Savoir- Progrès- Universalité
UNIVERSITE OMAR
BONGO
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Département d'Anthropologie
Mémoire du Diplôme d'Etudes Approfondies en
Sciences Sociales
Option : Anthropologie africaine
Thème :
Les implications culturelles dans la commercialisation
du
gibier au Gabon
Rédigé et soutenu par :
Sous la direction de :
M. Georgin MBENG NDEMEZOGO
Pr Raymond MAYER
ANNEE ACADEMIQUE
2006-2007
INTRODUCTION
Notre recherche porte sur les implications culturelles de la
commercialisation du gibier au Gabon. Elle se propose d'établir les
modèles applicables aux rapports de l'homme à l'animal, en
particulier à Libreville et ses environs. L'appellation
« gibier » suppose que les différentes
catégorisations et sous-catégorisation de l'animalité
aient été clairement définies dans les diverses
ethnocultures mobilisées pour cette étude. En d'autres termes,
nous serons amenés à dire que telle ou telle espèce est
considérée comme gibier par tel ou tel peuple et pourquoi elle
n'est pas considérée comme telle par d'autres (Descartes,
1765 ; Schweitzer, 1936 ; Monod, 1937 ; Leroi-Gourhan,
1973 ; Kawada, 1999 ; Mayer, 2004 ; Descola, 2005). Par rapport
aux théories présentées par la plupart des anthropologues
(Evans-Pritchard 1935, Lévi-Strauss, 1962 ; Marvin Harris, 1977),
il nous est vite apparu que le rapport culturel à l'animalité
n'était pas définissable au niveau de tout un pays ou de toute
une ethnie, mais au niveau des différentes classes d'acteurs
concernés par la chasse, la commercialisation, la consommation,
l'élevage ou la protection de la faune. Dans ce travail, il nous a fallu
identifier, au sein de la population librevilloise et ses environs les classes
d'acteurs spécifiquement consécutives du rapport au gibier,
à savoir : les chasseurs, les revendeuses, les consommateurs, les
agents des Eaux et Forêts et les organisations non gouvernementales (ONG)
environnementales. Dans ce cadre, ces classes d'acteurs seront analysées
du point de vue de leurs discours de leurs comportements et, le cas
échéant, de leurs textes.
L'objectif final de la recherche est de comprendre les
logiques inhérentes, les discours, les comportements de chaque classe
d'acteurs en expliquant la rationalité qui se dégage dans le
rapport que chacune d'elle entretient avec l'animal en général et
le gibier en particulier, autrement dit en inventoriant des rapports culturels
spécifiques à l'animal définis au niveau de groupes
d'acteurs en interaction sur le terrain gabonais notamment les chasseurs,
les revendeuses, les consommateurs, les agents des eaux et forêts et
les ONG (organisations non gouvernementales) environnementales.
Dans la démarche, nous partons d'une construction
théorique du rapport de l'homme à l'animal. Cette construction
met en oeuvre deux types de corpus produits autour de chaque catégorie
de notre population - cible. Dans la phase intermédiaire, nous avons
pensé à illustrer notre construction théorique par le
corpus empirique exprimant la manifestation du rapport de l'homme à
l'animal. Nous retrouvons dans ce corpus empirique, les discours de chaque
groupe de la population ciblée, ceci accompagné d'un ensemble
d'images illustratives de chaque catégorie d'acteurs également.
Ce corpus iconographique est l'illustration de la matérialisation ou du
moins la manifestation de ce rapport. Le discours final portera sur l'analyse
des corpus textuel et empirique. La démarche empruntée nous
conduit vers l'évaluation des résultats de toutes les
interactions entre les classes d'acteurs préalablement
étudiées dans leurs logiques spécifiques. Cette
évaluation se propose d'être la théorisation des formes
d'humanisation de l'animal sur la base de déterminants historiques
identifiés, et nous permettant de modéliser un ensemble encore
plus vaste définissant les rapports entre un groupe social et son
environnement, en d'autres termes la modélisation du résultat du
conflit interculturel global. Cette étude, à la fois diachronique
et synchronique, nous permettra de faire ressortir les différents
facteurs qui existent dans ce rapport.
PRESUPPOSES THEORIQUES
Reprenant l'excellente formule d'Henri Lefebvre qui affirme
que « les rapports fondamentaux pour toute
société sont les rapports avec la nature » (Henri
Lefebvre, 1978, 62), nous avons pensé formuler notre objet
théorique autour du « rapport à
l'animal »
La grande question soulevée est celle de la
construction du monde naturel. Celle-ci reste à circonscrire dans le
monde animale. Une construction du monde animal qui se réduit, elle,
à la construction du rapport à l'animal. Autour d'un discours
(scientifique ou populaire) est produit un certain rapport que le groupe
entretient avec sa faune. Il ne s'agit pas d'un travail de type zoologique,
mais d'une question sur les relations entre un peuple donné et sa faune.
La problématique sur Nature et Société a
été discutée par plusieurs auteurs, seule l'orientation de
Philippe Descola semble plus corroborer avec nos hypothèses.
Nous sommes amenés à étudier le rapport
que les différents acteurs intervenant dans notre objet entretiennent
avec le milieu animalier gabonais. Un rapport que nous pensons
économique puisque chacun des protagonistes gèrent à un
niveau restreint ses intérêts. Ces derniers sont la
conséquence du rapport établi par ces acteurs. Nous sommes aussi
amenés à étudier la rationalité qui se
dégage de ce rapport économique. Nous pensons qu'un acte
culturellement posé a une certaine logique que le producteur exprime. De
ce rapport économique, il se dégage une rationalité du
même type. Chaque acteur ici tire profit de ce rapport et dégage
ainsi une rationalité que seul lui connaît la quintessence. La
portée psychologique sera ainsi importante dans ce travail, car elle
nous permettra de comprendre les actes posés, les choix
opérés par chaque classe d'acteurs. C'est effectivement à
partir de l'explication que nous donnerons de ces choix et de ces actes que la
causalité du conflit interculturel naîtra.
Les cultures attribuent aux hommes et aux femmes des traits
de caractère qui peuvent être non seulement différents mais
même opposés suivant les sociétés (Raymond Mayer,
2004, 43). De ce fait, les enjeux de la faune gabonaise qui constitue l'horizon
final de notre recherche se définissent ici moins en termes de conflits
(même si conflit il y a) entre usage traditionnel ou ancien et son
exploitation contemporaine, qu'en termes d'interculturalité
médiatisée par le rapport à une faune exploitée. Il
s'agit précisément de confronter les paradigmes du rapport
à la faune de chaque groupe d'acteurs afin d'élaborer des
modèles qui s'appliquent à ce rapport.
Dans la construction de notre objet, il est clair que la
culturalité des rapports à la faune ou à l'animal subsume
toutes les catégories sectorielles qui sont généralement
appliqués à l'analyse des conflits d'intérêt
surgissant entre les différents acteurs de la faune. C'est ainsi que les
dimensions politiques ou économiques, qui sont habituellement
placées au premier plan des systèmes d'explication, seront
systématiquement retraduites en postures culturelles fondamentales
manifestant des prises de position sur le terrain en jeu. Il nous revient alors
à ne délaisser aucun paramètre susceptible à nous
faciliter non seulement la compréhension mais aussi la
modélisation du rapport homme-animal.
La faune, élément fondamental de la
forêt, fait actuellement l'objet de questionnements. Ceux-ci regroupent
des experts, des hommes de science et des décideurs, afin de comprendre
d'une part les mécanismes de production des usages de la faune et
d'autre part les différents modes de gestion de celle-ci. Et l'usage qui
est mis en exergue est alimentaire à partir de l'activité
cynégétique, qui a pris une orientation mercantile de nos jours.
Le présent travail se propose de poursuivre les recherches
déjà entamées sur la question, et dans une moindre mesure
d'engager une nouvelle discussion scientifique sur les regards que les uns et
les autres dégagent et accordent à la question qui fait l'objet
de notre étude.
Il nous souviendra que dans les sociétés
traditionnelles, la chasse se pratiquait pour des raisons alimentaires, mais
aussi rituelles. Mais avec le temps, cela ne sera plus possible. Des facteurs
modernes, dont l'émergence est liée au développement de
nouvelles activités ou de nouveaux modes de vie, menacent la
régénération de la ressource faunique. De nos jours, on
ne chasse plus en quantité suffisante pour s'alimenter, mais en
quantité abusive pour gagner de l'argent. L'appât du gain est
devenu l'objectif principal poursuivit par ces hommes et femmes. On passe donc
d'une chasse de subsistance, avec des techniques rudimentaires, à une
chasse intensive. La commercialisation du gibier provient de plusieurs
facteurs, parmi lesquels le passage d'une société traditionnelle
à une société moderne (usage de la monnaie), qui se
traduisent par l'acceptation de nouvelles règles qui obéissent
aux lois de l'économie de marché et non plus à celles de
l'économie de subsistance.
La présence de nouveaux contextes culturels place en
effet les populations, dans une société marchande, où le
commerce est économiquement rentable. Il sera ainsi pratiqué tout
azimut, et aucun produit ne sera épargné, encore moins le gibier,
particulièrement en milieu urbain. Les activités commerciales
vont ainsi connaître au Gabon un essor particulier depuis la crise
économique des années 1980. Avec cette crise, plusieurs
entreprises et industries fermeront les portes et de nombreuses personnes se
retrouveront sans emplois. Ayant perdu tout espoir de trouver de l'emploi, ces
personnes vont s'autogérer à partir des activités
économiques qu'elles créeront. Elles se retourneront vers la
forêt nourricière notamment la faune sauvage. D'aucuns feront de
la chasse, et d'autres comme les « bayames »
achèteront du gibier, puis le revendront. Elles utiliseront les
techniques traditionnelles de chasse, associées aux techniques modernes,
pour chasser le gibier en quantité. La chasse intensive sera pour
l'heure l'activité qui permettra à certains de subvenir à
leurs besoins. Les animaux sauvages chassés sont présentés
aux consommateurs soit dans les marchés, soit dans les restaurants. Les
consommateurs comprenant des populations d'horizons divers, sont en
majorité des anciens ruraux qui ont gardé leurs habitudes
alimentaires. C'est dire que s'il y a commercialisation du gibier, c'est
à cause de sa consommation importante. En d'autres termes, la vente du
gibier répond donc aussi à un besoin de consommation.
Mais chasser de manière abusive ou vendre du gibier
constitue un délit et est strictement interdit par la loi gabonaise
depuis 1981 (Ministère du Tourisme, de l'Environnement et de la
protection de la Nature, 1999, 45). Vendre de la viande de brousse se serait
défier la loi en vigueur pour protéger la faune. La protection de
la faune manifeste non seulement dans la loi, mais aussi dans la
création des parcs nationaux, trouve sa justification dans la
préservation des espèces fauniques pour les
générations futures, et dans les devises produites par
l'écotourisme. Or, la commercialisation du gibier, qui est notre objet
d'étude, est un nouveau secteur de l'économie gabonaise. Sa
pertinence nous amène à étudier ses composantes, les
partenaires impliqués ainsi que ses conséquences sur la faune et
sur l'économie gabonaise. Ce commerce défendu par la loi, nous
permettra d'étudier celui-ci, ses atouts et ses limites. L'observation
empirique montre que la faune est sollicitée à la fois par les
populations et par l'Etat. Comment l'Etat pourrait-il de ce fait gérer
durablement la faune tout en contenant les besoins des
populations ?
HYPOTHESES
L'avis sur le rapport de l'homme à l'animal semble
partagé et acquis. Rappelons qu'il est question pour nous de comprendre
les logiques inhérentes autour de cette activité. En d'autres
termes, nous sommes amenés à étudier les
différentes rationalités qui s'expriment autour de la faune
sauvage. Ainsi, trois hypothèses nous aideront à comprendre ces
rationalités.
La première hypothèse présente la
dimension économique de la faune sauvage, une dimension exprimée
dans l'activité commerciale de cette faune. Il est question pour nous
d'exprimer le circuit de production partagé par les chasseurs et
les « bayames » ou revendeuses. La viande de brousse
contribue significativement aux moyens de subsistance des populations sans
emploi ou sans occupation. Elle constitue une source de revenus pour les hommes
et les femmes démunis des zones rurales et urbaines. Plusieurs travaux
ont été faites à ce sujet, c'est celui d'Elisabeth A.
Steel (1994) qui nous permettra de mieux illustrer cette hypothèse. En
effet, pour profiter d'une activité économique alors apparue
rentable et demandant peu de moyens, des réseaux plus ou moins
organisés se sont constitués afin d'établir des lieux de
chasse et de vente du gibier un peu partout sur le territoire national
notamment en milieux rural et urbain. Certains chasseurs sont
approvisionnés en armes et en munitions par des personnes
financièrement reconnues. Le commerce du gibier est une activité
lucrative qui met en scène les chasseurs,
les « bayames » ou revendeuses et les consommateurs
formant ainsi un marché important dans l'économie gabonaise.
La deuxième hypothèse se propose d'examiner la
dimension alimentaire de la faune sauvage d'une part, aspect de la consommation
qui se trouve exprimer beaucoup plus par les populations urbaines. Il s'agit
pour nous de comprendre et de justifier les choix des consommateurs urbains
pour la viande de brousse au détriment d'autres viandes que l'on
retrouve sur les marchés. Cela nous a alors amené à
apprécier le travail d'Aurelie Binot et Daniel Cornelis (
www.wcsgabon.org: « Les
déterminants de la consommation de gibier » in
Synthèse bibliographique du secteur « viandes de
brousse » au Gabon ), qui nous permettent de
comprendre la déportation du phénomène de la consommation
de la viande de brousse du village pour la ville. Ils nous ont permit de
comprendre que l'accroissement de la vente du gibier se justifie en l'existence
d'une importante demande solvable de gibier dans les centres urbains. Ces
derniers sont peuplés pour l'essentiel des ruraux en voie de
citadinité. Leurs habitudes alimentaires provenant de leur milieu
d'origine portent à préférer la consommation de la viande
de brousse à celle de la viande de boucherie. Même si la
consommation moyenne par habitant est plus élevée en zone rurales
qu'en ville, la croissance démographique urbaine serait un des
principaux facteurs expliquant la pression de prélèvement
qu'exercent les villes gabonaises sur les ressources forestières du
pays.
Dans un deuxième temps, elle ferra état de la
portée rituelle et médicinale de certains animaux. La forêt
n'est pas que l'espace alimentaire de l'homme, il est aussi le lieu où
il tire les éléments de sa santé et de ses rituels. La
médecine traditionnelle de ces populations est constituée dans sa
grande majorité de plante, mais il tout de même quelques
espèces animales qui interviennent dans le traitement de certaines
maladies. Les peaux de certains animaux sont souvent utilisées par les
thérapeutes traditionnels dans certains rites.
La troisième et dernière hypothèse se
permet d'aborder la question de la protection et de la préservation de
la faune sauvage. Il s'agit pour nous de comprendre pourquoi la lutte contre le
braconnage est nécessaire pour protéger et préserver la
biodiversité à partir des parcs nationaux. Cette hypothèse
nous permettra de comprendre la logique des prometteurs des parcs nationaux
notamment des environnementalistes. Les parcs nationaux s'inscrivent dans une
logique conservationniste de la nature afin d'assurer l'équilibre
naturel. Cet équilibre semble menacé par les activités
humaines. Marie-Claude Smouts (2001) nous permet de cerner les débats
qui alimentent justement la conservation des forêts tropicales notamment
la forêt gabonaise. La chasse, de par sa pratique actuelle que l'on
qualifie de braconnage, est l'une des menaces de ces forêts aux yeux de
certains. Hormis son intérêt alimentaire, émotionnel,
culturel et scientifique, la faune sauvage occupe une place importante dans
l'économie du Gabon. Hier, pratiquée avec des armes de
fabrication locales pour subvenir aux besoins en protéines animales de
la famille, de nos jours, la chasse est devenue une activité lucrative
avec la prolifération d'armes à feu. Cette nouvelle pratique
constitue un réel danger pour la survie de plusieurs espèces
animales qui parfois sont menacées de disparition dans certains de leurs
habitats. Afin de sauvegarder cette ressource à même de jouer son
rôle, les parcs nationaux deviendront la solution imposée pour se
substituer à la consommation actuelle de la faune sauvage.
METHODOLOGIE D'ENQUÊTE
Notre recherche met en oeuvre plusieurs orientations
méthodologiques développées tout au long de notre
formation
Dans un premier temps nous avons procédé
à la recension des documents qui traitent de notre objet. Les documents
consultés traitent du rapport de l'homme avec sa nature. Ce rapport sera
édifié par Philippe Desola, françois Constantin, Raymond
Mayer qui situeront sa dimension culturelle. Une thèse d'un
anthropologue gabonais a été soutenue sur les Pové et
forestiers face à la forêt, une autre par une linguiste sur
La chasse au filet dans la région du Pool. Des auteurs comme
Marie-Claude Smouts, Bernard Boullard ont produit sur la forêt
également. Une autre ligne documentaire concerne les ouvrages et
articles relatifs à la viande de brousse et aux parcs nationaux. Parmi
ceux-ci, nous devons signaler les écrits de Claude Meillassoux,
Théodore Trefon, Marius Indjieley traitant de la viande de brousse, de
son commerce et de sa consommation. Marcus Colchester, Obono Obiang Muriel,
Jean Pierre Vande Weghe développent la partie écotouristique ou
du moins l'aspect protection.
Nous avons fait appel à l'observation directe et
à la technique d'entretien. La méthode utilisée consistait
à constater sur le terrain la pratique par les populations du
phénomène de la commercialisation du gibier au Gabon. Cette
attitude d'imprégnation et d'apprentissage de notre objet suppose une
activité d'éveil qui mobilise la sensibilité de
l'anthropologue que nous sommes, plus particulièrement la vue et plus
précisément le regard. Comme le dit F. Laplantine,
« activité d'observation, l'ethnographie est d'abord une
activité visuelle » (F. Laplantine, 1998, 7) qui se verra
transformer en une activité langagière.
Nous allions toujours sur le terrain pour collecter des
données précises et auprès des différentes
catégories d'informateurs sous énoncées. Chaque
catégorie ayant en effet un guide d'entretien (voir annexes), cela nous
a permis de cerner clairement notre objet d'étude. Cette exigence
d'éclairage nous a également été possible
grâce à la statistique que nous avons prise comme outil de
recherche. Celui-ci nous a permis de voir les différentes tendances de
certains aspects du phénomène qui fait l'objet de notre
étude. Le secteur, qui est la technique statistique utilisée, a
contribué à l'estimation de la fréquence et donne la
mesure de la consommation alimentaire et sur la chasse de la faune sauvage.
Pour appuyer les techniques citées ci-dessus, nous
nous sommes servis d'un appareil photo numérique et d'une caméra
pour avoir une représentation visuelle de la commercialisation du
gibier. Il faut rappeler que la présence de la caméra se justifie
par la production d'un DVD qui accompagne notre mémoire de DEA. Ce DVD
est en quelque sorte la partie numérique ou numérisée de
notre mémoire et intègre pour ce faire les cinq catégories
d'informateurs manifestes dans notre objet d'étude.
Dans ce travail, il nous a été également
capital d'intégrer le questionnement épistémologique. Nous
considérons celui-ci comme un outil ou du moins comme une technique
permettant l'élaboration ou la construction des modèles
d'analyse. Les textes produits par certains auteurs sur la question qui est
étudiée mérite sur le plan analytique l'apport de la
critique. Il est d'abord crucial de rappeler que la première
définition de l'épistémologie fait d'elle une science de
la science, et non pas une philosophie de la science.
L'épistémologie est la science critique par excellence, une
science au second degré. On pourrait accréditer la
définition de l'épistémologie comme science des choix
scientifiques. Ces choix s'effectuent a priori, et fixent les conditions a
priori du savoir scientifique, avant qu'un travail de recherche ne soit
amené à son terme. Les discours alors produits méritent un
regard épistémologique. Pourquoi considérer
l'épistémologie comme technique d'enquête dans cette
étude ? Nous pensons qu'il est question de rationalité, de
logique, de pensée humaine dans cette étude et il serait
souhaitable alors de préciser le débat qui est mis en exergue
dans la problématique étudiée.
CHAMP D'ENQUÊTE
Ce travail est le prolongement de celui déjà
abattue depuis deux ans. C'est un travail qui prend ses débuts dans les
villes de Libreville et d'Owendo pour s'étendre sur la zone rurale
notamment les villages d'Andem et Mbel. Notre objet nous a alors amené
à parcourir plusieurs endroits représentant ainsi notre champ
d'enquête et la carte ci-dessous illustre notre parcours. Car, le
commerce du gibier est une pratique observée dans plusieurs villes et
villages du Gabon. La pratique de terrain de cette année 2007 nous a
conduit dans les villes pré-citées et au village de Mbel. C'est
un village situé à 85 km d'Owendo sur la voie ferrée.
Les populations de ce village connaissent difficilement le
bruit d'une voiture. Ils vivent aux sons des trains. C'est dans ce village que
nous fîmes notre excursion en forêt avec le concours d'un chasseur.
Cette marche en forêt nous a permis de produire quelques images
constituant ainsi la majorité de notre corpus visuel. Nous avons
passé un séjour de 96h avec les habitants de ce village. Mais la
marche entreprise en forêt nous a pris 7h 15 de notre temps. Elle
consistait en la visite des pièges de notre chasseur et à la
coupe des asperges (produit forestier non ligneux consommé par les
obamba et les ndzebi). Une marche pénible mais intéressante et
riche d'enseignements. Nous avons collecté ces données en usant
des techniques propres à l'anthropologie. Cela exige naturellement une
méthode particulière.
POPULATION D'ENQUETE
L'une des particularités de toute investigation
scientifique est le ciblage d'une population bien précise. La
commercialisation du gibier touche une population beaucoup plus élargie.
Notre étude cerne ainsi cinq catégories d'informateurs notamment
les chasseurs, les revendeuses, les consommateurs, l'administration des Eaux et
Forêt à travers leurs agents et les organisations non
gouvernementales (précisément le WCS) aidé
également par son personnel. Nous sommes donc partis sur une base
hasardeuse de cinquante-six informateurs.
Au regard des données recueillies sur ces derniers,
nous constatons que nous avons questionné des hommes et des femmes dont
l'âge varie entre 19 et 63 ans. Cette tranche d'âge nous est
révélée par les données de terrain. Ces mêmes
données nous amènent à constater que nous avons pu
rencontrer trois nationalités (gabonaise, camerounaise, équato-
guinéenne) et d'ethnies différentes lors de nos enquêtes.
Nous avons ainsi interrogé huit chasseurs, douze commerçantes,
vingt-six consommateurs dont dix femmes et seize hommes, quatre agents des Eaux
et forêts et six agents du WCS dont deux femmes et quatre hommes.
Première Partie : Corpus théorique et
documentaire
1 - Les chasseurs
1 - 1 Corpus théorique
Claude Levi-Strauss
(1962)-« Catégories, éléments,
espèces, nombres » in La pensée sauvage,
Paris, Plon, pp178-211.
Anthropologue français, Claude Levi-Strauss est
né à Bruxelles le 28 Novembre 1908. il fut professeur de
philosophie aux lycées de Mont- de- Marsan, puis de Laon. Membre de la
mission universitaire au Brésil et professeur de l'université de
Sao Paulo de 1935 à 1938. Il effectua plusieurs missions ethnographiques
dans le Mato Grosso puis en Amazonie. Installé à New-York aux
Etats-Unis, il enseigna à la New School for Social Research et à
l'école libre des hautes études. En France, il fut reçu
docteur ès lettres en 1948, soutenant sa thèse Les structures
élémentaires de la parenté. Il a écrit bien
d'autres ouvrages tels que La vie familiale et sociale des Indiens Nambikwara
(1955), Race et histoire (1952), Tristes tropiques (1955), Anthropologie
structurale (1958) Mythologiques (1964, 1966, 1968, 1971).
La pensée sauvage est un ouvrage qui vient en
réaction à l'assertion de Lévy-Brulh qui pense que les
opérations de l'esprit des peuples dit sauvage sont la manifestation
d'une mentalité prélogique. Cet ouvrage montrera les
opérations en question sont fondamentalement du même ordre dans
toutes les sociétés. La pensée sauvage est
constituée de 9 chapitres, mais allons nous intéresser rien qu'au
cinquième. Celui-ci traite essentiellement de la taxinomie, de la
catégorisation. Il montre de quelle manière les peuples dits
sauvages structurent les éléments de la nature notamment les
animaux et les plantes. « en fin de compte, si les typologies
zoologiques et botaniques sont utilisées plus souvent et plus volontiers
que d'autres, ce ne peut être qu'en raison de leur position
intermédiaire, à égale distance logique entre les formes
extrêmes de classification, catégoriques et
singulières » p. 179. La classification de ces
éléments de la nature précise le rapport que les peuples
gardent avec leur nature. Ils se représentent celle-ci d'une
manière différente selon les sociétés. A partir des
exemples tirés chez plusieurs peuples d'Amérique, d'Afrique et
d'Asie, l'auteur remarque que les individus d'une société
structurent leur nature en catégories, éléments,
espèces et nombres sur la base de ces mêmes typologies zoologiques
et botaniques, et à partir d'un principe binaire. L'illustration est
faite par exemple sur les clans qui sont tirés des noms d'animaux.
Ce chapitre apporte des éclaircissements sur notre
sujet. Il faut rappeler que nous traitons de catégorie dans notre objet.
L'appellation « gibier »suppose qu'il y a des animaux dont
l'usage est alimentaire et d'autres pas. En d'autres termes, il y a des animaux
qu'on peut manger et d'autres qu'on ne mange pas. Le chasseur est alors
appelé à chasser les animaux qui sont prescrits comestibles par
sa société. On arrive au résultat où ce qui est
gibier pour les uns ne l'est pas pour d'autres. Cette situation reste
applicable parce que « certains animaux occupent des dispositions
totémiques, liés à des interdits
alimentaires » (Mayer, 2004,45). Les enquêtes pourront
s'appuyer sur le respect de ces interdits totémiques actuellement.
Implicitement, nous saurons les espèces animales qui sont exemptes de
chasse chez nos informateurs chasseurs. C'est aussi le moment pour nous de
faire ressortir la dynamique de ces interdits de chasse. L'animal
totémique est interdit à l'alimentation par le chasseur, est-ce
que la nouvelle forme d'économie ne pourrait-il pas l'amener à le
vendre ?
Claude Meillassoux (1974) -
« L'économie d'auto-subsistance » in Anthropologie
économique des Gouro de Côte d'Ivoire : De l'économie
de subsistance à l'agriculture commerciale, Paris, Mouton, pp.89-119
Claude Meillassoux obtient le diplôme de l'Institut
d'études politiques en 1947, puis étudie l'économie et les
sciences politiques à l'université du Michigan. En 1955,
Balandier l'engage dans le cadre du Bureau international des recherches sur les
implications sociales du développement technique de l'Unesco.
Meillassoux y découvre l'anthropologie. En 1958, Georges Balandier
l'envoie enquêter avec A. Deluz chez les Gouro de côte d'Ivoire. Il
publie à son retour « Essai d'interprétation du
phénomène économique dans les sociétés
d'autosubsistance » qui opère une révolution
épistémologique importante. S'inspirant de l'école
substantiviste, Claude Meillassoux y montre comment les aînés
dominent les cadets grâce au mécanisme de la gestion des dots.
Soutenue en 1962 et publiée en 1964, sa thèse de troisième
cycle : Anthropologie économique des Gouro de Côte d'Ivoire.
De l'économie d'autosubsistance à l'agriculture commerciale,
ouvre à une anthropologie économique marxiste.
Dans ce chapitre, l'auteur se propose d'étudier
l'économie du peuple gouro qui est basée sur l'auto-subsistance.
Celle-ci tourne autour de la chasse, l'élevage et l'agriculture. Parmi
toutes ces activités, seule la chasse fera l'objet d'un commentaire.
Dans son propos liminaire, Meillassoux présente la chasse dans sa
pratique actuelle, basée sur la réglementation de
l'activité et des techniques usitées à cet effet. Ce qui
fait de la chasse une activité de second rang. Les armes à feu,
la chasse au filet sont interdites. Ce qui était différent de la
pratique ancienne de la chasse dont le piégeage et la chasse au filet
constituaient l'occupation favorite des hommes.
Claude Meillassoux va axer son discours autour de quatre
points. Le premier traite du chasseur. Le chasseur individuel joue un grand
rôle dans la société et jouit de son autonomie et de son
art. Ce type de chasse fait appel à des techniques comme le
piégeage, la chasse à l'arc, fusil de traite, mais personnalisent
la chasse et le produit de la chasse. En revanche, la chasse collective est
d'un plus grand rendement. C'est l'action concertée de plusieurs
individus ayant pour technique principale le filet. Ce type de chasse a
l'avantage d'intégrer les membres d'une même communauté. Le
produit de la chasse celui de ladite communauté.
Dans le deuxième point, nous retrouvons la chasse au
filet, technique qui symbolise la chasse collective. Cette dernière
regroupait les hommes valides du village. Le produit de chasse était
partagé selon les groupes. Il faut signifier au préalable que la
chasse collective est toujours l'initiative d'un chasseur, qui bien avant
celle-ci consulte le devin sur l'opportunité de l'entreprise et, sur son
avis favorable. Le troisième aspect abordé est celui du
piégeage de l'éléphant. Sa pratique est aussi collective.
Le produit de la chasse était partagé de la même
façon que dans la chasse précédente. Le chasseur recevait
certaines parties du gibier, les parties les plus importantes étaient
réservées aux anciens, le reste aux villageois. Le dernier volet
abordé est le rôle social de la chasse. Le premier rôle est
économique en ce que le produit de chasse était
intégralement consommé. Le second rôle était social.
En effet, la chasse collective permettait au chasseur initiateur de la chasse
de se distinguer et si possible d'occuper une position d'autorité. La
chasse collective est un facteur de socialisation, de cohésion des
membres d'un groupe donné.
Cet extrait de texte répond à la
problématique de la dynamique de l'activité
cynégétique. Il exprime d'une part la situation
réglementaire actuelle de la chasse. La chasse est dorénavant
codifiée parce que les forêts des peuples Gouro appartiennent
à l'Etat centralisé ou du moins à une administration. La
situation est similairement vécue au Gabon. Mais l'on se demande si le
rapport à l'animal sera le même. L'enquête de terrain nous
permettra de nous prononcer sur la question. L'auteur affirme que
« diverses circonstances ont réduit la chasse à une
activité de second ordre », sur ce nous ne semblons pas
partager son sentiment. Tout le monde n'a jamais été chasseur, et
il y a des personnes qui en faisaient une profession, ce qui est toujours le
cas de nos jours. Il y a toujours une frange de personnes qui a toujours
chassé pour d'autres. Voilà pourquoi nous parlons de
« classe », parce qu'elles sont identifiables. La chasse a
connu de grands changements technologiques mais ceux-ci n'ont pas changé
totalement la structure de ses méthodes. Les enquêtes que nous
mènerons prouveront que la chasse collective, par exemple, qu'on pense
disparue pourrait exister mais en intégrant d'autres techniques que
celles usitées auparavant. Les mêmes enquêtes certifieront
que le chasseur qui était à l'origine de la création de
certains villages l'est encore de nos jours. L'exemple de Bibulu et de
l'Auberge, deux villages de chasseurs situés à
Mitzic-Ndjolé est une preuve frappante. Cet extrait de texte nous
permettra de questionner certains points non abordés ou mal
traités, ceci pour enrichir notre recherche.
Edward Evan Evans-Pritchard (1968)- Les
Nuers : description des modes de vie et des institutions politiques d'un
peuplade nilote, Paris, Gallimard
Spécialiste des populations sud-soudanaises de la
région du Nil Blanc, théoricien des systèmes de pouvoir
dans les sociétés sans Etat, inventeur d'un modèle
d'analyse comparative associant la théorie des groupes territoriaux,
Edward Evan Evans-Pritchard occupe une place décisive dans l'histoire de
l'ethnologie africaniste et dans celle de l'anthropologie politique. Son
oeuvre, sa personnalité et sa carrière l'établissent en
outre comme le fondateur incontestable de l'anthropologie structurale
britannique. Né en 1902, Evans-Pritchard étudie l'histoire
moderne à Oxford puis l'anthropologie à la London School of
Economies, où il obtient son Doctorat en 1927. Il a écrit
Systèmes politiques africains (1964), Parenté et mariage chez les
Nuer (1973), Anthropologie sociale (1969), La femme dans les
sociétés primitives et autres essais d'anthropologie sociale
(1971), La religion des primitifs à travers les théories des
anthropologues (1965).
« Le thème majeur de ce livre, c'est
celui des institutions politiques ». Mais l'auteur
lui-même constate l'étude de ces institutions politiques peut
aboutir sans tenir compte du milieu et des modes de vie. Les Nuer, comme tous
les peuples dont la civilisation matérielle est rudimentaire,
dépendent de leur milieu naturel. Ce sont des pasteurs par excellence,
ne cultivent que du maïs et du millet. Les bêtes sont leur plus
grande richesse et plus chère possession. Les guerres interethniques ont
pour cause le bétail. On obtient son mariage en le compensant par des
bestiaux. Toute leur vie se résume alors autour du bétail.
L'élevage est leur principale activité.
Cet ouvrage pose un certain nombre de questions notamment
celle de la définition d'un rapport à l'animal. Le rapport
à l'animal est fonction du peuple donné sur son milieu et sa
faune. On pourrait dire que le milieu détermine le rapport qu'une
société établit avec sa faune. Dans ce cadre
précis, les Nuer ont une propension à l'élevage
qu'à la chasse. Les conditions naturelles ne leur permettent pas de
développer l'activité cynégétique, ce qui n'est pas
le cas du Gabon. Ce qui est « gibier »pour les Gabonais ne
l'est pas pour les Nuer. Le bétail des Nuer ne saurait être
chassé pour des besoins alimentaires par exemple. Cela prouve que chaque
peuple a une représentation de son animal ou de sa faune. La
manière que les Nuer se représentent leurs bêtes n'est pas
la même que celle que les Gabonais font des leur.
André Leroi-Gourhan (1992)-«Les
techniques d'acquisition » in Milieu et technique, Paris, Albin
Michel, pp.68-92.
André Leroi-Gourhan est docteur ès lettres
(archéologie préhistorique), et ès sciences
(paléontologie), il a été sous-directeur du Musée
de l'Homme, professeur aux Facultés des Lettres et Sciences Humaines de
Lyon et de Paris, puis il a été appelé au Collège
de France à la chaire de préhistoire. Il a écrit Le geste
et la parole qu'il a subdivisé en deux ouvrages : technique et
langage, La mémoire et les rythmes ; aussi en deux volumes
Evolution et techniques : L'Homme et la matière, Milieu et
techniques et bien d'autres ouvrages dont nous pouvons retrouver les
intitulés dans son oeuvre Le geste et la parole : technique et
langage.
Ce chapitre traite essentiellement des techniques
d'acquisition. Ainsi, l'homme, disposant de moyens élémentaires
d'action sur la matière, se livre à la fabrication des objets qui
doivent lui permettre l'acquisition de produits dont la consommation assurerait
son alimentation et son confort (André Leroi-Gourhan, 1992, 13). C'est
dans cette optique que l'auteur a organisé ce chapitre en quatre. Mais
nous nous intéressons aux deux premiers. Dans le premier, Leroi-Gourhan
va répertorier les différentes armes qui ont été
fabriquées par l'homme jusqu'à une certaine époque. Il
pense à cet effet que « l'ensemble des moyens par lesquels
on peut capturer ou tuer des êtres vivants impose deux divisions
inégales : les armes et les pièges »
(André Leroi-Gourhan, 1992, 14). Ce sont des moyens qui seront
adaptés à une activité humaine précise. La
deuxième partie de ce chapitre va justement étudier les moyens ou
techniques qui sont utilisés lors de la chasse ou de la pêche.
L'auteur constatera que les deux activités précipitées
intègrent les poissons, la capture à la main, les animaux,
chasseurs, les armes, les leurres, les pièges. Mais cela ne signifie pas
les éléments utilisés sont les mêmes.
Le texte est un grand apport. Il nous permet d'avoir un
regard sur la technique notamment celle qui est mise en exergue dans la chasse
actuelle. Il faut dire que « L'Etat du milieu technique n'est
saisissable que dans les objets qui en émanent et son évolution
n'est perceptible que par des expériences isolées, partielles,
qui laissent une part importante à l'interprétation »
p.424. Nous comprenons que le progrès de la technique ira de paire avec
celui des groupes humains. L'interprétation que nous ferrons
intégrera la dynamique de ces techniques. La démarche nous impose
de revenir sur les travaux de nos prédécesseurs (Leroi-Gourhan,
1992 ; Bongaatsi Eckata, 2001 ; Bahuchet, 1992; Ndong Edzang, 2001)
qui ont déjà traité de techniques rudimentaires
usitées par certains peuples. L'état des lieux mérite
d'être faite avant toute interprétation. Les armes à feu
sont l'une des armes que les chasseurs utilisent pour leur activité.
