INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : ANALYSE DES PROCESSUS D'INSERTION DU
TOURISME Chapitre 1 : Etat des lieux de l'intégration progressive du
tourisme dans le littoral du Sud Cameroun.
Chapitre 2 : La demande touristique et les contingences du
tourisme
DEUXIEME PARTIE : MODES D'APPROPRIATION DU TOURISME DANS LES
SOCIETES ET ESPACES LITTORAUX
Chapitre 3 : Adoption participative
Chapitre 4 : Attentisme et indifférence
Chapitre 5 : Tourisme, entre désenchantement et
désespoir
TROISIEME PARTIE : TRANSFORMATIONS INDUITES PAR LE TOURISME DANS
LES MARGES COTIERES
Chapitre 6 : Impacts du tourisme sur le milieu physique et
humain
Chapitre 7 : Tourisme et risques socioenvironnementaux
Chapitre 8 : Perspectives du développement de
l'activité du tourisme dans les marges côtières du
département de l'Océan
CONCLUSION
9. CHRONOGRAMME PREVISIONNEL DU TRAVAIL DE
THESE
Année
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Durée
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Activités
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Lieux
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2005
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1 mois
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Discussion avec les co-directeurs et correction
du mémoire de DEA
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Ngaoundéré et Dschang
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2 semaines
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Production et dépôt du mémoire de DEA
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Ngaoundéré
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2006
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1 mois
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Travail complémentaire de bibliographie 1
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Ngaoundéré et Yaoundé
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4 mois
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Descente sur le terrain 1 / collecte des données
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Kribi-Campo
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2 semaines
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Rapport d'étape 1
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Ngaoundéré
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2 semaines
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Discussion avec les co-directeurs
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Ngaoundéré et Dschang
|
2 semaines
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Correction du rapport
|
Yaoundé
|
1 mois
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Travail complémentaire de bibliographie 2
|
Ngaoundéré et Yaoundé
|
4 mois
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Descente sur le terrain 2
|
Kribi-Campo
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2007
|
3 semaines
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Rapport d'étape 2
|
Ngaoundéré
|
3 semaines
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Discussion avec les co-directeurs
|
Ngaoundéré et Dschang
|
3 semaines
|
Correction du rapport
|
Yaoundé
|
4 mois
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Descente sur le terrain 3 / collecte des données
|
Kribi-Campo
|
3 semaines
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Rapport d'étape 3
|
Ngaoundéré
|
3 semaines
|
Discussion avec les co-directeurs
|
Ngaoundéré et Dschang
|
3 semaines
|
Correction du rapport
|
Yaoundé
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2008
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3 mois
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Traitement des données
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Yaoundé
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1 mois
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Descente sur le terrain 4 / Vérification
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Kribi-Campo
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1 mois
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Saisie du 1er draft de la thèse
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Yaoundé
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1 mois
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Discussion avec les co-directeurs
|
Ngaoundéré et Dschang
|
2 mois
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Correction et saisie du 2è draft
|
Yaoundé
|
1 mois
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Discussion avec les co-directeurs
|
Ngaoundéré et Dschang
|
1 mois
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Dépôt de la thèse
|
Ngaoundéré
|
2 mois
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Préparation à la soutenance et Soutenance
|
Ngaoundéré
|
PREMIERS RESULTATS
DE TRAVAIL
CHAPITRE I : ANALYSE DES PROCESSUS D'INSERTION DU
TOURISME DANS LES MARGES COTIERES DU SUD.
De nombreux slogans de marketing touristique présentent
le Cameroun comme un échantillon représentatif à plusieurs
égards des spécificités attractives africaines, qu'elles
soient naturelles ou culturelles. C'est un potentiel caractérisé
par la diversité et la densité qui se trouvent réparti sur
l'ensemble du territoire national. D'ailleurs, la connaissance que l'on en a
aujourd'hui est partielle et la carte touristique nationale
éloignée de la réalité qu'offre le milieu. De
même, les acteurs du jeu touristique ne sont pas tous identifiés
et les populations locales occupent une place marginale dans la
réalisation des actions à portée touristique. Cette
réalité est encore plus dramatique au niveau régional.
C'est ainsi qu'eu égard à ce qui
précède, nos consacrerons ce chapitre à l'échelle
départementale (Océan) à dresser un état des lieux
du développement touristique avant d'en présenter les
conséquences. Pour y parvenir, nous répondrons à la
question de savoir pourquoi le tourisme se développe-t-il si
difficilement dans le département de l'Océan pourtant si riche en
potentialités?
Au départ, nous formulerons l'hypothèse que
le tourisme s'insère selon un mouvement soutenu mais reste
largement subi dans le contexte socio-environnemental des marges
côtières du Sud Cameroun. Le test de cette
hypothèse se fera en exploitant les données bibliographiques
relatives à la question, la statistique touristique, par observation
directe et entretiens semi directifs sur le terrain. Tout ceci nous permettra
de présenter le milieu d'action, l'évolution et les effets de
cette insertion dans la ville de Kribi.
1. LE MILIEU DES MARGES COTIERES : UN CADRE A LA
GEOGRAPHIE FAVORABLE AU TOURISME
Bien que le trait d'union entre ces territoires soit leur
proximité de la côte (moins de 45 km), ils présentent
cependant une grande variété physique et humaine dont le produit
est un abondant vivier potentiellement utilisable à des fins
touristiques.
1.1. Le milieu physique : atouts et contraintes au
décollage touristique
Le département de l'Océan est logé dans
l'angle Sud-Ouest du Cameroun forestier et est bordé à l'Ouest
par les eaux de l'Océan Atlantique. Son relief qui échappe
heureusement à la monotonie détermine - cependant bien qu'en
partie - le climat, la végétation, l'hydrographie et les sols.
1.1.1. Un relief de plaine dominé par un bas
plateau
Dans l'ensemble, c'est une région de basses terres
d'une part et d'autre part de plateaux. La morphologie de détail est un
paysage de nombreuses collines séparées par des ruisseaux
à débit lent et régulier, collines dont le profil en
demi-orange est reconnu par les géographes comme assez
caractéristique de la zone équatoriale. Ce type de paysage
concerne la majeure partie des plaines sédimentaires de la façade
maritime (Olivry, 1986).
La plaine côtière est comprise entre les
embouchures de Londji au Nord et du Ntem au Sud et séparées par
une distance de 90km. On remarque le long de cette côte une
décomposition en segments avec des orientations variées entre 340
degrés Nord et 20 degrés Est. Aussi y a-t-il une forte apparition
de la convexité Ouest de l'ensemble de la côte ; un profond
rentrant des bouches du Cameroun s'oppose à cette convexité,
partie la plus profonde du Golfe de Guinée. Ainsi morcelée,
segmentée et arquée, les mouvements ondulaires de la houle qui
agitent la mer attaquent la roche sur divers angles : oblique, perpendiculaire
ou se déplacent parallèlement au tracé du rivage. Sa
platitude (13-18m) est rompue par la présence de quelques reliefs
résiduels tels le massif des Mamelles (323m), le rocher du Loup et les
monts des Eléphants tandis que la plaine fluviale, inclinée sur
le Ntem, côtoie par les deux bras dudit fleuve, l'île de Dipikar et
aide par son inclinaison à évacuer les eaux continentales vers la
mer.
Il existe un escarpement très abrupt qui sépare
la plaine du plateau. Le plateau Sud camerounais prend effectivement le relais
à partir du village Nko'élon vers l'Est au délà du
fleuve Mvini et atteint son maximum au Nord du massif de granites de
Nkolebengué (1 020m) dans la zone d'étude. Dans l'ensemble, il y
prévaut un climat très humide.
Eu égard à ce qui précède, le
relief offre une importante diversité. Bien qu'il n'existe pas de
règle en matière de pouvoir d'attraction d'un paysage, les
principes d'originalité et d'unicité (Dewailly et al,
1993), de diversité (Béteille, 2000) qui favorisent
le dépaysement sont généralement pris en compte. Ils ont
d'ailleurs servi à l'inventaire des 120 sites touristiques du Cameroun
réalisés par le GTZ et le MINTOUR en 2001
(Cf. Annexe C).
Au total, ces ressources nombreuses dont regorgent ces reliefs
globalement bas restent dans l'oubli ou l'ignorance du fait d'une
accessibilité limitée et très laborieuse, quoiqu'ils
n'aient rien de banal ni de commun. La variété observée
ici contraste avec la régularité du climat.
1.1.2. Un climat doux mais pluvieux
Le département de l'Océan appartient au grand
ensemble du domaine climatique de la variante guinéenne qui
prévaut sur l'ensemble du domaine forestier camerounais. Elle
présente deux nuances (maritime et guinéenne de
l'intérieur).
La nuance maritime se caractérise par l'inexistence de
mois secs quoiqu'il existe deux minima (Janvier et Juillet) de pluies avec 240
mm à Campo en juillet et évidemment deux maxima (Mai et Octobre)
de pluies. Les amplitudes thermiques sont faibles (autour de 2°C).
L'année est découpée en quatre saisons mais bien
arrosées avec des précipitations dont la quantité est
largement au-delà de 2 500 mm. C'est ainsi que plus près on est
de la côte, plus les précipitations sont importantes (Kribi : 2
970 mm, Campo : 2 772 mm) du fait que la mousson balaie de pleins fouets cette
zone où la végétation est dégradée avant
d'être ellemême brisée par les contreforts du massif du
Ntem, d'où la variante guinéenne continentale.
Dans la variante du climat équatorial guinéen
continental, la pluviosité est moins abondante mais reste
élevée (1 686 mm à Nyabizan), les températures sont
plus douces avec des journées ensoleillées et chaudes, les nuits
et matinées fraîches. L'année est divisée en quatre
saisons bien marquées (deux saisons sèches et deux saisons de
pluvieuses).
Figure 4: Histogrammes pluviométriques pour
chacune de ces nuances (Suchel, 1972).
