A. SUPRA-GOUVERNANCE ET QUERELLES DE LEADERSIP.
Le 2 février 2009, Mouammar Kadhafi devient le
président de l'UA à la suite d'une campagne qu'il a menée
depuis le début des années 2000 pour une Afrique
fédérale. Cependant il ne faut pas se leurrer car les raisons
pour lesquels le fédéralisme a toujours échoué en
Afrique existent toujours. Premièrement on retrouve le courant
souverainiste qui est le plus fort en Afrique car aujourd'hui malgré
tous les efforts, aucun Etats n'est prêt à céder une partie
ou la totalité de sa e au profit d'une supra-gouvernance. L'UA est
toujours perçue comme une menace possible par les Etats, peut-être
moins qu'en 1963, mais la perception demeure. Secondement persistent les
querelles de leadership, d'égo que l'on retrouve dans le foisonnement
d'idées à l'échelle du continent avec entre autres le plan
OMEGA proposé par le chef d'Etat sénégalais Abdoulaye
WADE, le Millenium African Plan (MAP) initié par les présidents
algérien, sud-africain et nigérian ou encore le Nouveau
Partenariat pour le Développement Africain41 qui est une
fusion de 2 plans précédemment cités et dont les chefs
d'Etat réclament la paternité. Troisièmement on retrouve
encore une fois le manque de volonté car aujourd'hui pour la plupart des
Etats africains des Etats-Unis ne sont pas nécessaires car des pays qui
ne peuvent réaliser une unité sous régionale ne peuvent
réaliser une unité continentale. Cependant l'unification
régionale et l'unité continentale ne sont pas
élémentaires mais complémentaires et rien n'empêche
objectivement de tenter l'unité institutionnelle et territoriale.
41 En anglais New Partnership for African Development
(NEPAD).
Il ne faudrait pas que l'idée des Etats-Unis d'Afrique
tourne à une bataille d'égo dont l'Afrique sortira une nouvelle
fois perdante.
B. LE FEDERALISME : VOEU PIEUX ?
Dès lors que l'idée des Etats-Unis d'Afrique a
toujours autant de mal à s'imposer à l'esprit des dirigeants
africains, on peut se demander si le fédéralisme sera possible un
jour en Afrique et si nous ne ferions pas mieux d'oublier ce projet.
« L'Afrique doit s'unir ». En prononçant ses
mots le président ghanéen Kwame Nkrumah voyait déjà
les pays indépendants africains détruire les frontières
artificielles nées de la colonisation pour permettre la naissance d'une
Afrique unie et la renaissance d'une Afrique longtemps bafouée et
humiliée. Près de 60 ans après ses propos, l'Afrique a
perdu Nkrumah, Bourguiba, Sankara, Lumumba, Olympio et tant d'autres hommes qui
croyaient à cette Afrique-là. La construction de l'Afrique
politique a volontairement occulté le fédéralisme et
enterré l'idée dans une charte consacrant l'intangibilité
des frontières héritées de la colonisation et la
non-ingérence dans les affaires étrangères.
Les ennemis de l'Afrique fédérale ne se trouvent
pas qu'en Afrique. Les ex- puissances coloniales comme la France qui avait
volontairement démembré son empire à la
décolonisation sur le principe du « diviser pour mieux
régner » n'avait aucun intérêt à ce que
l'Afrique forme un bloc car son influence s'y diluerait et s'y amenuiserait.
Les Etats-Unis en plein guerre froide craignant que le communisme ne s'empare
de toute l'Afrique n'encouragea pas du tout l'aventure. La situation n'est plus
la même aujourd'hui mais les grandes puissances se montrent toujours
réticent à l'idée du fédéralisme en
témoigne le peu de soutien qu'elle apporte. Les Etats africains restent
encore à la merci des intérêts et des contingences
extérieures dont elle devra se dégager un jour si elle veut
réaliser l'Afrique fédérale, enfin si elle le veut
vraiment...
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