L'INTERMEDIATION BANCAIRE AU
CAMEROUN
A la suite des réformes, il devait s'opérer des
regroupements, des fusions et alliances stratégiques importants,
permettant non seulement de renforcer la fonction d'intermédiation, mais
aussi d'accroître les marges et taux de profitabilité. Aussi le
nombre de banques du système bancaire est passé à 10 au 31
décembre 2003 contre 12 dans les années précédent
immédiatement la dévaluation. Ainsi que le relève Avom
(2004), le système bancaire compte également huit
établissements de crédit auxquels il convient d'ajouter les
sociétés d'assurance dont le rôle dans le financement de
l'économie va considérablement se développer dans les
prochaines années, car elles se présenteront comme des
concurrentes sérieuses des établissements de crédit,
notamment dans la collecte de l'épargne. A côté de ce
secteur officiel, il se développe la microfinance, dont la progression a
été remarquable au cours de la dernière décennie
malgré sa disparité (Lelart.M, 2002).
A cet effet, le système bancaire et financier
camerounais présente actuellement plusieurs caractéristiques
dont, trois paraissent pertinentes pour qu'elles soient évoquées
pour notre propos. Il s'agit d'abord de sa trop forte concentration (I),ensuite
de la très forte présence du capital privé dans le capital
social des banques, dont une part importante est d'origine
étrangère (internationalisation) (II), et enfin de la faiblesse
de profondeur et d'innovations financières (III).
I. UN SYSTEME BANCAIRE CONCENTRE
L'analyse de la concentration dans l'industrie bancaire permet
de mettre en évidence les inégalités de taille entre
établissements de crédit, mais également les tendances
oligopolistiques qui se manifestent au sein de ce secteur. Au Cameroun, la
concentration s'est traduite par deux mesures :
- Une concentration géographique ; celle-ci se
caractérise par la réduction du nombre de banques (fusion et
acquisition et fermeture)
- Une concentration économique ; il s'agit
à ce niveau d'une concentration de l'activité bancaire en termes
de dépôts / crédits et de part de marché.
I.1 Evaluation de la concentration
économique
La diversité des produits ne permettant pas la
définition d'une incidence composite de concentration dans le cas des
banques, la concentration sera évaluée d'une part par les parts
de marché, puis par le nombre de banques et d'agences.
I.1.1 La concentration par les parts de
marché
Il sera évalué ici la concentration des
dépôts et la concentration des crédits. A chaque fois, il
sera dressé un tableau des parts de marché pour faire le calcul
du taux de concentration pour l'année 2004. Il existe de nombreux
indicateurs de concentration. Pour notre étude, il sera utilisé,
l'indice de Hirchman-Herfindhal. Il est égal à la somme des
carrés des parts de marché de toutes les firmes de la branche ou
de l'industrie. Formellement, cet indice s'écrit comme suit :H=i/Q)²=i² Où qi représente
la production de la firme i et Q la production totale de l'industrie. Il peut
dès lors être évalué ces différentes
concentrations.
I.1.1.1 La concentration des dépôts
bancaires
Tableau 10 : Part de marché des dépôts
2004
Banques
|
Montant en millions de FCFA
|
Part en % simple
|
Part en % cumulé
|
SGBC
|
250780
|
22.92
|
22.92
|
BICEC
|
220301
|
20.14
|
43.06
|
SCBCL
|
161757
|
14.80
|
57.85
|
AFB
|
136257
|
12.46
|
70.31
|
SCBK
|
107814
|
9.86
|
80.16
|
CBC
|
95390
|
8.72
|
88.88
|
CITI BANK
|
45270
|
4.14
|
93.02
|
AMITY BK
|
25440
|
2.33
|
95.35
|
ECO BANK
|
36221
|
3.31
|
98.66
|
UNION BK
|
14674
|
1.34
|
100
|
TOTAL
|
1093301
|
100
|
/
|
(Source : Fichiers Garbis Iradian, FMI, 2004)
Le tableau souligne une forte concentration des
dépôts. En effet, sur les dix banques en activité, deux
à savoir, la SGBC et la BICEC contrôlent 43.06% des
dépôts, alors que La moitié du système bancaire,
constituée des cinq premières banques à savoir, la SGBC,
la SCB-CL, la BICEC, la CCEI et la Standard, contrôle à elle seule
80.16% des dépôts. A partir de ces résultats, il peut
être calculé l'indice H de concentration. Soit :
H = (0.2292² + 0.2014² + 0.1480² +
0.1246² + 0.0986² + 0.0872² + 0.0414² + 0.0233² +
0.0331² + 0.0134²) = 0.15.
