Mutations financieres et financement de l'économie au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Dieudonne Desire ELANGA Universite de Douala Cameroun - DEA 2004 |
PREMIERE PARTIELES FONDEMENTS THEORIQUES DES ORIGINES DES MUTATIONS FINANCIERESL'essor des nouvelles technologies de l'information et de la communication a contribué à accélérer le phénomène de mutation observé dans la sphère financière internationale. Il s'agit d'une évolution relative au processus de mondialisation des marchés et de globalisation financière, dont le rythme tend à s'accélérer et à se propager à l'ensemble des économies. Cette évolution résulte de plusieurs faits majeurs qui ont particulièrement affecté le fonctionnement des systèmes bancaires et financiers nationaux et internationaux, dont deux nous paraissent pertinents pour notre propos. Il y a, d'une part, le passage aux changes flottants à partir de 1973. En effet, à partir du moment où les banques centrales non Américaines ont été conduites en février-mars 1971 à ne plus intervenir aux marges de fluctuation du dollar Américain telles qu'elles avaient été fixées (#177; 4,5%) par l'accord de l'Institut Smithonian de décembre 1971, le mouvement était engagé (Bourguinat, 1992). On s'orientait vers l'abandon du gold exchange standard au profit d'un système de cours de change déterminé au jour le jour, par le marché. Il y a, d'autre part, le changement du contexte macroéconomique. Il s'est agit ici des chocs et contre chocs énergétiques en l'occurrence, de l'avènement du premier et du second choc pétrolier ; du ralentissement de la croissance ; et du creusement des déficits publics. En effet, les innovations financières ne se sont pas développées partout au même rythme et, à la même manière . Elles ont initialement été amorcées par le secteur privé surtout dans les pays anglo-saxons, avec une accélération sans précédent d'innovations financières, introduites le plus souvent par les institutions financières (Silber, 1975)5(*). Elles ont également été initiées par le secteur public notamment dans les pays européens soucieux de rattraper le retard de leur place financière par rapport aux autres pays en avance. Aussi, d'importantes réformes financières ont dès lors été entreprises par les pouvoirs publics, visant à décloisonner les marchés nationaux de capitaux, à les étendre et à en faciliter l'accès, ainsi qu'à libéraliser l'activité des banques et à favoriser l'essor de nouveaux intermédiaires financiers. Progressivement, à l'échelle internationale, les marchés des capitaux se sont standardisés (mêmes produits, mêmes segments de marchés, mêmes procédés, mêmes intervenants), et interconnectés jusqu'à créer un vaste marché mondial des capitaux (Romey, 2004). Le rôle des marchés des capitaux s'est ainsi considérablement accru, aussi bien au niveau des modalités du financement des entreprises, qu'au niveau des possibilités de placements des ménages. A cet effet, à partir du début des années 1980, les pouvoirs publics ont modifié le cadre institutionnel mis en place au lendemain de la seconde guerre mondiale. Les conséquences de cette modification sont allées au delà du cadre national et, se sont répercutées même dans les pays ayant connu un retard dans leur décollage. Ainsi, le système financier camerounais dont, les défaillances ont été observées au milieu des années quatre-vingt a subi de nombreuses mutations traduites par une émergence de nouveaux établissements financiers, un essor remarquable de la micro-finance, un passage de l'illiquidité à la surliquidité des banques et l'adoption des réformes financières. Les mutations du système financier camerounais ont été initiées par les pouvoirs publics avec l'appui des institutions financières internationales, BEAC, FMI, Banque Mondiale qui ont mis en place un ensemble de mesures sur le plan financier, monétaire et juridico institutionnel en vue de rétablir l'équilibre financier des banques et permettre une meilleure allocation des ressources à l'économie. L'objectif de cette partie est d'apporter des éclaircissements sur les fondements théoriques des origines des mutations financières. Pour cela, il sera présenté au premier chapitre les origines internationales des mutations financières et le deuxième chapitre analysera les origines internes des mutations financières. CHAPITRE I LES ORIGINES INTERNATIONALES DES MUTATIONS FINANCIERES Au cours de ces trois dernières décennies, le système financier international a subi des mutations profondes. Ces mutations ont été accélérées par l'essor de nouvelles techniques (progrès technique en matière d'information et de communication) et de nouvelles pratiques financières, mais aussi par des développements théoriques qui ont permis de mieux saisir la relation existant entre les phénomènes réels et les phénomènes financiers. Les mutations du système financier international ont porté autant sur la structure de celui-ci que sur le rôle des principaux acteurs. En ce qui concerne la structure, il convient de souligner que l'on est passé depuis 1973 d'un système de change fixe à un système de change flottant. De même, on est passé dans de nombreux pays, d'un système financier centralisé à un système financier décentralisé. Cette dernière évolution est consacrée par l'apparition de marchés émergents dans de nombreuses économies en développement ou en transition. En ce qui concerne le rôle des acteurs, les missions des banques centrales, des banques de second rang, mais aussi des institutions financières internationales se sont modifiées progressivement. Ces différentes évolutions ont contribué à définir peu à peu le champ de la macroéconomie financière internationale. Suite à l'apparition des besoins de plus en plus importants des capitaux, les marchés financiers vont se développer avec une diffusion internationale. Les économies contemporaines vont s'engager dans un processus de mondialisation des marchés et de globalisation financière dont, le rythme tend à s'accélérer (Bekolo-Ebé, 1998). Aussi, les banques vont suivre ce mouvement en diversifiant les services financiers à la disposition des agents économiques. Ces évolutions ont affecté tous les pays industrialisés et vont toutes dans le sens d'un accroissement de la part des marchés dans le financement des économies. L'analyse des origines internationales des mutations financières nécessite la compréhension du processus de globalisation financière (section 1) et celui de l'accélération des innovations financières (section 2). SECTION I : LA GLOBALISATION FINANCIERELa globalisation financière est un concept associé à la mutation financière, et apparaît comme le dénominateur commun à l'ensemble des transformations qui ont affecté le fonctionnement des systèmes financiers (Romey, 2004). Depuis les années 1980, on assiste à ce qu'on appelle le "big bang financier" qui donne naissance à une explosion des marchés dont l'ampleur, le volume et la nature des transactions sont aujourd'hui caractéristiques de la mondialisation financière. La globalisation financière résulte des progrès techniques en matière de communication, mais elle procède aussi des décisions politiques (Romey, 2004). Elle s'est ainsi accompagnée d'une libéralisation des systèmes financiers nationaux. Cette section vise à montrer que la globalisation financière est à l'origine des mutations financières. Pour cela, il convient de présenter d'une part, les composantes de la globalisation financière (I), et d'autre part, la règle des trois D (II). * 5 Silberg W., 1975, Financial innovation, (éd.) Lexington Books |
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