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Effet des variations des prix du pétrole sur l'inflation : approche macro-sectorielle pour le cas de la Tunisie

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par Omar JRIDI
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion deTunis El Manar - Mastère 2010
  

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Section 2 : La position du pétrole dans les déterminants de l'inflation

L'inflation est un phénomène difficile à appréhender, définie comme la hausse durable et auto entretenue du niveau général des prix, il serait assez important de connaître les facteurs qui permettent l'explication des changements de ce phénomène. Les investigations qui se sont portées sur cette question on aboutir à la naissance de diverses théories, certaines se concurrentes et d'autres se complètes, dont on peut les regrouper en trois grandes approches ; les déterminants d'ordre monétaire qui remontent à la Théorie Quantitative de la Monnaie, les déterminants d'ordre structurel qui résident dans les mutations et les rigidités des structures économiques et l'inflation par la demande et par les coûts qui avance ensemble l'explication la plus traditionnelle de l'inflation.

Dans la seconde sous section ont va présenter la hausse des prix du pétrole comme un déterminant primordial de l'inflation, vue son omniprésence dans la plupart des cycles de production des biens et services. L'accent sera mis sur les effets de premier tour et de second tour que génère l'augmentation des prix du pétrole, et sur le rôle du taux de chômage et des anticipations dans l'amorcement des spirales prix-salaire.

2-1 Les déterminants de l'inflation

Le non unanimité des économistes qui se sont penchés sur la question des causes de l'inflation a produit divers théories, dont on peut les utiliser comme piliers pour la classification des sources de l'inflation. A cet effet, trois catégories de déterminants de l'inflation ont été repérées ; les déterminants d'ordre monétaire, les déterminants d'ordre structurel et l'inflation par la demande et par les coûts.

2-1-1 Les déterminants d'ordre monétaire

Lorsqu'on aborde la question des causes de l'inflation, la théorie monétaire tienne le devant de la scène vu son antiquité, son développement profond et sa consolidation par un nombre important d'économistes. Dans cette catégorie de sources d'inflation, on va attrouper deux déterminants, à savoir la masse monétaire et le seigneuriage.

a- La relation : masse monétaire-inflation

Les d'analyses qui ont étudié la nature de la relation entre masse monétaire et inflation peuvent être regroupées en trois grands courant ; le courant des monétaristes, le courant des keynésiens et le courant des nouveaux classiques. Néanmoins, les raisonnements de ces approches théoriques partent tous de la Théorie Quantitative de la Monnaie (T.Q.M) qui remonte à l'économiste Jean Bodin (1568) suite à l'intuition d'une relation liant la montée fulgurante des prix en Europe à l'afflux des quantités de métaux précieux résultant de la découverte du nouveau monde. Cette relation intuitive entre la quantité de monnaie en circulation et le niveau général des prix à été affermie durant l'époque classique, en effet, cette relation « a trouvé une certaine consolidation auprès d'un certain nombre d'auteurs qui se sont contentés de confirmer le parallélisme entre l'évolution des prix et celle de la quantité des métaux précieux. Mais c'est surtout avec les économistes classiques, notamment, D. Ricardo que la T.Q.M. atteint son apogée »14.

Les reformulations et l'amplification de cette relation remonte aux économistes néo classiques (C. Pigou, A. Marshall et I. Fisher) dont on tire celle d'I. Fisher (1926) qui a le mérite de restaurer la relation sous la forme suivante :

M . V = P . T

Tel que M représente la masse monétaire en circulation, V la vitesse de circulation de la monnaie définie par le nombre moyen d'utilisation de chaque unité monétaire pour effectuer une quantité d'échange donnée, T le volume de transaction et P le niveau général des prix.

14 Mongi Mokadem (2002), « Histoire de la pensée économique ».

Ainsi, sous les hypothèses de la neutralité de la monnaie (M n'agit pas sur T), la constance de V et la présence du niveau général des prix comme variable passive dans l'équation (la lecture se fait seulement de gauche à droite), Fisher montre que la masse monétaire est la seule variable qui agit sur le niveau général des prix en disant que si « Un volume supérieur de monnaie achetant le même volume de marchandises, il faut que les prix augmentent . »15. On note, ainsi, que la signification de cette équation consiste à dire qu'un accroissement relativement supérieur de la masse monétaire par rapport au volume de la production réelle invoque, pour ajustement, une hausse du niveau général des prix dans le volet d'égaliser la valeur globale des échanges (P.T) à celle de la nouvelle quantité de monnaie en circulation (M.V).