C'est l'usage individuel des armes qui est amélioré. Le
progrès des techniques suppose la dynamique du rapport entre l'homme et
son outil. Celui-ci sera amélioré pour servir de nouveaux
intérêts, pour mieux servir l'homme. Nous verrons donc de quelle
façon ces outils ou ces techniques servent mieux, aujourd'hui les
intérêts des groupes humains.
Philippe Descola (2005)-« Ecologie
des relations : histoires de structures » in Par-delà
nature et culture, Paris, Gallimard, pp.432-531.
Philippe Descola est professeur au Collège de France,
directeur d'études à l'EHESS, et directeur du Laboratoire
d'anthropologie sociale (LAS). Il a passé sa thèse sous la
direction de Claude Lévi-Strauss. Après plusieurs années
d'enquêtes ethnographiques en Amazonie, il a été
nommé à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Il a
été nommé professeur au Collège de France en Juin
2000. Ses recherches s'inscrivent dans le cadre de l'ethnologie des
sociétés amérindiennes, de l'anthropologie comparative des
modes de socialisation de la nature, de l'épistémologie et de la
philosophie en sciences sociales, et de l'anthropologie cognitive. Il a
notamment publié La nature domestique (Paris, 1986), Les
lancés du crépuscule (Paris, 1994) et, en collaboration,
Les idées de l'anthropologie (Paris, 1988), Le dictionnaire de
l'ethnologie et de l'anthropologie (Paris, 1999), La remonté de
l'Amazone (Paris, 1993), Nature and society (Londres, 1996) et La
production du social (Paris, 1999).
Par-delà nature et culture est un ouvrage qui
répond à la question du rapport étroit entre la nature et
la société. L'auteur nous montre la dimension sociale ou du moins
culturelle de la nature. Chaque société se représente sa
nature à partir des choix qui lui-même opère. L'ouvrage
comporte 5 chapitres, et c'est dans le dernier que nous avons tiré les
« histoires de structures », qui est le dernier sous-titre
de ce chapitre. L'auteur, dans cet extrait du livre, traite du rapport qu'un
peuple peut avoir avec ses animaux, rapport qui se définit soit par la
chasse ou par la domestication. Il met en évidence des
« non-humains », des entités qui assureraient la
protection des animaux sauvages ou domestiques. Ce sont des entités qui
accordent le droit de vie ou de mort. Derrière la chasse, il y a toute
une philosophie et des normes à respecter. Il est souvent évident
d'utiliser d'autres moyens quand celles-ci ne sont pas respectées, ceci
afin de bénéficier du pouvoir de chasser. Cette situation montre
une certaine dépendance des humains envers des non-humains. Les humains
ont des choix entre la chasse et la domestication d'une part, entre les animaux
à domestiquer et ceux qui ne le sont pas, d'autre part. l'auteur
lui-même est clair, « le monde est peuplé
d'entités intentionnelles qui ont une attitude bienveillante à
l'égard des humains ».
Cet extrait du livre montre que la chasse ou la domestication
intègre le domaine religieux. C'est une situation observable au Gabon et
dans plusieurs ethnies du pays. Le cas des fang, par exemple, qui invoquait le
byeri pour que les forêts soient giboyeuses (Descola 2005, 499). Un
certain nombre de rites sont passés pour rendre la forêt
productive ou acquérir l'art de chasser. Chez les Pové par
exemple, « une initiation est parfois nécessaire pour
acquérir les qualités de chasseur. Le Pové a
transféré l'image de l'arbalète sur le fusil. C'est son
équivalent amélioré : les flèches
empoisonnées sont remplacées par des cartouches qui sont
déposées dans la corbeille des reliques afin d'augmenter leur
efficacité » (Kialo, 2005, 229). Les exemples peuvent
être multipliés. Notre intention n'est pas de les
énumérer tous, mais justifier sur le terrain gabonais ce que
Descola a fait chez les Amérindiens. Les ethnies gabonaise font appel
aux non-humains dans l'activité cynégétique, en d'autres
termes les opérations de l'esprit des amérindiens est comparable
à celles des Gabonais. L'enquête pourra peut-être nous
donner la situation des non-humains actuellement. Nous tenterons
d'étudier si les chasseurs actuels intègrent les non-humains dans
leur profession. On se posera alors la question de savoir, si le gibier abonde
dans les marchés est-ce parce que les chasseurs intercèdent
auprès de l'esprit qui gère les animaux.
1 - 2 Corpus documentaire
Roland Pourtier (1989) -
« Exploitation de la nature et élaboration de
l'espace » in Le Gabon : espace - histoire -
société, Paris, L'Harmattan, tome 1, pp.187-211
Roland Pourtier, docteur ès Lettres, est professeur de
géographie tropicale de l'université de Paris I. il a
enseigné 5 ans à l'université nationale du Gabon et s'est
spécialisé dans l'étude de l'Afrique noire contemporaine
où il retourne périodiquement en mission. Il est membre du Centre
de Recherches Africaines et du Centre d'Etudes Africaines.
Pourtier, dans ce texte, se propose de comprendre le rapport
que les populations villageoises gardent avec leur nature. Nous constatons
effectivement que c'est autour de la nourriture ou de l'alimentation
qu'apparaissent les premières formes d'organisation spatiale et que se
nouent les premiers rapports sociaux. Son discours sera axé sur deux
grands points : la forêt nourricière autour des
activités de prélèvement notamment la chasse, la
pêche et la cueillette ; la production agricole en termes d'espace
et de rythmes. Mais l'intérêt que nous portons à ce texte
se trouve lui dans la forêt nourricière qui traite de la
chasse.
L'auteur, dans son propos, rappelle d'abord l'importance du
gibier dans le milieu villageois et la difficulté également de
développer la pratique de l'élevage. La chasse est l'une des
activités qui contribuent à l'alimentation de ces peuples. Autour
de cette chasse, une grande ingéniosité dans l'art de chasser
c'est développée, avec la connaissance des animaux,
l'habilité à les pister et à poser des pièges font
de ces peuples de détenteurs d'un savoir et d'un savoir-faire relatifs
à la chasse. Cette dernière a une fonction alimentaire qui est
secondée par une fonction rituelle, avec la socialisation des jeunes
garçons, et une fonction thérapeutique ou médecinale. De
toutes les méthodes de chasse qu'il y a, la chasse collective
était la méthode la plus pratiquée notamment la chasse au
filet. Les techniques utilisées étaient rudimentaires pour cause
de leur fabrication locale, avec des éléments que leur procure
leur environnement immédiat. La chasse individuelle faisait appel aux
techniques de piégeage
L'auteur va montrer les transformations qui se produiront non
seulement au niveau de la chasse mais aussi au niveau de la
société avec l'introduction du fusil. La chasse sera beaucoup
plus individuelle que collective. Le passage d'une chasse de subsistance
à une chasse commerciale est la situation que Pourtier présente
dans ce document. La gestion de l'espace cynégétique n'est plus
l'affaire des simples anciens mais de l'Etat supra lignager. Les croyances
magico-religieuses, qui toujours imprégnèrent la chasse,
contribuaient à faire respecter les interdits qui relèvent
maintenant de l'interprétation individuelle.
Ce texte est important parce qu'il présente une
situation transitionnelle de la pratique de la chasse au Gabon. Cette
transition est manifestée par le passage d'une société
lignagère, avec un mode de gestion lignager de la chasse et particulier
et de la faune en général, à une société
supra lignagère, l'Etat. Dans ce cadre de la question, il est
nécessaire de mener une étude comparative des institutions que
les deux types de sociétés précitées ont mise en
place afin que la législation sur la faune et la chasse soit
appliquée. Cela nous permettra peut-être de comprendre et
d'expliquer pourquoi les règles coutumières sur la chasse
étaient respectées, qu'est-ce qui empêcherait le respect de
la loi actuelle ? On se demande si c'est l'Etat supra lignager qui n'a pas
récupéré les prérogatives du lignage et les
institutions qui vont avec en matière de chasse.
Bernard Boullard (1992) - « Chasse
et pêche en forêt » in Petite encyclopédie de la
forêt, Paris, Ellipses, pp. 200-214
Dans ce texte, l'auteur traite essentiellement de la chasse et
de la pêche. Notre attention sera portée sur la chasse.
Après avoir définit celle-ci, Boullard la situe dans le temps
préhistorique afin de montrer qu'elle n'est pas une activité
humaine récente. Il ferra alors l'histoire de la chasse
européenne de la préhistoire jusqu'à nos jours. Boullard
montrera la gestion de celle-ci partant de la pratique par les populations
rurales, pour devenir une activité royale, un moyen de distraction pour
les aristocrates. La chasse, dans sa pratique première, ou
traditionnelle, remplissait des fonctions précises (l'alimentation, la
protection des cultures et l'usage des peaux pour d'autres fins).
L'activité cynégétique va évoluer avec le
progrès des techniques. Elle deviendra une activité de loisir, de
détente dans les pays du nord, avec la formation des associations de
chasseurs et la création de nouvelles lois à respecter en
matière de gestion de la faune. L'auteur va rappeler l'importance du
piège chez certains peuples, qui connaissent préalablement les
habitudes du gibier. Mais, avec les nouvelles législations des Etats, la
chasse deviendra restrictive et contrôlée. Cela va engendrer le
phénomène de « braconnage ».
Cet extrait du livre nous renseigne et nous aide à
comprendre l'évolution de la chasse en Europe et comprendre
également la législation qui s'applique à la chasse au
Gabon. Nous pouvons constater dans le texte que l'activité
cynégétique en Europe a été repris par les rois et
leur entourage pour en faire une distraction. Une nouvelle législation
sera mise en place afin d'empêcher les populations rurales de
pénétrer les domaines de chasse créés à cet
effet. Nous tenterons de faire des rapprochements entre les textes
français avec ceux utilisés au Gabon. La démarche consiste
à faire une étude historique du code forestier gabonais. Les
monarchies européennes ont élaboré des codes forestiers
pour servir leurs intérêts, le code forestier français
appliqué au Gabon servira quels intérêts ? Plusieurs
rencontres nationales ne cessent de dénoncer la caducité de la
loi sur la faune et la chasse au Gabon.
Paul du Chaillu (2002)-« Excursion
à la recherche du gorille et de l'ipi » in L'Afrique sauvage,
Libreville, Luto, pp.41-59.
Paul Belloni du Chaillu est un explorateur et un naturaliste
franco-américain. Il est connu pour être le premier Occident
à avoir rencontré un gorille. A 17ans, il rejoint son père
à l'actuelle Libreville et commence à apprendre les langues
parlées dans sa région et à explorer l'intérieur du
pays. Lors de son séjour à New-York, il publie le récit de
ces notes sur le Gabon. Il obtient le soutient de l'Académy of Natural
Sciences of Philadelphia pour explorer le Gabon et explore notamment les bras
et les estuaires. Son récit de voyage paraît en 1861 sous le titre
d'Exploitations in Equatorial Africa. Du chaillu entame 1865 une
deuxième expédition pour prouver ses théories
géographiques et rencontre de nombres peuples jusque là inconnus.
Il fait paraître à Journey to Ashango-Land en 1867.
Ce chapitre de l'Afrique sauvage nous renseigne sur trois
choses tout au plus. « Les chasseurs possèdent, par leur art,
la connaissance de la forêt. Ils connaissent presque tous les rouages de
celle-ci. L'auteur de cet ouvrage étant lui-même un chasseur avait
pour objectif la connaissance de la forêt des peuples dont il
était le hôte. L'activité exercée amène
celui-ci à avoir une idée sur les espèces animales qui
vivent de ces forêts. Le texte nous renseigne sur les zones de chasse,
qui n'étaient pas bien loin du village. Les animaux abondaient en cette
période là. Le troisième que nous avons relevé est
celui de la métamorphose de certaines personnes en animaux de la
forêt. Cela démontre du pouvoir que certains détiennent
pour faire du mal à d'autres. C'est la situation que l'auteur nous
présente dans ce chapitre « comment un homme pourrait-il se
métamorphoser en léopard » par exemple ?
Les meilleurs chasseurs détiennent effectivement la
connaissance de la forêt, ils en sont les maîtres parce qu'ils
connaissent l'espèce animale qui y vit. Nous allons sur ce nous
interroger notamment sur les noms de ces animaux. Nous tenterons de savoir si
les chasseurs ne sont pas à l'origine des noms donnés aux
différents animaux qui habitent la forêt. C'est un aspect de la
chasse qui ne semble pas encore étudié. Discours plus sur l'art
et les techniques de la chasse (Meillassoux, 1999 ; Pourtier, 1989 ;
Leroi-Gourhan, 1992). Ce chapitre nous amène à des à des
comparaisons également notamment sur les zones de chasse. Le constat est
clair, l'activité cynégétique s'éloigne du village.
Il nous permettra peut-être de comprendre et d'expliquer cette situation.
Les premières hypothèses semblent nous conduire vers la pression
démographique et le progrès technologique (Trefon 1999). Mais il
nous reviendra préalablement de constater cela avant de prononcer sur la
question. La chasse se pratique maintenant en grande forêt primaire ceci
grâce à l'installation des concessions forestières sur ces
lieux.
Paulin Kialo (2005) - « La double
pratique de la forêt : les nouvelles pratiques de la forêt
chez les Pové » in Pové et forestiers face à la
forêt gabonaise. Esquisse d'une anthropologie comparée de la
forêt, thèse de doctorat, Paris, Université Paris V, pp.
229-247
Paulin Kialo est docteur en anthropologie, chercheur à
l'Institut de Recherches en Sciences Humaines (IRSH), et dispense les cours au
département d'anthropologie de l'Université Omar Bongo de
Libreville.
La section de cette thèse comporte 4 grands points
avec des sous-titres dans chacun d'eux. Nous allons plus nous intéresser
à l'évolution de l'agriculture et de la chasse, qui figurent dans
la première partie de la section. Dans ce texte, Paulin Kialo traite de
l'évolution de l'agriculture, de la chasse et de la pêche. Mais
notre intérêt se trouve lui dans l'évolution de la chasse.
Le discours de l'auteur porte essentiellement sur le progrès des
techniques. Il pense que le fusil du forestier serait à l'origine de la
grande révolution dans la chasse, celui-ci se succèdera à
l'arbalète. « Le Pové a transformé l'image
de l'arbalète sur le fusil » (Paulin Kialo, 2005, 229).
La technique de piégeage a tout simplement été
améliorée avec l'introduction de nouveaux matériaux. Kialo
va rappeler l'importance de la dimension mystique ou religieuse dans la
chasse.
Ce texte nous apporte des éclaircissements sur
certaines de nos positions. L'auteur analyse pertinemment la situation
pové qui pourrait être élargie des ensembles plus grands.
L'évolution technique observé chez les Pové est la
même sur l'ensemble du pays. On pourrait admettre que l'image de
l'arbalète a été transférée sur le fusil,
mais l'arbalète ne s'empruntait pas, le fusil, lui, s'emprunte. Chaque
chasseur avait son arbalète, mais chaque chasseur n'a pas son fusil.
C'est des détail que nous tenterons d'apporter dans nos enquêtes
afin d'expliquer pour le mieux cette évolution technique.
www.ecofac.org: Les forêts
d'Afrique centrale se vident-elles ? Le commerce du gibier au Gabon
Ce site nous
propose une étude sur le volume et la valeur du commerce du gibier,
cofinancée par le WWF et le Projet Forêts et Environnement, qui a
été réalisée en 1994 au Gabon à la demande
du ministère des Eaux et Forêts. Cette étude, menée
par Elisabeth A. Steel, consistait à comprendre le circuit que la viande
de brousse empruntait pour arriver aux consommateurs. L'étude fait
ressortir un certain nombre de données détaillées qui
permettent de comprendre le volume et la valeur de ce commerce. Elisabeth a
parcouru les marchés de quatre villes du Gabon (Libreville, Oyem,
Port-Gentil, Makokou), qui ont des marchés connus de tous et pour
affirmer que ces marchés que l'on peut qualifier de formels produisent
1.105 tonnes/an de viande de brousse. Ce chiffre n'intègre pas les
circuits officieux de viande de brousse car tous les animaux sauvages abattus
ne passeront pas par le circuit de chasseur-revendeuse-consommateur. En
intégrant cette dimension du circuit non habituel, le volume de gibier
consommé au Gabon sera estimé à plus de 19.000 tonnes,
représentant 17,2 kg de viande/an/personne. L'étude lui permettra
de lister les espèces les plus prisées. Les primates, les
rongeurs et les ongulés représentent l'essentiel du gibier vendu
sur les marchés, donc les plus chassés.
La portée de ce texte est essentiellement
économique. Il nous permet de cerner l'importance ou l'impact de la
chasse dans les circuits économiques. A travers ces chapitres, nous
pouvons lire la vitesse de la chasse du Gabon. Il nous revient de mesurer la
fréquence de chasse lors de nos enquêtes. La chasse est devenue
alors une activité lucrative avec un air de professionnalisme des
chasseurs. La lecture des mêmes chiffres ne fait qu'amplifier notre
classification de la population vivante au Gabon. Nous aurons donc une classe
des chasseurs, des personnes qui ont pour fonction la production du gibier.
Cette distinction existait déjà dans les sociétés
précoloniales, mais elle n'était pas frappante, puisque tous les
hommes étaient presque des chasseurs. La chasse collective qui
« nécessitait l'action concentrée de plusieurs
individus, parfois, pour la chasse au filet, de plusieurs
dizaines » (Meillassoux, 1974, 95), supposait que les
participants sont des chasseurs. Nous pourrons alors dire qu'il n'y avait pas
d'homme ne pratiquant pas la chasse. Notre apport dans cette recherche
consistera peut-être à démontrer cette transformation des
sociétés gabonaises actuelles en différentes classes
d'acteurs. L'Etude cofinancée par le wwf et le projet forêts et
environnement a été réalisée par Elisabeth Steel.
Elle fut attachée de recherche au wwf.
2 - Les revendeuses
2 -1 Corpus théorique
Claude Meillassoux (1974) -
« L'agriculture commerciale : le développement des
cultures commerciales » in Anthropologie économique des Gouro
de Côte d'Ivoire : De l'économie de subsistance à
l'agriculture commerciale, Paris, Mouton, pp. 319-324
Claude Meillassoux obtient le diplôme de l'Institut
d'études politiques en 1947, puis étudie l'économie et les
sciences politiques à l'université du Michigan. En 1955,
Balandier l'engage dans le cadre du Bureau international des recherches sur les
implications sociales du développement technique de l'Unesco.
Meillassoux y découvre l'anthropologie. En 1958, Georges Balandier
l'envoie enquêter avec A. Deluz chez les Gouro de côte d'Ivoire. Il
publie à son retour « Essai d'interprétation du
phénomène économique dans les sociétés
d'autosubsistance » qui opère une révolution
épistémologique importante. S'inspirant de l'école
substantiviste, Claude Meillassoux y montre comment les aînés
dominent les cadets grâce au mécanisme de la gestion des dots.
Soutenue en 1962 et publiée en 1964, sa thèse de troisième
cycle : Anthropologie économique des Gouro de Côte d'Ivoire.
De l'économie d'autosubsistance à l'agriculture commerciale,
ouvre à une anthropologie économique marxiste.
Le texte soumis pour appréciation traite du
développement des cultures commerciales en Côte d'Ivoire. Les
cultures en question sont celles du café et du cacao. Dont les
autochtones et les immigrants possèdent des plantations. L'auteur
souligne que les infrastructures économiques avaient été
mises en place pour accueillir ce secteur agricole. Des taxes seront
créées afin de maintenir le secteur en vie et contribuer à
son développement. L'administration coloniale va organiser le secteur,
accordant aux producteurs la liberté de vente.
Immédiatement ; un nouveau système d'échange sera
institué, tout à fait différent de celui qui était
appliqué par les autochtones avant la colonisation.
Le document ne traite pas de commerce de gibier, mais celui du
café et du cacao. Nous tirons tout simplement un corollaire sur le
gibier. A part le corollaire, ce texte situe dans le temps l'introduction du
commerce et de la monnaie. Ce type d'échange est extérieur aux
sociétés précoloniales. Nous savons que le commerce
introduit en Afrique ne s'est pas limité seulement aux produits
agricoles, il a été le commerce de presque tout même de
sous-produits d'animaux (Bongoatsi Eckata, 2001, 95). L'époque coloniale
constitue la naissance d'un type nouveau d'économie. Le gibier ferra
alors l'objet de commerce, et avec le temps, les objectifs lucratifs seront au
quotidien de ces populations. L'esprit d'initiative qu'elles avaient
déjà pris une connotation lucrative, matérielle,
monétaire. Elles parlaient en termes d'argent. C'est la situation
actuelle, où tout est commercialisé, même le gibier.
Lucien Démonio (1976) - « La
problématique anglo-saxonne : économie politique et
anthropologie » in L'anthropologie économique :
courants et problèmes, Paris, Maspéro, pp. 10-32
Cet article comprend 4 parties. Notre intérêt
réside dans le chapitre 4 traitant de l'analyse substantiviste. Lucien
Démonio nous fait part des contributions substantivistes en
anthropologie économique. Il nous propose la conception de Karl Polanyi
sur l'économie, qui est en même temps le père de ce
courant. Polanyi restitue « à l'économie
l'étude de la production, de la circulation et de la distribution des
biens et services » (Lucien Démonio, 1976, 29). Le
substantif tire son origine de la dépendance de l'homme par rapport
à la nature et à ses semblables pour assurer sa survie. Polanyi
définit l'économie comme « un procès
institutionnalisé d'interactions entre l'home et son environnement, qui
se traduisent par la fourniture continue des moyens matériels permettant
la satisfaction de ses besoins » (Lucien Démonio, 1976,
29-30). Ce type d'économie va intégrer les concepts de
réciprocité, redistribution et d'échange marchand.
Notre terrain sera l'illustration de la théorie
substantiviste. De par la lecture du discours de cet auteur, il s'agit bien
d'une économie commerciale ou marchande, mettant en exergue la
production, la circulation et la distribution des biens et services. C'est le
même circuit que nous observons dans la commercialisation du gibier. Les
revendeuses ou les revendeurs constituent avec les consommateurs les agents
économiques, le gibier présenté sous toutes ses formes est
le produit de l'échange. Le caractère logique de la relation
entre fins et moyens est évident dans le commerce du gibier. Les
revendeuses et les revendeurs proposent leurs produits pour en tirer
bénéfice, celui-ci leur permettra bien sur de subvenir à
leurs besoins.
Maurice Godelier (1984) -
« L'idéel et la matériel » in
L'idéel et le matériel: pensées, économies,
société, Paris, Fayard, pp. 9-39
Ancien directeur scientifique du département des
sciences de l'home et de la société du CNRS, Prix international
Alexander Von Humbolt en sciences sociales, Maurice Godelier est directeur
d'études à l'EHESS où il dirige le Centre de recherche et
de la documentation sur l'Océanie. Il a publié deux livres chez
Fayard : La production des Grands Hommes (1982),
L'idéel et le matériel : pensées,
économies, société (1984)
« Les hommes ne se contente pas de vivre en
société, ils produisent de la société pour
vivre ; au cours de leur existence ils inventent de nouvelles
manières de penser et d'agir sur eux-mêmes comme sur la nature qui
les entoure » (Maurice Godelier, 1984, 9). C'est dans ces termes
que nous pouvons retrouver la problématique de l'auteur. Il met en
évidence la production de la culture, la fabrication de l'histoire des
sociétés et l'histoire humaine. Cette histoire tire son origine
de la transformation de la nature. Dans ce cadre, il est plus question de
matérialité mais préalablement construit par la
pensée. La spécificité de chaque peuple se trouve dans sa
nature de transformer son milieu et de le construire selon son entendement. Les
peuples en évoluant, créent en même temps de nouvelles
formes de sociétés auxquelles on ne peut pas y échapper.
Toute la vie d'un individu serait de produire quelque chose pour son bien ou
son existence. En le faisant, il change à la fois sa personne et sa
nature. Aucun acte ne peut être posé sans avoir des effets sur
l'homme et son milieu. Les peuples tentent d'humaniser leur nature afin de
s'identifier des autres.
L'oeuvre de Godelier va tout simplement nous aider à
comprendre le mouvement de nos sociétés dans leur histoire. Ce
mouvement nous permettra d'explorer les rapports entre pensée,
l'économie et la société. Il faut se rappeler que les
peuples vivant sur le territoire gabonais avant la colonisation avaient un mode
de pensée, un type d'économie propre à leurs
sociétés. Mais avec le contact avec les Blancs, certaines choses
se sont vues disparaître, transformer et naître. L'introduction de
la monnaie comme moyen pour valider l'échange, l'introduction de
l'économie marchande et libérale, a fait de ces peuples, des
hommes appartenant à une nouvelle société. Interdire la
commercialisation du gibier au Gabon, serait ignorer la forme de
société dans laquelle nous sommes. La société
gabonaise se trouve dans un processus de transformation où les
pensées traditionnelles ou anciennes se reproduisent afin de produire
une nouvelle culture, celle du Gabon. Ce serait peut-être le moment pour
nous de nous interroger sur le type de société le Gabon se
retrouve, avec quel type d'économie ?
Socio-anthropologie.revues.org :
Maurice Godelier (2000) - « Aux sources de
l'anthropologie économique » in Socio-anthropologie,
n°7
Ancien directeur scientifique du département des
sciences de l'home et de la société du CNRS, Prix international
Alexander Von Humbolt en sciences sociales, Maurice Godelier est directeur
d'études à l'EHESS où il dirige le Centre de recherche et
de la documentation sur l'Océanie. Il a publié deux livres chez
Fayard : La production des Grands Hommes (1982),
L'idéel et le matériel : pensées,
économies, société (1984)
Maurice Godelier, dans ce texte, discute de la question de la
notion de l'économie dans les sociétés humaines. Son
propos est répartit en deux points. La question des formes marchandes de
circulation de biens attire notre attention. Il distingue les formes simples de
circulation des marchandise, avec ou sans monnaie, et les formes capitalistes
de circulation de marchandises. Les premières sont de l'ordre du troc et
les secondes sont d'ordre monétaire. Maurice Godelier distingue à
nouveau deux types d'échanges avec monnaie. Le premier est
l'échange destiné à satisfaire des besoins où
l'argent est utilisé comme simple moyen de circulation entre les
marchandises. Le deuxième met en évidence une circulation de la
monnaie comme capital. Une catégorie professionnelle
spécialisée peut alors paraître, qui a pour fonction
d'acheter ou de vendre des biens, soit à l'intérieur d'une
communauté, soit entre des communautés.
Nous avons choisit ce texte par rapport à une classe
d'acteurs : les revendeuses et les revendeurs. Ceci pour repréciser
le contexte économique dans lequel on se trouve. Nous avons
interpellé Maurice Godelier dans ce cadre précis pour appuyer le
type d'échange qui caractérise cette forme. Ici, le capital est
marchand, et le circuit du gibier nous le confirme. L'échange de ce
produit est orienté vers le profit. Cet échange met en
scène différentes catégories professionnelles. Les acteurs
de la vente du gibier considèrent l'activité comme une
profession, puisqu'ils y consacrent de leur temps et leur capital. Il sera
alors difficile de leur empêcher d'exercer ce qu'ils considèrent
comme profession, étant donné que c'est leur seule source de
revenus. Dans ce cadre bien précis, nous nous situons dans un mode de
production capitaliste.
Françis Dupuy (2OO1)
-« L'économie « informelle » :
l'intrication des instances » in Anthropologie économique,
Paris, Amand Colin, pp. 167-176.
Françis Dupuy, maître de conférence en
anthropologie à l'université de loitiers, membre du
LARESCO-ICOTEM, a déjà publié Le pin de la discorde
(Paris, 1996), ainsi que divers articles et contribution à des ouvrages
collectifs. Après avoir consacré ses recherches de terrain au
domaine rural françis, il poursuit actuellement ses travaux dans le
cadre d'une anthropologie américaniste.
Le chapitre que nous apprécions comporte deux parties.
Nous accordons notre intérêt au point deux de la première
partie, qui aborde la question du formel et de l'informel. Le concept d'
« économie informelle », construit par des
institutions internationales « tend à qualifier toutes les
activités de production ou de commerce se déroulant hors du
contrôle des Etats et des instances officielles de régulation
nationales ou internationales » (Francis Dupuy, 2001, 168). Tous
les débats reposent sur cette conception de l'informel, ce qui complique
la définition du secteur informel. Le concept de l'informel a un aspect
sociologique qu'il faut intégrer, puisqu'il intègre le salariat,
des circuits et réseaux non économique en sens stricte, la
parenté. Dupuy na apprécier le travail abattu par Serge Latouche,
qui est économiste. Il a vu trois niveaux interdépendant de
l'informel : le niveau anthropologique (parce qu'il s'agit de l'humain),
le niveau sociétal (à cause du monde d'organisation
contractuelle) et le niveau physico technique (à cause de la nature).
Mais, l'approche de Latouche a fait couler beaucoup d'encre et de salive.
Cet extrait de texte nous place dans une problématique
dont les points de vue seront toujours divergeant entre les anthropologues et
les économistes, la question du formel et de l'informel. Notre objet
s'inscrit dans la même problématique on se demande dans quel champ
inscrire nos revendeuses et revendeurs, dans le formel ou dans l'informel. Les
premières enquêtes nous montrent que ses commerçants payent
leurs taxes journalières à la municipalité et aux
prestataires de service (Georgin Mbeng, 2006, 69). L'objectif de ces agents
économiques n'est pas l'accumulation illimitée, ni la production
pour la production. Ici, « on est ingénieuse sans
être ingénieur, entreprenant sans être entrepreneur,
industrielise sans être industriel » (Francis Dupuy, 2001,
168).
2 - 2 Corpus documentaire
Bongoatsi Eckata Wilfried (2001)-
« La chasse individuelle : les innovations coloniales et
post-coloniales » in Ebwéma : « il est
allé tuer ». Le phénomène
cynégétique et sa dynamique dans la société hongwe
(Gabon), mémoire de maîtrise, Libreville, UOB, pp. 94-103
Bongoatsi Eckata Wilfried est Mahongwè, de
nationalité gabonaise, il a fait ses études supérieures
à l'Université Omar Bongo où il a passé sa
maîtrise en 2001. Il très rapidement de se lancer dans le monde du
travail.
Le texte sur lequel nous nous appuyons est le chapitre 2 de
la deuxième partie de ce mémoire. Ce chapitre comprend trois
sections, mais nous accordons de l'intérêt au premier de la
troisième section qui traite de la situation coloniale. Le texte pose la
question du commerce des produits naturels, échange passé entre
les populations gabonaises et les Occidentaux. L'auteur nous fait comprendre
que la présence occidentale au Gabon en particulier était
uniquement économique avec l'installation des compagnies
forestières. « La situation coloniale a permis aux
Occidentaux, par l'intermédiaires des Noirs, d'exploiter massivement les
ressources fauniques » (Bongoatsi Eckata Wilfried, 2001, 95).
Après l'ouverture du marché d'ivoire, celui des peaux de
céphalophes s'est ouvert pour ravitailler le marché
européen en partie français. « En 1925 s'ouvrit un
marché pour les peaux de céphalophes qui étaient
tannées sur place et expédiées sur place et
expédier en France pour faire les manteaux » (Bongoatsi Eckata
Wilfried, 2001, 96).
Nous savons à partir de ce texte que les Gabonais
connaissent la culture du commerce depuis qu'ils ont été
colonisés. Ils appliquaient les termes bines et services d'une part,
offre et demande de l'autre sans pourtant le savoir. La culture commerciale et
la commercialisation ne datent pas de maintenant. Il faut alors retenir que la
même façon que la commercialisation du gibier est au même
titre que la chasse et la consommation du gibier des habitudes de la culture,
des produits de la culture parce qu'elles appartiennent au patrimoine culturel
du peuple gabonais actuel. Le texte nous apporte une nouvelle
appréhension du phénomène que nous étudions. A la
lecture du texte, il ressort que les Occidentaux qui étaient en place au
Gabon occupait une position de revendeur, parce qu'ils achetaient pour d'autres
personnes. A ce niveau, nous pouvons devons donc dire qu'il a avait
déjà une classe de chasseur, de revendeurs et de consommateurs,
qu'avec le temps les deux autres classes naîtront.
Ludovic Mba Ndzeng (2004) -« Les
formes de gestion de l'écosystème du village Mbenga
(Woleu-Ntem) » in Revue gabonaise des sciences de
l'Homme : les formes traditionnelles de gestion des
écosystèmes au Gabon, n°5, Libreville, PUG ; pp.
169-176
Ludovic Mba Ndzeng est enseignant au département
d'anthropologie à l'Université Omar Bongo. C'est lors du
séminaire organisé par le Laboratoire Universitaire de la
Tradition Orale qu'il produit « Les formes de gestion de
l'écosystème du village Mbenga (Woleu-Ntem) ».
L'auteur nous démontre la structure du village
reposant sur ses segments de lignage et constituant ainsi les différents
quartiers de Mbenga. Il souligne que l'emplacement actuel de celui-ci repose
sur les besoins des habitants notamment la position du soleil, les points
d'eau, la morphologie et le degré de fertilité des terres
environnantes, et aussi l'orientation des vents. Cet article fait
également ressortir les rapports que les populations de Mbenga
entretiennent avec leur milieu forestier. Les activités qui y sont
pratiquées permettent aux populations de satisfaire leurs besoins. La
chasse, activité exclusivement masculine, était individuelle ou
collective. Elle se pratiquait davantage sur des espaces privés (chasse
individuelle) et communs à l'ensemble de la communauté (chasse
collective), avec des techniques rudimentaires. Aujourd'hui, grâce
à l'introduction du fusil, les populations optent
préférentiellement pour la chasse individuelle. L'auteur n'oublie
pas de souligner l'aspect réglementaire de cette activité,
l'initiation et la socialisation qu'elle engendre au sein du groupe.
L'introduction du fusil et de l'adaptation de la technique de piégeage
seront à l'origine des grands changements observés maintenant.
Ces techniques nouvelles vont occasionner un impact considérable sur
l'écosystème. Les restaurants sont l'une des preuves de la
surabondance du gibier à Oyem. Cette surabondance de gibier dans le
centre urbain, est le fait des « bayames ».
Pour lui, le terme « Bayame » qui est
une contraction du pidjin « Bayam Salam », vient de
l'anglais « To buy » et « to sell »,
« acheter » et « vendre ». Dans le
contexte qui est le nôtre, le terme Bayame désigne un groupe de
femmes spécialisées dans l'achat et la vente du gibier ou de tout
autre produit de collecte. Mais nous nous intéresserons à celles
qui achètent et vendent surtout du gibier. Mba Ndzeng mentionne que ce
changement relève de ce que nous qualifions de campement. Deux
comportements seront évoqués par l'auteur notamment les
phénomènes « bayame » et de la
« tronçonneuse » caractéristiques de
l'appât du gain qui est devenu l'objectif principal poursuivit par
chacun. En fin de propos, l'auteur ferra ressortir les mérites de la
jachère, technique longtemps utilisée par ces peuples. Il va
repréciser le modèle d'exploitation dans lequel nous sommes,
partant ainsi de l'exploitation parcimonieuse à une exploitation
abusive, et propose la contextualisation des principes
expérimentés par nos pères.
Le texte apporte des éclaircissements sur l'objet de
notre étude. Il aborde la question des revendeuses de produits naturels
particulièrement le gibier. L'auteur participe de la
compréhension du phénomène de la commercialisation.
Ludovic Mba Ndzeng l'inscrit dans le phénomène
« bayame ». C'est phénomène urbain
essentiellement qui pose le problème du rapport urbain-rural. Le
phénomène « bayame » est synonyme
d'identification d'une catégorie de femmes qui se spécialisent
dans la vente d'un produit naturel. Nous nous proposons de dépasser ce
terrain. Il ne s'est intéressé qu'à l'usage alimentaire.
Or il est important d'aborder tous les usages du gibier. Il est facile de
constater dans certains emplacements la vente des peaux, des oiseaux et des
pattes de certains animaux pour les usages médicinaux et rituels.
carpe.umd.edu : Projet de
conservation de la biodiversité dans la vallée de l'Inoubou.
