Introduction
L'inflation est un phénomène superlativement
notable qui ébranle les plans économique, social et politique et
auquel économistes, ménages et décideurs politiques
accordent une grande importance, vu qu'il tient le devant de
la scène parmi les critères qui jugent le maintient du pouvoir
d'achat des consommateurs et la santé et la compétitivité
de toute économie. C'est ainsi que la présentation de ce
phénomène s'inflige au préalable. Cependant la
définition de l'inflation reste camouflée par trop d'incertitudes
et d'ambiguïtés causer par des confusions adjacentes, surtout de
point de vue populaire. En conséquence, et pour ne pas prendre des
chemins détournés, nous nous somme inspirer de la
définition la plus admise par les économistes tout en
développant ses notions clés, afin d'éclaircir et de
prémunir la définition de l'inflation, ainsi que ses
différentes mutations et formes.
En second lieu nous explorant la question de mesure de
l'inflation, en mettant l'accent sur les difficultés et les
inconvénients de sa mesure par le biais de l'Indice des prix à la
Consommation et sur les avantages qu'avance la prise en compte de l'indice de
l'inflation sous-jacente ainsi que les éventualités de sa mesure
pour le cas de Tunisie.
Finalement, nous enrichissant la présentation de ce
phénomène par une esquisse historique de l'inflation, qui
s'étale de l'antiquité à la situation actuelle, et dont-on
relève la vulnérabilité de ce phénomène aux
plusieurs et divers déterminants qu'on les assemble, dans la seconde
section, en trois approches fondamentales lorsqu'il s'agit de se penché
sur la question des sources de l'inflation.
A ce niveau, nous présenterons les hausses des prix du
pétrole comme un déterminant contemporain, pénible et
tenant de l'inflation, tout en spécifiant les principaux canaux de
transmission via les effets de premier tour et de second tour, ainsi que les
variables susceptibles d'amorcer de tels effets.
Section 1 : Présentation du
phénomène « Inflation »
L'inflation est un phénomène difficile à
appréhender, vu qu'il se trouve à l'intersection de grands
débats économiques tel que la neutralité de la monnaie,
l'offre et la demande, les anticipations des agents économiques, etc. Et
qu'il est extrêmement lié à d'autres variables relativement
non futiles tels que la monnaie, le chômage et le taux de change. A cet
effet, l'inflation reste un phénomène ambigu et mal
définie du point de vue populaire et souvent confondue à d'autres
termes tels que le pouvoir d'achat ou le coût de la vie.
C'est ainsi que nous entamons cette section introductive par la
définition de l'inflation, ainsi que ses mutations et ses
différentes formes.
En plus, nous explorant la question de mesure du taux
d'inflation en présentant les inconvénients de l'indice des prix
à la consommation, dans le volet d'admettre la nouvelle notion de
l'inflation sous-jacente, tout en accordant l'importance à la
perspective de sa mesure pour le cas de la Tunisie, et ce en s'inspirant du
rapport du Fond Monétaire
International sur l'économie tunisienne
élaboré en octobre 2007. Finalement, et afin d'accomplir cette
présentation, le croquis historique de ce phénomène semble
fructueux, surtout, lorsqu'il s'agit d'apprécier et de consolider la
vulnérabilité de l'inflation aux évolutions des prix du
pétrole.
1-1- Définition et formes de
l'inflation
L'inflation est un indicateur considérable, surtout
lorsqu'il s'agit d'apprécier l'état d'une économie.
Néanmoins, il y a trop d'incertitude sur sa définition, de ce
fait il est nécessaire de bien comprendre, dans un premier temps, en
quoi consiste l'inflation ainsi que ses analogues dans le but de la maitre
à l'abri de toute confusion. En second lieu, il convient de clarifier
ses différentes formes qu'on discerne via les degrés
d'évolution du taux d'inflation, ainsi que les deux autres phases du
cycle de l'évolution des prix.
1-1-1- Définition de l'inflation
Selon la conception initiale et conformément à
l'étymologie, le terme inflation est advenu du latin `'inflatio»
c'est à dire enflure. Originellement, l'inflation a été
considérée comme le gonflement de la masse monétaire en
circulation via une émission excessive de billets de la part des banques
centrales, s'il n'y avait pas de construction de richesse, les prix augmentent
comme conséquence directe. Aujourd'hui, on associe cette
conséquence à la définition de l'inflation.
Pour ne pas prendre des chemins détournés et
afin de la cerner, nous tenant la définition la plus admise par les
économistes « L'inflation est la hausse durable et auto-entretenue
du niveau général des prix »1.
La paraphrase de cette citation se base sur l'assemblage des
trois concepts dans la logique suivante :
· Définie comme la hausse du niveau
général des prix, l'inflation ne consiste pas simplement
en l'augmentation d'un seul prix ou d'une seule catégorie de prix, comme
la hausse du prix du pétrole ou du prix de l'énergie par exemple.
C'est l'augmentation de la moyenne de l'ensemble des prix. De ce fait, si les
prix du pétrole subissent un choc à la hausse, il n'y a pas
d'inflation tant que cette hausse ne touche que le pétrole et ses
dérivés vu qu'on se trouve au niveau d'un seul secteur, celui de
l'énergie. Par conséquence, il ne suffit pas de constater la
hausse du prix d'un bien pour qu'on puisse parler d'inflation, encore, faut-il
qu'un mouvement d'ensemble se déclenche, affectant ainsi la
totalité des prix. On parle ainsi du second attribut de l'inflation.
1 Définition de l'inflation sur le site de
l'INSEE.
