MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS
BURKINA FASO
SECONDAIRE, SUPERIEUR ET DE UNITE - PROGRES -
JUSTICE
LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
~~~~~~~000~~~~~~~
GROUPE PERFECTUM AFRIQUE
~~~~~~000~~~~~~
INSTITUT AFRICAIN DE
PROFESSIONNALISATION
EN MANAGEMENT (IAPM)
~~~~~000~~~~~
DESS - MANAGEMENT DE PROJETS
~~~~000~~~~
MEMOIRE DE FIN DE FORMATION
Promotion 2005-2006
THEME
DÉMARCHE PARTICIPATIVE DANS LA CONDUITE DES
ACTIONS DE DÉVELOPPEMENT AU BÉNIN : CAS DE TROIS COMMUNES
-NIKKI, BOUKOMBÉ ET COBLY-
Basilia Chantal CODJO épse TOVIGNAN
Sous la supervision de : Soutenu
devant un jury composé de :
Monsieur Issa SORGHO, - Président :
Monsieur Ernest ILBOUDO
Socio-Economiste - Membre : Monsieur
Charles G. OUEDRAOGO
Ouagadougou, 12 janvier 2008
L'INSTITUT N'ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION
NI IMPROBATION AUX OPINIONS EMISES DANS LES RAPPORTS. CES
OPINIONS DOIVENT ETRE CONSIDEREES COMME PROPRES A LEUR AUTEUR.
DÉDICACES
Nous dédions le présent travail à :
1. L'éveil collectif des Africains, des
Béninois, des leaders et des populations des communes de Nikki, de
Boukombé et de Cobly dans le Nord du Bénin
Trouvez à travers ce document un appel à une
prise de conscience dans le sens que :
- Aucun développement ne vient de l'extérieur.
Le développement de l'Afrique est d'abord l'affaire des Africains, le
développement du Bénin est l'affaire des Béninois et le
développement de chacune des collectivités locales est
principalement l'affaire des filles et des fils de ces collectivités.
- Aucun développement ne se réalise en rang
dispersé. La gestion concertée, l'union et la
complémentarité sont sans doute des voies de salut pour nos
localités et notre continent.
2. Notre famille
Trouvez en ce travail la marque d'une sincère gratitude
pour votre soutien inlassable en tout temps et en tous lieux et pour votre
amour intarissable à notre égard.
REMERCIEMENTS
Nous remercions sincèrement, à travers les
présentes lignes, tous ceux qui ont, de près ou de loin,
contribué à la réalisation de ce travail. Nos intentions
vont particulièrement :
· A notre directeur de suivi qui, malgré ses
lourdes responsabilités professionnelles, a eu le temps
nécessaire et la patience pour nous accompagner dans la
réalisation du présent travail ;
· A tous enseignants et responsables de l'IAPM pour leur
détermination à faire des étudiants de cet institut de
véritables professionnels ;
· Au conseil communal de Nikki, de Boukombé et de
Cobly pour nous avoir fourni, sans réserve, toutes les informations
utiles à la réalisation de notre travail et surtout pour leur
disponibilité malgré leurs multiples occupations ;
· A l'équipe de l'ONG APAE et celle de l'Enfant
épanoui ONG-Bénin pour leur disponibilité et pour la
diligence avec laquelle elles nous ont collecté les données sur
le terrain ;
· Aux responsables des ONG Aide et Action au
Bénin, de CRS et de la SNV, particulièrement leurs équipes
sises dans le Nord du Bénin, pour leur disponibilité et leur
soutien à nous manifestés tout au long de la rédaction du
présent document ;
· Au représentant pays de Aide et Action Burkina
et à nos responsables hiérarchiques de service pour leur
intérêt et leur soutien à nous manifestés sans cesse
;
· A nos condisciples pour la solidarité entretenue
au sein de notre promotion pendant et après notre formation ;
· A nos parents, ami(e)s, conjoint et enfants pour leur
intérêt particulier à la réalisation du
présent document.
A VOUS TOUTES ET A VOUS TOUS, NOUS
REITERONS NOS SINCERES REMERCIEMENTS.
TABLE DES MATIÈRES
DÉDICACES
2
i
REMERCIEMENTS
3
i
TABLE DES MATIÈRES
4
i
SIGLES ET ABREVIATIONS
6
i
CARTE ADMINISTRATIVE DU BÉNIN
METTANT EN RELIEF LES ZONES D'ÉTUDE
8
i
INTRODUCTION
1
P
REMIER CHAPITRE :
CADRE GLOBAL DE L'ETUDE
3
1.1. LA PROBLÉMATIQUE
3
1.1.1 Le contexte de l'étude
3
1.1.2 La justification /
l'intérêt de l'étude
6
1.1.3 La question de recherche
7
1.1.4 Les hypothèses de travail
8
1.1.5 Les objectifs de l'étude
8
1.2. LE CADRE THÉORIQUE DE LA
RECHERCHE
8
1.2.1 La clarification des concepts
8
1.2.2 La revue de littérature sur le
développement local
9
1.2.3 La revue de littérature sur
l'approche participative : formes, principes, enjeux et conditions de
réussite
11
1.3. LA MÉTHODOLOGIE ADOPTÉE
14
1.3.1 Le choix des zones d'étude
14
1.3.2 Les stratégies de recherche
14
1.3.3 Le traitement et l'analyse des
données collectées
16
1.3.4 Les contraintes et limites de la
recherche
16
DEUXIEME CHAPITRE :
PRESENTATION ET ANALYSE DE LA DYNAMIQUE
LOCALE À L'INTERIEUR DES COMMUNES
D'ÉTUDE
18
2.1. LES ACTEURS LOCAUX : QUI SONT -
ILS ?
18
2.1.1 Les populations ou les citoyens dans
les zones d'étude
18
2.1.2 Les élus locaux et les autres
types de leaders
19
2.2. LE CONSEIL COMMUNAL : MODE
D'ORGANISATION ET DÉMARCHE PERENNE DE DÉVELOPPEMENT
21
2.2.1 Les PDC : démarche
d'élaboration, contenu et cohérence avec les orientations
nationales
21
2.2.2 Les dispositifs de mise en oeuvre des
actions de développement
24
2.2.3 Le financement des actions
prévues dans les PDC
25
2.2.4 Quelques freins au dynamisme des
acteurs locaux
28
2.3. LE MODE D'ORGANISATION DE LA
COMMUNAUTÉ : QUELQUES DYNAMIQUES PORTEUSES
30
2.3.1 La place des femmes dans
l'organisation de la communauté pour la promotion du
développement
30
2.3.2 Les autres groupements locaux et
quelques limites de l'organisation de la communauté
32
TROISIEME CHAPITRE :
DESCRIPTION ET ANALYSE DE LA DEMARCHE
D'INTERVENTION
DES ACTEURS EXTERNES DANS LES ZONES
D'ÉTUDE
35
3.1. LA DÉMARCHE DES 3 ONG
INTERNATIONALES CHOISIES
35
3.1.1 La démarche d'intervention du
CRS Bénin : étude de cas d'un projet d'appui à
l'éducation
36
3.1.2 La démarche d'intervention de
Aide et Action
39
3.1.3 La politique et l'approche de la
SNV
42
3.2 LA DÉMARCHE D'INTERVENTION DES 3
PROJETS FINANCÉS PAR LES INSTITUTIONS INTERNATIONALES
44
3.2.1 La démarche d'intervention du
PNDCC
45
3.2.2 L'approche de mise en
oeuvre du PADEL
47
3.2.3 L'approche de mise en oeuvre de
ADECOI
50
3.3 QUELQUES ÉLÉMENTS
D'ANALYSE TIRÉS DE LA DÉMARCHE DES INTERVENANTS EXTERNES
54
3.3.1 La nature des projets
54
3.3.2 La forme de participation des
populations au processus
54
3.3.3 La capacité des acteurs locaux
à s'impliquer à toutes les phases du processus
55
3.3.4 La mise en cohérence des
différentes interventions dans la même zone
55
3.3.5 La contrepartie financière
demandée aux populations
55
QUATRIEME CHAPITRE :
QUELQUES CRITIQUES ET ESSAIS DE
SOLUTION
56
4.1 CONDITIONS POUR UNE MEILLEURE
PARTICIPATION DES ACTEURS AUX PROJETS DE DÉVELOPPEMENT DANS LES
ZONES D'ÉTUDE
56
4.1.1 La capacitation des acteurs locaux
56
4.1.2 Le renforcement des capacités
des institutions locales
59
4.1.3 La création d'espaces
d'échanges et de mise en cohérence des actions
62
4.1.4 L'amélioration des revenus des
populations
63
4.2 DIX PROPOSITIONS AUX ACTEURS DE
DÉVELOPPEMENT DES COMMUNES DE NIKKI, BOUKOMBÉ ET COBLY
64
4.2.1 Trois propositions à l'endroit
du Conseil communal de Nikki, Boukombé et Cobly
64
4.2.2 Trois propositions à l'endroit
des acteurs locaux des 3 Communes
66
4.2.3 Deux propositions à l'endroit
des ONG/PTF intervenant dans les 3 communes
67
4.2.4 Deux propositions à l'endroit
de l'Etat
68
VALIDATION DES HYPOTHESES DE RECHERCHE
ET
70
CONCLUSION GENERALE
70
BIBLIOGRAPHIE
73
ANNEXES
75
ANNEXE N°1 : LA LISTE DES
TABLEAUX ET GRAPHIQUES
1
ANNEXE N°2 : LES OUTILS DE
COLLECTE DES DONNÉES
2
ANNEXE N°3 : TABLEAU
RÉCAPITULATIF DU MODE D'INTERVENTION DE QUELQUES PARTENAIRES DES 3
COMMUNES CIBLÉES
10
ANNEXE N°4 : LES APPORTS
FINANCIERS DE QUELQUES PARTENAIRES AU SECTEUR DE L'ÉDUCATION DANS LA
COMMUNE DE NIKKI
11
ANNEXE N°5 : TABLEAU
RÉCAPITULATIF DES ATTENTES DES ACTEURS EN MATIÈRE DE
DÉVELOPPEMENT : L'EXEMPLE DE COBLY
12
ANNEXE N°6 : EXPOSÉ ORAL
PRÉSENTÉ À LA SOUTENANCE DU PRÉSENT DOCUMENT
14
SIGLES ET ABREVIATIONS
ADECOI
|
Projet d'appui au développement communal et aux
initiatives locales
|
AeA
|
Aide et Action
|
AGDSD
|
Agence de Gestion de la Dimension Sociale du
Développement
|
AGeFIB
|
Agence de Financement des Initiatives de Base
|
AGR
|
Activités Génératrices de Revenus
|
APAE
|
Association pour le progrès Agricole et Education
|
APDD
|
Association Pour le Développement Durable
|
APE
|
Association des Parents d'Elèves
|
BAD
|
Banque Africaine de Développement
|
BOAD
|
Banque Ouest-africaine de Développement
|
CA
|
Cadre d'Animation
|
CAPE
|
Coordination des Associations des Parents d'Elèves
|
CC
|
Conseil Communal
|
CC
|
Cadre de Concertation
|
CCE
|
Comité Communal de l'Education
|
CCS
|
Chef de la Circonscription Scolaire
|
CDCC
|
Conseil Départemental de Concertation et de Coordination
|
CeRPA
|
Centre Régional de Promotion de l'Agriculture
|
CL
|
Collectivité Locale
|
CP
|
Comité de pilotage
|
CRS
|
Catholic relief service
|
CVD
|
Comité villageois de développement
|
ENF
|
Education Non Formelle
|
EPT
|
Education Pour Tous
|
EU
|
Union Européenne
|
FAO
|
Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture
|
FENU
|
Fonds d'équipement des Nations Unies
|
FLD
|
Fonde de développement Local
|
GDE
|
Gestion Décentralisée de l'Education
|
GRET
|
Groupe de recherche et d'échanges technologiques
|
IAPM
|
Institut Africain de Professionnalisation en Management
|
IDH
|
Indice de Développement Humain
|
JMES
|
Journée Mensuelle pour un Environnement Sain
|
JS
|
Justice Sociale
|
LCB
|
Local Capacity Builders
|
LISA
|
Lutte Intégrée pour la Sécurité
Alimentaire
|
MAE
|
Ministère français des affaires
étrangères
|
OAPIC
|
Organisation d'appui pour la Promotion des initiatives
communautaires
|
OB
|
Organisations de Base
|
ODES
|
Organisation pour le Développement Economique et
Sociale
|
OICEB
|
Organisation Intercommunal de l'Education au Bénin
|
ONG
|
Organisation Non Gouvernementale
|
OP
|
Organisation Paysanne
|
OSC
|
Organisation de la Société Civile
|
PADEL
|
Projet d'Appui au développement local dans le Borgou-Est
et l'Atacora-Ouest
|
PAI
|
Plan Annuel d'Investissement
|
PAMRAD
|
Projet d'Appui au Monde Rural dans les Départements de
l'Atacora et de la Donga
|
PC
|
Participation communautaire
|
PDC
|
Programme de développement communal
|
PDDC
|
Programme d'appui à la Décentralisation & au
Développement des communes
|
PIC
|
Plans d'Investissement Communal
|
PILSA
|
Projet d'Intervention Locale pour la Sécurité
Alimentaire
|
PLD
|
Plans locaux de développement
|
PMA
|
Pays Moins Avancés
|
PNDCC
|
Programme national de développement conduit par les
communautés
|
PNUD
|
Programme des Nations Unies pour le Développement
|
PPTE
|
Pays Pauvres Très Endettés
|
PRODOC
|
Document de projet
|
PTF
|
Partenaires Techniques et Financiers
|
PTIV
|
Programme triennal d'investissement villageois
|
RECFED
|
Réseau Communal des Femmes pour le Développement
|
RH
|
Ressources humaines
|
TBS
|
Taux Brut de Scolarisation
|
UAC
|
Unité d'Appui Conseil
|
Cobly
Boukombé
Nikki
CARTE
ADMINISTRATIVE DU BÉNIN METTANT EN RELIEF LES ZONES D'ÉTUDE
Nikki
(Source: Dynamiques Locales - Revue
trimestrielle d'information des collectivités locales, n° 00,
avril-mai-juin 1999)
ALIBORI
Karimama,
Malanville
Banikouara,
Kandi,
Segbana,
Gogounou
|
ATACORA
Cobly,
Matéri,
Kouandé,
Natitingou,
Kérou,
Boukoumbé,
Péhunco,
Tanguieta,
Toucountouna
|
ATLANTIQUE
Abomey-Calavi,
Allada
Ouidah,
Sô-Ava,
Toffo,
Zè,
Kpomassè,
Tori-Bossito
|
BORGOU
Parakou,
Tchaourou,
Kalalé
Nikki,
Bembèrèkè,
N'dali
Sinendé,
Pèrèrè
|
COLLINES
Savalou
Ouèssè
Dassa-Zoumè
Glazoué,
Bantè
Savè
|
|
COUFFO
Aplahoué
Djakotomè
Klouékanmè
Lalo
Dogbo
Toviklin
|
DONGA
Djougou
Bassila
Copargo
Ouaké
|
LITTORAL
Cotonou
|
MONO
Lokossa,
Houéyogbé
Bopa,
Comé,
Grand-Popo,
Athiémé
|
OUÉMÉ
Porto-Novo,
Sèmè-Kpodji,
Avrankou,
Akpro-Misséreté,
Dangbo,
Adjarra
Adjohoun,
Bonou,
Aguégués
|
PLATEAU
Kétou,
Pobè,
Adja-Ouèrè,
Ifangni
Sakété
|
ZOU
Bohicon,
Za-Kpota,
Djidja
Abomey,
Zogbodomey,
Agbangnizoun,
Ouinhi,
Zagnanado,
Covè
|
INTRODUCTION
Le Bénin, pays de l'Afrique de l'Ouest, compte
7 513 946 habitants en 2006, et couvre une superficie de
112 622 km2 en s'étendant sur une distance de
670 km, du fleuve
Niger (au nord)
à la côte atlantique (au sud). Il est limité par le
Togo à l'Ouest, le
Nigeria à l'Est
et le
Niger et le
Burkina Faso au Nord.
Depuis la fin du régime marxiste-léniniste en
1989, le Bénin
possède une image très forte de pays démocratique dans
toute l'Afrique subsaharienne.
En matière de développement, le Bénin
fait partie des pays identifiés par les Nations Unies comme Pays les
Moins Avancés (PMA) et occupe en 2006, avec ses 0.428, le
163ème rang dans le classement selon l'indice de
développement humain (IDH). Malgré la croissance
économique de ces 10 dernières années, le taux de
pauvreté n'a pas cessé d'augmenter et près de 30% de la
population du Bénin vit en dessous du seuil de pauvreté. Le pays
est économiquement vulnérable et dépend du commerce,
surtout avec le Nigeria, et de l'agriculture dont le c
oton, principale culture de
rente, connaît de grosses difficultés ces dernières
années. Néanmoins, ce produit fournit 40% des recettes
d'exportation.
La situation nationale ainsi décrite s'insère
dans un contexte global peu favorable au développement. En effet, il
n'existe pas de véritables politiques de développement
régional permettant de corriger les disparités. Et les politiques
menées jusque-là en faveur du monde rural se sont
révélées très peu efficaces en raison
principalement des problèmes de gouvernance et de synergie, de faible
participation des populations à la conception, à la mise en
oeuvre et au suivi évaluation des projets dont elles sont pourtant
bénéficiaires. La faible implication des populations constitue un
frein à l'accroissement de la productivité et à la
durabilité des projets. Tout ceci est davantage aggravé par le
faible niveau d'instruction de ces populations.
En effet, les indicateurs en matière éducative
présentent respectivement pour le pays un taux d'alphabétisation1(*) de 34,7% (personnes
âgées de 15 ans et plus), un taux d'inscription (à
l'école primaire) de 54% et un taux brut de scolarisation (TBS)2(*) combiné dans le primaire,
le secondaire et le supérieur de 49%. Ces données globales
dissimulent de larges disparités d'une région à une autre
sur le territoire national et montrent que sur plus de 7 millions d'habitants,
plus de la moitié sont sans instruction. Cette situation est
préoccupante à un degré très élevé
lorsqu'on sait que l'éducation est le principal levier de
développement et qu'a contrario le faible niveau d'instruction rejaillit
sur les autres domaines de développement et retarde l'avancée du
pays. Et pourtant, le caractère obligatoire de l'enseignement primaire a
été énoncé dans la Constitution3(*) béninoise du 11
décembre 1990.
En dépit de ce diagnostic peu reluisant en
matière éducative, le développement du pays pourrait bien
être amorcé si une prise de conscience est établie sur un
certain nombre de postulats. Premièrement, le développement d'un
pays s'amorce toujours de l'intérieur et repose sur une vision
prospective clairement établie à partir d'un diagnostic finement
fait et qui tient grand compte du contexte intérieur et de
l'environnement extérieur. Les options politiques et les orientations
stratégiques trouvent ici tout leur sens.
De ce point de vue, l'option prise par le Bénin de
rapprocher l'administration de l'administré à travers la
décentralisation est assez salutaire et peut permettre
véritablement d'amorcer le développement à partir de
l'élan pris à la base. Mais encore faudrait-il que la
décentralisation ne soit pas vue comme une parure. Il y a lieu de se
conformer à ses règles en y allant par étape (car le
développement n'admet point de raccourci) et en y consacrant tous les
moyens requis. La problématique de transfert de ressources et de
définition de mécanismes clairs de fonctionnement est en ce sens
pleinement posée.
D'autre part, il serait davantage salutaire pour le pays que
les maires et leurs conseils communaux qui ont en charge la destinée des
communes et de leurs habitants soient de véritables Hommes de
développement, des Hommes de vision et des Hommes d'action. Bref, ils
devront être des stratèges et des managers qui savent
prévoir et anticiper. Ceci pose, outre la question des plans de
développement des communes, celle de l'élaboration par les
instances communales de documents de stratégie affinés en
matière de partenariat, de mobilisation de ressources (humaines et
financières), de grands travaux, etc.
Deuxièmement, le développement du pays, et plus
particulièrement celui des communes ne saurait se réaliser dans
l'exclusion. En effet, bien des couches de la société sont
aujourd'hui exclues du champ de développement, non seulement par
l'éducation (question évoquée plus haut), mais
également et surtout par l'approche du développement
adoptée par les différents intervenants dans le domaine. Car, les
constats révèlent que seule une petite minorité de gens
ont accès aux sphères de prise de décisions.
La question de démarche participative au niveau local
se pose à un double point de vue. D'abord à l'intérieur
des communes, il est évident que seule une démarche participative
intégrant le genre pourra permettre de rassembler toutes les forces
autour des enjeux de développement. Ainsi, les esprits devront
être éveillés pour que la centralisation
évitée au sommet de l'administration nationale ne soit pas
érigée en règle à la tête des communes. Les
maires et leurs conseils devront alors apprendre à impulser une
dynamique aux groupes qu'ils dirigent, à organiser la
société au niveau local pour la rendre apte à
répondre aux questions de développement puis à
exercer un contrôle/évaluation dans l'optique d'ajuster ou de
réorienter les actions.
Outre les dirigeants locaux, les intervenants externes
devront, eux aussi, adapter leur démarche d'intervention au nouveau
contexte en intégrant désormais le fait que les communes ont la
maîtrise d'ouvrage et que les populations sont devenues les acteurs de
leur propre développement. De ce point de vue, toute démarche de
développement devra aujourd'hui être fondée sur
l'entière responsabilisation des acteurs locaux.
Ainsi, à partir du thème intitulé
« Démarche participative dans la conduite des actions de
développement au Bénin : Cas de trois communes - Nikki,
Boukombé et Cobly- dans le Nord du Bénin », nous avons
la modeste ambition d'aborder la question de la participation des acteurs
locaux, des trois communes ciblées, à la formulation et à
la réalisation des projets et actions de développement. Pour ce
faire, nous avons structuré le document en quatre (4) chapitres. Le
premier situe l'étude dans son cadre global ; le deuxième et
le troisième chapitres présentent les résultats de
l'étude. Le quatrième chapitre fait une analyse critique des
limites relevées à la démarche participative et formule,
pour finir, quelques suggestions pour l'amélioration des pratiques
actuelles.
PREMIER
CHAPITRE :
CADRE GLOBAL DE L'ETUDE
L'objectif de ce premier chapitre est, d'une part,
d'expliciter le contexte de l'étude et les principales raisons qui la
motivent, et d'autre part, de clarifier son cadre méthodologique et ses
contours théoriques. Comme idée maîtresse du présent
chapitre, les populations à la base constituent la pierre angulaire du
développement local. Il en ressort que les différentes approches
adoptées par les intervenants en développement se doivent de les
intégrer au processus non pas comme des bénéficiaires mais
plutôt comme des acteurs à part entière.
1.1. LA PROBLÉMATIQUE
1.1.1 Le contexte de l'étude
Nous aborderons au niveau de cette partie à la fois le
macro et le micro contexte de l'étude.
1.1.1.1 Le contexte
macro de l'étude
L'observation des tendances en matière de
développement humain4(*) au cours de ces dernières décennies
révèle une certaine stagnation en Afrique depuis 1990. Dix-huit
pays, situés pour la plupart en Afrique subsaharienne, affichent
aujourd'hui un IDH5(*)
inférieur à ce qu'il était en 1990. En 2006, 28 des 31
pays classés dans la catégorie des "pays à faible
développement humain" se trouvent dans cette même zone.
Cette situation bouleversante de l'Afrique subsaharienne,
l'est particulièrement pour chacun des pays qui la composent. Elle
amène tout acteur de développement à se demander si le
développement des pays africains vu d'en haut ne constitue pas un
échec ? Si la réponse est oui, cela conduit à la
question de savoir que pouvons-nous faire aujourd'hui pour inverser la tendance
dans un avenir proche ou lointain ?
En partant du postulat qu'aucun peuple ne développe un
autre ; mais qu'au contraire, les peuples s'auto développent dans
un environnement ouvert sur d'autres espaces et sur le monde ; on pourra
recentrer les actions de développement autour des règles et
principes du développement local. La démarche en matière
du développement local s'inscrit en opposition aux méthodes
directives de développement privilégiées dans le
passé par les Etats et les bailleurs de fonds. Elle propose une
dynamique ascendante de développement reposant sur la mobilisation des
acteurs locaux. Le développement local invite les populations à
se mobiliser et à s'organiser pour construire leur avenir. Il trouve
davantage son terrain de prédilection dans les sociétés
à gestion décentralisée du pouvoir public.