De façon générale, le fait touristique
est marqué par un héliotropisme dominant11 (Dewailly,
Op.cit.). Le Las de Kribi est assez illustratif de
Lette réalité oü les saisons sèEhes correspondent aux
hautes saisons touristiques. L'amplitude thermique annuelle basse n'influenLe
que positivement le mouvement des visiteurs a Kribi.
400
600
500
300
200
100
0
Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Aoüt Sept. Oct.
Nov. DéE.
Précipitations en mm Températures en °C
Nombre de touristes
P=2T
Figure 5 : Tourisme et saisonnalité à Kribi
(Données 2004).
Selon BesanLenot (1990), le touriste exige la
séLurité pour ne pas avoir a faire face aux caprices du temps
Lonnus a l'avanLe, le Lonfort pour éviter tout préjudiLe sur son
état sanitaire et l'agrément sans Lontrainte sur sa jouissanLe.
Ces conditions favorables sont réLapitulées dans le tableau
suivant :
Tableau 2: Paramètres du très beau
temps touristique confortable
Latitude
|
Type de temps
|
PARAMETRES
|
I ou Nb
|
D ou P
|
Tx
|
K
|
THI
|
V
|
U
|
Basses latitudes
|
Très beau temps confortable
|
>7
|
<3/8
|
0
|
0
|
22 à 31
|
58 à 525
|
= 26,5
|
2 à 8
|
< 26,5
|
Source : Besancenot
J.P., 1990.
I = Durée de l'insolation (en
heures)
Nb = Nébulosité en milieu de
journée (en octats de ciel ouvert)
D = Durée des précipitations entre 6
à 18 heures (en heures)
P = Hauteur des précipitations entre 6
à 18 heures (en mm)
Tx = Température maximale (en
°C)
K = Pouvoir réfrigérant de l'air en
milieu de journée (en watts/m2 de surface
corporelle)
11 Il s'agit d'un tourisme dont les périodes de
rushes se Ionfondent avec [Ielles de Lhaleur et d'absen[Ie de pluies.
THI = Indice thermo-hygrométrique en milieu de
journée (en °C)
V = Vitesse du vent en milieu de journée (en
m/s)
U = Tension de vapeur de l'air en milieu de
journée (en hectopascals)
Malheureusement, ces données ne sont pas disponibles
dans les services de la station météo de Kribi. Quant elles le
sont leur format est inapproprié. Trois d'entre elles existent pour la
durée de 24 heures à savoir la hauteur des précipitations
(P), la température maximale (Tx) et la vitesse du vent en milieu de
journée (V), pourtant elles auraient été convenables pour
la période de la journée comprise entre 6 et 18 heures.
Tableau 3: Paramètres disponibles du temps
touristique confortable de Kribi
Paramètres
Mois
|
hauteur des précipitations (mm)
|
température maximale (°C)
|
vitesse vent en milieu journée
(m/s)
|
Janvier
|
9,8
|
32,8
|
2
|
Février
|
2,1
|
34
|
2
|
Mars
|
31,6
|
34,5
|
2
|
Avril
|
42,3
|
35
|
2
|
Mai
|
75,7
|
34,2
|
2
|
Juin
|
111,9
|
32,6
|
2
|
Juillet
|
9
|
31
|
2
|
Août
|
106
|
30,8
|
2
|
Septembre
|
83,1
|
31,5
|
3
|
Octobre
|
67,6
|
32
|
2
|
Novembre
|
25,2
|
32,6
|
2
|
Décembre
|
6,2
|
32,5
|
2
|
Station météorologique de Kribi, 2005.
Globalement, à défaut d'être très
beau, le temps touristique confortable est tout au moins beau. D'ailleurs les
touristes ne le présentent jamais comme un obstacle strictement
insurmontable à leur séjour dans une région. Car, quand
bien même la qualité du temps constituerait un frein à la
fréquentation, elles créeraient sous certaines exigences des
conditions plutôt stimulantes pour les aventuriers naturels à la
recherche de sensations exceptionnelles. Quoiqu'il en soit, chaque visiteur
évalue les bénéfices à retirer d'un voyage et en
paie le prix (argent, risques...) si cela lui paraît nécessaire.
C'est bien souvent le cas des destinations exotiques où la
végétation constitue elle aussi un atout non négligeable
pour étoffer l'offre touristique dans une contrée
donnée.
1.1.3. Une végétation dense,
variée et séduisante
C'est une zone de forét ombrophile dense humide sur une
bonne partie de la zone d'étude. Elle est cependant
dégradée en partie par les activités humaines
(tracé routier, habitation, agro-foresterie) et présente aussi
une végétation originale (mangrove) qui se développe le
long de cours d'eau et de l'océan.
Le massif forestier du sud présente trois grandes
unités végétales qui se rattachent à
l'écologie du milieu (Letouzey, 1968) : la forêt littorale, la
forêt de moyenne altitude, la forêt atlantique et congolaise. La
première forme un triangle rectangle dont l'angle droit est sur la
côte Nord de Londji et la pointe à l'extrémité Ouest
de l'île de Dipikar. Elle se caractérise par l'abondance de deux
espèces (Lophira alata et
Sacoglottis gabonensis) qui seraient le produit des
défriches anthropiques anciennes. C'est une la forêt atlantique et
congolaise liée à un fort taux de pluviosité. La
deuxième quant à elle, forme un couloir rectiligne dont la limite
à l'Ouest côtoie l'hypoténuse du triangle et à l'Est
part de la confluence Ntem-Bongola à l'extrémité Est
d'HEVECAM en passant par Nyabizan. Elle est sujette à des
précipitations inférieures à 2 000mm. Elle est fortement
dégradée par le développement des plantations de cacao.
Photo 1 : Une végétation dense de la
forêt de moyenne altitude.
Le troisième type est la forêt atlantique et
congolaise. Elle présente à peu près les mêmes
caractéristiques que la précédente (forêt atlantique
et congolaise) et ne se trouve que par endroits dans la zone
périphérique Est de notre zone d'étude et forme quelques
enclaves individualisées.
Les autres formations végétales sont des
forêts sempervirentes à faciès dégradé le
long des axes routiers Kribi -Akom II et Kribi-Campo où le sous bois est
pauvre voire inexistant. Ces régions sont occupées par des
jachères et des recrus broussailleux. Aussi des forêts se
rencontrent-elles sur les sables marins des cordons littoraux sablonneux. On
les retrouve entre Campo et Dipikar, le long du fleuve Lobé et les
terrains de basses altitudes envahis par intermittence par les eaux.
1.1.4. Un réseau hydrographique dense mais non
valorisé
Le tourisme fluvial se développe sur un diamètre
de 15km autour du fleuve associant le bord à voie d'eau et
l'arrière pays (Damien, 2001). Du Nord au Sud de cette zone se
succèdent trois fleuves dont le plus important est le Ntem qui coule en
direction de l'Océan Atlantique, déversoir des eaux
charriées par ces cours d'eau.
- La Kienké et la Lobé
Deux petits fleuves se jettent dans l'océan à
quelques kilomètres de distance, la Kiénké au nord par une
succession de rapides dans le petit port de Kribi, la seconde sans transition
par des chutes directes dans la mer ayant auparavant pris naissance dans les
collines d'Ongongo au Sud d'Akom II. Leurs bassins versants sont
entièrement occupées par la forêt équatoriale dense
anthropisée, soit respectivement 2 305km2 et 1
435km2. Le tarissement est observé pendant les deux saisons
sèches et les crues pendant la grande saison de pluies (OctobreNovembre)
pour le maximum annuel.
- Le Ntem
Il prend sa source au Gabon et son bassin versant de 31
000km2 est partagé entre trois pays (Cameroun, Gabon,
Guinée équatoriale). L'hydrographie du Ntem est
caractérisée par des étiages accentués, des
débits moins forts, la régularité des drains, la
dichotomie du cours principal du fleuve et une série de chutes amenant
rapidement le fleuve à l'Océan par une grande embouchure. Les
deux bras du Ntem (Ntem, Bongola) isolent l'île de Dipikar, qui atteint
16km dans sa plus grande largeur et 40km de longueur ; ces deux bras se
rejoignent dans l'estuaire appelé aussi Rio Campo, 8km avant de se jeter
dans l'océan.
- L'Océan
Le contact de l'Océan Atlantique avec le continent se
caractérise par un affleurement du socle constituant par endroits des
murs. Le plateau continental au large de Campo mesure
moins de 25km et se remarque par des écueils rocheux qui
constituent de véritables abris d'assez gros poissons (MEAO,
Op.cit.) pour les parcours de pêche
touristique.
De plus, pour un agrément maximum, les eaux doivent
être à bonnes températures (>20°C), de couleur
claire, propre et non polluée (Dewailly,
Op.cit.). Les eaux de l'océan remplissent
plusieurs de ces conditions avec une température supérieure
à 24°C (MEAO, Inédit), un faible niveau de pollution, plus
ou propre et de couleur tirant sur le verdâtre à cause de
l'eutrophisation.
1.1.5. Des sols propices à
l'agriculture
Deux catégories de sols existent dans cette
région : les sols ferrallitiques et les vertisols. Les sols
ferrallitiques jaunes et rouges dérivent des roches
métamorphiques, sont peu profonds, acides et tiennent une grande
région dans la zone. Ils sont généralement argilosableux,
meubles, associés à une faible quantité d'humus.
Cependant, leur faible fertilité est atténuée par la
présence de la matière organique d'origine végétale
et favorable à la culture arborée.
Les vertisols quant à eux sont des sols agricoles par
excellence du fait de leur fertilité remarquable et se retrouvent
principalement le long de la frange Sud-Ouest de l'arrondissement de Campo.
Ces sols agricoles ont permis l'implantation de deux
agro-industries dans la région (SOCAPALM et HEVECAM) qui donnent
l'occasion de développer l'agritourisme. De même, ils permettent
de faire face à la saisonnalité des emplois touristiques et de
pourvoir aux besoins de cette industrie en vue du bien-être des
communautés locales.