· L'inflation est une hausse
auto-entretenue du niveau général des prix vue
quelle se nourrit d'elle-même conformément à la
règle suivante `'la hausse appelle la hausse». En effet,
l'augmentation de certains prix de matières premières et de
produits semi finis engendre l'augmentation d'autres produits finis, tous ce
passe dans un processus cumulatif et auto-entretenu. En revanche, si la hausse
des prix du pétrole se répercute sur l'ensemble des produits dont
la production demande les produits pétroliers entant qu'inputs,
l'inflation devienne ostensible, vue que cette hausse affecte un grand nombre
de produits, ce qui engendre l'augmentation du niveau général des
prix.
· L'inflation est la hausse durable
et auto-entretenue du niveau général des prix, vu que toutes les
hausses occasionnelles ou saisonnières, tel que les fruits en hiver ou
les locations en été, sont discernées des
phénomènes inflationnistes du fait de leurs caractères
conjoncturels. Contrairement, tous les relèvements des prix qui
résultent d'un déséquilibre durable entre offre et
demande, et qui contribues à la hausse du niveau général
des prix, sont associés aux phénomènes inflationnistes du
fait de leurs caractères persistant. A propos de cette
spécificité de l'inflation, l'économiste français
Gilles Jacoud présente l'explication suivante : « Dans une
économie où fonctionne la concurrence, le prix d'un bien est
déterminé par la confrontation entre une offre et une demande sur
le marché. Une variation de prix signifie que l'offre et/ou la demande
est modifiée. Cette variation de prix permet de rétablir
l'équilibre entre offre et demande. Une situation dans la quelle le prix
s'élève peut correspondre à une phase d'inflation
»2.
En guise de conclusion, l'inflation représente le
phénomène d'une hausse cumulative et auto-entretenue du niveau
générale des prix, résultant d'un changement durable de
l'équilibre entre offre et demande de certain(s) bien(s) et
service(s).
En revanche, lorsqu'on parle de l'augmentation des prix des
actifs (financier, immobilier...), on doit préciser que l'inflation se
rapporte au niveau de ces actifs, vu que ce terme est assigné à
la seule hausse des prix des biens de consommation.
D'autres méprises et confusions sont souvent
présentent lorsqu'il s'agit de définir l'inflation. En effet,
l'inflation n'est pas forcément synonyme de baisse du pouvoir d'achat
des agents économiques, surtout dans le cas où les revenus
augmentent dans une proportion supérieure ou égale à
celles des prix (cas où les salaires sont indexés sur les prix).
Cependant, elle indique toujours la baisse de la valeur de la monnaie dans le
sens qu'une
2 Gilles Jacoud (1997), « Inflation et
désinflation. Fait, théorie, politiques ».
quantité supérieure de monnaie doit être
affectée pour acquérir la même quantité de biens, ce
qui fait la différence entre la valeur nominale et la valeur
réelle d'une unité de monnaie.
Finalement, l'augmentation du coût de la vie ne signifie
pas l'inflation, étant donné que le coût de la vie est
l'évaluation du coût moyen des dépenses de consommation des
ménages, dans la mesure où elle inclue les variations des
quantités consommées. Une variation de cet indice induit une
évolution au niveau de l'affectation des revenues, ce qui diffère
de la définition du pouvoir d'achat de la monnaie, donc de l'inflation.
Cette distinction a été illustrée sur le site de l'INSEE
comme suit : «L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie
qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix.
Elle doit être distinguée de l'augmentation du coût de la
vie. La perte de valeur des unités de monnaie est un
phénomène qui frappe l'économie nationale dans son
ensemble, sans discrimination entre les catégories d'agents. En
revanche, l'augmentation du coût de la vie affecte la répartition
fonctionnelle et personnelle des revenus, sans toucher à la relation
entre la masse monétaire et le produit national définissant le
pouvoir d'achat de la monnaie.»3.
1-1-2- Les formes de l'inflation
Après avoir maitre l'inflation à l'abri de toute
confusion, il convient de souligner son caractère polymorphe, vu qu'elle
se camoufle sous plusieurs formes, et dont l'identification se base sur
l'importance du taux de croissance annuel du niveau général des
prix. L'unanimité des économistes table sur quatre types
d'inflation, qu'on les présente dans un rythme croissant du taux
d'inflation :
> L'inflation est rampante lorsque le taux
de croissance annuel du niveau général des prix est positif mais
réduit dans un intervalle de 3 à 4%, actuellement, ce taux
d'inflation est commun à tous les pays développés.
> L'inflation est déclarée, ou
ouverte, quand elle se traduit par une hausse
générale, rapide et cumulative des prix dans une
fourchette de 5 à 10%.
> Si celle-ci se transforme en une hausse de deux chiffres,
c'est-à-dire a partir de
10%, l'inflation sera qualifiée de
galopante. C'est le cas de l'inflation qui a
frappée les pays développés dans les
années 1970.
> Lorsque la hausse des prix devient spectaculaire et
s'échappe à tout contrôle, l'inflation tienne sa forme
extrême, celle de l'hyperinflation. Phillip Gagan la
définit en 1956, sous la direction de Milton Friedman, comme suit «
commençant dans le mois où la hausse des prix dépasse 50%
»4. Ainsi, c'est la
3 Définition de l'inflation sur le site de
l'INSEE.
4 Phillip Gagan, (1965), « Studies in the
Quantity Theory of Money ».
période durant laquelle le niveau d'inflation se
maintient au-dessus des 50% par mois. Historiquement, ce
phénomène a été marqué en Allemagne
après la première guerre mondiale lorsque le volume de la monnaie
en circulation a été multiplié par 7 millions et les prix
par 10 millions sur les seize mois qui précédèrent
novembre 1923. D'autres exemples d'hyperinflation se produisirent aux
États-Unis et en France à la fin du XVIIIe siècle.
