Conclusion Partie III.
Le rôle du système financier est un
élément clé du développement économique. Il
favorise la mobilisation de l'épargne tout en assurant la meilleure
affectation possible aux investissements productifs, eux-mêmes moteur de
la croissance économique.
En raison d'un marché financier embryonnaire,
l'intermédiation incombe au seul secteur bancaire, or celui-ci est
caractérisé par des nombreux dysfonctionnements.
L'intermédiation bancaire est insuffisante dans les pays
de la Zone Franc Cfa ; En ce qui concerne l'UEMOA, le montants des
crédits alloués à l'économie équivalait
à 16 % du PIB de l'Union en 2006, soit un niveau relativement proche de
la moyenne du continent, mais assez loin derrière les pays comme
l'Afrique du Sud ou l'Ile Maurice pour lesquels ce ratio avoisinait les 80 % de
leur PIB respectifs.
En Zone CEMAC ; Le manque de profondeur du secteur bancaire est
plus prononcé, les ratios Masse Monétaire ( M2) et de
crédits à l'économie sur le PIB atteignent la
moitié de ceux de l'UEMOA, certes les caractéristiques
économique de la Zone CEMAC expliquent le retard de
l'intermédiation financière dans la mesure ou le
développement du secteur des hydrocarbures repose essentiellement sur
des financements autres que le crédit bancaire local
( autofinancements, crédits de banques internationales,
IDE, ou cotation sur les places financières plus importantes ; Cas de
Total Gabon) .
Au final, l'insuffisance de projets bancables débouche
sur une situation paradoxale : La surliquidité des banques,
mesurées par le rapport entre les dépôts collectés
et les crédits à l'économie, cette situation apparait plus
accentuée dans les pays de la CEMAC, dont les banques dégageaient
un excèdent de 25% en 2006.
IV / - Impact du secteur financier sur la croissance
économique.
Schumpeter soulignait depuis le XXe Siècle la grande
importance des banques dans le fonctionnement du système financier, et
leur apport bénéfique à la croissance à travers le
financement de l'innovation.
Il a mit en exergue l'action de l'entrepreneur capitaliste dont
l'apparition est liée à la volonté de réaliser un
profit par la modification volontaire des conditions technologiques de la
production et de la distribution.
Les banques occupent aussi une place prépondérante
dans l'analyse Keynésienne. En effet, partant sur le constat qu'il
faille qu'un système financier organisé avance les ressources
financières nécessaires au financement de l'investissement ; Le
banques deviennent essentielles puisque ce sont elles qui accordent les
crédits et qui se chargent de réduire les risques
inhérents à l'incertitude de l'avenir.
C'est donc le système bancaire qui finance la croissance
économique.
Lorsqu'ils sont efficaces, les secteurs financiers permettent de
mobiliser l'épargne venant de sources diverses pour l'affecter à
un usage productif, ce qui profite non seulement aux investisseurs et aux
bénéficiaires des investissements mais aussi à l'ensemble
de l'économie.
1 - Densification et Élargissement des circuits
financiers locaux.
Nous avions définit ces deux notions à la page 34
comme étant l'accroissement du pourcentage du PIB
représenté par les actifs financiers et la mise en place d'un
nombre plus élevés et d'une gamme plus étendue de
participant et d'instruments.
Afin que ces deux notions aient un impact sur le
développement, la SFI a lancée dans les pays en
développement de nouveaux produits et marchés et a, à
plusieurs reprises ouvert des brèches dans les systèmes
établis :
- Elle a investi dans la première société de
crédit-bail et fourni des conseils dans plus de 25 pays
- Elle a aidée à établir le premier fonds de
capital-risque dans une vingtaine de pays - Elle a crée le premier fonds
de placement pour l'Afrique et l'un des premiers fonds d'investissement
indiciels pour les marchés émergents en 1993.
