C'est la succession des différentes activités
agricoles dans le temps. Ces activités sont présentées par
spéculation. Le tableau montre que la période qui concentre les
activités est celle marquant la fin de la première saison et le
début de la seconde saison. En effet, pendant cette période, il
faut achever la récolte des cultures de la première saison et
entamer les travaux de préparation du sol, de labour et de semis des
cultures de la seconde saison.
Il faut noter que ce calendrier n'est pas figé dans le
temps et connaît assez de variation pour des raisons déjà
évoquées dans le chapitre 4 (voir paragraphe sur le climat).
De ce calendrier agricole, il n'est pas possible de faire une
différence très nette entre les deux saisons de cultures à
cause du rapprochement des deux saisons de pluies et le raccourcissement de la
durée de la petite saison sèche. C'est d'ailleurs ce qui provoque
la concentration les activités dans la période comprise entre les
deux saisons.
D'une façon générale, nous pouvons retenir
les points clés suivants, concernant les activités qui mobilisent
le plus la main-d'oeuvre :
- Les activités de labour interviennent en mars, avril et
mai pour la première saison puis en juin, juillet et août pour la
seconde saison de cultures.
- Les sarclages couvrent les mois de mai, juin, et juillet pour
la première saison puis juillet aoûts et septembre pour la seconde
saison de production.
- Les activités de récoltes s'étalent
respectivement sur les mois de juillet et août puis d'octobre et novembre
pour la première et la seconde saison de cultures.
Tableau 11 : Calendrier cultural des
activités agricoles
Source : Enquêtes, 2004
Légende :
1 = Défrichement / Préparation du sol 5 =
Fumure
2 = Labour / Buttage 6 = Protection phytosanitaire
3 = Semis / Plantation 7 = Récolte
4 = Sarclage * = Symbole indiquant les activités de la
deuxième
saison
5.6- DYNAMIQUE DE LA PRODUCTION AGRICOLE
Ce sous chapitre concerne l'évolution historique dans
le choix des spéculations par les paysans pour satisfaire leurs besoins
et les opportunités économiques offertes par le marché.
L'absence d'une base de données oblige à se contenter des propos
recueillis auprès de personnes ressources. De nos entretiens, nous
pouvons retenir que, non seulement la surface cultivée a beaucoup
augmenté mais aussi, les cultures pratiquées ont connu assez
d'évolution.
Historiquement, l'alimentation des populations
d'Alawénonsa est basée sur l'igname, l'arachide, le sésame
et le maïs. L'igname était souvent pilée et
accompagnée de la sauce d'arachide alors que la patte de maïs
était associée à la sauce de sésame enrichie de
légumes feuilles. Ces habitudes alimentaires demeurent jusqu'à
nos jours, ce qui fait que les quatre cultures occupent toujours une place
importante dans les systèmes de production.
Avec le développement du marché des produits
vivriers, suite à l'augmentation de la démographie dans les
villes (surtout la ville de Cotonou), l'arachide et l'igname sont devenues
pratiquement des cultures de rente. Cette situation a stimulé les
paysans à produire davantage ces deux cultures.
· L'igname :
C'est la culture ancestrale par excellence qui occupent une
place dans les traditions si bien qu'on lui associe même une fête :
la fête de l'igname (le 15 août de chaque année). Elle est
le premier produit alimentaire de la région. Sa culture a connu une
progression des superficies puisqu'il fallait satisfaire des demandes de plus
en plus élevées en contraste avec des rendements qui ne cessent
de baisser. Deux types de variétés, les unes précoces et
les autres tardives sont cultivées. Cette combinaison de
variétés permet d'assurer l'alimentation durant une grande partie
de l'année. Signalons qu'aux variétés traditionnelles est
venue s'ajouter une variété d'origine ivoirienne, mise au point
avec l'aide de le recherche : la variété Florido que les paysans
appellent igname sauvage parce qu'elle donne de gros tubercules.
L'igname a dominé les systèmes de cultures
jusqu'aux années 80. C'est elle qui occupait les plus grandes
superficies et fournissait des tonnages élevés dans le
régime alimentaire des populations. Bien qu'elle occupe toujours une
place de choix, elle est aujourd'hui talonnée, si non devancée et
même distancée par le maïs et l'arachide.
· L'arachide :
C'est une culture aussitôt adoptée après
son introduction dans les premières années d'après guerre.
Produit très tôt entré dans les habitudes alimentaires, car
accompagnant souvent l'igname dans la consommation, l'arachide est aujourd'hui
cultivée à la fois comme culture de rente et culture
vivrière. Elle est commercialisée sous forme de grains ou
après transformation.
50 Les produits issus de la transformation sont les beignets
d'arachide « klui-klui » et l'huile d'arachide. Deux types de
variétés sont cultivés : une à gros grains et
à péricarpe tirant sur le rouge au vin et l'autre aux grains
petits et à péricarpe plus rosé. La seconde
variété est originaire de la localité alors que la
première est une variété étrangère ou
introduite qui s'est adaptée aux conditions du milieu.