A ce niveau, il faut noter que la désinflation et la
déflation ne constituent pas des formes d'inflation, ils sont les deux
autres phases du cycle de l'évolution du niveau général
des prix qui peut être schématisé comme suit :
Courbe 1-1 : Cycle d'évolution du niveau
général des prix
Niveau général des prix
Temps
Inflation désinflation déflation
Si on observe l'évolution du niveau
général des prix, on peut définir la
désinflation comme la diminution du taux de croissance
des prix, c'est-à-dire qu'on assiste à une
décélération de inflation qui continue à
augmentée, mais en ralentissent d'une année à l'autre. Si
ce processus de désinflation continu a progressé, on assiste
inévitablement à la phase la plus perverse du cycle, celle de la
déflation.
Inversement à l'inflation, la
déflation, ou l'inflation négative, se
définie comme la baisse soutenue du niveau général des
prix. Généralement, elle est associée à des
périodes de contraction économique, tel que la baisse de la
production et la hausse du chômage. Historiquement, ce
phénomène a été survenu au cours de la crise
économique de 1929, néanmoins, ces baisses
généralisées de prix sont très rares aujourd'hui,
et l'inflation est devenue la variable macroéconomique la plus
considérable.
Finalement, il ne faut pas passer sans mettre l'accent sur la
stabilité des prix, la période qui s'épare la
désinflation de la déflation, et qui peut être
définie comme une situation au cours de la quelle la hausse des prix est
négligeable ou nulle.
Si cette situation est reconnue, par unanimité des
économistes, comme la plus favorable au développement
économique, c'est que par analogie, un taux d'inflation apprivoiser
semble utile pour chaque économie. De ce fait, la mesure des taux de
l'inflation se classe parmi les questions primordiales dans ce sujet. Cette
question fait donc l'objet de la sous-section suivante.
1-2- Mesure de l'inflation
La mesure de l'inflation compte parmi les questions
fondamentales de toute économie. Relevant des mécontentements de
la part des ménages et des décideurs politiques engendrés
par l'existence de biais d'estimation, la mesure de l'inflation par l'Indice
des Prix à la Consommation est surjetée à divers
critiques. Nous exploiterons dans cette sous-section la méthodologie de
mesure de cet indice dont-on séduit ses inconvénients
systématiques, dans le volet d'introduire la nouvelle notion de
l'inflation sous-jacente, toute en accordant l'importance aux perspectives de
sa mesure pour le cas de la Tunisie.
1-2-1 Indice des Prix à la Consommation et ses
inconvénients
L'inflation est officiellement mesurée par les
instituts nationaux de statistiques via l'Indice des Prix à la
Consommation (IPC). La méthodologie de mesure de cet indice fait l'objet
de plusieurs critiques, surtout au niveau des changements des qualités
des produits sélectionnés et des structures de consommation des
ménages, ainsi qu'au niveau de son rôle primordiale en tant que
ligne directrice de la politique monétaire.
a- Définition et méthodologie de
l'IPC
Définie comme la hausse du niveau général
des prix, l'inflation ne consiste pas simplement en l'augmentation d'un seul
prix ou d'une seule catégorie des prix, c'est l'augmentation de la
moyenne de l'ensemble des prix. Cette définition retrace la
méthodologie de la mesure de l'inflation. Définie comme
l'instrument de mesure de l'inflation, l'indice des prix à la
consommation permet d'estimer, entre deux périodes données, la
variation du niveau général des prix des biens et services
marchandes consommés dans un pays, par les ménages
résidents et non résidents.
Puisqu'il n'est pas possible, du point de vue technique, de
prendre en considération l'ensemble des prix des biens et services
achetés par les consommateurs, l'indice des prix à la
consommation résulte de l'observation des variations des prix dans un
échantillon qui englobe les dépenses courantes, fréquentes
et durables, d'un ménage moyen, en biens et services. Ces achats sont
regroupés par postes de consommation qui seront rassemblé,
à leurs tours, et pondéré en fonction de leurs poids dans
les budgets des consommateurs.
Ces pondérations sont obtenues à partir des
enquêtes nationales sur les structures de consommation des
ménages, et donne lieu à l'établissement d'un panier
représentatif qui estime l'indice de l'ensemble des prix, pour une
période précise. Le taux annuel de l'inflation est donc le
rapport entre les coûts de deux paniers représentatifs des deux
années consécutives. Cette méthodologie de mesure de
l'inflation est adoptée par la plupart des pays du monde, comme elle est
appuyée par la Banque centrale européenne, dans un manuel
concernant la stabilité des prix élaborer par Dieter Gerdesmeier
« Il est alors possible de calculer le taux annuel d'inflation en
exprimant les variations du coût du panier représentatif
d'aujourd'hui en un pourcentage du coût d'un panier identique
l'année précédente.»5.
En Tunisie, le premier indice des prix à la
consommation date de 1962. Dans l'objectif d'actualiser le système de
pondération et l'échantillon des produits de consommation,
l'indice des prix à la consommation a été
révisé à six reprises dont la dernière date en
2000. Depuis cette révision, l'échantillon des dépenses
qui représentent la consommation des ménages englobe prés
de 1000 biens et services, dont les prix sont suivis auprès d'environ
3000 points de vente répartis sur l'ensemble des gouvernorats du pays.
Au total, environ 100 000 prix collectés chaque mois sont
pondérés et synthétisés selon la méthode de
Laspeyres.
Si la complexité de la tache de mesure du taux de
l'inflation est jugée par l'existence des millions de prix
spécifiques, la délicatesse et la sagesse de cette mesure sont
indispensables compte tenu du rôle joué par cet indice.
b- Rôle et inconvénients de
l'IPC
Tenant le devant de la scène parmi les critères
de décision économique et politique, l'indice des prix à
la consommation compte parmi les indicateurs macro-économiques les plus
importantes vu qu'il joue un triple rôle :
> Le rôle économique : outre la mesure de
l'inflation, l'indice des prix à la consommation est utilisé dans
le calcul des évolutions en volume et en terme réel des variables
économiques tel que le revenu, la consommation, le taux
d'intérêt....
