet, cette relation « a trouvé une certaine consolidation
auprès d'un certain nombre d'auteurs qui se sont contentés de
confirmer le parallélisme entre l'évolution des prix et celle de
la quantité des métaux précieux. Mais c'est surtout avec
les économistes classiques, notamment, D. Ricardo que la T.Q.M. atteint
son apogée »14.
Les reformulations et l'amplification de cette relation
remonte aux économistes néo classiques (C. Pigou, A. Marshall et
I. Fisher) dont on tire celle d'I. Fisher (1926) qui a le mérite de
restaurer la relation sous la forme suivante :
M . V = P . T
Tel que M représente la masse monétaire en
circulation, V la vitesse de circulation de la monnaie définie par le
nombre moyen d'utilisation de chaque unité monétaire pour
effectuer une quantité d'échange donnée, T le volume de
transaction et P le niveau général des prix.
14 Mongi Mokadem (2002), « Histoire de la
pensée économique ».
Ainsi, sous les hypothèses de la neutralité de
la monnaie (M n'agit pas sur T), la constance de V et la présence du
niveau général des prix comme variable passive dans
l'équation (la lecture se fait seulement de gauche à droite),
Fisher montre que la masse monétaire est la seule variable qui agit sur
le niveau général des prix en disant que si « Un volume
supérieur de monnaie achetant le même volume de marchandises, il
faut que les prix augmentent . »15. On note, ainsi, que la
signification de cette équation consiste à dire qu'un
accroissement relativement supérieur de la masse monétaire par
rapport au volume de la production réelle invoque, pour ajustement, une
hausse du niveau général des prix dans le volet d'égaliser
la valeur globale des échanges (P.T) à celle de la nouvelle
quantité de monnaie en circulation (M.V).
Cette relation de causalité entre la masse
monétaire et le niveau général des prix a
été confirmée par le courant des monétaristes, dans
une perspective d'intégration entre sphère monétaire et
sphère réelle, qui rompe avec l'analyse dichotomique des
quantitavistes. C'est ainsi que M. Friedman (le chef de file du courant
monétariste) raffermi cette relation en disant que « la cause
immédiate de l'inflation est toujours et partout la même : un
accroissement anormalement rapide de la quantité de monnaie par rapport
au volume de la production. Cette conclusion repose sur de nombreux exemples
historiques et se vérifie en effet pour beaucoup de pays, sur des pays
allant jusqu'à des siècles entiers »16. La
consistance de cette relation a été montrée par divers
études empiriques dans le monde entier qui confirment que les pays
victimes d'un taux d'inflation élevé ont
généralement des taux élevés de croissance de la
masse monétaire, et vis versa. L'exemple le plus récent est celui
de l'ex-Zaïre qui a financé sont déficit publique, entre
1991 et 1994, par le biais de la création monétaire ce qui a
basculé le pays dans une hyperinflation de 4500% en 1993 et 9800% en
1994, selon les statistiques d'Agenor en 2001.
En conséquence, l'inflation s'érige comme une
maladie et le gouvernement est le seul responsable à garantir un
développement économique non inflationniste, en assurant un
rythme de croissance monétaire égale à celui de la
production réelle de long terme.
Si l'augmentation de la masse monétaire est
perçue comme un mal pour les monétaristes. J .M. Keynes soutient,
dans une approche de monnaie active, qu'un niveau d'offre de monnaie
supplémentaire, en situation de sous emploi, peut stimuler
l'activité économique suite à l'action de la monnaie sur
l'investissement et l'emploi par le biais de la baisse du taux
d'intérêt. Par voie de conséquence, l'inflation est une
perdition nécessaire qui s'inflige dans le cadre d'un arbitrage entre
elle et le niveau du chômage, une relation
15 I. Fisher : « L'illusion de la monnaie stable
». Pavot, Paris, 1929, p38
16 M. Friedman: « Inflation et systèmes
monétaires », Original English Language edition published by
Prentice-Hall, Inc., Englewood Cliffs, New Jersey, USA, 1976.
négative illustré par la courbe de Phillips. La
stagflation des années 70 a mis fin à cette politique de dopage
de l'activité économique par l'offre de monnaie.