Cette relation de causalité entre la masse monétaire et le niveau général des prix a été confirmée par le courant des monétaristes, dans une perspective d'intégration entre sphère monétaire et sphère réelle, qui rompe avec l'analyse dichotomique des quantitavistes. C'est ainsi que M. Friedman (le chef de file du courant monétariste) raffermi cette relation en disant que « la cause immédiate de l'inflation est toujours et partout la même : un accroissement anormalement rapide de la quantité de monnaie par rapport au volume de la production. Cette conclusion repose sur de nombreux exemples historiques et se vérifie en effet pour beaucoup de pays, sur des pays allant jusqu'à des siècles entiers »16. La consistance de cette relation a été montrée par divers études empiriques dans le monde entier qui confirment que les pays victimes d'un taux d'inflation élevé ont généralement des taux élevés de croissance de la masse monétaire, et vis versa. L'exemple le plus récent est celui de l'ex-Zaïre qui a financé sont déficit publique, entre 1991 et 1994, par le biais de la création monétaire ce qui a basculé le pays dans une hyperinflation de 4500% en 1993 et 9800% en 1994, selon les statistiques d'Agenor en 2001.

En conséquence, l'inflation s'érige comme une maladie et le gouvernement est le seul responsable à garantir un développement économique non inflationniste, en assurant un rythme de croissance monétaire égale à celui de la production réelle de long terme.

Si l'augmentation de la masse monétaire est perçue comme un mal pour les monétaristes. J .M. Keynes soutient, dans une approche de monnaie active, qu'un niveau d'offre de monnaie supplémentaire, en situation de sous emploi, peut stimuler l'activité économique suite à l'action de la monnaie sur l'investissement et l'emploi par le biais de la baisse du taux d'intérêt. Par voie de conséquence, l'inflation est une perdition nécessaire qui s'inflige dans le cadre d'un arbitrage entre elle et le niveau du chômage, une relation

15 I. Fisher : « L'illusion de la monnaie stable ». Pavot, Paris, 1929, p38

16 M. Friedman: « Inflation et systèmes monétaires », Original English Language edition published by Prentice-Hall, Inc., Englewood Cliffs, New Jersey, USA, 1976.

négative illustré par la courbe de Phillips. La stagflation des années 70 a mis fin à cette politique de dopage de l'activité économique par l'offre de monnaie.

Finalement, l'apport des nouveaux classiques à cette relation se résume dans le rôle axial qu'occupent les anticipations. L'idée centrale est que l'effet d'un accroissement supérieur de la masse monétaire par rapport à la production réelle sur l'inflation est alimenté par des mauvaises anticipations. En effet, face une augmentation de la masse monétaire, les agents économiques disposent une quantité de monnaie supérieure à leurs attentes. Sous l'effet de la hausse de leurs revenu nominal, et dans la croyance qu'il s'agit du revenu réel, ils augmentent leurs dépenses en biens et services sans maitre en considération les effets inflationnistes qui en résultent, on dit qu'ils sont victimes d'illusion monétaire suite à leurs sous estimation de l'inflation. Ainsi « si les agents prévoient correctement les conséquences inflationnistes de l'accroissement de l'offre de monnaie, ils sauront que l'augmentation de leur revenu nominal n'améliore pas leur revenu réel »17.

b- La relation : seigneuriage-inflation

Le seigneuriage constitue un autre déterminant d'ordre monétaire de l'inflation ; défini comme le revenu tiré par le monopole de l'émission de la monnaie, le pouvoir public recourt à ce type de procédure, dans des circonstances particulières, pour monétiser son déficit budgétaire. Le financement du déficit résulte ainsi d'une modalité de taxation parce que « les pouvoirs publics (gouvernement et banque centrale conjointement) obtiennent des biens et des services des citoyens et des entreprises (travail des fonctionnaires, voitures, armes, infrastructures) en échange de quelque chose qui ne leur coûte rien, l'argent. »18. La taxation résulte du fait de la perte de la valeur des encaisses détenues, appelée souvent taxe d'inflation. C'est ainsi que ce mode de financement camoufle des conséquences inflationnistes néfastes. De ce fait, la règle de gestion monétaire inflige une indépendance relative des banques centrales afin que le revenu de seigneuriage soit minimisé.