> Le rôle socio-économique : lorsque les
revenus sont indexés sur les prix, l'indice des prix à la
consommation dispose des implications sociales. Il sert ainsi à
indexé le SMIC, les contrats privés, les pensions alimentaire,
etc. Ces revenus varient ainsi
5 Dieter Gerdesmeier (2007), « Pourquoi la stabilité
des prix est-elle importante pour vous ? », manuel de la Banque Centrale
Européenne.
en fonction des variations de l'indice des prix afin de
réserver un pouvoir d'achat intact.
> Le rôle monétaire et financier : la mise en
place des unions monétaires nécessite l'élaboration d'un
indice des prix à la consommation harmonisé, destiné aux
comparaisons internationales et au calcul d'un indice de prix pour l'ensemble
de l'union. Cet indice s'érige comme le principal instrument de la
politique monétaire de l'Union Européenne.
En revanche, vu son importance, l'indice des prix à la
consommation fait l'objet de plusieurs débats qui portent sur la
qualité de mesure. Plusieurs pays soufrent de l'existence de biais de
mesure qui engendre une surestimation de l'inflation. Les évaluations de
Gordon conduisent en 2006 à un biais de 0,8% pour les Etats-Unis, en
France ce biais table, selon Lequiller, sur 0,1 point d'inflation en 1997 et en
Allemagne, l'ampleur de ce biais se situe à 0,5 point d'inflation en
2002 selon la Deutsche Bundesbank.
Dés lors, l'indice des prix à la consommation
peut être critiqué sur les trois points suivants :
> L'évolution de la qualité des biens : dans
la mesure où l'évolution des prix des produits est, en partie,
reliée à la qualité. Les hausses des prix résultant
de ce changement peuvent engendrer de l'inflation, alors que la
méthodologie de mesure de l'IPC n'intègre pas ces changements
qualitatifs, ce qui peut engendrer des bais de mesure.
> Le changement de la structure de consommation : compte
tenu de la rationalité des consommateurs qui ont tendance à
remplacer les produits chers par les produits bon marché, la
représentativité des paniers se dégrade par les
changements de l'affectation des revenues. Sans ajustement des
pondérations, l'IPC peut être biaisé et
décalé de la réalité.
> L'innovation : l'appariation de nouveaux biens et
services sur les marchés constitue un problème important, compte
tenu de la lenteur de l'intégration de ces produits, ce qui
empêche l'IPC à refléter les réelles variations des
prix et constitue, par conséquence, un autre biais de mesure de
l'inflation.
Outre ces incommodités pratiques, l'indice des prix
à la consommation présente l'inconvénient majeur du fait
qu'il ne rempli pas son rôle comme ligne directrice de la politique
monétaire. En effet, baser des décisions fondamentales, du point
de vue économique et social, sur un indice vulnérable aux chocs
transitoires et erratiques, peut engendrer des décalages politiques
fatals vis-à-vis du réel. A cet effet, Les banques centrales
doivent disposer un bon indicateur de l'évolution de l'inflation de long
terme, d'où vient l'indice de l'inflation sous-jacente.
1-2-2 La notion de l'inflation sous-jacente
Réaction aux mécontentements sur la
méthodologie et la significativité de l'indice des prix à
la consommation, plusieurs investigations ont vue le jour, dans les
années récentes, pour admettre la nouvelle notion de l'inflation
sous-jacente. Actuellement, de nombreuses banques centrales et instituts de
conjonctures utilisent cet indice pour mieux appréhender la dynamique de
l'évolution des prix. On explore ainsi dans cette sous section la
définition de l'inflation sous-jacente, toute en accordant l'importance
sur la question de mesure de cet indice pour le cas de la Tunisie en
s'inspirant du rapport du Fond Monétaire International sur
l'économie tunisienne (Octobre 2007).
a- Définition de l'inflation
sous-jacente
Le concept d'inflation sous-jacente est devenu avec les
années des plus importants pour les banques centrales de
différents pays. L'objectif de tenir compte de ce concept est de ne pas
baser les décisions sur des phénomènes temporaires ou
transitoires. L'importance de ce concept à été
illustrée par Roger Scott en 1995 comme suit « Une mesure de
l'inflation sous-jacente joue un rôle important en servant de ligne
directrice à la politique monétaire et de point de repère
pour évaluer le rendement de la Banque en ce qui concerne le maintien de
la stabilité des prix... »6.
Bien que l'emploi de l'inflation sous-jacente soit
généralisé, les différents chercheurs qui se sont
penchés sur cette question, donnent des définitions plus ou moins
semblables. La revue de la littérature montre que cette dernière
a été souvent perçue comme étant la tendance dans
les mouvements de prix à la consommation. Selon Otto Eckstein,
considéré comme étant le père du terme de
l'inflation sous-jacente : « On peut définir le taux d'inflation
sous-jacente comme étant le taux que l'on observerait dans la
trajectoire de croissance à long terme de l'économie si celle-ci
était exempte de chocs et que l'état de la demande demeurait
stable, autrement dit que les marchés demeuraient en équilibre
à long terme...Pour qu'elle soit significative, l'inflation sous-jacente
doit être persistante »7.
Une explication qui appuie celle de Sargent Thomas « il y
a un certain dynamisme dans le processus inflationniste lui-même, et que
ce dynamisme ou cette persistance n'est ni superficiel ni simplement le reflet
des forces profondes qui se déplacent lentement et qui sont à
l'origine du comportement de l'inflation »8.
6 Roger Scott (1995),» Measures of Underlying Inflation in
New Zealand» Reserve Bank of New Zealand, Discussion Paper Series,
septembre, p 2.