Ainsi pour les marchés émergents et les
systèmes financiers embryonnaires ; La SFI préconise pour les
deux notions les points suivants à respecter et à mettre en place
:
Densification Élargissement
Augmentation du nombre/ volume des : Augmentation du nombre de
:
- Dépôts - Banques et assurance
- Prêts - Agences bancaires
- Opérations en bourse - Épargnants
- Polices d'assurances des ménages - Investisseurs
- Avoirs des caisses de pension - Emprunteurs ...
2.1. Stimulation de l'épargne
intérieure.
« Le capital se constitue dans le pays même »
L'épargne intérieure est la clé du
développement du secteur financier, les entreprises et les projets les
plus productifs d'un pays sont financés par des ressources
intérieures et génèrent des fonds en monnaie nationale.
Dans la plupart des pays en développement mis à
part l'Afrique sub-saharienne, l'épargne finance entre 85 et 90 % de
l'investissement intérieure brut, sur le long terme , les investisseurs
locaux sont une source de financement plus stable que les investisseurs
étrangers qui ont généralement d'avantage d'options et
moins de liens avec le marché local, les investisseurs locaux sont aussi
généralement bien informés et ont souvent d'avantages
intérêt à ce que les projets qu'ils financent produisent de
bons résultats.
Il faut encourager l'épargne intérieure pour
soutenir ce processus de formation intérieure de capital , et la
mobiliser sous forme de dépôts auprès des investisseurs
aussi variées que les ménages, les sociétés et les
pouvoirs publics, pour allouer les fonds ainsi obtenus aux emprunteurs ou aux
émetteurs les plus productifs sur les plans économiques et
financiers .
2.2. Les marchés financiers mobilisent et allouent
l'épargne. Mobilisation Allocation
-Épargnants Emprunteurs/ instrument
Intermédiaires financiers
Épargnants intérieurs
Ménages
Marchés boursiers
-Ménages, par le canal des Fcp Prêts
-Sociétés Hypothèques
-État Marchés obligataires
Épargnants étrangers
Sociétés
-Investisseurs de portefeuille privés
Crédit-bail
-Sociétés Multilatérales Fonds propres
Établissements de crédit
État
Bon du Trésor Obligations
2.2. Fourniture d'un appui aux marchés financiers
intérieurs
Les efforts de développement devraient viser en
priorité à créer et appuyer les systèmes financiers
institutionnels ; Une grande partie du patrimoine des pays en
développement est encore investie dans des instruments d'épargne
traditionnels comme l'Or, la Terre ou encore « cachées sous les
matelas ». Or, les mécanismes d'épargne institutionnels
offrent un moyen plus productif et souvent plus sur d'épargner que les
méthodes précédentes.
Lorsqu'ils sont bien réglementés et concurrentiels,
ces systèmes peuvent offrir des couts d'intermédiations
inférieurs à ceux des circuits non officiels et fournir des
services de dépôts et de prêts à un grand nombre
d'épargnants et d'entrepreneurs locaux, ce qui est crucial pour le
développement.
3 - Arrêt de la fuite des capitaux vers
l'étranger.
En fin 2006 , les dépôts internationaux des
résidents de la Zone Franc Cfa étaient estimés à
8,5 Milliards de US Dollars, soit une hausse de 25,6 % par rapport à
2005 , en liaison avec l'augmentation significative enregistrée en Cote
d'ivoire ( + 38 % ) , au Sénégal ( + 50 %) et au Gabon ( + 59 % )
.
Les dépôts bancaires à l'étranger des
résidents de la Zone représenteraient environ 8 % du PIB de la
Zone Franc Cfa ; Ces dépôts proviennent à hauteur de 59 %
de l'UEMOA, de la Cote d'ivoire et du Sénégal ; Tandis que 65 %
des dépôts bancaires internationaux de la CEMAC provienne du
Cameroun et du Gabon.
3.1. Politiques de luttes anti-blanchiment.
Le dispositif mis en place dans la sous-région de la
CEMAC est le GABAC, Groupe antiblanchiment d'Afrique Centrale institué
en 2001 et opérationnel depuis 2004 lutte dans le domaine du financement
du terrorisme et contre le blanchissement d'argent.