En effet, selon Richard ADJAHO6(*), "il n'est plus possible aujourd'hui de diriger
plusieurs millions de femmes et d'hommes et de s'occuper efficacement de leurs
préoccupations essentielles et quotidiennes avec un seul élu
à la tête de l'Etat et quelques dizaines
«d'honorables » députés réunis au sein
d'une Assemblée nationale". Selon le même auteur, "c'est bien
connu que les Etats, surtout africains, utilisent souvent très mal les
ressources publiques et il est établi aussi que les records de
productivité du travail se trouvent très rarement chez les agents
de l'Etat". Ces constats renforcent davantage l'évidente
nécessité d'un changement d'approche de développement dans
les pays africains en rapprochant l'administration de l'administré
(à travers le processus de décentralisation) et en faisant de
l'administré, l'acteur et le moteur de son propre développement
et par ricochet de celui de son milieu.
Le Bénin, à l'image d'autres pays situés
en Afrique au Sud du Sahara comme le Sénégal, le Mali, le Burkina
Faso, le Niger, etc., s'est résolument engagé dans la voie de la
décentralisation. Au Bénin, les bases de ce nouvel ordre
politique ont d'abord été tracées par la Constitution du
11 décembre 1990 à travers son Titre X consacré aux
collectivités territoriales. Les Etats généraux de janvier
1993 ont par la suite fixé les grandes orientations de la Réforme
de l'administration territoriale. Après la promulgation des cinq textes
de lois sur la décentralisation respectivement en janvier 1999 et en
mars 2000, les élections locales furent organisées en
décembre 2002. Les collectivités locales au Bénin n'ont
démarré leurs activités qu'en début 2003.
Somme toute, la décentralisation au Bénin, vue
par certains comme un prolongement mécanique de la démocratie
instaurée en 1990, est très jeune. Cela n'empêche pas
toutefois que l'on s'intéresse au mode d'organisation locale et au
rôle des acteurs locaux depuis l'instauration de la
décentralisation afin d'analyser la dynamique, les mécanismes et
les dispositifs existants pour voir s'ils sont favorables au
développement local.
1.1.1.2 La
présentation des zones d'étude et de leur contexte
La présente étude porte sur les communes de
Nikki, Boukombé et Cobly dans le Nord du Bénin.
1.1.1.2.1 Présentation de la commune de Nikki
La commune de Nikki est située dans l'actuel
département de Borgou, né de la partition de l'ancien
département du même nom en deux nouveaux départements
(Borgou et Alibori) dans le cadre du découpage territorial intervenu
à la faveur de la décentralisation. La commune de Nikki est
limitée au Nord par la commune de Kalalé, au Sud par celle de
Pèrèrè, à l'Est par le Nigeria et à l'Ouest
par les communes de Bembèrèkè et N'Dali. Elle
s'étend sur 3172 km² et a un relief accidenté ; un
climat soudano guinéen avec une saison de pluie et une saison
sèche ; une végétation composée de savanes
boisées, arborées et arbustives, et des forêts claires par
endroits. Elle est traversée par plusieurs cours d'eau.
La commune de Nikki est découpée
administrativement en 7 arrondissements, 54 villages et quartiers de villes et
est dirigée par un conseil communal de 17 membres présidé
par le Maire et ses 2 adjoints dont une femme. Elle est peuplée de
99.251 habitants7(*) dont
49.619 femmes. Plusieurs organisations oeuvrent pour le développement de
cette commune au rang desquelles, 15 ONG (locales et
étrangères), 56 groupements des femmes, un réseau des ONG
locales, un collectif des associations des artisans, un collectif des
associations des parents d'élèves, 7 organisations paysannes, 5
syndicats de transporteurs, 15 comités de gestion des marchés, 20
comités de gestion des barrages, une commission communale de
développement, un comité communal de l'Education, une association
de développement, 5 associations des jeunes, 10 comités
d'hygiène, un comité local de concertation et de coordination, un
comité de protection civile, etc.
1.1.1.2.2 Présentation des communes de Boukombé
et de Cobly
Les communes de Boukombé et de Cobly sont
situées dans l'actuel département de l'Atacora. Ce
département composé de neuf communes au total, est né de
la partition de l'ancien département du même nom en deux nouveaux
départements (Atacora et Donga). Ces 2 communes sont limitrophes,
Boukombé étant situé au Sud de Cobly. Du Nord au Sud en
passant par l'Est, ces 2 communes sont limitées successivement par
celles de Matéri, Tanguiéta, Toucountouna, Natitingou et Kopargo
(dans le département de la Donga). Les 2 communes sont limitées
à l'Ouest par le Togo.
D'une superficie de 1.036 km², la commune de
Boukombé est peuplée de 60.538 habitants dont 31.045 femmes.
Elle abrite une vaste surface de bas-fonds qui sert dans l'exploitation
agricole. 7 arrondissements et 71 villages la composent. Le tissu
associatif de cette commune est fait d'une union communale des producteurs
de coton, de 52 groupements villageois des producteurs de coton, des
organisations paysannes (composées de jeunes, de femmes et d'hommes)
dans chaque village ; d'un comité communal de l'éducation,
d'un collectif des associations des parents d'élèves, divers
comités de gestion ; etc. Une trentaine d'ONG et de programmes de
développement interviennent dans cette commune.
La commune de Cobly, quant à elle, est peuplée
de 47.239 habitants dont 52% de femmes et s'étend sur une
superficie de 825 km². 4 arrondissements et 26 villages la composent.
Le tissu associatif se compose d'une quinzaine d'ONG ou Organismes
Internationaux, d'une demi douzaine d'ONG locales, d'environ 130 organisations
de bases (groupements villageois, unions des producteurs, organisations
paysannes, union de développement, associations des parents
d'élèves, comités villageois, etc.), d'un comité
communal de l'éducation. Les 2 communes sont dirigées
respectivement par un conseil communal dont l'exécutif est
constitué du Maire et de ses 2 adjoints.
1.1.1.2.3 Présentation du contexte spécifique
des zones d'étude
Du point de vue socioculturel, des pesanteurs pèsent
parfois lourdement sur les populations de ces trois communes. C'est le cas par
exemple, de la problématique du mariage forcé ou par
échange, du phénomène de trafic, traite et travail des
enfants qui limitent la scolarisation des enfants dans ces zones. Par ailleurs,
dans ces communes comme dans la plupart des communes du Bénin, il y a
une nette domination des hommes sur les femmes dans les prises de
décision tant au niveau des ménages qu'au niveau des institutions
publiques. Les femmes semblent être animées d'un certain complexe
caractérisé par un manque de confiance en elles-mêmes et
une résignation soutenue par les pesanteurs sociologiques.
Le secteur éducatif est marqué par un taux
élevé d'analphabétisme et un faible taux de scolarisation
notamment chez les filles. Les 3 communes ont un taux brut de scolarisation
(TBS) situé en deçà de la moyenne nationale (Cf. tableau
n°1). Elles font aussi partie des zones à grand écart genre
au Bénin.
Tableau n°1 : Taux brut de
scolarisation 2004-2005
Zones
|
Garçons
|
Filles
|
Total
|
BOUKOMBE
|
104,94 %
|
68,61 %
|
87,18 %
|
COBLY
|
108,43 %
|
55,92 %
|
82,40 %
|
NIKKI
|
66,55 %
|
55,73 %
|
61,40 %
|
MOYENNE NATIONALE
|
|
83%
|
93,7%
|
Source : Annuaire statistique du Bénin,
année scolaire 2004-2005
A Boukombé et à Cobly, les
phénomènes socioculturels ci-dessus cités handicapent
réellement la scolarisation des jeunes filles. A Nikki, la
proximité de la commune avec le Nigeria représente sans doute une
opportunité pour son développement mais aussi une menace pour
l'accès, le maintien des enfants à l'école et encourage
l'exode rural des jeunes. Le tableau qui suit présente le taux d'abandon
au niveau des 3 communes au cours de la même année
scolaire :
Tableau n°2 : Taux d'abandon par
année d'étude en 2004-2005
|
CI
|
CP
|
CE1
|
CE2
|
CM1
|
CM2
|
TOTAL
|
BOUKOMBE
|
Masculin
|
13,30 %
|
15,05 %
|
27,67 %
|
6,58 %
|
28,59 %
|
3,69 %
|
17,28 %
|
Féminin
|
8,14 %
|
30,96 %
|
20,76 %
|
1,50 %
|
23,99 %
|
4,42 %
|
16,31 %
|
Total
|
11,22 %
|
21,63 %
|
25,32 %
|
4,84 %
|
27,39 %
|
3,91 %
|
16,93 %
|
COBLY
|
Masculin
|
29,47 %
|
30,07 %
|
4,65 %
|
1,69 %
|
19,46 %
|
18,23 %
|
19,89 %
|
Féminin
|
34,06 %
|
29,56 %
|
10,70 %
|
23,89 %
|
28,57 %
|
12,50 %
|
27,66 %
|
Total
|
31,34 %
|
29,89 %
|
6,42 %
|
7,84 %
|
21,71 %
|
17,56 %
|
22,44 %
|
NIKKI
|
Masculin
|
17,65 %
|
4,74 %
|
3,39 %
|
3,72 %
|
14,22 %
|
0,81 %
|
7,35 %
|
Féminin
|
11,29 %
|
8,46 %
|
4,06 %
|
10,06 %
|
11,03 %
|
2,72 %
|
5,79 %
|
Total
|
14,75 %
|
6,43 %
|
3,67 %
|
6,32 %
|
13,04 %
|
1,48 %
|
6,70 %
|
Sur le plan socioéconomique, les 3 communes se situent
dans des zones enclavées dans lesquelles la pauvreté semble
sévir avec intensité d'après différents diagnostics
et études qui y ont été effectués. En effet, ces
études pointent les départements du Borgou et de l'Atacora comme
des régions où la pauvreté est très aiguë avec
près de la moitié de la population vivant en dessous du seuil de
pauvreté (moins de 360$).
La pauvreté dans ces départements se manifeste
sous plusieurs formes, en particulier par des difficultés
monétaires des ménages à faire face à leurs
dépenses alimentaires durant plusieurs mois dans l'année
(période de soudure), aggravant les problèmes de malnutrition des
enfants, les très faibles taux de scolarisation et la surcharge de
travail chez les femmes et leur incapacité à participer aux
dépenses familiales etc. Dans l'agriculture, les femmes sont
reléguées sur des terrains non fertiles et cultivent, dans la
plupart des cas, des légumineuses. Elles sont très actives dans
le secteur post-récolte (transformation) avec un équipement
encore rudimentaire. Les hommes sont très actifs dans la production du
coton, du riz, du manioc, de l'anacarde, etc.
Ces éléments contextuels ainsi
présentés nous permettront de comprendre plus loin l'état
de la dynamique locale dans ces zones et de mieux situer notre analyse dans son
contexte global.
1.1.2 La justification / l'intérêt de
l'étude
Beaucoup pensent aujourd'hui que la décentralisation
obéit à un phénomène de mode et que comme toute
mode, elle passera. Et pourtant, la décentralisation qui apparaît
comme l'antichambre du développement local constitue une chance pour les
pays africains, particulièrement pour le Bénin, de promouvoir
leur développement par une approche ascendante. Elle donne donc la
chance aux acteurs locaux d'initier et de conduire des projets de
développement qui cadrent avec leurs aspirations profondes contrairement
aux projets proposés par l'Etat, les bailleurs ou les ONG et qui ont
parfois du mal à produire des effets durables parce que peu
appropriés par les populations concernées.
Les inquiétudes relatives aux projets proposés
par les intervenants externes ont amené Daniel Neu (Gret)8(*) à s'interroger comme
suit : "Comment une action, en partie impulsée de
l'extérieur, peut-elle être appropriée par les acteurs
locaux ? Comment les changements sociaux qu'elles visent à introduire
peuvent-ils être «acceptés» par des «pouvoirs
locaux» qui n'y ont pas toujours intérêt ? Comment articuler
des démarches locales fondées sur «la demande» des
populations avec des politiques sectorielles ou territoriales conçues
sur de plus vastes échelles ? Comment s'affranchir des limites des
démarches projets, inévitablement étroitement
bornées dans le temps, et contraintes par l'obligation de programmer
utilisation des moyens et obtention des résultats ? etc."
A ces interrogations s'ajoute une autre inquiétude
liée à la rigidité du système de planification. En
effet, pendant longtemps dans les Etats africains unitaires comme le
Bénin, le système de planification était rigide et
fortement centralisé. Au fur et à mesure que les plans de
développement se succédaient, les limites suivantes
étaient apparues : la faiblesse dans l'identification des programmes et
projets de développement (i) ; les difficultés de mise en oeuvre
des projets identifiés (ii) ; la réalisation d'infrastructures ne
répondant pas aux besoins des populations (iii) ; l'absence
d'évaluation et de prise en compte de l'impact économique et
spatial des projets sur la vie réelle des populations (iv). Ces
faiblesses étaient surtout dues à la faible implication des
populations dans l'identification, l'exécution et l'évaluation
des actions de développement.
Face à ces inquiétudes, nous sommes
intéressée de savoir comment sont identifiées,
planifiées, exécutées et évaluées les
actions de développement dans les communes de Nikki, Boukombé et
Cobly ? La présente étude cherche donc à comprendre
la démarche adoptée à chaque phase du cycle des
projets/actions de développement réalisés dans ces
communes et à la comparer à la démarche de
développement local et celle de la gestion intégrée des
projets de développement. Ceci pourrait faire ressortir quelques limites
aux démarches actuelles auxquelles des approches de solutions seront
proposées.
1.1.3 La question de recherche
Partant de ce qui précède, la question de
recherche a été formulée comme suit :
Quelle est la place de la dynamique locale dans la
démarche de conduite des projets/actions de développement au
niveau des trois communes ciblées ?
Le souci, en se posant cette question, est de vérifier
si :
1. L'organisation institutionnelle et communautaire au niveau
de ces trois communes est favorable à un déclic du
développement local.
2. Les acteurs internes de ces communes sont intimement
associés à chaque phase du cycle des projets/actions de
développement réalisés. Il s'agit de vérifier si
les acteurs locaux sont pris en compte depuis la phase d'identification
jusqu'à l'achèvement passant par la préparation, la
formulation, l'exécution et l'évaluation des actions
réalisées.
3. Les actions de développement menées servent
de cadre d'apprentissage réel aux acteurs locaux et aux institutions
locales prenant en compte le temps, les moyens et la méthode
consacrés à leur capacitation.
Ce sont là, autant d'éléments qui
viennent préciser la question de recherche à laquelle nous
essayerons d'apporter des réponses dans les prochains chapitres du
présent document.
1.1.4 Les hypothèses de travail
La présente étude part donc des deux postulats
suivants :
1. L'existence d'une dynamique locale constitue un gage pour
la pérennisation et la réplication des projets/actions de
développement conçus et mis en oeuvre dans les trois
communes ciblées.
2. Les investissements faits dans la capacitation des acteurs
locaux augmentent leur degré de participation aux actions de
développement engagées dans leur milieu grâce à leur
meilleure compréhension des enjeux de développement et du
rôle qui leur revient.
1.1.5 Les objectifs de l'étude
L'objectif global de la recherche est de contribuer à
promouvoir l'approche participative de développement vue comme un moyen
qui forge la dynamique locale et comme seul gage de réussite et de
durabilité des actions menées. La promotion de l'approche
participative passe par la structuration, la capacitation et la
responsabilisation effective des acteurs locaux.
De façon spécifique, les objectifs qui nous
permettront d'infirmer ou de confirmer les hypothèses de recherche sont
les suivants :
1. vérifier si les acteurs locaux des 3 communes
ciblées jouent effectivement, depuis l'avènement de la
décentralisation, un rôle central à toutes les phases du
cycle des projets/actions menés en vue d'en garantir la
durabilité et la réplication (Cf. l'hypothèse 1).
2. analyser l'approche d'intervention de quelques partenaires
au développement au regard des principes de l'approche participative et
de ceux du développement local afin de vérifier si du temps,
des moyens et de la méthode sont investis dans la capacitation des
acteurs locaux à travers les projets réalisés (Cf.
l'hypothèse 2).
L'analyse qui se fera à partir des
éléments afférents à ces deux objectifs
spécifiques nous permettra de dégager quelques limites aux
pratiques actuelles en matière de conduite des projets/actions de
développement suivant une démarche participative et d'y proposer
quelques approches de solutions.
1.2. LE CADRE THÉORIQUE DE LA RECHERCHE
Nous présenterons à ce niveau les
théories qui sous-tendront les bases de nos analyses
ultérieures.
1.2.1 La clarification des concepts
Quelques concepts, ressortant des hypothèses de
travail, sont explicités comme suit.
1.2.1.1 La
dynamique locale
Ce concept est diversement employé selon le contexte.
Le mot dynamique est étymologiquement défini par le dictionnaire
Larousse comme "l'ensemble des forces qui concourent à un processus,
accélèrent une évolution". Par exemple une dynamique de
paix. La dynamique de groupe en psychologie est l'ensemble des lois qui
régissent le comportement d'un groupe défini, fondées sur
un système d'interdépendance entre les membres du groupe.
La dynamique locale fait à la fois recours au
processus, à l'interdépendance entre les membres de la
localité et aux mécanismes institués pour en favoriser le
meilleur aboutissement des initiatives locales. Le concept
« dynamique locale » dans le cadre de notre étude se
rapporte à l'organisation interne, à la mobilisation sociale et
à la motivation des membres de la société qui favorisent
leur regroupement autour des enjeux de développement. Elle
s'intéresse aux forces en présence et à la manière
dont celles-ci concourent au développement de la localité.
1.2.1.2 Les investissements
En posant la question, qu'est ce qu'un
investissement, trois réponses classiques sont à
distinguer :
La réponse à la fois judiciaire, fiscale et
comptable où l'investissement est perçu comme l'achat d'un
bien immobilisable. Ceci nous conduit à classer comme investissement
toutes dépenses consacrées à l'achat de biens durables
dont le coût unitaire dépasse un certain seuil. Ensuite, une
réponse organisationnelle dans laquelle un investissement est
l'engagement de fonds qui relève d'une gestion par projet.
La réponse financière dans laquelle un
investissement est toute dépense induisant une séquence
décalée de recettes nettes. Ainsi, investir c'est donc
réduire le profit d'aujourd'hui dans l'espoir d'un plus grand profit
futur. Cette conception est bien plus satisfaisante (en terme de
développement) que les précédentes.
L'investissement dans la structuration et le renforcement des
capacités des acteurs tel qu'émis dans les hypothèses de
notre recherche apparaît comme toute dépense effectuée dans
la capacitation des acteurs locaux dans l'optique qu'ils soient plus à
même de répondre à moyen ou à long terme aux enjeux
de développement de leur localité.
1.2.2 La revue de littérature sur
le développement local
Selon J. MERCOIRET9(*), le développement local est : "un processus
dynamique de mobilisation des ressources et énergies locales visant une
amélioration des conditions de vie, des ressources et des
potentialités par création, accumulation et distribution des
richesses sur un territoire progressivement contrôlé par ensemble
de ses habitants". D'autres auteurs ont élargi le champ du
développement local.
Cependant, le développement local ne signifie pas qu'il
n'y a pas d'aide venant de l'extérieur. Car, le milieu local
laissé à lui-même est généralement incapable
de lutter efficacement contre le processus de dévitalisation et de
s'engager sur la voie du développement (Bernard Vachon10(*)). Une combinaison des deux
niveaux d'impulsion du développement est donc indispensable.
1.2.2.1 Les logiques du développement local du point de
vue de quelques auteurs
Selon Paul Houée11(*), le développement local répond à
une double logique. D'une part, une démarche ascendante, dynamique,
faite de l'expression des besoins, des demandes, des initiatives des groupes
locaux, enracinée dans un territoire, une histoire, des valeurs
partagées. Les actions privilégiées sont plutôt
globales et transversales, dans une stratégie de mobilisation des
acteurs et de leurs potentialités autour de projets communs.
D'autre part, une démarche descendante, émanant
de l'Etat et ses démembrements, faite d'orientations, de
procédures, d'incitations administratives et financières, de
transferts de savoir-faire et de moyens. Elle privilégie les
opérations sectorielles ou thématiques, les équipements ou
les programmes structurants, la relation entre les relais administratifs et les
représentants reconnus de la population.
Ces deux logiques, ascendantes et descendantes, doivent sans
cesse se croiser, se renvoyer des informations et dialoguer : les acteurs
locaux doivent connaître les dispositifs administratifs et financiers
pour se les approprier, s'appuyer sur eux, s'y adapter. Les pouvoirs publics
ont à prendre conscience qu'ils ont besoin des initiatives locales
ascendantes. Les collectivités locales sont à la
croisée de ces deux logiques : relais institutionnels des
démarches descendantes et relais de proximité de la dynamique
ascendante.
1.2.2.2 Les principaux enjeux du développement local
tels que dégagés par l'AFD12(*)
Selon l'AFD13(*), le développement local présente trois
principaux enjeux à savoir :
1. Répondre aux besoins de populations
placées en situation de responsabilité :
Le développement ne se conçoit plus comme un processus
imposé du haut à des acteurs passifs qui se contentent de
recevoir des informations, des services ou des équipements
définis par des fonctionnaires ou par des experts qui prétendent
connaître mieux leurs besoins que les intéressés
eux-mêmes. Cette responsabilisation collective des acteurs à la
base, dans l'identification de leur stratégie de développement,
dans l'énoncé des moyens au service de cette stratégie et
dans l'affectation des ressources disponibles, a pour objectif de renforcer
l'appropriation des projets de développement et d'améliorer ainsi
l'entretien et la pérennité des actions, des infrastructures et
équipements réalisés.
2. Assurer un développement
économique et social cohérent, négocié et durable
à l'échelle d'un territoire : La
création et la mise en place de collectivités locales
dotées de conseils élus et de pouvoirs, dans le cadre des
politiques de décentralisation visent à faire émerger des
espaces publics de proximité au sein desquels un civisme local peut se
développer et une appropriation collective de biens publics peut
être rendue possible. Elles permettent de faciliter la négociation
entre les besoins immédiats et les enjeux de long terme que les
démarches participatives ne prennent pas parfois en compte.
3. Articuler l'approche du développement
local et celle des programmes sectoriels : L'articulation
entre développement local et programmes sectoriels requiert, de la part
de l'Etat, la définition de politiques sectorielles fixant des
orientations et garantissant des normes homogènes applicables sur
l'ensemble du territoire ainsi qu'une redéfinition, secteur par secteur,
du rôle et des responsabilités des différents acteurs. Sont
concernés : les administrations centrales, les services
déconcentrés de l'Etat, les communautés de base ainsi que
les collectivités territoriales en privilégiant les acteurs
locaux chaque fois qu'ils apparaissent les plus pertinents et qu'ils ont les
capacités nécessaires.
1.2.2.3 L'impulsion du développement local :
l'élément déclencheur de la prise de conscience
expliqué par quelques auteurs
Selon Issa Sorgho14(*), l'origine de toute initiative locale de
développement est une insatisfaction face à une situation qui ne
répond plus aux besoins et aux aspirations des individus ou des groupes
d'individus au sein d'une collectivité. De façon
générale, l'événement déclencheur de la
prise de conscience du problème a l'une ou l'autre des deux origines
suivantes : (i) une origine externe à la collectivité ou
(ii) une origine interne à la collectivité.
Dans le premier cas, la collectivité n'est pas
l'initiatrice de la prise de conscience collective :
l'évènement déclencheur est provoqué par un
intervenant externe. Les personnes initiatrices expriment alors leurs opinions
et tentent de regrouper autour d'elles une partie de la population afin de
renforcer leur prise de position. C'est une réponse à une
situation dont la solution relève d'une autorité
extérieure au groupe intéressé. Dans ce cas, la
collectivité lorsqu'elle est en position de réaction, adopte un
mode d'action passif.