7 Eckstein Otto (1981), «Core Inflation,
Prentice-Hall Inc», New Jersey, p 7.
8 Sargent Thomas (1993), «Stopping Moderate Inflations: the
Methods of Poincaré and Thatcher» Dornbusch Rudiger (ed.) in
Inflation, Debt, and Indexation, Simonsen Mario Henrique, MIT Press, Cambridge,
Massachusetts, p. 53.
De ces citations, on peut définir l'inflation
sous-jacente comme étant l'essence de l'inflation, c'est la composante
durable et structurelle de l'inflation corrigée des influences
tendancielles et permanentes sur le cycle économique,
c'est-à-dire séparée des causes externes de l'augmentation
des prix, tel que la synchronisation des mouvements cycliques, les crises du
système monétaire international, les variations des prix des
matières premières....
Le taux d'inflation sous-jacente correspond ainsi au taux
d'inflation qui prévaudrait sur la trajectoire de croissance de long
terme, c'est-à-dire d'équilibre. Ainsi seuls les écarts
significatifs et persistants sont incorporés.
En ce qui concerne les sources de ce dynamisme (ou de
l'inflation sous-jacente), Sargent Thomas ajoute dans la même source que
« Deux sources possibles distinctes du comportement de l'inflation ont
été proposées. La première recouvre la notion
d'anticipations adaptées ou autorégressives. Selon cette
doctrine, les travailleurs et les entreprises créent des attentes au
sujet des taux d'inflation futurs en calculant une moyenne mobile des taux
d'inflation courants et décalés... L'autre principal
élément déterminant de l'inflation est le taux de
chômage selon lequel, en fonction du mécanisme de la courbe de
Phillips, l'inflation varie inversement. ».
Il en résulte ainsi que cette composante de l'inflation
est alimentée par les anticipations de l'inflation à long terme
des ménages et des entreprises et de la dynamique `prix-salaire' qui
soutienne la tendance des couts des facteurs de production (la
différence entre la tendance des salaires et la tendance de la
productivité).
b- Mesure de l'inflation sous-jacente pour le cas de la
Tunisie
Pour la mesure de l'inflation sous-jacente, différentes
techniques ont été proposées, certaines se reposent sur
des hypothèses d'ordre économique, d'autres sur des
hypothèses plus statistiques ou mathématiques, trois
méthodes on été proposées :
· La méthode dynamique uni variée ou par
lissage.
· La méthode statique ou par exclusion de certaines
composantes de l'indice des prix à la consommation.
· La méthode dynamique multi variée ou par
estimation d'un VAR structurel.
En ce qui concerne la mesure de l'inflation sous-jacente pour
le cas de la Tunisie, nous nous somme baser sur le rapport du Fond
Monétaire International sur l'économie tunisienne (Octobre 2007).
La méthode la plus fiable est la deuxième, celle qui fait
l'exclusion de certaines composantes de l'indice des prix
à la consommation. Cependant, le
problème persiste encore : Quelles sont les composantes
à éliminer ? Et pourquoi ?
La réponse se trouve dans le rapport « Globalement,
la meilleure mesure est celle qui
s'appuie sur l'exclusion des cinq composantes les plus volatiles
de l'IPC. »9.
Le graphique suivant nous montre que cette méthode est
préférée à celle qui exclue les produits
administrés et celle qui fait l'exclusion des dix composantes les plus
volatiles parce que la courbe de l'inflation éliminée des cinq
composantes les plus volatiles (la courbe en rouge) est la plus stable et la
plus proche de la courbe de l'inflation totale (inflation IPC).
Courbe 1-2 : Inflation sous-jacente, exclusion des prix
administrés, des cinq et des dix composantes les plus volatiles de
l'IPC
10 Inflation IPC Inflation IPC hors prix
administrés
Inflation IPC sans les 5 composantes les plus
volatiles
Inflation IPC sans les 10 composantes les plus volatiles
Année
0
Source : autorités tunisiennes et calcul des services du
FMI
L'élimination de la méthode qui fait l'exclusion
des prix administrés revient, en plus de son instabilité,
à l'inconvénient majeur de l'impossibilité de
séparer la partie administrée de chaque composante étant
donné un niveau d'agrégation élevé.
De même, la méthode qui exclut les cinq
composantes les plus volatiles est préférable à celle qui
exclut les dix plus volatiles, vue qu'elle ne retire que 20% du panier de l'IPC
tout en réduisant la volatilité de 42% (au lieu de 37 % et 53%,
respectivement, lorsque les dix sont exclues). De plus, les cinq composantes
les plus volatiles sont restées les mêmes dans le temps, tandis
que certaines des dix ont changées.
9 Rapport du FMI No. 07/319, octobre 2007.
Finalement, on note que les produits alimentaires et
énergétiques sont perçus comme extrêmement volatils.
L'inflation sous-jacente sera alors définie comme étant l'indice
des prix à la consommation hors énergie et alimentation.
Après la définition du phénomène
inflation et la spécification des solutions, invoquées par les
inconvénients de sa mesure, en termes d'inflation sous-jacente, le
croquis historique de l'inflation semble utile pour l'accomplissement du
prologue de ce phénomène.
1-3- Un bref historique sur l'inflation
Datant de l'antiquité, l'histoire nous enseigne que
l'inflation est un phénomène péjorativement ancien.
L'esquisse descriptive de l'histoire de l'inflation nous expose sa
sensibilité à plusieurs phénomènes et même
exogènes de la sphère économique.
L'inflation du troisième et du dix-sixième
siècle nous montre la forte corrélation entre les variations des
prix et la quantité des métaux précieux, les
expériences inflationnistes qui marquent le dix-septième et le
dix-huitième siècle peuvent être résumées
dans les hausses spectaculaires et incontournables des prix, qui ont
accompagnées la guerre de l'indépendance de l'Amérique en
1775, et la révolution française.
