2.3.2. L'évolution de la population
L'évolution de la population d'Agbonou a
été rapide. Aujourd'hui, plus du quart de la population de la
ville d'Atakpamé vit à Agbonou. Cette évolution se
résume dans le tableau ci-dessous :
Tableau n°7: Evolution de la population
d'Agbonou entre 1899 et 2004
ANNEES
|
1899
|
1940
|
1959
|
1981
|
1997
|
2004
|
Population
|
405
|
1291
|
4154
|
8623
|
13008
|
17401
|
Source: Direction Régionale de la Statistique
et de la Comptabilité Nationale -Plateaux- (DRSCN-PL)
En 1899, pendant la colonisation allemande, le village
d'Agbonou abritait 405 âmes. Ce village a commencé à
prendre de l'importance sous le mandat français, avec le
développement des transports, ainsi que de sa position sur l'axe
ferroviaire du centre; on comptait 1291 hbts en 1940. Au recensement de 1958-
1960, la population d'Agbonou atteignait 4154 hbts donnant ainsi une croissance
de 10,8% (Dupont, op. cit.). Lors du recensement de 1981, Agbonou ne figurait
pas sur la liste des quartiers d'Atakpamé. Il n'était qu'un
faubourg, mais il enregistrait 8623 habitants. En 1997, lors de la cartographie
censitaire, la population du nouveau quartier est estimée à 13008
hbts. Sept ans plus tard, en 2004, sa population est estimée à
17401 hbts soit 25% de la population totale de la ville (71100 hbts).
Aujourd'hui on l'estime à plus de vingt mille habitants. La figure
suivante retrace de façon plus lisible l'évolution de cette
population.
Figure N°3:
![](Agbonou-dynamique-dun-quartier-peripherique-dAtakpame7.png)
Source: Données de la DRSCN-PL-
La courbe d'évolution de la population d'Agbonou a
presque l'allure de celle d'une fonction exponentielle en mathématique.
Le nombre des habitants d'Agbonou augmente à un rythme soutenu. De 1900
à 1940, la croissance est
restée plus ou moins constante. La population n'a fait
que tripler passant de 405 hbts à 1291hbts. Mais de 1940 à 1997,
cette population s'est multipliée par 10, allant de 1291 à 13008
hbts. Depuis lors, on enregistre une croissance soutenue de la population. Le
taux de croissance entre 1997 et 2004 est de 3,28%, ce qui est largement
supérieur à la moyenne nationale (2,5% en 2004, PNUD). Cette
rapidité de la croissance de la population est liée à
plusieurs facteurs dont l'exode rural.
2.3.3. Les facteurs de l'évolution de la
population
La population d'Agbonou, estimée à 17401 hbts en
2004 était de 13001 âmes en 1997 et bien moins encore il y a une
dizaine d'années. Quelles sont les raisons qui expliquent
l'évolution rapide de la population d'Agbonou ? Entre le croît
naturel, l'exode rural et les migrations résidentielles qu'est-ce qui
peut bien être le facteur déterminant dans l'évolution
démographique du quartier?
2.3.3.1. Un apport naturel
réduit
En l'absence de données chiffrées
spécifiques sur Agbonou permettant d'avoir une idée
précise sur tous les éléments du mouvement naturel de la
population, il nous est impossible d'évaluer correctement l'importance
réelle du croît naturel dans ce quartier. Toutefois, en supposant
que les moyennes démographiques d'Atakpamé reflètent assez
bien les réalités d'Agbonou, nous pouvons nous permettre
d'émettre l'hypothèse que le taux de natalité à
Agbonou serait voisin de celui d'Atakpamé. Ainsi, le taux de
natalité d'Atakpamé comme à Agbonou donc en 2000 est de
35°/oo. Ce taux était de 44°/oo il y a vingt ans de cela
(DRSCN-PL). Cette baisse s'explique par plusieurs facteurs : d'une part, la
crise pétrolière de 1979 et la dévaluation du franc CFA en
1994 ont entraîné le phénomène de la vie
chère au Togo réduisant considérablement la taille des
ménages. D'autre part, l'émancipation des jeunes filles, la
vulgarisation des contraceptifs, le changement des mentalités et le
progrès de la médecine, ont
entraîné une baisse de la
fécondité. Tous ces facteurs dont la liste est loin d'être
exhaustive ont concouru à la réduction de l'Indice
Synthétique de Fécondité qui passe de 6,1 enfants/femme
(1990) à 3,7 enfants/femme en 2000. La taille modeste des ménages
que nous avons enquêtés (3 à 4 enfants) nous confirme non
seulement notre hypothèse, mais aussi que l'apport naturel n'est pas le
moteur principal de cette croissance démographique. Par ailleurs, le
taux d'accroissement naturel (TAN) de la population à Agbonou
était de 2,18% en 1997 et de 3,28% en 2004. Il apparaît donc clair
que la rapide densification du quartier n'est pas le fruit d'un apport naturel
élevé quand bien même il participe pour peu. Il existe
sûrement, un autre élément qui sous tend la dynamique
démographique à Agbonou ; c'est le phénomène
migratoire.