Dans le second cas, la communauté ou un petit groupe au
sein de la collectivité a pris conscience de certains problèmes
qui minent la population ou de certains signes annonciateurs de crises. Dans ce
deuxième scénario, l'événement déclencheur
se déroulera selon un mode actif. La collectivité pourra
être maître du choix et de la conduite des interventions
appropriées à la situation. Les deux principaux mécanismes
de ce mode sont : (i) la participation, c'est-à-dire l'accès des
individus aux sphères de décisions ; (ii) la planification,
c'est-à-dire la définition des objectifs précis et des
moyens pour les atteindre.
La perspective qui s'ouvre dans ce deuxième cas ne peut
être que celle de l'action coordonnée, exécutée par
des personnes qui se sentent concernées, des personnes motivées,
capables de lancer et de soutenir un projet de développement. C'est la
voie idéale d'accès au développement local.
1.2.3 La revue de littérature sur
l'approche participative : formes, principes, enjeux et conditions de
réussite
L'approche participative, selon la vision
développée par la FAO15(*), est un outil privilégié permettant
l'association active et responsable des populations aux actions de
développement.
1.2.3.1. Les fondements et principes de
l'approche participative selon la vision développée par la
FAO
L'approche participative est fondée sur
l'établissement d'un dialogue permanent entre populations et agents
techniques, sur le respect mutuel et le principe du partenariat, ainsi que sur
la reconnaissance du savoir-faire local. Elle comporte une série
d'étapes : l'identification/connaissance du milieu ; la
sensibilisation/prise de conscience par les populations des enjeux de
développement et des possibilités d'agir ; l'identification des
problèmes et recherche de solutions ; l'organisation de la prise en
charge et la programmation des actions à entreprendre ; la formation
thématique ; l'évaluation périodique des actions en cours
par les populations et le suivi-évaluation du programme et de l'ensemble
de la démarche, débouchant sur une prise en charge progressive
des actions de développement par les populations et une appropriation du
processus par l'ensemble des intervenants.
1.2.3.2. L'enjeu de l'approche
participative
L'approche participative favorise la promotion de
l'auto-développement des communautés villageoises et une prise en
charge active de leur propre avenir. Par ailleurs, la mise en oeuvre de
l'approche participative impose l'apprentissage d'un mode d'intervention
nouveau tant pour les populations que pour les agents techniques qui doivent
apprendre à écouter les populations et à ne pas imposer a
priori leur savoir.
1.2.3.3. Les conditions de
réussite de l'approche participative
L'association étroite et effective des populations, le
partage des responsabilités entre les acteurs impliquent de lever un
certain nombre de préalables au niveau politique et
institutionnel ; de prendre les dispositions pour le renforcement des
capacités des acteurs et la création d'un cadre de concertation
intersectorielle.
Ainsi, pour s'assurer de la réussite d'un tel
processus, il faut prendre en compte les réalités sociologiques,
politiques et culturelles locales ; il faut se donner les moyens de rendre
la participation efficiente. Les questions du temps, des moyens et des
méthodes sont donc, face aux contextes observés, au coeur des
interrogations à soulever pour donner à la démarche
participative, la dimension et l'effet qui se doivent.
1.2.3.4. Les objectifs et les
différentes formes de participation du point de vue de quelques
auteurs
Pour Emmanuel Matteudi16(*), la participation ne doit pas devenir une
finalité de l'action, mais un moyen qui permet de construire des projets
de développement local plus adaptés et plus efficaces.
1. Les objectifs de la
participation
i- L'approche participative permet
d'améliorer la gouvernance et de favoriser des formes
nouvelles ou renouvelées de la démocratie locale,
au travers notamment d'un recensement plus précis des attentes et
besoins formulés par les acteurs locaux, mais aussi par
l'intermédiaire d'instances de concertation rapprochant le citoyen du
politique et du technicien.
ii- L'approche participative permet également
de mieux appréhender les réalités locales
en faisant appel à la «connaissance» que les
acteurs locaux ont de leur territoire, connaissance dont on suppose qu'elle
permettra ensuite de mieux penser les politiques à mettre en oeuvre.
iii- L'approche participative permet enfin, par
l'intermédiaire du débat public et du travail en commun,
de mobiliser et d'impliquer plus efficacement les acteurs
locaux. Une telle démarche est souvent
présentée comme un moyen d'améliorer la synergie des
acteurs et de susciter des dynamiques innovantes et porteuses pour le
développement d'un territoire.
L'approche participative présente parfois des formes
qui font dire que la participation est « imposée et
modélisée » et qu'elle aboutit, à certains moments,
à des effets négatifs plutôt que constructifs.
2. Les formes de participation selon A. Meister et
S. Fortin
Deux auteurs, Albert Meister17(*) (1974) et Silvain Fortin18(*) (1969), ont essayé de
dégager cinq formes de participation qui sont synthétisées
dans les tableaux qui suivent :
Tableau n°3 : Participation selon
Albert Meister
Type de
Participation
|
Origine et création
|
Intérêts, activités,
fonctions
|
1. Participation de fait
|
Origine dans la vie traditionnelle : groupe
familial, religieux, métiers...
|
Conservation du patrimoine
|
2. Participation spontanée
|
Création par les participants, elle reste fluide, sans
organisation formelle : groupes de voisinage, amateurs
|
Satisfaction des besoins vitaux
|
3. Participation imposée
|
Création par des animateurs extérieurs,
mobilisation de la main d'oeuvre pour des travaux collectifs
|
Groupement indispensable pour le fonctionnement du programme
|
4. Participation provoquée
|
Groupe provoqué et suscité dans le cadre de projet
ou programme : coopérative...
|
Adoption d'un comportement collectif et normes promues par
l'institution intervenante
|
5. Participation volontaire
|
Création du groupe suite à une prise de conscience,
initiative propre au groupe
|
Satisfaction de besoins, défense d'intérêts
communs, promotion sociale
|
Tableau n°4 : Participation selon
Silvain Fortin
Type de Participation
|
Caractéristiques
|
1. Participation activiste
|
Les comportements d'un individu le placent en état de
solidarité avec d'autres individus
|
2. Participation intégrative
|
C'est un ajustement des comportements d'un groupe aux normes
préétablies
|
3. Participation mobilisatrice
|
Les participants suivent les directives émises par un ou
plusieurs leaders
|
4. Participation consultative
|
Les membres sont consultés dans le projet de
développement
|
5. Participation décisionnelle
|
Les participants décident de leur propre
développement
|
Au regard des schémas qui précèdent et
dans le cas d'espèce de la présente étude, la
participation volontaire et décisionnelle est celle qui est
recherchée, car, elle est l'aboutissement d'une prise de conscience et
donne la preuve de la capacité des acteurs locaux à initier,
à conduire et à évaluer les actions de
développement de façon concertée.
On peut donc en conclure qu'un premier niveau de
participation effective de la communauté est le fait qu'elle assume des
responsabilités au niveau de l'exécution du projet de
développement. On atteint un deuxième niveau de participation
lorsque les populations participent à la prise de décision
initiale (formulation de projet) et à l'exécution du projet.
Lorsqu'en plus de tout cela, elles participent au suivi et à
l'évaluation de l'action et que le processus n'est pas mis en oeuvre par
quelqu'un de l'extérieur, on peut dire que la participation atteint
encore un autre niveau, celui de l'appropriation de l'ensemble de la
démarche.
1.3. LA MÉTHODOLOGIE ADOPTÉE
Nous parlerons dans cette partie, du choix des zones
d'étude, des stratégies de recherche, du traitement des
données et de quelques limites de la recherche.
1.3.1 Le choix des zones
d'étude
La zone d'étude a été retenue pour deux
principales raisons.
La première raison est liée au contexte
spécifique de ces 3 communes tel que décrit plus haut. Les
aspects défavorables de ce contexte ont souvent déterminé
l'intervention des organismes internationaux comme le PNUD ; des ONG
internationales comme Aide et Action, CRS, Plan International, SNV, etc. ;
de l'Etat, des organisations locales et des communes elles-mêmes. Ces
interventions prennent souvent la forme de projets ou de programmes de
développement. Il serait intéressant d'analyser la
démarche adoptée au cours de la conduite de ces actions de
développement afin de voir si cette démarche favorise
l'appropriation des actions menées dans le souci de faire reculer de
façon durable la pauvreté.
La seconde raison est liée aux traits distinctifs de
ces 3 communes. En effet, Nikki, Boukombé et Cobly sont 3 communes qui
se distinguent entre autres par leur étendue (respectivement 3172
km² ; 1.036 km² et 825 km²) et par la taille de leurs
populations (respectivement 99.251 ; 60.538 et 47.239 habitants). Mais
surtout, elles posent des problématiques variées en termes de vie
associative, d'engagement des leaders à mobiliser les populations autour
des actions de développement, d'unité sociale, de qualité
du management à la tête des communes, etc., autant d'indicateurs
qui permettent de mesurer l'état de la dynamique locale en faveur du
développement à la base. Il serait donc intéressant de
faire une analyse comparative de l'ensemble de ces éléments. La
prise en compte de ces différents éléments a guidé
la définition de notre stratégie de recherche.
1.3.2 Les stratégies de recherche
Pour mener la présente
étude, nous avons procédé à une recherche
documentaire et à la collecte des données auprès de
cinq catégories d'acteurs dans les 3 communes ciblées.
1.3.2.1 L'étude documentaire
Tout au long de notre recherche, nous avons exploité
divers ouvrages tels que des rapports d'études, des documents de
capitalisation ; des thèses ou mémoires ; des
articles ; des statistiques ; etc. qui nous ont permis d'analyser et
de constater des situations, de confirmer ou d'infirmer des certitudes par
rapport à notre objet de recherche. Cette phase nous a permis de mieux
cerner la complexité de l'approche participative dans les actions de
développement, d'en saisir les enjeux au-delà de l'espace
géographique des 3 communes ciblées et même au-delà
du seul territoire béninois. Elle a enfin permis de prendre connaissance
des stratégies mises en oeuvre par les acteurs de développement
au niveau des 3 communes, et d'une façon globale par les acteurs
institutionnels, gouvernementaux et non gouvernementaux intervenant dans le
domaine du développement.
Ainsi, nous avons eu à consulter trois types de
documents à savoir :
- les documents généraux : ceux qui ont
trait aux concepts décentralisation, de développement,
développement local, de planification ; de gouvernance
locale ; divers rapports ; etc.
- les documents officiels : les textes de lois, les
documents statistiques, les budgets, etc.
- les documents spécifiques tels que : les
diagnostics des 3 communes ; les documents de stratégie des
intervenants dans lesdites communes ; les documents sur les projets de
développement ; les documents sur l'efficacité des
accompagnements extérieurs aux collectivités locales au
Bénin (études, évaluations, rapports, articles) ; les
documents renseignant sur l'état de la dynamique des acteurs au niveau
des trois communes ; le plan de développement des communes ;
etc.
1.3.2.2 Les entretiens sur le terrain
Nous avons conduit des entretiens auprès de cinq
catégories d'acteurs. Il s'agit des conseils communaux, des PTF, des ONG
locales et autres groupements, des leaders d'opinions et des populations. Nous
avons opté pour un échantillonnage de convenance. Ainsi, nous
avons choisi de façon empirique les groupes sociopolitiques et
professionnels les plus indiqués en fonction de leur niveau
d'implication dans le processus. Nous avons également interviewé
des personnes ressources et des individus qui ont la maîtrise du milieu,
soit en tant que autorités locales ; soit en tant que citoyens ou
comme intervenants externes et promoteurs du développement au niveau des
trois communes.
L'échantillonnage ayant servi de base pour notre
enquête terrain est récapitulé comme suit :
Tableau n° 5 : Récapitulatif
de l'échantillonnage
Communes
|
Conseil communal
|
Intervenants externes
(ONG, projets)
|
ONG locales
Groupements d'acteurs
|
Leaders d'opinion
|
Populations (individus)
|
Nikki19(*)
|
1
|
5
|
20
|
20
|
30
|
Boukombé20(*)
|
1
|
5
|
10
|
15
|
15
|
Cobly
|
1
|
5
|
10
|
15
|
15
|
Total
|
3
|
15
|
40
|
50
|
60
|
Au total, 58 institutions, ONG partenaires et organisations
locales ou groupements d'acteurs et 110 leaders d'opinion et individus ont
été touchés.
1.3.2.3 Le choix des instruments et des outils de collecte
Il s'agit principalement du guide d'entretien et du tableau de
collecte de statistiques. Ces outils ont fait l'objet d'un pré test avec
quelques acteurs dans la commune de Boukombé et ont été
améliorés avant d'être administrés à un large
échantillon.
S'agissant du guide d'entretien, il a été
confectionné en fonction des groupes cibles. Et donc les questions ont
été différemment posées selon qu'on s'adressait
à une autorité locale ou à un citoyen quelconque par
exemple. Il est nécessaire de signaler au passage que toutes les
questions étaient complémentaires en ce qu'elles étaient
certes ouvertes mais conçues de façon à trouver
réponses aux questions que nous nous posions et à enrichir notre
analyse. Parfois aussi, les mêmes questions étaient posées
sous différentes formes aux enquêtés pour permettre le
croisement des informations recueillies lors de l'analyse.
En ce qui concerne les tableaux, ils ont servi à
recueillir des informations quantitatives permettant l'analyse chiffrée
sur les communes ciblées. Vu la nature de ces derniers outils
(tableaux), nous nous sommes souvent permis de les laisser aux destinataires
pour qu'ils prennent le temps de les remplir.
Par contre pour le guide d'entretien, nous avons adopté
une démarche hybride. Nous avons conduit un dialogue direct avec
les enquêtés dans la plupart des cas : des notes ont
été prises au fur et à mesure pendant les entretiens. Dans
quelques rares cas, le questionnaire a été laissé aux
enquêtés instruits pour qu'ils prennent le temps de le renseigner.
Pour le cas particulier du Conseil communal de Nikki, nous avons
organisé un mini atelier débat, conduit sous forme d'un focus
group émaillé d'échanges enrichissants.
L'ensemble des données collectées ont ensuite
fait l'objet de structuration et d'analyse.
1.3.3 Le traitement et l'analyse des
données collectées
Les données recueillies ont été
structurées de façon à ce que nous puissions les analyser
efficacement. La première étape a consisté à la
saisie des renseignements obtenus de chaque personne ou groupe interrogé
dans un logiciel de traitement de texte (Word). L'absence d'un format
adapté ayant été une des difficultés auxquelles
nous avons été confrontée.
Nous avons ensuite procédé au choix des
méthodes d'analyse en tenant compte de plusieurs paramètres. Pour
les données quantitatives, l'analyse a été fondée
sur les méthodes statistiques et a servi à dégager des
tendances, exprimées en pourcentages ou en ratios.
S'agissant des données qualitatives, l'analyse a
consisté à rechercher des similitudes dans les descriptions,
à les expliquer et à en faire une synthèse. Avouons que la
structuration des données qualitatives a été beaucoup
délicate et consommatrice de temps.
Outre les difficultés auxquelles nous avons
été confrontée au cours du traitement des données
recueillies, d'autres contraintes ou limites ont entaché notre
recherche.
1.3.4 Les contraintes et limites de la
recherche
La principale contrainte, pour nous, a été
relative au temps. En effet, étant en poste à Ouagadougou, les
obligations professionnelles nous ont laissé une marge de manoeuvre
très réduite en temps matériel pour conduire
personnellement l'entièreté des enquêtes de terrain. Nous
avons dû prioriser certains groupes cibles dans la conduite des
entretiens. Ainsi, nous avons rencontré en personne dans 2 communes, les
représentants du conseil communal, et de quelques ONG Internationales et
locales. Pour le reste de l'échantillonnage, nous avons dû
commanditer une collecte de données rémunérée
à deux ONG locales actives dans chacune des communes ciblées.
Ceci a engendré une difficulté majeure.
Certaines données collectées étaient
incomplètes ou peu lisibles avec des sigles non définis. Nous
avons dû commanditer une collecte complémentaire. Ceci a
pesé sur nos capacités financières.
Par ailleurs, il ne nous a pas été possible de
rencontrer certaines personnalités des institutions nationales qui
pilotent le processus de décentralisation afin de mieux comprendre
certaines questions délicates comme celles liées au transfert des
ressources. Ceci a limité l'analyse croisée de certaines
informations collectées relatives au processus de
décentralisation. Cependant, bien des documents nous ont
renseignée sur cet aspect.
Enfin, la limite majeure à notre recherche est
liée à l'inexistence des données de départ
renseignant sur la capacité initiale des acteurs locaux et des instances
locales lors de la prise des fonctions communales en vue d'en mesurer la
progression.
DEUXIEME CHAPITRE :
PRESENTATION ET ANALYSE DE LA DYNAMIQUE
LOCALE À L'INTERIEUR DES
COMMUNES D'ÉTUDE
Ce chapitre vise à apporter, par la description et
l'analyse, des éléments de réponse aux interrogations
suivantes : Comment les leaders légitimes (conseil communal)
identifient et planifient-ils les actions de développement ? Les
mécanismes et dispositifs prévus pour la mise en oeuvre de ces
actions favorisent-ils la participation de l'ensemble des citoyens ?
Par ailleurs, nous accorderons une attention
particulière à l'état du tissu associatif, à la
cohésion sociale et à la place du genre dans les
préoccupations de développement des populations des zones
d'étude.
2.1. LES ACTEURS LOCAUX : QUI SONT - ILS ?
En parlant des acteurs locaux dans le domaine du
développement local, nous pensons aux : populations (citoyens),
élus locaux, groupements d'acteurs, ONG locales, chefs religieux et
coutumiers, autres leaders, etc. Le rôle de quelques uns de ces acteurs
se résume succinctement comme suit.
2.1.1 Les populations ou les citoyens
dans les zones d'étude
Le rôle et la place des populations, en tant que
citoyens, sont vitaux dans la gestion des affaires locales. Le citoyen est au
coeur du dispositif de développement local. Chaque citoyen, pris
individuellement ou dans un cadre structuré (ONG locale, association
religieuse, de femmes, de jeunes, de développement, etc.) est
appelé, aux côtés des autres composantes de la
collectivité, à être un acteur de développement. Le
citoyen devra prendre conscience de son rôle déterminant pour le
développement de sa localité et le jouer activement à
travers des initiatives porteuses et sa participation à la prise de
décision.
Au cours de notre recherche, nous nous sommes
intéressée au rôle joué par les populations dans le
développement de leur localité. Les réponses obtenues sont
très variées. Quelques extraits de ces réponses sont
livrés comme suit :
"Je suis promoteur de petites et moyennes entreprises.
Dans ma commune, je donne des conseils pour la création des PME".
"En tant que femme, je sensibilise les populations pour qu'on envoie
massivement les filles à l'école. Je lutte pour réduire
les enlèvements des filles à l'école, les mariages
forcés et précoces". "Je participe à la validation du
plan annuel d'investissement de ma commune. Je fais des propositions
concrètes à la mairie ; je m'investis dans la conception des
microprojets". "J'administre des micro crédits aux populations
pour leurs AGR". "Je sensibilise la population sur le paiement des
impôts, sur le Vih/sida". "Je fais la vaccination des volailles,
l'alpha, le reboisement (pépiniériste) et suis actif en
agriculture". "Je suis président du groupement des jeunes de Datori.
J'invite tous les 2 mois les jeunes de mon arrondissement pour
réfléchir et faire des activités. Ensemble, on a
donné une part de la contribution à la construction du
collège de Datori. On a réalisé un hangar pour abriter la
maternelle de Datori. On joue aussi à la médiation dans les
conflits". "Au niveau du groupement dont je suis le président, on
participe aux initiatives de notre localité, par exemples : la
cotisation pour l'achat des pneus du véhicule de la Brigade, la
participation à la construction du marché, à la
résolution des conflits au niveau des producteurs".
Outre le rôle joué par les citoyens en
matière de développement, les textes de lois sur la
décentralisation (Cf. Loi N° 98-006 du 09 mars 2000, portant
régime électoral communal et municipal en République du
Bénin) investissent le citoyen d'un autre rôle essentiel. C'est le
citoyen qui désigne, par le bais d'une élection, ses
représentants aux niveaux des communes et leurs démembrements
(arrondissements, villages et quartiers de ville). Par ailleurs, les
assemblées locales, qu'elles soient villageoises, de quartier, de
l'arrondissement ou de la commune sont l'émanation de la population.
2.1.2 Les élus locaux et les
autres types de leaders
Les élus locaux sont des leaders légitimes de
leurs localités. Mais, il y a aussi d'autres leaders comme les chefs
religieux, les chefs traditionnels, les leaders d'opinion, etc. Ils jouissent
de la reconnaissance des citoyens. Les leaders sont indispensables au
développement local.
2.1.2.1 Le profil du leader idéal et leurs rôles
dans le développement de leur localité
Rudolf Rezsohazy21(*), Professeur à la Faculté des sciences
économiques, sociales et politiques de l'Université catholique de
Louvain, trace comme suit le portrait du leader idéal :
1. Être un symbole. Cela
signifie que le leader incarne les valeurs fondamentales de la
communauté et s'identifie aux objectifs que celle-ci se donne.
2. Être un homme de
synthèse. Cela signifie que le leader anime la
participation, consulte, prépare et fait mûrir les
décisions. C'est un «accoucheur» ; mais non un dictateur.
Pour jouer ce rôle, il est tenu d'avoir une vision d'ensemble. Dans le
processus de décision, il partage ses connaissances, répartit les
responsabilités, veille à garder les originalités de la
communauté et son équilibre culturel.
3. Être un créateur de climat de
confiance. Le processus coopératif dans
l'élaboration des décisions suppose un climat qui favorise le
développement des talents personnels de tous les collaborateurs. Le
leader fait grandir les autres.
4. Présider à l'exécution des
décisions. Le leader est aussi un administrateur et il est
le responsable suprême de la bonne marche des affaires. Aucun groupe
humain ne peut fonctionner sans un effort d'organisation. Cette organisation,
sans rigidités bureaucratiques, doit viser le meilleur résultat
avec les moyens les plus simples.
Voici quelques extraits de données qualitatives
recueillies sur les leaders lors de notre enquête :
"Ils ne trahissent pas, ils ne détournent pas les
biens distribués aux populations, ils ne sont pas corrompus".
"Elle a toujours une vision claire des choses". "Grâce à lui,
Boukombé a l'électricité 24h/24h". "Elle draine une foule
de femmes ; sensibilise beaucoup les femmes sur l'utilité de
l'école". "Leur intervention est prise en compte dans les
décisions, ils connaissent mieux les réalités du milieu et
ont une bonne expérience de la vie"."Il est bien écouté et
participe aux actions de développement"."Il pose des actes concrets par
exemple la mise en place d'un centre de santé proche de la population en
milieu rural qui en souffrait, la création de la société,
il a relevé le mauvais fonctionnement de la mairie". "Il est ouvert
à tout le monde ; il ne fait pas de différence de
personnalité ; il se donne aux actions de développement".
"Quand elle décide ou propose une idée, celle-ci est souvent
acceptée par nous tous. Quand il y a une situation c'est elle qu'on
avise". "Il sensibilise les producteurs qui prennent des crédits
à mieux les utiliser et à les rembourser à temps". "Ils ne
s'énervent pas ; ils savent parler à la population et se
donnent à tout ce qui se décide". "Il a l'esprit rassembleur et
est écouté". "Il aime sa localité et se donne aux
sensibilisations".
Le rôle fondamental des leaders légitimes leur a
été conféré par la loi en tant que garants de la
réalisation des compétences transférées aux
communes.
2.1.2.2 Le rôle légal des élus locaux
dans le développement des communes
Les compétences de la commune sont contenues dans les
articles 82 à 107 de la loi 97-029 portant organisation des communes en
République du Bénin. Les domaines d'exercice de ces
compétences sont les suivants : (i) Développement local,
aménagement, habitat et urbanisme ; (ii) Infrastructures,
équipement et transports ; (iii) Environnement, hygiène et
salubrité ; (iv) Enseignement primaire et maternel ; (v)
Santé, action sociale et culturelle ; (vi) Alphabétisation
et éducation des adultes.
Les articles 82 à 107 décrivent les
compétences par secteur et par domaine puis indiquent pour certains de
ces secteurs22(*) que
l'Etat transfère à la commune les ressources nécessaires
à l'exercice desdites compétences. L'article 108, quant à
lui, décrit comment la commune exerce les compétences qui lui
sont reconnues. La mise en oeuvre des compétences ainsi
transférées à la commune incombe au conseil communal
dirigé par le maire et ses adjoints.