Sur les derniers siècles, des périodes de
baisses des prix ont succédées à des périodes de
hausse, si les variations des prix durant le dix-neuvième siècle
s'inscrivent dans un environnement favorable à la baisse, l'inflation
pendant le vingtième siècle été camouflée
dans un contexte de guerres, de crises et de chocs pétroliers, qu'on
accorde une importance primordiale vue quels constituent la principale cause de
l'inflation actuelle.
1-3-1 L'inflation : de l'antiquité au
dix-neuvième siècle
L'aperçu de l'histoire de l'inflation nous
décrire l'antiquité du phénomène en question. Au
troisième siècle, l'Empire romain a été
frappé par une importante hausse des prix, engendrée
essentiellement par la raréfaction des métaux précieux. En
effet, le déclin de la production minière et la hausse des
dépenses publiques, surtout les dépenses militaires, ont
obligé l'empereur romain a frappé le denier, définie comme
une monnaie d'argent user pour le commerce et pour les circuits
monétaires publiques. Les manipulations ont été faites par
l'alliage entre argent et cuivre mêlé d'étain, dans le but
de diminuer le contenu argenté des pièces à 75%.
L'émission d'une nouvelle monnaie contenant moins d'argent et qui
conserve la même valeur a entrainé l'augmentation des prix, en
réponse, l'Etat se trouve obligée à augmenter de nouveau
l'alliage et créant ainsi un cercle vicieux de manipulations
inflationnistes ; dans la deuxième décennie du troisième
siècle la teneure argentée a tombée à 50% et dans
la septième décennie elle a chutée à 4%,
annonçant une grave crise de confiance et amenant à
la chute des piliers de l'économie romaine.
En 301, et par conscience en la gravité de ce
phénomène, « l'empereur Dioclétien à ordonner,
par l'édit du maximum, que ceux qui augmenteraient trop fortement les
prix seraient punis de mort. »10. La résolution radicale
de cette crise a été réalisée par la politique
monétaire et fiscale de l'empereur Constantin (324-337) en créant
de nouvelles espèces d'or et d'argent, établira ainsi la
confiance dans la monnaie impériale.
Après des siècles relativement marqués
par des stabilités des prix. L'inflation marque son retour dans le
dix-sixième siècle. Après la découverte du nouveau
monde par Christoph Colomb, la puissante Espagne a profitait des richesses en
métaux précieux affluaient des colonies sud-américaines.
Un afflux qui a été synchronisé par des augmentations
massives des prix, généralisées par conséquence,
sur l'ensemble de l'Europe. Cette grave inflation a attirée l'attention
des philosophes de cette époque. Un débat mémorable
portant sur les causes de cette intense hausse des prix a été
déroulé entre M. Malestroit, qui a postulé la
démonstration de la dépréciation de la monnaie via sa
manipulation par alliage, et Jean Bodin qui « publie, en 1568, une «
Réponse aux paradoxes de M. Malestroit touchant l'enchérissement
de toutes choses » dans laquelle il rejette les affirmations de Malestroit
et attribue la hausse des prix à l'accroissement de la quantité
des métaux précieux. « La principale et presque la seule
(cause) est l'abondance d'or et d'argent » écrit-il
»11.
Cependant, l'appréciation des ces évolutions des
prix été difficile dans une époque où il n'existe
pas d'indices sophistiqués de mesure d'inflation. Les investigations de
Jean Fourastié avance l'idée que pour une économie
caractérisée essentiellement par des consommations alimentaires,
il est possible d'apprécier l'inflation par l'évolution des prix
des céréales qui sont passé à Strasbourg de 39 en
1511 à 141,5 en 1600, et de 76 à 174 en Valence durant la
même période.
Les expériences inflationnistes qui marquent les
siècles suivants peuvent être résumées dans les
hausses spectaculaires des prix, nommées hyperinflation, qui ont
accompagnées la guerre d'indépendance de l'Amérique en
1775, et la révolution française du dix-huitième
siècle. Ces deux phénomènes résultent des
mêmes causes : L'émission abusive des continentaux en
Amérique et des assignats en France a butée sur l'effondrement
des cours des papiers-monnaies suite à leurs abondance, ce qui a
entraîné, par conséquence, les hausses persistante des
prix.
Si le dix-huitième siècle s'achève par
ces hausses spectaculaires, le dix-neuvième siècle s'inscrit dans
une tendance générale à la baisse des prix, estimé
à l'ordre de 30% des prix
10 Gilles Jacoud, (1997), « Inflation et
désinflation. Fait, théorie, politiques ».
11 Mongi Mokadem, (2002), « Histoire de la
pensée économique ».
du gros. Cette baisse a été remise,
essentiellement, à l'amélioration de la productivité qui a
consentie la réduction des coûts de production. Dans un contexte
de forte concurrence, et dans le but de réserver leurs parts de
marché, les producteurs sont souvent obligés à
répercuter ces baisses sur leurs prix de vente, ce qui amène
inévitablement à la baisse de l'inflation.
En dépit de cet environnement favorable à la
baisse des prix, le vingtième siècle révèle des
tensions fortement inflationnistes, qui constituent l'objet de notre suivante
sous-section.