En comparant cet indice à celui qui traduit
l'égalité de tailles, qui est égal ici à, soit 0.1, il est claire que ces deux indices sont
différents ; ce qui traduit alors les inégalités de
tailles dans cette industrie. Puisque lorsque les firmes sont de tailles
identiques, ces deux indices devraient être égaux. Cette
inégalité de tailles traduit bien la concentration de cette
industrie. Le graphique ci-après illustre cette situation.
I.1.1.2 La concentration des crédits
La concentration des établissements des crédits
peut être également évalué à partir de
l'activité de prêt. Le tableau ci-après permet de calculer
le degré de concentration en 2004.
Tableau 11 : Part de marché de crédit
2004
Banques
|
Montant en millions de FCFA
|
Part en % simple
|
Part en % cumulé
|
SGBC
|
186575
|
22.00
|
22.00
|
BICEC
|
175177
|
20.67
|
42.67
|
SCBCL
|
116007
|
13.68
|
56.35
|
SCBK
|
102093
|
12.04
|
68.39
|
CBC
|
87265
|
10.29
|
78.68
|
AFB
|
79788
|
9.4
|
88.08
|
CITI
|
34042
|
4.01
|
92.09
|
ECO BANK
|
30698
|
3.62
|
95.71
|
AMITY
|
25998
|
3.07
|
98.78
|
UNION BANK
|
10244
|
1.21
|
100
|
TOTAL
|
847887
|
100
|
/
|
(Source : Fichiers Garbis Iradian, FMI, 2004)
Ce tableau souligne une forte concentration des
établissements de crédit. Les deux premières banques
à savoir la SGBC et la BICEC, contrôlent à elles seules
42.67%. Bien plus, en ajoutant la SCB-CL, la Standard Charttered Bank et, la
CBC, la moitié du système bancaire distribue 78.68% de
crédit. Il convient de remarquer que la Société
Générale et la BICEC contrôlent le marché du
crédit à hauteur de 42.67%. Il peut donc être
calculé l'indice H.
H = (0.22² + 0.2067² + 0.1368² +
0.1204² + 0.1029² + 0.094² + 0.0401² + 0.0362²
+0.0307²+0.0121²) = 0.14.
En comparant cet indice à celui qui traduit
l'égalité de tailles, qui est égal ici à soit 0.1; il y a bien inégalité de tailles, puisque ces
deux indices sont différents.
Le graphique ci-après permet également
d'illustrer ce phénomène.
I.1.2 La concentration par le nombre de
banques et d'agences
Le degré de concentration bancaire
peut également être mesuré par le nombre de banques et
d'agences. Plus ce nombre sera réduit, plus la concentration sera
élevée. Cet aspect peut être apprécié
à partir du tableau ci-après.
Tableau 12 : Evolution du nombre de banques et
d'agences
Années
|
Nombre de banques
|
Nombres d'agences
|
1975
|
4
|
88
|
1980
|
11
|
143
|
1987
|
7
|
186
|
1992
|
11
|
84
|
1996
|
8
|
74
|
1999
|
8
|
74
|
2002
|
10
|
85
|
Source : Rapport annuel du Conseil National du
Crédit
La lecture de ce tableau montre bien la concentration du
système bancaire.
En effet, sur l'ensemble de la période
étudiée, on observe non seulement qu'il y a un petit nombre de
banques en activité, ce nombre qui tourne autour de 8 banques avec une
augmentation plus importante en 1980, mais également, de période
en période, on constate aussi une réduction des agences ; la
réduction ainsi constatée commence après 1987, à
cause peut être de la crise économique qui a affecté le
système bancaire. Une reprise sera observée après 1999
avec l'entrée de deux nouvelles banques à savoir ECOBANK et Union
Bank dans le système bancaire.
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