Le maire et ses adjoints (2 ou 3 selon le statut de la
commune) sont élus au sein du conseil communal (collectif des
élus de la commune). Ils doivent élire domicile dans la commune
et doivent savoir lire et écrire le français. Le maire est
chargé, sous le contrôle du conseil communal, de : (i) conserver
et administrer les propriétés de la commune et faire en
conséquence, tous actes conservatoires de ses droits ; (ii) gérer
les revenus de la commune et suivre les établissements communaux ; (iii)
suivre l'évolution des finances communales ; (iv) pourvoir aux mesures
relatives à la voirie communale ; (v) passer les baux et les
marchés relatifs aux travaux communaux dans les formes établies
par les lois et règlements ; (vi) faire assurer la direction des travaux
communaux ; (vii) passer les actes de vente, d'échange, de partage,
d'acceptation des dons et legs, d'acquisition, de transaction lorsque ces actes
ont été autorisés par la loi ; (viii) ester en justice au
nom et pour le compte de la commune ; (ix) faire tous actes interruptifs de
prescription ou de déchéance ; (x) veiller à la
conservation des archives ; (xi) d'une manière générale,
exécuter les décisions du conseil communal.
Le maire et le conseil communal sont donc désormais
maîtres d'ouvrage du développement communal. Dans les faits, les
élus locaux ont une fonction d'abord délibératoire :
le conseil communal gère les affaires de la cité en prenant des
délibérations dans les domaines de compétences
transférées. Ensuite, une fonction de
réglementation : le maire, dans sa fonction de chef de
l'exécutif communal, met en oeuvre les politiques du conseil communal
à l'aide d'arrêtés communaux. Enfin, une fonction de
contrôle : le conseil communal vérifie la bonne
exécution des politiques communales à travers le vote annuel du
compte administratif et du compte de gestion.
La satisfaction des communautés du rôle
joué par les maires et les conseils communaux au cours de ce premier
mandat est assez mitigée dans les zones touchées par notre
étude. Nous y reviendrons dans la partie qui suit.
2.2. LE CONSEIL COMMUNAL : MODE D'ORGANISATION ET
DÉMARCHE PERENNE DE DÉVELOPPEMENT
Le développement des trois communes d'étude,
comme de toute autre collectivité décentralisée,
dépend en grande partie de la capacité du conseil communal :
- à faire un diagnostic juste des besoins du milieu et
de la capacité des populations ; à identifier des
potentialités et atouts ; mais aussi des contraintes et
menaces auxquelles le milieu est exposé ;
- à pouvoir mobiliser les différentes couches de
la société autour des enjeux communs de
développement ;
- à apporter des réponses justes aux attentes
fondamentales des populations et à avoir une vision prospective du
développement de la localité en lien avec les orientations
stratégiques du pays ;
- à identifier et à attirer les
opportunités d'intervention extérieure au profit du
développement local ;
- à bien gérer les ressources du milieu.
2.2.1 Les PDC : démarche
d'élaboration, contenu et cohérence avec les orientations
nationales
Les 3 communes couvertes par notre étude ont
reçu l'appui de partenaires pour l'élaboration de leur plan de
développement communal (PDC), c'est le cas de la commune de Nikki avec
le projet ADECOI (projet d'Appui au développement des communes et aux
initiatives locales) et des communes de Boukombé et de Cobly avec la SNV
(Organisation néerlandaise de développement). Les PDC
élaborés présentent bien des points de similitude,
notamment par rapport : à la démarche d'élaboration,
au diagnostic du milieu, aux actions prévues et à la
cohérence des orientations stratégiques communales avec celles du
pays.
2.2.1.1 La
démarche d'élaboration des PDC
Le processus de planification et de budgétisation (Cf.
projet ADECOI au chapitre3 du présent document) semble être le
même pour l'ensemble des communes concernées par
l'étude. A Nikki par exemple, "l'élaboration du plan a
démarré par la formation des animateurs locaux suivie des auto
diagnostics villageois, des ateliers de diagnostic au niveau des
arrondissements puis de l'atelier communal de diagnostic et de
planification"23(*), et
s'est terminée par la rédaction et la validation du plan. A
Boukombé et Cobly, les travaux ont été conduits par un
comité de pilotage composé notamment des animateurs de projet ou
de structures de développement. Ils ont d'abord procédé
à la collecte des données au niveau des villages avec
différents groupes sociaux. "Au niveau arrondissement, ce fut la
synthèse des résultats des ateliers de villages en
présence de leurs représentants et des services
déconcentrés locaux de l'Etat. Les résultats des ateliers
d'arrondissement ont abouti à un rapport général soumis
à la validation de l'atelier bilan diagnostic au niveau communal puis
enrichi par les données d'analyse documentaire et celles recueillies
lors des entretiens auprès des services administratifs et techniques
déconcentrés"24(*).
Bref, de part et d'autre, le processus a connu la
participation des populations, l'implication des élus locaux et d'autres
acteurs locaux. Ceci est attesté par les résultats de notre
enquête sur la connaissance de l'existence du PDC par la population et
qui se présentent comme suit :
Il ressort toutefois de notre enquête que le diagnostic
effectué a servi uniquement à l'élaboration du plan de
développement global des communes. Cet exercice n'a pas abouti à
doter chaque village d'un plan local de développement (PLD) de sorte
à rendre les individus responsables de leur propre développement
depuis la base. Autrement dit, le PDC n'est pas décentralisé.
Ceci fait dire à certains enquêtés que :
"Les actions de développement sont choisies par
l'arrondissement et par la mairie" ou "Les actions de développement sont
toujours venues de l'extérieur avant l'adhésion de la population"
ou encore "Les ONG choisissent les actions en consultant ou en demandant notre
avis". Ces extraits de données
qualitatives de notre enquête prouvent qu'une partie de la population
locale ne se considère pas comme étant un acteur principal du
développement de son milieu. Ce constat est davantage renforcé
par les données recueillies sur la forme de participation des
populations au processus de planification qui se résument à 95%
par les phrases ci-après : "Les populations sont
impliquées par des sensibilisations" ou "On nous invite à
travailler ensemble". S'il est vrai que les diagnostics sont
fondés sur des besoins exprimés par les populations et leurs
leaders, il n'en demeure pas moins vrai que bon nombre parmi eux ne mesurent
pas à sa juste valeur la portée de cet exercice.
2.2.1.2 Le diagnostic établi et les actions
envisagées pour le développement des communes
Les PDC donnent l'image des communes sur la situation
actuelle, les problèmes prioritaires, les atouts, les contraintes, les
opportunités et les menaces. Ce diagnostic assez fourni a abouti
à l'élaboration du cadre logique des communes (objectifs,
résultats, actions, indicateurs, moyens, coûts, etc.). Poussant
plus loin ce travail, les communes de Cobly et de Boukombé ont
dégrossi leurs plans en programmes sectoriels puis en projets. Ces
projets tournent autour : du renforcement de la capacité
organisationnelle et de gestion des organisations de base et celle
institutionnelle des communes ; de la valorisation du potentiel productif
et de ressources productives ; de la diversification de la production
agricole ; de l'accroissement du pouvoir économique des producteurs
et de l'ensemble de la population ; de l'accroissement des taux de
scolarisation et d'alphabétisation dans la commune ; de
l'amélioration du taux de couverture sanitaire à travers la
construction et équipement d'infrastructure, un personnel
qualifié suffisant, la lutte contre le VIH/Sida ; de
l'accroissement des ressources financières de la commune à
travers l'amélioration du mécanisme de recouvrement des taxes et
impôts ; la construction, l'organisation et la gestion des
marchés de la commune, etc. Ces grandes lignes des PDC recoupent
parfaitement avec les grandes attentes énoncées par les
populations lors de notre enquête.
Somme toute, les attentes des populations en termes d'actions
de développement au niveau des 3 communes se résument en cinq ou
six points clés à savoir : le renforcement des
filières agricoles ; la réalisation des infrastructures
communautaires et socioéconomiques ; l'amélioration des
services sociaux et leur accessibilité par toutes les couches
de la société ; la création d'emplois ; le
développement des micro finances et la bonne gouvernance. Ces
points s'insèrent parfaitement dans les orientations nationales.
2.2.1.3 Le lien entre les orientations stratégiques
des communes et celles du pays
La cohérence entre les orientations nationales et
celles des communes semble bien présente à l'esprit des
concepteurs des PDC. Dans les PDC de Boukombé et de Cobly par exemple,
la vision du Bénin et les orientations nationales ont d'abord
été rappelées avant celles des communes. Elles se
présentent successivement comme suit :
2.2.1.3.1 Rappel de la vision du
Bénin et des orientations stratégiques nationales
"Le Bénin est, en 2025, un pays phare, un
pays bien gouverné, uni et de paix, à économie
prospère et compétitive, de rayonnement culturel et bien
être social". Cette vision repose sur cinq principaux
objectifs, il s'agit : (i) de la bonne gouvernance ; (ii) de l'unité
nationale et la paix ; (iii) d'une économie prospère et
compétitive ; (iv) d'une culture convergente et rayonnante ; (v) du bien
être social.
S'agissant des orientations nationales, elles comportent les
rubriques suivantes : (i) Consolidation de la démocratie et de la
bonne gouvernance ; (ii) Promotion d'une culture de développement ;
(iii) Renforcement de la lutte contre la pauvreté dans un cadre
sécurisé ; (iv) Renforcement d'une diplomatie active de
proximité et de coopération internationale ; (v) Promotion d'un
aménagement du territoire qui assure le développement
régional et de la gestion rationnelle de l'environnement ; (v) Promotion
d'une culture et d'un environnement favorable au développement
technologique ; (vi) Renforcement des bases humaines et matérielle de
l'économie ; (vii) Renforcement des valeurs familiales et
communautaires.
2.2.1.3.2 Vision de la commune de
Boukombé
Nous citons ci-après un passage du PDC qui trace la
démarche de formulation de la vision : "L'on s'est appuyé
sur les éléments des orientations globales de
développement définies aux échelons supérieurs
(niveau national et départemental), les instructions juridiques (loi
cadre sur l'environnement, conventions internationales, schéma directeur
d'aménagement du territoire, etc.), les aspirations des populations et
les potentialités et contraintes relevées dans la
problématique du développement au cours du diagnostic. Ainsi, une
synthèse des propositions des différents groupes a permis de
retenir la formulation suivante :
"BOUKOMBE EN 2020 EST LA PREMIERE BELLE COMMUNE
TOURISTIQUE DU BENIN OU REGNE LA BONNE GOUVERNANCE DANS L'UNITE, LA PAIX, LA
PROSPERITE ECONOMIQUE, L'EPANOUISSEMENT SOCIAL ET CULTUREL".
2.2.1.3.3 La vision de la commune de
Cobly
Suivant la même démarche, la vision de Cobly est
ainsi qu'il suit formulée : `'COBLY, MODELE DE
DECENTRALISATION REUSSIE D'ICI 2020'' avec : (i) Un chef lieu aux
attributs d'une ville bien aménagée progressivement
étendue aux arrondissements et aux villages ; (ii) Une garantie de
dialogue, d'unité, de solidarité et de paix sociale ; (iii)
Une administration transparente au service du développement et des
administrés ; (iv) Une économie compétitive dans un
environnement sain et équilibré ; (v) Une garantie de
sécurité et de bien être social ; (vi) Une forte
implication des femmes à toutes les étapes du processus de
développement.
2.2.1.3.4 La vision du
développement de la commune de Nikki
Les concepteurs du PDC de Nikki ont d'abord consacré le
chapitre 3 du document au programme d'actions de la commune, lequel comporte
entre autres la vision et les objectifs stratégiques. La vision est
libellée comme suit : "D'ICI A 2015, NIKKI, COMMUNE
PROSPERE, PAISIBLE ET BIEN GEREE". Ensuite, quatre objectifs
stratégiques ont été définis pour soutenir cette
vision.
Le chapitre 4 a été consacré à
l'analyse de cohérence du PDC par rapport aux orientations nationales en
rappelant que l'article 108 de la Loi 97-029 portant organisation des communes
en République du Bénin exige que le plan de développement
communal s'intègre aux orientations nationales et
départementales.
Il ne fait donc aucun doute que les PDC ont été
élaborés en cohérence avec les orientations
nationales ; reste alors à savoir les dispositifs qu'ils ont mis en
place de manière à préserver une telle cohérence
dans la pratique.
2.2.2 Les dispositifs de mise en oeuvre
des actions de développement
Pour l'exécution des PDC, il a été
pensé un cadre institutionnel qui devrait être chargé de :
(i) l'élaboration des tranches annuelles du PDC ; (ii)
l'élaboration des dossiers techniques et financiers ; (iii)
l'élaboration des stratégies de mobilisation des ressources
financières correspondantes. Il a été donc proposé
la création :
1. d'un cadre de concertation des intervenants et
acteurs de la commune fonctionnant sous la forme d'un forum de
confirmation des engagements des différents acteurs par rapport aux
tranches annuelles du PDC et d'information sur l'état de mise en oeuvre
du plan.
2. d'un Comité de pilotage du PDC (CP-
PDC) : il constitue la structure opérationnelle de mise en oeuvre
du PDC. Le CP et son organe exécutif, la cellule Technique du PDC,
peuvent être créés par arrêté du maire qui en
précisera notamment la composition et les attributions.
Par ailleurs, il a été aussi prévu que
les actions à exécuter dans le cadre des PDC puissent faire
ressortir :
3. "Les aspects genre et développement
: étant donné que les hommes et les femmes ont des
intérêts et des besoins différenciés, les actions
veilleront à en tenir compte.
4. La justice sociale : les
intérêts défendus sont ceux qui favorisent la
majorité et non un groupe de décideurs et de manipulateurs.
5. La durabilité : toutes les actions
prendront en compte, autant que possible, l'autofinancement des coûts de
maintenance, d'entretien et de fonctionnement par la génération
ou l'exploitation optimale des possibilités existantes.
6. Le respect de l'environnement : les
actions entreprises ne devront pas créer de difficultés pour les
générations à venir.
7. La participation des communautés :
toutes les actions seront identifiées et menées, de concert avec
les communautés dans toutes leurs composantes. Il est important qu'elles
participent à toutes les étapes en vue de bien les comprendre et
se les approprier pour un meilleur suivi et une bonne gestion.
8. L'impact concret sur la population : La
réalisation de ces actions devra avoir un impact sur la vie
concrète des hommes et des femmes qui en seront
bénéficiaires".
2.2.3 Le
financement des actions prévues dans les PDC
Le budget des communes pour financer les actions
prévues dans les PDC provient d'au moins trois sources : les fonds
propres, les subventions de l'Etat et les apports des partenaires.
2.2.3.1 Quelques données financières sur les
communes de Boukombé et de Cobly
Il ressort des résultats de notre enquête les
données ci-après sur la situation financière de ces deux
communes.
Tableau n°6 : Budget des communes de
Cobly et de Boukombé sur l'année 2007
Communes
|
Fonds propres
|
Subvention de l'Etat
|
Total
|
Observations
|
Cobly
|
78 994 288 F
|
21 800 000 F
|
100 794 288 F
|
Les données sur le budget de Boukombé sont
relativisées parce qu'au moment de l'entretien, le maire n'avait pas ses
supports financiers à disposition
|
Boukombé
|
#177; 72 000 000 F
|
Plus de 40 000 000 F
|
#177;112 000 000 F
|
Source : Données de l'enquête
Les données relatives à l'apport global des
partenaires dans le développement des communes n'étaient pas
disponibles auprès des mairies au moment de la collecte. En effet, il
est ressorti de l'enquête que bien des partenaires interviennent dans les
communes (i) sans faire transiter leurs apports financiers par le conseil
communal ; (ii) sans signaler leur présence ou leur intervention au
conseil communal.
Toutefois, des données financières
antérieures existent et permettent de jauger la capacité de
développement de ces communes.
Tableau N°7 : Balance
Recettes/Dépenses (y compris investissement et fonctionnement) dans la
commune de Boukombé de 1998 à mi 2004
Années
|
Ressources
|
Dépenses
|
Investissements
|
Locales
|
Sub/Etat
|
Total
|
1998
|
7 040 227
|
12 741 632
|
19 781 859
|
19 277 726
|
0
|
1999
|
13 282 610
|
12 741 632
|
26 024 242
|
23 499 967
|
400 000
|
2000
|
7 020 547
|
12 741 632
|
19 762 179
|
19 654 377
|
0
|
2001
|
8 255 157
|
48 444 313
|
56 699 470
|
55 979 294
|
9 667 044
|
2002
|
9 374 472
|
28 310 770
|
37 685 242
|
33 504 437
|
3 535 450
|
2003
|
9 536 248
|
30 466 885
|
40 003 133
|
56 534 899,8
|
13 067 874,80
|
2004 (à juillet 2004)
|
9 712 835
|
23 076 811
|
32 789 646
|
|
2 612 318
|
TOTAL
|
64 222 096
|
168 523 675
|
232 745 771
|
208 540 701
|
29 282 686,80
|
Source : PDC de Boukombé (p.33)
On constate à partir des données de ce tableau
que la part de l'Etat représente à elle seule plus 72% des
ressources globales de la commune de Boukombé et c'est réellement
à partir de 2001 que la subvention de l'Etat a connu une hausse
vertigineuse. Par ailleurs, les investissements sur les 5,5 ans
s'élèvent seulement à 12% des ressources globales alors
que les dépenses cumulées en représentent 90%. C'est dire
alors que l'essentiel des recettes sert au fonctionnement courant de la commune
de Boukombé.
Tableau N°8 : Récapitulatif des
ressources de la commune de Cobly de 1998 à 2003
Acteurs
|
Total
|
Moyenne
|
Pourcentage
|
Commune
|
34 320 268
|
6 864 053
|
19,99 %
|
Population
|
42 000 000
|
8 400 000
|
-
|
Etat
|
59 577 805
|
11 915 561
|
20 %
|
Intervenants
|
-
|
-
|
|
Source : PDC de Cobly (p.19)
Le budget de la commune de Cobly de 1998-2002
s'élève en moyenne à 18 779 674 F en recettes et à
17 334 005 F en dépenses. Les recettes, quasiment fiscales,
ont à peine financé le fonctionnement de la mairie. Sur les cinq
ans, aucun fonds n'a été prévu pour l'investissement.
C'est dire qu'aucune action de développement n'a pu être
financée par la commune elle-même. La situation de la commune de
Cobly en matière d'investissement paraît encore plus critique que
celle de Boukombé exposée plus haut.
Le développement de la commune à travers les
infrastructures sociocommunautaires, le renforcement des capacités des
organisations de base a été surtout l'oeuvre des acteurs
extérieurs à travers divers programmes et projets. Les
populations ont pu mobiliser un montant de plus de 42 millions sur les 5 ans,
soit une participation annuelle moyenne de 8 400 000 FCFA, répondant
ainsi aux exigences de nombreux partenaires au développement. Dans un
contexte de capacité financière négligeable d'une commune
qui doit a contrario faire face à d'importants défis de
développement, les populations ne peuvent qu'en faire les frais.
L'Etat a contribué au développement de Cobly de
1998 à 2002 pour un montant estimé à près de 60
millions FCFA. Cette contribution sous forme de subvention est relative
à la taxe de voirie, à la subvention salariale et à la
substitution de la taxe civique. Parallèlement dans le cadre du
programme d'investissement public, l'Etat a réalisé plusieurs
infrastructures communautaires. La part importante de la subvention de l'Etat
et de l'apport des partenaires externes pour la réalisation des actions
de développement au niveau local semble être une situation
généralisée sur bon nombre de communes au Bénin.
2.2.3.2 La situation particulière de la commune de
Nikki
A Nikki, le point sur la situation des fonds investis dans la
commune paraît mieux élaboré grâce à
l'accompagnement technique donné dans ce sens aux communes par le projet
ADECOI. En effet, Nikki fait partie des sept communes qui
bénéficient, depuis 2003, de l'intervention du projet
ADECOI25(*)
cofinancé par le FENU, le fonds belge de suivi, le PNUD, le Gouvernement
béninois et la contrepartie des communes bénéficiaires
à un coût global de 5 311 938 $ E.U. En dehors des apports
financiers, le projet ADECOI aide les communes à assainir leurs
ressources locales. Ceci explique l'évolution exponentielle des recettes
de la commune de Nikki après 2003, comme l'illustrent les graphes qui
suivent.
2.2.3.2.1 Les
recettes propres et les fonds transférés à la commune de
Nikki
Source : La mairie de Nikki
On constate que : (i) les recettes propres
représentent environ 30% à 45% des recettes totales ; (ii)
les recettes de transfert représentent plus des 50% des recettes
totales de la commune.
2.2.3.2.3 Les ressources fiscales de la
commune de Nikki
Source : La mairie
de Nikki
On constate par rapport aux recettes fiscales que (i) les
émissions connaissent une stagnation de 2003 à 2005 et une
importante chute en 2006 ; (ii) les recouvrements ont une inconstance
liée au rythme de paiement des impôts par l'usine présente
dans la commune.
2.2.3.2.4 Les ressources non fiscales de
la commune de Nikki
Source : La mairie de Nikki
Les différents graphiques ont mis l'accent sur deux
sources de financement : les fonds propres et les subventions. Par rapport
à la troisième source (apports des partenaires), nous n'avons pu
obtenir que quelques données dans le secteur de l'éducation. En
effet, il existe au niveau de la commune de Nikki tout comme au niveau des deux
autres communes concernées par la présente étude, un
comité d'acteurs dans le domaine de l'éducation nommé
Comité communal de l'éducation (CCE), et mis en place en 2004
avec l'appui de l'ONG Aide et Action. En 2 ou 3 ans d'existence à Nikki,
le CCE a pu engager dans les actions éducatives 120 340 444
FCA dont 113 467 931 F apportés par les partenaires (Cf.
tableau en annexe).
On constate que sur un montant total de près de 120,4
millions, l'apport des partenaires s'élève à plus de 94%
des investissements dans le secteur de l'éducation. Et pourtant,
l'apport d'autres ONG actives dans la commune en matière
d'éducation, comme Aide et Action, par exemple, ne figurent pas dans ce
tableau. Ceci montre l'importance de la contribution des intervenants externes
dans le développement local. La faiblesse à ce niveau
réside dans le fait que ces apports sont généralement peu
coordonnés par les conseils communaux.
2.2.4 Quelques freins au dynamisme des
acteurs locaux
Des données recueillies sur le terrain, nous avons
ressorti quelques limites aux dispositifs de mise en oeuvre des PDC. Elles sont
relatives, entre autres : aux cadres de concertation ; à la
cohésion sociale ; à la justice sociale ; aux
stratégies partenariales et de mobilisation des ressources
extérieures ; au niveau d'instruction de l'organe exécutif
du conseil communal, à la transparence dans la gestion. Ces limites
peuvent porter atteinte au dynamisme et à la motivation des populations
si rien n'est fait. Le graphe qui suit résume quelques
appréciations des populations sur le mode de gestion des conseils
communaux.
2.2.4.1 Analyse des tendances issues du graphe
Les principales critiques faites par les populations au mode
de gestion du conseil communal sont de natures différentes selon les
communes. Cependant, quelques constances reviennent sur l'ensemble des
communes.
A Nikki par exemple, les populations estiment : (i) que
les élus locaux ne mènent pas suffisamment d'actions pour le
développement de la commune et surtout de ses localités
reculées ; (ii) que les élus locaux visent d'abord leurs
intérêts et ne respectent pas les engagements pris
vis-à-vis des populations ; (iii) qu'il y a un manque de
concertation, de dialogue et une insuffisante implication des populations aux
prises de décisions.
A Boukombé, en plus des actions de développement
peu visibles, des engagements non tenus et des questions
d'intérêts personnels, les populations estiment que le conseil
communal travaille sans boussole, avec une lenteur dans la prise de
décision et dans les procédures administratives ; que les
élus locaux sont moins à l'écoute de la population et ne
favorisent pas assez le dialogue et la concertation entre les différents
acteurs.
A Cobly, les questions de querelle intestine et de leadership
au sein du conseil communal sont, en plus du manque de résultats
tangibles en matière de développement et du manque d'implication
des populations, les principaux freins identifiés par les populations au
mode de gestion des élus locaux.