1.2. Le cadre humain : forces et faiblesses d'un tourisme
de culture 1.2.1. Le peuplement et les modes de vie
Il existe deux grands groupes ethniques dans cette zone : les
pygmées (Bagyéli), les plus anciens occupants du site, qui ont
été refoulés par les bantous pour s'y installer. Les
Bagyéli sont minoritaires et chasseurs-cueilleurs avec un mode de vie
nomade. Pour leurs activités forestières (chasse et cueillette),
ils parcourent 30 km à la ronde en pratiquant de la chasse artisanale au
moyen des filets à base de fibres tirées d'arbres qu'ils
appellent `Essalé' ou de fibres
synthétiques, mais aussi avec des chiens et des sagaies.
Généralement, ils font 2 à 3 parties de chasse par semaine
en groupes de 5 à 10 personnes. Leurs prises ne dépassent que
très rarement 5 gibiers et parfois ils reviennent bredouille. La
communauté se partage les
fruits de la chasse, et s'il y a un surplus, celui-ci est
vendu aux bantous, et le produit de la vente leur permet d'acheter des produits
de première nécessité. Leur habitat reste encore
très précaire, il est construit essentiellement à partir
de feuilles et d'écorces d'arbres en dehors de quelques cases faites en
terre. Pour le pygmée, la forêt a de la valeur. Elle symbolise
pour lui la paix et l'harmonie, elle lui permet d'être soi-même,
d'être entre soi. Les valeurs qui soustendent les modes de vie en
forêt s'inscrivent dans une conception du temps (court terme) et de
l'espace (mobilité) qui n'est pas reconnu par les Etats-Nations, ni par
les peuples environnants (Maryvonne, 1999). Il faut cependant ajouter que ce
mode de vie connaît des mutations profondes du fait notamment de la
sédentarisation obligatoire impulsée par le gouvernement et
soutenu par certaines ONG. Cela implique « [la perte] de leur patrimoine
culturel, une conséquence en contradiction avec les normes
internationales qui reconnaissent leur droit à leur culture et à
l'auto-détermination » (Owono, 2001).
Clichet : D. NGUEPJOUO
Photo 2 : Un campement de pygmées assez
évolués.
Les Bantous appartiennent à la deuxième vague de
migration bantou composée de FangBéti en provenance du Sud de
l'Adamaoua chassés eux-mêmes par les Baboutés vers la fin
du XVIIè siècle. Ils sont très nombreux et se subdivisent
en plusieurs groupes : les pêcheurs qui sont installés sur la
côte (Batanga, Mabi et Iyassa), et plus loin sur le continent, les
agriculteurs (Ntumu, Mvae, Bulu). Les villages sont linéaires, suivant
le tracé routier et les habitations construites à l'aide des
matériaux locaux. De plus en plus, l'élite urbaine introduit des
matériaux modernes qui modifient quelque peu le visage de l'habitat. En
ville, on observe une typologie classique de l'habitat avec notamment l'habitat
moderne construit selon les
normes en vigueur, le type spontané
caractérisé par le sous équipement et l'anarchie des
constructions (Petit Paris, Afan Mabé, Nkolbiteng, Dombé) et le
type traditionnel que l'on rencontre dans les quartiers à dominance
autochtone (Talla, Boamanga). Ils forment une seule unité linguistique
nonobstant quelques légères différences d'accent et
phonologiques (Chendjouo et ali, 2003).
1.2.2. Les cultures des peuples de
l'Océan
Le département de l'Océan est une
véritable mosaïque de cultures dont la variété
illustre à suffisance la richesse de ces peuples. Sur le plan des
croyances, les religions tels le christianisme, l'islam et l'animisme sont bien
implantées dans la zone d'étude. Quant aux rites, danses et
instruments de musique, le tableau suivant en fait un récapitulatif.
Tableau 4: Quelques éléments
culturels du département de l'Océan.
Eléments culturels
|
Département de l'Océan
|
Rites
|
Fêtes traditionnelles Bapuku et Banoho'o, Akoumaba,
Ivanga, Mukuye, Ndjengu, Sô, Gui, Mukulu, Mevugu, Ndje...
|
Danses
|
Baka dance, Ozila, Mengang, Ebolasa, Ebaza,
Ebol'Asan, Enyngué, Akoumaba, Omiasse, Engueb avia,
Ivanga, Mekuye, Mebongo, Bevala, Mookoum, Mbaya, Betjibwa, Assiko, Nzanga,
Nsebito, Bol, Abok bekon...
|
Instruments de musique
|
Accordéon, tamtam, tambour, balafon, claquettes Mvet,
...
|
Spécialités culinaires
|
Ndjomba, Bouillons de poisson...
|
Sources : enquêtes de terrain, septembre 2004 et
MEAO, 2003.
Malheureusement, les cultures de ces peuples sont en perte de
vitesse. Chez les pygmées, les efforts de multiples acteurs ont
réussi à émanciper une bonne frange de ce peuple. Le
phénomène va d'ailleurs en s'intensifiant du fait des contacts
avec l'extérieur. Mais l'essentiel reste encore sauf. Quant aux
sociétés bantou, infiltrées, elles ont dû perdre une
bonne part de leur substance et les jeunes générations les
ignorent et s'en passent même. Bien que quelquesuns désirent
conserver cet héritage à travers l'instauration des fêtes
historiées et les festivals entre autres, il n'attire pas encore
l'intérêt des touristes au point d'en faire des
événements touristiques programmables. L'archéologie
pourrait peut-être y contribuer de façon forte.
1.2.3. Les révélations de
l'archéologie dans le contexte de retour aux sources
De nombreuses études archéologiques ont
été conduites dans les marges côtières du
département de l'Océan. Elles ont permis de savoir par exemple
qu'il existe une importante discontinuité chronologique dans cette zone
(Zana, 2000) due au fait que les fouilles archéologiques
révèlent des traces indubitables de vie humaine tout au long de
l'ère Quaternaire d'après la première
chronoséquence et que les occupants actuels ne s'identifient pas
à leurs ancêtres (?).
-L'âge récent de la pierre taillée (40
000-5 000ans BP), caractérisé par la présence de
l'industrie microlithique qui se distingue par les objets faits sur les
quartzites, le quartz à l'instar de la pointe de flèche pour la
chasse ou des petits outils tranchants pour le dépeçage du gibier
par des tailleurs de pierre de Nko'élon qui étaient des
prédateurs.
-Le stade Néolithique (4 000-1 500ans BP) est
marqué par le début de sédentarisation en hautes altitudes
sur le littoral des populations bantoues venues des Grassfields avec la
production d'outils de poterie et en pierre (hache, houe...), l'agriculture sur
brûlis. La fosse dépotoir est l'indicateur remarquable des
premières formes de sédentarisation. C'est le cas des fouilles
sur le site de Bwambé, Nlendé-Dibé.
-L'âge du fer ancien (2 300-2 200ans BP = 300-100 avant
Jésus-Christ) pendant lequel l'analyse des artéfacts montrent la
production de nombreux objets en poterie, en céramique et des outils en
fer. C'est le cas des sites de Bwambé et de l'église catholique
de Campo dont les fouilles montrent la présence de l'hameçon et
des scories, preuves de la pratique de la pêche par ces populations et de
la maîtrise de la technique de la réduction du fer (Oslisly,
2001). Pour la période de l'âge de fer récent, les sites de
Campo Beach (Kadomura et alii, 2000), de Bwambé et de l'église
catholique de Campo montrent aussi la présence des objets en fer.
Ces résultats pour partiels qu'ils sont, restent
intéressants quoique n'ayant pas encore donné lieu à la
mise en place de sites archéologiques, ni même
d'écomusée. Tous les artéfacts récoltés
jusque-là sur divers sites sont provisoirement hébergés au
bureau de l'IRD à Yaoundé. Ceux-ci permettraient à coup
sûr de développer un tourisme culturel dont la vitalité
contribuera fortement à la valorisation de nos cultures en perte de
vitesse. De plus, Le tourisme scientifique peut aussi être
développé dans cette région pour aider à trouver
une explication aux discontinuités chronologique, humaine et
culturelle.
1.3. Le potentiel écotouristique
Il peut être compris comme l'ensemble des atouts
à l'état sauvage dont dispose une région et qui, pour
diverses raisons, n'ont pas encore pu être valorisés pour servir
au secteur touristique comme produit touristique. Le produit est un tout
indivisible qui renferme aussi bien l'offre originale que toutes les
facilités qui en favorisent la consommation (moyens de transport et de
télécommunication, HCR, sécurité des biens et des
personnes, stabilité politique et économique, hygiène et
salubrité, hospitalité, bon rapport qualité-prix...) qui
doit par le marketing faire correspondre à la demande touristique. Pour
ce qui est de l'offre touristique, c'est un ensemble d'éléments
naturel et culturel, matériel et immatériel qui présente
une valeur exceptionnelle du point de vue esthétique, artistique,
historique, culturel et économique d'une région ou pays. Ceux-ci
sont susceptibles d'attraction et de curiosité chez des visiteurs
potentiels en fonction de leur distribution spatiale et par rapport à
leur lieu de loisir, d'hébergement méritant d'être
conservé pour l'intérêt du tourisme.
1.3.1. Offre naturelle
Il s'agit de toutes les attractions touristiques d'origine
naturelle (mer et plages, lacs et rivières, forêts, faunes,
rochers et grottes).
- Mer et plages : Toute cette côte Ouest est couverte
par les eaux de l'Océan Atlantique. De même, chaque village le
long de cette côte dispose d'une ou de plusieurs plages (Bwambé,
Grand Batanga I et II, Eboundja, Bongahélé, Lobé,
Lolabé, Ebodjé) régulièrement
fréquentées en haute saison touristique. Il reste encore une
multitude de plages plus larges et plus belles qui sont ignorées et par
conséquent non promues entre Ebodjé et Campo, et plus
généralement en dehors du territoire touristique (Cf . Fig.
10).
Photo 3: Plage à Itondé-Fang.