Etude des ressources fauniques et de leurs utilisations dans la zone
Ndiki-Makénéné
Dans cet article, Jean Claude Soh présente
l'étude des ressources fauniques et de leurs utilisations dans la zone
Ndiki-Makénéné, financée par le Programme
Régional d'Afrique Centrale pour l'Environnement (CARPE). C'est dans
l'optique du développement durable que CARPE va contribuer aux
côtés du Centre d'Appui aux Femmes et aux Ruraux (c.a.f.e.r) au
projet de conservation de la biodiversité dont le c.a.f.e.r est
l'initiateur.
Le texte comporte quatre parties et bien évidemment
une introduction et une conclusion. L'importance de ce texte nous proviendrait
de la troisième partie précisément dans ses
résultats obtenus. C'est dans ce point que l'auteur fait intervenir les
revendeuses de viande de brousse qu'il appelle aussi
« Buyam-salam ». Il y a bien d'autres points, mais c'est
celui-là qui attire notre attention. Jean Claude Soh présente les
résultats obtenus de son terrain. La quasi-totalité des femmes
interrogées sont dans la trentaine d'âge, ayant une
expérience de la vie et des responsabilités familiales. Leurs
expériences du métier varient entre 2 et 15 ans. Les raisons de
l'exercice de ce travail sont également évoquées et quatre
principales raisons ressortent le plus lors des enquêtes. Il y a parmi
les quatre raisons la recherche de moyens de survie, la seule activité
facile et rentable, l'imitation des autres et le chômage,
l'écoulement des produits de chasse du père.
Le commerce de gibier permet-il de gagner sa vie ? Sur
les 12 femmes que l'enquêteur a interrogé, 10 affirment gager leur
vie à partir de ce commerce. Les deux autres pensent qu'il y a trop de
pertes et trop de femmes dans l'activité. Dans l'origine des
problèmes rencontrés, plusieurs réponses sont
également données. Il y a trop de saisies d'une part par les
agents des Eaux et Forêts d'autre part par les gendarmes, le nombre de
revendeuses est très élevé, le chantage de certains
chasseurs, la malhonnêteté de certains chasseurs, le mauvais
état de la routes, la cherté du gibier vendu par les chasseurs et
la putréfaction du gibier après achat. Ces femmes pensent que
l'on devrait réglementer l'activité et leur délivrer les
autorisations de vente moyennant des taxes ; le contrôle devrait
toucher directement les chasseurs et non elles, étant donné que
ce n'est pas elles qui vont forêt ; créer les empois et
développer les activités alternatives ; négocier de
temps en temps avec les agents des Eaux et Forêts.
La situation relatée dans ce texte est vécue au
Cameroun, on pourrait alors tirer un corollaire avec la situation gabonaise. Il
nous revenait de montrer la situation actuelle de la consommation de la viande
de brousse, qui fait intervenir un acteur autre que la chasseur dans le circuit
chasseur-consommateur. Le gibier se voit d'abord passer par les revendeuses
avant qu'il ne soit consommé. Le texte est d'un apport important parce
qu'il met en évidence l'exigence de la statistique dans toute recherche.
Nous nous proposons d'intégrer cet outil de travail afin d'avoir des
résultats détaillés.
www.wcsgabon.org: Quelques
marchés commerciaux du gibier étudiés au Gabon
Le Wildelife Conservation Society (WCS) est une ONG
environnementale américaine, qui participe aux côtés de
l'Etat gabonais à la protection de la nature.
Le document présente les recherches effectuées
par l'ONG sur les marchés de vente de gibier sur le territoire national.
Sept villes regorgent les plus grands marchés de vente de gibier au
Gabon. Il y a Libreville, avec Mont Bouet comme principal marché ;
Franceville, avec le marché de Pottos ; le marché d'Afane
est le seul pourvoyeur de gibier à Makokou ; Carrefour Monaco pour
alimenter la ville d'Oyem ; Okondja est la zone d'approvisionnement de
Franceville ; le marché de Manbenda alimente les populations
urbaines de Koulamoutou ; les populations de Lambaréné se
ravitaillent au Port. Selon l'étude, le marché d'Oyem est le
premier marché du Gabon en terme de poids total de viande de brousse
vendue (48 tonnes avec une valeur de 104. 000. 000 f cfa), et s'oppose à
celui de Lambaréné (24 tonnes, 19. 000.000). il faut signaler que
cette étude a été menée en 2004.
L'étude est intéressante parce qu'elle
présente le contexte économique et commercial du gibier au Gabon.
Elle donne un aperçu du phénomène dans plusieurs villes
gabonaises. L'examen des différents marchés de vente de gibier
met l'accent sur les statistiques de vente et sur les espèces les plus
vendues. Ce qui signifie qu'il y a une préférence pour une
espèce par rapport à d'autres. Mais nous constatons que les
raisons de ces préférences ne sont pas données. Notre
travail consistera alors à fournir une explication sur celles-ci. De la
lecture des chiffres avancés par l'étude, nous pensons qu'on
chasse avant tout pour s'alimenter, les autres usages sont secondaires. Il est
de notre devoir d'intégrer la statistique pour mieux expliquer et
comprendre certaines situations. Les vendeuses de viande de brousse sont des
agents économiques dans le sens de l'économie politique. Nous
tenterons d'étudier leurs charges, le chiffre d'affaire journalier. Nous
allons mesurer la fréquence de l'espèce la plus abondante. Ce
sont des points que nous aborderons pour étayer notre propos.
www.iucn.org: Oumarou
Ahmed : « Le commerce transfrontalier des
espèces sauvages en Afrique de l'ouest » in
Deuxième colloque Pan-Africain sur l'utilisation durable des
ressources naturelles en Afrique : Ouagadougou, Burkina Faso, 2000
Le texte d'Oumarou met en exergue la problématique de
la valorisation des ressources renouvelables. L'accent est mis sur le commerce
de la faune qui s'opère à deux niveaux : il y a le commerce
des espèces animales vivantes et celui des sous-produits. L'utilisation
durable des ressources naturelles est une préoccupation largement
exprimée dans le cadre de plusieurs politiques nationales et conventions
internationales, dont la CITES (Convention sur le commerce international des
espèces de faunes et de flores sauvages menacées d'extinction)
assure la gestion. Oumarou pense que « le commerce
transfrontalier est l'une des voies les plus indiquées pour la
valorisation des espèces sauvages » (
www.iucn.org: Oumarou Ahmed :
« Le commerce transfrontalier des espèces sauvages en Afrique
de l'ouest » in Deuxième colloque Pan-Africain sur
l'utilisation durable des ressources naturelles en Afrique :
Ouagadougou, Burkina Faso, 2000).
La contribution d' Oumarou Ahmed nous permet de
justifier le commerce des sous-produits de la faune. D'aucuns pourraient penser
que le commerce du gibier est uniquement celui de la viande. Ils ne peuvent pas
s'imaginer que la peau de civette que détient le tradithérapeute
est vendue ou a été achetée par celui-ci. La preuve est
que l'ivoire du Gabon, en 1849 par exemple, représentait pendant les
mauvaise années 50% et pendant les bonnes années jusqu'à
70% et même 80% des exportations de l'Estuaire (M'bokolo Elikia, 1981,
107). En 1925 s'ouvrit un marché pour les peaux de céphalophes
qui étaient tannées sur place et expédiées en
France pour faire les manteaux et des peaux de chamois. L'A.E.F exporta en 1937
un tonnage de peaux de céphalophes équivalent à 800. 000
animaux (Bongoatsi Eckata, 2001, 96). Ces éléments sont la preuve
que les sous-produits sont commercialisés depuis longtemps. Il faut
aussi voir l'aspect de la monnaie qui est de nos jours le moyen
d'échange, imposant par la suite une certaine rationalité
économique qui diffère de celle connue auparavant. C'est
maintenant la logique de calcul, de profit matériel qui oriente les
individus en ce moment. Dans ce cas, il y a préalablement
l'expérience de l'utilité d'un matériau qui est un acquis,
ajoutée à cela l'usage de la monnaie. L'objectif dans notre
étude serait peut-être d'élargir nos horizons vers les
différents sous-produits qui sont mis en vente par certains revendeurs.
Le but serait de répertorier les espèces dont les sous-produits
sont commercialisés.
3 - Les consommateurs
3 - 1 Corpus théorique
Bronislaw Malinowski (1968) -
« Besoins élémentaires et réponses
culturelles » in Un théorie scientifique de la
culture, Paris, Maspéro, pp. 78 -101
Bronislaw Malinowski va étudier la physique et les
mathématiques, puis s'inscrit à l'école de Frazer,
à Londres. Il rédige sa thèse sur la famille chez les
aborigènes d'Australie. Passe deux années chez les Trobriands.
Les Argonautes du Pacifique occidental (1922) lui donne une renommée
mondiale, illustrant déjà sa manière de concevoir
l'étude anthropologique. Il a écrit Moeurs et coutumes des
Mélanésiens (Paris, 1933), La sexualité et sa
répression (Paris, 1932), La vie sexuelle des sauvages du nord-ouest de
la Mélanésie (Paris, 1930), Les jardins de corail (Paris,
1971).
Dans ce texte, l'auteur traite essentiellement des besoins
élémentaires et des réponses culturelles. Il recherche
dans cette étude « à déterminer le rapport
entre un acte culturel et un besoin de l'homme, besoin primaire ou besoin
dérivé » (brenard Valade, 1996, 497). L'auteur
propose un certain nombre de besoins dont l'individu se doit de satisfaire pour
son bien et celui de la société. Si un acte culturel est
posé, c'est parce que l'organisme ressent un besoin et celui-ci
mérite d'être satisfait. Les besoins énumérer par
Malinowski sont d'ordre biologique, nature. Et pour lui, un besoin subit
l'influence de la culture, il est la manifestation de la culture d'un peuple.
Nous ressent tous le besoin de manger, mais nous ne l'exprimons pas de la
même façon.
Ce chapitre tente d'expliquer clairement notre travail. Il
nous amène à comprendre que la consommation du gibier au Gabon
est un fait de la culture. Les populations rurales et urbaines expriment un
besoin que la culture leur impose. Consommer de la viande de brousse est un
acte culturel. Cette consommation s'exprime de manière alimentaire,
médicinale et rituelle. Ce sont là trois besoins que ces
populations ressentent le plus souvent. Pour reprendre les propos de
Malinowski, qui pense que la culture est « cette totalité
où entrent les ustensiles et les biens de consommation, les chartes
organiques réglant les divers groupements sociaux, les idées et
les arts, les croyances et les coutumes » (Malinowski, 1968,
35). Cela nous amène à dire que les trois besoins exprimés
par les populations gabonaises font partie de leur patrimoine culturel, les
leur interdire serait allé contre leur nature ou leur culture.
Igor de Garine, Stephen Hugh-Jones, Armin
Prinz (1996) - « Facteurs culturels et choix
alimentaires : généralités » in
L'alimentation en forêt tropicale : interactions bioculturelles
et perspectives de développement, Paris, UNESCO, volume II, pp.
805-815
Les auteurs de cet article sont des anthropologues. Leur
contribution rentre dans le cadre de la valorisation des cultures dont l'Unesco
s'est donnée l'objectif principal. Leurs terrains se trouvent
respectivement en Afrique, pour Igor de Garine, en Amérique du sud, pour
Stephen Hugh-Jones. Par ailleurs, c'est le terrain de Armin Prinz qui ne nous a
pas été fourni.
La problématique défendue dans cet article
repose sur le rapport entre l'alimentation et la culture. L'examen de
l'alimentation dans une société donnée revient à
comprendre les habitudes alimentaires, les préférences, les choix
et les stratégies diététiques globales de ce peuple. (Igor
de Garine, 1996 ; Janowski M.R.H., 1996). L'alimentation permet à
ce peuple de s'identifier, de s'attribuer une identité. Cela accorde
à l'alimentation une dimension culturelle. Soulignons également
l'aspect important de l'environnement dans cette alimentation. Il faut rappeler
qu'un peuple ne consommera que ce que son milieu lui offre. C'est à
niveau que des paramètres comportementaux s'affichent afin que
l'individu puisse s'adapter à son milieu. En étudiant
l'alimentation, on comprend que « la culture peut souvent jouer
un rôle déterminant en opérant de « haut en
bas » pour déterminer des ensembles de choix et de
préférences dont les raisons sont fondées »
(Igor de Garine, Stephen Hugh-Jones, Stephen Hugh-Jones, 1996, 806).
La question développée dans ce texte est d'un
grand apport. Il nous revient de savoir les raisons des choix que les individus
opèrent dans leur alimentation. Nous tenterons de comprendre les raisons
pour la préférence de la viande de brousse au détriment de
celle produite en boucherie, pourquoi certaines parties du gibier sont-elles
réservées à une classe de personnes, pourquoi tel animal
est-il consommé ici et pas ailleurs ? « Il y a des
populations qui mangent le chien et le chat, d'autres qui réprouvent ce
type de comportement alimentaire » (Raymond Mayer, 2004, 44). Ce
sont des situations pareilles que nous tenterons de comprendre et d'expliquer
lors de nos enquêtes. Nous en convenons avec les auteurs de cet article
sur la dimension culturelle de l'alimentation. Les comportements
exprimés plus haut illustrent le fait qui est observé sur le
terrain gabonais.
Jean - Pierre Poulain (2002) -
« Les phénomènes alimentaires » in Manger
aujourd'hui, attitudes, normes et pratiques, Paris, Privat
Jean - Pierre Poulain est doté d'une double
formation : une formation technique dans le domaine de l'ingénierie
hôtelière et de la restauration (professeur agrégé)
et une formation sociologique et anthropologique (doctorat en 1985) avec une
thèse intitulée Anthropologie de la cuisine et les
manières de table, sous la direction d'Edgar Morin.
Le titre en soi révèle une connaissance
approfondie de la recherche sur la consommation puisque cette différence
entre attitudes, normes et pratique est le point commun de la recherche sur les
consommateurs. Ce chapitre concerne les phénomènes alimentaires,
et englobe les définitions de base, les différents types
d'attitudes, les outils utilisables et utilisés. Ce texte introduit les
études alimentaires, particulièrement adaptée à la
France et à son évolution historico-économique. L'auteur
se fonde sur les notions traditionnelles de temps et d'espace afin de
délimiter le modèle alimentaire, mais les
références culturelles, sociales, linguistiques ne sont en rien
omises. La mise en valeur du « modèle traditionnel
français » nous semble ici important, eu égard à
l'influence de ce modèle en Europe et dans le reste du monde occidental.
La présentation des outils disponibles met immédiatement l'accent
sur la distance entre représentations et comportements. Au-delà
de cette dualité fondamentale, l'auteur propose une présentation
méthodique avec des tableaux récapitulatifs.
La contribution de Poulain est intéressante sur les
plans théorique et méthodologique. Il nous propose un
modèle d'analyse avec des outils qui nous permettent de mieux explorer
la question de la consommation de la viande de brousse au Gabon. Sa
méthodologie pourrait nous mener vers une modélisation des usages
du gibier. Les outils de cette méthodologie, pour y arriver, vont
intégrer nécessairement les attitudes, les normes et pratiques
des Gabonais en rapport avec le gibier. Le comportement affiché à
l'égard du gibier participe de cette modélisation. La recherche
pourra peut-être aboutir à un modèle traditionnel gabonais
dans l'usage du gibier. La question sera étudier, dans les prochaines
années, en détail. Plusieurs paramètres sont à
intégrer dans ce projet notamment la cuisson du gibier.
Philippe Descola (2005) - « les
usages du monde : l'institution des collectifs » in
Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, pp. 341-385
Dans ce texte, Descola évoque la problématique
du rapport Nature et société, problématique qui est au
centre de ses travaux. Dans ce cadre, il met en évidence la construction
de la nature, qui devient par la suite une nature sociale. La nature comporte
des « existants » qui sont la manifestation de
l'esprit humain. Chaque peuple construit sa nature. Il sera alors
évident que Descola traite dans ce chapitre de la catégorisation,
de la classification des éléments de la nature. Philippe Descola
pense que « le social résulte au contraire du travail de
rassemblement et de répartition ontologique des sujets et des objest que
chaque mode d'identification conduit à opérer »
(Philippe Descola, 342). Ces identifications conduisent à des
regroupements qu'il appelle « collectif » afin de
répondre à des besoins spécifiques. Le rangement est
propre à un groupe social et c'est cela qui le différencie d'un
autre groupe.
Le contenu de ce texte participe de la compréhension
et de l'explication de notre objet. Il nous permet d'identifier les
différents usages des consommateurs. Ces usages sont la manifestation
des opérations de l'esprit. En effet, une certaine classification se
dégage de cette consommation. Les usages se dégagent en fonction
des circonstances, c'est-à-dire quand l'individu ressent le besoin de
s'alimenter, de se faire soigner ou de procéder à un rite. Nous
observons même qu'à partir de ces usages, c'est l'espèce
animale qui se trouve regroupée en collectif. On aura par exemple
l'animal alimentaire, l'animal médicinal, l'animal rituel et même
l'animal totémique. Il faut dire que l'individu utilise l'animal
toujours par rapport à un usage spécifique. Nous évoquons
ici le rôle de l'imagination esthétique dans l'élaboration
des systèmes classificatoires, rôle déjà reconnu par
les grands théoriciens de la taxinomie (Lévi-Strauss, 1962,
Berlin, 1974).
www.argonautes.fr: Dominique
Desjeux : La méthode des itinéraires
Dominique Desjeux est professeur d'anthropologie sociale et
culturelle à Paris V. Il est directeur du Magistère de sciences
sociales appliquées aux relations interculturelles dans les
organisations, la consommation et l'environnement. Ses travaux sont produits
sur des expériences américaines, européennes et
africaines.
Desjeux, dans cet article propose la méthode des
itinéraires, qui est une méthode ethnomarketing qualitative de
recueil de l'information. Elle reconstruit les prises de décision du
consommateur, non pas comme un arbitrage individuel à un moment
donné, mais comme un processus collectif dans le temps. Elle se centre
sur les usages et les pratiques, des comportements d'achat en fonction de sept
étapes principales. La méthode est applicable au comportement du
consommateur en France et pour comprendre les différences culturelles de
consommation, ce qu'illustre le cas du Danemark, associé à
quelques références tirées d'une série
d'enquêtes comparatives menées entre les USA, la Chine et la
France.
Le rapport de ce texte avec notre objet est cette fois-ci
méthodologique. La méthode des itinéraires va nous servir
dans la compréhension du comportement du consommateur au Gabon. Elle
nous aidera parce qu'elle fonctionne comme un système de scannage
systématique des étapes qui structurent le processus de
décision de la consommation marchande. Nous réduisons
l'étude sur les comportements alimentaires. Les décisions
d'acquisition marchandes des consommateurs ne sont pas
considérées comme des arbitrages à un moment donné,
mais plutôt comme des processus dans le temps. Une décision
d'achat n'est considérée ni comme un moment, ni comme un action
individuelle. Elle se construit tout au long d'un itinéraire temporel et
spatial, fait d'interaction sociales, soumis à une série de
contraintes matérielles, sociales et en fonction d'un ou plusieurs
univers symboliques. Le principe de base est l'accumulation des observations
qualitatives, sur une base comparative, les étapes de
l'itinéraire. Nous allons suivre les différentes étapes du
consommateur du gibier à partir d'une méthode qui
nécessite du temps.
3 - 2 Corpus documentaire
Marius Indjieley (1998) - « La
consommation de la viande de brousse par les librevillois : une forme de
relation entre les populations rurales et les populations urbaines »
in National du Programme d'Action Forestier Tropical du Gabon :
gestion durable des écosystèmes forestiers du Gabon,
Libreville, Cellule Nationale de Coordination du PAFT-Gabon, pp. 58-59
Marius Indjieley est enseignant au département de
géographie à l'Université Omar Bongo. C'est lors de
l'Atelier National du Programme d'Action Forestier Tropical du Gabon que
l'auteur a produit cet article.
L'auteur propose les deux hypothèses ayant conduit
à son étude. Cette dernière consistait à
vérifier d'abord si la conjoncture économique était
à l'origine de la vente du gibier ou le fait est essentiellement
culturel. L'enquête de terrain a été nécessaire dans
la confirmation de ces hypothèses. Dans la suite de sa logique, l'auteur
va démontrer que la tendance actuelle du commerce du gibier provient de
la consommation de celui-ci par les anciens ruraux devenus citadins. Cette
consommation a son origine directe dans la croissance démographique.
L'hypothèse de la considération économique sera soutenue
par la crise économique que le Gabon connaît depuis lors. Celle-ci
a fait de la viande de brousse ou de la faune un secteur exploitable. L'auteur
va alors distinguer deux catégories de chasseurs : chasseurs
indépendants et chasseurs dépendants. Les premiers sont
ceux-là qui sont à leur propre compte et le matériel
qu'ils utilisent leur appartient. Les seconds sont équipés par
des cadres ou autres personnes hautement placées. L'article de Indjieley
fait ressortir la relation que les anciens ruraux établissent avec la
forêt même étant déjà des citadins. Ils
continuent de s'alimenter des produits du terroir.
Le propos de Marius Indjieley élargi le champ de
compréhension et d'explication de notre objet. De la manière
qu'il l'exprime, on saisi le rapport qu'il veut établir entre les
populations urbaines et les populations rurales. Le gibier fait partie des
produits forestiers non ligneux, qui permettent aux populations urbaines de
toujours garder le contact avec la forêt. Lors d'une étude
menée au Gabon, l'APFT (Avenir des Peuples des Forêts Tropicales)
a démontré l'interface ville/forêt, où les villes
sont les principaux exploitants des forêts tropicales (www. ulb. ec. be).
On constate effectivement que les populations ont un regain
d'intérêt pour les produits de la forêt certainement
à cause de leur état naturel. Dans ce cadre, il s'agit des
préférences des individus et nous comptons fournir des
données statistiques afin de mesurer ces choix.
Théodore Trefon (1999) -
« Libreville et son appétence opiniâtre de
forêt » in Afrique contemporaine, n°190, Paris,
La documentation, pp.39-54
Théodore Trefon est consultant indépendant et
chercheur au Brussels centre for African Studies (VUB/ULB). Ses recherches en
RDC portent sur les relations société-Etat, l'anthropologie
urbaine et la gouvernance environnementale.
Théodore Trefon, dans « Libreville et son
appétence opiniâtre de forêt », met en
évidence la relation de dépendance des populations urbaines
à la forêt. Plusieurs facteurs doivent être pris en
considération pour comprendre la dynamique de cette relation avec les
forêts de l'arrière-pays et l'impact qui en résulte. Dans
cet article, l'auteur se propose d'examiner d'abord le processus
général de migration rurale au Gabon avant de décrire
celui, toujours en cours, de l'urbanisation de Libreville. Les causes de
l'expansion agricole dans la province de l'Estuaire seront abordées
ensuite, puis la question de la dépendance envers la viande de brousse,
le bois de chauffe et les produits forestiers non ligneux. Enfin, les raisons
pour lesquelles le clivage ville-campagne s'effrite rapidement au Gabon seront
analysées. La conclusion, quant à elle, s'attardera sur les
perceptions divergentes, au Gabon et en Occident, de la conservation et de ses
implications dans les techniques et les politiques environnementalistes.
Trefon pense que « l'évolution de la
consommation rurale traditionnelle en usage urbain régulier hautement
commercialisé peut s'expliquer par la crise économique, le
processus d'urbanisation, la pression démographique, l'attachement
culturel et symbolique, l'exploitation forestière et les contraintes
institutionnelles, tout comme par stratégie politique »
(Théodore Trefon, 1999, 47). La ville regorge plus de consommateurs de
viande de brousse que de chasseurs. Ces consommateurs sont en
général des anciens ruraux ayant migré vers les zones
urbaines en amenant avec eux leurs habitudes rurales notamment alimentaires.
S'ils dépendent des produits du terroir notamment de la viande de
brousse, c'est parce qu'ils sont plus proche de la forêt. Et
inévitablement, ils ont une représentation de cette
dernière. Les populations urbaines expriment un certain attachement pour
le gibier au détriment de la viande importée. Il faut aussi
souligner qu'en parlant de commercialisation du gibier, il y a là une
dynamique sociale et culturelle qui ressort, une nouvelle société
caractérisée par la consommation ou par le marché. Le
principe régulateur de l'économie de marché, c'est le
principe de l'offre et de la demande, celui des producteurs et des
consommateurs.
Le texte nous présente la situation globale de la
consommation du gibier dans plusieurs villes du Gabon. Il nous donne une
idée des causes de cette consommation. Les villes gabonaises
constituées pour la grande majorité des anciens ruraux. Si la
faune prend un coup, c'est parce qu'il y a trop de consommateurs de gibier en
milieu urbain. Il faut rappeler que c'est de l'usage alimentaire dont il est
question. Actuellement, on tue plus pour les besoins alimentaires des citadins.
Dans ce cadre précis, on comprend que la citadinité est plus un
détachement spatial que mental. L'urbain est un espace où
plusieurs mentalités s'expriment, s'émouvent. La cause
démographique semble être la cause de la dégradation de
l'environnement faunique du Gabon. Nous tenterons également de produire
des données statistiques sur le nombre de fois qu'in individu ou qu'un
ménage peut avoir le gibier dans son menu. Les résultats de cette
étude pourront confirmer ou infirmer l'hypothèse de la cause
démographique.
Patrick Mouguiama Daouda (2004) -
« Taxinomie ethnobiomlogique et écosystème : la
position linguiste » in Revue gabonaise des sciences de
l'homme : les formes traditionnelles de gestion des
écosystèmes au Gabon, Libreville, PUG, pp. 51-62
Patrick Mouguiama Daouda est maître de
conférence-HDR en science du langage à l'Université de
Libreville et chercheur associé au laboratoire de la dynamique du
langage de Lyon (CNRS). Il suit de près le progrès des autres
sciences historiques, car sa démarche replace l'évolution de la
langue dans une perspective globale prenant également en compte la
dynamique culturelle et biologique.
L'auteur pose le problème des taxinomies
traditionnelles. Il va signaler que « l'étude des
taxinomies traditionnelles n'est pas encore un champ d'investigation
privilégié de l'anthropologie » (Patrick Mouguiama
Daouda (2004, 51). Mouguiama fait préalablement un rappel
théorique et historique sur la catégorisation, avant d'aborder le
sujet proprement dit. Deux observations sont faites dans son étude des
taxinomies traditionnelle : la catégorisation d'abord et la
dénomination ensuite sont fonction de l'écosystème dans le
quel on se situe. Les animaux, par exemple, seront nommés selon qu'ils
existent ou pas. Ce qui va créer une non correspondance entre la
taxinomie scientifique et la taxinomie traditionnelle.
La contribution de Mouguiama est importante pour notre
travail. Nous rappelons qu'il est inscrit dans les usages de la faune par les
populations gabonaises. A partir des taxinomies ethnobiologiques, nous
tenterons d'étudier les espèces qui sont plus ou moins
intégrées dans les différents usages de la faune. Nous
rechercherons les animaux qui sont plus utilisés, les critères
qui poussent vers ce choix. Pourquoi est-il utilisé dans les soins
corporels et thérapeutiques chez les Fang, il appartient à quelle
espèce d'oiseaux ? L'écureuil à pattes rouges
(Funisciurus pyrrhopus) traite les cas de vampirisme chez les Pové.
C'est là des questions qui peuvent nous aider à expliquer les
usages de la faune. Nous verrons si ces usages obéissent seulement aux
critères biologiques.
Paulin Kialo (2005) - « la
forêt selon les Pové : la forêt visible » in
Pové et forestiers face à la forêt gabonaise. Esquisse
d'une anthropologie comparée de la forêt, thèse de
doctorat, Paris V, Paris, Université Réné Descartes, pp.
47-79
Le texte qui ferra l'objet de commentaire est la section du
chapitre de cette thèse. Notre intérêt portera sur
« les techniques de transformation appliquées aux
ressources animales ». La problématique dans laquelle cet
extrait est tiré met en exergue le rapport du Pové à la
forêt. Kialo, dans ce texte, nous fait part des différents usages,
en dehors de l'usage alimentaire, que l'on observe chez les Pové. Il
s'agit de l'usage des animaux pour des soins corporels et
thérapeutiques, de l'usage des animaux pour le
« fétichisme » et les rites, l'usage des
animaux dans l'artisanat. Il faut dire que ces différents usages, il n'y
a que des sous-produits d'animaux qui sont utilisés dans ces
activités.
Cet extrait semble être la preuve de ce que nous avons
dit plus haut concernant la catégorisation des usages avec Descola.
Kialo a donné trois usages qui font appel à des espèces
différentes chez les Pové. Dans d'autres sociétés,
on pourra observer des différences au niveau des espèces
utilisées voire dans le nombre d'usages. Chez les Fang, en plus des
trois usages pové, dans la construction des tam-tams, on peut constater
la présence de la peau du céphalophe à bande dorsale noire
(Cephalophus dorsalis). Sdans plusieurs sociétés, les peuples
regroupent des espèces animales dans des collectifs selon les usages
sociaux. Nous voyons à partir de ces usages comment les peuples se
représentent leur milieu.
www.traffic.org: Chercher le
remède : la conservation des ressources médicinales
d'origine sauvage en Afrique de l'est et en Afrique australe
Traffic est une ONG environnementale occidentale. Ce rapport
pose le problème de la dépendance des populations
sus-mentionnées pour les ressources d'origine animale. L'usage mis en
exergue est médicinal. Le rapport souligne que les substances
utilisées en médecine traditionnelle proviennent des plantes et
des animaux et, dans une moindre mesure, de minéraux. L'étude
menée a touché 17 pays des deux sous-régions
précitées. De celle-ci, il ressort que 100 espèces de
plantes devraient faire l'objet de mesures de conservation ou de gestion au
niveau national. Environ 100 espèces animales ont été
étudiées du point de vue de leur utilisation en médecine
traditionnelle. Il se pose alors un problème de pression croissante et
la rareté des espèces sauvages utilisées en
médecine traditionnelle, situation occasionnée par le commerce de
ces ressources. Traffic va proposer des pistes de solution afin d'y
remédier.
Le choix de ce texte se trouve dans la justification de
l'utilisation de la faune médicinale par les populations notamment
gabonaises. « 80% de la population mondiale a recours à la
médecine traditionnelle pour les soins de santé primaire, selon
l'OMS » (
www.traffic.org: Chercher le
remède : la conservation des ressources médicinales
d'origine sauvage en Afrique de l'est et en Afrique australe).donc, la
situation est commune à tous les peuples. Par ailleurs, une étude
sur les différentes espèces animales intervenant en
médecine traditionnelle et en fonction des ethnocultures gabonaises
pourrait énormément contribuer dans la tentative de
compréhension du rapport de l'homme à l'animal. Il ne s'agira pas
d'une recherche détaillée en ethnomédecine des populations
gabonaises, nous aurons à répertorier tout simplement les
espèces fauniques médicinales dans ces différentes
ethnocultures. Nous ferrons des rapprochements qui nous permettront
certainement d'établir des correspondances.
4 - L'administration des Eaux et Forêts
4 - 1 Corpus théorique
Claude Rivière (2000) -
« Types d'organisation : la bande, les sociétés
à pouvoir diffus, les chefferies » in Anthropologie
politique, Paris, Armand Colin, pp. 53-63
Claude Rivière est professeur émérite
d'anthropologie à la Sorbonne - Paris V. après de nombreux
ouvrages sur l'Afrique où il a été doyen de faculté
et chef de département, il a fait, entre autres, Classes et
stratifications sociales en Afrique (1978), Les Liturgies
politiques (1988), Socio - anthropologie des religions (1997).
Claude Rivière, dans cet extrait de texte, nous
édifie sur les différents types d'organisation existant avant la
colonisation. Il y a d'abord la bande qui se caractérise par un groupe
de chasseurs, pêcheurs, cueilleurs nomades. « La bande est
l'organisation sociale minimale nomadisant sur un territoire relativement
autonome en fonction des saisons » (Claude Rivière, 2000,
53). C'est un groupe d'individu qui n'a pas d'armature institutionnelle, ni
différenciation fonctionnelle, ni stratification, c'est
l'activité qui détermine le chef de groupe. Il y a ensuit les
sociétés à pouvoir diffus aussi appelé segmentaire
ou acéphale. Elles sont caractérisées par l'agriculture,
l'horticulture ou pastoralisme. Le pouvoir est géré par un
aîné choisit par les chefs de famille. Elles ont un système
de parenté unilinéaire, des associations initiatiques, la
réciprocité dans les échanges, un égalitarisme
social, une propriété collective des terres. Le troisième
type d'organisation est les chefferies, appelées aussi royaume. Le mot
désigne à la fois l'institution et le territoire. Le pouvoir est
centralisé.
Il nous était nécessaire d'étudier
préalablement les sociétés précoloniales notamment
leurs types d'organisation, avoir une bonne lecture de la dynamique de
transformation non seulement de ces sociétés mais aussi de
l'activité cynégétique. Nous voyons, à partir de
ces écrits, que les peuples précoloniaux avaient un rapport
direct et étroit avec la nature et les ressources qui s'y trouvent. Dans
toutes ces sociétés, la dimension surnaturelle organisait les
activités humaines. Rien n'était fait sans l'aval des
ancêtres ou d'une entité supérieure quelconque (James
Frazer, 1981-1984). Ces populations avaient toujours et surtout peur de la
réaction des dieux. La chasse ne pouvait avoir lieu si l'ancêtre
n'est pas d'accord (Meillassoux, 1974). Ces sociétés avaient des
systèmes de valeurs édictées par les esprits que le groupe
se devait de respecter.
Claude Rivière (2000) -
« Types d'organisation politique : l'Etat » in
Anthropologie politique, Paris, Armand Colin, pp. 63-71
Claude Rivière est professeur émérite
d'anthropologie à la Sorbonne - Paris V. après de nombreux
ouvrages sur l'Afrique où il a été doyen de faculté
et chef de département, il a fait, entre autres, Classes et
stratifications sociales en Afrique (1978), Les Liturgies
politiques (1988), Socio - anthropologie des religions (1997).
Claude Rivière nous édifie sur l'Etat, qui
serait le dernier type d'organisation politique. L'Etat a fait l'objet de
débats par les philosophes, sociologues et anthropologues. Tous
s'accordent sur la centralisation du pouvoir, la souveraineté d'un
espace géographique, l'utilisation de la force par la classe dominante
et des instituions spécialisées. Les historiens et les
anthropologues voient en l'Etat la conséquence d'un processus divers
notamment écologique, économique, religieux, idéologique,
sociologique. Les empires ont aussi les mêmes caractéristiques que
l'Etat-nation moderne. La dernière met en évidence la
nationalité et la citoyenneté. Plusieurs interrogations seront
formulées sur les différentes fonctions de l'Etat, allant dans le
sens de la réalisation de ses objectifs, les rapports avec la formation
et la structuration des classes sociales, les façons d'agir sur la
culture politique, les modes de gestion des conflits et d'action face à
la protestation sociale (Claude Rivière, 2000, 70).
Ce texte de Rivière vient en confrontation avec celui
que nous avons étudié plus haut. Dans ces deux textes, nous avons
deux types d'organisation politique avec un pouvoir non centralisé pour
les premières sociétés étudiées ci-dessus,
et un pouvoir centralisé pour l'Etat. Le Gabon, de nos jours, est un
Etat, concept qui est une réalité externe. La création des
Etats en Afrique s'est faite selon la pensée occidentale,
c'est-à-dire à la manière de l'Occident. Il est alors
nécessaire de comprendre leur construction de l'Etat, afin de saisir ce
que le Gabonais doit attendre théoriquement de son Etat, ses droits et
devoirs.
Claude Rivière (2000) -
« Les dynamiques sociopolitiques : dynamiques modernes et
politique de développement » in Anthropologie
politique, Paris, Armand Colin, pp. 132-138
Claude Rivière est professeur émérite
d'anthropologie à la Sorbonne - Paris V. après de nombreux
ouvrages sur l'Afrique où il a été doyen de faculté
et chef de département, il a fait, entre autres, Classes et
stratifications sociales en Afrique (1978), Les Liturgies
politiques (1988), Socio - anthropologie des religions (1997).
Dans cet extrait, l'auteur traite des transformations que
l'Afrique a connu après la colonisation. Avant de discourir sur la
dynamique du Tiers Monde, Rivière démontre au préalable
l'époque coloniale pour rappeler les maux de cette époque, qui se
résument à la sujétion politique, l'exploitation
économique, les clivages sociaux et raciaux, domination,
inégalités techniques et économiques. Suite à une
révolte plus ou moins vive contre l'ordre colonial,
l'indépendance entraîna la démocratisation formelle du
système de gouvernement pris en charge par les locaux. Ces pays mettront
en place des systèmes politiques, des institutions républicaines,
une nouvelle procédure pénale et civile se substituant aux
coutumières, constitution, codes et décrets. Des aléas
économiques vont se poser à ces pays. La politique de
développement suppose une réorganisation des pouvoirs avec
gestion de l'économie par des pouvoirs modernes et administrations par
l'Etat des flux d'import-export.