1-3-2 Les tensions inflationnistes du vingtième
siècle
Caractériser par des conflits politiques et
instabilités économiques, le vingtième siècle
révèle des fortes tensions inflationnistes. Les mouvements des
prix sur ce siècle peuvent être partagés en deux parties,
la première s'étale de 1914, date du commencement de la
première guerre mondiale à la fin de la seconde guerre mondiale
en septembre 1945, tout en passant par la crise de l'entre deux-guerres dans
années trente qui a des effets flagrants sur le niveau
général des prix. Après une période de
stabilité des prix, l'inflation marque sont retour dans un nouvel
contexte, celui des chocs pétroliers qu'on les associe dans une
deuxième partie qui révèle une forte corrélation
entre le prix du pétrole et l'inflation.
a- Evolutions des prix durant les deux guerres
mondiales
Sur le plan économique, ce siècle se date
dés 1914, avec le commencement de la première guerre mondiale.
Concernant l'inflation, les deux guerres mondiales et la crise des
années trente, qui les disjoindre, ont des répercussions
considérables, et dans l'immédiat, sur le niveau des prix.
Commençant par la première guerre mondiale, des
mouvements inflationnistes ont été propres à tous les
pays, sur la période de 1914 à 1918 les prix ont doublé de
deux à trois fois selon les pays. L'explication la plus admise est la
suivante : dans le but de financer les dépenses de guerre, l'Etat
pratique l'inflation par l'émission abusive de «monnaie de
nécessité » sans contre partie en or. L'abolissement du
régime de l'étalon-or et l'établissement du cours
forcé de la monnaie entraine sa dépréciation, et par
conséquence l'inflation.
A la sortie de cette guerre, le début de la
deuxième décennie été catastrophique pour certains
pays qui ont été frappés par le phénomène de
l'hyperinflation « D'octobre 1921 à aout 1922, les prix sont
multipliés par 70 en Autriche..... .Ils sont multipliés par 44 en
Hongrie de mars 1923 à février 1924 et presque par 700 en Pologne
de janvier 1923 à
janvier 1924. Ils sont même multipliés par 124
000 en Russie de décembre 1921 à janvier 1924
»12. Cependant, l'exemple le plus fatal reste celui de
l'hyperinflation allemande, qui compte parmi les crises les plus
intensément étudiées vue que les hausses des prix sont
imaginaires, ils sont multipliés par 1000 milliards entre 1914 et 1923
et amenant a un effondrement total de la valeur du mark.
La fin de ces hausses spectaculaires des prix a
été marquée par la crise des années trente, ou la
crise de l'entre deux-guerres. A comme foyer les Etats-Unis, cette crise a
été diffusée partout dans le monde engendrant des chutes
critiques des prix. L'explication la plus admise est que cette crise a
été devancée par une période de
prospérité sans précédent dans les vingtaines,
grâce à de nouvelles méthodes de production et de
financement tel que le capitalisme boursier, le recours au crédit et la
publicité, entrainant ainsi l'augmentation de la productivité et
de la production, et par conséquence la baisse des prix. La
finalité de cette période d'expansion se date au jeudi noir, le
24 octobre 1929, date à la quelle se produisit le krach boursier comme
conséquence de la saturation des marchés, des crédits et
de la crise de confiance qui s'est installée, cette explication a
été appuyée par Jean François Goux comme suit
« La chute des prix est une conséquence de la contraction de
l'activité économique, suite à celle du crédit, et
non le résultat mécanique de la décroissance de la masse
monétaire »13. A coté de la faillite des banques,
des entreprises et l'augmentation du chômage qui en résultent, la
chute des prix été grave et générale, à
l'image de l'Italie, des Etat Unis et de Allemagne où les prix ont
enregistrés, respectivement, des baisse de 28%, 25% et 23%. La reprise
des prix a été assurée par développement de
l'investissement publique dans la seconde moitié des années
trente.
Ces régulations sont rapidement bouleversées par
la seconde guerre mondiale (septembre 1939-septembre 1945) qui a marquée
un revers important dans l'histoire. Les conséquences sont perverses sur
le plan humain, politique, scientifique et économique. Concernant les
variations des prix, plusieurs pays ont été victimes de nouveaux
mouvements inflationnistes, voire des hausses spectaculaires et incontournables
pour certaines à l'image de la Grèce, la Hongrie et la Chine
où les hausses sont difficilement chiffrables.
b- Evolutions des prix pendant les deux chocs
pétroliers
Si le spectre de l'inflation et de la dévaluation
monétaire, qui rappelle les crises économiques et les krachs
boursiers de l'entre deux-guerres, s'inscrit généralement dans un
contexte de conflits et de pénurie, les variations des prix dans la
seconde moitié de ce siècle
12 Gilles Jacoud, (1997), « Inflation et
désinflation. Fait, théorie, politiques ».
13 Jean François Goux (1998), « Inflation,
désinflation, déflation ».
se camouflent dans un nouveau contexte, celui des chocs d'offres
résultant des deux chocs pétroliers de 1973 et de 1979.
Le quadruplement des prix du pétrole, qui a
passé de 2,9$ en juin 1973 à 11,6$ en janvier 1974, fut suivi par
de fortes pressions inflationnistes dans tous les pays du monde, surtout dans
les pays industrialisés qui se caractérisent par une forte
dépendance envers de l'or noir.
Le tableau suivant nous brille des variations des prix sur la
période des deux chocs pétrolier (1973-1980) pour les grands cinq
pays les plus industrialisés de cette période.
Tableau 1-1 : les taux d'inflation annuels pendant les
deux chocs pétroliers
|
1973*
|
1974
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
1979**
|
1980
|
Etats-Unis
|
4,0
|
12
|
9,2
|
5,8
|
6,4
|
7,6
|
9,0
|
13,5
|
Japon
|
11,7
|
24,5
|
11,8
|
9,4
|
8,1
|
4,2
|
3,3
|
8,0
|
France
|
7,3
|
14,8
|
11,6
|
9,6
|
9,4
|
9,1
|
10,8
|
13,6
|
Allemagne
|
7,3
|
8,4
|
6,3
|
4,9
|
3,9
|
2,6
|
3,2
|
4,9
|
Royaume-Unis
|
9,2
|
15,9
|
24,2
|
16,6
|
15,8
|
8,3
|
12,2
|
18,0
|
*, ** : indique respectivement le premier choc pétrolier
et le second choc pétrolier.