2.2.4.2 Autres limites constatées
En dehors de ces appréciations des populations, nous
avons également noté au cours de notre enquête d'autres
limites qui se présentent comme suit.
2.2.4.2.1 Manque de coordination
Nous avons ressorti un manque de coordination par le conseil
communal des différentes interventions des acteurs externes. Le conseil
communal n'a pas une grande emprise sur les actions menées par les
intervenants externes au niveau de chacune des 3 communes. Par exemple à
la date de l'enquête, il n'existait pas de données sur le
coût global apporté par l'ensemble des intervenants externes au
niveau de chaque commune. Il existe juste des données parcellaires en
fonction de l'implication des élus locaux dans la conduite de certains
projets. Alors que le contexte requiert que les moyens de l'ensemble des
acteurs concourent à la mise en oeuvre des PDC si tant est que ces
documents répondent aux aspirations profondes des populations. Le
contexte recommande également que le conseil communal joue un
véritable rôle de chef de file pour répartir les
interventions équitablement sur l'ensemble du territoire de la commune
afin d'éviter des poches de disparités et même des
duplications.
Une autre conséquence du manque de coordination est la
forte pression exercée de toute part sur les populations pour la
libération de leurs contreparties financières sans qu'il soit
possible pour le conseil communal de réguler un tant soit peu cette
situation.
2.2.4.2.2 Absence de documents de
stratégie
Nous avons également constaté au cours de notre
enquête dans les communes, une absence de document de
stratégie de partenariat et/ou de stratégie de mobilisation des
ressources. Aucune des communes touchées n'a élaboré un
document de stratégie en bonne et due forme. Seul Nikki a
élaboré des plaquettes de présentation de la commune.
Comment mettre en valeur les atouts et potentialités des communes pour
attirer des partenaires et des ressources extérieures en l'absence
d'un document crédible ? Nous invitons le conseil communal à
méditer sur la question. Ainsi donc, nous avons constaté que la
stratégie partenariale des communes est quasiment fonction du
degré d'ouverture du maire sur le monde ; ce qui en soi n'est pas
une mauvaise chose. Cependant, cette forme de stratégie fondée
sur la personne du maire est insuffisante vu les challenges qui attendent les
élus en matière de développement de leur
localité.
2.2.4.2.3 Faiblesse des ressources
humaines
La question d'insuffisance de ressources humaines a
été souvent évoquée par bien des communes comme
Boukombé et Cobly voire par la quasi-totalité des communes au
Bénin. L'ampleur de la question n'est sans doute pas à minimiser
lorsqu'on connaît les défis importants qui attendent les communes
en matière de développement. A cela s'ajoute la véritable
problématique relative à la qualification des ressources humaines
existantes. Cependant, en prenant connaissance de l'expérience de Nikki
en matière d'investissement dans les ressources humaines, nous avons
réalisé qu'en s'organisant autrement, les communes peuvent
relever le défi sur ce plan et sur bien d'autres.
2.3. LE MODE D'ORGANISATION DE LA COMMUNAUTÉ :
QUELQUES DYNAMIQUES PORTEUSES
A ce niveau, nous nous intéresserons à la place
des femmes dans l'organisation de la société pour promouvoir le
développement des communes, ainsi qu'à l'état du
tissu associatif au niveau local, en faisant ressortir les points positifs et
les limites.
2.3.1 La place des femmes dans
l'organisation de la communauté pour la promotion du
développement
Traditionnellement, le contexte socioculturel des zones
touchées par l'étude n'est pas favorable à
l'émergence des femmes (Cf. I.1.1.2). Ce contexte influe encore
aujourd'hui sur la considération sociale donnée aux femmes,
notamment par rapport à leur rôle de leader dans la
société. Néanmoins, un éveil de conscience commence
à s'observer.
2.3.1.1 Eveil de conscience de la communauté sur le
rôle des femmes dans le développement
Nous avons, au cours de notre enquête, demandé
aux enquêtés de citer le nom de quelques leaders de leur
localité et de dire pourquoi ils les considèrent comme tels. Les
données quantitatives sur cette interrogation se présentent comme
suit :
Tableau n°9 : Quelques femmes
leaders
Communes
|
Nombre de leaders cités
|
Nombre de femmes leaders y faisant partie
|
Pourcentage de femmes leaders citées
|
Nikki
|
31
|
2
|
6,45%
|
Boukombé
|
23
|
3
|
13,04%
|
Cobly
|
32
|
2
|
6,25%
|
Source : données de l'enquête
La moyenne de femmes leaders citées dans les 3 communes
est d'environ 8,5% ; un taux qui paraît faible. Mais, cela augure
d'un bon début d'éveil de conscience de la communauté
par le simple fait d'accepter qu'une femme soit aussi leader et contribuer
à impulser le changement dans son milieu. A Nikki par exemple, une
femme fait partie des premiers responsables de la commune (elle est adjointe au
maire).
D'autres indicateurs dans les données collectées
attestent que la place occupée par les femmes dans le
développement de leur localité est capitale. Voici quelques
résultats illustratifs :
Tableau n°10 : Place des femmes dans
les organisations/groupements locaux
Communes
|
Nombre de groupements touchés
|
Composition des groupements
|
Composition des bureaux
|
|
Total
|
Grpmts féminins
|
Grpmts
Masculins
|
Grpmts mixtes
|
Nbre total
|
Fem
|
Hom
|
Jeunes
(< 30 ans)
|
Nbre total
|
Fem
|
Hom
|
Jeunes
|
Nikki
|
20
|
7
|
4
|
9
|
2418
|
711
|
1247
|
460
|
181
|
59
|
77
|
45
|
Cobly
|
5
|
1
|
1
|
3
|
773
|
560
|
155
|
58
|
210
|
99
|
98
|
13
|
Boukombé
|
5
|
2
|
0
|
3
|
1420
|
1009
|
10
|
401
|
63
|
48
|
5
|
10
|
Source : données de l'enquête
A partir de ce tableau, on constate que les femmes ne sont
plus des membres passifs de la société. Elles militent dans des
groupements et ONG locales et participent au sein de ces groupements à
la prise de décisions. Mieux, elles prennent des initiatives pour
créer leurs groupements afin de contribuer à faire évoluer
certains stéréotypes comme "la femme est faite pour le
ménage", "une fille à l'école est une perte pour la
famille", "la femme ne doit pas parler en présence des hommes", etc.
Elles participent aussi aux réflexions sur des problématiques
telles que le mariage forcé, le mariage par échange, le trafic
des enfants, la scolarisation des filles, la gestion des ressources naturelles,
etc. Elles sont également très actives dans des secteurs de
l'économie tels que le petit commerce, la transformation des produits
agricoles, le maraîchage, etc. Elles participent activement aussi
à la réalisation des ouvrages communautaires en apportant de
l'eau, du sable et autres agrégats sur les chantiers.
2.3.1.2 Quelques initiatives porteuses des femmes
A Boukombé par exemple, les deux groupements
féminins avec lesquels des entretiens ont été
réalisés, sont : l'Union des Femmes pour le
Développement de Boukombé (UFeDeB) et Kitonna. L'UFeDeB,
créée seulement en 2003, a acquis une notoriété
au-delà de l'espace communal de Boukombé et s'est
enracinée dans toutes les localités de la commune (en disposant
de démembrements par arrondissement et par village). Sa
présidente fait partie des rares femmes leaders citées plus haut.
L'UFeDeB est reconnue dans le domaine de la scolarisation des filles,
du renforcement des capacités des femmes, de l'assistance aux
enfants vulnérables et en situation difficile, de la santé et de
l'environnement.
Nous avons participé à Boukombé, le 8
mars 2007, à la célébration de la journée de la
femme organisée par l'UFeDeB. Elle avait reçu à l'occasion
le soutien de plus d'une dizaine de partenaires, des notables, des donateurs
divers, du conseil communal et de la représentation du ministère
de tutelle, etc. Sans exagération, les participants étaient
évalués à près d'un millier. Le slogan de cette
journée était "tous unis pour le maintien des filles à
l'école". Kitonna, l'autre association de femmes, intervient dans
pratiquement les mêmes secteurs et les mêmes sphères que
l'UFeDeB et connaît l'adhésion d'au moins 38 ONG locales. Elle est
autant active que la première. Ce qui limite cependant l'action de ces 2
organisations locales est l'absence de collaboration entre elles et de mise en
synergie de leurs actions.
A Nikki, une expérience suscitée par le conseil
communal est actuellement en cours. En effet, il existe un nombre important
d'organisations de femmes au niveau de la commune (plus d'une centaine). Elles
s'organisent spontanément pour entretenir les places publiques dans
certains villages et quartiers de villes de Nikki. Cette initiative a valu, en
2005, à la commune de Nikki le 2ème prix de la
journée mensuelle pour un environnement sain (JMES) au niveau du
département du Borgou. Pour davantage motiver cette participation, le
conseil communal a initié un projet de création du
Réseau Communal des Femmes pour le Développement (RECFED).
Ce projet vise à contribuer à la promotion de la
femme au service du développement de la commune de Nikki à
travers l'appui à la création du réseau des femmes ;
l'accroissement de la capacité des femmes ; l'amélioration
de l'implication des femmes dans la prise de décisions et leur mise en
oeuvre. Le comité de pilotage de ce projet a d'abord mis en place des
réseaux d'arrondissement constitués de 3 femmes par village.
Celles-ci ont été identifiées au sein des organisations
locales. Les représentantes des réseaux d'arrondissement
composent le réseau communal. Le réseau devra finalement
impliquer 162 femmes (pour les 54 villages). Ces femmes se chargeront de
relayer l'information et de mobiliser les autres femmes qui sont
estimées à 40 000 au niveau des villages de la commune de
Nikki.
Outre les femmes, il existe d'autres formes d'organisations
participant à la dynamique locale au niveau des communes
touchées.
2.3.2 Les autres groupements locaux et
quelques limites de l'organisation de la communauté
Le tableau n°10 met également en relief
l'existence de groupements mixtes, masculins, et de jeunes auxquels s'ajoutent
divers comités actifs sur le plan du développement. Bon nombre de
ces organisations d'acteurs ont été créées sous
l'impulsion d'intervenants externes.
2.3.2.1 Les autres organisations ou groupements locaux
Dans chacune des communes, des organisations paysannes
existent dans presque tous les villages, notamment dans les secteurs agricoles.
L'organisation des producteurs dans certaines localités a permis, dans
le passé, de mobiliser d'importants financements pour contribuer
à la réalisation d'ouvrages communautaires et sociaux. Le
rôle de ces organisations agricoles ne s'est pas pour autant
émoussé de nos jours. Elles poursuivent la mobilisation et la
motivation de leurs membres malgré leurs moyens limités et les
problèmes auxquels le secteur agricole est confronté.
Dans d'autres secteurs tels que la santé,
l'éducation, l'environnement, les petites et moyennes entreprises, etc.,
il existe un nombre prolifique d'organisations locales. Elles jouent
généralement le rôle d'intermédiaire entre les
populations et les intervenants externes. L'avantage de leurs interventions est
leur proximité avec la population. Elles parviennent à mobiliser
d'une manière relativement facile la population autour des projets dont
l'élément déclencheur est externe à la
communauté.
A ces organisations locales s'ajoutent les comités de
gestion généralement créés avec l'avènement
des projets suscités par des intervenants externes. Ces comités
constituent pour certains de leurs membres un cadre réel d'apprentissage
et de recherche action à travers les diverses formations qui leur sont
données ; leur responsabilisation effective sur des actions
menées et leur considération sociale. Bien que la question
de leur pérennisation se pose souvent, ces comités servent
d'échelle sociale pour bien des membres.
Ces dynamiques locales louables sont cependant
confrontées sur le terrain à quelques contraintes.
2.3.2.2 Quelques limites à l'organisation des
communautés
Entre autres limites, on peut citer :
2.3.2.2.1 La quasi absence des cadres
d'animation communautaire
En effet, par rapport à l'interrogation visant à
savoir s'il existe un cadre d'animation dans la localité, 43 personnes
se sont prononcées à Nikki dont 20 ont répondu
"non ", à Boukombé 6 personnes sur 25 ont répondu
"non " et à Cobly 10 personnes sur 25 ont également
répondu "non ". A priori, la moyenne de "non" au niveau des 3
communes est de 39% (pour 61% de "oui "). Mais lorsqu'il s'est agi de
citer les cadres d'animation qui existent et les types de sujets
débattus, nous avons constaté qu'il est question simplement des
rencontres corporatives ou statutaires des organisations locales. En clair, il
n'y a pas, à proprement dire, de cadres d'animation communautaire bien
structurés et pilotés par des leaders pour débattre des
questions de développement dans les localités. Ce constat est
accentué par l'absence de plans de développement locaux qui
auraient pu être l'élément mobilisateur.
2.3.2.2.2 Le manque de collaboration
entre les principaux leaders d'opinion
Sur l'ensemble des leaders d'opinion que nous avons
interrogés, 100% ont reconnu l'existence d'autres leaders dans leur
localité. Mais lorsqu'il s'est agi de dire les formes de relation
entretenue entre eux, les réponses sont diverses. Ces réponses
oscillent entre "je n'ai pas de relation avec eux" (cette forme de
réponse est quasiment donnée par les Imams) et "j'entretiens
des relations d'amitié et de fraternité avec les autres". La
réponse ci-après : "nous entretenons des relations de
complémentarité car nous visons tous un objectif qui est le
développement de notre localité", a été
donnée par environ 50% des leaders interrogés. Alors qu'il serait
intéressant que la mise en synergie des idées, le partage et le
renforcement mutuel occupent une place de choix dans les préoccupations
des leaders.
2.3.2.2.3 La faible instruction et
l'analphabétisme des membres des groupements locaux
Le nombre de gens instruits ou alphabétisés dans
les groupements est très insignifiant par rapport au nombre total
d'adhérents tel que l'illustre le tableau ci-après.
Tableau n°11 : Rapport nombre
d'instruits/alphabétisés par rapport au nombre
total de membres
Communes
|
Membres des groupements touchés
|
Femmes dans les groupements
|
Hommes dans les groupements
|
Jeunes dans les groupements
|
Total
|
Instruits
(CM1 au BEPC)
|
Alpha bétisés
|
Total
|
Instrui tes
|
Alphabétisées
|
Total
|
Ins-truits
|
Alpha bétisés
|
Total
|
Ins-truits
|
Alpha
bétisés
|
Nikki
|
2418
|
83
|
231
|
711
|
18
|
83
|
1247
|
43
|
148
|
460
|
22
|
0
|
Cobly
|
773
|
40
|
19
|
560
|
9
|
11
|
155
|
31
|
8
|
58
|
0
|
0
|
Boukombé
|
1420
|
53
|
44
|
1009
|
39
|
37
|
10
|
14
|
7
|
401
|
0
|
0
|
Source : données de l'enquête
Lorsque nous prenons le cas de Nikki par exemple, sur 2418
membres au total, seulement 83 sont instruits, soit un taux de 3% ; de
même le nombre d'alphabétisés sur le total est de 231, soit
un taux de 10%. Ce taux est davantage faible lorsque nous entrons dans des
analyses catégorielles (sexe, âge). A Cobly par exemple, le taux
de femmes instruites dans les groupements est de 2% (par rapport au nombre
total de femmes), etc.
2.3.2.2.4 L'émiettement des
organisations locales et le cumul de plusieurs domaines opportunistes
Nous avons identifié dans la même zone
d'étude plusieurs organisations locales ou groupements d'acteurs qui
interviennent dans les mêmes domaines et sur les mêmes
problématiques ; chacun cherchant à capter les financements
des intervenants externes. C'est sans doute ce même souci de captation
des ressources qui les conduit à cumuler des actions dans plusieurs
domaines. Par exemple, divers groupements et ONG locales interviennent à
la fois dans l'éducation, la santé, l'agriculture (production,
transformation, élevage, maraîchage), l'environnement, etc. ;
de sorte qu'on se demande si les actions ainsi menées produisent de
véritables effets ou s'il s'agit de simples saupoudrages ou encore de
simples actions évènementielles à effets
précaires ?
Par ailleurs, il y a la question relative à la
monopolisation du pouvoir de décisions par quelques leaders influents du
milieu. En effet, certains ordonnateurs (leaders locaux) sont au centre de
toutes décisions à prendre concernant tout domaine de
développement du milieu. Ils n'ont mis en place aucun système de
gestion collégiale du pouvoir, encore moins de préparation de la
relève (transfert progressif du pouvoir aux jeunes gens dynamiques du
milieu). Leur empêchement ou absence provoque bien souvent un blocage des
activités dans le milieu. Le développement, faut-il le rappeler,
ne devrait pas être l'apanage d'une minorité influente ; mais
l'affaire de toutes les catégories sociales.
En somme, bien d'autres acquis en matière de la
dynamique locale et davantage de limites ou contraintes auraient pu être
exposés dans la présente partie. Mais, la délimitation du
volume du document nous oblige à nous en tenir à ceux-là.
Dans le chapitre qui suit nous avons jugé nécessaire de
décrire et d'analyser la démarche des intervenants externes.
TROISIEME CHAPITRE :
DESCRIPTION ET ANALYSE DE LA DEMARCHE D'INTERVENTION
DES ACTEURS EXTERNES DANS LES
ZONES D'ÉTUDE
Plusieurs intervenants externes, en appui aux acteurs locaux
des trois communes ciblées, mènent des actions dans
différents domaines de développement tels
que l'éducation, la sécurité alimentaire, la
gouvernance locale, l'agriculture, etc. Les démarches d'intervention de
ces acteurs externes ont été minutieusement questionnées.
Cependant, seules quelques unes seront décrites et analysées dans
le présent chapitre afin de nous conformer à la limitation de
pages. Notre choix a, de façon arbitraire, porté sur deux ONG
intervenant dans le domaine de l'éducation (CRS et Aide et
Action) ; sur une ONG spécialisée dans l'accompagnement
technique des organisations et structures locales (SNV) ; sur un projet
financé par la Banque Mondiale (PNDCC) et sur deux projets
cofinancés par plusieurs institutions internationales (PADEL et ADECOI).
Au total, nous présenterons ici la démarche de 3 ONG
internationales et celle de 3 projets financés par des institutions
internationales afin de diversifier les leçons à tirer.
3.1. LA DÉMARCHE DES 3 ONG INTERNATIONALES
CHOISIES
D'une façon générale, le rôle des
Organisations non gouvernementales (ONG) dans le développement local est
déterminant, en tant que catalyseur qui valorise les richesses locales
particulières que sont la capacité d'imagination, de formulation
et de mise en oeuvre des projets de développement, la solidarité
entre acteurs locaux, la capacité d'entreprendre, le partenariat et la
créativité. Cependant, le rôle des ONG apparaît bien
souvent comme un couteau à double tranchant.
D'un côté, elles sont à l'origine des
prises de consciences ; elles mobilisent les acteurs locaux autour des
enjeux de développement de leur localité ; elles appuient
l'exercice de la maîtrise d'ouvrage par les collectivités locales,
etc. Mais de l'autre, elles se comportent souvent comme des "des courtiers du
développement" (Olivier de Sardan et Bierschenk ; 1993)26(*) en se battant pour la
captation des ressources financières extérieures auxquelles elles
doivent pour la plupart du temps leur propre survie.
Les ONG adoptent sur le terrain plusieurs approches
d'intervention : le "top down" (ou la
démarche descendante) ; le "bottom up" (ou la démarche
ascendante) et l'approche interactive. Certaines ONG se contentent d'une
participation passive des acteurs locaux qu'elles prennent pour des
"bénéficiaires" ; d'autres poursuivent la participation
active des partenaires locaux en y mettant des moyens conséquents ;
d'autres encore se satisfont de la contribution, de la consultation ou de la
participation fonctionnelle des acteurs locaux.
Qu'en est-il concrètement de la démarche
d'action adoptée par les trois ONG choisies dans le cadre de notre
recherche ?
3.1.1 La démarche d'intervention
du CRS Bénin : étude de cas d'un projet d'appui à
l'éducation
Le projet d'appui à l'éducation dont la
démarche est décrite comme suit par un Administrateur de projet
au CRS, concerne les communes de Cobly et de Boukombé.
Le projet en question vise la scolarisation massive et le
maintien des élèves surtout filles à l'école. Trois
grandes étapes le caractérisent à savoir : (i) la
conception avec tous ses préalables ; (ii) la mise en oeuvre et le
suivi opérationnel ; (iii) l'évaluation. Mais avant de
développer ces étapes, il est nécessaire de dire ce que
l'ONG entend par "acteurs locaux" et comment le choix des zones
d'intervention est fait.
3.1.1.1 Les acteurs locaux
Le CRS/Bénin entend par acteurs locaux dans le cadre de
son projet d'appui à l'éducation : (i) les parents
d'élèves représentés par le Bureau des associations
des parents d'élèves ; (ii) les autorités politico
administratives : les élus locaux (Chefs de village et
d'arrondissement, Maires) ; (iii) les autorités religieuses
(Prêtres, Pasteurs, Imam, Chefs traditionnels, Rois, etc.) ; (iv)
les autorités de l'éducation : Directeurs d'écoles,
Conseillers pédagogiques, Chefs de circonscription scolaires,
etc.) ; (v) la coordination au niveau commune et Département des
associations des parents d'élèves ; (vi) les forces de
l'ordre, les tribunaux de conciliation, etc.
3.1.1.2 Le choix des zones d'intervention
Le choix des zones d'intervention du projet est fait de prime
abord sur la base de l'exploitation des statistiques scolaires et autres
sources d'informations. A ce niveau, les autorités de l'éducation
sont très sollicitées et associées à la formulation
des bases argumentaires.
3.1.1.3 La formulation du projet et de ses domaines
d'actions
Aux ateliers de formulation du projet (les objectifs, les
résultats, les indicateurs, les suppositions et les activités),
un certain nombre de partenaires sont associés en tant que parties
prenantes. Bien sûr, toutes les discussions sont cadrées par
rapport aux grandes lignes définies par le bailleur. Quelque fois, il
est difficile après avoir défini le problème central
à résoudre, de prendre en compte tous les souhaits des acteurs
locaux car le bailleur n'est pas prêt à tout financer. Souvent
dans ces cas, on convient avec les bénéficiaires du programme
(les parents d'élèves, élus locaux et enseignants) des
objectifs à retenir pour être dans la logique du bailleur.
Les informations collectées sont traitées par
l'équipe de conception et de finalisation du document de projet. A vrai
dire, à cette étape, les acteurs locaux ne sont pas suffisamment
impliqués. Parfois, c'est par faute de compétences locales
capables de bien s'impliquer dans la reformulation. C'est comme si l'exercice
les ennuyait. Ils ont été une ou deux fois invités
à Cotonou (surtout les maires, les Présidents des CAPE et autres
leaders) pour prendre part aux travaux de finalisation du projet.
Ils font avec CRS/Bénin assez de concessions pour se
situer dans le cadrage budgétaire proposé par le bailleur. Par
exemple, CRS/Bénin convient avec les parents et autres autorités
que le problème de pénurie d'enseignant de qualité est
crucial et joue sur la fréquentation mais le bailleur ne veut pas
financer le recrutement du personnel enseignant quoique le problème soit
pertinent.
Parfois, le bailleur rejette tel ou tel aspect du projet que
l'équipe de conception reprend sans re-contacter les partenaires locaux
par faute de temps ou de moyens. Dès que la forme finale du projet est
acceptée et financée par le bailleur, le document devient une
référence et tient lieu d'engagement. Un atelier d'appropriation
du document de projet est organisé à l'intention de toutes les
parties prenantes.
3.1.1.4 La démarche d'opérationnalisation et de
mise en oeuvre du projet
Le rôle de chaque acteur dans la mise en oeuvre du
projet (éléments d'implication) est décrit comme
suit :
CRS/Bénin met son équipe
d'exécution du projet en place. Il y a un animateur ou une animatrice,
pour deux ou trois communes de la même aire géographique ; un
superviseur encore appelé dans le contexte de ce projet `'Administrateur
de projet''. Cette équipe fait l'appui conseil, la formation et la
collecte des données de base pour la mesure de l'état
d'avancement du projet.
