2.2.2.3- Importance économique
L'importance économique de l'igname est incontestable
de nos jours. En effet, cette culture s'est fortement insérée
dans l'économie marchande et est passée d'un statut de culture
vivrière à celui de culture de rente, même exportable.
Les études réalisées par Avodagbé
(1982) sur l'évaluation économique de la production d'igname ont
montré que les producteurs obtenaient des profits allant de 70.665
francs CFA/ha à Djidja à 175.296 francs CFA à
Glazoué dans le Zou et qu'ils en étaient satisfaits. Mieux,
celles menées par le Programme d'Analyse de la Politique Agricole ont
montré que la production d'igname dégage une valeur
ajoutée de 289.560 francs CFA/ha avec une rémunération
journalière de 1997 francs CFA (INRAB, 2001). Cette amélioration
du profit résulte non pas d'une intensification ou d'une
amélioration des systèmes de production mais plutôt
d'une
10 conquête des grandes villes (Parakou et Cotonou
notamment), car l'augmentation de la production se fait toujours aux
dépens de l'extension des superficies.
Afin de générer plus de profit, certaines
régions du pays se sont spécialisées dans la production de
cossettes d'igname. Cette filière a engendré des revenus qui ont
changé la physionomie des zones qui s'en occupent. C'est ce qu'illustre
Bonneval (1999) dans son article : « L'igname, locomotive de Tchatchou
» où il montre comment ce village jadis un faubourg de la Commune
de Tchaourou fut métamorphosé grâce à la production
de l'igname.
De nos jours, la consommation de ce produit reste importante
ou augmente dans plusieurs pays traditionnellement producteurs et ce
malgré des importations élevées de riz et de blé
(Bricas et Vernier, 2000). Selon les mêmes auteurs, on constate aussi que
ce tubercule tend à gagner des marchés moins traditionnels comme
ceux des villes du Sahel, où il constitue un des aliments
privilégiés de la diversification alimentaire.
2.2.3- Exigences techniques
La culture de l'igname est généralement
considérée comme une production traditionnelle ne pouvant faire
l'objet d'une culture moderne, encore moins mécanisée. Sur le
continent, la production d'igname dépend de trois contraintes
essentielles : le travail sous fourme de maind'oeuvre, le matériel de
plantation et la terre.
2.2.3.1- La main-d'oeuvre
Les opérations culturales qui mobilisent la
main-d'oeuvre sont : la préparation du sol, la plantation, le tuteurage,
le sarclage et la récolte.
La préparation du sol est une opération qui en
culture manuelle consomme beaucoup de main-d'oeuvre d'autant plus que la
confection des buttes est généralement
précédée d'un défrichement sur brûlis. Il
faut environ 20 à 30 Hj/ha pour le défrichement et près du
double pour le buttage manuel avec 5000 à 6000 buttes/ha.
La plantation manuelle est une opération qui prise
isolément demande 10 jours de travail par hectare. Dans la pratique, un
travailleur arrive à planter environ 200 à 250 buttes par jour au
Nord-Bénin. Compte tenu du temps de transport et de préparation
des plants, il faut 20 à 25 jours de travail par hectare (Vernier,
1998).
Les besoins en travail varient fortement pour le tuteurage.
La quantité de journées de travail nécessaire à
l'opération va de 56 à 95 suivant les pays et les zones
agro-écoloqiques (Dumont, 1998). L'effet de cette technique a
été mesuré avec succès dans certains pays comme la
Côte d'Ivoire et le Cameroun. Son absence dans les pratiques culturales
est généralement liée à ses exigences en
main-d'oeuvre supplémentaire pour le paysan.
Quant au sarclage, sa régularité dépend
du rythme de développement des adventices lui aussi lié à
l'intensité d'utilisation des terres. Bonneval (1999), mentionne
qu'à partir de la 5ème année d'utilisation de la terre, il
faudrait sarcler tous les mois si l'on veut maintenir un bon rendement. Pour
Vernier (1998), il faut entre 40 et 80 journées de travail par
hectare.
Enfin, la récolte manuelle est aussi une
opération très pénible. De toutes les opérations
culturales, c'est elle qui consomme le plus de main-d'oeuvre, jusqu'à 70
Hj/ha, voir encore beaucoup plus avec les tubercules très longs
(Vernier, 1998). L'igname est donc une culture exigeante en travail à
tout point de vue de son cycle.
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