Les ONG et la protection des enfants soldats( Télécharger le fichier original )par N'taho Désirée Florine Roxann Victoire ODOUKPE Université Catholique d'Afrique de l'Ouest - Maitrise en droit, otion relations diplomatiques et consulaires 2006 |
Paragraphe 1: Les campagnes auprès des Etats aux fins de ratification destextes adoptés Les grands Etats Occidentaux sont les interlocuteurs privilégiés pour tenter de convaincre les parties aux conflits intra-étatiques de se soumettre aux conventions humanitaires. En effet, ces Etats sont capables d'établir des pressions diplomatique, économique et même militaire susceptibles de faire changer d'avis les belligérants les plus réfractaires. Cependant, la collaboration des Etats n'est pas toujours possible à obtenir dans la mesure où ils refusent souvent de se mêler de conflits internes dans lesquels ils n'ont pas d'intérêt évident. C'est alors que les organisations internationales en général et les ONG en particulier agissent en faveur de l'adhésion aux droits des enfants. Leurs actions se résument en des pressions sur le gouvernement pour qu'il ratifie et incorpore dans la législation nationale certains instruments internationaux de protection des enfants soldats tels que le Protocole facultatif à la CDE concernant la participation des enfants aux conflits armés et la Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale (CPI). Bien sûr, c'est la pratique qui importe puisque les déclarations faites par les Etats ne sont que des promesses vides de sens si les Etats ne veulent pas les mettre en pratique. Les pressions internationales des ONG peuvent cependant influencer les Etats car elles détiennent une force de revendicateur et de contrariété du pouvoir étatique lorsque ce dernier ne semble plus respecter les conventions. Le lobbying80(*) des ONG pour éradiquer le phénomène des enfants soldats est en vogue. Il consiste à obliger l'Etat ou d'autres structures à inverser les tendances ou encore à renoncer à une décision qui ne semble pas humanitaire. Dans le cadre de notre sujet, il existe une campagne mondiale contre le phénomène des enfants soldats. Cette campagne à l'appui du Protocole facultatif doit son succès à la coopération étroite et efficace de certains acteurs tels que: des gouvernements, des organismes des Nations Unies, des ONG, en particulier la Coalition contre l'utilisation d'enfants soldats, l'UNICEF, le Comité des droits de l'enfant de l'ONU et de bien d'autres entités. La Coalition contre l'utilisation d'enfants soldats a fait de l'adoption, de la ratification et de l'application du Protocole facultatif l'un des principaux objectifs de la campagne mondiale qu'elle a lancée pour prémunir les enfants contre leur utilisation dans les conflits armés. La Coalition exécute des activités de mobilisation, de recherche, de suivi et de renforcement des capacités en collaborant avec les coordonnateurs régionaux et d'autres ONG dans la région africaine des Grands Lacs, dans la région de l'Asie et du Pacifique, en Europe, en Amérique latine, en Amérique du Nord et au Moyen Orient. Pour mener à bien ses objectifs, la Coalition collabore avec le Mouvement International de la Croix Rouge et du Croissant Rouge (MICR) et d'autres organisations directement impliquées dans le travail en faveur des enfants. Ainsi, en 1998, l'Alliance internationale d'aide à l'enfance a intensifié son action en faveur des enfants soldats. Son principal objectif étant d'obtenir l'adoption du Protocole facultatif qui interdirait l'enrôlement d'enfants âgés de moins de 18 ans et leur utilisation dans des conflits armés et faire assurer le respect des dispositions de cet instrument par les Etats. La particularité de cette organisation réside en son mode d'intervention : dès qu'Amnesty International reçoit des informations concernant des cas d'enfants enrôlés, une équipe de chercheurs vérifie ces allégations. Une heure plus tard, des appels sont envoyés par courrier électronique ou par fax à toutes les sections d'Amnesty dans le monde. Par ailleurs, comme autre actions entreprises par la Coalition, nous pouvons citer la protestation de Human Right Wacth (HRW) le 11 Août 1998 contre le recrutement par la RDC des enfants de 12 ans dans l'armée nationale81(*). De même, la Coalition pour le droit de l'enfant au Bangladesh a organisé des rassemblements devant la National Parliament House (Parlement) et le National Press Club le 12 février 2002, pour marquer l'entrée en vigueur du Protocole facultatif. Un autre moment important de la campagne lancée pour protéger les enfants a été la nomination en 1994 de Graça Machel, ex-Ministre de l'éducation du Mozambique, en qualité d'experte indépendante du Secrétaire général de l'ONU, chargée de réaliser une étude de l'impact des conflits armés sur les enfants. Dans son rapport historique intitulé «l'impact des conflits armés sur les enfants» et publié en 1996, Mme Machel appelle à en finir d'urgence avec l'exploitation cynique des enfants soldats82(*). Ainsi, après avoir reçu les dix ratifications nécessaires pour entrer en vigueur, le Protocole facultatif est devenu juridiquement contraignant le 12 février 2007. En plus, certaines ONG s'efforcent même d'atteindre des filles associées au conflit armé au moyen, par exemple, de campagnes de sensibilisation, pour les encourager à rejoindre les programmes de libération et de réinsertion. C'est pourquoi, les ONG sont définies comme "other competent bodies83(*)" et leurs rapports sont vivement souhaités. * 80 " Toute activité consistant à procéder à des interventions destinées à influencer, directement ou indirectement, les processus d'élaboration, d'application ou d'interprétation de mesures législatives, normes, règlements et, plus généralement, de toute intervention des pouvoirs publics. ", définition du lobbying donnée par le journaliste Zecchini dans Le Monde, 9 juin 1999. * 81 Rädda Barnen, «children of war protest against child recruitment in Congo», n° 3, septembre 1998, p.2. * 82 Les étapes de cette campagne consistent à faire pression pour changer la législation concernant l'engagement des enfants dans les conflits et à lancer un débat au Congrès sur la question. Des coalitions locales ont aussi contribué à des recherches sur le recrutement des enfants et ont organisé des ateliers dans les villes pour les enfants et les organisations locales afin de discuter des façons d'empêcher le recrutement. La Coalition tire parti de la vaste expérience de ses membres dans les domaines du travail avec les enfants déplacés et les enfants anciens combattants, la formation en droits de l'homme et l'objection de conscience. * 83 Les ONG sont des contrepouvoirs car elles constituent de véritables groupes de pression exerçant des lobbying sur le gouvernement. Lire à ce sujet l'article de Bosco Muchukiwa « Les ONG locales : pouvoir et contre pouvoir au Zaïre » sur www.grandslacs.net/doc/2330. (site visité en décembre 2007) |
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