Les parents d'élèves à la
base : Organisés en comités ou bureaux, ils
sont très actifs dans la mise en oeuvre du projet. Ils font la
campagne pour l'inscription massive des enfants, la mobilisation sociale des
ressources pour nourrir les enfants à l'école, la lutte contre la
déperdition scolaire et le viol des droits des enfants. Chaque
année, CRS/Bénin les appuie dans la conception et la mise en
oeuvre de leur plan d'action pour la scolarisation des enfants surtout les
filles.
Les Coordinations des APE : Les
Coordinations sont dans le cadre du projet, les formateurs des APE. Elles sont
formées sur un certain nombre de modules relatifs aux rôles
et responsabilités d'une APE dans le développement de
l'école. CRS leur fournit des `'déparasitants'', elles
programment des campagnes de traitement de tous les enfants et le
réalisent. Elles ont reçu des motos de CRS pour les
activités d'hygiène et de santé dans les écoles et
elles rendent compte périodiquement lors des séances de suivi ou
d'évaluation. Tout ce qui se fait dans les écoles par CRS est
toujours partagé avec les coordinations des APE.
Les forces de l'ordre : Lors de
la conception du projet, elles sont identifiées comme les acteurs de
dissuasion et de répression pour les cas de mariage forcé, de
trafic d'enfants, d'abus sexuels et autres cas de non respect des droits de
l'enfant. Au début de chaque rentrée scolaire, elles sillonnent
les écoles pour sensibiliser les communautés rurales sur le droit
des enfants. Pour chaque acte allant contre la promotion de la scolarisation,
elles ont des systèmes d'informations et sont autorisées à
sévir contre les contrevenants. Elles sont des membres actifs des
comités communaux de l'éducation institués par les
élus locaux. Le dénuement qui caractérise aujourd'hui les
brigades rurales ne leur permet pas de bien jouer leur rôle. Mais chaque
fois qu'elles sont sollicitées, elles sont promptes à
réagir. Toutefois, elles se demandent pourquoi CRS ne peut pas les aider
en équipement (carburant, pneumatique, fournitures, etc.).
Les enseignants et les autorités de
l'éducation : Ils sont très impliqués
dans la mise en oeuvre du programme opérationnel. Les autorités
de l'éducation sont chargées d'identifier les besoins en
formation des enseignants, de concevoir les modules de formation, d'assurer les
formations et enfin d'évaluer les effets et l'impact des formations
données.
Sur l'aspect de gestion des cantines, les enseignants assurent
l'appui conseil de proximité aux parents.
Les maires et autres élus locaux, les
leaders d'opinions et responsables religieux : Leurs
rôles, pour la plupart du temps, se limitent aux cautions morales,
à la mobilisation sociale et aux règlements des conflits. Ces
rôles, apparemment anodins, sont très importants dans l'atteinte
des résultats. Dans le cadre du projet, ils ont contracté des
prestations avec toutes les radios communautaires.
Les radios communautaires : elles
sont des partenaires et prestataires dans le cadre du projet. Elles jouent un
important rôle dans la communication de masse, notamment par rapport
à toutes les activités qui requièrent la persuasion ou la
dissuasion. A tous les rendez-vous d'évaluation ou de programmation,
elles ont été invitées. Elles reçoivent des
formations et autre renforcement de la part de CRS.
Les autres ONG intervenant dans le
milieu : Il a été convenu d'instituer entre
tous les partenaires d'appui à l'éducation dans les communes, un
cadre de concertation ; mais les élus locaux qui doivent être
les initiateurs n'ont pas vraiment joué ce rôle. La concertation
est encore à l'état embryonnaire.
Le pouvoir déconcentré de
l'Etat : La préfecture, les directions
départementales de l'éducation et de la santé, les
ministères sont impliqués dans la présentation
périodique des bilans et la résolution des problèmes
importants tels que le viol des filles, le trafic des enfants, les grossesses
en milieu scolaire, etc. Ils apportent leur caution dans la mise en oeuvre du
projet. Le projet a institué des périodes
régulières de rencontre et de partage d'informations sur
l'état d'avancement des résultats à travers les
indicateurs objectivement vérifiables. En début
d'année et parfois au milieu de l'année, pour certaines
activités ou enjeux, la concertation est plus
régulière.
La mise en cohérence entre les
différents acteurs impliqués dans la mise en oeuvre du
projet :
La concertation est toujours régulée par CRS.
C'est lui qui centralise toujours les informations, fait le rapport et convoque
les sessions de concertation. Cette appropriation a du mal à prendre au
niveau de la mairie qui est considérée comme maître
d'ouvrage. Il y a aussi un problème de compétences qui se pose
dans les communes.
3.1.1.5 L'évaluation du projet
Il est prévu une évaluation à mi-parcours
du projet et une évaluation finale. Ce sont des experts qui sont commis
par le bailleur pour les mener. Chaque catégorie d'acteurs du projet est
impliquée dans cette évaluation. Il s'agit des évaluations
de type classique qui se font en quelques jours. Elles ne donnent souvent pas
suffisamment d'éléments d'appréciation pour des correctifs
ou redressements.
Les évaluations classiques impliquent très peu
les populations : les évaluateurs vont vers elles pour la collecte
d'informations en tant que bénéficiaires du projet ou des acteurs
à un niveau donné.
"Ce que nous faisons de façon concrète, en tant
que gestionnaire du projet, nous définissons chaque année avec
chaque type d'acteurs ou groupe d'acteurs le plan d'opérations le
concernant dans le cadre du projet. Les indicateurs de réalisation ou de
performances sont élaborés au début de chaque année
avec les partenaires et en fin d'année nous procédons à
une évaluation périodique. Cette méthode implique mieux
les partenaires locaux. Ils sont très motivés et
impressionnés par ce genre d'évaluation par objectifs et par
résultats. C'est l'expérience que nous faisons actuellement. Il
s'agit d'une évaluation participative par étape et par objectif",
affirme un Administrateur de projet au CRS.
3.1.1.6 La pérennité et la réplication
des actions menées
Certaines actions sont durables ou pérennes, vu
l'implication de tous les acteurs locaux et le rôle joué par le
pouvoir local. C'est l'exemple de la cantine endogène amorcée par
les parents pour régler le problème de la faim en milieu
scolaire. L'expérience est en train de bien prendre dans la commune de
Boukombé où CRS n'a donné aucun vivre pour la cantine. La
lutte contre l'enlèvement des filles pour cause de mariage ou pour
échanges peut toujours être menée après le retrait
de CRS, car tout le monde est maintenant conscient de l'enjeu et les structures
locales sont, à cet égard, bien opérationnelles. A
Boukombé par exemple, les comités sont très actifs. Mais
pour d'autres actions, il est difficile de parler de leur poursuite
après le retrait de CRS à moins que les élus locaux
trouvent assez de financement pour les multiples problèmes de
développement. Les priorités et les défis sont nombreux
dans les communes et les moyens très limités.
3.1.2 La démarche27(*) d'intervention de Aide et Action
L'ONG Aide et Action au Bénin,
spécialisée dans l'éducation pour le développement,
a contribué à la structuration des acteurs de l'éducation
dans plusieurs communes du Bénin dont les 3 communes touchées par
notre étude. Il s'agit des comités communaux de
l'éducation (CCE), mis en place entre 2002 et 2004. Cet appui à
l'émergence d'une société civile locale, s'inscrivait
aussi bien dans l'accomplissement de sa vision28(*) que dans le processus de la décentralisation
qui s'annonçait à l'époque. Les CCE, chargés
d'accompagner les dynamiques éducatives locales, et dont la mise en
place a précédé l'installation des mairies, étaient
devenus de fait des interlocuteurs privilégiés de l'ONG. Mais une
fois la décentralisation devenue effective, une autre catégorie
de partenaires, légitimée par la loi, a occupé le champ du
développement local qui englobe le secteur de l'éducation au plan
communal. Il s'agit des élus locaux.
En outre, dans le souci d'assurer une certaine synergie et une
meilleure efficacité dans les actions de la société civile
face aux enjeux de l'éducation pour tous dans le contexte de
décentralisation, l'organisation intercommunale de l'éducation au
Bénin (OICEB) a été mise en place grâce à
l'appui de Aide et Action Bénin. L'OICEB est
une organisation non gouvernementale à but non lucratif qui se veut,
à travers ses objectifs, une force d'influence, de proposition et de
mobilisation de ressources en faveur de la promotion d'une éducation de
qualité pour tous au niveau des communes béninoises.
Elle est composée statutairement des CCE, des mairies et de
toute autre association intervenant dans la promotion de l'éducation
pour tous au Bénin.
La démarche d'intervention de l'ONG repose donc sur
trois acteurs ci-après : les CCE, les mairies et l'OICEB. Aide et
Action a fait comme suit un bilan de l'évolution de sa démarche
sur la période allant de 2002 à 2004.
3.1.2.1 La
démarche de Aide et Action de 2002 à 2003 : affirmation de
la responsabilisation des acteurs
Dans sa convention d'objectifs 2002-2004, Aide et Action
Bénin a affirmé sa volonté de travailler dans une
démarche qui responsabilise les acteurs de l'éducation à
la base. Aide et Action devrait désormais accompagner les acteurs dans
le renforcement de leurs capacités et la réalisation de leurs
projets éducatifs. C'est donc dans ce souci que les CCE ont
été mis en place. Ceux-ci se retrouvaient au coeur de la
démarche d'intervention de Aide et Action au niveau local. Ils sont
responsabilisés sur l'étude, la validation, le financement et le
suivi de la mise en oeuvre des projets des organisations de base (OB) et autres
acteurs de l'éducation qui sollicitent l'appui de Aide et Action. En un
mot, les CCE avaient la maîtrise d'ouvrage communale pour la mise en
oeuvre des actions inscrites dans le cadre du partenariat avec Aide et Action.
Des protocoles étaient signés avec chacun des CCE pour formaliser
les engagements de chacune des parties.
Les étapes ci-après décrites
résument cette démarche : (i) formations des organisations
de base (OB) et CCE sur diverses thématiques pour le renforcement de
leurs capacités ; (ii) élaboration des micro projets
éducatifs par les OB et autres services déconcentrés de
l'Etat ; (iii) étude et validation des micro projets par les
CCE (avec l'appui du Conseiller de Aide et Action) ; élaboration
des requêtes de financement par les CCE et transmission à Aide et
Action ; validation et mise à disposition des financements
accordés dans les comptes des CCE ; (iv) répartition des
fonds aux OB par les CCE ; (v) suivi de la mise en oeuvre des projets et
justification des fonds par les CCE et assistés du Conseiller de Aide et
Action ; (vi) évaluation annuelle externe des projets
financés commanditée par Aide et Action.
3.1.2.2 La
démarche de Aide et Action à partir de 2004 en lien avec le
processus de décentralisation
Avec la prise de fonction effective des nouvelles
autorités locales, le contexte institutionnel d'intervention de Aide et
Action a évolué. La mairie à qui la loi confère la
légitimité en matière de maîtrise d'ouvrage au
niveau local constitue désormais l'épine dorsale de la
démarche de Aide et Action. Avec celle-ci, la mairie signe un protocole
de partenariat ; reconnaît le CCE et lui confère la maîtrise
d'ouvrage déléguée dans le secteur de
l'éducation ; contribue au financement des actions ; assure le
contrôle des actions mises en oeuvre et la gestion des ressources par le
CCE.
3.1.2.2.1 Les relations de Aide et
Action avec les trois types d'acteurs depuis 2004
Relations avec les CCE : Depuis
2004, Aide et Action ne signe plus de protocole de partenariat avec les CCE.
L'appui en leur direction fait désormais partie intégrante du
protocole signé avec les mairies. Dans ce contexte, Aide et action
apporte aux CCE son expertise en matière d'étude et de validation
des microprojets proposés par les organisations de base (OB), en
matière de gestion financière et de suivi de la mise en oeuvre
des projets réalisés par les OB. Etant garants de la gestion
efficace et efficiente des fonds mis à la disposition des OB, les CCE
s'assurent de l'effectivité des réalisations et centralisent les
pièces justificatives qu'ils transmettent aux comptables de Aide et
Action.
Relations avec les Mairies : La
mairie est aujourd'hui le seul véritable partenaire institutionnel de
Aide et Action au niveau communal. Le protocole de partenariat, signé
avec elle, précise entre autres, les objectifs, les résultats
attendus, les engagements des parties et toutes dispositions utiles à
une gestion sereine des relations entre Aide et Action et chaque mairie
concernée. Ces protocoles signés sur trois ans ont pour support
les Projets intégrés de développement de
l'éducation dans chacune des communes concernées. Il faut
signaler que ces protocoles font obligation aux élus locaux de
déléguer la maîtrise d'ouvrage aux CCE dans la mise en
oeuvre opérationnelle des actions retenues dans le cadre du
partenariat.
Le partenariat Aide et Action -
OICEB : Le positionnement de Aide et Action vis-à-vis
de l'OICEB dans sa démarche d'intervention participe du renforcement de
l'implication de la société civile et de la création d'un
mouvement national fort et engagé dans la promotion de l'Enseignement
Pour Tous (EPT) au Bénin. A cet effet, Aide et Action accompagne l'OICEB
sur deux axes : le développement de la notoriété de
cette structure d'une part, et le renforcement de ses capacités
techniques, organisationnelles et financières d'autre part. Un protocole
de partenariat précise les engagements de Aide et Action
vis-à-vis de cette organisation.
Au regard de tout ce qui précède Aide et Action
a décelé quelques marges d'évolution dans son
dispositif.
3.1.2.2.2 Les
problèmes liés à la démarche
Trois types de problèmes majeurs se dégagent des
relations institutionnelles avec ces principaux acteurs locaux à
savoir : (i) la viabilité des CCE ; (ii) le risque de
confusion dans la composition actuelle de l'OICEB qui se veut influente et
qui regroupe à la fois la société civile et les
représentants du pouvoir politique ; (ii) la complexité du
circuit de mise à disposition des subventions.
La viabilité des
CCE : ce problème se pose à deux niveaux qui
sont : (i) la légitimité institutionnelle des CCEet (ii) la
viabilité financière de ces structures. Sur le plan
institutionnel, le constat fait relève que certaines mairies ont
accepté de reconnaître les CCE du fait de la présence de
Aide et Action. En effet, la conditionnalité imposée par Aide et
Action dans la région Sud du Bénin pour la signature des
protocoles avec les mairies étant la reconnaissance officielle des CCE
et surtout l'acceptation du principe de la délégation de la
maîtrise d'ouvrage à ces structures. C'est dire que la
durée de grâce des CCE sur le plan institutionnel est
conditionnée par la présence de Aide et Action.
Dans la région Nord dont les communes de Nikki,
Boukombé et Cobly, le problème se pose en d'autres termes. La
présence des élus locaux dans les CCE est parfois source de
confusion et nécessite une clarification de la vision des acteurs et des
partenaires qui accompagnent le mouvement. En effet, le CCE dans sa
configuration actuelle n'est ni une commission communale29(*), ni une organisation
indépendante de la société civile. Cette confusion qui
n'est légiférée dans aucun texte de la
décentralisation peut être source d'inefficacité. Ces
constats ont des répercutions sur la viabilité financière
des CCE.
La dépendance financière des
CCE : La viabilité des CCE réside dans leur
capacité à se développer et à mobiliser des
ressources tant pour leur propre fonctionnement que pour l'accompagnement de la
mise en oeuvre des actions en faveur de l'éducation dans leur commune.
Pour la plupart des CCE, seule Aide et Action supporte leur fonctionnement
depuis 2002. Ceci amène certains partenaires nationaux et internationaux
à douter de la survie des CCE. Toutefois, dans la région Nord,
certains partenaires acceptent aujourd'hui de contribuer au renforcement des
capacités des CCE.
Par ailleurs, certains des membres CCE s'attendent à
des récompenses (rémunération) de la part de Aide et
Action au lieu d'oeuvrer pour leur indépendance financière
à travers des micro initiatives et la mobilisation de fonds propres.
3.1.3 La politique et l'approche de la
SNV30(*)
La SNV (Organisation
Néerlandaise de Développement), présente au Bénin
depuis les années 1970, a connu des mutations successives. Depuis avril
2003, la SNV-Bénin est passée d'une structure d'exécution
de projets à une structure de conseil et de facilitation de processus,
de façon à se rendre plus utile dans le contexte sociopolitique
béninois marqué par la décentralisation qui confère
la responsabilité du développement local aux collectivités
territoriales décentralisées.
3.1.3.1 Le renforcement de capacités
La SNV est une organisation internationale d'appui conseils
intervenant sur tout le territoire du Bénin pour la gouvernance locale.
Sa mission est de : "Fournir des conseils, le
partage des connaissances, le partenariat durable et le plaidoyer en terme de
facilitation pour le développement des capacités des partenaires
locaux de niveau intermédiaire dans le cadre de la bonne gouvernance et
la lutte contre la pauvreté ..."31(*).
Elle a pour vision : "La présence d'organisations
locales pérennes qui ont la volonté et la capacité de
contribuer à l'aboutissement d'une société
équitable pour le développement durable"32(*).
Son objectif est de contribuer à la mise en oeuvre
efficace des orientations stratégiques nationales à travers le
renforcement du cadre institutionnel existant pour une gestion transparente du
développement local.
Pour atteindre les objectifs fixés la SNV a
développé des produits en termes de facilitation du processus
en : (i) conseil en renforcement organisationnel ; (ii) conseil en
développement institutionnel ; (iii) conseil en maîtrise
d'ouvrage (iv) conseil en gestion des ressources naturelles et
assainissement ; (v) conseil à la bonne gouvernance pour
l'amélioration de l'accès aux services de base et autres
impacts ; (vi) conseil en montage et gestion des projets ; (vii)
conseil à la planification locale ; (viii) contribution à
des innovations économiques, renforcement d'esprit "entrepreneur",
amélioration de gestion d'entreprise, création d'emplois et
amélioration du fonctionnement d'un nombre de filières
agricoles.
La politique générale de la SNV Bénin est
axée sur le développement durable des organisations locales, des
partenariats durables pour la complémentarité de ses actions.
3.1.3.2 Le
développement du partenariat
L'environnement institutionnel de la SNV dans le Nord du
Bénin est caractérisé par la présence de nombreux
partenaires au développement, des Organisations de la
Société civile (ONG, Associations, structures
faîtières), les services déconcentrés de l'Etat et
les Administrations communales et préfectorales.
La SNV a prévu qu'en 2007, 95% de ses interventions
passent à travers les programmes déjà établis et
fonctionnels des partenaires au développement. Ceci, pour assurer d'une
façon concrète le renforcement des capacités des ONG
locales afin de les transformer en de véritables Local Capacity Builders
(LCB), aider les municipalités à jouer réellement leur
rôle de facilitateur, et pouvoir créer l'environnement favorable
pour le développement de l'économie locale.
Le portefeuille d'actions dans les départements de
l'Atacora et Donga permet de : (i) rendre concret l'appui aux
organisations de la société civile (OSC) en établissant un
trajet clair pour qu'elles se développent pleinement et deviennent de
véritables LCB ; (ii) établir la synergie entre
l'administration communale, les OSC et le secteur privé pour une
participation complète de la communauté au développement
de la cité.
Pour ce faire, « le portefeuille continuera
d'appuyer 6 communes (Kouandé, Matéri, Boukombé, Cobly,
Tangiuéta & Djougou) à travers un programme
intégré de concert avec les partenaires (Plan Bénin, GTZ,
Louvain Développement, Logo programme et la Préfecture). Nous
n'aurons pas de contrat de renforcement des capacités avec les communes,
mais nous établirons des conventions ou protocoles ou contrats avec les
partenaires au développement pour renforcer les services qui travaillent
avec les OSC & OP (organisations paysannes) pour l'augmentation des revenus
et emplois ; l'amélioration des services de base :
éducation, eau et assainissement. Nous prêterons aussi une
attention particulière sur le rôle de la mairie en tant que
facilitateur qui garantit la synergie, qui assure et crée un climat
favorable pour un développement durable »33(*).
Les différents partenaires au développement
retenus sont : PAMRAD, GTZ/PPA/ PDDC, LISA, Plan Bénin, Protos, PNE et
Aide et Action. Ces partenaires oeuvrent à travers leurs
programmes/projets pour l'appui à la décentralisation dans le
souci de contribuer à l'amélioration des conditions de vie des
populations, et ainsi, favoriser l'atteinte des objectifs du millénaire
pour le développement.
« En travaillant avec les OSC ou un partenaire au
développement dans une commune, nous avons toujours l'obligation de
faciliter la synergie en alliant la mairie et les différentes structures
concernées »34(*).
Pour une intervention efficace et efficiente, surtout dans un
esprit de complémentarité et de synergie, le bureau Nord de la
SNV développe des alliances stratégiques avec d'autres structures
intervenants dans la gouvernance locale comme :
- La convention tripartite de collaboration avec Louvain
développement et 3 ONG partenaires dans le cadre du projet LISA, vise le
renforcement de capacités de ces dernières pour l'augmentation de
la production locale et les revenues à travers la
Sécurité Alimentaire, micro crédit et mutuelles de
santé.
- Le partenariat avec PROTOS pour l'appui à la
maîtrise d'ouvrage communale autour des infrastructures d'hydraulique et
d'assainissement
- La convention de Partenariat avec Aide et Action pour le
renforcement de capacité des Conseils Communaux et des Comités
Communaux d'Éducation (CCE) dans le domaine de l'éducation pour
l'accès à une éducation de qualité.
- La convention avec la GTZ qui vise l'appui aux communes pour
l'augmentation des revenus à travers la mobilisation des ressources
endogènes : les finances locales
- Le partenariat avec Plan Bénin pour l'augmentation de
la production, des revenus locaux, de l'accès à
l'éducation, la santé, l'eau et l'assainissement à travers
le renforcement des OSC & autres acteurs locaux.
- Le partenariat avec PAMRAD pour l'appui au
développement organisationnel des Organisations Paysannes et Unions
communales des producteurs de riz dans les départements de l'Atacora
& Donga à travers (i) l'analyse organisationnelle &
institutionnelle des OP/UCPR ; (ii) un appui en matière du
renforcement des capacités organisationnelles et d'analyse de la
chaîne de commercialisation.
« Nous continuerons à participer au
développement des connaissances à travers les groupes
thématiques (Développement local, Genre, Environnement) issus de
la table ronde des partenaires internationaux intervenant dans le
département. De même le bureau sera plus actif au forum des
intervenants des départements de l'Atacora/Donga et tout autre cadre
offrant la possibilité de partager & d'échanger les
expériences liées à nos domaines d'impact»35(*).
3.1.3.3 Quelques acquis de la SNV-Bénin
- Facilitation du processus d'élaboration de plans de
développement dans une trentaine de communes sur l'ensemble du
territoire national dont les communes de Cobly et de Boukombé.
- Accompagnement dans la mise en oeuvre des plans de
développement dans la plupart de ces communes.
- Accompagnement de plus d'une dizaine de communes dans le
développement du secteur privé.
- Renforcement organisationnel de cinq structures /
Organisations de la Société Civile.
- Appui-conseil à une OSC spécialisée
dans le domaine de l'agro-pastoralisme.
- Appui à la réalisation des analyses de la
pauvreté dans une perspective de genre.
- Formation des partenaires et clients en genre et
développement.
3.2 LA
DÉMARCHE D'INTERVENTION DES 3 PROJETS FINANCÉS PAR LES
INSTITUTIONS INTERNATIONALES
Les organisations internationales de développement
jouent trois principaux rôles dans les pays en voie de
développement (PVD) à savoir : (i) aider les Etats à
identifier les problèmes techniques dans les secteurs de
développement ; (ii) aider à trouver des solutions
stratégiques aux problèmes identifiés et (iii) informer
les Etats sur les opportunités de financement sur le plan mondial. Pour
ce faire, elles adoptent quatre types de politique d'accompagnement aux actions
de développement. Il s'agit de l'appui aux projets ; des
initiatives PPTE (Pays pauvres très endettés) ; de
l'approche sectorielle et de l'appui budgétaire.
L'appui aux projets est l'approche qui nous
intéresse dans le cadre de notre recherche. Il suppose
l'élaboration d'un document de projet soumis à un bailleur.
Après validation, une équipe de projet est mise en place pour
l'exécution du projet. Cette équipe rend compte au bailleur.