2.3.3.2. Le phénomène
migratoire
Nous en distinguons deux types : l'exode rural et la migration
résidentielle à l'intérieur de la ville.
2.3.3.2.1. Un exode rural massif vers
Atakpamé
Hormis les courants migratoires anciens, qui ont
contribué à la fondation d'Atakpamé, il est important de
souligner que cette ville reste encore aujourd'hui un champ d'immigration.
Selon nos enquêtes, 10,6% de la population d'Agbonou vient directement de
la Région Maritime ; 7,9% de la Région des Plateaux et 3,6% de la
partie septentrionale comme l'illustre la figure N°4 suivante :
![](Agbonou-dynamique-dun-quartier-peripherique-dAtakpame8.png)
Figure N°4
Source : nos enquêtes
En effet, Atakpamé est situé dans une
région essentiellement marquée par le développement des
activités agricoles. La ville est le centre commercial d'une
région de plantation, produisant principalement du cacao. L'abondance
des denrées alimentaires, ajoutée au développement des
activités informelles, constitue un facteur attractif très
remarquable pour la population togolaise et surtout pour la population des
villages environnants comme Akparé, Gléi, Datcha et autres qui
représentent 45,1% des habitants. Ils arrivent aussi pour d'autres
raisons comme les « affaires », la scolarité ou
l'apprentissage d'un métier.
Actuellement, l'immigration est accentuée avec le
phénomène taxi-moto dans la ville d'Atakpamé (Sonokpon,
op. cit.). Le quartier Agbonou est le domaine privilégié des
migrants à cause de la bonne marche des activités liées
à la route N°1. Bien que nous n'ayons pas pu évaluer le
solde migratoire, il est certainement positif, puisque l'émigration est
moins importante à Atakpamé.
A l'intérieur de la ville, le déplacement des
populations est marqué par le peuplement du nouveau quartier.
2.3.2.2. Une migration résidentielle
importante
Depuis la déviation de la route N°1 en 1970 qui
passe dorénavant par Agbonou et non par le centre-ville, Agbonou suscite
beaucoup d'attraction chez les commerçants. Selon nos enquêtes,
31,9 % des résidants viennent des anciens quartiers de la ville comme
Djama, Doulassamé, Lom-Nava, Zongo-Kotokoli, etc. La facilité
d'accès qu'offre le site du quartier, l'opportunité de
développement et de création des activités informelles
qu'offre-la route N°1, sont quelques unes des raisons qui ont
poussé à la migration résidentielle dans les années
70. D'autre part, le développement des moyens de transport dans la ville
a aussi encouragé la population à aller habiter Agbonou sans
avoir le souci de déplacement vers le centre-ville à cause de la
prolifération des Taxis-moto.
D'après la figure N°5 suivante:
Figure N°5: Période de migration vers
Agbonou
![](Agbonou-dynamique-dun-quartier-peripherique-dAtakpame9.png)
Source : nos enquêtes
Il y a eu une ruée des Atakpaméens vers Agbonou
à partir de 1991 et ceci pour plusieurs raisons. D'abord, pour
construire dans une zone de plaine qui revient moins chère et plus
accessible. Ensuite pour louer une chambre bien aérée et enfin
pour être proche de son service ou de son atelier. Mais, cette descente
de la population vers Agbonou était importante pour une autre raison
encore. La mise à exécution partielle du nouveau plan-directeur
de la ville qui a prévu pas mal d'équipements scolaires,
sanitaires, culturels et administratifs, en témoigne la mise en place
des bureaux de la préfecture qui ont commencé depuis longtemps
dans le quartier.
Au finish, longtemps accrochée aux flancs des
montagnes, la population de la ville aux sept collines a fini par céder
aux atouts que présente le nouveau quartier. Cette ruée
progressive vers Agbonou se traduit non seulement par l'accroissement sensible
de la population, mais aussi par l'extension spatiale de cet espace
périurbain.
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