Finalement, on note que cette approche n'a pas niée à l'existence des rigidités structurelles, surtout pour le cas des pays en voie de développement. Ainsi, les déterminants structurels faites parties des sources de l'inflation.

2-1-2 Les déterminants d'ordre structurel :

Selon cette approche structurelle, les déterminants de l'inflation résident dans les mutations et les régulations dans les structures économiques, fonctionnant le mécanisme

17 Pierre Bezbach (1986), « Inflation et désinflation », La découverte, Repère n°48.

18 Michael Burda, Charles Wyplosz, Jean Houard (2002) : « Macroéconomie: Une perspective européenne », De Boeck Université.

des prix dans un cadre de marché imparfait. Divers déterminants ont été repérés par les structuralistes, dont on tire les plus pertinents :

- les régulations monopolistiques : hors champs de concurrence, le vingtième siècle est dominé par des régulations monopolistiques, la mutation de l'appareil productif vers la concentration des firmes à conduit les groupes dominants à partager le marché par le biais de la différenciation des produits au lieu de la concurrence par les prix ; disposer d'une liberté de fixation de prix toute au long de la fonction de demande inverse, le prix du monopoleur est supérieur à toute autre forme de concurrence (équilibre de Cournot, de Stakelberg et de la concurrence pure et parfaite, en ordre décroissant), de plus, l'existence singulière du monopoleur sur le marché contribue à une rigidité dans la baisse des prix de vente.

L'autre effet inflationniste de cette régulation se résume dans l'inflation par les couts salariaux, en effet, les négociations salariales dépendent de moins en moins de la confrontation entre offre et demande sur le marché de travail en se servant de plus en plus des gains de productivité comme référence. De ce fait, les entreprises à fort gains de productivité peuvent augmentent leur rémunération salariale, une hausse qui peut être généralisée aux autres firmes, ouvrant ainsi la voie à une inflation par les couts salariaux.

- L'indexation des salaires sur les prix : elle constitue un important déterminant structurel puisqu'elle est la cause principale qui alimente la dynamique auto-entretenue de l'inflation. L'Etat opte pour ce type de procédure dans l'intention de maintenir intact le pouvoir d'achat des ménages, cependant, cette procédure amène inévitablement à l'instauration d'une spirale prix-salaire ; dans la logique où la hausse du niveau général des prix implique une augmentation des salaires afin de préserver intact le salaire réel. L'augmentation des coûts de ce facteur de production oblige l'entrepreneur à augmenter sont prix de vente pour abriter son taux de marge. La spirale prix-salaire s'installe ainsi et alimente la dynamique auto-entretenue de l'inflation.

- Les rigidités sectorielles : les rigidités institutionnelles des structures du système de production dans les pays en voie de développement peuvent être à la base de l'augmentation des prix. L'exemple le plus ordinaire, dans ces pays, est celui du secteur agricole ; caractériser par une offre inélastique, dû au contrôle imposer par le gouvernement dans l'intention de protéger les consommateurs urbains, une demande additionnelle ne trouve pas de réponse par l'offre, ce qui engendre la hausse de prix agricole, et par conséquence, une demande de hausse des salaires.

2-1-3 Inflation par la demande et inflation par les coûts

On ne peut pas disloquer l'approche de l'inflation par la demande et l'approche de l'inflation par les coûts dans la mesure où elles se complètent pour l'explication la plus traditionnelle de l'inflation. Dans ce qui suit, on avance les principaux motifs de la hausse de la demande et de l'augmentation des coûts de production, qu'on peut les interpréter comme déterminants indirects de l'inflation.

a- L'inflation par la demande

Dans le cadre de la concurrence pure et parfait, les prix des biens et des services résultent, essentiellement, de la confrontation entre la courbe d'offre (fonction croissante des prix) et la courbe de demande (fonction décroissante des prix). Un déplacement de la courbe de demande vers la droite implique, sous la condition d'une offre inchangée, à la hausse des prix. Si cette hausse est généralisée, le phénomène de l'inflation s'installe. L'existence d'un excès de demande par rapport à une offre rigide ou en mode de plein emploi des facteurs de production, peut être un déterminant de l'inflation. Cette situation à été mise en évidence par J. M. Keynes ; sous le concept d'écart inflationniste, Keynes avance plusieurs motifs qui peuvent générés un excès de demande et par voie de conséquence l'inflation.