Finalement, l'apport des nouveaux classiques à cette
relation se résume dans le rôle axial qu'occupent les
anticipations. L'idée centrale est que l'effet d'un accroissement
supérieur de la masse monétaire par rapport à la
production réelle sur l'inflation est alimenté par des mauvaises
anticipations. En effet, face une augmentation de la masse monétaire,
les agents économiques disposent une quantité de monnaie
supérieure à leurs attentes. Sous l'effet de la hausse de leurs
revenu nominal, et dans la croyance qu'il s'agit du revenu réel, ils
augmentent leurs dépenses en biens et services sans maitre en
considération les effets inflationnistes qui en résultent, on dit
qu'ils sont victimes d'illusion monétaire suite à leurs sous
estimation de l'inflation. Ainsi « si les agents prévoient
correctement les conséquences inflationnistes de l'accroissement de
l'offre de monnaie, ils sauront que l'augmentation de leur revenu nominal
n'améliore pas leur revenu réel »17.
b- La relation : seigneuriage-inflation
Le seigneuriage constitue un autre déterminant d'ordre
monétaire de l'inflation ; défini comme le revenu tiré par
le monopole de l'émission de la monnaie, le pouvoir public recourt
à ce type de procédure, dans des circonstances
particulières, pour monétiser son déficit
budgétaire. Le financement du déficit résulte ainsi d'une
modalité de taxation parce que « les pouvoirs publics (gouvernement
et banque centrale conjointement) obtiennent des biens et des services des
citoyens et des entreprises (travail des fonctionnaires, voitures, armes,
infrastructures) en échange de quelque chose qui ne leur coûte
rien, l'argent. »18. La taxation résulte du fait de la
perte de la valeur des encaisses détenues, appelée souvent taxe
d'inflation. C'est ainsi que ce mode de financement camoufle des
conséquences inflationnistes néfastes. De ce fait, la
règle de gestion monétaire inflige une indépendance
relative des banques centrales afin que le revenu de seigneuriage soit
minimisé.
Finalement, on note que cette approche n'a pas niée
à l'existence des rigidités structurelles, surtout pour le cas
des pays en voie de développement. Ainsi, les déterminants
structurels faites parties des sources de l'inflation.
2-1-2 Les déterminants d'ordre structurel
:
Selon cette approche structurelle, les déterminants de
l'inflation résident dans les mutations et les régulations dans
les structures économiques, fonctionnant le mécanisme
17 Pierre Bezbach (1986), « Inflation et
désinflation », La découverte, Repère n°48.
18 Michael Burda, Charles Wyplosz, Jean Houard (2002)
: « Macroéconomie: Une perspective européenne », De
Boeck Université.
des prix dans un cadre de marché imparfait. Divers
déterminants ont été repérés par les
structuralistes, dont on tire les plus pertinents :
- les régulations monopolistiques : hors
champs de concurrence, le vingtième siècle est dominé par
des régulations monopolistiques, la mutation de l'appareil productif
vers la concentration des firmes à conduit les groupes dominants
à partager le marché par le biais de la différenciation
des produits au lieu de la concurrence par les prix ; disposer d'une
liberté de fixation de prix toute au long de la fonction de demande
inverse, le prix du monopoleur est supérieur à toute autre forme
de concurrence (équilibre de Cournot, de Stakelberg et de la concurrence
pure et parfaite, en ordre décroissant), de plus, l'existence
singulière du monopoleur sur le marché contribue à une
rigidité dans la baisse des prix de vente.