Figure 6 : Carte de l'espace touristique des marges
côtières de la province du Sud Cameroun
- Lacs, rivières et chutes: Dans cette zone, il existe
quatre lacs (Etondé-Fang, Mba Ayam, lac à Caïmans et Mvini)
de même que les rivières et les chutes. Pour ce qui est des
rivières, il en existe un très grand nombre, mais nous en
retiendrons les principaux : (Kienké, Lobé et Ntem) qui
reçoivent de nombreux ruisseaux en amont avant de se jeter dans la mer.
Seuls, le Ntem et dans une certaine mesure la Kienké pour les fleuves et
l'ensemble des lacs sont navigables en toute saison et peuvent de ce fait
être exploités pour la pêche-promenade. Sur le
cours de ces fleuves, on peut relever la présence de
deux fameuses chutes (les chutes de la Lobé et les chutes de
Memve'élé) et deux autres d'importance relative (les chutes
d'Edjang zo'o et chutes sur la Biwoumé).
Photo 4: Quelques chutes dans les marges
côtières de la province du Sud Cameroun.
- La forêt : la forêt biafréenne, la
forêt littorale et la forêt congolaise sont pourvues d'une
importante richesse biologique dont la particularité est la
densité et la diversité de la flore : plus de 1500 espèces
de plantes dont 45 sont endémiques ou rares.
- La faune : Au stade actuel des études, la faune est
évaluée à 80 espèces de mammifères moyens et
grands (critère important de développement de
l'écotourisme), 18 espèces de primates, 28 espèces de
chiroptères, 307 espèces d'oiseaux (Ndeh, 2002). 249
espèces de poissons, 23 espèces d'amphibiens et 122
espèces de reptiles. L'avifaune présente à priori toutes
les espèces recherchées par les ornithologues et touristes verts
(picatharte chauve, calao, perroquet...).
- Rochers, grottes, montagnes et massifs : Les marges
côtières du département de l'Océan sont
encombrées de nombreux reliefs résiduels, les uns aussi
importants que les autres (Mont des Mamelles, Mont des Eléphants, Mont
Nkolebengué, Akok-Benyat, Rocher des esclaves, Rocher du loup), que les
autres (Mont Biwoumé, Ayak-Minkola-Imbong, Ozom-Zomo, Akok-Obek'Foui,
Akok-Mevoui, Akok-Yaekukuankuk, Mbaz-Akok...).
1.3.2. Offre socio-culturelle
Elle présente une évidente variété
et satisfait une demande socio-culturelle exigeante et composite. Très
généralement, elle ne constitue pas l'offre principale mais la
complète ou l'enrichit :
- Genre de vie : Les populations de cette zone se
caractérisent par de nombreux traits tels le sens de l'accueil et de
l'hospitalité, leur art culinaire, leur artisanat et leurs nombreuses
techniques de conservation du poisson et de la viande.
- Folklore et tradition : Dans une enquête de terrain
menée dans trois villages, nous avons obtenu comme résultats
plusieurs danses traditionnelles (Ebianmeyong :
`Ebol'Asan', `Akoumaba', `Engueb' ; Nko'élon :
`Enyngué', `Ebolasa' ; Ebodjé :
`Bevala', `Mokuyé', `Ivanga', `Baka dance' ; Campo
: `Mookoum', `Ebaza', `Nsebito'). Il est à noter que les
danses touristiques comme `Akoumaba', `Mokuyé' et `Ivanga' ne sont pas
publiques, exceptée la phase non rituelle qui peut à certaines
occasions être ouverte aux non-initiés. Mais de manière
générale, les danses s'exécutent sur commande ou selon un
calendrier culturel annuel.
- Les vestiges historiques : Ils sont tous de la
période d'occupation allemande. Il s'agit des cimetières
allemands à Kribi, de l'Eglise Catholique d'Ebodjé construite en
1900 par les Allemands, une boulangerie et quatre tombes d'Allemands à
Campo, des ruines de l'agroindustrie (Hévéa et palmiers à
huile) et d'habitations d'Allemands dans l'Ile de Dipikar.
Clichet : D. NGUEPJOUO
Photo 5: Quelques vestiges de l'occupation allemande sur
l'île de Dipikar.
- Le rôle de l'archéologie : A la suite des
premiers résultats de travaux archéologiques dans cette zone, une
exploitation touristique peut en être faite. Dans la perspective de la
valorisation de ce patrimoine, Oslisly (2001) suggère les
possibilités :
(1) de présenter les artéfacts issus des fouilles
dans un écomusée ;
(2) d'incorporer quelques archéosites dans les circuits
écotouristiques.
Le tourisme scientifique peut aussi être
développé dans cette région pour aider à trouver
une explication aux discontinuités chronologique, humaine et
culturelle.
1.3.3. Offre aménagée
C'est l'ensemble des aménagements effectués avec
pour l'ambition de mettre le visiteur à l'aise pendant qu'il jouit de
l'offre originale. On peut citer dans ce registre l'accessibilité : les
moyens de transport (la présence et le bon état des
infrastructures routières, ferroviaires et aériennes et de
télécommunication), les conditions agréables de voyage,
d'hébergement et de restauration. Dans les marges côtières
du département de l'Océan, l'accessibilité - à
partir des aéroports internationaux de Douala et de Yaoundé
jusqu'à Kribi - ne pose aucun problème. En effet, une
infrastructure routière en bon état dessert la ville
tête-de-pont de cette zone (Kribi). Mais le reste de la zone, lorsqu'elle
est accessible par voie routière, exige l'usage des véhicules
tout terrain (4×4). Il existe aussi un aéroport non encore
fonctionnel à Kribi et une piste d'atterrissage privée de la
Société Forestière (HFC) à Ipono. De même en
dehors de Kribi et sa proche périphérie, il est difficile de
communiquer et d'accéder aux médias nationaux et internationaux
(Journaux, radio, TV). Cette situation est semblable quand il s'agit de
l'hôtellerie et de la restauration. Kribi est donc un pôle
très favorisé pour le tourisme classique tandis que de nombreux
efforts méritent d'être entrepris pour le reste de la
région, mais cette fois, en tenant compte du volet de la
durabilité. Ceci devra en principe réduire fortement les
coûts des investissements à effectuer. Il est entendu que ces
offres doivent être complétées par des garanties comme la
sécurité des biens et des personnes, la stabilité
politique et économique, l'hygiène et la salubrité,
l'hospitalité, le meilleur rapport qualité-prix des prestations
offertes entre autres.
En définitive, le milieu comporte à la fois des
ressources dites anté-touristiques12 et celles dont la
présence et souvent l'existence même sont intimement liées
à un développement touristique préalable. Elles sont dites
post-touristiques13 c'est-à-dire qu'elles sont mises en place
pour agrémenter le séjour des visiteurs et contribuent de
façon notable à la transformation d'un milieu naturel en un
espace construit parsemé de ressources (Fig.6) et
12 Ce sont les ressources originelles et
préexistantes au tourisme et même parfois à toute
occupation humaine (Dewailly et al, 1993). Ce sont
les ressources tels le climat, la faune, la mer, les paysages ...
13 Elles sont mises en oeuvre dans l'optique d'un
tourisme à envisager, ou en sont la conséquence avec pour but
d'améliorer un tourisme qui existe déjà.
potentiellement appropriés par les touristes (Fig.10).
Quoiqu'il en soit, on est en droit de se demander si cette offre correspond
à la demande des touristes se rendant à Kribi.
1.4. La demande des touristes de Kribi et du reste du
département de l'Océan
Nous avons réalisé une enquête
auprès de 75 touristes rencontrés sur les plages et les
hôtels de Kribi au courant du mois de juillet 2005. Le questionnaire
(Annexe A) s'est adressé à ceux qui ont bien voulu le remplir
pour nous fournir des informations sur leur profil socioéconomique et
leurs goûts en matière de pratique du tourisme dans la ville de
Kribi et dans l'ensemble du département de l'Océan.
1.4.1. Le portrait socio-économique des
visiteurs de KribiLes touristes internationaux qui se
rendent à Kribi et sa région ne sont pas tout à fait
inconnus. Ils sont originaires de nombreux pays essentiellement
occidentaux, de sexe féminin, célibataires, jeunes et d'un niveau
d'instruction.
Pour ce qui est de l'origine des touristes internationaux, ils
ne proviennent que très faiblement des pays du continent
américain soit 3% du Canada, rien du tout des pays des autres
continents. Cependant la part majoritaire de ces visiteurs proviennent des pays
européens et spécifiquement de France.
Répatition par nationalité des
arrivées internationales à Kribi
30
25
50 45 40 35
Pourcentages
20
15
10
5
0
Série1
Français Polonais Irlandais Russie Autriche Suisse Espagne
Pays-Bas Canada
Nationalité
Figure 7 : Répartition par nationalité des
arrivées internationales à Kribi
Cela peut s'expliquer par les raisons historiques notamment la
mise sous mandat du Cameroun et donc l'administration française de cette
partie du pays, la signature de nombreux accords de coopération, la
participation des Français à certains secteurs de
développement (industrie, économie...), la promotion de bouche
à oreille d'anciens visiteurs satisfaits et enfin par le fait que le
Bureau d'Informations Touristiques (BIT) du Cameroun pour l'Europe basé
en France, assure une promotion de proximité plus grande. Notons au
passage que jusque dans la décennie 70, les Allemands sont les plus
nombreux à visiter Kribi et que leur nombre est progressivement
allé en baissant pour des raisons politiques14.
Les touristes sont majoritairement de sexe féminin
(78%) et l'on retrouve la même proportion de jeunes de moins de 30 ans de
même que celle de célibataires. C'est une population aimant
l'aventure et la diversité des loisirs. Le fait qu'elle soit à
85% de niveau universitaire la rend un peu exigeante. Cela contribue à
contrebalancer l'insouciance qui caractérise habituellement la jeunesse
et pousser à un certain raffinement de l'offre.
1.4.2. Les motivations des visiteurs de Kribi et
alentours
Kribi et ses alentours présentent une diversité
d'atouts qui fonde la motivation de voyage pouvant elle-même varier d'une
personne à une autre.