Cette démarche longtemps adoptée par les bailleurs et qui a le
mérite de parvenir à des résultats vérifiables, est
aujourd'hui critiquée pour les raisons suivantes : (i) la lenteur
des procédures ; (ii) la multiplicité des procédures
en fonction des bailleurs ; la création de mécanismes
parallèles de gestion qui échappent au contrôle des
institutions de l'Etat ; etc.
Nous n'allons pas nous attarder sur les griefs portés
contre l'approche d'appui aux projets adoptée par des bailleurs. Ce qui
nous intéresse le plus ici, c'est la démarche de mise en oeuvre
adoptée par l'équipe de gestion de projet mise en place.
3.2.1 La démarche d'intervention
du PNDCC36(*)
La mise sur pied du Projet National d'appui au
Développement Conduit par les Communautés (PNDCC),
appuyé par la Banque Mondiale, est une initiative du gouvernement du
Bénin. Ce projet en articulation avec la stratégie de
réduction de la pauvreté au Bénin, envisage d'appuyer les
quatre axes stratégiques du gouvernement en matière de : (i)
renforcement du cadre macro-économique ; (ii) développement
du capital humain et la gestion de l'environnement ; (iii) renforcement de
la bonne gouvernance et des capacités institutionnelles notamment ;
(iv) promotion de l'emploi durable et la participation des pauvres au processus
de décision et de production.
3.2.1.1 Les objectifs du PNDCC
L'objectif du PNDCC est de : contribuer à la
réduction de la pauvreté et à la promotion d'un
développement durable en consolidant le cadre national de
développement communautaire dans le contexte de la
décentralisation /déconcentration.
De manière spécifique, le projet vise
à : (i) développer une stratégie nationale
basée sur l'approche DCC, sur la base du capital d'expérience du
pays, intégrée dans le processus de décentralisation ;
(ii) appuyer la mise en oeuvre par les communautés de micro-projets
initiés par elles pour l'accès aux services sociaux et les
services de micro finance, le renforcement du capital social et
économique local ; et (iii) renforcer les capacités des
communautés, des communes et des services sectoriels
déconcentrés pour la mise en oeuvre réussie du
développement communautaire dans le cadre du processus de
décentralisation/déconcentration, et notamment la transition
à terme pour le financement des communautés à travers le
budget dans le contexte de la décentralisation fiscale.
3.2.1.2 Les composantes du PNDCC
La mise en oeuvre de ce projet s'articule autour de quatre
composantes que sont :
Composante 1.
Elle porte sur l'appui au développement
communautaire pour l'accès aux services sociaux de base (50-60% du
montant du Projet). Cette composante financerait des microprojets
d'accès aux services sociaux de base (éducation, santé,
eau, pistes rurales, stockage nourriture, etc.) Les microprojets
pourraient soit viser la construction d'infrastructures ou être plus
orientés vers des activités plus « soft »,
par exemple des projets pour la rétention des élèves
à l'école, l'alphabétisation, etc. Les projets seraient
initiés, soumis, et mis en oeuvre par les communautés de base,
qui seraient responsables de tout le processus, y compris la gestion
financière, l'aménagement environnemental et la passation des
marchés.
Le processus de préparation des microprojets
comporterait une phase d'évaluation participative de la pauvreté
permettant de fixer la situation de pauvreté de la communauté et
une phase de planification participative pour le choix du type de microprojet.
Les propositions de microprojets seraient évaluées par un
comité technique situé au niveau communal sur la base de
critères d'éligibilité prédéterminés
pour assurer notamment la conformité du microprojet avec : (i)
l'évaluation participative de la pauvreté dans le village ;
(ii) l'approche participative de la planification ; (iii) le Plan de
Développement Communal ; (iv) les normes sectorielles applicables
et (iv) les besoins de renforcement des capacités de la
communauté.
Composante 2.
Elle porte sur l'accès des plus pauvres aux
services d'appui aux activités génératrices de revenus
incluant la microfinance. L'équilibre entre la génération
des revenus et les dépenses sociales reste un défi majeur des
processus de développement à la base. Cet équilibre fait
face à deux risques principaux : (i) le fait de demander une
contribution financière - même faible - des populations à
la réalisation des dépenses sociales demande souvent des efforts
considérables à ces populations pauvres, ce qui entraîne
parfois la réduction de leurs investissements productifs, pouvant aller
parfois jusqu'à la décapitalisation de leur exploitation
agricole ; (ii) toute infrastructure sociale entraîne des frais
récurrents (maintenance physique, appui partiel ou total au paiement des
enseignants, des soignants, frais induits par la scolarisation des enfants,
etc.). Pour compenser ces risques, il est indispensable d'aider à la
création de nouvelles ressources.
Composante 3.
Elle porte sur le renforcement des capacités des
acteurs à mettre en oeuvre le DCC (15% du montant du Projet). Le
renforcement des capacités pourrait être articulé autour
des axes suivants : Niveau Central, Niveau Sectoriel ; Niveau
Communal, et Niveau Communautaire. En ce qui concerne le niveau communautaire,
le renforcement des capacités des communautés à la mise en
oeuvre de l'approche DCC pourrait prendre la forme : d'un programme de FGB
dirigé non seulement vers les responsables des villages (pour la
planification participative) et des comités des microprojets pour (i)
l'analyse de la pauvreté économique et sociale et ses
implications ; (ii) la gestion financière, la passation des
marchés, le marketing, et le suivi évaluation au niveau
communautaire ; et (iii) l'évaluation et l'aménagement des
impacts environnementaux et sociaux des microprojets et des investissements
collectifs productifs.
Composante 4.
Elle porte sur la gestion du projet (5-10% du montant du
Projet). Il a été convenu que la gestion du projet soit
confiée à l'AGeFIB37(*) selon des modalités s'inspirant de celles qui
on été utilisées pour le projet PPLS de lutte contre le
VIH/SIDA.
3.2.1.3 Approche du PNDCC tirée de l'enquête
terrain
D'après les données de notre enquête
terrain auprès des cibles bénéficiaires du PNDCC, les
microprojets sont élaborés par des associations de
développement aidés par les ADC (agents de développement
communautaire). L'argent correspondant au montant des microprojets est
viré dans le compte des ADD (sur la base du carnet d'ouverture de
compte). Elles conduisent le processus d'appel d'offre jusqu'à la
réalisation de l'ouvrage communautaire. Le contrôle est fait par
le PNDCC/Agefib lorsqu'il s'agit d'un ouvrage communautaire et par le
PNDCC seulement lorsqu'il s'agit d'un ouvrage communal.
3.2.2 L'approche38(*) de mise en oeuvre du PADEL
Le Projet d'appui au développement local
(PADEL) a été cofinancé par le FENU, le PNUD, le
Gouvernement béninois et la contrepartie des bénéficiaires
de 1996 à 2001 pour un montant de 5 816 880 $ US. Les champs
d'action de ce projet touchent entre autres la capacitation des acteurs locaux
et l'assainissement du secteur économique des communes touchées
par l'étude.
3.2.2.1 Les antécédents et les objectifs
visés
La conception initiale du Projet d'Appui au
Développement Local dans le Borgou-Est et l'Atacora-Ouest a
été réalisée en 1993, suite à une mission de
reconnaissance dans ces deux zones, situées au Nord du Bénin. Les
membres de la mission avaient alors observé le paupérisme qui y
régnait, caractérisé principalement par la faible
productivité des activités économiques et les grandes
lacunes de la commercialisation des produits, le manque d'accès aux
services sociaux de base, l'absence d'investissements sociaux et productifs,
l'incapacité des populations et des agences locales à se prendre
en main.
Le PADEL s'inscrit dans une stratégie d'appui au
développement à la base et de promotion des fonctions
essentielles des collectivités locales, et dans le cadre de la
stratégie d'appui à la mise en oeuvre du Programme National de
Décentralisation. À ce niveau, il vise à appuyer le
développement local et régional par : (i) l'accroissement
de la productivité des agro-pasteurs et l'intensification de la
valorisation des produits locaux et (ii) la promotion des micro-entreprises
privées.
Les objectifs immédiats sont : (i) Améliorer le
cadre de vie des populations et relancer la croissance économique
à la base en mettant en place un outil de financement
adéquat ; (ii) Augmenter les capacités d'initiatives et de
gestion des collectivités locales dans la vie économique et
sociale locale ; (iii) Promouvoir les micro-entreprises en favorisant
l'accès à des services financiers appropriés.
3.2.2.2 L'approche préconisée de
développement
Le PADEL mise sur l'adhésion entière des
populations au processus de leur propre développement, à travers
leur participation effective à toutes les phases que comporte ce
processus depuis l'acquisition d'une connaissance globale du milieu conduisant
au choix des villages et communes à être appuyées par le
Projet, jusqu'à l'auto régie du développement local. Pour
encourager la mobilisation des populations locales, le Projet mise sur les
techniques de sensibilisation et un suivi serré du processus
engagé et offre divers modules de formation.
Les interlocuteurs privilégiés du Projet
sont :
- Le CVD (Comité villageois de développement)
qui approuve le PTIV (Programme triennal d'investissement villageois) et se
réunit mensuellement pour assurer le suivi des
réalisations ; par le biais de comités
spécialisés (de gestion, de suivi), il prend également en
charge le problème de l'entretien et de la gestion des
équipements réalisés. Il est responsable avec la CPP du
Programme Triennal de Développement et surveille attentivement les
contrats passés entre les groupements villageois et la Cellule de
Pilotage.
- Le CCD (Comité communal de développement qui
approuve le PTIC (Programme triennal d'investissement communal), qu'il a
conjointement préparé avec les CPP ou autres opérateurs
qualifiés, et se réunit tous les 3 mois pour en assurer le suivi
et faire des recommandations.
Le dispositif d'appui du PADEL comprend : les
opérateurs ; les ONG pour l'appui de base aux groupements
villageois ; l'AGDSD39(*)
pour tous les aspects liés aux réalisations physiques ; etc.
3.2.2.3 Le mécanisme de financement et les
bénéficiaires ciblés
Le projet a prévu trois types de fonds. Il s'agit (i)
du Fonds de Développement Villageois (FDV), (ii) du Fonds
d'Investissement Local (FIL) ; (iii) et du Fonds de Promotion des
Initiatives Privées (FPIP). Ces 3 fonds forment l'épine dorsale
de l'approche PADEL, dans le sens où leur action conjuguée
assiste financièrement les composantes principales de tous les niveaux
de la dynamique de progrès/développement locale : les groupes et
associations, les communautés/communes, et les forces économiques
actives de la société civile. Les bénéficiaires
sont les populations les plus défavorisées, notamment les femmes
et les jeunes, et les structures locales telles que les groupements villageois
et les collectivités locales (mairies).
3.2.2.4 Quelques appréciations des évaluateurs
sur la mise en oeuvre du PADEL
Elles portent sur divers aspects que nous parcourons
ci-dessous.
3.2.2.4.1 L'amélioration de
l'accès aux infrastructures sociales et économiques
Malgré les quelques difficultés
rencontrées pour la réalisation des ouvrages, comme les retards,
la faiblesse des contributions des localités, l'absence pendant un
certain temps du PADEL ou des comités au processus du choix des
entrepreneurs, la participation des bénéficiaires aux diverses
étapes du processus de construction et de supervision est un acquis fort
favorable à l'épanouissement et consolidation des
sociétés locales. Le symbole d'accomplissement participatif est
en soi un motif de fierté locale incroyable qui vient s'ajouter aux
autres acquis du Projet que sont l'acquisition d'une nouvelle perception de la
situation locale et la conviction de pouvoir par l'action au sein des
communautés atteindre un mieux-être collectif.
3.2.2.4.2 L'amélioration des
capacités institutionnelles et de gestion des comités locaux de
développement
Dans le cadre de son opérationnalisation, le PADEL a
mis en place des structures appelées comités de
développement. Les membres de ces comités ont reçu
plusieurs formations pour le renforcement de leurs capacités de
négociation et de prise de décision au niveau des
communautés villageoises.
Mais ces comités de gestion du développement
local sont encore faibles et ne peuvent survivre si les efforts entrepris ne
sont pas poursuivis. En d'autres termes, la pérennisation de ces
comités à la fin du projet est incertaine car leur structuration
et leur fonctionnement sont encore fragiles. Il est donc nécessaire de
poursuivre le renforcement des capacités de ces comités afin de
consolider les acquis.
3.2.2.4.3 Le renforcement des
capacités de maîtrise d'ouvrage
Le PADEL, avec sa démarche participative
d'intervention, a suscité auprès d'une partie notable des
bénéficiaires, surtout celui des responsables des comités,
un sens réel de responsabilité vis-à-vis des
infrastructures réalisées. Le fait que ce soit les populations
elles-mêmes qui décident de leurs priorités en
matière d'infrastructures, qu'elles contribuent au financement des
travaux et qu'elles soient associées à toutes les étapes
de mise en place a permis aux bénéficiaires de comprendre qu'ils
ont un rôle important à jouer dans la pérennisation des
infrastructures.
Il en ressort qu'avec l'intervention du PADEL, les
capacités de maîtrise d'ouvrage des bénéficiaires se
sont renforcées. Cependant, pour les conforter dans leur nouveau
rôle, il va falloir, dans l'éventualité où il y
aurait une suite au Projet, désigner officiellement les CCD et les CVD
comme maîtres d'ouvrage délégués dans le Projet et
les former afin qu'ils honorent effectivement leurs obligations en
matière de passation des marchés.
3.2.2.4.4 L'accès des pauvres et
des femmes au crédit
Si l'on prend en ligne de compte le retard de lancement des
opérations de crédit et le peu de support d'animation qu'elles
ont reçues, cette offre de crédit aux pauvres et aux femmes a
été un succès qui s'est traduit par le bas niveau
d'impayés enregistré. Sa réalisation a ouvert chez ces
groupes une foule de possibilités qui se sont traduites dans des
initiatives économiques, et chez plusieurs par une hausse de statut
social.
- Effets induits ou probables relatifs à
l'accès des pauvres et des femmes à la
microfinance :
Le FPIP a pour rôle l'appui aux dynamismes privés
locaux de développement. Comme tel, il a touché directement des
groupes de la population rarement visés par les mécanismes
financiers de support des projets de développement, en
général parce que les montants concernés sont trop peu
volumineux pour être incorporés aux pratiques de prêt des
banques ou des caisses. La variété des activités
résultant et le nombre d'emprunteurs montrent bien la viabilité
d'un tel mécanisme pour la création d'une mouvance de
création d'entreprises à petite échelle qui s'ajouteraient
à d'autres manifestations économiques pour motiver l'existence
d'une économie locale solide et durable.
3.2.2.4.5 Le potentiel de
pérennisation des activités et des acquis
Le PRODOC envisageait déjà que la
pérennisation des effets du Projet serait garantie par le Programme de
formation, la mobilisation des contreparties et le renforcement des
capacités des ONG et intermédiaires locaux. On peut ajouter
à ces modes d'intervention l'intérêt qu'a suscité le
PADEL dans les communautés et diverses composantes de la
société locale. La pérennisation des activités et
des acquis d'un projet, évidemment, dépend en grande partie du
cadre social et politico-institutionnel qui le conditionne et le normalise.
Dans le cas du PADEL, il s'agit de la décentralisation qui ne s'est pas
encore concrétisée au niveau local.
3.2.2.4.6 Le programme de formation du
PADEL
On n'a jamais trop répété que l'approche
participative au développement local est en quelque sorte un processus
global de formation des bénéficiaires. Ceux parmi ces derniers
qui ont participé aux activités d'introduction et de
réalisation du Projet et/ou ont suivi des cours de formation offerts par
celui-ci à travers des organismes spécialisés ou par le
biais d'opérateurs comme les agences de génie rural ou de
financement, sont aujourd'hui beaucoup plus aptes à se prendre en mains
ou accepter certaines responsabilités de représentation locale.
3.2.2.4.7 La mobilisation des
contreparties issues des populations
Le problème de la contribution des
bénéficiaires au financement des microprojets d'infrastructures
subsiste. En gros, les attentes du PRODOC fixées à 20% des
coûts n'ont pas été entièrement satisfaites. Le
niveau moyen de contribution s'élevant à 11,2% - soit 15,7% dans
le Borgou-Est et 6,9% dans l'Atacora-Ouest. Les membres de la mission
considèrent toutefois que ce niveau de contribution, bien qu'en soi
relativement faible, est acceptable vu les revenus très modestes des
bénéficiaires et le nombre important de microprojets d'agences
diverses exigeant des contributions similaires. Pour certaines infrastructures
onéreuses présentant, en plus de retombées purement
économiques, certains avantages sociaux - comme les pistes et les
retenues d'eau - il serait indiqué de revoir le niveau de participation
à la baisse. Cependant, le Projet n'a connu aucune difficulté
quant à la contribution des populations en investissements humains, la
mobilisation de la main d'oeuvre étant très élevée.
3.2.2.4.8 Le potentiel de
reproductibilité des activités et des acquis
En matière de reproductibilité, les
évaluateurs du PADEL ont mis l'accent sur les observations
suivantes :
1) Comme règle générale de
développement, la reproductibilité se concrétise plus
aisément quand les activités servant de référence
touchent des domaines d'intérêt personnels, communs ou
communautaires immédiats, perçus comme tels par les
populations, et dont la réalisation peut être faite
par des habitants de la région à l'aide de moyens qui sont
disponibles, de préférence localement. La motivation des groupes
concernés à travers leur participation effective aux
différentes étapes du processus de développement depuis la
préparation des diagnostics, la formulation des Programmes Triennaux
d'Investissements, l'élection de leurs représentants dans les
comités de développement, la signature de contrats et de
conventions, le suivi des activités et la gérance des acquis,
instaure une compréhension différente des milieux naturels et
socio-économiques. Ceci a été observé dans les deux
zones, notamment par les membres de la mission. Cette appréhension
inédite du milieu est une condition indispensable au renouveau local,
mais son développement nécessite une période de temps que
les projets en général, et celui-ci en particulier, offre peu
souvent.
2) Une deuxième règle du
développement est qu'il procède par la création de remous
d'intérêts et d'activités, pas nécessairement
importants par le nombre d'adhérents mais plutôt par le grade
d'affiliation qu'il provoque ou par le désir de joindre qu'il
inspire. Le développement pris dans son ensemble
n'accapare l'ensemble d'une population que le jour où le premier a
dépassé le stade de son introduction. En 5 ½ années,
le Projet a commencé à fragiliser la mentalité et
certaines pratiques du sous-développement, et la pose de ce jalon a
ouvert la porte du changement pour ceux des habitants qui désirent
varier leur destin et devenir les chefs de file du développement
local.
3.2.3 L'approche40(*) de mise en oeuvre de ADECOI
Le projet ADECOI41(*) est cofinancé par le FENU, le fonds belge de
suivi, le PNUD, le Gouvernement béninois et la contrepartie des communes
bénéficiaires pour un coût global de 5 311 938 $
E.U.
3.2.3.1 Les antécédents et les objectifs du
projet
Le projet d'appui au développement communal et aux
initiatives locales dans le Borgou (ADECOI) fait suite au PADEL depuis 2003.
L'objectif du projet ADECOI est d'accompagner la mise en place des nouvelles
communes dans le département du Borgou au Bénin afin de faire de
l'institution communale un instrument de réduction de la
pauvreté. A travers un système de programmation locale ouvrant de
larges opportunités d'investissements et de renforcement des
capacités de tous les acteurs locaux de développement, il s'agit
de parvenir à une amélioration durable des modes et des moyens
d'existence des populations de sept communes partenaires.
3.2.3.2 L'approche et la démarche adoptées
La commune se trouve au centre de toutes les
problématiques de développement à résoudre par
ADECOI. A travers le maire et le conseil communal, la commune est la principale
responsable pour toutes les décisions de planification, de programmation
de financement, d'incitation aux initiatives communautaires et de gestion des
fonds ainsi que d'obligation de rendre compte à ses citoyens de
l'utilisation des subventions allouées par le Fonds de
développement local. Il est prévu que : (i) la commune veille
à créer les meilleures conditions d'expression des besoins des
populations locales dans le cadre du dispositif organisationnel et
institutionnel de planification locale, de consultations sur les choix
définitifs des projets et d'évaluation des résultats des
différents programmes ; (ii) le projet ADECOI appuie la commune pour
qu'elle assume convenablement ces fonctions techniques, économiques et
financières.
Le Conseil départemental de concertation et de
coordination (CDCC) institué par le décret 411 du 15 octobre 2001
a été retenu comme la structure départementale de
référence pour la coordination des actions de programmes
communaux appuyés par le projet ADECOI. Il a un rôle important
à jouer dans l'appréciation des actions et projets inscrits dans
le plan de développement communal (PDC) et les plans d'investissement
communal (PIC) par rapport à leur cohérence avec les politiques
sectorielles de l'Etat. Il a été retenu pour jouer le rôle
de comité de pilotage du projet ADECOI.
Une Unité d'Appui-Conseil (UAC) a été
mise en place dans la zone du projet. Elle est composée d'une
équipe pluridisciplinaire réduite de techniciens. Le rôle
de l'UAC consiste à : (1) veiller au bon déroulement des
composantes du projet et de toute l'expérience en matière de
gestion de ressources du fonds de développement local (FDL) et de
maîtrise d'ouvrage locale ainsi que d'appui aux initiatives locales de
dynamisation des économies locales ; (2) identifier et mobiliser les
compétences requises pour l'appui et l'assistance à la
maîtrise d'ouvrage communale et pour le renforcement des capacités
des organisations de base ; (3) ajuster les outils en fonction des dynamiques
constatées sur le terrain ; (4) suivre l'exécution des programmes
communaux engagés.
3.2.3.3 Les instruments et approches de ADECOI
Le projet ADECOI a prévu comme « instruments»
: un système d'information et de communication à l'échelle
communale, un système de planification participative, un outil de
financement décentralisé (FDL), un volet de renforcement des
capacités et des outils de coordination et de concertation du
développement des communes. Quelques uns de ces instruments sont
abordés ainsi qu'il suit :
3.2.3.3.1 Processus de planification et
de budgétisation
La planification et la budgétisation des actions de
développement local, en tant que porte d'entrée et substrat des
financements réalisés dans le cadre du FDL, ont été
réalisées suivant un processus largement participatif comportant
plusieurs points saillants. Le déroulement du processus a suivi entre
autres les étapes ci-après :
1. Information et sensibilisation des
populations :
Des campagnes d'information et de sensibilisation des
populations ont été organisées dans les 269 villages que
comptent les 7 communes de la zone d'intervention du projet ADECOI. Les membres
des CCD sont passés dans chacun des villages pour informer les
populations du démarrage du processus de planification et du programme
de déroulement des activités et ont retenu de commun accord avec
les chefs de villages le lieu de la tenue des assemblées villageoises
pour la réalisation des autodiagnostics. Ces campagnes d'information ont
été appuyées par des communiqués radio.
2. Autodiagnostics dans les villages :
Pour identifier de manière participative les
potentialités, les problèmes, les blocages, les pistes de
développement et les projets possibles pour les villages de la zone du
projet, des autodiagnostics ont été réalisés dans
tous les villages administratifs et dans les grandes agglomérations
n'ayant pas encore le statut de village administratif.
3. Ateliers de planification dans les
arrondissements :
Des ateliers visant à valider les autodiagnostics ou
pré diagnostics, à identifier les éléments à
retenir dans le diagnostic pour l'ensemble de la commune, à structurer
la problématique et les actions à mener à travers une
vision plus globale de la collectivité, à hiérarchiser les
problèmes et plans d'actions selon une vision inter villageoise, ont
été organisés dans chaque arrondissement.
4. Pré diagnostic et diagnostic
participatifs :
L'atelier de lancement du projet a recommandé en mai
2003 de raccourcir autant que possible le délai d'élaboration des
outils de planification de développement en raison de la
nécessité de voter les budgets communaux dans le délai
prévu par la loi (au plus tard au mois de mars de l'année). Pour
tenir compte de cette exigence, les étapes d'élaboration de
pré diagnostic, de l'atelier de planification et de l'atelier de
diagnostic participatif ont été cumulées. Les prestataires
de service, après avoir fait la synthèse des informations
recueillies au niveau de chaque arrondissement, font au niveau de la commune la
synthèse des données des arrondissements, procèdent
à la structuration de la problématique et des actions à
mener à travers une vision plus globale de la collectivité et
identifient de manière participative les axes et les priorités de
développement de la commune.