L'autre effet inflationniste de cette régulation se
résume dans l'inflation par les couts salariaux, en effet, les
négociations salariales dépendent de moins en moins de la
confrontation entre offre et demande sur le marché de travail en se
servant de plus en plus des gains de productivité comme
référence. De ce fait, les entreprises à fort gains de
productivité peuvent augmentent leur rémunération
salariale, une hausse qui peut être généralisée aux
autres firmes, ouvrant ainsi la voie à une inflation par les couts
salariaux.
- L'indexation des salaires sur les prix : elle
constitue un important déterminant structurel puisqu'elle est la cause
principale qui alimente la dynamique auto-entretenue de l'inflation. L'Etat
opte pour ce type de procédure dans l'intention de maintenir intact le
pouvoir d'achat des ménages, cependant, cette procédure
amène inévitablement à l'instauration d'une spirale
prix-salaire ; dans la logique où la hausse du niveau
général des prix implique une augmentation des salaires afin de
préserver intact le salaire réel. L'augmentation des coûts
de ce facteur de production oblige l'entrepreneur à augmenter sont prix
de vente pour abriter son taux de marge. La spirale prix-salaire s'installe
ainsi et alimente la dynamique auto-entretenue de l'inflation.
- Les rigidités sectorielles : les
rigidités institutionnelles des structures du système de
production dans les pays en voie de développement peuvent être
à la base de l'augmentation des prix. L'exemple le plus ordinaire, dans
ces pays, est celui du secteur agricole ; caractériser par une offre
inélastique, dû au contrôle imposer par le gouvernement dans
l'intention de protéger les consommateurs urbains, une demande
additionnelle ne trouve pas de réponse par l'offre, ce qui engendre la
hausse de prix agricole, et par conséquence, une demande de hausse des
salaires.
2-1-3 Inflation par la demande et inflation par les
coûts
On ne peut pas disloquer l'approche de l'inflation par la
demande et l'approche de l'inflation par les coûts dans la mesure
où elles se complètent pour l'explication la plus traditionnelle
de l'inflation. Dans ce qui suit, on avance les principaux motifs de la hausse
de la demande et de l'augmentation des coûts de production, qu'on peut
les interpréter comme déterminants indirects de l'inflation.
a- L'inflation par la demande
Dans le cadre de la concurrence pure et parfait, les prix des
biens et des services résultent, essentiellement, de la confrontation
entre la courbe d'offre (fonction croissante des prix) et la courbe de demande
(fonction décroissante des prix). Un déplacement de la courbe de
demande vers la droite implique, sous la condition d'une offre
inchangée, à la hausse des prix. Si cette hausse est
généralisée, le phénomène de l'inflation
s'installe. L'existence d'un excès de demande par rapport à une
offre rigide ou en mode de plein emploi des facteurs de production, peut
être un déterminant de l'inflation. Cette situation à
été mise en évidence par J. M. Keynes ; sous le concept
d'écart inflationniste, Keynes avance plusieurs motifs qui peuvent
générés un excès de demande et par voie de
conséquence l'inflation.
En effet, en situation de guerre, les facteurs de production
sont affectés vers la production d'armement, rendus l'offre rigide et
incapable de répondre à la demande adressée. Le
déséquilibre entre offre et demande fait appel à une
hausse des prix pour ajustement, en ponctionnant les avoirs monétaire
supplémentaires qui en résultent. D'autres situations peuvent
générées la constitution d'une demande additionnelle, dont
on peut tirer l'indépendance de l'explication de l'inflation par la
demande face à celle par la monnaie, à l'image de la
création monétaire en situation de plein emploi ou
l'entrée de monnaie suite à un excédent commerciale ou
l'augmentation des dépenses publics sans prélèvements. Ces
situations induites, forcément, la constitution des encaisses
monétaire excédentaires qui poussent les agents à
augmenter leurs demandes, si l'offre est rigide ou en plein emploi, les prix
augmentent en conséquence pour rétablir l'ajustement entre offre
et demande.