60
50
40
Proportions de visiteurs
30
20
10
0
Kribi
Reste Océan
Motivations de visite
Figure 8 : Répartition des motivations des
visiteurs de Kribi et le reste de l'Océan
14 La résiliation du contrat du tour
opérateur QUELLE avec l'Office National du Tourisme Camerounais en 1970
se justifie pour partie par l'interdiction faite de se livrer au Cameroun
à certaines activités telle la prostitution. Les incidences sur
le chiffre d'affaires des établissements de tourisme et la population
locale obligent le gouvernement à reporter sine die
l'application des mesures prises à ce sujet (Essono E.F.,
2000).
Le désir d'aventure mentionné plus haut est
confirmé par la proportion des avis des touristes sur leurs motivations
de voyage.
En face d'une offre non structurée, on a des visiteurs
exigeants qui attendent un service d'un certain niveau. Bien qu'ils
apprécient globalement la destination pour son caractère naturel
et très faiblement artificialisé, ils trouvent la destination
coûteuse et estiment du fait de la distance qu'ils pourraient manquer du
temps pour revenir la prochaine fois.
En gros, le tourisme de Kribi et du reste du
département a besoin d'une sérieuse structuration pour combler
les attentes des touristes dont les exigences tiennent compte très
souvent du contexte socio- économique et des possibilités du pays
et même de la ville de Kribi.
2. L'EVOLUTION DE L'INSERTION DU TOURISME DANS LES
MARGES COTIERES DU SUD CAMEROUN
Les Allemands sont à l'origine du tourisme dans le
département de l'Océan. En effet, depuis la période de
l'impérialisme germanique, leur intérêt pour les ressources
naturelles du pays en général et singulièrement pour les
régions côtières s'est accru (Nguepjouo, 2003). Pour la
région du Mont Cameroun et notamment Limbé au départ, il
s'est ensuite déporté sur les côtes kribiennes. Ceux-ci y
ont installé des équipements de base susceptibles
d'agrémenter le séjour dans un premier temps et de faciliter
l'administration territoriale dans un deuxième temps vers la fin du
XIXè siècle. Il s'est agi par exemple de valoriser les
potentialités naturelles de cette localité notamment en
exploitant les caractères favorables au développement de
l'activité touristique et en y créant des conditions minimales de
séjour agréable pour ses visiteurs (Port, constructions
diverses...) (Essono, 2000). Après l'indépendance, le jeune Etat
a réalisé de nombreux projets à portée touristique
avant la période de désengagement caractérisée par
un profond abandon de cette activité. Le secteur se structure peu
à peu aujourd'hui autour de la municipalité de Kribi.
Il reste aujourd'hui que de nombreux atouts de la
région sont encore inexplorés, voire inconnus. Et quoique encore
émergent, le phénomène touristique a diffusé ses
effets dans les villages environnants et/ou présentant les mêmes
atouts (Lobé, Eboundja, Lolabé, Ebodjé, ...) le long de la
côte.
2.1. Une évolution en ligne brisée dans
l'espace touristique
Le tourisme dans son évolution a connu des
périodes fastes et difficiles qui ont généralement
alterné dans le temps et l'espace. Ce parcours n'est pas propre au
tourisme, mais est le fait de l'ensemble des secteurs productifs de
l'économie camerounaise. A une phase de démarrage promoteur,
succède une autre de récession qui, elle aussi, cède
progressivement la place à une timide reprise. En effet, le rôle
de l'Etat est capital dans la mesure où le secteur privé est
encore très faible. Ainsi au départ de ce profil se trouve la
prise en charge quasi complète de l'activité par l'Etat, puis son
désengagement et enfin par les frémissements d'une difficile
relance.
2.1.1. L'Etat providence pendant les années de
croissance
Comme dans les autres pays en développement, l'Etat a
bien souvent réalisé l'essentiel des investissements dans
l'hôtellerie, la restauration, les agences de voyages et les autres
infrastructures du nouvel Etat indépendant.
Depuis lors, quelques autres réalisations y ont vu le
jour au point de faire de cette ville de petite taille, la vitrine du tourisme
balnéaire au Cameroun. Mais jusqu'en 1960, Kribi ne compte que 18
chambres. Plus tard, après les indépendances, les actions
à vocation touristique se sont poursuivies avec le soutien effectif de
l'Etat. En effet, dès le premier plan quinquennal de
développement économique et social (1961-1966), le tourisme
transparaît comme un secteur à la rentabilité
immédiate d'autant que « la matière première existe :
sites et paysages remarquables, faune abondante et variée,
curiosités folkloriques nombreuses et spectaculaires ». Il ne
faudra alors plus que réaliser l'inventaire du patrimoine touristique,
créer et aménager les parcs nationaux, confectionner des circuits
touristiques, poursuivre l'équipement hôtelier, créer un
office de tourisme et lancer des opérations de propagande.
Les moyens mis en oeuvre pour y parvenir sont nombreux. Il
s'agit de financements public, privé et communaux ; de mesures
incitatrices ; d'organismes de crédit (banques et CNC15) sur
le long terme et à faible taux d'intérêt ; de l'extension
des réseaux électriques, télécommunicationnelles,
routiers et d'adduction d'eau ; de la mise en place des structures
d'intervention en matière d'information, de promotion, de
commercialisation, de développement du tourisme ; et enfin de la
formation professionnelle.
L'Etat a des partenaires dans la commercialisation de la
`destination' Cameroun notamment les deux agences de voyages Quelle et
Paneuropa. Plusieurs touristes internationaux en provenance d'Allemagne ont
été envoyés sur les plages de Kribi, jugées
15 Conseil National de Crédit
plus captivantes, dès la saison touristique de
1968-196916 par ces voyagistes. Un hôtel à bungalow
(Palm Beach) est construit en 1968. Mais en 1970, ces 2 Tour opérateurs
ont interrompu la saison avec éclats : infrastructures insuffisantes,
entretien incorrect... Ils vont être relayés par Transeuropa et
Touropa Spezial (Mainet N., 1979). On atteint cependant la centaine de chambres
en 1980.
Tableau 5 : Statistiques de 2 années
touristiques 1974 et 1975
Saison
|
Arrivées
|
Nombre d'hôtels
|
1969
|
|
2
|
1974
|
1500*
|
|
1975
|
2161 dont 480 Allemands
|
|
*Allemands seulement
Source : Mainet N., 1979.
Si l'on s'en tient aux statistiques produites par la
Délégation Générale au Tourisme, on peut affirmer
que ce mouvement de croissance des arrivées internationales - du moins
la part de Kribi déduite à partir des chiffres de la saison
1974/1975 sur le total global - est continue. Tableau 6 : Part des
arrivées de Kribi sur les arrivées nationales
(1972-1978)
Années
|
TG des arrivées internationales
|
Arrivées internationales de Kribi
|
1972
|
76400
|
1528,7
|
1973
|
85000
|
1700,8
|
1974
|
96000
|
1920,9
|
1975
|
108000
|
2161
|
1976
|
118800
|
2377,1
|
1977
|
89990
|
1800,6
|
1978
|
102983
|
2060,6
|
1979
|
106251
|
2126
|
1980
|
103317
|
2067,3
|
1981
|
101375
|
2028,4
|
1982
|
115518
|
2311,4
|
1983
|
116386
|
2328,8
|
Source : DPTS, Mars 2005.
Les arrivées varient entre 1528 et 2335 et selon
un mouvement de croissance soutenu. Mais cela n'est qu'une extrapolation qui ne
doit pas avoir la valeur des chiffres exacts. En effet, nous avons obtenu les
arrivées internationales de Kribi en partant des données
de
16 Le lancement du tourisme
balnéaire international organisé est opéré à
Limbé la saison 1967-1968 et seulement une saison après à
Kribi.
l'année 1975 dont le TG et les arrivées
internationales étaient disponibles pour la même année.
Mais beaucoup restent à élucider non seulement en ce qui
concernent l'explication des données d'autant que les producteurs de ces
données ne sont plus aux affaires mais aussi pour ce qui est des
conditions de production et la quantité de crédit à
accorder à de telles informations. Ainsi, on ne comprend pas
déjà par exemple pourquoi le nombre d'Allemands se réduit
drastiquement une année sur l'autre (Cf. Tabl.5).
Toutefois, il importe cependant de présenter
l'allure de la courbe que les séries statistiques disponibles pour les
périodes 1972-1983 et 1999-2004 donnent.
12000
10000
8000
4000
2000
0
Nombre de visiteurs
6000
Série1
Années
Figure 9 : Arrivées des visiteurs à Kribi
(1972-1983 et 1999-2004)
Les arrivées ont toujours évolué
en dents de scie parce que les dispositions pas prises ni pour anticiper, ni
pour agir sur les problèmes qui influeraient sur les arrivées
hôtelières. Il est très courant d'arguer que le
caractère transversal du secteur rend cette approche difficile voire
impossible. La courbe déjà brisée se rompt entre
finalement1983 et 1998. Il est possible que le changement opéré
dans l'orientation politique au plus haut niveau de l'Etat l'explique en
partie. Une autre explication est le fait que les moyens nécessaires
à la production de ces données ne sont plus alloués en
quantité suffisante et dans les délais souhaités par ceux
qui en ont la charge.
2.1.2. Le désengagement de l'Etat et le
flottement du secteur touristique
Pendant les années de crise, l'Etat sous
ajustement a dû se retirer des secteurs productifs dont le tourisme. Cela
se traduit par une absence quasi générale des statistiques
pourtant le MINTOUR est créé en 1989 - en remplacement du
Secrétariat d'Etat au Tourisme (1982) elle-même ayant
succédé à la Délégation
Générale au Tourisme (1975) - avec entre autres missions la
production de ces statistiques. Le pionnier de l'administration du tourisme est
l'Office National Camerounais du Tourisme qui fut érigé en 1970
en Commissariat Général au Tourisme17. Ces structures
ont certainement produit des statistiques mais qui nous ont pas
été possible de consulter parce que ne les ayant pas trouver et
parfois leurs détenteurs les qualifient de non crédibles et
partant de non publiables.
Qu'à cela ne tienne, le tourisme bat de l'aile
au courant de ce passage à vide, les services déconcentrés
du MINTOUR sont réduits à leur plus simple expression, les
délégations provinciales.
