A/ Des efforts de grande ampleur de tous les IFI
Comme nous l'avons vu, les IFI se
caractérisent par une diversité relativement grande qui a sans
aucun doute constituée une force pour appréhender le défi
de la transition des pays d'Europe centrale et orientale. La complexité
des problèmes posés nécessitait des IFI qu'elles puissent
apporter des réponses variées. Cette variété a
été apporté par les IFI, tant dans la concentration de
leurs travaux que dans les moyens mis en oeuvre et les types de réponses
proposés aux gouvernements des PECO. Ainsi, de réels efforts ont
été relevés par les observateurs, notamment en ce qui
concerne les sommes investies, l'apport technique et les observations et
rapports publiés par les experts des IFI dans l'espoir
d'améliorer certaines situations nationales.
Concernant les sommes investies, données ou
prêtées aux PECO pour les aider à surmonter la transition,
il est très difficile, voire impossible de donner un chiffre
précis qui soit indiscutable. En effet, la définition mouvante de
l'aide, la variété des donateurs, et les formes
hétérogènes de l'aide rendent sa mesure exacte impossible.
Aucune mesure globale officielle n'a été réalisée
pour la totalité de la décennie 1990. Pour la période
1990-1995, une approximation du montant cumulé total de l'appui
occidental aux PECO avoisinerait les 86,4 milliards d'euros selon la Commission
Européenne. 13,3 milliards viendraient de la Communauté
Européenne à travers le programme PHARE principalement, 51,7
milliards d'aides bilatérales et 21,4 milliards provenant des autres
IFI. Selon l'OCDE, l'aide a atteint 107 milliards de dollars entre 1990 et
1994, ce qui ne concorde pas avec la somme précédemment
citée. Ces deux sommes prennent en compte l'ensemble de l'aide venant de
l'Ouest et pas seulement des IFI. Selon l'OCDE, la somme provenant des IFI pour
la même période est de 26 milliards de dollars. Selon les chiffres
du FMI, pour la période 1989-1993, l'Ouest semble s'être
engagée à hauteur de 70,4 milliards de dollars, avec 20 milliards
venant des IFI. Comme nous l'avons précédemment vu, le FMI et la
Commission Européenne semblent avoir fourni environ les trois-quarts de
l'ensemble des ressources multilatérales accordées aux PECO, et
la Banque Mondiale et la BERD, la quasi-totalité de ce qui reste.
Environ 1/3 de l'aide occidentale dans son ensemble (IFI + aide
bilatérale) est composé de dons. De tous les donateurs du G24,
c'est l'UE, à travers le programme PHARE et la BEI, qui a fournit la
plus forte part (près de 60% du total) devant les Etats-Unis. Les autres
composantes de l'aide occidentale (2/3 du total), principalement des
crédits à taux préférentiels, des crédits
liés ainsi que l'assistance technique gratuite ou non, viennent
principalement des IFI.
Concernant l'UE, elle représente sur l'ensemble de
la période, environ la moitié de l'aide (avec la BEI par laquelle
est passée environ 10 milliards d'ECU). Sur dix ans (1990 à
1999), la Commission de Bruxelles a engagé au total 10,89 milliards
d'euros en faveur des PECO dans le cadre du programme PHARE seulement. De son
côté, la BEI a accordé des prêts aux PECO pour un
montant total de 8 milliards de dollars (période 1990-1998).
En dix ans (1991-2000), la BERD a elle engagé
environ 12 milliards d'euros. A titre d'exemple, l'engagement net de la Banque
en Hongrie et Pologne, de 1991 à 2005 d'élève à
environ 5 milliards d'euros. La BERD s'est engagée spécifiquement
au financement microéconomique sur la base de multitudes de projets. En
1992, 54 projets avaient été approuvés pour un montant
total de 1,46 milliards de dollars.
La Banque Mondiale, qui semble s'être engagé
jusqu'en 1992 pour un montant au moins égal à 7,5 milliards de
dollars, et le FMI ont ouvert des financements spécialement importants
pour le support des programmes de stabilisation de la balance des paiements. La
moitié de leur contribution totale représente des crédits
du FMI en soutien à ces programmes de stabilisation
macro-économique.
Concernant l'apport technique, il a été
très actif durant la période de transition. Les IFI ont
envoyé leurs experts dans tous les PECO qui le souhaitaient. L'aide
technique a indéniablement tenu un rôle moteur dans toutes les
étapes de la transition, même si au départ, l'aide à
la balance des paiements et à la stabilisation ont été
plus importantes. Au sein de l'assistance technique, deux domaines ont
été particulièrement importants : le secteur
financier et la privatisation. Le programme PHARE et le FMI ont sans doute
été les plus actifs dans ce domaine. Le FMI offre à ses
pays membres une assistance technique et une formation de vaste portée
dans le domaine de la gestion macroéconomique principalement et les PECO
en ont beaucoup profité tout au long des années 1990 et
continuent d'en profiter aujourd'hui. Cette assistance a prit la forme de
missions effectuées par des membres de divers départements de
l'institution, ainsi que par des consultants et experts externes.
Un autre aspect du travail des IFI au moment de la
transition relève davantage de l'observation. Ce dernier aspect a
été très important et continue de l'être à
travers la multitude de rapports, analyses stratégiques et autres
études menés par les IFI et leurs experts le plus souvent
dépêchés sur place. Nous verrons ultérieurement un
exemple de ce travail à travers une étude de la Banque Mondiale
commandée par le gouvernement polonais sur la corruption dans le
pays.
|