Mutations financieres et financement de l'économie au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Dieudonne Desire ELANGA Universite de Douala Cameroun - DEA 2004 |
I.2 Evaluation de la concentration géographiqueLes pays en développement sont caractérisés par un dualisme économique qui ne cesse d `influencer les niveaux de structure tant industrielles que sociale. Au Cameroun, à côté d'un secteur moderne qui, regorge les activités commerciales et industrielles modernes, il existe un vaste secteur traditionnel. Ces deux secteurs d'activité sont localisés dans les zones bien spécifiques. Alors que le secteur moderne se localise dans les agglomérations urbaines, telles que Yaoundé, Douala, Bafoussam, le secteur traditionnel, pour sa part, se situe dans des zones rurales. Cette structuration de l'économie camerounaise, expliquerait alors la concentration géographique du réseau bancaire. En effet, le secteur traditionnel manifeste une certaine aversion vis-à-vis des structures bancaires, et la structure des dépôts en subit donc les effets. Seul le secteur moderne influence de façon significative l'importance des dépôts et la structure des banques. Ce différentiel d'aversion de ces différents secteurs vis à vis des banques influence l'implantation des banque qui choisissent les grandes agglomérations au détriment des campagnes. Ainsi, la plupart des banques sont installées dans les grandes villes, notamment Douala, Yaoundé, Bafoussam, et quelques chefs lieux de province. Ce phénomène peut être visualisé à travers le tableau ci-après qui retrace le réseau bancaire camerounais. Tableaux13 : évolution du réseau bancaire camerounais
(Source : rapports annuels du conseil national du crédit) La lecture de ce tableau souligne bien l'importance du phénomène de concentration géographique du réseau bancaire autour des grandes agglomérations urbaines au Cameroun. En effet, il est à remarquer que sur l'ensemble de la période, les trois métropoles que sont Douala, Yaoundé et Bafoussam, ont la plus grande part des agences par rapport aux autres régions. Sur l'ensemble de le période étudiée, ces trois villes ont à elles seules, d'année en année, en moyenne 35% du nombre total d'agences. Ce phénomène s'est surtout accentué en 1987 où ces trois villes ont à elles seules plus de 51% des agences existantes. Il peut être attribué à cette situation la multiplication des guichets périodiques du milieu des années 1980. Cette concentration géographique se traduit par le développement des comportements d'épargne informelle dans les zones rurales. Aussi, des 85 agences bancaire que compte le système bancaire en 2002, un peu plus 80% sont regroupées dans les villes de Douala et Yaoundé. Ainsi, des 16 agences que compte la société générale de Banques au Cameroun (SGBC), dix sont situées dans les villes de Yaoundé (trois) et Douala (sept), et 6 dans le reste du Cameroun. En somme, l'industrie bancaire est fortement concentrée, sur l'ensemble de la période. Sur le plan géographique, les agences des banques sont plus installées dans trois villes. Sur le plan économique, l'activité bancaire est contrôlée par cinq banques à raison de 85% pour les dépôts et 72% pour les crédits. II . Un système bancaire internationalisé Une des conséquences de la globalisation des marchés est l'intégration financière. Cette globalisation a entraîné un vaste marché financier mondial dont les parties sont solidaires et interdépendantes. La finance s'étant globalisée, le mouvement va se répercuter dans les systèmes bancaires. C'est dans cette optique que le système bancaire camerounais s'est également internationalisé. Cette internationalisation peut s'apprécier à travers deux critères principaux. Il y a, d'une part, l'implantation bancaire étrangères au Cameroun, et d'autre part, le développement de l'activité bancaire à l'étranger. II.1 L'implantation bancaire étrangère au Cameroun La présence des banques étrangères au Cameroun est très ancienne et remonte à la période coloniale. Les premières banques à s'installer étaient la Banque d'Afrique Occidentale (BAO) et la Banque Commerciale Africaine (BCA). Les banques étaient pour la plupart françaises, et leur rôle était de prendre en main le développement des échanges commerciaux avec la métropole. C'est du développement de ces échanges que dépendra le rythme d'installation des banques qui n'étaient que des filiales des banques étrangères. Au moment où le Cameroun accède à la reconnaissance internationale, on s'attendait à ce que cette logique soit infléchie ou alors totalement renversée ; mais il n'en ait rien été parce que, la structure de l'économie des colonies n'avait pas elle-même changé. Dans la période d'euphorie qui a suivie les indépendances, notamment à partir du milieu des années 1970, avec le boom des prix des matières premières (pétrole, cacao, café), les banques américaines, italiennes, espagnoles, vont également s'implanter. Une majorité se retirera progressivement par la suite au moment où, le Cameroun rentre dans une phase de récession à partir du milieu des années 1980. Aujourd'hui, après les restructurations et les mutations qu'il a connu depuis le début des années 1990 et le retour à la croissance qui a suivi, on observe un léger mouvement de retour des banques étrangères vers le Cameroun à travers une prise de participation dans le capital social de plusieurs banques en activités. II.2 L'implantation des banques camerounaises à l'étranger Pour ce qui concerne l'implantation des banques camerounaises à l'étranger, deux banques en effet sont concernées par ce mouvement. Il s'agit d'Afriland First Bank32(*) et de la Commercial Bank of Cameroon. La première est la plus dynamique dans cette stratégie. Elle a en effet ouvert à la fin des années 1990 deux agences bancaires en Guinée-équatoriale et en France, puis en 2002, une succursale dans le port Congolais de Pointe Noire, ainsi qu'à Sao Tomé et Principe. Cette stratégie s'est poursuivie en 2003, par une prise de participation dans le capital de la banque omnifinance en Côte d'Ivoire. Bien plus, des nouveaux partenariats ont été mis en place dans trois pays d'Afrique. Il s'agit de la Banque de Développement du Tchad, de la Société Marocaine de Dépôts et de Crédit et enfin de la First Bank of South Africa. Ainsi, après la France, puis la Chine plusieurs autres partenariats lui assurent une représentation en Amérique et en Europe Occidentale (Avom, 2004). La deuxième est beaucoup plus timide, et n'est présente qu'en République Centrafricaine à travers l'ouverture d'une agence. Au total, l'internationalisation se traduit par une présence moins importante de l'Etat dans le capital social des banques (contrairement à la période précédent la crise où sa participation excédait 35%). Dans l'ensemble du système bancaire, l'Etat n'est présent que dans trois banques, dont la BICEC où l'Etat est représenté à hauteur de 80% dans le capital ; c'est la participation la plus importante. Les données du tableau 14 ci-après amènent deux observations importantes. Elles permettent d'apprécier l'important recul de l'Etat dans le capital social des banques et la forte présence du capital privé national et étranger. Il apparaît que l'Etat33(*) représente désormais en moyenne 20.31% contre 31.20% pour les privés nationaux et 46.49% pour les privés étrangers. Tableau 14: Répartition du capital social des banques en activité au Cameroun en %
Source : Rapport d'activité COBAC, 1998/1999, P. 73 * N = Nationaux, E = Etrangers. III . INSUFFISANCE DE PROFONDEUR ET D'INNOVATIONS FINANCIÈRES * 32 Ancienne caisse commune d'épargne et d'investissement (CCEI) qui devient Afriland First Bank en 2002. * 33 Il important de signaler que cette présence demeure importante dans les autres pays de la CEMAC en raison du retard, pris dans le processus de libéralisation et de privatisation. Par exemple, au Congo, l'Etat est présent dan trois banques sur quatre en activité, avec une part moyenne de 84.30% (COBAC, 1999) |
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