Dans ce contexte de désengagement, les
collectivités essaient de se positionner en jouant un rôle de plus
en plus fort pour tenter de maintenir le tourisme à un niveau
appréciable.
2.1.3. La relative prise en main par la
Communauté Urbaine de Kribi (CUK) et les autres
partenaires.
Le secteur touristique tente de se réorganiser
autour des municipalités sous le leadership de la CUK dans le
département de l'Océan et l'appui des ONG tels la SNV et le WWF.
Cela ne signifie pas que le MINTOUR cesse d'exister, au contraire, il a
été récemment créé la
délégation départementale pour l'Océan. Mais les
missions de développement du tourisme sont aux mains des
collectivités locales tandis que le MINTOUR en assure le contrôle
(Aménagement de la Bande côtière).
Une étude portant sur le plan
d'aménagement et de gestion de la bande côtière est en
cours d'adoption à l'initiative conjointe des communes rurales de Campo
et Kribi de même que de la commune urbaine de Kribi et avec l'appui
technique et financier de la SNV. Suivra ensuite une deuxième phase qui
consistera en réalisation (aménagement) de la bande
côtière.
Ces débuts bien que pénibles sont
promoteurs. Une des propositions de cette étude - la création
d'un office intercommunal de tourisme - a été adoptée et
mise en oeuvre et de nombreux projets sont en préparation. Le maire de
la CUK en est le président.
17 Essono E.F.,
2000.
2.2. L'analyse de la croissance du
phénomène touristique
Le phénomène touristique dans les marges
côtières présente une forte polarisation à Kribi.
L'essentiel des investissements en infrastructures et équipements y sont
concentrés et le reste de la région lui sert de faire-valoir.
Ceci peut être attribué à une planification insuffisante,
à un goût irrésistible pour le foncier en front de mer et
aussi à l'insuffisance des moyens de gestion du secteur.
2.2.1. Les difficultés de
planification
Le secteur touristique connaît de sérieux
problèmes de planification et de prospective à Kribi. En effet,
la croissance n'obéit ni à un plan d'ensemble, ni à la
réalisation de quelque objectif mesurable. Ainsi, ni dans les services
du DPTS et DDTO, ni au DDO/MINDAF ni ailleurs aucune carte n'est disponible.
Les attributions du MINTOUR qui connaissent du reste une certaine souplesse
dans leur application consistent en
· l'encouragement des investissements
touristiques,
· l'aménagement des sites,
· la promotion du tourisme camerounais,
· la collecte des statistiques et la formation du
personnel.
Il apparaît que les missions de prise en charge
de la planification ne sont pas la préoccupation du ministère
encore moins des municipalités de l'Océan. Aucun opérateur
ne peut se prévaloir de cette prérogative qui fait partie des
missions régaliennes de l'Etat. L'Etat et les autres opérateurs
touristiques subissent l'implantation des structures hôtelières et
de restauration. Il n'existe pas d'orientation en matière de
capacité d'accueil de Kribi, de leur localisation et de leur rythme de
mise en place.
De même, malgré l'inscription en bonne
place du rôle incitateur de l'Etat au rang de ses missions, aucune mesure
de nature à promouvoir et capter les investissements18 n'a
été prise dans cette région. Au contraire, les
griefs19 des promoteurs vis-à-vis des pouvoirs publics sont
de plus en plus nombreux et témoignent bien souvent d'un
découragement rampant au sein de la corporation des promoteurs
touristiques de cet univers.
A la décharge des autorités en charge
du tourisme, le contexte de crise économique avec ses corollaires sur le
train de vie de l'Etat réduit les capacités d'intervention
corrective et les possibilités de réalisation. De plus, la
création d'un organisme ayant pour mission d'étudier et de mettre
en valeur le département de l'Océan participe de cette logique de
dédouanement des
18 Détaxe,
création des lotissements touristiques, octroi des crédits aux
potentiels investisseurs...
19 Tarification
électrique asphyxiante, fiscalité exorbitante et
écrasante, législation contraignante
pouvoirs publics. Leurs travaux sont aujourd'hui
pratiquement à leur phase terminale - du moins pour ce qui est de la
phase étude - et consacrent une large place au tourisme mais restent
cependant pour une part dans l'imprécision en ce qui concerne le (s)
type (s) de tourisme à développer sur la base de la demande
actuelle dans la région et l'offre des destinations
concurrentes.
Il reste que c'est de la navigation à vue dont
les conséquences spatiales sont déjà
perceptibles.
2.2.2. La ruée imparable vers le foncier en
front de mer
Même pendant la période des plans
quinquennaux où l'Etat définissait avec précision les
objectifs sur tous les 5 ans et mettait tout en oeuvre pour les
réaliser, on a pu se rendre compte d'une croissance spontanée.
Cela peut s'expliquer par le fait qu'il se focalisait sur les investissements,
les réalisations. Les objectifs premiers poursuivis concernent :
l'augmentation et l'amélioration de la capacité d'accueil du
pays, l'augmentation du nombre de touristes à recevoir, la participation
effective des Camerounais à la consommation touristique,
l'aménagement des sites et des circuits touristiques, la mise en place
des moyens nécessaires à la réalisation des programmes de
développement touristiques arrêtés. Ainsi la planification
et la réglementation sont venues seulement par la suite du moins sur le
domaine maritime et fluvial. C'est ainsi que le régime foncier
entré en vigueur en 1974, trouve un front de mer ayant
déjà fait l'objet d'une certaine occupation. L'Etat s'en
accommode du fait de la non rétroactivité de la loi et/ou du
risque de dédommager toutes les occupations antérieures à
cette loi. Il se résout - selon les dispositions nouvelles du
régime foncier - à maîtriser les installations futures.
Aujourd'hui pourtant toutes les terres en bordure de mer sont totalement
occupées et 75% de titres fonciers attribués20 de
façon régulière et très souvent en violation de
l'emprise maritime et fluvial. Car les normes prévoient que les
installations en matériaux définitifs ne doivent se faire
qu'à 50 m après la ligne des plus hautes eaux et 25 m
après le lit majeur des fleuves. De plus, les sols ne doivent pas faire
l'objet de vente par contre, ils peuvent être cédés. A ce
moment-là, les morcellements et les mutations sont possibles. En outre,
la porosité de ce sol sablonneux ne favorise pas l'édification
des bâtisses colossales d'autant que sa capacité portante est
très faible. Le constat sur le terrain est désolant (Cf.
Figure 11). Les constructions nombreuses germent de terres tous les jours
au grand dam de cette réglementation et les pouvoirs publics assistent
impuissants au développement de la clandestinité.
20 Entretiens personnels
avec le Délégué Départemental des Domaines et des
Affaires foncières de l'Océan.
L'explication la plus plausible de l'attrait pour les
espaces côtiers de plus en plus difficile à contenir tient au fait
que les détenteurs de ces terres sont très souvent des hautes
personnalités de la République qui se croient obligées
d'être au-dessus de la loi pour satisfaire leurs caprices, même les
plus folles. Elles y construisent des résidences secondaires de haut
standing ou des hôtels qui sont par la suite classés.
2.2.3. La modicité des
moyens
La DPTS et la DDTO sont tous les deux logés
à Kribi. Il est vrai que la deuxième est de création
très récente21 mais elle n'a pour assurer son
fonctionnement que le Délégué dont les services occupent
une pièce dans les locaux de la DPTS. Celle-ci n'est pas non plus bien
lotie. La carence en quantité de personnel est aggravée le niveau
de qualification de ce nombre.
Le manque de matériel fait également
partie des difficultés rencontrées par cette administration.
L'ordinateur est encore une curiosité ici et tout le travail se fait de
façon manuelle et il n'est pas étonnant que les résultats
des calculs des sommes des fiches statistiques que nous avons
dépouillées ne coïncident que très rarement avec ceux
qui sont automatiquement générés par le tableur Microsoft
Excel.
Les finances manquent aussi cruellement et limitent les
actions que voudraient
entreprendre ces autorités en charge du
tourisme du point de vue institutionnel. Le DPTS a düabandonner
l'usage de son véhicule de fonction, l'unique de ses services, à
cause des notes
d'entretien écrasantes.
Au total, on peut dire que l'évolution du
tourisme dans les marges côtières de la province du Sud ne s'est
pas faite selon un mouvement ascensionnel continu depuis l'indépendance.
Car après la décennie prometteuse de démarrage (1960-1970)
a suivi une longue période de flottement et de crise avant que ne
s'observe tout récemment (depuis 1998), les nouveaux
frémissements d'un probable décollage avec des acteurs nouveaux,
l'Etat se désengageant progressivement des secteurs productifs de
l'économie. Les marques de ce retrait de l'Etat sont perceptibles tant
en ce qui est de la planification, de la régulation, de
l'aménagement et du marketing du territoire touristique de cette
région.
21 Mars 2005
3. LE TOURISME ET LE TERRITOIRE TOURISTIQUE DE
KRIBI
Le tourisme s'insère dans un cadre physique
par subversion et conquête22 (Cazes et ali, 1993).
Ces pouvoirs dont le tourisme est doté en font souvent une source
potentielle de danger aussi bien pour le milieu que pour les populations qui y
vivent ou en dépendent pour leur survie. Kribi n'a pas toujours
été un haut - lieu de tourisme au Cameroun, cette ville est
même beaucoup plus récente que Limbé qui propose aussi le
tourisme balnéaire. Le fait touristique s'y déploie depuis
seulement moins de 3 décennies.
3.1. L'entrée et l'extension du fait
touristique
La ville prend naissance bien avant 1884, autour d'un
débarcadère, d'abord comme comptoir avec les Portugais, puis elle
s'est ensuite développée en suivant le bord de mer et les
principales voies d'accès (Chendjou et ali, 2003). Ceci permit
les échanges des populations locales avec les Occidentaux. Ces relations
se poursuivent aujourd'hui sous la forme de tourisme.
Tout commence dans la région par Kribi avant
de s'étendre progressivement vers son arrière pays aujourd'hui.