En effet, en situation de guerre, les facteurs de production sont affectés vers la production d'armement, rendus l'offre rigide et incapable de répondre à la demande adressée. Le déséquilibre entre offre et demande fait appel à une hausse des prix pour ajustement, en ponctionnant les avoirs monétaire supplémentaires qui en résultent. D'autres situations peuvent générées la constitution d'une demande additionnelle, dont on peut tirer l'indépendance de l'explication de l'inflation par la demande face à celle par la monnaie, à l'image de la création monétaire en situation de plein emploi ou l'entrée de monnaie suite à un excédent commerciale ou l'augmentation des dépenses publics sans prélèvements. Ces situations induites, forcément, la constitution des encaisses monétaire excédentaires qui poussent les agents à augmenter leurs demandes, si l'offre est rigide ou en plein emploi, les prix augmentent en conséquence pour rétablir l'ajustement entre offre et demande.

b- L'inflation par les coûts

Dans la mesure où le prix d'un produit est essentiellement déterminer par son coût de production et de distribution, plus les coûts sont élevés plus le prix final du produit risque de l'être. L'explication de l'inflation par les coûts s'articule, ainsi, dans la logique où une rémunération des facteurs de production supérieure à leurs productivités induit une augmentation des coûts de production par unité, pour maintenir leurs marges de profit intact, les producteurs répercutent ces hausses sur leurs prix de vente, si ce processus se

propage, l'inflation s'installe. D'autres motifs peuvent engendrer la hausse des coûts de production telle que l'augmentation des frais financiers ou des prix des matières premières, interprétait comme inputs dans le cycle de production, et dont on peut joindre les prix des produits importés, s'ils représentent une part importante dans le coût de production total (inflation importée). Enfin, l'Etat peut être source d'inflation par les coûts dans la mesure qu'elle peut influencée les coûts de production par le biais d'une fiscalité lourde qui agie sur le processus de production ou via sa politique tarifaire. Si ces hausses de coûts ne sont pas compensées par des gains de productivité, qui permettrait de produire avec un même prix de revient, les prix de vente augmentent, les salariés demandent l'augmentation des salaires et la boucle prix-salaire se mette en fonctionnement.

Finalement, et dans la mesure où les prix des produits pétroliers infligent leurs présence dans les coûts de production de n'importe quel bien, le pétrole fait l'objet d'une menace sérieuse sur les équilibres macro économiques de n'importe quel pays.

Dans la sous section suivante, on présente le pétrole comme un déterminant primordial de l'inflation, dont on va essayer de repérer les principaux mécanismes de transmission d'une augmentation du prix du pétrole à celle de l'indice général des prix.

2-2 Pétrole : Déterminant primordial de l'inflation

Le pétrole est omniprésent dans notre quotidien, composant dans plus de 70 000 produits différents et représentant 35% de l'énergie mondiale, il pèse sur toute économie du monde. L'augmentation des prix du pétrole fait ressentie ses effets sur la plupart des grandeurs macro économiques. En particulier, la relation entre l'augmentation des prix du pétrole et l'inflation semble un peut ordinaire, cependant, les canaux de transmission entre ces deux variables font l'objet d'une ambiguïté vue qu'ils s'étendent à un nombre important de biens, indépendamment de leurs appartenances sectorielles, et qu'ils touchent les différents types d'agents économiques tel que les salariées et les investisseurs.

