La problématique de la gouvernance locale dans la région de l'est-Cameroun: une analyse de la perception du maire par les populations de la ville de Bertoua( Télécharger le fichier original )par Bertille Arlette JIOKENG NDOUNTIO Universite Catholique d'Afrique Centrale - Master en Gouvernance et Politiques publiques 2010 |
Paragraphe 2. L'action du maire à l'interface de l'affirmation de son autorité et desaspirations des populations localesComme nous l'avons précisé aux paragraphes précédents, la maire se trouve à califourchon entre l'exercice de son autorité et la considération des avis de tous ses administrés. Impliquer ou ne pas impliquer la population, telle est la question. Il faut dire que les élus ne se pressent généralement pas vers leurs administrés, notamment vers la population jeune sinon que pour requérir leurs suffrages87(*). Entre ce qui est et ce qui doit être, le fossé ne cesse d'être entretenu par ceux qui sont mandatés par les citoyens et ces derniers le constatent chaque jour. En particulier les jeunes qui semblent définitivement fâchés avec les élus. A moins que ces derniers se ressaisissent et s'occupent de cette catégorie de la population qui représente l'avenir du pays88(*). Dans de multiples domaines, les maires mettent les choses en relation, ils fédèrent des partenaires. Cette fonction est devenue tellement centrale qu'il ne faut pas s'étonner si beaucoup d'élus hésitent à se représenter. Les responsabilités sont considérables et les garanties juridiques relativement faibles. Il faut réfléchir à une meilleure séparation des pouvoirs et surtout à une meilleure répartition des responsabilités entre les différents niveaux de fonctions électives, et donc de collectivités locales89(*). Mais, seulement, à ce côté « intégriste » de la représentation locale, qui affranchit potentiellement les maires du contrôle démocratique, leur immersion dans la population peut être présentée comme un phénomène compensatoire. Certaines décisions échappent évidemment et sans gêne à tout contrôle des citoyens, si tant est que participation soit synonyme de contrôle. L'appel à la participation, plus, à l'implication des populations à l'action publique du maire semble donc ne pas constituer une obligation pour certains magistrats municipaux et pour certaines décisions relevant du secret d'Etat. « Entre consultation et concertation, cette forme d'appel à la participation vise d'abord l'efficacité90(*) ». Cela signifie sans doute que la visée principale, sinon première de la « consultation » des populations pour parler de leur implication à la prise des décisions serait l'amélioration de l'efficacité de ladite action. Aussi, cela voudrait dire qu'en l'absence d'un tel objectif, impliquer les populations reviendrait à procéder à une opération vaine. * * * Ce chapitre a permis de saisir la relation qui existe entre l'image que se fait un individu du maire et sa participation à l'action dudit maire. Plus qu'un lien direct entre représentations et pratiques, l'on se rend compte que l'appréciation de l'action du maire est un facteur déterminant de l'adhésion à ses décisions. Cette appréciation, qu'elle soit positive ou négative, fait appel au capital sympathie du maire et à sa capacité à mobiliser les forces locales. Mais en plus, la présence ou non de réalisations visibles susceptibles d'opérer un changement dans la vie des populations est également importante. Ce chapitre a aussi permis de voir comment les populations sont insatisfaites car elles estiment ne pas être impliquées à la prise des décisions. Il n'est cependant pas évident pour un maire de tenir compte de toutes les revendications des populations. Il se retrouve quelquefois à devoir choisir entre les plaintes et revendications des populations et l'affirmation de son autorité. C'est sans doute cette situation que Patrice DURAN évoquait lorsqu'il parlait du « gestionnaire confronté à une situation de choix difficile91(*) ». Toutefois, pour que le maire arrive à gérer ce genre de situation, il faudrait qu'au préalable, il existe un cadre réel de communication entre l'administration municipale et les populations. Les relations entre ces deux entités s'avèrent donc déterminantes et intéressantes à porter à l'analyse afin de dégager les implications véritables de la légitimité reconnue au maire, acteur de proximité. * 87 R. MERKOUCHE, « L'indifférence, une caractéristique des relations entre les élus et la population juvénile », Article mis en ligne le 20 mars 2010, disponible sur http://terredislam.bloguez.com/terredislam/1005012/L-indiff-rence-une-caract-ristique-des-relations-entre-les-lus-et-la-population-juv-nile-Le-foss-ne-cesse-d-tre-entretenu-par-les-autorit-s-locales, consulté le 8 mai 2010, à 9h30. * 88 Ibid. * 89 « Elu de proximité », disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956, consulté le 29 mai 2010, à 11h20 min. * 90 S. MALSAN « La nécessité de la participation est-elle toujours argumentée par un besoin de plus de démocratie ? », in Revue du MAUSS 2/2005 (no 26), pp. 231-248. * 91 P. DURAN, « Homère relu par Patrice Duran. Sociologue Ulysse et les sirènes ou de l'intelligence d'un acteur », disponible sur disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956, consulté le 13 mai 2010, à 19h. |
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