Le GABAC tout en s'attelant à la sensibilisation des
responsables politiques et financiers de la sous-région en vue de la
création d'agences nationales d'investigation financière a
orienté son action vers le développement de ses relations avec le
GAFI et le TRACFIN.
Les pays de l'UEMOA ont approuvés en 2003 la mise sur
pieds des cellules nationales de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme.
De même, les pays exportateurs de pétrole tel que :
Le Gabon, le Congo-Brazzaville, la Guinée-Équatoriale, le
Cameroun et le Tchad ont signés l'initiative sur la transparence dans
les industries extractives qui engage les autorités à faire
certifier les recettes pétrolières par un cabinet d'audit
externe, de publier et déclarer les recettes des ventes des industries
extractives, selon le programme « profil oïl »
4 - Financement du développement.
A l'instar d'autre pays en développement, les besoins de
financement des pays de la Zone Franc Cfa sont élevés ; Leurs
couvertures reposent sur la capacité des États à lever des
fonds à travers la collecte fiscale ou l'emprunt. Au regard des
ressources disponibles, l'objectif pris par les Gouvernements de la Zone Cfa de
réduire de moitié les niveaux de pauvreté d'ici
2020 ; l'OMD (Objectifs du Millénaire pour le
Développement) apparait ambitieux et pourrait faire resurgir le spectre
de la spirale du ré- endettement sans une mobilisation accrue de la
communauté internationale.
4.1. La fragilité des Finances
Publiques.
Les deux Zones présentent des fragilités sur le
plan des Finances Publiques ; Les pays de la CEMAC peuvent compter sur les
recettes pétrolières, mais, cette mobilisation ne devrait pas
être amenée à durer dans un grand nombre de pays en raison
de la baisse tendancielle des réserves de pétrole ; Cas du
Gabon.
L'ampleur du déficit hors pétrole en 2007 (- 18%
du PIB hors pétrole) souligne la nécessité de la
consolidation des Finances publiques, d'autant que la dépendance aux
recettes pétrolières a augmenté ces dernières
années, ainsi, le pourcentage des recettes pétrolières
dans les budgets représenté par pays est le suivant :
- Cameroun : 35 % des recettes budgétaires
- Congo - Brazzaville : 87 % des recettes budgétaires -
Gabon : 54 % des recettes budgétaires
- Guinée - Équatoriale : 93 % des recettes
budgétaires.
Cependant, le cas du Tchad présente un autre cas de figure
; En effet, de 1999 à 2005 , la loi de gestion des revenus
pétroliers élaborée avec la Banque Mondiale
réglemente la gestion des ressources tirées de l'exploitation du
pétrole ; En vertu de cette loi, les revenus directs
( redevances et dividendes versés à l'État,
soit : 12,5 % du prix de vente du brut sur le marché international)
étaient versés sur un compte de l'État et 10 % de ces
revenus étaient placés sur un compte d'épargne ouvert dans
une institution internationale au profit des générations futures
, les 90 % restants étaient destinés à des comptes
spéciaux du Trésor et répartis dans des secteurs
prioritaires au financement de projets de développement.
Pour les pays de l'UEMOA, la part des recettes publiques
rapportées au PIB était également basse, alors que les
perspectives d'amélioration sont bridées par l'étroitesse
de la base productive et l'importance du marché informel.
Par ailleurs, d'autres contraintes financières sont
apparues, avec la hausse des cours du pétrole, la pression
exercée ces dernières années par les dépenses de
subventions au secteur énergétique est restée
élevée.
Parallèlement, tous les Gouvernements devront intensifier
les programmes d'investissements publics en vue d'atteindre les Objectifs du
Millénaire pour le développement, ce qui devrait accroitre la
pression sur les dépenses publiques et donc accentuer la dynamique
d'endettement à moins que les ressources extérieures
traditionnelles ne viennent à augmenter.
Or, les perspectives en matière d'aide internationale sont
incertaines. Selon l'OCDE, l'aide publique au développement des
principaux bailleurs bilatéraux a stagné en 2006 pour les pays
Africains, il est même en léger repli si l'on exclut les montants
d'annulations de dette, il existe donc un risque de voir les montants d'aides
extérieures stagner ou diminuer, sachant que les dons extérieurs
génèrent 15 % des recettes budgétaires des pays de l'UEMOA
, et plus de la moitié des dépenses en capital est
financée dans la cadre de programmes de coopération
internationale .