Dans une essaye d'investigation sur la relation entre hausse des prix du pétrole et inflation, qu'on la converge vers l'augmentation de l'Indice des Prix à la Consommation, nous avons constaté l'existence de deux sortes d'effets, à savoir, les effets mécaniques dites de « premier tour » et l'effet de boucle prix-salaire, dite de « second tour » tout en accordant l'importance au rôle joué par le taux du chômage dans la transmission de ces effets.

2-2-1 L'effet mécanique ou de premier tour

Les hausses des prix du pétrole sont souvent interpréter comme une menace de récession et de tensions inflationnistes dans la mesure de l'usage illimité et la présence incontournable du pétrole et de ses produits dérivés dans les cycles de production.

L'effet de premier tour d'une hausse des prix du pétrole sur l'inflation peut être divisé en deux étapes séquentielles :

- Un effet direct qui se manifeste automatiquement par l'augmentation des prix des produits énergétiques, représentant environ 85% de la masse du pétrole consommée.

Un aperçu technique sur l'intensité pétrolière dans le secteur énergétique nous montre l'importance d'un tel effet, à titre d'exemple, un baril de pétrole génère en moyenne 73,8 litres de carburant, 34,8 litres de fuel domestique, 15,2 litres de kérosène, 8,7 litres de mazout lourd, 14,4 litres de gaz et autres produits gazeux, etc.

Dans cette intention, l'augmentation des prix du pétrole se traduit forcément par l'augmentation des prix des produits énergétique. Cet effet se dégrade en fonction de la baisse de l'intensité du pétrole dans la technique de production de ces produits.

- Un effet indirect ; engendré par le renchérissement des consommations intermédiaires en énergie, dans la mesure où la hausse des prix des produits énergétique, résultant de l'effet direct, se répercute sur les coûts des productions les plus amont en énergie, y compris les coûts de transport pour distribution. Cet effet ne manque pas d'importance, si on tient compte de la diversité des produits innombrables qui ne peuvent pas se détourner de l'usage du pétrole et de ses dérivés dans leur cycle de production, tel que la quasi-totalité des plastiques, les routes, les peintures, etc.

La hausse de la facture énergétique qui en résulte, conduit à une réduction de la marge bénéficière des entreprises, qui selon leurs comportement de marge, peuvent répercuter totalement ou partiellement, selon le contexte concurrentiel et leurs pouvoirs de marché, le relèvement du coût des inputs sur leurs prix de vente. Cet effet se manifeste notamment sur les prix des produits les plus amont en énergie et sur les prix des produits alimentaires, surtout quant-ils reflètent les coûts de transformation (tel que le transport). Les hausses des prix se maitre ainsi dans un processus de hausse cumulatif en induisant une hausse généralisée des prix et donc une inflation.

Les hausses des prix de ces produits peuvent agir, aussi, sur les structures de consommation des ménages et des entreprises, ce qui présente un autre effet, non comptabiliser, sur l'Indice des Prix à la Consommation. En effet, contre ces hausses, et pour des tentatives de sauvegarde de leurs revenus, ces agents vont essayer d'opérer des substitutions entre produits chers et bon marché, à titre d'exemple, le renchérissement de l'essence peut inciter certaines ménages à moins utiliser leurs voitures et, en revanche, à acheter davantage d'autres biens. Pour les entreprises, et étant donnée un objectif de production bien déterminé, ils vont essayer de remplacer les produits pétroliers cher par des produits énergétiques moins cher. Il en résulte ainsi des changements au niveau des pondérations ce qui biaiser le calcul de l'IPC en engendrant des sur-estimations des hausses

réelles, cet effet se présente comme un inconvénient dans le calcul de l'IPC, déjà mentionné dans la première section.

En guise de conclusion, l'indice des prix à la consommation subit ainsi un choc dit « de premier tour » qui reflète l'effet mécanique de la hausse des prix du pétrole sur les prix de consommation par le biais des consommations directes ou intermédiaires en énergie. On assiste ainsi au phénomène de l'inflation par les coûts de production, en particulier des coûts des matières premières.

Ces relèvements des prix à la consommation entrainent forcément un amoindrissement du pouvoir d'achat des ménages ce qui admettre le déclenchement de l'effet de la boucle salaire-prix dite effet de « second tour ».