b- L'inflation par les coûts
Dans la mesure où le prix d'un produit est
essentiellement déterminer par son coût de production et de
distribution, plus les coûts sont élevés plus le prix final
du produit risque de l'être. L'explication de l'inflation par les
coûts s'articule, ainsi, dans la logique où une
rémunération des facteurs de production supérieure
à leurs productivités induit une augmentation des coûts de
production par unité, pour maintenir leurs marges de profit intact, les
producteurs répercutent ces hausses sur leurs prix de vente, si ce
processus se
propage, l'inflation s'installe. D'autres motifs peuvent
engendrer la hausse des coûts de production telle que l'augmentation des
frais financiers ou des prix des matières premières,
interprétait comme inputs dans le cycle de production, et dont on peut
joindre les prix des produits importés, s'ils représentent une
part importante dans le coût de production total (inflation
importée). Enfin, l'Etat peut être source d'inflation par les
coûts dans la mesure qu'elle peut influencée les coûts de
production par le biais d'une fiscalité lourde qui agie sur le processus
de production ou via sa politique tarifaire. Si ces hausses de coûts ne
sont pas compensées par des gains de productivité, qui
permettrait de produire avec un même prix de revient, les prix de vente
augmentent, les salariés demandent l'augmentation des salaires et la
boucle prix-salaire se mette en fonctionnement.
Finalement, et dans la mesure où les prix des produits
pétroliers infligent leurs présence dans les coûts de
production de n'importe quel bien, le pétrole fait l'objet d'une menace
sérieuse sur les équilibres macro économiques de n'importe
quel pays.
Dans la sous section suivante, on présente le
pétrole comme un déterminant primordial de l'inflation, dont on
va essayer de repérer les principaux mécanismes de transmission
d'une augmentation du prix du pétrole à celle de l'indice
général des prix.
2-2 Pétrole : Déterminant primordial de
l'inflation
Le pétrole est omniprésent dans notre quotidien,
composant dans plus de 70 000 produits différents et représentant
35% de l'énergie mondiale, il pèse sur toute économie du
monde. L'augmentation des prix du pétrole fait ressentie ses effets sur
la plupart des grandeurs macro économiques. En particulier, la relation
entre l'augmentation des prix du pétrole et l'inflation semble un peut
ordinaire, cependant, les canaux de transmission entre ces deux variables font
l'objet d'une ambiguïté vue qu'ils s'étendent à un
nombre important de biens, indépendamment de leurs appartenances
sectorielles, et qu'ils touchent les différents types d'agents
économiques tel que les salariées et les investisseurs.
Dans une essaye d'investigation sur la relation entre hausse
des prix du pétrole et inflation, qu'on la converge vers l'augmentation
de l'Indice des Prix à la Consommation, nous avons constaté
l'existence de deux sortes d'effets, à savoir, les effets
mécaniques dites de « premier tour » et l'effet de boucle
prix-salaire, dite de « second tour » tout en accordant l'importance
au rôle joué par le taux du chômage dans la transmission de
ces effets.
2-2-1 L'effet mécanique ou de premier
tour
Les hausses des prix du pétrole sont souvent
interpréter comme une menace de récession et de tensions
inflationnistes dans la mesure de l'usage illimité et la présence
incontournable du pétrole et de ses produits dérivés dans
les cycles de production.
L'effet de premier tour d'une hausse des prix du pétrole
sur l'inflation peut être divisé en deux étapes
séquentielles :
- Un effet direct qui se manifeste automatiquement par
l'augmentation des prix des produits énergétiques,
représentant environ 85% de la masse du pétrole
consommée.
Un aperçu technique sur l'intensité
pétrolière dans le secteur énergétique nous montre
l'importance d'un tel effet, à titre d'exemple, un baril de
pétrole génère en moyenne 73,8 litres de carburant, 34,8
litres de fuel domestique, 15,2 litres de kérosène, 8,7 litres de
mazout lourd, 14,4 litres de gaz et autres produits gazeux, etc.