· Le maïs :
C'est le second produit alimentaire du village. Sa production
a surtout connu son essor avec le développement du coton. En effet, bien
que le maïs soit cultivé depuis longtemps, il était
pratiqué sur de petites superficies pour les besoins de subsistance. Son
développement s'est vu ensuite confronté à la
pauvreté des terres. L'adoption de la culture du coton qui permettait
aux paysans de faire bénéficier les autres cultures des
arrières effets de la culture cotonnière ou alors de
détourner une partie des engrais coton pour les utiliser à
d'autres cultures a permis de relancer la culture du maïs. C'est
actuellement le produit vivier le plus cultivé dans la zone. D'ailleurs,
c'est la seule culture qui soit pratiquée par tous les
enquêtés. Le système de culture actuelle est
essentiellement la culture pure. Si dans le passé, il y a eu des
associations avec le manioc, l'arachide ou le niébé, aujourd'hui,
ces associations se rencontrent peu.
· Le sésame :
C'est l'une des cultures traditionnelles des populations.
Elle fait parti des habitudes alimentaires et sert à préparer la
sauce. Les paysans en produisent pour leur propre consommation et la
commercialisation. Cependant, ne bénéficiant d'aucun soutien, ni
de la part de la recherche, ni de la part des décideurs politiques, sa
production est restée localisée et elle n'a pas connu de
promotions. De ce fait, les rendements sont restés stationnaires ( il
n'y a pas de variétés sélectionnées et on n'utilise
pas des engrais). Ainsi, la production connaît une croissance lente.
A ces quatre cultures traditionnelles s'ajoutent d'autres
cultures telles que le soja, le coton, le riz, le niébé.
· Le coton :
Le coton s'est implanté en pays mahi dans la
période postérieure à 1945. La première culture
s'est vue associée dès ses débuts à l'igname,
culture favorite des paysans. Le but poursuivi dans cette association est de
créer un cadre favorable au décollage de cette culture. Plus
précisément, il s'agissait de mettre le coton dans les conditions
qui lui permettent de bénéficier des grâces dont jouit le
tubercule en terme d'entretien des parcelles et d'importance de la superficie
à lui consacrée. Bien que les débuts ait été
très difficiles et jalonnés d'échec, le
51 coton occupe aujourd'hui une bonne place dans les
systèmes de culture, si ce n'est pas que récemment des
problèmes institutionnels soient en train de nuire à la
filière.
Cultivé de façon intensive avec l'utilisation
des engrais et pesticides, le coton s'est alors imposé comme la
première culture de rente dans la région. Véritable source
de revenus, dans un passé très récent, il a permis aux
populations de faire d'importantes réalisations au niveau de leur
exploitation et dans les villages qui en produisent. Dans la commune de
Glazoué, les superficies emblavées ont connu une augmentation
soutenue jusqu'à la campagne 1999-2000 avant de décroître
brusquement, et depuis cette période, les superficies ne cessent de
baisser. Plusieurs causes sont à l'origine de cet état de chose
:
- Tout d'abord, les aléas climatiques avec les
irrégularités des pluies constituent un casse-
tête pour les producteurs. Ces aléas climatiques
sont à l'origine de baisses de rendements malgré les efforts de
la recherche qui met des variétés hautement productives à
la disposition des paysans.
- Ensuite, la qualité des intrants agricoles (engrais et
insecticides) pose quelques problèmes.
De l'avis des paysans et de certains agents du CARDER, les
intrants ne sont plus efficaces comme dans le passé. Loin d'être
un problème de la recherche ; l'inefficacité est liée
à la qualité douteuse des insecticides en particulier. Bien que
les caractéristiques des intrants soient connues des
sociétés distributrices d'intrants, celles-ci mues par leurs
intérêts, fournissent aux producteurs des intrants dont nul ne
contrôle la qualité. Enfin, la mauvaise gestion des groupements
villageois et la malhonnêteté de certains
producteurs sont aussi des causes qui entraînent le
recul de la production cotonnière dans le milieu. La
malhonnêteté est l'oeuvre des producteurs qui prennent les
intrants et au lieu de les utiliser pour la production de coton, les utilisent
pour d'autres cultures ou au pire des cas, les vendent à d'autres. A
ceux-là s'ajoutent aussi ceux qui pour une raison ou une autre
n'arrivent pas à bien entretenir leurs champs et donc font faillite.
Etant donné que les intrants sont achetés à crédits
et les montants correspondants au crédit de tout le GV,
récupéré par l'UCP/CAGIA, cette situation à des
répercussions sur tous les membres du GV. Ainsi, des producteurs qui ont
normalement honoré à leurs engagements se voient payer la dette
d'autrui et se trouvent dans l'impossibilité de rentrer dans leurs
fonds. Cette situation a amené certains producteurs à laisser
tomber la production de coton.
· Le soja :
Il s'agit d'une culture qui prend de plus en plus de place
dans les exploitations. Bien qu'il ne fasse pas parti des habitudes
alimentaires et que les populations n'en consomment pratiquement pas, sa
culture connaît une nette progression depuis son introduction dans la
région.
52 Cette évolution est surtout liée au recul de
la production cotonnière dans le village. Il s'est imposé comme
une culture de rente. De plus, le système de culture actuel est tel que
les producteurs n'utilisent pas d'intrants (engrais et insecticides). Sa
culture exige donc moins de capitaux et le prix de vente acceptable font que
les paysans lui accordent une grande importance.
· Le riz :
Bien que la commune de Glazoué soit l'une des communes
produisant assez de riz au Bénin, le riz est très peu
cultivé dans le village Alawénonsa. La raison fondamentale de cet
état de chose est l'absence de bas-fonds. De plus le riz est une
spéculation dont la culture exige assez de travaux de puis la
préparation du sol jusqu'à la récolte. Pour ces deux
raisons donc, le riz est très peu cultivé dans le village.