2-2-2 L'effet de second tour ou de boucle prix-salaire

Les hausses des prix à la consommation qui en résultent de l'effet de premier tour génèrent une perte de pouvoir d'achat des ménages. Dans l'objectif de maintenir leurs pouvoir d'achat intact, les salariés exigent des revendications de leurs salaires. Cette réaction salariale est d'autant plus réalisable que les modalités de détermination des salaires nominaux sont fondées sur la base de l'indexation des salaires sur l'Indice des Prix à la Consommation, à ce là s'ajoute le rôle crucial joué par les syndicats salariales.

En revanche, si les hausses des salaires ne sont pas envisageables, ou partielles, à court terme, la conjugaison entre l'amoindrissement du pouvoir d'achat des ménages et la hausse de l'épargne de précaution joue un rôle déterminant pour freiner la consommation, et par voie de conséquence, la stagnation de la demande globale, de l'investissement et de l'emploi. On assiste ainsi au phénomène de la stagflation ; une coïncidence entre inflation et stagnation, paru dans les années soixante-dix. Pour enrayer cette situation, il faut agir sur la consommation, ainsi, décideurs économiques et politiques optent pour l'indexation totale des salaires sur les prix. Finalement, tôt ou tard l'indexation des salaires sur les prix sera totale. En guise ; « Les salariés vont tenter de maintenir leur pouvoir d'achat grâce à une revalorisation de leur salaire. Le phénomène est traduit dans Némésis par l'indexation des salaires sur l'indice des prix à la consommation. À court, l'indexation n'est que partielle et le choc pétrolier diminue le pouvoir d'achat des ménages. À long terme, avec des délais relativement importants, l'indexation est totale. »19.

Les hausses des salaires qui en résultent sont perçues comme de nouvelles hausses des
coûts de production, dans la mesure du poids important des coûts salariaux dans le coût

19 Dorothée Brécard, Carole Chevallier, Arnaud Fougeyrollas, Pierre Le Mouël, Paul Zagamé (2006), « Evaluation pour la France des conséquences de l'augmentation du prix du pétrole ».

total de production. Dans de nouvelles tentatives de restauration de leurs marges de profit, les producteurs vont contrebalancés l'élévation de leurs coûts sur les prix de vente et l'augmentation des salaires se trouvent, à terme, dans les prix à la consommation, et ainsi de suite. Il en résulte ainsi un dynamisme dans le quel la hausse des prix devienne auto entretenue et alimentée par un cercle vicieux et défectueux, qu'on appel « boucle prixsalaire » et dans la quelle le retour en arrière est improbable.

En synthétisant ce qui précède, on peut dire que l'effet de second tour résulte essentiellement des comportements rationnels de deux types d'agents, en effet, suite à une hausse des prix du pétrole ;

- Dans des tentatives de maintient de leurs marges de profil, les producteurs répercutent, totalement ou partiellement, l'augmentation des coûts des matières premières sur leurs prix de vente, ce qui engendre une baisse du pouvoir d'achat des ménages.

- Pour compenser la perte de leurs pouvoirs d'achat, les salariés exigent des hausses indispensables des salaires et alimentent, à terme, des nouvelles hausses des coûts de production. On dit ainsi que la boucle prix-salaire se boucle et le dynamisme défectueux de hausses auto-entretenues des prix se met en place.

La spirale prix-salaire a été décrite dans les Analyses économiques de la France comme suit ; « Les effets de second tour proviennent des tentatives, par les entrepreneurs et les salariés, de compenser la perte de revenu entraînée par le choc pétrolier. Ainsi, les producteurs peuvent transmettre à leurs clients la hausse des coûts en relevant les prix de vente, ce afin de restaurer leurs marges. De leur côté, de façon à maintenir leur pouvoir d'achat, les salariés peuvent exiger une augmentation compensatoire des salaires, ellemême susceptible de nourrir une nouvelle hausse des prix. »20.

Econométriquement, le calcul de l'effet de second tour des hausses des prix du pétrole sur l'inflation se fait par le biais de l'estimation du coefficient de la variable prix du pétrole dans l'équation de l'inflation sous-jacente, déjà étudiée dans la première section. La modélisation de l'inflation sous-jacente se dérive essentiellement du modèle « Price Setting-Wage Setting » qui « suppose que l'évolution des prix dépend de la confrontation de deux types de comportements »21, à savoir, les comportements des travailleurs et des employeurs.