Dès la saison 1968-1969, des touristes sont envoyés à
Kribi qui ne compte jusque là que 80 chambres. Le centre d'accueil est
ouvert depuis 1932 et sert au départ de gîte d'étape pour
l'administration française. Après l'indépendance, les
étrangers viennent s'y reposer et se détendre sur les plages de
Kribi. Palm Beach Hôtel et Strand Hôtel vont être construits
par la suite tous sur la rive gauche de la Kienké et s'étirer
progressivement vers le sud. Sur la rive droite, la construction de la
Résidence présidentielle va retarder l'occupation. Mais de nos
jours, elle est devenue dense et plus importante que sur l'autre
rive.
22 Le premier se manifeste
par détournement de l'utilisation dominante d'un lieu, tandis que le
deuxième travaille à intégrer de nouveaux lieux à
l'espace touristique.
Source : Tchawa et al, 2004
Figure 10 : Distribution des établissements
d'hébergement dans les marges côtières du Sud
Cameroun
L'analyse de cette entrée du tourisme dans les
marges côtières de la province du Sud porte aussi bien sur la
dimension spatiale que sur celle du temps. Sur le plan spatial, le mouvement
d'insertion n'est pas que linéaire en suivant le trait de côte,
mais il s'écarte maintenant vers l'intérieur en conquérant
les terrains les plus intéressants. En effet, bien que les
activités de loisir consomment souvent les espaces vacants sans valeur
agricole, il leur est aussi usuel de conquérir « les replats bien
exposés, plus faciles à travailler, terres draînées
et remembrées et tentant les promoteurs [...divers] (Meur et
al, 1991). Autrement dit, très souvent ce sont des espaces
particulièrement convoités pour diverses activités
humaines que les installations de tourisme cherchent à acquérir.
La densité forte de l'occupation du front de mer en est une
illustration.
Centre d'accueil & Palm Beach
OCEAN ATLANTIQUE
Vers Eboundja
Vers l'hinterland en dehors de la ville et vers
le Centre ville de Kribi
Vers le fleuve Nyong
Source : Tchawa et al, 2004
Figure 11 : Densité des établissements
hôteliers et croissance du phénomène touristique
à Kribi
Avec les 65% des infrastructures
hôtelières construites sur un espace compris entre 0 et 100 m du
rivage, l'intérêt des promoteurs est manifeste pour ce genre
d'espace. A défaut de pouvoir y avoir accès, certains autres
investisseurs se sont contentés des terrains à la lisière
du
front de mer (22%). Ce qui fait 87% du territoire
touristique localisés à moins de 500 m de l'Océan
Atlantique. Seulement 13% de cet espace se situent au-delà des 500 m et
consistent essentiellement en auberges pour les visiteurs les moins
fortunés et pour les noctambules du Carrefour KINGUE autour duquel la
vie nocturne s'organise à Kribi. C'est d'ailleurs le cas depuis de
nombreuses années.
Cette extension du tourisme à Kribi dans sa
traduction spatiale comporte également une version temporelle. Le point
de départ se situe au Centre d'accueil qui est à l'origine (en
1936) une maison de repos pour missionnaires puis plus globalement pour les
étrangers dans la région. Il faudra attendre 1968 pour que l'Etat
construise l'hôtel Palm Beach et Strand Hôtel pour répondre
aux sollicitations des touristes Allemands. Aucune source à notre
connaissance ne fournit les informations sur la progression
détaillée des installations hôtelières à
Kribi. Celle de la DPTS permet cependant de dire qu'en 1999, il existe
déjà 43 hôtels à Kribi, 45 en 2000, 50 en 2001 et
2002. De nos jours, la barre des 50 établissements d'hébergement
est largement franchie (Annexe E). En 2003, les trois structures les
plus à l'Est voient le jour. Il s'agit de Hôtel Mont Neyang,
Hôtel Consulat, Hôtel Le Marseillais. Ainsi la majorité des
hôtels ont été créés dans la période
de 1998 et 2003. Cela s'explique par la prise de conscience des promoteurs
hôteliers qui n'ont pas continué à attendre la moindre
mesure incitative pour se lancer dans le secteur de
l'hôtellerie23.
En Septembre 2005, le dernier établissement
hôtelier (Résidence Donna) se trouve entre le Cercle
Italo-Atlantique et la Belle Hollandaise (Nord Est Fig.10), soit
environ 6,5Km tandis que l'hôtel Consulat est situé à
environ 5 Km du point d'origine (Centre d'Accueil). En soixante (70) dix ans,
la vitesse moyenne de consommation de l'espace par les établissements
d'hébergement à Kribi est d'01 Km tous les 10 ans environ tandis
qu'elle tourne autour de 800 m pour la même période vers
l'Est.
Quoique historiquement récente dans l'espace
de la municipalité de Kribi, l'activité touristique y a
déjà quasiment diffusé ses effets au point de devenir la
raison d'être ou la fonction principale de la ville. Sa consommation de
l'espace est sélective des milieux les plus prisés du fait de
leur situation favorable par rapport aux attractions touristiques naturelles et
abusive à cause d'une occupation anarchique et effrénée du
territoire. On observe ainsi que le secteur de l'habitat de luxe est
destiné à l'usage touristique et se développe à
proximité immédiate de la grande avenue du front de mer sur un
écosystème fragile. Tout logiquement, les populations sont
casées à bonne distance dans les sites les moins convoités
parce que mal
23 Entretiens personnels
avec le DDTO.
famés. Leur habitat populaire s'étale
en arrière-plan de ces espaces attrayants alors que les versants donnant
sur la mer sont encore `mités' par des habitations de grand standing
à l'image de la riviera italienne.
Au-delà de Kribi, il existe très peu
d'établissements d'hébergement et ceux qui sont ouverts sont
essentiellement les auberges (Annexe E). Il en est de même des
restaurants qui n'existent pas dans l'arrière-pays du moins sous la
forme classique comme à Kribi.
Si à Kribi, le fait touristique est
déjà rentré dans les habitudes parce que bien
inséré, il n'en est pas encore le cas dans l'arrière-pays.
En effet, à une cinquantaine de kilomètres au Sud sur l'axe
routier Kribi-Campo, se développent de nouvelles expériences
différentes de celle de Kribi. Il s'agit du modèle
d'écotourisme qui gagne progressivement les villages Ebodjé et
Nko'élon.
3.1.1. Ebodjé, un village
écotouristique de prestige
Ce village écotouristique n'est au
départ qu'une idée dans la tête de Mme Monique Van MEEGEREN
(assistante technique) qu'elle va gérer sous le couvert du projet
Campo-Ma'an sans en préparer le document, ni associer qui que ce soit
dans son élaboration. Il est difficile d'en connaître les
objectifs de départ, les résultats attendus et le budget. En
revanche, on sait que dès Mars 1999, un comité
d'écotourisme (EBOTOUR) a été créé. Il est
composé de dix villageois qui organisent les activités
d'écotourisme, gèrent et distribuent les sommes d'argent
versées par les visiteurs (touristes et chercheurs).
Les ressources du comité provenant de la
compensation environnementale, des 10% du montant de la prestation, des dons et
autres versements sont utilisées pour payer un perdiem aux membres du
bureau (10% de la moitié des fonds prélevés sur le
1/60ème de l'ensemble des pourcentages
prélevés), pour les oeuvres sociales du village (5%) et le reste
pour le fonctionnement du bureau.
Le comité se réunit obligatoirement
lorsque les touristes sont annoncés pour attribuer les tâches aux
prestataires recensés. Ceux-ci travaillent de manière rotative
selon un calendrier dressé par le délégué
spécialisé (hébergement, restauration, culture, guidage et
artisanat) membre de droit d'EBOTOUR.
L'offre touristique bien fournie de ce village a un
coût. Il se compose de l'accueil, l'hébergement, la restauration
et les services (pique-nique, camping à la plage, soirées
culturelles, guidage : excursions et ballades).
Tableau 7: Offre touristique du village
écotouristique Ebodjé.
Services et activités
|
Frais à payer
|
Logement
|
|
2 000 francs/chambre/nuitée
|
Restauration
|
Petit déjeuner
|
750 francs/personne
|
|
1 500 francs/personne
|
|
750 francs/enfant
|
Pique-nique
|
1 500 francs/personne
|
Camping à la plage
|
1 500 francs/personne
|
Excursions et ballades avec guides
|
Ballade au rocher du loup en voiture
|
1 000 francs/personne
|
|
2 000 francs/personne
|
|
2 000 francs/personne
|
|
1 000 francs/personne
|
|
5 000 francs/pirogue/2 personnes
|
|
5 000 francs/pirogue/3 personnes
|
|
3 500 francs/personne
|
|
2 000 francs/enfant
|
Soirées culturelles (danses, folklore,
contes...)
|
10 000 francs/soirée
|
|
Source : EBOTOUR
Cette offre semble correspondre à la demande
touristique effective exprimée par les visiteurs de ce village. En
revanche, quelques améliorations provenant des suggestions de ceux-ci
sont envisageables pour une offre actualisée et plus satisfaisante. Il
s'agit par exemple du grill ou barbecue de poisson et de gibier non
protégé, des soirées dansantes dans des bars dancings, des
ballades libres à la plage et en forêt. En outre, l'organisation
des sports nautiques, les soirées de guérison, les ballades au
Rocher du Loup, les séances de théâtre portant sur le
mariage et les funérailles chez les Iyassa pourraient étoffer
cette offre déjà assez satisfaisante. La tarification ne pose pas
de problème pour les groupes de touristes fortunés de ce village
d'ailleurs dans une enquête effectuée à Kribi auprès
de 212 touristes, 79% de cet effectif aimeraient séjourner à
Ebodjé (Kamga, 2001).
