II/ 2 - Financement informel
Le financement de l'entrepreneur gabonais par le secteur informel
est entaché d'une certaine ambiguïté. L'épargne
personnelle et l'aide de la famille ou des amis sont d'une telle importance
qu'elles laissent peu de place au financement informel, lequel paraît
jouer parfois un rôle tout à fait original.
La tontine est une technique de mobilisation à court terme
de l'épargne personnelle; L'épargne retrouve alors la
disponibilité de l'argent qu'il a déposé . Le petit
entrepreneur a bien conscience que la tontine n'est pas en soi un moyen de
financer ses projets. Elle ne lui permet pas de disposer de plus ressources
qu'il n'en a . La tontine permet seulement, en mettant
régulièrement un peu d'argent de coté,de disposer à
un moment donné,peut-être rapidement,de tout ce qu'il aura
économisé pendant un certain temps . Elle joue un rôle
indirect comme le montre le tableau ci-dessus : 11 % de micro-entreprises se
sont constituées avec les ressources des tontines ; 4 % ont
financé par la suite leurs investissements complémentaire
à partir de ces ressources.
En fait,le système financier informel contribue au
financement des entreprises d'une façon indirecte,mais, qui n'est pas
pour autant sans importance . Sans lui, les recettes de chaque jour ou le
revenu de chaque mois seraient quasi totalement consommées .
On observe ainsi qu'en dépit du dispositif d'aide à
la création d'entreprise mis en place par l'État ( le FAGA et le
FODEX), l'entrepreneur gabonais bénéficie rarement de soutiens
institutionnels pour mener son projet à terme . La famille et
l'épargne personnelle constituent les vecteurs principaux grâce
auxquels l'entrepreneur réunit les capitaux dont il a besoin. C'est
ainsi que se pose la question du maintien de l'activité dans le secteur
formel ou informel. L'entrepreneur n'ayant pas été aidé
lors de la phase cruciale du démarrage de son activité refuse
souvent de verser la taxe à l'État.
Les entrepreneurs de cette catégorie perçoivent
l'État comme un frein plutôt que comme un stimulant à la
création d'entreprise; Pour eux,l'État empêche l'initiative
individuelle à travers une réglementation très lourde,il
se contente aussi de collecter l'impôt sans pouvoir justifier de son
utilisation. C'est pourquoi ils s'étonnent lorsque l'État leur
réclame le versement de l'impôt sur leurs activités ,alors
qu'ils n'ont pas bénéficié de son concours lors du
démarrage de leurs entreprises.
L'administrateur général du FODEX ( Fond
d'expansion des PME/PMI) explique que « Les bénéficiaires de
prêts n'investissent pas du tout dans projets pour lesquels ils ont
contractés un crédit refinancé par le FODEX, qui s'est
ainsi retrouvé avec un nombre important d'impayés . Cette
situation a donc conduit la Banque Africaine de Développement ( BAD)
à demander la suppression des prêts sur ses ressources au niveau
local.
La Banque Gabonaises de Développement ( BGD) a ensuite
,elle aussi refusé de suivre le FODEX dans le financement des petits
métiers ,or, c'est la BGD qui a procédé à 70% des
décaissements, ce qui a donc amené cette institution à
supprimer cette ligne de crédit aux micro-projets ».
Les entrepreneurs préfèrent donc se réfugier
dans le secteur informel , pour éviter les représailles.
L'entreprise locale est donc considérée comme un
bien personnel qu'on n'est pas disposé d'ouvrir aux personnes
extérieures . Les incidences sur la gestion de l'entreprise sont souvent
multiples.
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