Notre objectif, en nous appuyant sur ce texte, est de
préciser le contexte dans lequel les sociétés gabonaises
se trouvent. Nous avons l'intention de retracer un passage, celui d'une
société lignagère à une société
étatique supra lignager (Marc Abélès, 1990).
Théoriquement, l'Etat serait pour les Gabonais
l' « ancien » dont la responsabilité a
été donné pour gérer le lignage, celui qui plaide
les causes du village auprès des esprits et le dieu qui toujours plus
proche des hommes, promulguant la loi, subvenant à leurs besoins. Cela
pose d'énormes problèmes dans le fonctionnement normal de l'Etat.
Les pratiques sociales ne vont pas de paire avec les institutions de la
République. Le rapport entre les classes sociales et avec les
institutions prend un coup (Jean Bazin, Emmanuel Terray, 1982). La non
application de la loi en matière de la faune et le non respect de
celle-ci sont l'une des preuves que nous pouvons avancer pour justifier ce
conflit.
www.dhdi.free.fr :
Michel Alliot : La coutume dans les droits originellement
africains
Michel Alliot est professeur de droit et anthropologue
spécialisé dans l'étude es droits africains. Il a
participé à la naissance des universités de Dakar et de
Rabat, créé celle de Madagascar, fondé l'université
Paris 7 dont il a été le premier Président de 1970
à 1976. Fondateur du Laboratoire d'Anthropologie Juridique de Paris
rattaché à l'université Paris I.
Michel Alliot nous édifie sur la problématique
du droit en Afrique. Plusieurs auteurs ont pensé longtemps qu'on ne
devrait pas parler de droit pour l'Afrique. L'auteur donne sa position par
rapport à ce vieux débat, et démontre par la suite que
l'Afrique a bel et bien un droit. Il fallait attendre 1957 pour que la nature
propre du droit coutumier africain soit reconnue. Alliot fait savoir que le
droit coutumier africain est l'envers du droit des Occidentaux, le premier est
oral et le second est écrit. Les deux droits ont tout de même le
fondement religieux comme point de rencontre. La cosmogonie influence chacune
des sociétés et leur façon de penser l'univers. Aristote
cherchait ce qui est commun à ceux d'une même espèce afin
de les classer dans un genre et de les déterminer par différence (
www.dhdi.free.fr : Michel
Alliot : La coutume dans les droits originellement africains).
Le texte de Michel Alliot est à situer à
l'époque précoloniale. C'est dans cette optique que nous
établissons le rapport avec notre sujet. Nous voulons comprendre la
dynamique du droit gabonais actuel. La compréhension du droit gabonais
réside dans la saisie de sa nature et de ses caractéristiques.
Enoncer les règles coutumières, sans prendre auparavant
conscience du rôle considérable que jouent les conceptions
métaphysiques religieuses dans le système juridique des peuples
du Gabon, resterait une approche bien terne. C'est que, par son origine, par
les concepts qu'elle véhicule, par sa mise en oeuvre, la coutume est
imprégnée de mysticisme, de sacralité. (J. John-Nambo,
2000). Le stricte respect de la coutume provenait de ce caractère
sacré, sacralité qui repose sur le pouvoir des ancêtres.
Autre caractéristique importante, dans les sociétés
gabonaises précoloniales les droits d'une communauté l'emportent
sur l'individu. Ce n'est pas celui-ci qui est titulaire de droits mais la
communauté à laquelle il appartient. Nous n'avons la
prétention de faire un cours d'anthropologie du droit gabonais, mais
tout simplement rappeler l'environnement social en ce temps là.
www.dhdi.free.fr: Camille
Kuyu : Repenser les droits africains pour le XXe
siècle.
Camille Kuyu est docteur en droit et en anthropologie,
diplômé en philosophie et en science politique, il enseigne aux
universités de Paris I et Paris XI, ainsi qu'en Belgique.
L'ouvrage est somme de contribution sur les
régulations des sociétés africaines à l'aube du
21e siècle, et sur les possibilités de
l'élaboration d'un nouveau projet de société qui mettra
aux populations africaines de se réconcilier avec leur passé,
tout en restant ouvertes aux quatre processus de mondialisation mis en
lumière par Etienne Le Roy (mondialisations financière,
écologique, humanitaire et bureaucratique). Le projet de l'ouvrage est
capital en Afrique actuelle où le décalage entre le droit
officiel et le vécu juridique réel est de plus en plus
attesté. En effet, au lendemain des indépendances, le
système juridique hérité de la colonisation devait servir
de modèle pour la mise en place du droit nouveau dégagé de
l'emprise des structures traditionnelles, et susceptible de créer des
conditions favorables aux nécessités du développement.
Mais le législateur, dans son oeuvre de modernisation, est
paralysé par des résistances : au niveau juridique, les lois
sont moins suivies par les populations. Après avoir été
méconnu, puis contourné et détourné, le droit
importé fait maintenant l'objet d'une contestation, et son inadaptation
est devenue flagrante.
Il était important pour nous de présenter deux
situations du droit, d'abord l'image ancienne que nous avons
précédemment étudié, et l'image actuelle. Ces deux
situations nous permettent de lire facilement la dynamique du droit gabonais et
de comprendre les difficultés d'application du droit français
importé. La situation que présent Camille Kuyu est celle qui est
vécue au Gabon. On observe non seulement la permanence des coutumes
ancestrales dans le quotidien des populations rurales et urbaines, mais aussi
de nombreuses innovations. Il ne s'agit pas seulement de pratiques de
contournement du droit moderne, mais surtout d'alternatives qui se situent dans
l'entre-deux (
www.zabra.com: Camille Kuyu :
Parenté et famille dans les cultures africaines). C'est cela qui est
à l'origine de l'inapplication et du non respect du droit gabonais. Il
semble que le législateur de 1982 n'avait pas prévu l'ampleur que
prendraient la chasse et la vente de la faune sauvage gabonaise. Sur le plan
législatif, aucune adaptation n'a été
préconisée. Les reformes législatives ont
été effectuées, mais ce vide juridique est toujours
constaté dans l'appréhension du phénomène par les
législateurs (Georgin Mbeng, 2006, 82).
4 -2 Corpus documentaire
Jonas Ibo Ghéhi (1993) -
« La politique coloniale de protection de la nature en Côte
d'Ivoire (1900-1958) : la protection de la faune » in
Colonisation et environnement, Paris, CNRS, pp. 83-104
Dans ce texte, il est question de la politique
environnementale de la France en Côte d'Ivoire pendant la colonisation.
Trois points y sont débattus, nous portons notre intérêt au
dernier point qui traite de la protection de la faune. Ghihi rappelle, pour
une meilleure compréhension, les différents textes juridiques qui
protègent la faune sauvage en Côte d'Ivoire. En 1926, la France
décide de la création de deux parcs en Côte d'Ivoire.
Immédiatement onze mammifères et quatorze oiseaux de
différentes espèces seront protégés et interdits de
chasse. Celle-ci était possible que par la détention d'un permis
sportif. En 1958, deux réserves sont instituées. En 1933, lors
d'une conférence internationale sur la faune et la flore, la France a
signé la convention portant création des parcs nationaux.
L'auteur rappelle que l'un des objectifs étaient de répondre
à la demande en ivoire.
Ghéhi illustre une situation générale de
la politique coloniale de protection de l'environnement notamment de la faune.
Le cas est le même au Gabon. Nous constatons tout simplement que le code
forestier gabonais est l'un des éléments que le Gabon
hérita de la colonisation. On se demande qui sert-il actuellement,
puisqu'à l'époque coloniale il servait les intérêts
français ? Les textes sont les mêmes en pratique, ils vont de
la création des réserves à l'interdiction de la chasse.
Nous tenterons dans notre recherche de procéder à une
étude comparative des textes juridiques notamment entre le code
forestier français et le code forestier gabonais.
Présidence de la République
(2001) - « Principes fondamentaux de la gestion du secteur
forestier : la faune sauvage » in Code forestier en
République gabonaise, Libreville, Ministère des Eaux et
Forêts, de la Pêche, du Reboisement, chargé de
l'environnement et de la protection de la nature, pp. 12-17
Ce texte est le chapitre troisième du livre premier du
Code forestier en République gabonaise. Ce chapitre comporte 42
articles. Le législateur commence par définir la faune sauvage en
la réduisant à l'ensemble des espèces sauvages non
domestiques. Il va distinguer cette faune sauvage en faune totalement
protégée, partiellement protégée et non
protégée. Ces faunes sont gérées dans des aires
protégées instituer par l'Etat, afin de remplir des fonctions
spécifiques. Le législateur va alors interdire la chasse dans ces
aires protégées et interdire l'usage de toutes les techniques de
chasse illégales à l'intérieur ou à
l'extérieur des aires protégées. L'activité
cynégétique ne sera praticable qu'après l'obtention d'un
permis de chasse et de port d'arme. Le non respect de ces articles met le
contrevenant dans les faits accomplis.
La dernière reforme du Code forestier date de 2001.
Elle recèle une faiblesse originelle qui réside dans son
intitulé même. C'est une loi d'orientation en matière
d'Eaux et Forêts. Et, un examen approfondi montre qu'il s'agit d'une loi
sur la forêt que sur l'environnement ou sur la faune sauvage dans son
ensemble. Ceci n'est en soi une tare. Cependant, tout porte à croire que
le fil conducteur de la loi est l'exploitation forestière. De
même, le lien n'est quasiment jamais fait entre l'exploitation
forestière et la conservation de la biodiversité ou les
différents usages de la faune sauvage définie plus haut, comme
si, par exemple, il n'existe aucune espèce animale ou
végétale autres que les arbres (bois) dans les zones
concédées aux exploitants forestiers. Par ailleurs, en tant que
« code d'exploitation » des ressources naturelles, la loi
est révélatrice d'une option presque essentiellement
répressive. Elle fait peut de place à une gestion
concertée de la diversité biologique et ignore quasiment les
modes de gestion populaires et traditionnelles de la biodiversité.
Http :
www.internetgabon.com/actu/L'Union/2004/actu_novembre%202004/actu_u11112004d.htm
- Malgré des campagnes de sensibilisation en faveur d'une gestion saine
des ressources naturelles.
Rappelons d'abord que cet article est une production du
journal L'Union Plus, quotidien gabonais. Son contenu présente la
situation du braconnage près des parcs nationaux notamment ceux du
Loango et Moukalaba-Doudou, dans les provinces de l'Ogooué maritime et
de la Nyanga. L'auteur de cet article commence par s'interroger sur l'avenir
des parcs nationaux ou l'écotourisme et du patrimoine à
léguer aux générations futures. Ces interrogations qui
méritent d'être posées ne trouveront pas de solution si le
braconnage prend de l'ampleur dans les parcs nationaux. Les parcs nationaux
sont l'objet de multiples agressions perpétrées par des chasseurs
détracteurs de la loi sur la chasse. Le service des eaux et
forêts, avec le concours du WWF, a mis les moyens en place, en usant de
la répression, pour lutter ou freiner la pression
cynégétique près des parcs de Moukalaba-Doudou et du
Loango notamment la surveillance de proximité sur les zones cibles, le
brûlage des pièges et la destruction systématique des
campements, des amendes, la saisie de la viande de, des armes et enfin le
contrôle des mouvements suspects dans les principaux points d'attraction
(marchés, débarcadères, etc.). Des missions de police sont
effectuées afin de marquer une certaine influence auprès des
chasseurs. Le propos de fin prendra corps dans la présentation des
richesses que regorgent les différents parcs cités plus haut,
présentation qui rentre dans le droit file de la valorisation de
l'écotourisme au Gabon.
Il est tout de même intéressant de faire
constater que dans la majorité des discours produits sur le braconnage,
la place de la consommation et du consommateur en milieu urbain est très
faible et parfois inexistante. Nous exprimons ici l'image ou le message qui
nous est lancé par les médias. Donc, en luttant contre le
braconnage, en arrêtant de chasser, on arrêtera de consommer de la
viande de brousse. Pour asseoir cela, les pouvoirs publics mettront en place
des instruments pour y arriver. La sensibilisation reste le premier moyen
usité pour faire comprendre aux populations le bien fondé de la
gestion et de la protection de la faune. A travers le site
www.internetgabon.com/actu/L'Union/2004/actu_novembre%202004/actu_u11112004d.htm,
nous constatons que les médias sont là pour aider les pouvoirs
publics dans cette tâche.
L'autre instrument dans cette sensibilisation reste les
organisations non gouvernementales qui vont avec les médias relayer
l'information aux populations. En effet, « Grâce à
l'éducation du public, la chasse est, aux Etats-Unis et au Canada,
uniquement un sport dans lequel ne se glisse aucune source de
profit » (Bernard Boullard, 1992, 205). En d'autres termes,
dans ces pays du Nord, la chasse est reléguée au rang de
distraction, de loisir par des amateurs de trophées, appartenant aux
classes les plus aisées de la société, participent
à de coûteuses expéditions dans de lointains pays giboyeux.
L'information est de proposer la loi en matière de la chasse notamment
la chasse de subsistance ou d'autoconsommation. L'objectif est donc d'asseoir
le concept de braconnage et faire valoir sa nécessité.
L'objectif dans ce jeu ou dans cette instrumentalisation
c'est d'amener les populations à consommer le concept de braconnage. La
diffusion des images des saisies, la production des discours par les
médias et les organisations non gouvernementales (ONG) conduisent
immédiatement à la cause et à l'importance de la
préservation et à la protection. Cette instrumentalisation
conduit stricto sensu à l'interdiction de l'expression culturelle
actuelle notamment à la consommation de la viande de brousse par les
populations urbaines. Nous tendons effectivement vers un changement du mode de
vie ou de consommation. Nous pensons que c'est là où
réside la conception réelle du concept de braconnage. La mise en
valeur des instruments pour lutter contre ce qui semble impossible (celle qui
est expliquée plus haut) est soutenue par le pouvoir financier
détenu par les organisations non gouvernementales de renommée
mondiale. L'assise de la thèse du braconnage comme frein à
l'essor de l'écotourisme repose à ce niveau. La mise en valeur de
ces instruments nous conduit à l'acceptation d'un fait, pour les
chasseurs villageois, celui d'être braconniers, c'est-à-dire
défier la loi.
Sournia et al - « Le
braconnage : revue des principaux problèmes et de leurs
conséquences » in Le Flamboyant, Paris, Réseau
International Arbres Tropicaux, n° 59/60, 2005, pp. 27-37
Dans cet article, il est effectivement question du
braconnage. Dans leur propos introductif, les auteurs définissent
d'abord le concept de braconnage qui fait l'objet de leur étude. Les
auteurs vont distinguer quatre formes de braconnages à savoir : le
braconnage pour la consommation des populations rurales repose uniquement sur
la chasse d'autoconsommation ; le braconnage professionnel pour la viande,
celui que nous observons dans les centres urbains, crée de l'emploi et
ravitaille les populations urbaines en viande de brousse ; le braconnage
destiné à la fourniture des sous-produits, concerne surtout les
éléphants, pour leurs pointes d'ivoire, les rhinocéros,
pour leurs peaux. Certains animaux sont aussi chassés pour servir en
médecine traditionnelle. La dernière forme citée est le
braconnage des animaux vivants. Celui-ci concerne surtout les chimpanzés
et les gorilles, qui sont très recherchés pour des
expériences médicales, des parcs zoologiques, des cirques ou des
particuliers. Il concerne aussi, dans une moindre mesure, le trafic d'oiseaux
comme les perroquets gris.
A la suite de cette distinction des formes de braconnage, les
auteurs vont également distinguer trois formes de
conséquences : les conséquences écologiques, repose
sur la destruction des équilibres naturels ; les
conséquences économiques causées par les pertes de
recettes fiscales et touristiques, le coût de la reconstitution d'un
environnement viable, le coût de remplacement d'une source naturelle et
le coût et le coût de la réintroduction des espèces
disparues ; les conséquences sociales et culturelles qui ne seront
pas en reste. Dans leur propos de fin, les auteurs ont déploré
les limites des législations mises pour gérer comme cela se doit
le braconnage. Ces limites, associées au progrès technique,
à la mondialisation et à la monétarisation, favorisent
l'augmentation dudit braconnage.
Sournia et al « tout chasseur devient un
braconnier lorsqu'il enfreint les limites reconnues par la
société à travers la législation en vigueur :
en deçà de ces limites il reste chasseur, au-delà il
devient un braconnier ». La loi délimite les domaines que
le chasseur est appelé à franchir dans sa chasse. Sur le plan
matériel, il est interdit d'utiliser les fusils ou carabines non
autorisés et des collets métalliques sont défendus. Sur le
plan technique, la chasse de nuit est strictement prohibée. La loi
n'autorise pas la chasse des espèces protégées et le quota
par espèces est à respecter et la chasse se fait avec un permis.
Si chasse il y a, qu'elle se fasse en dehors des parcs nationaux et en
période d'ouverture. Bernard Boullard souligne que
« chasser en dehors des périodes autorisées, ou sur
le terrain d'autrui sans son accord, ou mettre en oeuvre des engins
prohibés, sont autant de pratiques
de « braconnier » » (Bernard Boullard,
1992, 210). Le « braconnier » perpétue une
forme d'opposition à la norme et à la loi.
Nous pensons donc à la suite de cela que toute la
réglementation en vigueur repose sur ce concept. La gestion durable ou
rationnelle de la faune repose en l'application des règles de chasse
établies par les pouvoirs publics. A partir de la production de la
viande de brousse dans les centres urbains, il est possible de penser et de
soutenir que la chasse doit être rationnellement gérée. Les
populations gabonaises se reconnaissent-elles d'abord dans cette loi ? Le
concept de braconnage n'intègre pas les logiques locales et le contexte
actuel (
www.dhdi.free.fr: Camille
Kuyu : Repenser les droits africains pour le XXIe siècle). Et il
est lui-même extérieur à ces peuples. La législation
moderne du Gabon autorise effectivement, sans formalités et sans frais,
la chasse des gibiers non protégés par les méthodes
traditionnelles. Mais la chasse
dite « traditionnelle » ayant disparu, les armes
à feu et les pièges à câbles métalliques se
sont répandus dans les villages, la nuit est le moment le plus
préféré des chasseurs, ce qui amène ceux-ci
à ne pas respecter l'espèce protégée et le quota
autorisé. La législative moderne en matière de la chasse
condamne les armes à feu et les pièges à câbles
métalliques du fait qu'elles ne sont pas sélective, mais
prône l'utilisation des méthodes de chasse traditionnelle. Nous
sommes tentés de nous poser la question de savoir en quoi l'assommoir
peut-il être sélectif dans la manière qu'il est fait ?
www.infoplusgabon.com: Le
Gabon attend la contrepartie des partenaires du Nord pour la protection de la
nature.
Dans cet article du périodique Infoplusgabon, il est
question de la nouvelle politique en matière de la gestion de la
biodiversité basée sur la création des parcs nationaux.
Notons qu'il y a quelques années (2002), le Président de la
République gabonaise prenait la décision de créer 13 parcs
nationaux, plaçant ainsi plus de 10% du territoire en protection totale.
Il faut dire que cette décision est prise à la suite des sommets
de la Terre de Rio de Janeiro en 1992 et de Johannesburg en Afrique du Sud au
mois de septembre. C'est lors de ces sommets que le Gabon s'est engagé
de mettre en valeur sa biodiversité. Il faut rappeler que le Gabon est
situé au coeur du bassin du Congo et celui-ci constitue le
deuxième poumon vert de la planète après le bassin
forestier de l'Amazonie. Ainsi, la décision de mettre à
disposition de 11% du territoire en aires protégées sera
influencée par les pays du Nord en tête desquels les Etats-Unis
avec le concours des organisations non gouvernementales (ONG) de défense
de l'environnement et de la Banque mondiale. Le texte nous fait savoir qu'en
contre partie des engagements du Gabon, un appui financier devrait accompagner
la mise en application de la décision du développement durable
par la promotion de l'écotourisme. La visite au Gabon de la
délégation du Congrès américain, qui succède
à celle du secrétaire d'Etat américain Colin Powell, a
permis de statuer sur les sites à financer. Mais cette manne
financière est toujours attendue par le Gabon.
Ce texte est beaucoup instructif. Il nous apprend que le
Gabon n'a pas pensé lui-même la nouvelle politique de gestion
rationnelle de la faune parce qu'il n'a pas pris lui-même l'initiative
des parcs nationaux. Le projet a été pensé ailleurs et
imposé aux populations pour satisfaire les intérêts des
penseurs ou des prometteurs. Nous pensons à cet effet que le projet
éco touristique s'inscrit dans les Programmes d'Ajustement Structurel
qui ont toujours échoué en Afrique (Axelle Kabou, 1991). De
même, la consommation nouvelle véhiculée par
l'écotourisme nous amène à penser que la théorie
évolutionniste reste encore valable et est à appliquer sur les
pays du sud. La complexité du fait alimentaire appelle à la
vigilance lorsqu'il est question de programme de développement comme
celui de l'écotourisme, car un changement introduit risque de
bouleverser l'ordre social et culturel en place, ou d'affronter cet ordre, ce
qui le voue à l`échec. Inversement, les sociétés
sont en perpétuels mouvements, et tolèrent le changement lorsque
celui-ci est compatible avec les structures profondes de son organisation
symbolique et matérielle. Pourquoi disposer 10% du territoire gabonais
en parcs nationaux ?
5 - Les organisations non gouvernementales
environnementales
5 - 1 Corpus théorique
Philippe Descola (1999) -
« diversité biologique, diversité
culturelle » in Nature sauvage nature sauvée ?
Ecologie et peuples autochtones, Paris, Ethnies, pp. 213-235
Philippe Descola pose la question de la protection de la
nature. Celle-ci fait face aux difficultés d'imposition ou
d'acceptation. Pour cerner ces difficultés, l'auteur nous oriente vers
la différence culturelle. La protection de la nature pose un
problème de culture, l'Occident moderne pense la nature comme une
entité qui est en dehors de l'homme. Par contre, les peuples non
occidentaux retrouvent de la culture dans la nature et la nature dans la
culture. C'est là, deux conceptions divergentes de la nature. Les
peuples non occidentaux intègrent les ancêtres ou les non humains
dans la gestion de la nature. Ces difficultés proviennent aussi du
progrès technique que l'Occident a apporté. Ces peuples
« ont su intégrer l'environnement à leur vie
sociale de telle façon que les humains et les non humains soient
traités sur un pied d'égalité » (Philippe
Descola, 1999, 220). Ce que les autres non su faire. Il faut laisser les
populations elle-même exprimer leur nature.
Si les peuples ont les conceptions différentes sur la
nature, il en sera de même pour les éléments qui la
composent. Le rapport sera différemment définit selon les
sociétés. L'animal est chassé soit pour sa chaire, soit
pour des soins corporels ou pour des rituels. Et la pratique de celle-ci avec
des techniques rudimentaires. Les sociétés
précoloniales du Gabon « étaient régies par
le respect d'un ensemble de règles cynégétiques prenant la
forme de règles coutumières » (Patrick Houben et al,
2004, 78). La chasse était gérée par les ancêtres,
puisque ce sont eux qui gèrent la vie en société,
gèrent le régénération de la faune. Les techniques
actuelles prélèvent plus et les institutions de gestion ont
été désacralisées, elles ont vu leur pouvoir
être retiré. Les Occidentaux veulent faire de la faune un objet
fragile dont le contrôle ne serait plus assuré par le capitalisme
prédateur d'antan, mais par les techniques rationnelles de gestion des
ressources propres au management moderne, les mouvements de protection de la
nature se remettent aucunement en cause les fondations de la cosmogonie
occidentale. Ils contribuent plutôt à renforcer le dualisme
ontologique typique de l'idéologie moderne. Ce qui rendra l'oeuvre
protectrice de la nature difficile d'application, parce rencontrera toujours
des résistances malgré l'apparente acceptation de la
création des parcs.
Marcus Colchester (1999) - « Parcs
ou peuples ? » in Nature sauvage nature sauvée ?
Ecologie et peuples autochtones, Paris, Ethnies, pp. 159-193
Marcus Colchester pose le problème de la conservation
de la biodiversité. Dans son propos, il va rappeler les fondements
traditionnels, religieux et idéologiques de la création des parcs
nationaux, d'abord aux Etats-Unis et en Europe par la suite. Les espaces
sauvages « représentent une ressource qui ne doit pas
être exploitée mais gardée intacte » (Marcus
Colchester, 1999, 162). Mais cette appréhension de la nature que les
Occidentaux considèrent sauvage ne trouvera pas l'assentiment de tous
les peuples notamment ceux qui sont plus proche de cette nature. Ces
populations ont développé des façons de vivre
remarquablement accordées à leur environnement. Mais cela ne va
pas faire reculer l'établissement des parcs nationaux. Colchester va
illustrer cet établissement avec des situations de délocalisation
des peuples en Amérique, avec les Indiens, et en Afrique dont l'exemple
le plus récent serait les Bushmen.
Le texte nous permet de comprendre les fondements des parcs
nationaux. Il met à nue un rapport de force entre les ONG et les
populations locales. Il pose là le problème des droits d'usages
de ces peuples. Le Gabon a légué à la communauté
internationale 11% de son territoire pour les parcs. Cela signifie que sur cet
espace sauvegardé, la chasse est interdite. Les ressources fauniques qui
y sont doivent leur présence touristes. La protection de ces
espèces « passe pour une préoccupation de pays
riches, mus par une classe moyenne urbaine rêvant de paradis
perdus » (Marie-Claude Smouts, 2001, 67). Mais cette forme
nouvelle de consommation reste méconnue des populations gabonaises. Pour
ces dernières, cette façon de consommer la forêt ou la
faune relève de l'anormal, c'est illogique. La logique traditionnelle
veut que l'allée en forêt se fasse avec un objectif précis
notamment pour y chercher de la nourriture, pour y chasser, pour y
récolter des plantes médecinales, pour y célébrer
ou encore pour y exploiter une ressource comme le bois. C'est une
représentation différente de celle des Occidentaux (Muriel Obono
Obiang, 2004, 33). Le conflit vécu actuellement est un conflit de
représentation.
Marc Abélès (2005) -
« L'anthropologie, la globalisation, le politique » in
Parcours anthropologique, Lyon, CREA, n°5, pp. 18-23
Marc Abélès est directeur du laboratoire
d'anthropologie des institutions et des organisations sociales du CNRS, il est
également l'auteur de Jours tranquilles en 89,
Anthropologie du politique et de La vie quotidienne au Parlement
européen.
Le discours Abélès repose sur les
conséquences de la globalisation qui prend forme en économie. Le
principe global consiste à unifier les Etats afin de partager les
ressources et richesses de la planète. Les Etats sont amenés
à se regrouper dans de grands ensembles afin de parler d'une même
voix, « c'est l'agir ensemble »
(Abélès, 2005, 19) et défendre les causes communes.
L'auteur fait alors remarquer que le principe de la souveraineté qui
régit les Etats est entrain de perdre du sens. « Les
nouvelles formes d'organisation qui jouent un rôle politique de premier
plan dans les domaines aussi divers » (Abélès,
2005, 20) voient le jour. Elles représentent un nouveau modèle
politique plus directement ancré dans la société civile et
transcendent allègrement les frontières nationales.
Immédiatement, le pouvoir des gouvernements va petit à petit
s'effriter. Elles ont une place prépondérante, avec une
autonomisation qui suscite des tensions nouvelles et un nouveau rapport de
force va se créer.
Le texte de Marc Abélès est intéressant
parce qu'il présente le contexte politique actuel. La
nécessité à l'intégrer dans notre travail se trouve
alors justifier, puisqu'il traite là de globalisation,
c'est-à-dire des ONG dont la main invisible serait les grandes nations.
Les organisations non gouvernementales défendent plusieurs causes
notamment la protection de la nature avec sa diversité biologique. Leur
présence va s'appuyer la dégradation de la nature et des
ressources naturelles. Selon ces ONG, c'est l'humanité qui en
dépend. Dans cette protection de la biodiversité, il y a la
faune. Nous assistons maintenant à la création des parcs
nationaux dans plusieurs pays afin de préserver cette
biodiversité. Des projets de développement sont mis en place pour
contenir la pression des populations locales sur la nature. Il serait
souhaitable d'étudier le niveau de la relation que ces ONG
environnementales gardent avec ces populations. Un rapport s'établit
forcément mais il faut le définir et le mesurer. A partir du
discours théorique de ces ONG et des faits empiriques de celles-ci, nous
arriverons peut-être à mieux comprendre ce rapport. Quelle peut
être la réaction d'un chef de famille, qui chassait son gibier
dans la forêt laissée par ses ancêtres, et qu'on lui dise
par la suite que ladite forêt n'est plus celle de ses
ancêtres ? (Colchester, 1999, 180). Pourquoi cette
opiniâtreté sur les parcs nationaux ?
Françoise Morin (2005) -
« L'ONU comme creuset de l'autochtonie » in Parcours
anthropologique, Lyon, CREA, n°5, pp. 35-42
Françoise Morin met en relief l'histoire de
l'intégration des mouvements autochtones à l'ONU. L'auteur
présente l'ONU comme la tribune des peuples minoritaires face aux
injustices subies. La situation présentée est celle des peuples
indiens des Amériques. La naissance de ces mouvements reposent sur trois
critères importants : il y ale critère
d'antériorité, le critère de spécificité
culturelle et le critère d'auto-identification (Françoise Morin,
2005, 38-39). Le premier met en évidence la descendance, le
deuxième les caractéristiques culturelles et le dernier accorde
le primat à la différence sociale. Leur reconnaissance par l'ONU
sera possible à cause leur regroupement en ONG. C'est le seul outil qui
pouvait leur permettre de dénoncer les exactions dont ils sont victimes.
« Les peuples autochtones firent dorénavant partie de
l'agenda des Nations Unies où ils se réunissaient chaque
année » (Françoise Morin, 2002, 38). Les peuples
autochtones des Amériques et d'Australie prennent part, au sein de
l'ONU, aux décisions qui touchent leurs situations, ils défendent
leurs intérêts.
Le mouvement des autochtones des Amériques pose le
problème de la redéfinition de l'approche des ONG. Celles qui
prennent naissance dans les pays occidentaux disent défendre les
intérêts des populations locales. Elles restent rien d'autres que
« les médiateurs exclusifs entre la forêt tropicale
et la scène internationale » (Marie-Claude Smouts, 2001,
67). Aucune ONG ne pourra mieux défendre les intérêts des
populations locales si ce n'est elles-mêmes. Elles sont les seules
à mieux cerner leurs besoins, qui ne se résument qu'à
l'exploitation de leur nature ces peuples « reconnaissent qu'il
est de leur intérêt d'utiliser les ressources de façon
durable et de respecter les exigences de la conservation de
l'environnement » (
www.unesco.org: Marcus
Colchester : peut-on préserver la nature au détriment des
hommes ?). Actuellement, le parc de Minkebe empêche les populations
de Minvoul (Woleu-Ntem) à combler leurs besoins dans la chasse et la
pêche (Patrick Daniel Abagha Ollomo, 2006, 79). Un villageois voisin au
parc des Monts de cristal affirmait : « nous sommes
réticent envers le projet parce que les gestionnaires nous
négligent. On ne peut plus exercer librement la chasse sans qu'agent des
Eaux et Forêts ne t'arrête. Cependant, ils sont les premiers
à envoyer les braconniers faire la chasse pour eux. Qui doit
bénéficier de cette forêt et qui ne la mérite
pas ? » (Aimée Prisca Mekemeza, 2007, 11). Les
restrictions sont ressenties par toutes les populations qui sont à
côté des parcs créés au Gabon.
www.er.uqam.ca:
Jean-François Chanlat : Intervention
organisationnelle. Vers une anthropologie des organisations
Jean-François Chanlat se propose d'édifier
l'anthropologie des organisations. Celle-ci se propose de mieux rendre compte
de l'expérience humaine dans les organisations. Les organisations sont
des univers humains et leur étude constitue un objet
privilégié de l'anthropologie. Chanlat dans sa quête va
formuler neuf postulats qui permettent de mieux cerner le champ des
organisations. Le premier est de nature épistémologique, le
second concerne le caractère générique et singulier de
l'être humain, le troisième aux caractères actif et
réflexif de l'homme, le quatrième fait référence au
caractère langagier de l'homme, le cinquième concerne le
caractère spatio-temporel de l'être humain, le sixième
postulat renvoie à la vie psychique, le septième postulat
concerne l'altérité, le huitième concerne la dimension
symbolique, le neuvième fait intervenir la dimension éthique.
Pour cerner la réalité humaine dans les organisations, Chanlat va
proposer cinq niveaux d'étude. Le premier niveau a pour objet
l'individu, le deuxième niveau est celui de l'interaction, le
troisième niveau est celui de l'organisation, le quatrième niveau
se trouve dans la société, le cinquième niveau est le
niveau mondial. L'auteur conclue son propos en affirmant que les cinq niveaux
sont en interaction.
La problématique développée dans ce
texte tourne essentiellement autour des organisations. Le Gabon est une
nouvelle conquête des organisations non gouvernementales surtout celles
qui prônent la protection de la nature. Le rapport avec le sujet
réside dans les objectifs à atteindre et dans les
stratégies adoptées pour aborder les populations locales.
Celles-ci comprennent-elles le langage des ONG ? On pourrait aussi penser
que ce sont les ONG qui ne comprennent pas le langage des populations. Nous
devons rechercher l'interaction entre les deux acteurs de la faune. La
création des concepts tels que « braconnage, braconnier,
gestion rationnelle... » montre que le message ne semble pas
passé. Ce que les deux acteurs ne comprennent peut-être pas c'est
que leurs intérêts, leurs besoins sont guidés par leurs
représentations de la nature (Descola, 1999, 215). Le refus de
comprendre le langage de l'un des acteurs de la faune amène chacun d'eux
à changer de stratégies et à adopter de nouvelles
positions. Les ONG promettent du travail, des écoles, des routes aux
villageois en contre partie de la chasse. Nous avons plus ou moins à ce
niveau les termes de l'accord. Mais si cela n'est pas fait,
immédiatement les villageois prendront d'autres positions (Aimée
Prisca Mekemza, 2007, 103). Le conflit va alors changer de forme et
détériorer le rapport avec les populations.
5 - 2 Corpus documentaire
Maurice Kamto (1996) - « Les ONG et
la protection de l'environnement en Afrique » in Droit de
l'environnement en Afrique, Paris, EDICEF, pp.381-387
Maurice Kamto est professeur agrégé des
facultés françaises de droit. Il enseigne à
l'université de Yaoundé II (Cameroun) et est professeur
associé à diverses autres universités camerounaises,
africaines et françaises.
La problématique discutée dans ce texte
réside dans l'objectif même des ONG. C'est à partir de la
définition d'une ONG que Kamto s'appuiera pour s'interroger sur les
fondements de celle-ci. Les premières ONG apparaissent vers la fin du
XIXe siècle. Ce sont les ONG humanitaires ou charitables. Les plus
importantes sont devenues des structures puissantes comparables aux
organisations intergouvernementales, et font preuve d'assez de souplesse et de
diplomatie dans leurs rapports avec les Etats dont elles sollicitent
fréquemment le concours financier et l'appui pour faire triompher leurs
vues ou leurs projets de textes dans le cadre de la cadre de la diplomatie
multilatérale. Rio sera l'étape décisive de leur
création. Dans les pays développés, elles on des
égards incontournables dans l'élaboration et la mise en oeuvre
des politiques publiques de l'environnement. Par contre, en Afrique, elles sont
moins bien enracinées et restent encore dans le sillage des ONG
transnationales.
Dans ce travail, Maurice Kamto va discuter de deux points
notamment les ONG transnationales de défense de l'environnement africain
et les ONG africaines de défense de l'environnement.
Les ONG transnationales de protection de l'environnement sont
presque toutes localisées dans les pays développés du Nord
où elles ont été crées. Il en est ainsi : de
l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) ; Alliance
mondiale pour la nature comme on l'appelle de nos jours, fondées en
1948 ; du World Wildlife Fund (WWF) devenu World Wide Fund for
Nature ; du Wildlife Conservation International (WCI) devenu Wildlife
Conservation Society ; du World Ressources Institute (WRI) ; du World
Society for the Protection of Animals (WSPA) basé à Boston
(Etats-Unis) ; de la Faune and Flora Preservation Society (FFPS)
née en 1903 à Londres. Seuls le WWF, le WWS, le WRI et l'UICN
sont relativement anciennes et leur participation aux efforts de protection de
l'environnement en Afrique est importante.