20 « Les effets économiques du prix du pétrole sur les pays de l'OCDE », Analyses économiques, n°54, Novembre 2004.

21 Benjamin RICHARD, William ROOS, « Prévoir l'inflation en zone euro : approche macro-sectorielle », document de travail de la DGPTE n°3, juin 2008.

Vue la gravité d'un tel dynamisme, l'analyse des facteurs qui peuvent amorcer la boucle prix-salaire semble nécessaire pour l'accomplissement de notre étude de l'effet de second tour. En remettant l'inflation par la hausse des prix du pétrole à l'approche de l'inflation par les coûts, la hausse des prix résulte ainsi d'une rémunération supérieure des facteurs de production par rapport à leurs productivités. Par voie de conséquence, le comportement paradoxal entre salariés et employeurs résulte fondamentalement du partage des gains de productivité. De ce fait, la conjugaison de la flexibilité des salaires, la réactivité de l'emploi et la hausse des gains de productivité joue un rôle déterminant pour atténuer les risques de déclenchement de la boucle prix-salaire, c'est ainsi qu'« Aux États-Unis, les forts gains de productivité enregistrés ces dernières années, associés à la flexibilité salariale et à la réactivité de l'emploi, ont atténué les risques inflationnistes ; dans la zone euro, en revanche, les faibles gains de productivité et la rigidité du marché du travail interdisent de sous-estimer le risque inflationniste, dans la mesure où des effets de second tour pourraient amorcer une spirale prix-salaires. »22.

En effet, en mettant l'accent sur le premier anneau du cercle vicieux, à savoir la hausse des salaires, on peut constater le rôle important que joue le taux de chômage, dans la mesure où plus le chômage est faible (élevé) plus la position des salariés est forte (faible) pour exiger des hausses de salaire. Le partage des gains de productivité s'effectue, ainsi, en faveur des salariés et au détriment des employeurs (vis versa).

Cette relation décroissante entre le taux de croissance des salaires nominaux (inflation salariale) et le taux de chômage remonte à l'économiste néo-zélandais A .W . Phillips qui avance en 1958 l'illustration suivante :

Courbe 1-3 : La courbe de Phillips

U*

Taux de chômage

Taux de croissance des salaires nominaux

U* désigne le taux de chômage au point de NAIRU (non accelerating wage rate of unemployment), c'est à dire le taux de chômage d'équilibre pour le quel le taux d'accroissement des salaires nominaux est nul. Selon l'interprétation keynésienne, cet

22 « Persistance de l'inflation en zone euro », BULLETIN DE LA BANQUE DE France, N° 127, JUILLET 2004.

équilibre découle, essentiellement, d'une anticipation parfaite de l'inflation de la part des salariés, qui se sauvent du phénomène de l'illusion monétaire par l'égalisation entre l'inflation effective et l'inflation anticipée. Par le biais des anticipations rationnelles, qui incorporent l'ensemble des données pertinentes et disponibles dans le passée, le présent et même concernant le future, les salariés seront capables d'adapter leur anticipation aux évolutions de l'inflation. Ils exigent ainsi, dans un contexte de parfaite flexibilité des salaires, l'égalisation entre leurs salaires nominaux et leurs taux de productivités, on dit qu'ils annulent le taux d'inflation afin de maintenir leurs salaires réels intacts. De ce fait on tire l'équation suivante :

Taux d'inflation = Taux de croissance des salaires nominaux -- Taux de
croissance de la productivite

De ce fait, la stabilité des prix est obtenue dés que les salaires nominaux et la productivité du travail s'évolue au même rythme, ce qui annule l'écart entre le pouvoir d'achat et le niveau de production et bloque, par conséquence, le dynamisme systémique de la boucle prix-salaire.

Finalement, on note que la réinterprétation de la courbe de Phillips, par P. Samuelson et R. Solow, a aboutie à la naissance d'une relation conflictuelle entre le taux de chômage et celui de la variation du niveau générale des prix. Une relation qui met les pouvoirs publics dans une situation d'arbitrage entre maitrise des prix et chômage.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo