Mutations financieres et financement de l'économie au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Dieudonne Desire ELANGA Universite de Douala Cameroun - DEA 2004 |
I -2) -L'OBJECTIF GLOBAL
De manière explicite, l'objectif global vise le rétablissement à moyen terme d'un taux de croissance positif de l'économie nationale. Les perspectives de développement interne ayant été hypothéquées par la crise économique du milieu des années quatre vingt. Sur cet objectif, les mesures entreprises rentrent dans le cadre plus global des programmes d'ajustement structurels adoptés depuis l'exercice budgétaire 1988-1989. En conséquence, l'effet recherché sur le secteur bancaire par les mesures d'assainissement, est la remise en meilleur état des capacités d'intermédiation du système bancaire, afin de lui permettre de répondre de façon optimale aux multiples besoins engendrés par la mise en oeuvre du processus de transformation économique. Aussi, les programmes d'ajustement financier adoptés comportaient un ensemble de réformes, qu'il convient maintenant d'évoquer. II- LES REFORMES FINANCIERES AU CAMEROUN. Les banques de la sous région en général, et celles du Cameroun en particulier ont été profondément touchées par la crise économique qui a frappé les états au milieu des années quatre-vingt. A cet effet, même les banques de développement créées pour assurer la gestion des fonds venant de l'extérieur destinés au financement des projets nécessaires au développement économique n'ont pas résisté au désastre et se sont trouvées dans une situation de totale illiquidité (A le Noir,1989). Dans cette situation asphyxiante, les banques ne pouvaient plus assurer leur rôle d'intermédiation financière, compromettant ainsi le processus de croissance et de développement économique. Pour éradiquer cette crise financière, les pouvoirs publics en collaboration avec les bailleurs de fonds internationaux ; Banque Mondiale (BM), Fonds monétaire international (FMI) et la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC) ont mis en place des réformes financières. Elles peuvent être regroupées en trois catégories. D'abord la restructuration du système bancaire, ensuite la mise en oeuvre des mesures monétaires, et enfin les mesures juridico-institutionnelles. II -1)- LA RESTRUCTURATION BANCAIRE. Afin d'éviter l'effondrement du système bancaire Camerounais, un plan de restructuration fut élaboré en 1989.Théoriquement, l'objectif de ces mesures financières était de résoudre les problèmes d'illiquidité et d'insolvabilité. La première tâche des experts fut de réécrire les bilans bancaires. Les créances douteuses égales à 253 milliards de FCFA au 30 juin 1988, selon les documents comptables produits par les banques, ont été réévaluées à 489 milliards. Par conséquent les 104 milliards de provision pour dépréciation ont dû être multipliés par trois. De ce fait, les créances saines à l'économie furent réduites de 823 à 588 milliards. La totalité des actifs bancaires diminua passant de 1400à 1150 milliards de FCFA.18(*) Quant aux capitaux propres égaux à -26 milliards de FCFA selon les états fournis par les banques, ils représentaient en fait -282 milliards de FCFA. Le résultat net, déjà négatif selon les résultats fournis par les banques (-150 milliards de FCFA), a été revu à la baisse (-14.5 milliards de FCFA). Car les provisions ont augmenté et les intérêts fictifs n'ont plus été comptabilisés. En fonction de leur situation, les banques ont été recapitalisées, liquidées ou fusionnées. Pour récupérer les créances, le gouvernement créa en août 1989 la Société de Recouvrement des Créances (SRC) dont l'objet principal est la reprise de l'actif et du passif de la partie obérée de la Société Camerounaise de Banque19(*).Elle a également en charge le recouvrement des créances douteuses des banques liquidées et d'une partie des créances des banques restant en activité. Elle est aussi chargée d'indemniser les déposants. Pour ce, la SRC bénéficie du privilège du trésor. La nouvelle composition du bilan doit permettre d'assurer la stabilité financière de la banque. Pour cet objectif, les actions ont porté sur le passif et sur l'actif du bilan des banques ; toutefois, ces actions diffèrent selon que les banques sont dissoutes ou liquidées, ou que les banques sont à réhabiliter. Tableau 1 : Créances transférées à la SRC en millions de FCFA
Source : Rapport d'activité 1993/1994 de la COBAC
* 18 Ces chiffres, issus des réévaluations des bilans, diffèrent des chiffres de la BEAC présentés en annexe * 19 Cette banque a été scindée en deux et la partie saine a été reprise par le Crédit Lyonnais. |
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