Aussi les ONG transnationales d'assistance au
développement agissant en faveur de l'environnement sont anciennement
implantées en Afrique. On compte parmi elles : Cooperate American
Relief Everywhere (CARE) ; Experiment in International Living
(EXIL) ; Institut Africain de Développement Economique et Social
(INADES), le Service d'Appui aux Initiatives Locales de Développement
(SAILD) ; Tropenbos Foundation. L'avènement des ONG africaines de
défense de l'environnement est récent en Afrique. Il y a d'abord
les ONG nationales. Deux facteurs principaux concourent à leur
naissance : la prise de conscience généralisée de
l'enjeu de la protection de l'environnement qui a accompagné la CNUED de
RiO 1992 et la démocratisation des régimes politiques africains,
en libérant le régime juridique des associations. Ensuite, les
ONG interafricaines, qui sont fort peu nombreuses et tout aussi récentes
que les ONG nationales. Il s'agit du Forum des Organisations Volontaires
Africaines de Développement (FOVAD), de la Confédération
des ONG d'Environnement et de Développement de l'Afrique Centrale
(CONGAC) etc.
Kamto soulage notre effort de retracer l'origine des ONG
environnementales qui servent au Gabon. Se lancer dans la protection de la
nature, revient à poser un problème de droit. Leur arriver au
Gabon engendre, d'une part, la révision du code coutumier relatif
à la faune et peut-être la révision du code forestier
gabonais, d'autre part, l'établissement par les populations d'un nouveau
rapport avec la faune particulièrement. Le nouveau droit va normer les
comportements des acteurs sociaux vis-à-vis de la ressource faunique.
Mais il ne sera pas accepté par les populations du fait qu'il
n'intègre pas leur univers. Il faut bien voir que le droit, tel qu'il
est conçu par ces ONG, et imposé à l'Etat,
considère n'importe quel usager comme un délinquant en puissance
( Gérard Buttoud, 1995, 46). Cette approche du droit de l'environnement
manque de modestie et de réalisme. Le droit de l'environnement, c'est
nécessairement des usages de la nature. Nous avons déjà vu
avec plusieurs anthropologues (Descola, 2005 ; Mayer, 2004,
Evans-Pritchard, 1968) que la nature est socialisée par les peuples
extra occidentaux, il y a de la culture dans la nature et de la nature dans la
culture. L'approche du droit de l'environnement ne peut être
respectée que si elle prend en compte les intérêts ou les
usages des différents acteurs de la nature.
Marie-Claude Smouts (2001) -
« Introduction » in Forêts tropicales, jungle
internationale : les revers d'une écopolitique mondiale,
Paris, Presses des Sciences PO, pp.
19-52
Marie-Claude Smouts est directrice de recherche au CNRS et au
centre d'études et de recherches internationales de la Fondation
nationale des sciences politiques. Elle est spécialiste de la
théorie des relations internationales et de la diplomatie
multilatérale. Elle enseigne à l'Institut d'études
politiques de Paris dans le cadre du Programme
science-environnement-société.
Dans son introduction de l'oeuvre, l'auteur va
développer cinq points seul le troisième (les enjeux de la
multifonctionnalité) va attirer notre attention. Smouts identifie les
différentes fonctions que l'on attribue aux forêts tropicales et
tente de savoir les auteurs de ces définitions. Soulignons que c'est
depuis 1992 que les usages ou les fonctions de forêts tropicales ont
été clairement définis. Cette conférence de Rio
visait effectivement une exploitation rationnelle des forêts mais tout en
reconnaissant le droit de gestion de chaque pays. Dans cette déclaration
de principes, tous les rôles de la forêt sont mentionnés
partant de la satisfaction des besoins sociaux, économiques,
écologiques, culturels et spirituels des générations
actuelles et futures, sans oublier le maintien des processus et de
l'équilibre écologiques aux niveaux local, national,
régional et mondial. La Déclaration de principes va
dégager le concept de développement durable comprenant
ainsi les différents rôles définis. Tous ces rôles
vont se regrouper en trois notamment protection, production et
accueil, qui résument les trois fonctions de la forêt
à savoir écologique, économique et sociale.
La question est de savoir si cette schématisation en
trois fonctions et cette philosophie de la gestion multi usages sont
pertinentes en région tropicale. Deux approches se dégagent de
cette querelle. La première estime que la seule stratégie de
conservation efficace est la spécialisation des espaces forestiers pour
un usage donné. Elle privilégie les parcs nationaux, et est
partagée par de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) et
dans une grande mesure par la Banque mondiale. Pour cette dernière, en
accord avec le WWF, 200 millions d'hectares de forêts doivent être
gérées de façon durable et certifiée.L'autre
approche plaide pour un système de gestion durable appliqué
à toutes les forêts, sauf quelques cas très rares de
forêts primaires à considérer comme de véritables
monuments du patrimoine naturel de l'humanité et à traiter comme
tels. Ici, la conservation des espèces et l'exploitation du bois sont
compatibles. C'est une approche que semble partager l'organisation
internationale des bois tropicaux (OIBT).
Le texte de Smouts est révélateur. Elle donne
la configuration des forêts tropicales. La forêt gabonaise est de
nos jours une vraie jungle internationale. Les deux théories
développées par l'auteur s'expriment véritablement sur le
territoire gabonais. Tout ceci au détriment, au désavantage des
populations elles-mêmes. Le système de gestion durable
appliqué à toutes les forêts est illustré par les
concessions forestières, qui couvrent actuellement les neuf provinces du
Gabon. Aucune province n'est épargnée par l'exploitation du bois.
Nous rappelons que l'exploitation forestière date de l'époque
coloniale. C'est aussi à la même période que l'idée
de protéger la nature pris vie. Mais la politique de protection de la
nature par des parcs nationaux semble récente. L'Etat gabonais a
réservé à l'humanité 11% de son territoire. La
forêt gabonaise se trouve de par et d'autre concédée
à des privées, à l'humanité. Nous aurons alors
trois acteurs pour une même forêt, chacun voulant tirer la corde de
son côté, et tirer profit des ressources fauniques pour ne citer
que celle-là. Le « braconnage » sera de ce
fait l'expression d'un mécontentement des populations, qui se voient
exproprier leur forêt.
Patrick Houben et al (2004) -
« L'élevage de gibier, une alternative de gestion de la faune
sauvage et de la satisfaction de la consommation traditionnelle de
gibier » in Revue gabonaise des sciences de l'homme : les
formes traditionnelles de gestion des écosystèmes, n°5,
Libreville, PUG, pp. 77-84
Patrick Houben et al sont des médecins de l'ONG
Vétérinaires sans frontière. C'est dans le cadre du
séminaire du LUTO dont le thème portait sur les formes
traditionnelles de gestion des écosystèmes qu'ils ont produit
cette communication.
Ce document soulève le problème de la gestion
des espèces animales. La faune est menacée par les techniques
modernes de chasse. Les auteurs dans leurs propos énumèrent
brièvement les animaux qui sont appelés à
disparaître si rien n'est fait. Ils font état des facteurs qui
participent à l'exploitation abusive de la ressource faunique, et
présent les limites des lois en vigueur. Il est évident que la
consommation est le propre de l'Africain et du Gabonais en particulier. Cette
consommation est avant tout un fait de culture. Les lois coutumières
mises en place par les anciens permirent la pérennité de ce fait
de culture. Il faut chasser tout en pensant à demain, d'où la
notion de préservation ou de régénération. Houben
et al expliquent l'émergence de la commercialisation du gibier par le
passage d'une société dite traditionnelle à une
société dite moderne, aussi par l'effectif élevé
des chasseurs. Ils pensent que c'est là les causes de l'extinction de
certaines espèces fauniques. La chasse n'est plus pour la subsistance
mais pour la vente de la faune. Ils proposeront comme solution pour y
remédier la pratique de l'élevage. Il viendra se substituer
à la chasse afin de renverser la tendance pour la
préférence de la viande de brousse.
Les auteurs posent le problème de l'élevage,
pratique possible pour substituer à la chasse. Ce n'est pas
l'élevage des poules, des moutons... mais celui d'un animal sauvage.
L'éléphant et la mangouste sont domestiqués en Asie, le
guépard l'était en Egypte (Mayer, 2004, 45), mais nous ignorons
comment ces animaux étaient domestiqués, et nous ignorons aussi
le nombre d'individus qui l'étaient, quels sont les rôles qu'ils
jouait ? Patrick Houben et al propose un projet d'élevage afin de
renverser la tendance de la consommation des animaux sauvages sans proposer les
espèces à domestiquer. La chasse est pratiquée pour la
consommation. Bien sur si élevage il y a, il sera pensé pour
remplir les mêmes fonctions que la consommation de la faune sauvage.
Mais, le rapport que le consommateur garde avec la faune sauvage restera t-il
le même avec l'animal domestique comme substitut ?
L'élevage couvrira t-il toutes les espèces fauniques ?
Notons préalablement que c'est pas parce que c'est l'athérure qui
est plus consommé qu'elle doit prise comme la seule espèce que
les Gabonais consomment. Les études ont prouvé que les Gabonais
consomment presque toutes les espèces (Georgin Mbeng, 2006, 78 ;
Bongoatsi Eckata, 2001, 89). Il y a bien des interrogations qui méritent
d'être étudiées.
www.bib.fsag.ac.be:
Cédric Vermeulen, Jean-Louis Doucet :
Stratégies nouvelles et recompositions sociales autour de la faune dans
le Bassin du Congo
Cédric Vermeulen et Jean-Louis Doucet sont chercheurs
au Laboratoire de Foresterie tropicale et subtropicale, particulièrement
dans l'unité de gestion des ressources forestières et des milieux
naturels de la faculté universitaire des sciences agronomiques de
Gembloux en Belgique.
Les auteurs de cet article posent le problème de la
surexploitation de la faune dans les concessions forestières du Bassin
du Congo. Le braconnage commercial menace la biodiversité mammalienne et
la sécurité alimentaire à long terme des populations
locales. Singulièrement, cette situation génère une
réponse inédite collégiale d'intervenants aux
intérêts à priori divergents. Ainsi, autorités
administratives, ONG internationales de la conservation et entreprises
forestières ont trouvé, dans le processus de certification, un
modus vivendi commun pour amorcer une lutte anti-braconnage sur de vastes
espaces. Cédric Vermeulen et Jean-Louis Doucet analysent les
intérêts de chaque partie et la place réservée aux
populations dans ces recompositions nouvelles autour de la faune.
Nous retenons dans ce texte la ferme détermination des
ONG dans la lutte anti-braconnage d'une part, et l'imposition de leur
philosophie d'autre part. elles sont conscientes de l'impossible lutte contre
les concessions forestières, mais peuvent s'allier aux exploitants
forestiers afin d'avoir un ennemi commun le villageois. C'est un aspect de la
situation que nous avons abordé dans les années
précédentes. En effet, les concessions forestières ont une
part de responsabilité dans la maîtrise de la forêt par les
chasseurs à partir des pistes (Georgin Mbeng, 2006), les
employés de ces concessionnaires font parfois la chasse quand il n'y a
pas de travail. La difficulté pour les ONG de faire baisser la
surexploitation de la faune reste effective.
www.ecofac.org: Jori
Ferran : L'élevage d'aulacode au Gabon : un exemple
d'exploitation rationnelle de la faune
Jori Ferran est médecin de l'ONG
Vétérinaire sans frontière. Il fut le chef du projet
« Elevage de petit gibier » au Gabon.
La problématique soulevée dans ce texte traite
de l'exploitation rationnelle de la faune sauvage à partir de
l'élevage d'aulacode. Jori Ferran, après avoir montré les
aspects biologiques de l'aulacode, proposera les raisons de l'élevage de
cette espèce au Gabon. La raison première est
démographique, car l'aulacode est l'une des espèces qui ont de
très fortes populations. Sa viande est très prisée. Sa
domestication est très appréciée des populations. L'auteur
rappelle que le projet a reçu le financement de l'Union
Européenne, représentée dans le projet par ECOFAC.
Le projet de l'élevage de l'aulacode a vu le jour
grâce à la collaboration de l'Etat gabonais et d'ECOFAC. Nous
posons des questions sur l'étude alimentaire afin de savoir si les
populations apprécient cette espèce. L'élevage de gibier
était-il une solution qui pouvait changer la configuration de la
consommation de la viande de brousse ? Il est vrai que l'objectif est de
produire de la viande. Mais, il se pose dans ce genre de projet un
problème de diversité d'espèces, puisque le projet n'en
élève qu'une seule.
6 - Les interactions entre les classes d'acteurs
Claude Lévi-Strauss (1958) -
« La notion de structure en ethnologie : statique sociale ou
structure de communication » in Anthropologie structurale,
Paris, Plon, pp. 326-341
Claude Lévi-Strauss développe trois
idées dans ce texte : la théorie de la communication, la
méthode d'application de cette théorie et la problématique
définitionnelle de la structure. L'auteur reprécise l'importance
de la communication dans la société. Celle-ci est de trois
ordres : communication des femmes, communication des biens et services,
communication des messages. Il arrive alors à démontrer l'aspect
pluridisciplinaire d'une théorie qui regroupe l'anthropologie,
l'économie et la linguistique. Claude Lévi-Strauss posera le
problème de la méthode, qui permettra d'étudier cette
théorie. Il va proposer l'histoire comme outil fondamental à la
compréhension des études de parenté. Reproche sera faite
aux auteurs qui n'ont pas intégré les données historiques
d'une société à partir des études exhaustives et
intensives. Claude Lévi-Strauss aborde finalement la question de la
définition du concept de structure en anthropologie. Il reviendra
brièvement sur les études de ses prédécesseurs qui
ont tenté d'expliquer la structure sociale, en intégrant des
aspects psychologiques et biologiques dans certains travaux.
Le rapport de ce texte avec le sujet se trouve dans la
première idée développée par Claude
Lévi-Strauss, même si les autres idées ont d'une
manière ou d'une autre un lien avec la théorie de la
communication. Nous en convenons avec l'auteur sur le fait
qu' « une société est faite d'individus et de
groupes qui communiquent entre eux » (Claude
Lévi-Strauss, 1958, 326). L'interaction qui caractérise les
membres d'une communauté ou d'un groupe réside dans la
communication. On ne pourrait pas parler d'interaction s'il n'y a pas de
communication entre les individus ou les groupes concernés par
l'étude. Cette communication ne peut passer que si les acteurs sont en
contact, c'est en ce moment qu'on dira que l'interaction est
communicationnelle. Mais celle-ci ne peut aboutir sans une situation quelconque
mettant en scène les acteurs de la communication (Yves Winkin, 2001,
126). Cela nous amène à dire que l'interaction est
situationnelle. La communication la situation dont il s'agit se rejoignent dans
la faune sauvage qui met en scène nos différentes classes
d'acteurs.
Yves Winkin (2001) - « Le touriste
et son double » in Anthropologie de la communication, Paris,
Essais, pp. 206-224
Yves Winkin est professeur à l'Ecole normale
supérieure Lettres et sciences humaines (Lyon). Il a introduit dans le
monde francophone le courant de la Nouvelle communication.
Yves Winkin se propose dans ce texte de produire un discours
sur le tourisme à partir de l'observation participante et de
l'autobiographie, et conseil la lecture de la littérature anglo-saxonne.
Il présente ici la situation d'interaction entre un touriste et son
guide. C'est à partir des expériences touristiques que
l'essentiel de ses recherches seront basées. L'auteur reproche à
certains anthropologues de négliger leurs données de terrains
pour se contenter des données discursives, les interactions effectives
entre touristes et autochtones sont rarement décrites et
analysées.
Ce texte de Yves Winkin est une application parfaite
d'interaction. Nous abordons ici le travail qui nous attend dans cette
recherche. Nous constatons dans cette interaction une mis en évidence de
la communication, et remarquons également que l'auteur accorde de
l'importance à la médiation. Le guide est la personne
intermédiaire entre le touriste et la société. Cette
médiation pose en effet deux situations différentes, celle d'une
interaction touriste-guide qui sera différente de celle d'une
interaction touriste-société. Le comportement est
différent en fonction des situations et des contextes. Chaque situation
interculturelle est un processus inscrit dans la contingence d'un espace, d'un
temps et d'acteurs particuliers, fortement contextualisé et donc
partiellement irréductible à une comparaison de traits culturels
structurels généraux (marc-bosche.pros.orange.fr : Marc
Bosche : Conclusions de recherches sur le terrain en Corée du
sud : une anthropologie interculturelle et situationnelle).
Marc-bosche.pros.orange.fr :
Marc Bosche : Conclusions de recherches sur le terrain en
Corée du sud : une anthropologie interculturelle et
situationnelle
Marc Bosche est diplômé de l'ESSEC, passe une
licence en psychologie. Il décroche un Master degree à Bowling
Green State Université (USA), puis obtient un diplôme
d'étude approfondie en sociologie des organisations et un doctorat en
anthropologie sur la problématique interculturelle en Corée. Il
publie Le voyage de la 5e saison, Néo
boudhisme, Crispations communautaires et perversion du lien.
Marc Bosche, dans ce texte, propose les conclusions de son
anthropologie interculturelle et situationnelle à partir d'un terrain
coréen, l'objectif étant de savoir l'utilité et
l'intérêt des stéréotypes dans une anthropologie
interculturelle et situationnelle. Après avoir esquissé un
panorama dans la littérature coréenne et dans les supports de
recherche, Marc Bosche établi un inventaire de 80 items
stéréotypés sur les comportements et les
caractéristiques supposés de Coréens. Ces items
comportaient 7 domaines. Il interrogea 41Français et 58 Coréens.
De ce terrain, deux conclusions se dégagent : former à
l'interculturel des cadres ou des entrepreneurs en leur faisant
mémoriser des listes des traits culturels supposés
spécifiques de la culture où ils se préparent, et des
grilles comparatives inter culture ; les différences culturelles
apparaissent plus floues et difficiles à cerner qu'il n'est
généralement admis.
Ce texte nous permet de savoir que chaque situation
interculturelle est un processus inscrit dans la contingence d'un espace, d'un
temps et d'acteurs particuliers, fortement contextualisé et donc
partiellement irréductible à une comparaison de traits culturels
structurels généraux. Les acteurs sont des co-créateurs de
l'interaction et leurs représentations des comportements et des traits
culturels sont transformées par elle. La culture est
interprétative, et chacun le fait selon son entendement. Il est
évident que nous mettrons d'abord en évidence les
différents acteurs de la faune gabonaise afin de déterminer les
différentes interactions, avant d'intégrer les différences
culturelles qui semble être l'échelon final pour la
modélisation. L'interaction est avant la mise en corrélation des
individus d'une communauté.
Deuxième Partie : Corpus empirique
Il s'agit d'une illustration de l'ensemble des informations
contenues dans chaque catégorie du corpus textuel par rapport à
nos préoccupations. Chacune d'elles tentera de justifier nos trois
hypothèses afin de comprendre le véritable problème.
Chaque catégorie tentera de démontrer à des niveaux
différents la perception, le rapport de la faune et de sa
commercialisation. Notre objectif est de comprendre à partir des
discours et des images le phénomène étudié. Il
s'agira pour nous de comprendre d'une part les dynamiques qui sous-tendent dans
la commercialisation et, d'autre part, la logique inhérente que nous
retrouvons dans la gestion rationnelle prônée par l'Etat.
Chapitre I : Le corpus oral
Par sources orales, nous entendons l'ensemble des entretiens
que nous avons eu avec des personnes ressources dans les villages où
nous avons enquêté et à Libreville. Cet ensemble de sources
constitue notre corpus oral de terrain. Il comprend les chasseurs, les
revendeuses ou « bayames », les consommateurs, les agents
des Eaux et Forêts et ceux du WCS.
1 - Les chasseurs
Récit 1
Entretien en français1(*) réalisé avec Ondo Edou Théophile
sur la commercialisation du gibier au Gabon
1 - Je faisais la chasse et j'en fais toujours. Mais pour le
moment je suis en vacances. Je m'occupe d'autres choses maintenant. Je n'avais
pas de travail, j'ai donc décidé de pratiquer la chasse. J'avais
un besoin d'argent afin de subvenir aux besoins. Avant je travaillais à
l'entreprise Colas. J'ai aussi travaillé à Brossette. C'est
après le licenciement que je me suis orienté vers la forêt
pour me procurer de l'argent. Je creusais aussi l'or durant le temps que j'ai
passé dans ce campement de chasse. J'étais un coupeur libre,
c'est-à-dire que je travaillais pour moi. Mais je reversais quelque
chose à l'Etat. C'est une activité qui me rapportait de l'argent.
L'activité a pris fin parce que l'or est finit à cet endroit.
2 - Je faisais des pièges, je chassais aussi au fusil.
Je faisais toujours la chasse du jour. Les animaux féroces me faisaient
peur. Ils n'aiment pas la torche. C'est le cas par exemple de
l'éléphant qui n'aime pas qu'on lui fixe la torche. La chasse de
nuit est plus bénéfique que celle du jour. La nuit, on tue
beaucoup plus par rapport au jour. Les animaux se baladent plus la nuit que le
jour. Il n'y a peut-être que les singes que l'on peut avoir le jour. En
général, les animaux qui marchent en groupe sont possibles
d'être chassés le jour. La chasse du jour me rapporte trois ou
quatre gibiers. La nuit, pour un autre chasseur, c'est plus que ça. Les
pièges profitent plus par rapport au fusil. Un chasseur peut avoir plus
de 150 pièges. La variation est donc possible dans la chasse. On peut
avoir un chasseur ayant un fusil, pratiquant la chasse du jour, qu'il associe
aux pièges ; un chasseur ayant un fusil, pratiquant la chasse de
nuit, qu'il associe aux pièges ; un chasseur ayant juste les
pièges ; un chasseur ayant un fusil et chassant le jour comme la
nuit.
3 - Je chassais et tuais les animaux de genres et
d'espèces confondus.
4 - Les clients provenaient de Libreville pour nous retrouver
en brousse. J'étais à Edénya (après Oyan-gare vers
Bangos). L'achat était exercé par les femmes. Ce sont elles qui
viennent vendre à celles qui vendent dans les marchés et
restaurants. Mes clients venaient deux fois par semaine. Elles laissent des
congélateurs et des glaçons. Il m'arrivait d'avoir des recettes
de 60000 francs. Mais quand on a tué le gros gibier, on
sérieusement de l'argent. Et le prix dépend de la grandeur du
gibier.
5 - Je travaillais pour moi-même. Mais d'autres
chasseurs l'étaient aux comptes des particuliers.
6 - Je réalisais des projets avec cet argent. Si je ne
pratiquais pas la chasse je n'aurais rien fait dans la vie.
7 - De fois je ne tue rien. On comprendra que ça ne
paye pas tout le temps. Et contrairement, quand la chasse a payé, c'est
le transport qui pose problème. Soulignons aussi l'effet de la
sècheresse. En effet, en cette période là, les animaux
sont rares. Ils se dirigent vers d'autres endroits humides. Le chasseur n'a pas
de porteur. Il se contente lui-même de transporter le gibier
chassé.
8 - Les chasseurs savent que la vente de gibier est interdite
au Gabon. Ils savent cela à travers les saisies que les agents des Eaux
et Forêts opèrent souvent. Ces derniers arrivent brusquement soit
en cassant les portes soit au retour de la chasse. Les femmes qui venaient
acheter le gibier nous amenaient en retour le manioc, le sucre, les dindons,
bref tout ce qu'on n'avait pas et qu'on retrouvait en ville. On ne savait pas
pourquoi on interdisait la vente. Les agents nous disaient seulement de ne pas
trop chasser sinon les animaux disparaîtront.
9 - On disait aux agents que l'on ne peut pas laisser la
chasse. Nous vivons de chasse. Nous ne pouvons pas venir croiser les bras
à Libreville sans rien faire et en attendant que l'Etat nous donne
quelque chose pour acheter de quoi manger.
10 - Quand le gibier se fait rare à un endroit, on
change de campement de chasse. Les animaux fuient le bruit. Les chasseurs
créent eux-mêmes les campements. J'ai habité un campement
forestier. Mais les forestiers n'aiment pas la présence des
chasseurs.
COMMENTAIRE
Ondo Edou Théophile est un gabonais âgé
de 59 ans, originaire du Woleu- Ntem, fang, célibataire avec deux
enfants, chômeur. Il habite le quartier Mont Bouet et est chasseur. Il
fréquenta la forêt pendant huit années. L'informateur a
chassé les animaux de toutes sortes soit aux pièges ou au fusil.
Il chassait toujours le jour non pas la nuit. Selon lui, on peut avoir
plusieurs types de chasseurs. Il y a des chasseurs qui associent le fusil aux
pièges, préférant chasser le jour. D'autres ont les
mêmes techniques mais chassant la nuit. Il y a une catégorie qui
n'a que les pièges et une autre chassant nuit et jour ayant aussi les
pièges. Ondo Edou était à son compte et avait des clients
femmes qui provenaient de Libreville. Il nous dira au passage que certains
chasseurs sont au service de cadres, de fonctionnaires ou autres personnes
hautement placées ou non qui arment les chasseurs, les utilisent, leur
donnent armes, munitions, lampes tempêtes et autres. Et ils sont
approvisionnés toutes les semaines en denrées alimentaires. En
contre partie, ils envoient toutes les semaines du gibier à leurs
patrons.
Selon lui, les chasseurs ne sont pas suffisamment
informés mais savent, par le biais des missions répressive des
agents des Eaux et Forêts, que la vente du gibier est interdite au Gabon
pour cause de disparition des espèces, leur dit-on. Quand les animaux se
font rares à un endroit, le chasseur déplace son campement.
Signalons enfin que ce monsieur a travaillé à Brossette et
à Colas mais a été licencié. C'est à partir
de là qu'il a pris l'initiative de pratiquer la chasse. A par la chasse,
il cherchait aussi l'or, et pense qu'on ne devrait pas interdire la chasse car
beaucoup vive de ça. Celle-ci était sa principale activité
et sans elle, il n'aurait pas réalisé ses projets. Son rendement
était fonction de sa production.
Ce texte nous permet de comprendre la configuration de la
chasse actuellement avec les différentes classifications que l'on peut
faire des chasseurs. Notre informateur fait partie de la catégorie des
chasseurs qui ont eu à exercer déjà dans une entreprise
gabonaise. Ce type de chasseur est soit retraité soit licencié.
Ce cas précis trouve son origine dans la restructuration des
entreprises. Il travaille pour son propre compte, ce qui le place dans la
catégorie des chasseurs indépendants. L'activité qu'il
pratique nous permettra de mettre en corrélation les techniques qu'il
utilise et l'article censé statué sur les méthodes et
techniques que l'administration recommande pour la chasse. Nous allons mesurer
les niveaux de respect et de non respect du code de la forêt. Nous allons
confronter la pratique actuelle de la chasse de sa théorie, de la
réglementation pour juger de la réalité.
Récit 2
Entretien en français2(*) réalisé avec Ondo Ndong Ferdinand sur la
commercialisation du gibier au Gabon
1 - Pour le moment je suis charcutier. Le charcutier est le
fabriquant de jambon, saucisson, saucisse. Mais bien avant cela, j'ai
travaillé dans un chantier forestier. Dans ce chantier, j'ai
constaté que le travail de bille était moins rentable que la
chasse que je pratiquais aussi. A la fermeture du chantier, je me suis
focalisé sur la chasse. Le chantier se trouvait à Medouneu
précisément à Assok. La fermeture du chantier m'a
poussé à pratiquer la chasse. Je ne pouvais plus subvenir
à mes besoins.
2 - J'utilisais beaucoup plus le piège. J'ai aussi
utilisé le fusil, seulement quand je fais la chasse de nuit. Je peux
entraîner le fusil la journée quand je vais regarder mes
pièges. J'avais environ 60 pièges. La forêt était
giboyeuse. Et avoir plus de 100 pièges, cela nous amenait un
problème de transport. Quand je chasse, je ne peux faire la distinction
entre le sexe, savoir si l'animal est enceinte. Je tire et le constat est fait
après. La chasse de nuit est moins pénible que celle du jour.
3 - Je tuais beaucoup plus les antilopes, porc épics,
gazelles, sangliers. Ces espèces sont les plus nombreuses dans la
forêt. Leur reproduction est très rapide. Elles peuvent reproduire
deux fois par an.
4 - Je vendais mon gibier auprès des
commerçantes. Elles revenaient de Libreville et de la ville de Medouneu.
Elles venaient deux fois par semaine. La semaine, je pouvais avoir entre 150000
et 300000 francs. Je visitais les pièges en l'espace de deux jours. Et
le gibier était conservé dans les caisses contenant des
glaçons. Le chantier n'était pas électrifié.
5 - Je travaillais pour moi-même. Et je transportais
personnellement la marchandise. Mais quand la chasse a payé,
j'étais aidé par d'autres chasseurs.
6 - Je nourrissais mes enfants, payais leur scolarité
et j'ai également construis une maison avec cet argent.
7 - La difficulté première que je peux citer est
celle de la coupure ou de la cassure du pont qui nous reliait de
l'extérieur. Le pont, une fois cassé, va nous empêcher
d'être en contact avec les clients. Cela a pour conséquences la
dégradation du gibier, privation des vivres. Aussi, quand la saison bat
le plein, les animaux se font rares. Avec ça on peut passer tout le
temps sans tuer.
8 - Je savais que la vente de gibier était interdite au
Gabon. Mais notre survie en dépendait. Les gendarmes venaient souvent
dans des campements, s'ils vous trouvent en possession de viande de brousse,
ils saisissent ou brûlent carrément le campement.
9 - L'Etat doit se contenter de protéger les
réserves. Il doit laisser l'autre partie qui est non
protégée pour la chasse. Toutes les actions que l'on mène
contribuent à la satisfaction des besoins de tous. L'Etat ne doit pas
seulement voir les entrées financières.
10 - Quand les animaux se font rares, nous quittons le
campement. Nous pouvons habiter le campement durant 2 ans. Et quand il n'y a
plus de viande nous changeons et allons à plus de 5 km de celui dans
lequel nous étions. Nous pouvons revenir dans ce campement après
6 ans. Le chasseur est un nomade. Le déplacement des populations
animales cause celui des chasseurs. L'animal se déplace quand il sent le
bruit et la présence humaine.
COMMENTAIRE
Ondo Ndong Ferdinand est un gabonais âgé de 59
ans, originaire du Woleu- Ntem, fang, marié avec enfants. Il est
charcutier et habite Mont Bouet. C'est un chasseur qui a décidé
de s'occuper de la charcuterie en ce moment. Il a pratiqué la chasse
durant 4 ans. Dans la pratique de la chasse, il a utilisé le
piège et le fusil. Il utilisait ce dernier beaucoup plus la nuit. Ses
chiffres d'affaire variaient et la clientèle était
programmée deux fois par semaine. Il était à son propre
compte afin de subvenir à ses propres besoins et ceux de sa famille. La
dégradation du pont causait un manque à gagner pour lui parce que
coupé de l'extérieur, entraînant ainsi la
dégradation de la viande de brousse. A ces difficultés, l'action
répressive des agents des eaux et forêts est à inclure.
Dans sa chasse, les espèces les plus prise étaient
l'athérure (porc épic), le céphalophe bleu (gazelle), le
potamochère (sanglier). Ce gibier est conservé dans des caisses
contenant des glaçons, en attendant l'arrivée des revendeuses. Il
est conscient de l'interdit mais la survie passe avant tout. Il faut rappeler
qu' Ondo Ndong Ferdinand exerçait dans un chantier forestier dans la
province du Woleu-Ntem. C'est à la fermeture de celui-ci qu'il s'est
orienté vers la forêt afin de pratiquer la chasse. Quand le gibier
est rare à un endroit, il change de lieu de chasse.
Nous fournirons, à partir de ce que l'informateur nous
dit, des données statistiques sur les chiffres d'affaire de quelques
chasseurs nous permettant d'avoir une estimation de ce qu'un chasseur peut
gagner après une partie de chasse, étudier les espèces
récurrentes dans les parties de chasse, et nous ferrons une
confrontation avec l'article qui distingue les espèces proscrites et
celles qui sont prescrites. Les chasseurs alternent souvent entre pièges
et fusil, nous pourrons peut-être estimer la moyenne des jours de chasse
par semaine, la moyenne des pièges, nous pourrons affirmer si c'est une
chasse professionnelle ou pas.
2 - « Les bayames »
Récit 3
Entretien en français3(*) réalisé avec Mengue Clémentine
sur la commercialisation du gibier au Gabon
1 - Je suis une revendeuse de gibier. Je ne fais rien d'autre
que cela. C'est pour subvenir à mes besoins que je le fais. C'est pour
survivre. Je ne faisais rien d'autre voilà pourquoi je me suis
lancée dans ce métier.
2 - Je quitte chez moi à 6h, je viens au marché
pour attendre les livreurs, ou de fois je vais à la gare d'Owendo.
3 - J'entretiens mes petits fils et filles en payant leur
scolarité, sans oublier les autres charges.
4 - La principale difficulté que je peux souligner ici
est celle des agents des Eaux et Forêts qui me saisissent souvent la
viande. Cela me fais toujours mal de voir le gibier que j'ai acheté afin
de subvenir à mes besoins partir de cette façon.
5 - Je vends généralement l'antilope, la
gazelle, le porc épic, le singe. Et les clients achètent beaucoup
plus la gazelle, le porc épic.
6 - Les clients sont fonction des périodes. Quand la
période est bonne, je peux avoir vingt clients le jour.
7 - Je sais que la vente de gibier est prohibée au
Gabon par le canal d'autres personnes. Ce texte, nous ne l'avons jamais vu.
C'est plutôt moi qui demande pourquoi on interdit la vente du gibier.
Nous n'avons pas grandi avec la viande importée. Nos parents nous ont
élevé avec la viande de brousse.
8 - Le Gabon a des forêts. Ce sont ces forêts qui
regorgent des animaux et ces animaux nous permettent de vivre. L'Etat doit nous
faire des agréments comme il en a fait aux autres. Je sais que l'Etat ne
peut pas m'aider donc je trouve mieux de continuer à vendre.
COMMENTAIRE
Mengue Clémentine est une gabonaise ayant une
cinquantaine d'années, originaire du Woleu-Ntem, fang, du clan essaben,
mariée avec enfants, habite Sotéga et est revendeuse au
marché de Mont Bouet. Elle exerce cette activité dans le but de
subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants. Très
tôt le matin, elle vient attendre les livreurs ou bien elle se dirige
à la gare d'Owendo pour s'en procurer. Elle vend le céphalophe
à ventre blanc (antilope), le céphalophe bleu (gazelle),
l'athérure (porc épic) et le singe. Ses clients ont une
préférence pour le céphalophe (gazelle) et
l'athérure (porc épic), les autres espèces sont moins
vendues. Cette clientèle est fonction de la période du mois.
Cette période coïncide toujours avec la fin du mois des
fonctionnaires des administrations privées ou publiques.
Mengue Clémentine sait que la commercialisation est
interdite au Gabon ceci par le canal de personnes interposées. Cette
mère s'interroge sur le fondement de l'interdiction de la
commercialisation du gibier. Elle déplore même les missions des
agents des Eaux et Forêts qui lui saisissent souvent le gibier et c'est
là la principale difficulté qu'elle rencontre au marché.
Dans leur jeunesse leurs parents les habituaient à consommer la viande
de brousse. Voilà pourquoi tous ont la préférence pour la
viande de brousse au détriment de la viande de boucherie.
Clémentine pense que l'Etat ne devrait pas interdire la vente du gibier
puisque ce dernier ne leur proposera rien d'autre. Tout en sachant que la vente
est prohibée au Gabon, l'informatrice ignore la raison de cette
prohibition. Etant donné qu'elle ne fait rien d'autre, elle ne ferra que
le commerce du gibier au marché. Elle propose aux pouvoirs publics de
rendre formel l'activité et d'attribuer des agréments aux
bayames.
L'analyse à produire dans ce cadre sera similaire
à celle que nous aurons à faire plus haut. En effet, nous seront
amenés à produire des données statistiques sur les
chiffres d'affaire des revendeuses, afin d'estimer la moyenne du montant que
l'une d'elle peut avoir par jour. Il nous reviendra aussi d'étudier
l'espèce la plus abondante et l'espèce la plus vendue. C'est
aussi à ce niveau que nous ferrons ressortir les différentes
techniques de conservation de la viande usitées par ces femmes. Nous
constatons que ces femmes sont imprégnées de l'interdiction du
commerce du produit qu'elles vendent, nous verrons les raisons qui
entretiennent cette fermeté de vendre du gibier malgré la
ménace.
Récit 4
Entretien en français4(*) réalisé avec Chantal Bilogho sur la
commercialisation du gibier au Gabon.
1 - Je suis commerçante.
2 - Je le fais parce que je n'ai pas de travail. Cela me
permet de faire vivre la famille.
