A. DEPASSER LES DIFFERENCES IDENTITAIRES.
Nul ne peut nier aujourd'hui que les frontières
actuelles en Afrique ne correspondent aux espaces historiques, culturels qui
ont existé et continuent d'exister sur le continent ; d'où la
multiplication des conflits. Mais s'en tenir à ce constat nous semble
réducteur car si les guerres civiles ont pu exister en Afrique c'est
qu'elles ont été portées par des populations contre
d'autres populations pour des raisons ethniques. Si les conflits se sont
généralisés à l'échelle de toute une
région comme cela a été le cas en Afrique de l'Ouest ou
dans la région de Grands Lacs, c'est parce qu'elles ont
été portées par les populations.
Pour que l'Afrique puisse devenir une communauté de
sécurité voire même plus, il faut que les populations
puissent dépasser leurs différences identitaires et construire
ensemble une Afrique unie et pacifiée. La tâche est ardue car les
conflits identitaires ne datent pas de la décolonisation, la
colonisation par l'intervention des puissances étrangères a
même gelé la situation. L'histoire de l'Afrique est marquée
comme l'histoire de tous les autres continents par les guerres entre les
différents espaces politiques qui ont existé. A cet effet nous
rappelons l'histoire des 3 empires en Afrique de l'Ouest qui se sont
succédé les uns au détriment des autres ; la constitution
de ces espaces était marquée du sceau de l'identité
ethnique ainsi avait-
on l'empire Djolof qui réunissait les royaumes d'ethnie
wolof, l'empire du Mali initié par les Mandingues, l'empire Kongo qui
réunissait les Bakongo. De ce point de vue l'histoire de l'Afrique ne
diffère en rien de l'histoire de l'Europe ou de l'Asie.
Léchec des Etats africains repose sur leur
incapacité à appréhender le facteur identitaire dans la
construction de l'union. Tout d'abord en jouant sur les discriminations
identitaires pour asseoir leurs pouvoirs au sein de leurs propres Etats, puis
en se servant des différends identitaires pour en déstabiliser
d'autres. Les problèmes sécuritaires subsisteront en Afrique tant
que les tensions identitaires ne seront pas aplanies. Pour se faire il faut
favoriser l'émergence d'une identité africaine qui transcende les
autres identités. Le but étant de mettre la richesse de toutes
les identités au service de la cause africaine. Pour ce faire il faut
avoir recours à l'histoire comme l'ont les fait des hommes comme Cheikh
Anta Diop ; par la science ils ont recherché à connaître
l'Afrique, à savoir qu'elle a été son évolution et
par une meilleure connaissance du passé permettre aux Africains de jeter
un autre regard sur une Afrique riche de ses langues, de ses traditions et fier
de son histoire.
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