Dans ces conditions, la tentation de recourir à l'emprunt
pour couvrir ses besoins de développement est grande, d'autant que de
nouveaux bailleurs sont apparus sur la scène internationale. En effet,
la quasi-totalité des États ont améliorés leur
solvabilité, que ce soit par l'intermédiaire des programmes
d'annulations de dettes (UEMOA) ou grâce à l'afflux de
pétrodollars (CEMAC).
Dès lors, il est plus facile de lever des fonds
auprès des marchés financiers internationaux, mais, les
conditions de financement sont parfois opaques, et il est notamment
reproché à ces nouveaux prêteurs de pratiquer des taux non
concessionnels ; A terme, le cout d'un tel endettement peut devenir
insoutenable en cas de retournement de conjoncture.
4.2. Les freins au développement restent
nombreux.
Selon les prévisions élaborées par le
FMI, le taux de croissance de la Zone en 2009 ne devrait pas dépasser 5
% et sera donc inférieure à celui du reste de l'Afrique
sub-saharienne pour la troisième année consécutive.
On est également en deçà du taux de 7 % l'an
estimé nécessaire par la Banque Mondiale pour réduire le
niveau de pauvreté, les pays de l'UEMOA se retrouvent à
l'écart de l'essor du commerce mondial dont bénéficie une
partie de l'Afrique.
De même, le niveau actuel des prix du pétrole
risque d'être une bénédiction de courte durée pour
les pays de la CEMAC ; Assurant presque 70 % des recettes budgétaires et
des recettes d'exportations, l'avenir du secteur pétrolier est incertain
à moyen-long terme en raison de la diminution des réserves dans
de nombreux pays, or, la dynamique hors hydrocarbures reste bloquée en
dépit de l'intensification des programmes d'investissement public.
La diversification économique est donc un défi
commun aux deux régions, mais le processus est entravé par de
nombreuses rigidités.
4.3. La nécessaire mise en place d'un bon climat
des affaires.
Les déterminants du développement industriel sont
multiples ; Outre la qualité des infrastructures qui sont
étroitement corrélés à l'environnement
institutionnel dans lequel une entreprise opère, « le climat des
affaires » constitue également un critère important pour
attirer des capitaux étrangers parmi lesquels les IDE ; Mais, de ce
point de vue, la performance de la Zone Cfa reste modeste.
Le manque d'infrastructure est un frein au développement
industriel. D'une part, l'énergie est couteuse et sa fourniture parfois
insuffisante. D'autre part, les couts de transport sont élevés en
raison de structure routière peu adaptée ; En outre, les
indicateurs de la Banque Mondiale font ressortir un climat des affaires
défavorables notamment sur le plan réglementaire.
Parallèlement, le FMI relève dans son étude sur la
compétitivité de la Zone Franc, que l'environnement des affaires
y est globalement plus défavorable que pour la moyenne des pays
Africains. La rigidité du marché de l'emploi et le cout pour
démarrer une affaire y sont mis en avant.
La difficulté de l'environnement économique est
corroborée par la faible attractive de la Zone, et ce en dépit
des mécanismes stabilisateurs de la Zone Franc.
L'absence de tension inflationniste, la parité fixe
avec l'Euro et la garantie du Trésor pour assurer la
convertibilité de la monnaie sont autant de facteurs favorables aux
investisseurs étrangers.
Entre 2001 et 2005, pour les IDE dans la Zone avoisinait 4
Milliards de Dollars, mais la dynamique se concentre sur quelques pays et
concerne peu de secteurs ; Ainsi, la CEMAC a capté plus de 80 % des IDE
de la Zone sur cette période dont la quasi-totalité est
absorbée par le secteur des hydrocarbures ; Or, ces investissements sont
déconnectés du reste de l'économie et donc peu
structurants.
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