A cette offre originelle se greffe aussi une
filière de PROTOMAC (Projet de Protection des Tortues Marines d'Afrique
Centrale) qui est un réseau de terrain hébergé par la
cellule de coordination ECOFAC de Libreville au Gabon. Son objectif est la
valorisation par le biais du tourisme de vision, des tortues marines en
période de ponte sur les plages, en phase
d'alimentation sur les herbiers sous-marins (Rieucau,
2001). Cet effort porte sur cinq espèces de tortues du golfe de
Guinée (la tortue verte : Chelonia mydas, la tortue
imbriquée : Eretmochelys imbricata, la tortue luth :
Dermochelys coriacea, la tortue olivâtre : Lepidochelys
olivacea et la tortue couanne : Caretta caretta) des huit vivant
dans l'océan mondial. Les quatre premières sont
considérées par les scientifiques comme menacées tandis
que la dernière est seulement vulnérable (Sounguet, 1998). La
promotion sous-régionale du tourisme d'Ebodjé lui vaut une plus
grande popularité. Mais quelques dysfonctionnements internes ternissent
l'image de cette expérience recommandable. D'ailleurs, tout
récemment l'OMT l'a choisi avec trois autres sites au Cameroun pour y
mettre en oeuvre le concept d' écotourisme qui lui est cher.
La situation d'Ebodjé est déjà
organisée et promeut une certaine forme de développement mais ne
fait pas encore l'objet d'une ample promotion. C'est à peu près
le cas du village forestier de Nko'élon au point naissant.
3.1.2. Nko'élon, une initiative naissante
mais prometteuse
Suite à un séjour effectué dans
ce village, il nous est apparu qu'il était préparé depuis
les phases de sensibilisation menées dans la région par la SNV.
Il y existe une organisation formelle (CEN) depuis 2000 qui tourne au ralenti.
Il est exactement monté sur le modèle d'Ebodjé mais exige
aujourd'hui d'être redynamisé. Des efforts sont en cours de
réalisation pour modifier la donne. En revanche, les populations de ce
village croient fortement en l'écotourisme comme levier de leur
développement et un outil efficace de conservation de la
diversité biologique, surtout qu'ils sont à moins de 10km du PNCM
et peuvent plus habilement préserver les ressources de l'environnement
qui sont sur le pas de leurs portes et des animaux qui sont fréquemment
de passage au village.
3.2. Les mutations-socioenvironnementales
provoquées par le tourisme
L'entrée du tourisme dans un milieu produit
forcément des transformations dans la mesure où en s'inscrivant
dans un espace qu'il marque notablement de son empreinte, il sollicite aussi
les sociétés ouvertes ou non par infiltration et/ou par
séduction. Mais il faut tout de suite indiquer que ces
conséquences bien que souvent négatives sont aussi parfois
positives. A Kribi, quelques-unes sont déjà connues tandis que
les autres se présentent encore sous la forme potentielle.
3.2.1. Les effets négatifs et
concurrence
Bien souvent mis sous l'éteignoir dans les
guides de voyage et dans tous les autres supports à valeur
promotionnelle, le tourisme comporte quelquefois de nombreuses
conséquences négatives sur l'espace et les hommes qui y vivent.
Elles sont variables mais déjà perceptibles sur les marges
côtières de la province du Sud.
Pour être synthétique, nous en
présentons une illustration (Celle du recul des plages et de
l'instabilité des structures qui y sont édifiées) avant de
résumer dans le tableau qui suivra quelques-uns de ces effets
négatifs.
Photo 6 : Recul du trait de côte sous le fait de
l'érosion marine
Les eaux de la mer ont déchaussé les
cocotiers qui bordent les plages. Celles-ci ne subsistent plus que grâce
à son système racinaire abondant et bien enfoui dans le sol.
Cependant, il est lentement mais très sûrement érodé
par la brutalité du ressac des vagues et l'action chimique de l'eau de
mer.
Pour ce qui est du tableau synthétique, il
présente les effets négatifs et les concurrences d'une part sur
le milieu physique et d'autre part sur les sociétés humaines dont
le vécu emprunte à ce milieu, certaines ressources
précieuses à l'équilibre des populations de la
région.
Ces effets négatifs malgré leur
quantité importante sont peu évoqués dans les
opérations marketing. On leur préfère toujours les autres
plus généralement vantés du fait des
bénéfices qu'ils génèrent, en prenant bien soin
d'éluder toute allusion à ceux-ci malgré le fait qu'ils
partagent tous le même espace.
3.2.2. Les effets
bénéfiques
Par effet positif, nous entendons tout avantage que
le tourisme procure au milieu physique et aux sociétés humaines
dans une localité donnée, ce qui en fait très souvent un
lieu de charme et de rêve. Dans les marges côtières de la
province du Sud, on en recense un certain nombre. Tout comme les effets
négatifs, les positifs sont ici structurés de manière
synoptique dans le tableau ci-dessous avec leurs manifestations et leurs
localisations.
Tableau 8 : Les effets positifs du tourisme sur
le milieu et les hommes dans les marges côtières de la province
du Sud
Cibles
|
Effets positifs
|
Manifestations
|
Localisation
|
Sur le milieu physique
|
Protection et entretien des
ressources écologiques
|
Elaboration en cours du plan d'aménagement
et de gestion,
PROTOMAC
|
Bande
côtière Ebodjé
|
|
Attractivité des ressources
|
Kribi
|
|
Création du parc pour la conservation
de ressources menacées
|
Campo-Ma'an
|
Sur
les sociétés humaines
|
Coopération
|
Jumelage des villes de Kribi et Ebodjé avec
de deux villes françaises
|
Promotion des villes de Kribi et
Ebodjé
|
|
Echanges multiples entre l'amphitryon et
l'habitant
|
Nko'élon et Ebodjé
|
|
Propreté et modernité
|
Kribi
|
|
Occupation dans l'hôtellerie, la
restauration et le guidage
|
Kribi, Ebodjé, et Campo
|
|
Salaires et/ou commissions, retour
sur investissement
|
Kribi
|
|
Taxes et impôts divers
|
Municipalités de Kribi et Campo
|
|
Tourisme, pêche et agriculture
|
Kribi et son arrière-pays
|
|
Au Sud de Kribi, la présence de la base
militaire de Campo constitue un atout sérieux pour le tourisme dans la
région d'autant qu'elle est dissuasive pour les éventuels
colporteurs d'insécurité. En conséquence, aucune menace
d'insécurité n'est perceptible ici.
Il est vrai que ces effets positifs restent
diversement appréciés parce que les bénéfices sont
soit indirects ou imperceptibles, soit largement discutables. Mais quoiqu'il en
soit, il faut reconnaître que s'il existe déjà des effets
négatifs et positifs, leur survenance s'explique par des
mécanismes sur lesquels il est parfois possible à l'homme d'agir
pour en contenir les conséquences négatives. Tout cela passe par
l'analyse des relations entre les différentes composantes en
présence. Il s'agit de maîtriser les menaces virtuelles et
potentielles que l'on appelle les risques (Cf. Figure 12).
3.2.3. Les risques
Ce sont des dangers réels ou supposés
qui pèsent sur une localité donnée et peuvent avoir des
effets déplaisants sur le tourisme et la vie des populations locales
d'une part, et/ou d'autre part, dont l'origine se trouve dans le
développement de l'activité touristique ellemême.
Généralement, on les catégorise en risques naturels et
sociétaux. Ainsi, en y souscrivant, nous dresserons un tableau qui
récapitule les risques, leurs manifestations et leurs localisations. La
carte des facteurs de risques viendra par la suite illustrer quelques-uns des
signaux d'alarme qu'il faut prendre en compte pour éviter des situations
dramatiques dans un avenir proche ou lointain.
Mais avant toute chose, il faut tout de même
signaler qu'il s'agit pour ce qui suit des risques à l'échelle
locale (Kribi et sa région). Les autres - couramment
évoqués tels les risques à caractère politique et
sanitaire liés à situation socio-économique
générale du pays - ne sont pas recensés dans le
présent travail.
Tableau 9 : Risques et tourisme dans les marges
côtières de la Province du Sud
Figure 12 : Facteurs de risques pour le tourisme dans
les marges côtières du Sud Cameroun
En guise de bilan, il est clair que le tourisme n'est
pas partout le seul agent de perversion et de dégradation parce qu'il
est rarement l'unique à l'oeuvre. C'est généralement la
combinaison de facteurs complexes qui produit le résultat de
l'altération de l'espace et de la vie des hommes. Par exemple à
Kribi, le développement de la prostitution au carrefour KINGUE n'a pas
de rapport avec la présence des touristes ou une quelconque
activité proprement touristique. C'est aussi le cas de Campo Beach ou
Ipono où le marché du sexe ne procède pas de
l'activité touristique. Dans certains cas comme sur la plage, il
l'explique en partie ou en totalité. Tout est fonction du fait et des
causes qui l'expliquent. Il participe clairement et de plus en plus aujourd'hui
au maintien et à la mise en valeur de l'espace, travaillant ainsi
à la reterritorialisation.
La préoccupation de ce chapitre était
au départ de répondre à la question de savoir pourquoi le
tourisme se développe si difficilement dans le département de
l'Océan pourtant si riche en potentialités? Pour y apporter une
réponse, nous nous fixions l'objectif qui consistait à dresser un
état des lieux du développement touristique avant d'en
présenter les conséquences. Aussi avons-nous émis
l'hypothèse que l'insertion du tourisme est subie et de plus en plus
forte dans les marges côtières du Sud Cameroun. Pour y parvenir,
nous avons exploité d'une part les données de première
main que nous avons obtenues par observation directe et entretiens semi
directifs lors des descentes sur le terrain auprès de quelques
communautés villageoises et d'autre part les données de seconde
main issues de la littérature et de la statistique touristique. Tout
ceci nous a permis de présenter le milieu d'action, l'évolution
et les effets de cette insertion dans la ville de Kribi. Nous sommes par la
suite parvenus à la réponse que le milieu favorable comporte de
nombreuses ressources touristiques naturelles et culturelles dont
l'organisation et la prospection font défaut. Les conséquences
tant positives que négatives sont déjà perceptibles tandis
que d'autres sont encore seulement potentiels. Néanmoins, il est
évident que l'insertion du tourisme est forte mais davantage
polarisée à Kribi.
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