3 - J'ai des livreurs au niveau de la gare. Elles viennent de
Makokou, Boué, Ndjolé, Ayem...
4 - Avant je vendais la tomate mais cela ne marchait pas alors
j'ai pris l'initiative de vendre du gibier.
5 - Cet argent nous permet d'abord de payer les taxes
municipales, la scolarité de nos enfants, sans oublier le loyer et
d'autres problèmes que nous pouvons rencontrer.
6 - Les problèmes sont plusieurs mais le plus
récurent est les agents des Eaux et Forêts qui saisissent la
marchandise. Le plus énervant dans tout cela c'est qu'ils nourrissent
leurs familles avec ses saisies et vendent le reste dans les restaurants.
7 - Nous savons que la vente de gibier est interdite dans tous
les pays. Je le sais personnellement. C'est à cause de la disparition
des espèces fauniques.
8 - Il serait souhaitable qu'on fasse des agréments, il
faut règlementer le phénomène. L'Etat doit tenir compte de
notre condition sociale. Interdire totalement ne nous arrangerait. Nos enfants
n'iront plus à l'école, plus de quoi manger...
9 - Je vend le porc épic, singe, gazelle, sanglier,
antilope. En réalité tout est consommé au même
niveau.
10 - Les recettes ici dépendent des périodes du
mois. Du 30 au 10 nous avons des clients. La recette varie.
11- Je ne fais rien d'autre.
COMMENTAIRE
Chantal Bilogho est une camerounaise ayant 38 ans, originaire
de la province du centre Cameroun, fang, du clan effack, célibataire
avec enfants. Elle habite la Sorbonne et est revendeuse ou bayame au
marché de Mont Bouet. Elle exerce cette activité dans le but de
subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants. Ceux-ci tournent
autour de la paye de la taxe municipale, la scolarité des enfants, le
loyer... Très tôt le matin, elle vient exposer sa marchandise en
attendant le premier client. Elle se procure son produit à la gare de
trains d'Owendo auprès des livreurs provenant de Makokou, Boué,
Ndjolé et Ayem. Elle vend l'athérure (porc épic), le
singe, le céphalophe bleu (gazelle), le potamochère (sanglier) et
le céphalophe à ventre blanc (antilope). Sa clientèle est
périodique. Cette période coïncide toujours avec la fin du
mois des fonctionnaires des administrations privées ou publiques.
Chantal Bilogho a une connaissance suffisante sur la faune et
son interdiction au Gabon et dans d'autres pays de la sous- région.
Selon elle, la disparition probable de la faune est à l'origine de
l'interdiction de la vente du gibier. Mais la condition sociale ne leur permet
pas de respecter la législation qui protège la faune. Elle
propose aux pouvoirs publics de rendre formel l'activité et d'attribuer
des agréments aux bayames. Car la commercialisation du gibier est la
seule activité qui lui permet de se maintenir dans la vie. Le principal
problème qu'elle rencontre provient des saisies des agents des Eaux et
Forêts.
Récit 5
Entretien en français5(*) réalisé avec Evourou Didine sur la
commercialisation du gibier au Gabon
1 - Je suis commerçante. Je ne fais rien d'autre
à par mon bar/restaurant. Dès que j'ai perdu mon mari, j'ai eu
des problèmes à élever mes enfants. J'ai donc
décidé de faire du commerce. J'étais d'abord à la
Caisse Nationale de Sécurité Sociale. Je faisais la cuisine
là-bas. Une fois retraité, je me suis lancée dans cette
activité.
2 - Je vais au marché d'Oloumi ou de Mont Bouet, de
fois les femmes viennent me livrer sur place. Ces femmes proviennent des
campements de chasse. Elles payent de munitions et vont remettre aux chasseurs.
Je ne sais pas exactement d'où elles viennent. Ce que je sais c'est
qu'elles viennent sur la route d'Oyem.
3 - Je paye la scolarité, l'alimentation des enfants et
les charges de la famille. Cet argent me sert aussi à payer mes
employés. Dans mon bar/restaurant, j'emploie des gabonais
particulièrement mes parents. Chacun a une spécialité et
le salaire est justement en fonction de la tâche que la personne occupe.
J'emploie en tout huit personnes.
4 - Je perds beaucoup. Il y a des moments où je n'ai
pas de clients. J'achète le sanglier par exemple pour 120 000 FCFA,
s'il n y a pas de clients, la nourriture va se gaspiller. C'est la principale
difficulté que j'ai. Mais je ne peux pas laisser car c'est cela qui fait
vivre ma famille.
5 - Je vends beaucoup plus le porc épic, la gazelle, le
sanglier. Ce sont eux qui passent. La demande des consommateurs s'y trouve. Je
prépare en tenant compte de ce que les clients aiment manger.
6 - Le nombre de clients est fonction du nombre de plats. Si
une gazelle produit cinq plats, on a cinq personnes qui sont passées.
Les plats peuvent nous amener à une recette de 100000 francs le jour,
à raison de 4000 francs le plat. Mais tout cela varie.
7 - Je le sais. Mais c'est la seule alimentation que nous
avons. Nous avons été élevés à base de la
viande de brousse. C'est pour la génération future, je sais. Mais
cela ne peut pas faire en sorte que l'on meurt de faim.
8 - La chasse est en nous. Nous sommes habitués
à cela. L'interdit sera donc difficile à respecter. Dans nos
villages, on pratique la chasse. C'est peut-être les citadins qui
respecteront cette loi mais pas les villageois.
COMMENTAIRE
Evourou Didine est une gabonaise âgée de 40 ans,
originaire du Haut-Oguoué, téké, veuve avec enfants,
retraitée à la CNSS. Elle habite Likouala. Cette veuve est
propriétaire d'un bar/restaurant. Avec ses employés, elle cuisine
le porc épic, la gazelle, le sanglier. C'est au marché d'oloumi
ou de Mont Bouet qu'elle se procure son gibier. Quelque fois, elle est
ravitaillée par certaines revendeuses. A la mort de son mari, elle a
trouvé mieux de subvenir aux besoins de la famille en vendant du gibier.
Des besoins multiples qui se résument en la scolarité des
enfants, à leur alimentation sans oublier la paye des employés.
Sa situation de retraitée ne lui facilitait non plus la
tâche. Une activité lucrative mais difficile comme tout
métier. Il faut rappeler qu'elle emploie des gabonais et gabonaises
particulièrement ses parents. Et les espèces vendues sont celles
qui ses clients préfèrent. Le gibier est vendu ici en plats de 4
000 f CFA. Elle aussi, comme toutes les autres, sait que la vente du gibier est
prohibée au Gabon. Elle sait que l'interdiction nous amène
à penser aux générations futures. Mais l'interdit ne doit
pas nous empêcher de consommer le gibier. La revendeuse pense que la
prohibition de vente nous empêcherait de consommer la viande de brousse.
C'est une seconde nature pour nous. Elle pense que ce sont les citadins qui
respecteront cette loi parce que n'étant pas disposés pour la
chasse seulement pour la consommation. Le villageois, lui, aura des
difficultés à l'appliquer parce que c'est une activité qui
lui génère des profits.
Récit 6
Entretien en français6(*) réalisé avec Marie Gibier sur la
commercialisation du gibier au Gabon
1 - Je fais le restaurant depuis 35 ans, mais 20 avec le
gibier. Ce travail me permet de gagner ma vie. En faisant du gibier, je gagne
facilement ma vie. Avant je ne faisais rien d'autre. J'ai commencé avec
le restaurant. Et c'est la seule activité que j'ai actuellement.
2 - Je prends ma viande au marché. Je n'ai pas de
livreur. Les femmes du marché sont mes abonnées.
3 - Les enfants vont à l'école avec cet argent,
mes besoins en dépendent. Je fais des travaux avec cet argent. Je loue
le local et je travail avec ma fille qui se démerde avec ce travail pour
assurer, elle aussi, la scolarité de ses enfants. Son mari l'a
abandonné.
4 - Le principal problème est le capital. Je n'ai pas
de capital. Je prends la viande en bon.
5 - Je vends plus le porc épic, le sanglier, le singe,
la gazelle. Ces animaux sont aussi les plus consommés.
6 - La clientèle est périodique. Elle est
fonction du mois. Il est de ce fait difficile de déterminer la recette
que l'on a par jour.
7 - Non. La viande qui est en brousse est à la
disposition de tous. Dieu a mis la viande en brousse pour que l'homme en
mange.
8 - L'Etat n'a pas le droit de nous interdire la vente du
gibier. C'est elle qui nous permet d'envoyer nos enfants à
l'école afin qu'ils deviennent des personnes demain. Si l'Etat interdit
la vent du gibier nous allons croiser les bras et là notre avenir en
dépend. Je peux laisser sauf si j'ai une activité autre que la
vente du gibier. L'Etat doit nous trouver du travail.
9 - Ce travail n'a pas de difficultés en tant que
telles. Il ne demande pas d'investissement conséquent.
10 - Oui. Je paye les timbres de 1000F à la mairie.
Avant, je payais la patente. Depuis un an, je n'en paye plus. J'ai
décidé de payer les taxes journalières à la mairie.
Il y avait plusieurs contrôleurs. C'est à partir de la
décision présidentielle que nous sommes revenus à la taxe
journalière.
COMMENTAIRE
Marie gibier est une camerounaise âgée de 55
ans. Elle est originaire de la province de l'ouest Cameroun.
Bamiléké, elle est mariée avec quatre enfants et six
petits- fils. Elle réside à l'avenue de Cointet où elle
gère son restaurant de spécialités africaines notamment la
viande de brousse. Elle se la procure au marché de Mont Bouet. Son
appellation Marie Gibier proviendrait même de cette activité. Ce
restaurant est sa principale activité. L'exercice de cette
activité lui permet de subvenir à ses besoins et à ceux de
sa progéniture. C'est avec la commercialisation du gibier qu'elle arrive
à payer la scolarité de ses enfants et à entreprendre des
travaux de construction.
Marie condamne même la politique d'interdire la vente de
la viande de brousse car c'est elle qui permet à ses enfants d'aller
à l'école. Selon elle, les animaux résident en forêt
et sont une création divine. L'Etat ne doit pas interdire ce bien
naturel réservé à tous. En interdisant le commerce de la
viande de brousse, elle pense que les pouvoirs publics devraient lui trouver du
travail. De cette façon, elle pourra cesser de vendre du gibier. Dans ce
restaurant, elle reçoit des clients périodiquement. Ces clients
consomment plus le porc épic, le sanglier, le singe, la gazelle. Et elle
se la procure au marché de Mont Bouet. C'est une activité qu'elle
exerce sans capital fixe et paye des taxes journalières municipales.
Elle ne peut laisser cette activité que sauf si elle a une autre. La lui
interdire entraînera d'énormes conséquences pour elle et sa
famille. Marie Gibier nous rappelle que cette activité n'a pas trop de
difficultés et ne demande pas trop d'investissement. Elle s'assure de
s'acquitter des timbres journalièrs de la municipalité.
3 - Les consommateurs
Récit 7
Entretien en français7(*) réalisé avec Idiata Jocelyn sur la
commercialisation du gibier au Gabon
1 - Oui. Je la consomme quand les parents l'achètent au
marché pour les repas familiaux. Je peux la consommer aussi quand nous
même nous la ramenions de la brousse. Ce dernier cas se présente
souvent au village.
2 - Je consomme le plus souvent la gazelle, l'antilope, le
porc épic, quelque part, il m'arrive de consommer du gros gibier. Ces
animaux abondent dans les marchés et voilà pourquoi c'est eux que
je consomme le plus. En ville, je consomme de manière occasionnelle la
viande de brousse. Je peux estimer la consommation de la viande de brousse par
mois. Mais au village, j'en consomme chaque semaine. En ville la consommation
est différente de celle du village. C'est l'argent qui dicte, par contre
au village on peut chasser tout le temps.
3 - L'ETat a le droit d'interdire la vente de gibier. Quand le
gibier abonde dans les marchés cela signifie que plusieurs personnes
font la chasse de manière abusive. D'autre part, l'Etat ne devrait pas
interdire la vente. Cette vente permet à ceux qui ne connaissent pas les
mécanismes de chasse d'en manger. Tous les citadins ne connaissent pas
les mécanismes de chasse. L'Etat devrait plutôt limiter la
quantité du gibier sur le marché. Le chasseur chasse d'abord pour
ses besoins propres ensuite pour les besoins des citadins ou des consommateurs.
Ils veulent tirer profit de leur chasse afin de subvenir à leurs
besoins.
4 - Il faut rentrer dans les faits sociaux, savoir pourquoi
les gens pratiquent une chasse abusive, vendent du gibier. Il faut savoir la
catégorie de personnes qui pratique ce phénomène. il faut
mener une étude sérieuse qui fera ressortir la solution. Il faut
préciser le quota de viande de brousse dans les marchés, ceci
selon les espèces. C'est le chômage qui pousse les populations
à pratiquer la chasse. Auparavant, il n'y avait pas trop de chasseurs.
Il y a aussi d'autres personnes qui emploient des chasseurs afin de profiter de
la faune. La concentration des industries à Libreville est l'un des
facteurs de ce phénomène. Toutes les industries sont à la
capitale. La chasse, elle, se pratique à la périphérie,
dans les coins retirés du Gabon. Si le contraire se présenterait
cela ralentirait la vente. Cela occuperait les populations concernées
par le phénomène. Le temps et la capacité de chasse du
chasseur seront réduits. Il ne chassera plus comme il le faisait
auparavant. Si l'entreprise l'occupe pendant 5 ou 6 jours dans la semaine, il
n'aura que le sixième ou le septième jour pour chasser. D'aucuns
chassent sept jours sur sept (les employés bien sur), d'autres ont la
notion du dimanche en tête.
5 - Je vais d'abord m'appuyer sur le plan des besoins. Tant
que l'homme aura toujours un besoin, il y aura toujours quelqu'un pour chasser
et pour consommer. Il sera difficile de respecter la loi tant qu'il y a besoin.
Les textes ne sont pas connus par tout le monde. Le chasseur chasse en ignorant
les textes. Le grand problème se situe au niveau de l'information. Elle
n'est pas véhiculée. Le non respect de la réglementation
provient des politiques. Ces derniers entretiennent même des groupes de
chasseurs travaillant à leur compte. Le non respect de la
réglementation par les politiques va même révolter les
personnes qui veulent survivre. J'insiste sur l'information. Si les populations
ne sont pas au contact de l'information, rien ne sera respecté.
6 - Quand on chasse de manière abusive, la viande
devient rare. L'Etat veut préserver l'espèce animale. On constate
que la demande de préservation provient de l'extérieur. Elle
devrait d'abord commencer sur le plan national. On constate également la
disparition de certaines espèces fauniques. Le problème est que
le chasseur tire sur ce qu'il voit. Il constate après. Il faut penser
à la reproduction. Les animaux se font rares à cause de la
surexploitation, de la sélection naturelle. La reproduction n'est pas
rapide ou brusque. C'est quelque chose qui nécessite des
années.
COMMENTAIRE
Idiata Jocelyn est un jeune gabonais âgé de 19
ans, originaire de la Ngounié, Sango, du clan mululu,
célibataire. Cet élève habite sotéga. Le jeune
homme consomme de la viande de brousse provenant du marché ou de la
brousse, au village quand il va à la chasse avec les autres. Et celle
qu'il consomme le plus est celle que l'on retrouve beaucoup plus sur le
marché, c'est-à-dire la gazelle, le porc épic, l'antilope
et quelque part le gros gibier. Et cette consommation est périodique ou
mensuelle en ville. Car en ville, la consommation est fonction des moyens
disposés par les parents. Par contre au village, les jeunes
décident eux-mêmes quand ils doivent chasser pour consommer la
viande de brousse.
Jocelyn pense que l'Etat a le droit d'interdire la vente du
gibier pour cause de disparition des espèces fauniques. La chasse
abusive serait la cause première de cet interdit. Le jeune homme pense
qu'on ne doit pas abuser de la chasse. Il reconnaît l'origine sociale et
économique de la vente de gibier. Selon lui, le commerce de la viande de
brousse permet à ceux qui ne connaissent pas chasser ou qui n'ont pas ce
temps pour chasser de consommer le gibier chassé par d'autres personnes.
M Idiata propose que les pouvoirs publics limitent plutôt la
quantité du gibier sur le marché. Et dénonce la
concentration des industries dans la seule capitale gabonaise. Donc, l'une des
résolutions du problème partira de là. L'industrialisation
des autres villes permettra la réduction de l'effectif croissant des
chasseurs.
Il ajoutera le déficit d'information qui alimente le
non respect de la loi. Selon lui, la préservation par l'Etat des
espèces est accentuée à cause de la disparition des
espèces fauniques. L'auteur de ce discours fait aussi savoir que la
demande de préservation tire son origine à l'extérieur. Il
faut mener une étude sérieuse qui prendra tout cela en compte et
permettra de trouver une solution qui satiferra toutes les parties
impliquées dans la gestion de la faune. Jocelyn pense que le besoin est
la cause de cette commercialisation du gibier. Et la loi qui protège
cette faune actuellement ne peut avoir respect tant que ce besoin s'attend
à être comblé.
Récit 8
Entretien en français8(*) réalisé avec Akome Zogho Jean sur la
commercialisation du gibier au Gabon
1 - Oui. J'en consomme obligatoirement. Mes parents m'ont
élevé à base de la viande. C'est que je déteste le
poisson, autour de nous il n'y avait que la forêt pas de rivière.
Si je ne chasse pas personnellement, je l'achète par le canal d'autres
personnes. De fois je me la procure au marché. D'autres fois, je vais
dans des campements de chasse.
2 - Les animaux les plus consommés sont la gazelle, le
porc épic, l'antilope que l'on retrouve facilement. Et voilà
pourquoi ils abondent sur les marchés publics. La consommation est
fonction des moyens financiers. Je peux en consommer 3 ou 4 fois par mois.
3 - Je sais que la vente de gibier est interdite au Gabon. Et
je suis contre cette politique. Nous n'avons pas de structures qui peuvent nous
ravitailler en viande de boeuf par exemple. Il y a des endroits où l'on
ne trouve pas de rivière. Et ces populations n'auront que la forêt
pour s'alimenter. Il n'y a pas de grandes factories européennes qui
peuvent nous ravitailler en viande importée. Le peu de viande
importée ne suffit pas à alimenter tout le territoire national.
En fait, ces structures ne sont pas implantées dans les lieux
reculés du Gabon. L'homme gabonais ne vit que de cueillette et de
chasse. On ne devrait donc pas nous interdire la viande de brousse. La viande
de brousse fait partie de notre culture. Interdire la vente de gibier revient
à interdire sa consommation. Ce n'est pas tout le monde qui chasse. La
vente est une forme d'échange, c'est-à-dire d'aucuns vendent
d'autres achètent.
4 - La chasse était réglementée
auparavant. Ce n'est pas tout le temps que l'on doit chasser. Les chasseurs
savent le temps de la reproduction, les techniques de chasse. On ne peut pas
interdire la chasse. L'élevage n'existe pas. On doit avoir les
périodes de chasse et celles qu'on ne doit pas chasser. L'autosuffisance
alimentaire étant déficitaire au Gabon, cela va amener les
populations à puiser dans la forêt.
5 - La loi n'est pas respectée au Gabon parce que
l'Etat n'a pas prévu une activité qui pourrait se substituer
à la chasse, à la vente de gibier en général. C'est
la principale raison. La viande de brousse est la seule denrée
alimentaire qui est adaptée à la culture gabonaise. La loi n'est
pas respectée parce que les gens veulent survivre. Les populations n'ont
pas d'autres activités qui pourraient les occuper. Donc, il faut occuper
les populations. Les chasseurs n'ont rien d'autre à faire à par
chasser. Le woleu- ntemois était occupé par le cacao. Une fois le
cacao parti, il n'aura plus d'occupation. L'activité qui viendra
remplacer le cacao est la chasse. On peut même supprimer la vente de
munitions, les populations trouveront toujours un moyen pour chasser et vendre
du gibier. C'est leur survie qui est en jeux.
COMMENTAIRE
Akome Zogho Jean est gabonais du Woleu- Ntem, Fang du clan
nkodjen, marié. Il est âgé de 50 ans, électricien,
habitant le quartier Mont Bouet. Il consomme obligatoirement de la viande de
brousse qu'il trouve au marché ou après une partie de chasse. Il
nous rappelle aussi que le gibier faisait partie de son alimentation depuis son
jeune âge. La gazelle, l'antilope, le porc épic sont les animaux
qu'il consomme le plus. Cette consommation est fonction de moyens et est
possible 3 à 4 fois/mois. Et il pense que l'Etat ne devrait pas
interdire la vente de la viande de brousse. Car le Gabon n'a pas de structures
qui pourraient ravitailler la population en viande. Et le peu de viande
importée n'est pas suffisante. La viande importée n'est pas
présente dans les coins les plus reculés du pays notamment les
coins où la chasse est pratiquée. Interdire la vente c'est
interdire la consommation du gibier. Car la vente du gibier permet à
ceux qui sont pas disposés à pratiquer la chasse de consommer
cette richesse de la forêt. M. Akome nous fait savoir que la chasse
était auparavant réglementée.
La pratique de la chasse permet au Gabon d'atteindre
l'autosuffisance alimentaire qui est pourtant déficitaire. Il faut
réglementer la chasse et son commerce. Et si la loi n'est pas
respectée c'est parce qu'il n'y a pas d'activité de substitution.
Ce monsieur pense que les pouvoirs publics devraient proposer quelque chose qui
amènerait les acteurs de la vente de la viande de brousse à
subvenir à leurs besoins. La viande de brousse est la seule
denrée alimentaire qui est adaptée à la culture gabonaise.
Il va même rappeler l'époque cacaoyère que le fang a connu.
Elle fut l'activité qui occupait l'homme fang. Une fois
l'activité disparue, le woleu-ntemois s'est retrouvé sans source
de revenus et s'est immédiatement retourné vers la forêt.
Mais interdire pour préserver ne résoudra pas le problème.
Avant de penser au futur, combattons d'abord le présent. On peut
même supprimer la vente de munitions, les populations trouveront toujours
un moyen pour chasser et vendre du gibier. C'est leur survie qui est en
jeux.
4 - L'administration des Eaux et Forêts
Récit 9
Entretien en français9(*) réalisé avec Bivingou Abdon
sur la commercialisation du gibier au Gabon.
1 - En tant qu'agent oui. C'est une activité
exercée par certains compatriotes.
2 - L'activité ne représente rien d'autre qu'un
danger pour la conservation, c'est une menace, dans la mesure où on ne
maîtrise pas la régénération. Il y a un
problème de pérennité en jeu.
3 - La commercialisation n'est pas autorisée au Gabon.
C'est la chasse d'autoconsommation qui est autorisée. Donc la chasse de
subsistance. Tout le monde peut chasser au Gabon, grâce à un
permis de chasse et de port d'armes. Le problème se trouve au niveau des
animaux tués. La quantité requise est inférieure à
cinq, trois animaux de la même espèce. Mais cette loi n'est pas
applicable à tous les animaux. L'espèce protégée
par l'Etat est exempte de cette loi. La chasse des femelles n'est pas
autorisée. Il faut tenir compte des périodes de chasse. Il y a
une période que les femelles reproduisent. Et il faut chasser le gros
gibier. Les chasseurs maîtrisent toutes les techniques de chasse. La
reproduction a lieu entre le 15 septembre et le 15 mars. La chasse est
fermée à cette période là.
4 - Il n'y a que des polices de chasse. Mais avant cela il y a
une sensibilisation. Ces missions de police sont insignifiantes. Leur
fréquence est limitée. Les gibiers arrivent tous les jours mais
les polices ne sont effectuées qu'une fois par mois. Il y a un
problème humain, financier et la volonté politique. Il y a le
plus souvent des interventions quand on a saisi. Des gens appellent de tous les
côtés, se réclamant propriétaire de telle ou telle
marchandise saisie. Les missions sont d'abord insignifiantes pour le seul cas
de Libreville, comparée au Gabon tout entier. Les chasseurs sont plus
des personnes venant d'autres horizons. La mission de police comprend des
agents des Eaux et Forêts, gendarmerie ou police. Les campements de
chasse sont le plus souvent à proximité des réserves ou
des aires protégées.
5 - Les raisons socioéconomiques sont à
l'origine de ce phénomène. Les gens veulent avoir une
activité pour se faire de l'argent. L'Etat est quand même en
retard. Il devrait plutôt réglementer le phénomène.
Il ne fait que l'ignorer alors qu'il est persistant.
6 - Oui. C'est d'abord par souci de conservation que l'on
interdit. On conserve pour tout le monde. Le cas de l'éléphant
nous prouve que la conservation est nécessaire. Les selles de
l'éléphant sont à l'origine de la naissance de certaines
de flore. Donc la conservation de la faune est celle de la flore. Il faut
penser aux générations futures. Les réserves sont les
zones de concentration de la faune. Ces animaux, à effectif
élevé, peuvent sortir de la réserve pour la
périphérie. Et une fois qu'ils sentent la menace, ils reviennent
dans la réserve. Les organismes ont constaté la carence à
certains endroits de la Terre. Voilà pourquoi ils appuient le Gabon dans
son programme de conservation. Les animaux se font rare. Cela peut profiter aux
organismes dans une certaine mesure, aussi aux populations par la consommation
en protéines. Il y a un inventaire qui a été fait. La
population animale est estimée à 270 espèces de
mammifères, 330 espèces d'oiseaux. Ce sont là les
espèces recensées. D'autres ne le sont pas. L'évaluation
de la perte est insignifiante, car les moyens ne nous le permettent pas.
7 - Le code forestier n'a fait que récupérer la
loi 1/82. C'est dans le code forestier que l'on retrouve la loi sur la
protection de la faune.
8 - L'Etat n'a rien prévu à par l'élevage
de petit gibier. Ce projet est dans sa phase expérimentale. Les
techniques ne sont pas encore très bien maîtrisées. La
faiblesse de ce projet est d'élever une seule espèce. On
souhaitait également réorienter ces femmes dans d'autres
activités. Mais le projet n'a pas pu voir le jour à cause des
financements.
9 - Le phénomène persiste. La politique qu'on
mettra en place doit intégrer la préservation, d'une part, la
consommation et la pratique de la chasse, d'autre part.
COMMENTAIRE
Bivingou Abdon est gabonais, originaire de la Nyanga,
d'ethnie punu, agent des Eaux et Forêts. Pour réaliser cet
entretien et recueillir les informations ci-dessus, nous avons
été reçu en matinée par cet agent des eaux et
forêts. Il faudra noter que ce dernier n'a pas répondu à
nos attentes au niveau de l'identification. Il souhaitait juste nous livrer
l'information que nous voulions.
Bivingou connaît le phénomène de la
commercialisation du gibier. Pour lui, c'est un danger pour la faune et pour la
conservation. Il sait que ce sont les raisons socioéconomiques qui
poussent les populations à exercer ce genre d'activité. Selon la
réglementation étatique, la chasse de subsistance est
autorisée, c'est la vente du gibier qui est prohibée. Abdon nous
fait savoir que n'importe qui devenir chasseur au Gabon en respectant bien
sûr les conditions pour le devenir. Pour lui, le problème se
trouve dans les espèces chassées et la quantité
chassée. Il dira que les moyens de l'Etat sont limités, moyens
qui se résument en la sensibilisation et aux missions
répressives. Les missions de police que les textes prévoient ont
une fréquence trop insignifiante vu le gibier qui se retrouve dans les
marchés de la place. Ces missions occasionnent des saisies
systématiques. M. Bivingou nous fait savoir qu'ils reçoivent
souvent des appels des personnes extérieures au service, certainement
les hauts cadres du pays.
L'informateur nous a fait part de la loi 1/82 relative
à la protection de la faune notamment celle relative à la chasse
sur le territoire gabonais, loi que l'on retrouve dans le code forestier. Pour
lui, l'interdiction a un lien avec la conservation. Il souligna, par la suite,
que le projet initié par l'Etat, dans le but de renverser la tendance du
braconnage, était l'élevage du petit gibier. Ce projet ne vit pas
le jour pour des raisons financières. Jusqu'à ce jour, il n'y a
toujours d'activité pouvant se substituer au commerce du gibier au
Gabon. Pour résoudre de manière durable le
phénomène de la commercialisation, cet informateur propose que la
politique à mettre en place devrait intégrer la
préservation, d'une part, la consommation et la pratique de la chasse
d'autre part. Il reconnaît le fait que le Gabon soit en retard par
rapport au phénomène. Les organismes ont constaté la
carence à certains endroits de la Terre. Voilà pourquoi ils
appuient le Gabon dans son programme de conservation. Les animaux se font
rare.
Récit 10
Entretien en français10(*) réalisé avec Ndong Ondo Saint-Yves sur
la commercialisation du gibier au Gabon au Gabon
1 - Oui. Je le connais à partir des personnes
spécialisées dans la vente du gibier. En dehors des
marchés publics, il y a également des restaurants. Il a pris de
l'ampleur avec l'évolution des techniques de chasse. La chasse
était pour la survie, rationnelle afin de diversifier le régime
alimentaire. Les techniques étaient rudimentaires (fosse, filet, feu de
brousse etc.).
2 - Pour nous c'est du braconnage. Ce phénomène
n'est pas légal au Gabon. La chasse est réglementée dans
notre pays. Sa fermeture va du 15 septembre au 15 mars. Le Gabon prône
une politique de chasse sélective. Un animal enceinte ne doit pas
être chassé. Ce sont les males adultes qui sont
recommandés. L'influence de la civilisation est la cause principale de
ce phénomène. En d'autres termes, les raisons
socioéconomiques. C'est un moyen de gain facile. On a l'arme et les
munitions, le tour est joué. Actuellement, on utilise aussi les
câbles métalliques. On chasse de jour comme de nuit et dans
n'importe quelle zone.
3 - La sensibilisation, éducation en amont, et en aval
la répression fait son effet. Elle est caractérisée par la
saisie systématique des armes ou du gibier. La loi n'est pas
appliquée en tant que telle. La saisie seule ne peut pas freiner le
braconnage. L'application de la loi est surtout rigoureuse près ou/et
dans des parcs nationaux. Il y a une différence entre une réserve
et un parc national. La réserve est uniquement faunique et le parc est
biodiversité. Les moyens humains sont insuffisants. On a plus de cadres
que d'agents d'exécution. La pyramide est en fait renversée. Cela
est dû à l'élévation du niveau de recrutement. Le
mieux serait de recruter à partir de la classe de troisième. Le
permis de port d'arme ne nous est pas assigné. Les moyens de tous ordres
sont nécessaires. La durée de formation est longue. Les effectifs
des Eaux et Forêts sont vieillissants. Les moyens doivent être
adaptés au contexte de l'évolution. La population ne participe
pas à la lutte.
4 - La misère, pauvreté, chômage. Le
commerce est une activité très rentable. Les peaux, les dents
sont également vendues. La consommation n'est pas seulement charnelle,
elle est aussi celle de certaines parties de l'animal comme
l'éléphant, la panthère et autre.
5 - L'interdiction a un lien avec la conservation. On
prône une chasse réglementée. La chasse intensive est
interdite
6 - La loi utilisée actuellement est la loi 16/01.
Article 14 : nul ne peut se livrer à la récolte, au
transport et à la commercialisation d'un produit issu de la forêt
sans une autorisation préalable de l'administration des Eaux et
Forêts. Si cela était appliqué, la chasse, du moins, la
commercialisation serait réglementée. La non application peut
être moins bénéfique pour le Gabon. On aura la fuite des
capitaux.
7 - L'Etat travail surtout dans l'importation des produits. La
population n'est pas adaptée à cela. Elle veut toujours consommer
naturel. Les politiques de substitution n'ont pas été mises en
place par les pouvoirs publics. Même les seules structures qu'on avait ne
s'adaptaient pas au régime alimentaire des populations. Peut-être,
les générations futures s'adapteront au régime alimentaire
importé. Nous sommes donc une génération transitoire. On
trouvait du gibier partout dans la forêt mais aujourd'hui c'est plus le
cas.
8 - La population doit aider les gouvernants à
divulguer l'information concernant la réglementation de la chasse. Si
l'Etat le fait c'est au profit des gabonais. Les chasseurs sont
généralement des sujets camerounais et les équato-
guinéens. La population gabonaise entretient des foyers de chasse. Elle
est dépendante de l'étranger. C'est la conséquence de la
paresse, de l'exode rural, manque d'activité économique. La loi
16/01 porte sur le code forestier. Elle est juste une reforme de la loi 1/82.
Il y a toujours un problème d'adaptation qui se pose. L'obtention de la
carabine à grande chasse n'est pas à la portée de tous. La
décision est avant tout politique. Et c'est le politique qui entretient
justement ce phénomène. Le gibier saisi est déposé
soit dans des casernes, prison, services sociaux moyennant une décharge.
Quand la chasse est fermée, ce n'est pas seulement un problème de
quantité. On ne doit pas dépasser plus de trois gibiers de la
même espèce. On parle de braconnage lorsque la quantité
dépasse les normes requises. Quand la chasse est fermée, on ne
devrait plus vendre les munitions. Le travail en synergie est
nécessaire. La loi est défaillante.
COMMENTAIRE
Ndong Ondo Saint-Yves est gabonais, originaire du Woleu-Ntem,
d'ethnie Fang, du clan yegui, célibataire avec quatre enfants. Il est
âgé de 35 ans, agent des Eaux et Forêts, habitant
Ozangué (cinquième arrondissement). Il connaît l'existence
de la commercialisation du gibier. Elle est ce qu'elle est de nos jours
à cause des progrès techniques. La chasse pratiquée
auparavant était pour la survie et permettait la diversification
alimentaire avec des techniques rudimentaires. Pour Ndong Ondo,
c'est-à-dire en tant qu'agent des eaux et forêts, ces personnes
font du braconnage vu que la chasse et le commerce de la faune sauvage sont
réglementés au Gabon. Le commerce du gibier n'est pas
légal au Gabon.
Mais les moyens permettant de lutter contre ce commerce sont
limités. Alors que ces moyens doivent s'adapter au contexte actuel. Pour
lui, les cadres sont plus nombreux que les agents d'exécution. Nous
avons donc un renversement de la pyramide. Une étude sérieuse
doit être menée afin d'adapter les moyens au
phénomène. Les moyens humains sont très insuffisant compte
tenu de l'ampleur de la tâche. L'informateur est conscient des raisons
socioéconomiques qui amènent les populations à exercer
cette activité. Il nous signifiera aussi que la consommation du gibier
n'est pas seulement celle de la chair. M. Ondo constate que les populations
gabonaises ne s'adaptent pas à la viande importée. Il nous a pris
l'exemple des dents de la panthère, l'ivoire, les peaux...
La conservation est bénéfique pour tout le
monde. L'informateur évoquera les faiblesses de la loi et celle qui est
en application actuellement est la loi 16/01. Sa non application ne profite pas
à l'Etat. Il pense qu'au moment de la fermeture de la chasse, on devrait
également arrêter les ventes des munitions. Il avancera que les
politiques de substitutions étaient défaillantes. Pour lui, la
population n'est pas adaptée aux produits importés. Il n'y a pas
de ce fait une activité qui pourrait remplacer le
phénomène. Par ailleurs, la population devrait participer
à la sensibilisation. Il souligne que c'est la population qui alimente
les foyers de chasse. Il fait remarquer que le politique est aussi acteur dans
ce phénomène en équipant certains chasseurs.
5 - Les organisations non gouvernementales
environnementales
Récit 11
Entretient en français réalisé avec
Guy-Serges Mogomba sur les parcs nationaux
1 - * Le développement de l'écotourisme
* La mise en valeur du patrimoine culturel
* L'adhésion du Gabon dans la nouvelle vision de la
protection de l'environnement
2 - * Pour assurer la pérennité des
espèces végétales et animales
* Pour les génération présentes et
futures
* Pour permettre à chaque espèce de jouer son
rôle dans le cycle écologiques.
3 - Le seul critère définit
préalablement pour l'érigation d'une zone en parc national est le
type d'écosystème qui peut être faunique, floristique et
aquatique. Ce n'est qu'après que l'on peut à partir des
espèces végétales, animales et aquatiques que l'on
détermine la spécificité ou la particularité d'un
parc national
4 - Le WCS se réfère aux lites proposées
par l'administration des Eaux et Forêts.
5 - Les avantages sont à voir dans le long terme par
rapports aux objectifs que s'assigne l'ONG.
6 - Le phénomène de la commercialisation du
gibier est d'actualité à partir des saisies qui se font ici et
là à travers le territoire gabonais. Pour ma part et aux dires de
ceux qui pratiques cette activité, la commercialisation du gibier est
pour eux l'une des activités qui leur permet de résoudre
certains de leurs problèmes. Et cette activité est due au fait
que ces gens n'ont pas d'autre travail. Je consomme de la viande
périodiquement.