Dans cette intention, l'augmentation des prix du
pétrole se traduit forcément par l'augmentation des prix des
produits énergétique. Cet effet se dégrade en fonction de
la baisse de l'intensité du pétrole dans la technique de
production de ces produits.
- Un effet indirect ; engendré par le
renchérissement des consommations intermédiaires en
énergie, dans la mesure où la hausse des prix des produits
énergétique, résultant de l'effet direct, se
répercute sur les coûts des productions les plus amont en
énergie, y compris les coûts de transport pour distribution. Cet
effet ne manque pas d'importance, si on tient compte de la diversité des
produits innombrables qui ne peuvent pas se détourner de l'usage du
pétrole et de ses dérivés dans leur cycle de production,
tel que la quasi-totalité des plastiques, les routes, les peintures,
etc.
La hausse de la facture énergétique qui en
résulte, conduit à une réduction de la marge
bénéficière des entreprises, qui selon leurs comportement
de marge, peuvent répercuter totalement ou partiellement, selon le
contexte concurrentiel et leurs pouvoirs de marché, le relèvement
du coût des inputs sur leurs prix de vente. Cet effet se manifeste
notamment sur les prix des produits les plus amont en énergie et sur les
prix des produits alimentaires, surtout quant-ils reflètent les
coûts de transformation (tel que le transport). Les hausses des prix se
maitre ainsi dans un processus de hausse cumulatif en induisant une hausse
généralisée des prix et donc une inflation.
Les hausses des prix de ces produits peuvent agir, aussi, sur
les structures de consommation des ménages et des entreprises, ce qui
présente un autre effet, non comptabiliser, sur l'Indice des Prix
à la Consommation. En effet, contre ces hausses, et pour des tentatives
de sauvegarde de leurs revenus, ces agents vont essayer d'opérer des
substitutions entre produits chers et bon marché, à titre
d'exemple, le renchérissement de l'essence peut inciter certaines
ménages à moins utiliser leurs voitures et, en revanche, à
acheter davantage d'autres biens. Pour les entreprises, et étant
donnée un objectif de production bien déterminé, ils vont
essayer de remplacer les produits pétroliers cher par des produits
énergétiques moins cher. Il en résulte ainsi des
changements au niveau des pondérations ce qui biaiser le calcul de l'IPC
en engendrant des sur-estimations des hausses
réelles, cet effet se présente comme un
inconvénient dans le calcul de l'IPC, déjà
mentionné dans la première section.
En guise de conclusion, l'indice des prix à la
consommation subit ainsi un choc dit « de premier tour » qui
reflète l'effet mécanique de la hausse des prix du pétrole
sur les prix de consommation par le biais des consommations directes ou
intermédiaires en énergie. On assiste ainsi au
phénomène de l'inflation par les coûts de production, en
particulier des coûts des matières premières.
Ces relèvements des prix à la consommation
entrainent forcément un amoindrissement du pouvoir d'achat des
ménages ce qui admettre le déclenchement de l'effet de la boucle
salaire-prix dite effet de « second tour ».
2-2-2 L'effet de second tour ou de boucle
prix-salaire
Les hausses des prix à la consommation qui en
résultent de l'effet de premier tour génèrent une perte de
pouvoir d'achat des ménages. Dans l'objectif de maintenir leurs pouvoir
d'achat intact, les salariés exigent des revendications de leurs
salaires. Cette réaction salariale est d'autant plus réalisable
que les modalités de détermination des salaires nominaux sont
fondées sur la base de l'indexation des salaires sur l'Indice des Prix
à la Consommation, à ce là s'ajoute le rôle crucial
joué par les syndicats salariales.
