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Lutte biologique contre l'adventice Imperata cylindrica (L.) Beauv., à  partir des champignons pathogènes indigènes au Bénin

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par Adolphe Sètondji AVOCANH
Université d'Abomey Calavi - DEA 2007
  

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INTRODUCTION

Introduction

Selon Harlet et Forno (1992), les mauvaises herbes sont des plantes nuisibles préjudiciables à la production agricole, qui poussent à un endroit où elles ne sont pas désirées. Lorsque les plantes sont introduites dans un nouveau milieu, leurs ennemis naturels sont généralement laissés dans le milieu d'origine, et quand les conditions physiques et biotiques sont favorables dans le nouveau milieu, ces espèces introduites, se développent exagérément et deviennent indésirables. Par ailleurs, il peut arriver que les activités humaines altèrent l'environnement au point de compromettre l'équilibre assuré par les ennemis naturels. Dans ce cas une population indigène de plantes préalablement inoffensives peut devenir agressive et constituer un danger. C'est le cas de Imperata cylindrica, une herbe indigène transplantée et entretenue par les paysans béninois pour des raisons de construction (Ahanchédé, 1988), qui est devenue redoutable à cause de son expansion favorisée par l'appauvrissement des terres. I. cylindrica est actuellement devenue pantropicale dans sa distribution (Evans, 1987 Holm et al, 1977). C'est une plante, avec un double potentiel de régénération grâce à ses rhizomes abondants, et à ses graines facilement dispersées par le vent. Les rhizomes prolifèrent très rapidement et peuvent produire 4,5 millions de repousses par hectare (Soerjani, 1970) pouvant atteindre 40 tonnes de poids frais à l'hectare (Terry et al., 1997). Un seul fragment de rhizomes peut régénérer 350 pousses en 6 semaines (Eussen, 1980) et atteindre 2,73 m de longueur en 109 jours (Wilcut et al. ,1983). I. cylindrica affecte plusieurs cultures dont le maïs, le manioc, l'igname, le niébé, l'arachide et le coton en Afrique occidentale (Chikoye et al., 1999 ; 2000 ; 2001 ; Ayeni et al., 2004). A cause de la compétition pour l'eau, les nutriments, et la lumière (Atchade, 2004), et aussi à cause de ses rhizomes pointus qui endommagent les tubercules, les pertes de rendement dues à l'infestation de I. cylindrica sont très sévères. Elles peuvent atteindre 80% pour le manioc et 50% pour le maïs (Chikoye et al., 2001) et peuvent contraindre les paysans à l'abandon des terres, ce qui contribue à l'exode rurale et au désespoir. (Ayeni et al., 2004 ; Avocanh, 2005).

Face à la menace de I. cylindrica, les paysans à faibles revenus ont recourt à l'usage de
méthodes de lutte mécanique (sarclage et arrachage) qui ne sont pas efficaces bien
qu'elles nécessitent beaucoup de main d'oeuvre et de temps de travail (Brook, 1989), ou

au brûlis qui a montré ses limites, car la régénérescence se produit après seulement 72 heures (Avocanh, 2005). L'une des méthodes les plus efficaces est l'utilisation des plantes de couverture (par exemple Mucuna sp.) ou les essences forestières qui réduisent sensiblement l'infestation en diminuant la quantité de lumière indispensable au développement de l'adventice (Atchade, 2004). En effet, l'augmentation de la pression démographique entraîne la destruction des forêts au profit des terres cultivables et les terrains une fois mis à nus, deviennent susceptibles à l'invasion de I. cylindrica dont le développement est normalement handicapé par le couvert végétal fourni par les essences forestières ou les plantes de couverture.

Malheureusement, l'espoir suscité par l'utilisation des plantes de couverture s'estompe de jour en jour car dans les régions à fortes densités de populations les petits producteurs n'acceptent pas de consacrer leurs maigres ressources (terre et main d'oeuvre) pour une culture sans intérêt immédiat (sans valeurs alimentaire ni commerciale). Par ailleurs, selon les paysans, les plantes de couverture mobilisent les terres, ce qui les empêche de produire les cultures vivrières durant la petite saison (Vissoh et al., 2004).

Au vue des facteurs qui limitent l'adoption des recommandations de la recherche, il est alors impérieux de réfléchir aux solutions alternatives pour recréer l'équilibre biologique où I. cylindrica serait contrôlé par d'autres composants de l'environnement. Dans les nombreux efforts de recherche de solutions, on peut citer l'utilisation des champignons agents de luttes biologiques contre les mauvaises herbes qui est l'une des plus récentes approches de lutte (Evans, et al., 2001). Aussi, Beed et al, (2004) ont démontré l'efficacité des bioherbicides exotiques et indigènes contre les biotypes africains de Imperata cylindrica. Or, à cause du fauchage, le brûlis, et la déforestation pour la production agricole, I. cylindrica colonise de grandes surfaces et ses ennemis naturels et pathogènes présents dans le milieu ne seraient pas de ce fait suffisants pour le contenir et ont besoin donc d'être introduits en quantité suffisante (approche mycoherbicidique). Au Bénin, le constat de lésions foliaires sur les plantes de I. cylindrica est une évidence à l'existence de pathogènes indigènes capables de contrôler les infestations. Certes, la partie la plus redoutable de la plante est constituée par les rhizomes, cependant les pathogènes foliaires peuvent occasionner une déplétion des

hydrates de carbones qui constituent les réserves fondamentales des rhizomes, en drainant et en suçant les ressources nutritives de la plantes. Elles peuvent aussi produire des toxines systémiques qui pourront tuer l'herbe et réduire de ce fait le potentiel d'infestation. Puisque les paysans souhaitent une application de mycoherbicide, un produit à base de champignon qui tue les herbes, dans le but d'une approche de lutte durable (Ayeni et al., 2004), cette étude se propose de contribuer à la lutte intégrée contre I. cylindrica par une approche de lutte biologique basée sur l'utilisation de champignons pathogènes indigènes. Pour atteindre cet objectif, la démarche suivante a été adoptée :

· Faire l'inventaire des pathogènes de I. cylindrica au Bénin ;

· Caractériser morphologiquement les isolats inventoriés et confirmer leur pathogénicité;

· Sélectionner les souches et espèces de champignons plus virulents et donc capables de lutter contre I. cylindrica.

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