7 - La précarité, le chômage sont les
causes principales de ce phénomène.
8 - Il faut trouver du travail à ceux qui n'en ont pas
de manière à les occuper journalièrement.
9 - L'érigation des zones en parcs nationaux
étant pour le moment en expérimentation, aucune action en
matière palliative n'a été posée.
10 - Les autres parties de la forêt sont laissées
à l'exploitation locale.
11 - Le WCS a mis en place des projets d'évaluation de
l'impact de ceux-ci sur les conditions de vie et le bien-être des
populations.
COMMENTAIRE
Guy-Serge Mogomba est gabonais, originaire de la
Ngounié, d'ethnie tsogo, du clan Nzobé, célibataire sans
enfants. Il est âgé de 29 ans, étudiant, il habite la
cité universitaire. L'expérience de Guy-Serge dans le WCS
(Wildelife Conservation Society) nous amène à l'intégrer
dans la catégorie des informateurs des ONG. Son terrai nous permet de
cerner la question de la conservation de cette organisation non
gouvernementale.
Le discours de l'informateur se situe à deux
échelons. Le premier se propose de discourir sur l'écotourisme.
Nous savons à travers les propos de l'ancien chercheur du WCS que cette
ONG accompagne l'adhésion du Gabon sur la scène internationale,
parmi les pays conservateurs de la biodiversité. Cela permettra au pays
de valoriser son patrimoine culturel afin d'attirer des investisseurs ou des
passionnés de la nature. Les raisons de cette conservation sont aussi
énoncées par l'auteur de ces propos. Elles vont de la
pérennisation des espèces végétales et animales au
maintien de l'équilibre du cycle écologique en passant par la
survie de l'espèce humaine et à la préservation pour les
générations présentes et futures. La question de la
conservation est d'ordre mondial. Et généralement les parcs
nationaux qui sont érigés en fonction de la biodiversité
qu'il y a dans un écosystème précis.
Le second échelon s'atèle à
développer la question de la commercialisation du gibier au Gabon.
Guy-Serge connaît le phénomène à travers des saisies
qui se font sur le territoire. C'est de cette façon qu'il vit le
problème. Il pense que les causes vont dans l'ordre de la
précarité et du chômage. Il reconnaît consommer
périodiquement de la viande de brousse, faisant du coup pour une tranche
de la population la spécialité qui va leur procurer de l'argent.
Des études d'impacts sociaux et économiques ont été
menées par l'ONG dans le but de proposer des mesures palliatives aux
populations locales afin de les aider à subvenir à leurs besoins.
La forte pression humaine a fait en sorte que toute la forêt gabonaise ne
soit pas érigée en parcs nationaux. Donc, nous dit-il, les autres
parties de la forêt sont soumises à l'exploitation locale.
Gyu-Serge Mogomba suggère qu'on trouve du travail aux gens qui n'en ont
pas afin de les occuper journalièrement.
Récit 12
Entretient en français réalisé avec
Estelle Bouanga Imenguet sur les parcs nationaux
1 Le WCS représente le Gabon dans la conservation de la
biodiversité. Les recherches sont menées dans les parcs et chaque
parc est spécifique.
2 La conservation de la biodiversité est une
préoccupation mondiale, internationale. Le Gabon fait partie du Bassin
du Congo qui est le second poumon forestier du monde. Le Gabon, compte tenu des
conventions internationales, se doit de préserver sa forêt
à travers les parcs. Donc, c'est un espace forestier qui est
considéré comme étant très riche en matière
de forêt, d'espèces végétales et animales. Ce sont
des espèces qui sont aussi menacées de disparition ou
d'extinction et la mise en place des parcs nationaux est une décision
salutaire parce que les parcs nationaux permettent au Gabon de
préserver, d'éviter la disparition de certaines espèces
animales et végétales. Même si c'est vrai qu'il y a de
l'exploitation forestière qui se fait à côté de ces
parcs nationaux. Mais avec la prochaine loi qui sera adoptée, la loi sur
les parcs nationaux, on espère que la gestion de ces aires
protégées se fera de manière efficace et contribuera
à la protection de notre biodiversité.
3 Les critères sont écologiques notamment
végétale et animal. Il y a des zones où la pression
humaine n'a pas eu trop d'impact sur la nature. Chaque parc représente
un peuple.
4 Contribuer à la conservation de notre
biodiversité. Qu'est-ce que les parcs nationaux nous apportent ?
C'est vrai que sur le plan international, ça fait un plus pour le Gabon,
parce qu'il est désormais considéré comme étant un
pays qui se préoccupe de la préservation de la
biodiversité. Avec ce réseau de parcs nationaux, le Gabon est
internationalement reconnu comme étant un acteur dans la conservation de
la biodiversité.
Sur le plan scientifique, avec les parcs nationaux, vous
savez que la principale activité qui est développée c'est
la recherche scientifique. La recherche se faisant dans les parcs nationaux
permettra de découvrir d'autres espèces qui ne sont pas encore
connues. Parce que les espèces végétales animales au
niveau du Gabon, c'est vrai qu'il y a déjà des centaines
d'espèces qui sont déjà reconnues mais les recherches
continuent pour découvrir d'autres espèces. Et c'est dans ces
espaces là que la recherche est plus ou mois développée et
suivit aussi bien par les ONG que par l'Etat. Et les résultats de cette
recherche donneront encore lus de popularité à la forêt
gabonaise.
Avec les parcs nationaux, l'autre activité qui
développée, c'est que les parcs nationaux permettent de
développer l'écotourisme. En dehors de la recherche scientifique,
on a également des activités qui doivent bénéficier
aux populations locales qui vivent autour de ces parcs notamment
l'écotourisme. Egalement avec les parcs nationaux, on a comme avantage
le fait que le développement de l'écotourisme permettra aux
populations locales de participer, de s'impliquer dans la gestion durable des
ressources forestières. Lorsque les recherches se font dans les parcs,
le plus souvent on prend les jeunes gens qui vivent dans les villages qui sont
aux alentours de ces parcs, comme des assistants chercheurs, éco guides
ou écogardes. Donc cela crée de l'emploi plus ou moins dans un
village.
5 La commercialisation du gibier est partout en Afrique et
particulièrement au Gabon, c'est un phénomène qui existe
depuis longtemps. C''est vrai qu'au niveau de l'Etat c'est pas une
activité bien organisée. C'est un commerce qui se fait de
manière anarchique. La commercialisation du gibier entraîne plus
ou moins le développement du braconnage dans les zones rurales. Le
gibier, c'est vrai qu'il est consommé par les populations locales, les
populations villageoises qui vivent près des forêts. Mais, ces
populations le consomment d'abord pour leur subsistance. C'est d'abord la
première raison de la consommation du gibier.
Alors qu'en ville, la commercialisation du gibier est une
activité lucrative. Le gibier est vendu pour générer des
revenus assez importants et ce qui entraîne une pression assez importante
sur les espèces animales. Il faut dire que les circuits de
commercialisation de gibier au niveau du Gabon ne sont pas très
maîtrisés. C'est vrai que y a certains points qu'on connaît,
qui sont localisés. Mais n'empêche que l'activité n'est pas
contrôlée ni régulée. Ce qui pose un peu
problème au niveau des menaces qui pèsent sur certaines
espèces qui sont intégralement protégées et
partiellement protégées au Gabon. Je consomme de la viande de
brousse de temps en temps, ceci pour de raisons de variations alimentaires.
6 C'est fonction de la population. La raison première,
c'est pour des revenus en zone rurale et en zone urbaine il est lucratif.
Souvent c'est pour des projets, des raisons sociales et économiques.
7 la vente en soi n'est pas à prohiber, il faut
l'organiser. La loi n'est pas appliquée. Il faut l'organiser, la
réguler. La régulation est une sorte d'officialisation. La chasse
est régulée au Gabon. Si les périodes de chasse
étaient respectées, on pourrait l'intensifier en moins.
8 Je ne sais pas si le rôle de notre ONG c'est
d'empêcher ou de diminuer l'activité commerciale du gibier. C'est
qu'il y a quelques années, on a fait des études sur la
commercialisation du gibier au Gabon. Il y a des données qui sont
là, je ne pense pas qu'elles soient déjà publiées
officiellement, y a des points de vente, points de commercialisation de ce
produit qui ont été identifiés dans l'ensemble du
territoire. Je pense qu'à partir des données que nous avons
collectées, c'est à l'Etat de mettre en place une
stratégie pour réguler ce commerce là. Nous venons en
appui à l'Etat. C'est pas à nous de prendre la décision de
faire ceci ou cela pour que le commerce du gibier n'ait pas un impact trop
négatif sur les espèces animales.
9 La forêt a une importance dans l'économie
nationale. On ne peut pas tout protéger. Il y a l'exploitation
forestière qui est là. La loi doit être appliquée
sur les autres forêts non protégées. L'exploitation
forestière facilite le braconnage. Les responsabilités sont
partagées entre l'Etat et les concessionnaires.
10 Nous suivons la stratégie de la conservation du
gouvernement. Il faut dire que l'Etat est victime des conventions
internationales. La forêt participe de la régulation de
l'équilibre de l'atmosphère. La recherche fait partie
intégrante de l'érigation des zones en parcs. Elle est
privilégiée. Mais elle n'est pas à l'origine des
recherches scientifiques.
COMMENTAIRE
Estelle Bouanga Imenguet est gabonaise, d'ethnie nzebi, du
clan Basanga, originaire du Haut-Ogoouée et réside les
Charbonnages. Elle est chercheur au WCS et géographe de formation. Elle
n'a pas voulu nous donner sa situation matrimoniale et son âge. Son
expérience du WCS nous a également permis de mesurer la logique
des politiques de conservation au Gabon. Comme le discours du
précédent informateur, celui d'Estelle Bouanga s'articule autour
de deux axes principaux.
Le premier évoque effectivement la
problématique de la conservation. Le WCS représente le Gabon dans
la conservation. Il l'appui dans cette mission de conservation de la
biodiversité. Faisant de ce pays, un acteur reconnu sur le plan mondial
pour sa politique de préservation des richesses de la forêt. Il
faut souligner que la biodiversité est une préoccupation
mondiale. Ayant signé les conventions internationales, le Gabon se doit
de répondre aux différentes attentes internationales. La
géographe va justifier la nécessité des parcs nationaux
par la disparition ou l'extinction des espèces végétales
et animales. A cause de sa riche faune et flore, seul critère
d'érigation des parcs, le Gabon va développer
l'écotourisme et classé comme secteur de développement
économique, social et culturel.
L'auteur du discours va nous révéler les deux
aspects importants des parcs nationaux. En effet, l'écotourisme va
générer des devises et créer des emplois qui permettront
aux populations de subvenir à leurs besoins. Le premier avantage, nous
l'avons déjà souligné, est le développement de
l'écotourisme. Le second objectif est basé sur la recherche
scientifique. La recherche sera axée sur la découverte de
nouvelles espèces fauniques et floristiques, à part celles
déjà connues. Et du coup, le Gabon sera connu sur le plan
international pour sa richesse en biodiversité. Les populations
villageoises sont directement impliquées dans la gestion de ces parcs
nationaux.
La seconde dimension de ce discours aborde la
problématique de la commercialisation. Pour elle, c'est une question
régionale. Le problème existe, mais fonctionne de manière
anarchique. En tant qu'agent d'une ONG, la commercialisation du gibier
participe de l'essor du braconnage au Gabon. Le gibier est un produit
aimé par les populations à causes de ses protéines. Il est
consommé pour la subsistance. Le gibier est vendu pour
générer des revenus, pour des raisons sociales. Le
phénomène est mal maîtrisé par les autorités,
à la limite les circuits de vente non contrôlés.
L'informatrice reconnaît la réglementation de la chasse, mais pose
en même temps le problème de la non applicabilité de la
législation relative à l'usage de la faune. Estelle pense que la
vente ne doit pas être prohibée, il faut tout simplement
l'organiser. Elle mentionne au passage les études d'impacts sociaux et
économiques réalisées par le WCS afin de comprendre
à quel niveau la pression humaine peut aller et trouver les mesures
palliatives à ces pressions. Elle nous fera aussi savoir que la
forêt a une grande importance dans l'économie gabonaise, faisant
allusion à l'exploitation forestière.
Chapitre 2 : Corpus iconographique
1 - Les chasseurs
Les techniques de chasse
Photo 1 : calibre semi-
automatique (cinq coups), Maverick modèle 88 (cliché Georgin
Mbeng Ndemezogo) novembre 2005
L'image ci-dessus nous présente un fusil de chasse,
Maverick modèle 88, communément appelé fusil à
pompe. La capacité de ce calibre est de cinq (5) coups ou cartouches.
C'est un sémi-automatique qui est utilisé par l'un de nos
informateurs. Cette photo a été prise lors de l'excursion que
nous avons faite avec ce chasseur. Nous avons ici l'une des ares à feu
que les chasseurs usent pour la chasse de la faune sauvage. Le
propriétaire de cette arme est employé dans une industrie
forestière de la place. En réalité c'est son arme de
service. C'est un pisteur et il a souvent besoin du fusil lors du pistage.
C'est une arme qui lui été donnée par son employeur.
L'objectif de cette photo est double. Le premier
démontre le progrès des armes de chasse que l'on utilise en ce
moment. Cela démontre aussi du progrès des
sociétés. Nous laissons les lances, les flèches, les
filets au détriment de ces armes modernes. Le second objectif explique
le fait migratoire. D'aucuns postulent la disparition des espèces et
attribuent celle-ci à la surexploitation de ces espèces. Nous
partageons cet avis, car un animal de tuer est un animal de moins et de
disparu, c'est-à-dire qu'on ne le reverra plus. L'explication que nous
donnons pourrait également signifier qu'il est allé loin du lieu
habituel et devient rare. Nous tentons d'expliquer ici le fait migratoire de
ces espèces. Le déplacement des animaux est causé par le
bruit produit par les coups de fusils répétés des
chasseurs. Et s'il se trouve que cette chasse est pratiquée près
des chantiers forestiers, la migration sera accentuée. Mais certains
animaux seront plus ou moins abattus. En effet, ce n'est pas tous les animaux
qui fuiront le bruit produit. Cette situation est valable pour tous les
êtres vivants quand leurs biotopes respectifs se trouvent
perturbés. Les animaux se déplacent quand ils sentent la menace.
Et pour eux le bruit est l'une des menaces qui pourra les amener à
migrer vers d'autres horizons.
En outre, l'observation que nous avons fait dans le village
de Mbel peut être vérifiée dans plusieurs villages
gabonais. En effet, un fusil de chasse peut être utilisé par
plusieurs chasseurs du village. Son usage est alternatif, c'est-à-dire
est fonction du repos de l'un des chasseurs et ce au repos du chasseur
propriétaire de l'arme. Nous avons également constaté lors
de nos investigations que plusieurs de ces armes ne sont pas
enregistrées. Elles ne sont pas déclarées au service
habilité à le faire. De ce fait, elles ne sont pas connues du
ministère de tutelle. Il est important de faire l'inventaire des armes
à feu qui se retrouvent sur le territoire national afin d'assurer non
seulement la sécurité des uns et des autres et contrôler
l'information sur les armes qui franchissent le territoire.
Photo 2 et 3 : techniques de
pièges (cliché Georgin Mbeng Ndemezogo) novembre 2005
Ces photos présentent deux techniques de pièges.
Sur la première (celle de gauche), nous pouvons observer le type
piège que le fang appelle « olam
ébén ». C'est un type de piège constitué
d'un trou, des bâtonnets, d'un câble métallique et d'un
piquet. Le trou consiste à maintenir les bâtonnets qui soutiennent
le déclencheur et le tout est recouvert de feuilles mortes qui cachent
la vigilance des animaux. La photo 9 en annexes nous montre la forme que prend
ce piège après le montage. L'autre spécificité se
trouve sur le fait que ces pièges sont isolés et
éparpillés dans la forêt.
L'autre technique de pièges,
appelé « ossap » ou « awoura
ding » en fang, a la particularité d'aligner les
pièges. Cette particularité fait qu'on les appelle pièges
à barrage. Sur la photo de droite, le chasseur obstruit le passage des
animaux et va les contraindre à emprunter le passage qu'il va leur
créer. Un passage qui les conduit directement au câble
métallique. Les éléments constituants le barrage sont de
nature diverse mais provenant toujours de l'environnement immédiat de
l'homme. Notre chasseur a utilisé les tôles pour son barrage qui
sont des matériaux modernes. Sur cette photo, le chasseur remet le
piège qui n'a pas pu prendre un animal.
Ces photos nous présentent les deux techniques de
pièges que nous avons rencontré. Le nombre de ces pièges
varie selon les chasseurs. D'aucuns auront moins de cent pièges, et
d'autres iront au-delà de ce chiffre, si possible atteindre quatre cents
ou cinq cents pièges. Le rapport des chasseurs est le même. En
effet, la visite des pièges se fait chaque deux jours. L'écart de
trois jours est possible mais pas souvent conseillé car il facilite la
dégradation du gibier. Et nous avons constaté que les chasseurs
qui ont moins de cent pièges sont physiquement diminués et vis
versa. Il faut souligner que la visite des pièges nécessite des
efforts physiques considérables et surtout quand elle est faite chaque
deux jours. Le gain est ainsi fonction du nombre de pièges.
Les chiffres que nous avons donnés plus haut font
ressortir l'esprit d'abondance qui habite les chasseurs. Nous sommes
frappés par la dictature de la quantité. Et les
différentes techniques de chasse développées à cet
effet sont donc contextuelles. Pourquoi produire en quantité ? En
nous posant cette question, nous soulevons ici le problème de la
cherté du coût de la vie. Cette situation, associée
à l'effort de chasse, amène peut-être les chasseurs
à fixer les prix que nous retrouvons sur le marché. Au regard de
tout ceci, nous pouvons donc confirmer l'aspect professionnel de cette
activité. Elle regorge même une réglementation que les
chasseurs respectent avec rigueur afin que l'activité leur soit
profitable. Nous aurons donc une fréquence des visites des pièges
estimée entre deux et trois fois par semaine.
2 - Les revendeuses
Les marchés
Espèces
|
Tas/F CFA
|
Gigot/F CFA
|
Entier/F CFA
|
Céphalophe à ventre blanc (Antilope)
|
1 000
|
4 000
|
20 000
|
Céphalophe bleu (Gazelle)
|
1 000
|
1 500
|
6 000
|
Athérure (Porc épic)
|
1 000
|
|
9 000
|
Singe
|
1 000
|
|
10 000
|
Pangolin à longue queue
|
1 000
|
|
6 000
|
Pangolin géant
|
1 000
|
15 000
|
60 000
|
Potamochère (Sanglier)
|
1 000
|
20 000
|
120 000
|
Boa
|
1 000
|
3 000
|
60 000
|
Crocodile
|
1 000
|
|
12 000
|
Renard
|
1 000
|
|
6 000
|
Chat huant
|
1 000
|
|
6 000
|
Eléphant
|
1 000
|
|
|
Mandrill
|
1 000
|
8 000
|
|
Chevrotain aquatique
|
1 000
|
3 500
|
12 000
|
Tableau 1 : Prix du gibier au marché
Source : Georgin Mbeng Ndemezogo
Le tableau ci-dessus présente les prix des
espèces en tas, en gigot et en entier qui sont pratiqués dans les
marchés de Libreville. Le marché de Mont Bouét nous sert
d'illustration. Ce tableau nous donne un aperçu des montants
proposés par les « bayames » au marché.
Illustrer ces propos a été l'une des
idées que nous avons eut et jugé nécessaire. Le tableau
ci-dessous éclairera notre lanterne sur les prix qui sont fixés
dans les marchés. Les données qui s'y trouvent proviennent du
marché de Mont Bouét.
La fixation du prix est importante car ce prix doit
être apprécié par le client. Les clients ont effectivement
une préférence pour les tas car ils sont faits à moindre
coût. Nous pensons que la fixation des prix d'espèces en tas, en
gigot ou en entier est une technique commerciale qui permet aux
« bayames » de cerner toutes les couches et les
préférences des clients. Selon le principe du prix du gros
(colonne 3), les animaux les plus consommés sont ceux dont les montants
sont inférieurs à 10 000F CFA, car ils sont à la
portée de la grande majorité. Nous constatons que la disposition
du gibier en tas facilite aussi l'écoulement du produit sur le
marché. Le produit est ainsi à la portée de presque tous.
Le contraire de cette situation amènerait les populations urbaines
à ne pas consommer la viande de brousse. Nous pouvons donc
considérer cette disposition en tas comme une technique commerciale qui
permet aux « bayames » de bien profiter de leur
activité.
Mentionnons aussi que le tas ainsi disposé est fonction
de l'entendement de la commerçante. En effet, cette dernière ne
fait pas usage d'une balance afin de mesurer le poids du tas qu'elle dispose.
Pour les « bayames », la balance ne leur avantage pas.
Elles sont perdantes en l'utilisant. Même là, en l'utilisant, il
est évident que le montant de 1 000f CFA sera fixé à
la hausse. Elles risqueront d'avoir ce qu'elles appellent
l' « embaumé », c'est-à-dire la
mévente ou passer des journées sans clients. Il faut faire
remarquer que même le montant de 1 000f CFA est de fois débattu.
Mais ceci quand le client prend par exemple deux tas. Une réduction lui
sera fait pour une circonstance quelconque. A défaut de prendre les deux
tas à 2 000f CFA, le client les prendra à 1 500f CFA. Ce cas
est possible surtout en périodes difficiles. Et ce cas a fait l'objet
d'une expérience que nous avons vécu.
Nous nous sommes aussi interrogés sur le fait que tous
les tas étaient à 1 000f CFA. Il nous a été
dit que c'est le prix le plus abordable et que tous les tas n'étaient
pas constitués de la même façon. Les animaux tués
non pas la même valeur. Le nombre de morceaux de viande que contient un
tas est fonction des périodes. Quand il n'y a pas de clients, le nombre
va à la hausse afin d'attirer les clients. Nous tenons également
à inscrire que la liste des espèces que nous avons sur ce tableau
n'est pas exhaustive. En partant de cette liste, nous constatons que sur 14
espèces recensées, il y a 9 espèces qui sont
protégées. Cela est la preuve d'un véritable
problème.
Les restaurants
Photo 4 : le gibier du restaurant
(cliché Georgin Mbeng Ndemezogo) février 2006
Sur cette image, nous avons quatre marmites, mais deux
(ouvertes) vont attirer notre attention. Dans ces deux marmites nous avons
l'Athérure (porc épic) et le potamochère (sanglier) cuits.
Ces marmites de loin montre la présence d'un restaurant africain. Cette
photo a été prise au centre-ville.
Tout en constatant ce que ces marmites contiennent, il n'y a
pas moins de trois plats de chaque. Tout ceci appliqué aux prix de Maman
Marie, nous avons un chiffre d'affaire conséquent. C'est un
bar/restaurant qui a deux propriétaires respectives. Cette femme occupe
la terrasse d'un bar. Et c'est là qu'elle assure son service. L'objectif
principal de cette femme est de proposer aux clients un gibier cuit ou
cuisiné. Placé en plein centre-ville, sa clientèle est
constituée des agents des administrations publique et privée. Et
il se pourrait que la finalité soit la même dans la pratique de la
chasse de subsistance. En effet, à la fin, on veut manger de la viande
cuisinée. Nous n'oublions pas de rappeler que cette finalité est
beaucoup plus applicable en zone rurale. En zone urbaine, elle est objet
d'échange monétaire. Le service prend son effet à ce
niveau. Seule la périodicité de la clientèle constitue la
principale difficulté de son service ou de son commerce.
3 - Les consommateurs
Photos 5 et 6 : Le gibier au menu des
fêtes (cliché Georgin Mbeng Ndmezogo) janvier 2006
Ces deux images nous présentent une femme
placée devant une grande marmite contenant la viande de brousse. Cette
marmite est accompagnée d'autres marmites contenant chacune un aliment
constituant ainsi le menu de la cérémonie commémorant le
premier jour de l'an 2006. Les deux photos se complètent. Elles sont la
preuve que le gibier est toujours compris dans le menu lors de certaines
cérémonies. Nous constatons qu'il est vue ici comme un aliment de
luxe car placé à côté d'autres viandes
généralement considérées comme
« embaumées ». L'animal que cette jeune femme va
consommer n'est rien d'autre que le potamochère communément
appelé « sanglier ».
Les populations gabonaises dépendent de la viande de
brousse pour la satisfaction de leurs besoins en protéines et en
vitamines, mais aussi comme source non négligeable de revenus. Les
études de S. Lahm, cité par Auguste Ndouna Ango et
Eléonore Ada Ntoutoume11(*), ont montré que, dans les villages gabonais,
seulement un quart des produits de la chasse était
réservé à la consommation des familles, le reste
étant destiné à être vendu sur les marchés ou
à des intermédiaires. L'auteur a aussi étudié les
préférences alimentaires de ces mêmes populations pour la
viande de brousse. Il semble que les animaux les plus consommés soient
l'athérure, le céphalophe bleu et le potamochère qui est
recherché pour sa graisse. Cependant, elles consomment d'autres
mammifères comme l'éléphant, le singe ou le rat palmiste,
des oiseaux, des reptiles comme le varan et le crocodile. Nous avons
constaté que ces animaux abondent dans les marchés et les
restaurants. Les enquêtes nous révèlent la consommation de
ces mêmes animaux, à cette liste nous ajoutons le
céphalophe à dos jaune. Les préférences sont
diverses et les raisons de ces préférences également. Les
raisons évoquées sont généralement le goût,
l'habitude, la richesse en vitamine, la variété alimentaire, le
goût et l'habitude. Il y a une certaine hiérarchisation des
espèces vendues, consommées et des raisons de cette
préférence. Et nous constatons que cette consommation n'est pas
quotidienne. Elle est périodique, occasionnelle. D'aucuns consomment la
viande de brousse une à deux fois par mois ou une fois chaque deux
mois
Le gibier vendu est celui qui est chassé. Et le gibier
consommé est celui qui est vendu. La comparaison des réponses
fournies par nos informateurs notamment les chasseurs,
les « bayames » et les consommateurs, il ressort d'une
part que les consommateurs ont une préférence pour
l'athérure, le céphalophe bleu, le potamochère et le
céphalophe à ventre blanc. D'autre part, parmi les quatre
espèces préférées, deux abondent dans les
marchés notamment l'athérure et le céphalophe bleu. Et
parmi les espèces les plus prisées figurent justement ces deux
espèces. Pourquoi abondent-elles dans la forêt ?
Ces espèces étant alors les plus
prisées, ne tendent-elles pas vers
leur « extinction » ? Elles devront de ce fait
bénéficier d'un statut tout aussi particulier que les autres
espèces en voie de disparition bénéficient. Cela nous
amène alors à penser que les espèces sont d'inégale
importance. Mais cette situation est fonction de la société dans
laquelle on se situe. Dans les sociétés traditionnelles, la faune
est aussi pensée dans cette logique. Les espèces sont
classées selon l'ordre d'importance. Il faut noter que les populations
gabonaises utilisent les propriétés médicinales de
certaines substances animales pour recourir à la santé ou
retrouver l'équilibre biologique. Plusieurs d'entre elles sont connues
comme de véritables médicaments. Par exemple, les Pové
utilisent régulièrement le porc- épic (atherurus
africana), la gazelle (céphalophe bleu), l'écureuil à
pattes rouges pour traiter les cas de sorcellerie. Ces espèces servent
aussi au traitement des maladies féminines notamment les douleurs aux
trompes.
4 - Administration des Eaux et Forêts
La législation
Photos 7 et
8 : les balles à grande puissance d'arrêt (GPA)
(cliché Georgin Mbeng Ndemezogo) novembre 20005
Les photos ci-dessus présentent les cartouches
spécifiques à la chasse à l'éléphant. Il y a
dans ce carton vingt cartouches d'une valeur de 200 000f CFA. Ces cartouches
sont la propriété de l'un de nos informateurs qui apprêtait
sa prochaine chasse à l'éléphant. Pour la circonstance, il
nous a présenté toutes ses armes (4 fusils de chasse et un
pistolet). Mais celle qui a attiré notre attention est la carabine 458.
Il faut souligner que les balles de cette carabine sont blindées.
De fabrication française, ces balles sont interdites
à la chasse en Europe. Nous nous sommes posés la question de
savoir pourquoi cette interdiction, l'informateur nous dit qu'en Europe, il n'y
a pas d'animaux féroces tels que les éléphants, les
buffles et bien d'autres qui peuvent prendre les balles de ce type.
L'informateur nous dit également que la chasse à
l'éléphant, appelée aussi grande chasse, a pour objectif
le besoin d'ivoire. Les balles de cette carabine ont une grande puissance
d'arrêt (GPA) et voilà pourquoi on les appelle balles GPA. C'est
à la suite de tout cela qu'une question nous est venue à
l'esprit. En effet, l'éléphant est partiellement
protégé sur le territoire gabonais. Il est formellement interdit
de le chasser. Mais les balles GPA sont également vendues. Que fait-on
de l'interdiction ? Et voilà que se présente le paradoxe que
nous qualifions de flagrant. Interdire la chasse de l'éléphant,
c'est interdire les cartouches ou les balles qui mettront sa vie en danger.
Chasser l'éléphant, c'est avoir besoin de son
ivoire. Cela nous conduit à la consommation des sous- produits ou aux
trophées comme disent les spécialistes. Un autre informateur que
nous avons rencontré cette fois-ci à Mbel, nous
révéla lors de notre excursion en forêt qu'un dignitaire du
Haut- Ogooué engagea deux chasseurs qui sont venus chasser les
éléphants à Mbel (village situé au PK 85 d'Owendo
sur la voie ferrée). La chasse peut être qualifiée de
massacre car elle permit l'abattage de 33 éléphants dans la
période d'octobre/novembre 2004. Et le besoin d'ivoire était
à l'origine de ce massacre. La 458 dont nous parlions plus haut a une
capacité de quatre balles. Nous constatons ici que les insuffisances
juridiques entretiennent l'impact négatif sur la faune. Les populations
profitent de cette situation pour surexploiter la faune sauvage. Une reforme
évidente de la loi d'orientation en matière de la protection de
la faune est nécessaire. Même les populations des couches moyennes
et aisées sont dans ce commerce. La loi se doit donc de mesurer et
contrôler tout cela. La loi ne doit pas être passive face à
certains comportements. Cette situation entraîne toujours l'injustice au
sein de la société. Cet aspect nous a même
été évoqué lors de nos enquêtes. D'aucuns
pensent que la loi est faite pour certains et s'applique sur et pour d'autres.
Cela entraîne les attitudes de mépris et de révolte de la
loi par les populations touchées par ce phénomène.
Il est également important d'étudier les formes
de procuration de ces cartouches par les chasseurs. Nous avons fait plusieurs
observations. Le chasseur propriétaire d'un permis de chasse et de port
d'arme aura droit à un bon de cartouches délivré par le
ministère de l'intérieur. Mais cette procédure
d'acquisition n'est pas partout la même. Il y a des chasseurs qui se
procurent des cartouches auprès de leurs propriétaires notamment
les chasseurs que nous avons qualifiés de dépendants. Il y a des
chasseurs qui achètent des cartouches auprès des personnes qui
ont des bons de cartouches. En effet, même les cartouches se vendent au
même titre que les piles, les câbles métalliques et autres.
Nous voyons effectivement que tous ceux qui se procurent des cartouches par le
canal d'une tierce personne n'ont pas de bon de cartouches et ne sont pas
propriétaires de l'arme qu'ils utilisent ou bien qu'elle n'est pas
enregistrée. Plusieurs éventualités sont possibles, mais
nous nous contenterons de ce peu.
Un autre fait observable, c'est celui de la vente des bons de
cartouches par certains agents du ministère de l'intérieur
à des prix dérisoires. Les bons de cartouches se retrouvent ainsi
sur le territoire sans être enregistrés. Il est également
important de souligner que ces bons sont produits chaque année et tant
qu'il n'est pas utilisé, il reste toujours valable, même s'il date
de 1990. Alors qu'il était intéressant d'instituer une date de
validité sur ces bons (si possible un an de validité). Et
l'entreprise assignée à cette tâche doit être un
service non lucratif. Il est à rappeler que tant que le service sera
lucratif, les périodes de fermeture et d'ouverture de la chasse ne
seront guère respectées. Ce respect doit d'abord provenir de
l'arrêt de la vente des cartouches pendant la période de fermeture
de la chasse. Il ne faut pas oublier que l'entreprise a pour objectif principal
la réalisation des bénéfices. Elle ne tiendra pas compte
de la règle qui institue la fermeture de la chasse ou la non vente de
certaines cartouches ou balles afin d'appliquer la réglementation qui
protègent certaines espèces au Gabon. La loi d'orientation
n'intègre pas toutes ces réalités. Ce qui ne ferra que
compliquer la résolution du problème de la gestion
rationnellement de la faune sauvage, politique prônée par l'Etat.
La loi se doit de maîtriser tous les contours de la réalité
sociétale.
Missions de police
Photo 9 : Lutte anti-braconnage
dans le département d'Etimboué (cliché Programme de
Valorisation des Ecosystèmes Humides en Afrique Centrale (PVEHAC)) Juin
2000.
Suite à la mission de collecte de donnée dans le
département d'Etimboué (province de l'ogoué Ivindo) du 21
mai au 9 juin 2000, financée par le programme CARPE du BSP, les membres
de l'équipe du Programme de Valorisation des Ecosystèmes Humides
en Afrique Centrale (PVEHAC) ont assisté à l'opération de
lutte anti-braconnage organisée par la brigade de faune d'Iguéla.
L'opération de lutte a duré près de douze heures. Elle a
débuté le 8 juin 2000 à 15h pour s'achever le 9 juin 2000
à 3h du matin. Elle a réalisé plusieurs saisies dont nous
vous présentons l'image. Les saisies concernent les espèces qui
suivent : crocodiles, porcs épics, gazelles, singes, tortues,
buffles, cercocèbes à collier blanc, potamochères,
antilopes sitatunga, vautours, chevrotains, calaos.
La photo 9 et le tableau 4 mettent en exergue la politique que
l'Etat met en place de par les missions de police de la brigade de la faune et
de la chasse, d'une part. D'autres part, nous savons de par cette image que les
chasseurs et les « bayames » sont souvent victimes des
saisies opérées par les agents des Eaux et Forêts. In fine,
nous savons de par le tableau que la faune est menacée, tout en estimant
les prélèvements opérés par les chasseurs.
Aussi, parmi les prérogatives qui leur sont
assignées, les agents des eaux et forêts font en fonction des
moyens disposés ces missions de police. Elles consistent en la saisie
des ressources fauniques et forestières. Le tableau ci-dessus illustrant
la lutte anti-braconnage dans le département d'Etimboué est un
bon exemple. Notre objectif est d'exprimer la non application de la
législation ou les dérapages des agents des eaux et forêts.
Notre propos tire son fondement dans la première colonne du tableau
(espèces saisies). La mission de police consiste en la saisie de tout le
gibier que possèdent les chasseurs et/ou les
« bayames ». La mission d'Etimboué a saisi plus de
onze espèces différentes. Dans cette liste, nous retrouvons les
catégories d'espèces définies par la loi : les
espèces intégralement protégées, les espèces
partiellement protégées et les espèces non
protégées. Nous allons nous intéresser sur les
dernières espèces. C'est à ce niveau que la loi ne
s'applique pas. Dans ce type d'espèces, nous avons le vautour, le
cercocèbe à collier banc, le singe, le céphalophe bleu
(gazelle), l'athérure (porc épic). Nous voyons qu'à ce
niveau il y a un véritable problème. La simple saisie constitue
déjà pour les victimes une injustice. Car celles-ci ne savent pas
la destination véritable et légale de ces saisies. Plus grave,
quand ce sont les agents des eaux et forêts qui piétinent la loi.
Nous avons là, l'un des éléments qui poussent les
chasseurs et les « bayames » à la révolte.
Nous donnons dans le tableau ci-après les
résultats des saisies.