En revanche, si les hausses des salaires ne sont pas
envisageables, ou partielles, à court terme, la conjugaison entre
l'amoindrissement du pouvoir d'achat des ménages et la hausse de
l'épargne de précaution joue un rôle déterminant
pour freiner la consommation, et par voie de conséquence, la stagnation
de la demande globale, de l'investissement et de l'emploi. On assiste ainsi au
phénomène de la stagflation ; une coïncidence entre
inflation et stagnation, paru dans les années soixante-dix. Pour enrayer
cette situation, il faut agir sur la consommation, ainsi, décideurs
économiques et politiques optent pour l'indexation totale des salaires
sur les prix. Finalement, tôt ou tard l'indexation des salaires sur les
prix sera totale. En guise ; « Les salariés vont tenter de
maintenir leur pouvoir d'achat grâce à une revalorisation de leur
salaire. Le phénomène est traduit dans Némésis par
l'indexation des salaires sur l'indice des prix à la consommation.
À court, l'indexation n'est que partielle et le choc pétrolier
diminue le pouvoir d'achat des ménages. À long terme, avec des
délais relativement importants, l'indexation est totale.
»19.
Les hausses des salaires qui en résultent sont
perçues comme de nouvelles hausses des coûts de production,
dans la mesure du poids important des coûts salariaux dans le
coût
19 Dorothée Brécard, Carole Chevallier, Arnaud
Fougeyrollas, Pierre Le Mouël, Paul Zagamé (2006), «
Evaluation pour la France des conséquences de l'augmentation du prix du
pétrole ».
total de production. Dans de nouvelles tentatives de
restauration de leurs marges de profit, les producteurs vont
contrebalancés l'élévation de leurs coûts sur les
prix de vente et l'augmentation des salaires se trouvent, à terme, dans
les prix à la consommation, et ainsi de suite. Il en résulte
ainsi un dynamisme dans le quel la hausse des prix devienne auto entretenue et
alimentée par un cercle vicieux et défectueux, qu'on appel «
boucle prixsalaire » et dans la quelle le retour en arrière est
improbable.
En synthétisant ce qui précède, on peut
dire que l'effet de second tour résulte essentiellement des
comportements rationnels de deux types d'agents, en effet, suite à une
hausse des prix du pétrole ;
- Dans des tentatives de maintient de leurs marges de profil,
les producteurs répercutent, totalement ou partiellement, l'augmentation
des coûts des matières premières sur leurs prix de vente,
ce qui engendre une baisse du pouvoir d'achat des ménages.
- Pour compenser la perte de leurs pouvoirs d'achat, les
salariés exigent des hausses indispensables des salaires et alimentent,
à terme, des nouvelles hausses des coûts de production. On dit
ainsi que la boucle prix-salaire se boucle et le dynamisme défectueux de
hausses auto-entretenues des prix se met en place.
La spirale prix-salaire a été décrite
dans les Analyses économiques de la France comme suit ; « Les
effets de second tour proviennent des tentatives, par les entrepreneurs et les
salariés, de compenser la perte de revenu entraînée par le
choc pétrolier. Ainsi, les producteurs peuvent transmettre à
leurs clients la hausse des coûts en relevant les prix de vente, ce afin
de restaurer leurs marges. De leur côté, de façon à
maintenir leur pouvoir d'achat, les salariés peuvent exiger une
augmentation compensatoire des salaires, ellemême susceptible de nourrir
une nouvelle hausse des prix. »20.
Econométriquement, le calcul de l'effet de second tour
des hausses des prix du pétrole sur l'inflation se fait par le biais de
l'estimation du coefficient de la variable prix du pétrole dans
l'équation de l'inflation sous-jacente, déjà
étudiée dans la première section. La modélisation
de l'inflation sous-jacente se dérive essentiellement du modèle
« Price Setting-Wage Setting » qui « suppose que
l'évolution des prix dépend de la confrontation de deux types de
comportements »21, à savoir, les comportements des
travailleurs et des employeurs.
20 « Les effets économiques du prix du pétrole
sur les pays de l'OCDE », Analyses économiques, n°54, Novembre
2004.
21 Benjamin RICHARD, William ROOS, «
Prévoir l'inflation en zone euro : approche macro-sectorielle »,
document de travail de la DGPTE n°3, juin 2008.