La lecture de ce tableau nous enseigne qu'aux Etats-Unis, la
hausse des prix a passé de 4% au début de 1973 à 12% vers
la fin de 1974. Si ces poussées inflationnistes ont été
maitrisées en Allemagne et en Suisse grâce aux politiques
monétaires restrictives misent en place au début de 1973, ce choc
pétrolier fut des suites graves pour les autres pays de l'Europe. La
hausse des prix en France a atteint 15% à la fin de 1974, baissée
à environ 9% en 1977 suite au contre choc pétrolier, pour grimper
de nouveau à 14% fin 1980 comme conséquence du second choc
pétrolier. Les mouvements des prix été similaires pour le
cas de l'Italie et du Royaume-Unis, l'inflation a atteint 24,2% à la fin
du premier choc pétrolier et restent à 18% environ fin du second
choc. Enfin, les réactions de l'inflation à ces chocs
pétroliers constituent un cas particulier pour le Japon, suite au
premier choc pétrolier les hausses prix atteignirent un niveau critique
depuis la guerre et tablent sur 25,3% en 1974, ce reflète la
dépendance de l'économie japonaise vis-à-vis du
pétrole. Après ce choc et par la conscience en la gravité
de ce phénomène, la banque centrale du Japon décidera de
maintenir une politique fermement anti-inflationniste, en conséquence,
la hausse des prix retomba à 3,3% fin 1978 avant de tablait sur 8% suite
au second choc.
Outre, la fin de ce siècle s'achève par la
désinflation des années quatre-vingt, qui prouve
l'amélioration des performances des politiques monétaires
restrictives mises en
oeuvre dés 1980. En plus, il ne faut pas négliger
le rôle prépondérant de la baisse des prix du
pétrole dans préservation d'un niveau stable des prix durant
cette période.
Finalement, il ne faut pas passer sans mettre l'accent sur les
dernières hausses des prix du pétrole et leurs l'impact sur
l'évolution de l'inflation, en effet, dans un contexte de mondialisation
et d'économies de plus en plus ouvertes et interdépendantes, la
crise actuelle semble différente de celle des années 29. Face
à l'augmentation exponentielle de la demande en produits
pétroliers de la part des pays émergents, surtout de la Chine qui
batte les records de la croissance, avec des taux supérieurs à
10%, la hausse des prix du pétrole table de même sur des nouveaux
records, en atteignant les 145 $ en juillet 2008. Le tableau suivant
résume la réaction de l'IPC face aux évolutions des prix
du pétrole dans les principales économies
industrialisées.
Tableau 1-2 : taux d'inflation annuels dans les
principales économies industrialisées
Royaume-Uni 2,3 3,6
Etats-Unis 2,6 3,8
Zone euro 2,0 3,3
Japon 0,1 1,4
Chine 4,8 6,1
Allemagne 2,1 2,6
France 1,5 2,8
Italie 1,8 3,3
Espagne 2,8 4,1
2007 2008
2009*
0,4 1,0 1,0 0,6 0,6 1,0 0,9
0,8 1,1
* : prévision.
Sources : Banque mondiale, Consensus Forecasts et Desjardins,
Études économiques.
Les statistiques fourni par ce tableau affermi la relation
entre hausse des prix du pétrole et inflation dans les principales pays
industrialisés. En effet, les hausses des taux d'inflation annuels entre
2007 et 2008 sont généralisées sur tous les pays du monde
et ne peuvent être expliqué que par les hausses spectaculaires des
cours du brut. L'INSEE confirme que l'inflation a atteint, en zone euro, le pic
de 3,8% au moment où les cours du pétrole tablent sur des records
historiques. Aux Etats-Unis, l'IPC inscrit sa flexibilité aux
évolutions des prix du pétrole et enregistre, selon les
études économiques du « Bureau of Labor Statistics et
Desjardins » le pic de 5,2% durant le troisième trimestre 2008 pour
s'effondrer, parallèlement aux baisses des prix du pétrole,
à 1,5% durant le dernier trimestre de la même année et
table sur une variation mensuelle nulle en janvier 2009 après la chute
de 60% des prix du pétrole.
En revanche, on note que les prévisions à la
baisse des taux d'inflation annuels dans ces pays ne sont pas remis,
uniquement, à la chute des prix du pétrole, mais à la
conjonction de ces chutes avec la contraction de
l'activité économique mondiale suite à la crise des «
subprimes » qui a touché le secteur des prêts
hypothécaires des Etats-Unis et qui a été diffusée
au reste du monde, en provoquant en 2008 une crise financière mondiale.
C'est ainsi qu'on peut expliquer, surtout, la chute fulgurante du taux
d'inflation annuel en Chine par la baisse de la demande des pays
développés ce qui a affecté ses exportations et
déboulé ses prix.
En guise de conclusion, l'histoire de l'inflation et
marquée par une instabilité fulgurante et intense,
découlant de sa vulnérabilité aux changements
hétérogènes de types économiques et politiques,
à l'image des manipulations et des émissions abusives de la
monnaie durant le troisième et le dix-sixième siècles, les
guères mondiaux et la récession économique qui en
résulte durant la première moitié du vingtième
siècle, les deux chocs pétrolier durant la seconde moitié
du même siècle, etc. De ce fait, l'investigation des facteurs
déterminants de l'inflation semble utile pour l'accomplissement de notre
étude, tout en mettant l'accent sur les évolutions des prix du
pétrole comme un déterminant contemporain et tenant de
l'inflation, surtout pour le préambule de la relation entre inflation et
hausse des prix du pétrole.
|