Espèces saisies
|
Prise 1
|
Prise 2
|
Prise 3
|
Total 1+2+3
|
1 Crocodiles
|
9
|
1
|
5
|
15
|
2 Porcs épics
|
7
|
7
|
6
|
20
|
3 Gazelles
|
2
|
5
|
11
|
18
|
4 Singes
|
1
|
5
|
14
|
20
|
5 Tortues
|
11
|
0
|
0
|
11
|
6 Buffles
|
1
|
0
|
0
|
1
|
7 Cercocèbes à collier blanc
|
1
|
0
|
1
|
2
|
8 Potamochères
|
1
|
6
|
10
|
17
|
9 Antilopes Sitatunga
|
1
|
4
|
3
|
8
|
10 Chevrotains
|
0
|
2
|
1
|
3
|
11 Vautours
|
0
|
0
|
5
|
5
|
12 Autres
|
3
|
3
|
0
|
6
|
TOTAL
|
37
|
33
|
55
|
125
|
Tableau 2 : Lutte anti-braconnage
dans le département d'Etimboué
Source : PVEHAC
Le tableau met en évidence la forte pression qu'exerce
l'homme sur la faune par le biais de la chasse. En effet, si plus de 125
animaux sont prélevés en l'espace d'une demi-journée, ce
sont donc plus de 90 000 gibiers (toutes espèces confondues) que l'on
prélève chaque année dans les 22800 km2 du
département d'Etimboué.
5 - Organisations non gouvernementales
Carte 2 : Les parcs nationaux du
Gabon (cliché WCS), 2005
Depuis une décennie, la politique du gouvernement
s'atèle à classer plus de dix aires avec les statuts bien
définis. Ceci est dû à la pression économique
exercée sur le massif forestier. Les enjeux sur les aires
protégées ne cessent d'augmenter lorsqu'on sait que les
forêts protégées ont une valeur économique. Ces
espaces deviennent de plus en plus précieux pour les naturalistes, les
écologistes et les biologistes car ils comptent parmi les sanctuaires
où la diversité biologique est la plus élevée. Plus
de 3 millions d'hectares constituent le réseau national d'aires
protégées aménagées en parcs nationaux soit plus ou
moins 13 pour le moment. Beaucoup d'autres milieux écologiques sont en
voie d'aménagement, une mise en oeuvre de ceux-ci sera faite en fonction
des sites, de construction des infrastructures appropriées notamment les
voies d'accès, les miradors, les points. Le Gabon a maintenant toutes
les potentialités pour asseoir des activités économiques
en écotourisme. Ces sites de conservation et de pérennité
de nos ressources naturelles peuvent être utilisés pour
générer des devises nécessaires pour notre économie
dans les activités écotouristiques.
Consacré au thème de la socialisation, ce
travail, nous le constaterons tout au long de celui-ci, est un exercice de
navette entre deux conceptions du monde, deux conceptions de la nature de sur
quoi celle de l'animal qu'on a coutume de présenter comme mutuellement
exclusives. Ce débat est encore soulevé ici par les parcs
nationaux du Gabon. Ceux-ci soulèvent justement la question de
« sauvage » qui a longuement été
débattu par certains auteurs (Philippe Descola, 2005, 58). Parler de
parc national sous-entend qu'il n'y a pas eu de présence humaine
à l'endroit précis de l'érigation de la zone en parc.
L'impact de la pression humaine est faiblement ou presque pas ressenti.
Le « sauvage » fait appel à quelque chose de
naturel et s'oppose de ce fait au « domestique ».
L'érigation de 11% du territoire gabonais en parcs
nationaux est fait selon cette logique ou cette conception
du « naturel ». L'histoire du Gabon nous rappellera
que les peuples de ce pays sont au préalable des peuples de forêt,
et avant leur sédentarisation, ils étaient d'abord nomades. C'est
à partir de leurs activités quotidiennes qu'ils tenteront de
connaître leur écosystème et le maîtriser afin de
l'intégrer dans leur univers. Socialisé en tout lieu parce que
parcouru sans relâche, la forêt de ces peuples itinérants
présente partout les traces des événements qui s'y sont
déroulés et qui revivifient jusqu'à présent
d'anciennes continuités. Dès l'instant qu'il n'y a pas d'animaux
naturels que d'animaux culturels, c'est dire que la forêt l'est aussi et
elle a une histoire. Au moment où ces peuples nomment les espèces
de la forêt, cela signifie qu'ils ont parcouru celle-ci.
Photo 10 : Tortue luth
(dermochelys coriacea, Photo11 : Tortue verte
(chelonia mydas, cliché J.P. Vande Weghe), 2005 cliché J.P.
Vande Weghe), 2005
Ces deux photos nous présentent deux tortues marines.
Elles sont prises à des moments différents (le jour pour la photo
11 et la nuit pour la photo 12). La tortue marine est l'une des espèces
sollicitées par la science et les touristes qui aiment la vision de la
nature notamment des espèces fauniques. Ces photos ont été
prises dans le parc de Pongara. Les plages de sable blanc et les dunes basses
sont les lieux de ponte de ces tortues marines. La tortue luth est la plus
connue et la plus commune de toutes les tortues, mais chaque année on
trouve aussi quelques pontes de la tortue verte. Les pontes s'étalent
d'octobre à avril, mais la saison la plus active s'étend de la
mi-décembre à la fin février. Alors, 6à8 femelles
peuvent pondre en une nuit dans la zone située entre Pongara et
Ouingombé. Au total, plus de 1 000 pontes de la tortue luth ont
ainsi été recensées dans la saison 2001-2002 par les
techniciens d'Aventures Sans Frontières, une ONG gabonaise dont les
activités de conservation s'étendent spécialement au parc
national de Pongara. Dans la même période, il n'y a eu que 13
pontes de la tortue verte.
Faisant pendant à la flore qui lui est associée,
la faune gabonaise est unique et exceptionnellement riche et
diversifiée. Chaque constituant de cette faune possède
d'énormes vertus dont l'importance est reconnue dans toutes les
sociétés. Les tortues marines font parties de cette
diversité et possèdent également des vertus.
Derrière ces verts, plusieurs rapports se dégagent et cela avec
plusieurs types de populations. La première des vertus que nous pouvons
exprimer est économique. Les tortues marines sont l'une des
espèces appréciée dans le tourisme de vision. Elles
contribuent à cet effet au développement de l'écotourisme
avec l'entrée des devises. Les tortues marines sont de nos jours
sollicitées par les hommes de sciences grâce leur molécule
de longévité. Des recherches faite sur la tortue ont
montré que cette espèce avait un espérance de vie
très long. Des études similaires ont été
menées sur les primates afin de compléter leurs cartes, du
gorille du gorille au macaque en passant par l'Orang-outang. Ces cartes
serviront à remonter le cours de l'évolution humaine12(*). La recherche scientifique sur
quoi repose la conservation nous amené à rechercher les
espèces qui étaient au coeur de celle-ci. Les travaux produits
sont faits sur les grands singes, les tortues marines, l'éléphant
et le rhinocéros. Et nous pensons que ce sont ces espèces qui
sont réellement à l'origine de la conservation de 10% du
territoire gabonais.
Le monde animal a un intérêt pour l'homme bantu.
Il est une source de nourriture, une source technologique, une source de
référence aux formes et contenus argumentaires des palabres, un
trésor médical, un miroir des rapports sociaux et comportements
en société. La première valeur que ces peuples accordent
à la faune de sur quoi à la tortue est d'ordre alimentaire.
Celle-ci est plus constatée auprès des populations
côtières qui considèrent la tortue marine comme un produit
servant à l'alimentation. Par exemple les Benga du Cap Estérias,
qui vivent sur la côte, ont une connaissance de la tortue et par la
même occasion entretiennent les rapports avec elle. La tortue est
utilisée pour la consommation et l'échange lors des mariages.
Dans le mariage benga, la tortue est utilisée comme un
élément de la dot et dans la reconnaissance des enfants. Les
hommes utilisent certains éléments de la tortue pour augmenter la
puissance sexuelle. Cela fait montre de la vertu aphrodisiaque dont ce reptile
possède. Certaines parties de la tortue marine sont également
usitées pour le traitement de certaines maladies mystiques. La tortue
marine est une espèce qui n'est pas intégrée dans le
classement effectué par l'administration des Eaux et Forêts, mais
son usage actuel fait l'objet de prohibition sur le terrain. Les zones
où vivent ces tortues sont toutes privatisées actuellement.
Secteur
Nous entendons par secteur ici une portion de plan comprise
entre un arc de cercle et les deux rayons qui le délimitent. Le secteur
est un graphique qui nous permettra de révéler les tendances
exprimées par les populations. Notre travail se doit également
d'utiliser la statistique comme outil d'analyse. A travers ces
représentations graphiques, nous comprendrons pourquoi la
commercialisation est accentuée au Gabon. Il faut dire que le commerce
de la viande de brousse est un phénomène urbain. En effet, s'il
prend cette ampleur c'est à cause de la consommation urbaine de la
viande de brousse. Aussi, n'oublions pas que c'est la ville qui crée la
situation de sans emploi, elle crée les sans emplois. Les secteurs que
nous allons construire illustrent les tendances urbaines du
phénomène de la commercialisation du gibier. Chaque
représentation graphique exprime les réponses aux questions qui
sont implicitement posées à travers les titres de ces graphiques.
Ces données sont produites à partir de nos cinq catégories
d'informateurs.
Source : Georgin Mbeng Ndemezogo
Ce graphique illustre, comme son nom l'indique, la
fréquence de la consommation de la viande de brousse en milieu urbain.
L'effectif de cette étude de la consommation est de 32 car, il comprend
la catégorie des consommateurs et celle des agent des ONG. Selon le
secteur, 97% de la population urbaine affirme consommer du gibier et 3% ce sont
abstenu sur la question. Cet effectif est constitué d'hommes (21) et de
femmes (11) qui, d'une part, sont pris par leur profession, d'autre part, ne
savent pas chasser c'est-à-dire tirer au fusil ni piéger. Cette
situation va les pousser à acheter la viande de brousse dans les
marchés de la place.
Source : Georgin Mbeng Ndemezogo
La situation professionnelle et l'ignorance de la pratique de
la chasse va donc pousser 97%de la population urbaine à se procurer la
viande de brousse dans les marchés de la capital. Il est question ici de
savoir comment les consommateurs font pour se procurer le gibier. Les
marchés et les restaurants sont les lieux le plus souvent cités
par nos informateurs. L'effectif de cette étude sur l'achat du gibier
est de 32 car, il comprend la catégorie des consommateurs et celle des
agents des ONG. Nous savons qu'ils achètent la viande au marché
et au restaurant. Il nous incombait aussi d'estimer le nombre de fois que cela
est fait.
Source : Georgin Mbeng Ndemezogo
La fréquence du nombre de consommation du gibier nous
permet de savoir combien de fois a le gibier au menu. Sur le graphique, nous
avons le nombre de fois qui est représenté partant de 1 à
3. Selon ce graphique, 34% de la population consomme une fois la viande de
brousse. Les 57% représentent ceux qui ne se reconnaissent dans la
catégorisation allant de 1 à 3, mais peuvent plus ou moins se
retrouver dans la fréquence du temps qui s'illustre plus bas. L'effectif
de cette étude sur la fréquence du nombre de consommation du
gibier est de 32 car, il comprend la catégorie des consommateurs et
celle des agents des ONG.
Source : Georgin Mbeng Ndemezogo
Ce graphique est la suite de celui étudié plus
haut car il nous permet de savoir le nombre de fois dans le temps les
consommateurs ont le gibier comme menu. L'effectif de cette étude sur la
fréquence du gibier est de 32 et il comprend la catégorie des
consommateurs et celle des agents des ONG. La question nous propose trois
options qui partent de la consommation par semaine au périodiquement, au
passage il y a la consommation par mois. 46% de la population consomment la
viande de brousse périodiquement. Le nombre de fois et le temps sont des
questions liées. Mais il y a des informateurs qui donnaient des
réponses sur le nombre et non le temps, ou sur le temps et pas le nombre
ou sur le nombre et le temps. C'est cela qui va justifier l'option
« sans réponse » qui a un grand pourcentage.
Source : Georgin Mbeng Ndemezogo
Nous étudions dans cette figure la fréquence
des espèces les plus consommées en milieu urbain. L'effectif de
cette étude est de 77. Elle concerne uniquement la catégorie des
consommateurs car c'est à eux seuls qu'il a été
posé la question sur les espèces les plus consommées.
Celle-ci nous permet de répertorier les espèces consommées
par les populations. La liste figurant sur la légende est celle produite
par le terrain. La même question nous permet aussi de répertorier
les espèces les plus consommées par ces mêmes populations.
C'est de cette liste qu'est tiré l'effectif de l'étude. Les
consommateurs font des choix de 1, 2, 3, 4, à 5 espèces tels
que :
a) céphalophe bleu (gazelle),
athérure (porc épic), potamochère (sanglier) ;
b) potamochère ; c)
athérure, potamochère ; d)
potamochère, singe, céphalophe à dos jaune (antilope),
avifaune ; e) céphalophe bleu, céphalophe
à dos jaune, crocodile, singe, potamochère. Mais la tendance va
plus vers le choix à trois espèces.
De ce fait, l'athérure (porc épic) sera
l'espèce la plus consommée avec 24%, suivit du céphalophe
bleu (gazelle) avec 23%, du potamochère (sanglier) avec 15%. Ces
secteurs expliquent les préférences des consommateurs à
l'égard de la faune. Il est alors important d'expliquer les raisons de
ces préférences.
Source : Georgin Mbeng Ndemezogo
L'explication des préférences nous conduit
immédiatement à celle des raisons de ces choix. Cette
étude a été faite à partir d'un effectif de 26,
uniquement les consommateurs. Les différentes raisons sont
énoncées dans la légende. Plusieurs rapports ont
montré que la viande de brousse abondait dans les marchés et les
restaurants. 27% des consommateurs sont victimes de cette situation car leur
consommation est fonction de cette abondance, 15% consomment pour le
« goût » et 12% pour la
« chair ». 30% des consommateurs n'ont pas pu
répondre à la question pour des raisons d'omission ou d'oubli.
Nous avons aussi jugé nécessaire de mesurer
l'information relative à l'interdiction de la vente du gibier au Gabon.
Nous aimerions savoir si les populations étaient au contact de cette
information.
Source : Georgin Mbeng Ndemezogo
L'effectif utilisé est 20 et concernait les chasseurs
et les « bayames » pour qui la question était
posée. Ces deux catégories sont considérées comme
des producteurs de gibier chacune à des niveaux différentes.
Ainsi, 70% des producteurs de gibier savent que la vente de la faune sauvage
est interdite, mais continue tout de même à vendre malgré
cette interdiction. Ce chiffre évoque un réel problème qui
se justifie par le manque d'occupation pour certains et le besoin d'arrondir
les fins du mois pour d'autres. Il y a là aussi une impasse juridique du
moment où ce sont les populations qui sont au dessus de la loi et plus
le contraire. 15% ne le savent pas, nous tirons la cause dans le manque
d'information.
Nous avons une fois encore jugé nécessaire de
mesurer l'information relative à l'interdiction de la vente du gibier au
Gabon mais en insistant sur les raisons de l'interdiction.
Source : Georgin Mbeng Ndemezogo
L'effectif utilisé est de 46 et comprend cette fois-ci
les chasseurs, les « bayames » et les consommateurs. Les
raisons sont énoncées dans la légende. 44% de la
population ignorent les raisons pour lesquelles on interdit de vendre la viande
de brousse. Il y a là absence de dialogue entre conservationnistes et
les populations. Celles-ci ne sont au contact de l'information
environnementale. 26% pensent la disparition des espèces fauniques est
la cause de l'interdiction. La chasse se pratiquant de façon abusive,
ceux-ci pensent qu'il est du devoir de l'Etat de conserver pour les
générations futures. Effectivement tous toutes ces raisons
peuvent se regrouper autour de la raison de la conservation, ce qui
ramènera le chiffre à 56%. Mais le problème de l'ignorance
sera toujours posé.
CONCLUSION
Au terme de notre travail, il serait important de rappeler un
certain nombre de choses afin de faciliter la compréhension de notre
problématique. Celle-ci se propose d'établir les modèles
s'appliquant aux rapports de l'homme à l'animal. Notre étude
s'est focalisée sur l'animal de forêt considéré
comme sauvage. La culture définit le rapport qu'un peuple peut avoir
avec sa nature notamment avec sa faune. Cette problématique est comprise
dans la grande question Nature et Société dont Philippe Descola
est l'un des défenseurs.
Trois hypothèses nous ont été
nécessaires pour donner une orientation à notre recherche. La
première cernait la dimension productive du gibier. Cette dimension met
en évidence le travail productif des chasseurs, des revendeuses des
marchés et restaurants, des revendeurs des parties du corps des animaux.
C'est grâce aux chasseurs que les revendeuses et les revendeurs proposent
quelque chose sur le marché soit en viande carnée soit en parties
du corps. La deuxième hypothèse aborde l'aspect de la
consommation. Elle est généralement alimentaire, de moins en
moins médicinale et rituelle. La dernière hypothèse a
démontré le côté protectionniste de la faune. C'est
un aspect qui est défendu par les Eaux et Forêts et les ONG
environnementales à travers la lutte contre le braconnage.
En outre, ces hypothèses ont vu leur confirmation
effective que grâce aux enquêtes que nous avons effectuées
à Libreville et ses environs (Owendo et Mbel). Elles nous ont permises
d'interroger 56 sujets à partir d'un guide d'entretien,
accompagné d'un appareil photo et d'une caméra.
Sur le plan formel, nous avons jugé mieux de
découper l'oeuvre en deux grandes parties. La première partie
comprend le corpus textuel. C'est dans ce corpus que nous retrouvons les
discours de nos prédécesseurs, ceci en fonction des cinq classes
d'acteurs identifiés (les chasseurs, les revendeuses et revendeurs, les
consommateurs, les agents des Eaux et Forêts, les ONG environnementales).
L'analyse critique de cet ensemble de textes est le dernier point
développé dans cette partie. Nous dirons finalement que six
titres composent cette partie. La deuxième partie comporte le corpus
empirique. Les deux chapitres constituant cette partie possèdent chacun
six articulations. Le chapitre premier, où l'on retrouve le corpus oral,
nous met au contact du phénomène à partir du discours des
acteurs concernés. Dans chaque classe, nous retrouvons le sentiment des
protagonistes. Nous proposons par la suite une analyse critique de cet ensemble
de textes oraux. Le chapitre deux, fait à base corpus iconographique,
présente le fait sur le plan visuel, à partir des photos, des
représentations statistiques et d'une vidéo. Une analyse critique
est à nouveau faite.
Par ailleurs, nous nous proposons d'étudier les
interactions possibles entre les différentes classes d'acteurs. C'est
à partir des comparaisons et des rapprochements que nous ferrons une
meilleure théorisation possible de ce rapport, à la limite de ce
conflit de cultures. Nous souhaitons également rechercher la dynamique
de transformation, sans oublier les causes de ces changements. La dynamique se
comprend dans le temps, puisque l'étude elle-même est
diachronique. Ce travail ne sera jamais fini, même après la
soutenance de cette thèse, puisque le phénomène
lui-même est changeant, fluctuant. Pour aboutir à une meilleure
théorisation des formes d'humanisation de l'animal, notre enquête
de terrain se propose de baser l'étude sur un échantillon
représentatif de la population globale de 200 individus par classe
d'acteurs.
REFERENCES DOCUMENTAIRES
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- BILOGHO Chantal, Camerounaise, Fang,
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Eaux et Forêts
- EVOUROU Didine, Gabonaise,
Téké, veuve, commerçante
- IDIATA Jocelyn, Gabonais, Sango, mululu, 19
ans, célibataire, élève
- MARIE Gibier, Camerounaise,
Bameliké, 55 ans, mariée, commerçante
- MENGUE Clémentine, Gabonaise, Fang,
essaben, mariée, commerçante
- NDONG ONDO Saint-Yves, Gabonais, Fang,
yéguin, 35 ans, célibataire, agent des Eaux et Forêts
- ONDO EDOU Théophile, Gabonais, Fang,
nkodjen, 59 ans, célibataire
- ONDO NDONG Ferdinand, Gabonais, Fang, 49
ans, marié, charcutier
- BOUANGA IMENGUET Estelle, Gabonaise, Nzebi,
célibtaire, 29 ans, stagiaire
- MOGOMBA Guy-Serges, Gabonais, Tsogo,
célibataire, étudiant
Etc.
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Photos 7 et 8 : les balles à grande
puissance d'arrêt (GPA), p.83
Photo 9 : Lutte anti-braconnage dans le
département d'Etimboué, p. 85
Photo 10 et 11 : tortue luth et tortue
verte, p. 88
Tableau 1 : Prix du gibier au
marché, p. 79
Tableau 2 : Lutte anti-braconnage dans
le département d'Etimboué, p. 86
Secteur 1 : fréquence de
consommation, p. 90
Secteur 2 : fréquence d'achat, p.
90
Secteur 3 : fréquence du nombre
de consommation du gibier, p. 91
Secteur 4 : fréquence de temps,
p.91
Secteur 5 : fréquence des
espèces les plus consommées, p. 92
Secteur 6 : fréquence des raisons
de préférences, p. 93
Secteur 7 : fréquence du savoir
de l'interdiction de la vente du gibier, p. 93
Secteur 8 : fréquence sur les
raisons de l'interdiction, p. 94
4 - Sources cartographiques
Carte 1 : localisation du lieu
d'enquête, p. 7
Carte 2 : parcs nationaux au Gabon, p.
87
1 - GUIDES D'ENTRETIEN
Fiche d'identification de l'informateur
Entretien n° :
Lieu de l'entretien :
Date et heure :
Nom et prénom : Clan :
Nationalité : Profession :
Situation matrimoniale : Résidence :
Ethnie : Sexe :
Age : Province :
A - Adressé aux agents
des Eaux et Forêts
1 - Connaissez-vous le phénomène de la
commercialisation du gibier ?
2 - Que représente-il pour vous ?
3 - La commercialisation du gibier est-elle autorisée
au Gabon ? Pourquoi ?
4 - Quels sont les moyens de lutte contre ce
phénomène ?
5 - Quelles sont les raisons qui poussent les populations
à vendre de la viande de brousse ?
6 - L'interdiction a-t-elle un lien avec la
conservation ?
7 - Quels sont les articles qui protègent la faune au
Gabon ?
8 - En interdisant la vente du gibier qu'est-ce que l'Etat a
prévu comme substitut ?
9 - Pourquoi la loi n'est-elle pas respectée en
matière de protection de la faune ?
10 - Qu'avez-vous d'autre à me dire ?
B - Adressé aux
consommateurs
1 - Consommez-vous de la viande de brousse ? Que
faites-vous pour vous la procurer ?
2 - Quels sont les animaux que vous consommer le plus ?
Pourquoi ?
3 - Combien de fois par semaine ? Pourquoi ?
4 - L'Etat interdit la vente du gibier. Qu'en
pensez-vous ?
5 - Comment pourriez-vous gérer la chasse au
Gabon ?
6- Pourquoi la loi n'est-elle pas respectée en
matière de protection de la faune ?
7 - Pourquoi l'Etat interdit-il la vente du gibier ?
8- Quelles sont les informations que vous détenez sur
la faune gabonaise ? Pourquoi ?
9- savez-vous que les permis de chasse et de port d'armes sont
délivrés à tout gabonais ? Pourquoi ne pratiquez-vous
pas la chasse vous-même ?
10- Avez-vous des interdits alimentaires se rapportant
à la faune ? Les respectez vous ?
C - Adressé aux bayames
1 - Quelle activité exercez-vous ? Pourquoi
exercez-vous cette activité ? Que faisiez-vous avant cette
activité ? Que faites-vous d'autre en dehors de cette
activité ?
2 - Comment faites-vous pour vous procurer la viande de
brousse ?
3 - A quoi sert l'argent que vous gagnez ?
4 - Quelles sont les difficultés que vous rencontrez
dans votre métier ?
5 - Quels sont les animaux que vous vendez le plus ?
Quels sont les plus consommés ?
6 - Combien de clients avez-vous par jour ? Quelle
recette faites-vous par jour ?
7 - Savez-vous que la vente du gibier est interdite au
Gabon ? Savez-vous pourquoi ?
8 - Que suggérez-vous à l'Etat ?
9- Quelles sont les informations que vous détenez se
rapportant à la commercialisation du gibier au Gabon ?
10- Payez vous des taxes à une quelconque institution
de la République ? A combien s'élève t-elle ?
D - Adressé aux chasseurs
1 - Quelle activité exercez-vous ? Pourquoi
exercez-vous cette activité ? Que faisiez-vous avant d'exercer
cette activité ? Que faites-vous d'autre en dehors de cette
activité ?
2 - Comment chassez-vous les animaux (quelles sont vos
techniques de chasse, quelle est la procédure de chasse et les moments
de chasse) ?
3 - Quels sont les animaux les plus tués ?
Pourquoi ?
4 - Comment écoulez-vous le produit sur le
marché ? Combien de clients avez-vous par semaine ? Quelle
recette faites-vous par semaine ?
5 - Travaillez-vous pour vous ou pour quelqu'un ?
6 - A quoi sert l'argent que vous gagnez ?
7 - Quelles sont les difficultés que vous rencontrez
dans votre métier ?
8 - Savez-vous que la vente du gibier est interdite au
Gabon ? Savez-vous pourquoi ?
9 - Quand les animaux se font rares à un endroit que
faites-vous ?
10 - Que suggérez-vous à l'Etat ?
E - Adressé à l'Ecole Nationale des
Eaux et Forêts
1 - Quelles sont les conditions d'admission à
l'ENEF ?
2 - Quelles sont les filières
proposées ?
3 - Quelle est la durée de formation ?
4 - Combien d'étudiant en première année
dans toutes les filières et dans celle qui s'occupe
particulièrement de la faune et de la chasse ?
5 - Cela ne pose t-il pas problème compte tenu des
exigences actuelles ? Ne devrait-on pas repenser les conditions
d'admission, d'une part, et la durée de formation, d'autre part, afin de
pallier aux difficultés de l'heure ? En d'autres termes, est-il
possible de repenser l'ENEF ?
6 - Quels sont les diplômes délivrés par
l'ENEF ?
7 - Connaissez-vous le phénomène de la
commercialisation du gibier ? Que représente-il pour vous ?
8 - Quelles en sont les raisons sociales ?
9 - Que faut-il faire pour y remédier ?
10 - Qu'avez-vous d'autres à me dire ?
2 - PHOTOGRAPHIES
Photo 1: bar/restaurant situé au centre
administrative de Libreville
(cliché Georgin MBENG NDEMEZOGO)
Photo 2: carabine 458 appartenant à un de
nos informateurs chasseurs
(cliché Georgin MBENG NDEMEZOGO)
Photo 3: débardage dans une concession
forestière à Mbel
(cliché Georgin MBENG NDEMEZOGO)
Photo 4: Georgin et Maxime au retour de
l'excursion en forêt à Mbel
(cliché villageois de Mbel)
Photo 5: marmite de potamochère lors de
la célébration du nouvel an 2006
(cliché Georgin MBENG NDEMEZOGO)
Photo 6: revendeuse de gibier devant son table
au marché de Mont Bouét
(cliché Georgin MBENG NDEMEZOGO)
Photo 7: découpage d'un mandrill pour
vente à Mbel
(cliché Georgin MBENG NDEMEZOGO)
Photo 8: céphalophes
«brûlés» au marché de Mont Bouét
(cliché Georgin MBENG NDEMEZOGO)
Photo 9: «olam
ébéne», piège seul attendant le passage d'un animal
à Mbel
(cliché Georgin MBENG
NDEMEZOGO)
3 - TABLEAUX D'ESPECES ANIMALES
Nom scientifique
|
Nom Français
|
Nom Anglais
|
Dendrohyrax arboreus
|
Daman d'arbre
|
Tree hyrax
|
Galago spp
|
Galagos
|
Galagos
|
Gorilla g. gorilla
|
Gorille
|
Gorilla
|
Hippopotamus amphibius
|
Hippopotame
|
Hippopotamus
|
Hyemoschus aquaticus
|
Chevrotain aquatique
|
Water chevrotin
|
Kobus defassa
|
Cobe onctueux
|
Waterbuck
|
Lorisidae spp.
|
Pottos
|
Pottos
|
Manis gigantea
|
Pangolin géant
|
Giant pangolin
|
Manis terradactyla
|
Pangolin à longue queue
|
Long- tailled pangolin
|
Orycteropus afer
|
Oryctérope
|
Aardvark
|
Pan troglodytes
|
Chimpanzé
|
Chimpanzee
|
Panthera leo
|
Lion
|
Lion
|
Panthera pardus
|
Panthère
|
Leopard
|
Pelecanus rufescens
|
Pélican
|
Pelican
|
Potamogale velox
|
Potamogale
|
Otter shrew
|
Redunca arundinum
|
Cobe des roseaux
|
Reedbuck
|
Stephanoaetus coronatus
|
Aigle couronné
|
Crowned eagle
|
Trichechus senegalensis
|
Lamentin
|
Manatee
|
Tableau 1 : Espèces
intégralement protégées / Protected species
Source : Rosalie
NGOUA et al
Nom Scientifique
|
Nom Français
|
Nom Anglais
|
Aquilidae spp.
|
Aigles
|
Eagles
|
Boocercus euryceros
|
Bongo
|
Bongo
|
Cephalophus sylvicultor
|
Céphalophe à dos jaune
|
Yellow backed duiker
|
Crocodilus cataphractus congicus
|
Crocodile à nugue cuir
|
Slender_ snouted crocodile
|
Crocodilus niloticus
|
Crocodile du Nil
|
Nile crocodile
|
Felis aurata
|
Chat doré
|
Golden cat
|
Felis serval
|
Serval, servalin
|
Serval
|
Hylochoerus meinertzhazeni
|
Hylochère
|
Giant forest hog
|
Loxodonta africana
|
Eléphant
|
Elephant
|
Mandrillus sphinx
|
Mandrill
|
Mandrill
|
Mandrillus leucophaeus
|
Drill
|
Drill
|
Osteolaemus tetraspis tetraspis
|
Crocodile du Gabon
|
Dwarf crocodile
|
Potamochoerus porcus
|
Potamochère
|
Bushpig
|
Psittacus erithacus
|
Perroquet gris à queue rouge
|
Grev parrot
|
Python sebae
|
Python de sebea
|
Rock python
|
Syncerus caffer nanus
|
Buffle
|
Bufalo
|
Tragelaphus sciptus
|
Guib harnaché
|
Bushback
|
Tragelaphus spekel
|
Sitatunga
|
Sitatunga
|
Varanus niloticus
|
Varan
|
Monitor
|
Tableau 2 : Espèces partiellement
protégées / Regulated species
Source : Rosalie NGOUA et al
Nom Scientifique
|
Nom Français
|
Nom Anglais
|
Aegypidae spp.
|
Vautours
|
Vultures
|
Anatidae spp.
|
Canards
|
Ducks
|
Aonyx spp.
|
Loutres
|
Otters
|
Athérurus spp.
|
Athérure
|
Brush- tailed porcupine
|
Canis adustus
|
Chacal
|
Side striped jackel
|
Cephalophus nigrifrons
|
Céphalophe à front noir
|
Black fronted duiker
|
Cephalophus callipygus
|
Céphalophe de Peters
|
Peter's duiker
|
Cephalophus ogilbyi
|
Céphalophe d'Ogilby
|
Ogilby's duiker
|
Cephalophus monticola
|
Céphalophe bleu
|
Blue duiker
|
Cephalophus leucogaster
|
Céphalophe à ventre blanc
|
White- bellied duiker
|
Cercocebus erithagaster
|
Cercocèbe à ventre rouge
|
Red- bellied mangabey
|
Cercocebus agilis
|
Cercocèbe agile
|
Crested mangabey
|
Cercocebus albigena
|
Cercocèbe à joues grises
|
Grey cheked mangabey
|
Cercocebus torquatux
|
Cercocèbe à collier blanc
|
White- collared mangabey
|
Cercocebus satanus
|
Cercocèbe noir
|
Black mangabey
|
Cercopithecus cephus
|
Moustac
|
Moustached monkey
|
Cercopithecus neglectus
|
Cercopithèque de Brazza
|
Brazza's monkey
|
Cercopithecus nictitans
|
Pain à cacheter
|
Greater white nose monkey
|
Cercopithecus (mona) pogonias
|
Mone
|
Crowned guenon
|
Cercopithecus cercocebus, colobus
|
Singes (divers)
|
Monkey (various)
|
Colobus satanas
|
Colobe noir
|
Black colobus
|
Colobus guezera
|
Colobe guézéra
|
Black and white colobus
|
Cricethomys gambianus
|
Rat de Gambie
|
Giant rat
|
Nancinia binotata
|
Chat huant
|
Two- spotted palm civet
|
Genetta spp.
|
Gennettes
|
Genetes
|
Herpastidai spp.
|
Mangouste
|
Mongoose
|
Lycaon pictus
|
Lycaon
|
Wild dog
|
Miopithecus talapoin
|
Talapoin
|
Talapoin
|
Neotragus batesi
|
Antilope de Bates
|
Bates pygmy antelope
|
Thyronomys swinderianus
|
Aulacode
|
Cane rat
|
Viverridae spp.
|
Civette
|
Civet
|
Vulpes sp.
|
Renard
|
Fox
|
Tableau 7 : Espèces non
protégées / Unprotected species
Source : Rosalie NGOUA et al
TABLE DES MATIERES
Dédicace
Gratitudes
Introduction
Présupposés théoriques
Hypothèses
Méthodologie d'enquête
Champ d'enquête
Population d'enquête
Première Partie : Corpus
théorique et documentaire
sur les classes d'acteurs
1 - Les chasseurs
1 - 1 Corpus théorique
1 - 2 Corpus documentaire
2 - Les revendeuses
2 - 1 Corpus théorique
2 - 2 Corpus documentaire
3 - Les consommateurs
3 - 1 Corpus théorique
3 - 2 Corpus documentaire
4 - l'administration des Eaux et Forêts
4 - 1 Corpus théorique
4 - 2 Corpus documentaire
5 - Les organisations non gouvernementales
environnementales
(ONG)
5 - 1 Corpus théorique
5 - 2 Corpus documentaire
6 - L'interaction entre les classes d'acteurs
6 - 1 Corpus théorique
Deuxième Partie : Corpus de terrain
Chapitre I : Corpus oral
1 - Les chasseurs
2 - Les revendeuses
3 - Les consommateurs
4 - L'administration des Eaux et Forêts
5 - Les organisations non gouvernementales
environnementales (ONG)
Chapitre II : Corpus iconographique
1 - Les chasseurs
2 - Les revendeuses
3 - Les consommateurs
4 - L'administration des Eaux et Forêts
5 - Les organisations non gouvernementales
environnementales (ONG)
Conclusion
Références documentaires
Annexes
* 1 Entretien
réalisé, le 21/03/2005 à 15h45 avec Ondo Edou
Théophile chez lui à Mont Bouet, par l'étudiant Mbeng
Ndemezogo Georgin
* 2 Entretien
réalisé, le 24/03/2005 à 11h12 avec Ondo Ndong Ferdinand
chez lui à Mont Bouet, par l'étudiant Mbeng Ndemezogo Georgin
* 3 Entretien
réalisé, le 12/03/2005 à 13h30 avec Mengue
Clémentine au marché de Mont Bouet, par l'étudiant Mbeng
Ndemezogo Georgin
* 4 Entretien
réalisé, le 12/03/05 à 14h30 avec Chantal Bilogho au
marché de Mont Bouet, par l'étudiant Georgin Mbeng Ndemezogo.
* 5 Entretien
réalisé, le 17/03/2005 à 11h25 avec Evourou Didine chez
elle à Likouala, par l'étudiant Mbeng Ndemezogo Georgin
* 6 Entretien
réalisé, le 02/11/05 à 11h40 avec Marie Gibier dans son
restaurant sise à l'avenue de Cointet, par l'étudiant Georgin
Mbeng Ndemezogo
* 7 Entretien
réalisé, le 14/03/2005 à 15h25 avec Idiata Jocelyn
à Sotéga, par l'étudiant Mbeng Ndemezogo Georgin
* 8 Entretien
réalisé, le 14/03/2005 à 18h20 avec Akome Zogho Jean
à Mont Bouet, par l'étudiant Mbeng Ndemezogo Georgin
* 9 Entretien
réalisé, le23/02/2005 à 9h30 avec BivingouAbdon à
son bureau sise à la direction de la Faune et de la Chasse à
STFO, par l'étudiant Mbeng Ndemezogo Georgin
* 10 Entretien
réalisé, le 25/02/2005 à 9h30 avec Ndong Ondo Saint-Yves
à son bureau sise à la direction de la Faune et de la Chasse
à STFO, par l'étudiant Mbeng Ndemezogo Georgin
* 11 Auguste Ndouna
Ango, Eléonore Ada Ntoutoume (2002) -
« Utilisation des produits forestiers non- ligneux (PFNL) dans
le cadre de la gestion forestière durable » in Le
flamboyant, Paris, Réseau International Arbres Tropicaux,
n°55, p38.
* 12 www.le
figaro.fr : Que nous réserve la science en 2007
|