Vue la gravité d'un tel dynamisme, l'analyse des
facteurs qui peuvent amorcer la boucle prix-salaire semble nécessaire
pour l'accomplissement de notre étude de l'effet de second tour. En
remettant l'inflation par la hausse des prix du pétrole à
l'approche de l'inflation par les coûts, la hausse des prix
résulte ainsi d'une rémunération supérieure des
facteurs de production par rapport à leurs productivités. Par
voie de conséquence, le comportement paradoxal entre salariés et
employeurs résulte fondamentalement du partage des gains de
productivité. De ce fait, la conjugaison de la flexibilité des
salaires, la réactivité de l'emploi et la hausse des gains de
productivité joue un rôle déterminant pour atténuer
les risques de déclenchement de la boucle prix-salaire, c'est ainsi
qu'« Aux États-Unis, les forts gains de productivité
enregistrés ces dernières années, associés à
la flexibilité salariale et à la réactivité de
l'emploi, ont atténué les risques inflationnistes ; dans la zone
euro, en revanche, les faibles gains de productivité et la
rigidité du marché du travail interdisent de sous-estimer le
risque inflationniste, dans la mesure où des effets de second tour
pourraient amorcer une spirale prix-salaires. »22.
En effet, en mettant l'accent sur le premier anneau du cercle
vicieux, à savoir la hausse des salaires, on peut constater le
rôle important que joue le taux de chômage, dans la mesure
où plus le chômage est faible (élevé) plus la
position des salariés est forte (faible) pour exiger des hausses de
salaire. Le partage des gains de productivité s'effectue, ainsi, en
faveur des salariés et au détriment des employeurs (vis
versa).
Cette relation décroissante entre le taux de croissance
des salaires nominaux (inflation salariale) et le taux de chômage remonte
à l'économiste néo-zélandais A .W . Phillips qui
avance en 1958 l'illustration suivante :
Courbe 1-3 : La courbe de Phillips
U*
Taux de chômage
Taux de croissance des salaires nominaux
U* désigne le taux de chômage au
point de NAIRU (non accelerating wage rate of unemployment), c'est à
dire le taux de chômage d'équilibre pour le quel le taux
d'accroissement des salaires nominaux est nul. Selon l'interprétation
keynésienne, cet
22 « Persistance de l'inflation en zone euro »,
BULLETIN DE LA BANQUE DE France, N° 127, JUILLET 2004.
équilibre découle, essentiellement, d'une
anticipation parfaite de l'inflation de la part des salariés, qui se
sauvent du phénomène de l'illusion monétaire par
l'égalisation entre l'inflation effective et l'inflation
anticipée. Par le biais des anticipations rationnelles, qui incorporent
l'ensemble des données pertinentes et disponibles dans le passée,
le présent et même concernant le future, les salariés
seront capables d'adapter leur anticipation aux évolutions de
l'inflation. Ils exigent ainsi, dans un contexte de parfaite flexibilité
des salaires, l'égalisation entre leurs salaires nominaux et leurs taux
de productivités, on dit qu'ils annulent le taux d'inflation afin de
maintenir leurs salaires réels intacts. De ce fait on tire
l'équation suivante :
Taux d'inflation = Taux de croissance des salaires
nominaux -- Taux de croissance de la productivite
De ce fait, la stabilité des prix est obtenue
dés que les salaires nominaux et la productivité du travail
s'évolue au même rythme, ce qui annule l'écart entre le
pouvoir d'achat et le niveau de production et bloque, par conséquence,
le dynamisme systémique de la boucle prix-salaire.
Finalement, on note que la réinterprétation de
la courbe de Phillips, par P. Samuelson et R. Solow, a aboutie à la
naissance d'une relation conflictuelle entre le taux de chômage et celui
de la variation du niveau générale des prix. Une relation qui met
les pouvoirs publics dans une situation d'arbitrage entre maitrise des prix et
chômage.
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