5. Rédaction et validation des PDC :
Les données du diagnostic ont été
traduites en termes de perspectives et d'orientation et les grandes lignes
directrices du développement définies. Le conseil communal a
ensuite étudié et approfondi le PDC préliminaire,
validé son contenu, les orientations, les axes de développement
et le programme d'action. Les PDC des sept communes ainsi que les plans
d'investissement communal (PIC) ont fait l'objet d'approbation par le conseil
départemental de concertation et de coordination, organe
créé par la loi N° 97-028 du 15 janvier 1999 et le
décret N° 2001-411 du 15 octobre 2001 portant organisation,
attributions et fonctionnement dudit organe, afin de s'assurer de leur
conformité avec les orientations nationales de développement et
de leur mise en cohérence avec celles-ci.
6. Plans annuels
d'investissement :
Les sept communes de la zone de projet ont
élaboré leur plan annuel
d'investissement (PAI) pour 2004 et pour 2005. Au niveau de chaque commune, ce
document a été élaboré au cours d'ateliers auxquels
ont pris part les conseillers communaux, le responsable du service financier de
la mairie, le receveur percepteur, les responsables des services
déconcentrés de l'Etat, les représentants des partenaires
au développement, les membres des bureaux des CCD, des
représentants d'ONG.
7. Budgétisation :
Elle a permis de répartir d'une manière
équitable les ressources locales propres et extérieures au cours
de l'élaboration du PAI grâce à l'élaboration de
budgets réalistes qui respectent le cadrage budgétaire et qui
prennent en compte le fonctionnement et l'entretien des infrastructures
communales. Ce budget, en récapitulant toutes les ressources (internes
et externes) et les emplois, a contribué à l'amélioration
de la qualité des dépenses d'investissement financées par
le FDL et a permis le financement d'une partie des investissements
sociocommunautaires.
Le coût moyen d'élaboration du PDC et de ses
autres instruments (PIC et PAI) dépasse 9 Millions de Fcfa par commune.
Ce montant est trop élevé, rapporté aux ressources propres
de ces communes qui risquent, en l'absence d'un projet, d'être incapables
de financer par elles-mêmes l'élaboration de leur plan de
développement.
3.2.3.3.2 Le Fonds de
développement Local
Le Fonds de développement Local est un instrument
financier destiné à soutenir les budgets des communes partenaires
du projet ADECOI en vue de financer des investissements dans les domaines de
développement rural et de réduction de la pauvreté. Il
s'agit de subventions globales visant à stimuler la performance des
collectivités locales, inciter au développement institutionnel et
contribuer au renforcement des capacités des acteurs en vue de faciliter
la réalisation de microprojets identifiés et conçus au
plan local.
Le FDL a démarré, avec les communes de la zone
d'intervention du projet ADECOI, la mise en oeuvre en temps réel d'un
modèle de transfert budgétaire vers les communes basé sur
une utilisation programmée, une allocation transparente et un
décaissement rapide. Les ressources transférées ont
été inscrites et comptabilisées dans les budgets
communaux. Elles sont destinées à financer les priorités
d'investissement de chacune des communes telles que définies lors du
processus de planification participative (PDC-PIC-PAI) et de la
budgétisation. L'allocation des ressources à chacune des communes
se fait sur la base d'une matrice de financement fixant les engagements
financiers de chaque partie (commune, population, État, partenaires au
développement, etc.).
3.2.3.3.3 Renforcement des
capacités
Dans la plupart des cas, le projet a procédé par
la formation des différents acteurs, souvent à partir de manuels
et de guides pratiques élaborés par les experts du projet ou sous
leur coordination par des prestataires recrutés. A cela, s'ajoutent les
efforts faits par le projet pour amener les communes à se doter d'une
stratégie de communication et pour sensibiliser les responsables locaux
et les populations à la question du genre dans leurs activités et
leurs comportements quotidiens.
Les formations données ont produit quelques
éléments d'impact que l'équipe du projet résume
comme suit : (1) les services déconcentrés et
décentralisés apprécient mieux leur rôle de
conseiller technique des communes ; (2) les prestataires de services locaux ont
eu l'occasion de mettre leur expertise au service des opérateurs
économiques non professionnels ; (3) les échanges d'information
sont de plus en plus perceptibles entre les communes, les structures
déconcentrées et les projets ; (4) la compréhension de
l'approche genre et développement, suivie de quelques applications dans
les usages quotidiens au niveau des élus locaux.
La leçon majeure tirée après deux
années de mise en oeuvre du projet ADECOI est que les communes sont
capables de gérer leurs propres affaires si les moyens techniques et
financiers leur sont transférés comme cela devrait l'être.
En effet, les acteurs de développement local ont montré une bonne
aptitude à s'approprier les instruments du développement
initiés par le projet, souvent en collaboration avec les communes.
De la démarche du projet ADECOI comme de celle des
autres projets abordés précédemment et aussi des modes
d'intervention de l'ensemble des organisations étrangères
intervenant dans les zones de l'étude, nous avons dégagé
comme suit un certain nombre d'éléments d'analyse.
3.3 QUELQUES
ÉLÉMENTS D'ANALYSE TIRÉS DE LA DÉMARCHE DES
INTERVENANTS EXTERNES
Les éléments d'analyse ressortis de la
description des démarches ont trait à :
3.3.1 La nature des projets
Les projets mis en oeuvre dans les zones de l'étude
présentent beaucoup plus les caractéristiques de projets d'appui.
On peut citer entre autres caractéristiques le dialogue, l'animation,
l'accompagnement, le renforcement, la responsabilisation, l'appellation
"partenaires locaux", etc. Toutefois, ces caractéristiques sont, dans
certains cas, entremêlées avec celles des projets
promoteurs ; par exemple la sensibilisation, la conscientisation, le
transfert de technique et de moyens, l'appellation
"bénéficiaires", etc. Les projets de cette dernière nature
sont révélateurs d'un degré limité d'implication
des acteurs locaux dans l'ensemble du processus.
3.3.2 La forme de participation des
populations au processus
Dans les zones de l'étude la forme de participation des
populations oscille entre la participation imposée, la participation
provoquée et la participation volontaire (Cf. schéma de Meister).
Selon le schéma de Fortin, elle varie entre la participation
mobilisatrice, la participation consultative et la participation
décisionnelle. Ces formes de participation des populations
ramènent au le débat sur la question de la viabilité des
comités de développement et des autres comités d'acteurs
dont la mise en place est souvent suscitée par la présence de tel
projet ou de tel partenaire. La question de motivation des membres de ces
comités se pose avec acuité quelque temps après leur mise
en place. Au-delà de tout, une profonde réflexion devra
être menée sur la durabilité de ces comités.
3.3.3 La capacité des acteurs
locaux à s'impliquer à toutes les phases du processus
La récurrence de l'expression "les populations ou les
acteurs locaux n'en ont pas la capacité" pour justifier leur non
implication à certaines phases du cycle de projet est une question
à débattre. La capacitation des acteurs locaux est l'une des
conditions sine qua non de la réussite de l'approche
participative ; sachant que la meilleure école pour l'acquisition
des aptitudes pratiques est l'apprentissage dans l'action, bien sûr avec
tout le temps et les moyens que cela requiert pour produire les effets
escomptés.
3.3.4 La mise en cohérence des
différentes interventions dans la même zone
L'insuffisance de concertation entre les différents
intervenants externes en vue de la mise en synergie de leurs actions a
été constatée avec regret. Des tentatives de concertation
existent entre des intervenants dans le même secteur ou par
affinité entre une minorité d'intervenants. En dehors de Nikki,
il n'existe aucun cadre de concertation intersectoriel impliquant les
intervenants externes dans les zones de l'étude. Et même dans le
cas de Nikki, le fonctionnement et la régularité des rencontres
au niveau du cadre concertation sont défaillants. Or, la création
et l'animation régulière d'un cadre de concertation
intersectoriel avec l'ensemble des acteurs de développement sont aussi
l'une des conditions indispensables à la réussite de l'approche
participative. Cela s'impose davantage dans un contexte de
décentralisation, comme celui du Bénin, qui recommande la
convergence des visions des intervenants avec la direction proposée dans
les PDC.
3.3.5 La contrepartie
financière demandée aux populations
La contribution financière de 20% exigée souvent
des populations face à la multitude des intervenants externes est
semblable à l'histoire du serpent qui se mord la queue. En effet, les
diagnostics révèlent avec éloquence l'état de
dénuement ou de paupérisme aigu dans lequel vivent bien souvent
les populations des zones de l'étude. A cet effet, les projets y
intervenant visent à contribuer à la réduction de la
pauvreté. Mais, les conditionnalités de réalisation de ces
projets sont à interroger sur la base des pratiques suivantes :
- la participation physique des populations (pour
l'appropriation des actions menées). Cependant, cela ne remet pas en
cause l'évidence qu'une partie du temps de production des populations y
est consacrée ;
- la contrepartie financière requise parfois sur la
base d'un quota fixe non négociable (20%) ;
- le rejet par certains intervenants des demandes d'appui aux
AGR introduites par les populations pour améliorer leurs revenus
;
- la multiplicité des intervenants, chacun avec ses
exigences, et exerçant tous des pressions sur les mêmes
cibles ; et ceci, sans aucune coordination d'ensemble.
Ces différents éléments appellent
à des réflexions de fond que nous essaierons d'aborder au niveau
du dernier chapitre du présent document. Les autres limites
identifiées lors de la description et de l'analyse de la dynamique
locale dans le chapitre précédent seront également
abordées.
QUATRIEME CHAPITRE :
QUELQUES CRITIQUES ET ESSAIS DE
SOLUTION
Ce dernier chapitre vise à approfondir les
réflexions sur les limites identifiées au cours de notre
recherche afin de proposer quelques approches de solutions. Pour ce faire, nous
mettrons particulièrement l'accent, dans un premier temps, sur les
conditions à réunir pour la réussite de la démarche
participative, ou mieux, pour favoriser une meilleure implication des acteurs
locaux dans la conduite des actions de développement les concernant.
Nous terminerons ce chapitre par quelques pistes de solutions destinées
à chaque catégorie d'acteurs concernés par notre
étude.
4.1 CONDITIONS
POUR UNE MEILLEURE PARTICIPATION DES ACTEURS AUX PROJETS DE
DÉVELOPPEMENT DANS LES ZONES D'ÉTUDE
Parmi les limites ou éléments d'analyse
identifiés plus haut, nous voudrions approfondir la réflexion sur
les facteurs ci-après qui constituent, à notre avis, la garantie
pour une participation active, volontaire et durable des acteurs aux projets ou
actions de développement de leur localité. Il s'agit de la
capacitation des acteurs locaux ; du renforcement des capacités des
institutions locales ; de la responsabilisation effective des
acteurs locaux ; de la création d'espaces d'échanges et
de mise en cohérence des stratégies et des actions ; de
l'amélioration des revenus des populations à travers la micro
finance.
4.1.1 La capacitation des acteurs
locaux
Nous mettrons en relief, à ce niveau, la structuration
et le renforcement des capacités des populations qui constituent,
à notre avis, des conditions indispensables pour une participation
active des populations aux actions de développement de leur
localité. En effet, il est évident que pour qu'il y ait
participation, il faut d'abord que la population soit en mesure de comprendre
les enjeux de développement, comprendre aussi le rôle que chaque
membre de la société doit jouer pour y contribuer et prendre
conscience des dangers de l'attentisme ou de la participation passive. Et pour
comprendre tout cela, il faut nécessairement que la population ait un
certain niveau de maturité et/ou d'instruction. Ceci pose d'une part la
problématique de l'éducation pour tous, et d'autre part celle du
renforcement des capacités des populations sur le tas.
4.1.1.1 La problématique de l'éducation au
Bénin et dans les communes touchées
L'éducation est le principal levier de
développement de toute nation. Or, nous constatons aujourd'hui que dans
certains pays africains, l'éducation est malade des orientations mal
avisées et du déficit de volonté politique des
dirigeants. Au Bénin, le coup de gueule des parents
d'élèves, des syndicats et de la société civile sur
les nouveaux programmes d'étude (NPE) n'est pas dénué de
fondement. Plusieurs exemples vécus personnellement et des
témoignages des acteurs de l'éducation nous permettent
aujourd'hui d'affirmer que l'éducation au Bénin nécessite
une réorientation de fond afin de mieux orienter le développement
du pays.
Par ailleurs, le transfert des compétences en
matière éducative aux collectivités locales sans un
transfert correspondant de ressources tel que le stipule l'article 97 de la loi
97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en
République du Bénin, constitue une autre source de
problèmes pour le pays. A cela s'ajoutent les dispositions de l'article
98 de la même loi à savoir : "La commune initie toutes les
mesures de nature à favoriser et promouvoir l'éducation de la
jeunesse". De telles initiatives sont plutôt rares et émanent
jusque-là pour l'essentiel des acteurs privés. Après
quatre années d'exercice du pouvoir au niveau local, beaucoup de
collectivités locales ne savent pas réellement comment susciter
un réel entrain éducatif au niveau des communautés de
base.
De plus, l'article 99 de la même loi énonce que
la commune doit veiller à la promotion des langues nationales.
Cependant, la promotion des langues nationales ne suffit pas à elle
seule pour favoriser le contact des populations locales avec
l'extérieur. Nous estimons, pour notre part, que les
collectivités locales devront également promouvoir, selon leur
contexte, une langue qui favorise l'ouverture de leurs communautés sur
le monde. Il est impérieux, vu le contexte macro dans lequel nous vivons
aujourd'hui, que les populations locales puissent amener leurs produits sur des
marchés nationaux, régionaux ou internationaux et soient capables
d'en négocier les prix sans intermédiaires.
Eu égard à ce qui précède,
nous proposons les pistes de solutions suivantes :
1. Redéfinir le mode opératoire de
la gestion décentralisée de
l'éducation : le gouvernement central, les
collectivités locales, les services déconcentrés et les
PTF devront s'asseoir dans un cadre de réflexion profonde pour
redéfinir des mécanismes et dispositifs viables de gestion
décentralisée de l'éducation au Bénin. Les
rôles devront être clairement définis, les
responsabilités partagées avec les interrelations et les moyens
affectés suivant une feuille de route qui sera suivie et
évaluée rigoureusement.
2. Construire par commune un complexe de formation
technique et professionnelle axé sur les expertises locales et
orienté vers la satisfaction des demandes actuelles et futures en main
d'oeuvre. En effet, il existe, dans chacune des communes
touchées par notre étude, des initiatives éparses
appuyées par les PTF/ONG en matière d'éducation non
formelle, de formation professionnelle, d'alphabétisation, etc. Ces
initiatives isolées et limitées dans l'espace, gagneraient
à être rassemblées à l'intérieur d'un grand
complexe qui pourrait accueillir et former : (i) les jeunes
déscolarisés/non scolarisés à divers métiers
bénéfiques pour le milieu avec une base minimum en
français (vu comme une langue d'ouverture sur l'extérieur), (ii)
les femmes et les hommes adultes pour des renforcements de capacités
adaptés à leurs métiers et auxquels pourraient s'ajouter
l'alphabétisation et le français fonctionnel. Des professionnels
en agriculture, santé, environnement, aménagement, etc.,
pourraient aussi se faire recycler périodiquement dans ce centre suivant
des programmes élaborés sur mesure. Le gouvernement central
pourrait mettre à disposition le centre et les équipements ou le
cas échéant, la commune avec l'appui de ses partenaires pourrait
en prendre l'initiative. Le fonctionnement du centre pourrait être
assuré par les collectivités locales, les PTF/ONG (par
réorientation des appuis actuels) et une contribution des
communautés (dont la forme sera analysée en fonction du
contexte).
4.1.1.2 La structuration et le renforcement des
capacités des acteurs dans l'action
Le développement s'appuie sur une force endogène
constituée des ressources, des énergies et de la synergie du
milieu (dynamique locale). Le développement local favorise l'expression
de la force endogène et mise sur celle-ci pour enclencher les
mécanismes d'action et réduire la dépendance de la
collectivité envers les initiatives d'origine externe.
Par ailleurs, il est un principe indéniable que la
ressource humaine constitue la force motrice du développement local :
des personnes motivées et formées sont des facteurs aussi
déterminants pour le développement que les infrastructures, les
techniques, les équipements. Bref, l'approche participative qui est
à la base du développement local conduit à donner du
pouvoir aux populations. Mais, ce pouvoir ne saurait être pleinement
exercé par celles-ci en l'absence d'un minimum de connaissances et de
savoir.
Les interrogations qui subsistent aujourd'hui à notre
niveau sont celles-ci : que faire pour motiver les populations à
participer au développement de leur milieu sans l'intervention d'une
initiative extérieure ? Dans les cas où des comités ont
été mis en place sur initiative d'intervenants externes, comment
faire pour qu'ils puissent survivre et s'autonomiser ? Comment faire pour
que les comités mis en place par les uns puissent servir aux autres lors
de leur intervention dans les mêmes zones ? Ces interrogations
tirées de nos observations et de la collecte de données, ne
trouveront pas toutes leurs réponses dans le présent document.
Toutefois, nous souhaiterons insister sur les remarques
ci-après :
1. Les leaders locaux de nos zones d'étude ont tout
intérêt à structurer leurs communautés autour des
micro-initiatives d'abord en fonction de leurs propres moyens car, le
progrès et le bien-être d'une collectivité ne sont pas
uniquement attribuables à de grandes entreprises et aux macroprojets.
Selon Maurice Allefresde42(*), "Ce n'est pas la ressource qui crée
le projet, c'est le projet qui crée la ressource". Bien des
capacités sommeillent dans les communautés locales et qu'il est
temps de susciter par des échanges et la motivation.
2. Il est donc nécessaire que les structures
d'acteurs naissent de la volonté et de la motivation des gens
engagés ; qu'elles identifient leurs propres faiblesses avant de
solliciter l'accompagnement technique des intervenants extérieurs.
Ainsi, les appuis répondront à des besoins précis et
ciblés. Suivant une telle démarche, les leaders pourront
également s'appuyer sur la vertu de l'exemple pour mettre
progressivement en mouvement l'ensemble du corps social.
3. Les ONG/PTF intervenant dans nos zones d'étude
devront intégrer les contraintes en temps et en ressources que
nécessite la consolidation des capacités des comités de
gestion mis en place. De plus, il faut ajouter à ces deux
éléments une réelle responsabilisation des acteurs (nous
en parlerons plus loin) dans une démarche de synergie entre plusieurs
PTF intervenant dans la même zone.
4. Les ONG/PTF devront également accepter de
s'inscrire dans la continuité du renforcement des capacités des
comités locaux commencé par leurs pairs. Car, la remarque ici est
que chaque intervenant externe fait l'option de mettre en place ses propres
comités ou structures locales et recommence à chaque fois les
mêmes processus de renforcement des capacités. Ceci a pour
conséquence, la multiplicité de comités locaux, avec
parfois les mêmes acteurs qui sont partout et nulle part à la
fois. Or, il aurait été bénéfique pour les
ONG/PTF de faire des acteurs locaux, membres des comités
existants, des gens polyvalents en bâtissant leurs actions
sur des acquis issus des renforcements de capacités antérieurs.
Un dialogue entre les intervenants externes présents dans les
mêmes zones est nécessaire, à travers un cadre de
concertation, en vue de la mise en commun de leurs moyens pour le renforcement
des capacités des acteurs, pour le suivi et le fonctionnement d'un
nombre raisonnable de comités d'acteurs. Ils devront aussi
intégrer le souci d'harmonisation des outils et de capitalisation des
bonnes pratiques en vue de leur mise à disposition d'autres intervenants
comme modèles à adapter au contexte. Toutes ces suggestions
pourront concourir à doter les acteurs locaux des aptitudes susceptibles
de répondre aux attentes des intervenants externes.
4.1.2 Le renforcement des
capacités des institutions locales
Le débat portant sur les capacités des
institutions locales et le transfert des ressources est complexe. Il nous fait
penser à l'équation de savoir, entre la poule et l'oeuf, lequel
est le premier. En effet, la question relative à la "faiblesse
institutionnelle" des collectivités locales est souvent
évoquée par le gouvernement central et les partenaires au
développement pour justifier certaines réticences notamment en
matière d'octroi de responsabilités importantes (pouvoir et
ressources financières). Mais est-ce la solution idéale ?
4.1.2.1 La réticence du gouvernement central à
favoriser le renforcement des capacités des institutions locales
La réticence du gouvernement contraste
avec l'option prise par le même gouvernement central de s'engager
dans la voie de la décentralisation avec un transfert théorique
des compétences à la base. L'on se demande, comment les
compétences transférées pourront-elles être
exercées de façon intégrale en l'absence de transfert de
ressources conséquentes ?
Le principe de base est que les autorités locales ne
pourront pas développer des capacités techniques réelles
en l'absence de transfert effectif d'autorité et de ressources. Le
processus de décentralisation est dangereusement ambivalent. Si ce
processus n'est pas géré avec soin et si les aptitudes
adéquates ne sont pas renforcées ou consolidées, les
vertus (de la décentralisation) peuvent se muer en leurs contraires,
c'est-à-dire, l'inefficacité se substituant à
l'efficacité recherchée, l'irresponsabilité au souci d'une
gestion mieux maîtrisée, la dépendance maintenue en lieu et
place de l'autonomie attendue, la centralisation et la rigidité faisant
place à la participation et à la flexibilité. Dans un tel
cas, la participation de tous les acteurs locaux sera rarement
satisfaisante.
De notre point de vue, le gouvernement central devrait
intégrer le renforcement des capacités des acteurs
institutionnels locaux comme un préalable à la réussite du
processus de décentralisation. Car, la loi a ouvert l'accès aux
fonctions de conseillers, de maire et de ses adjoints, aux citoyens de tous
niveaux d'instruction à condition de savoir simplement lire et
écrire le français (art. 38 de la loi N°97-029 du 15 janvier
1999 citée plus haut). Nulle part dans les textes de lois, il n'a
été précisé que les membres du conseil communal
devraient être de bons gestionnaires, des aménagistes, des experts
en développement local ou des ingénieurs en génie civil,
etc. Dès lors, pourquoi la pratique gouvernementale doit-elle
restreindre les champs que la loi a ouverts ?
Nous estimons que les organes démocratiques locaux dont
le rôle consiste à planifier, programmer, budgétiser,
mettre en oeuvre et suivre les différents aspects du
développement local, de l'aménagement, de l'habitat, des
infrastructures, de l'équipement, des transports, de l'environnement, de
l'éducation, de la santé, etc., ont besoin véritablement
d'être renforcés afin de pouvoir donner le meilleur attendu d'eux.
Ainsi, le meilleur cadre d'apprentissage pour ces acteurs
institutionnels locaux est l'action, la pratique avec un accompagnement
technique spécifique. De ce point de vue, le gouvernement central devra
résolument prendre l'option de transférer les ressources
concomitamment avec les compétences tout en mettant en place des gardes
fous pour prévenir les dérapages et les abus.
Au vu de ce qui précède, voici quelques
pistes en matière de dispositifs d'accompagnement technique.
1. Rendre disponible l'appui technique par la
formule des cabinets de formation et de conseils : le
gouvernement central peut (par région selon les cas) procéder
à un appel à candidature des cabinets de formation/conseils pour
renforcer les capacités des collectivités locales, sur la base
des besoins en renforcement énoncés par celles-ci. Le
gouvernement signera un contrat de prestation à durée
déterminée avec les cabinets retenus et à qui des
objectifs clairs seront définis. Ils seront évalués
annuellement aux résultats. La reconduction de leur contrat sera
fonction de leur performance et des nouveaux besoins des communes. Par exemple
dans le domaine de gestion des ressources financières,
d'élaboration des stratégies (de communication, de mobilisation
des ressources), de planification, etc., des formations modulées peuvent
être données aux agents des communes demandeuses d'une part, et
d'autre part un suivi leur sera fait dans l'action le long de l'année de
façon périodique.
2. Réorienter l'accompagnement technique
des PTF et des ONG internationales : au lieu que les ONG
et PTF interviennent directement dans l'action (en ignorant parfois l'existence
du conseil communal), il serait plus opportun dans ce nouveau contexte de
décentralisation qu'elles orientent leurs actions dans le renforcement
des capacités des organes institutionnels et des organisations locales.
Le gouvernement central peut instituer le dialogue avec les intervenants
externes dans ce sens. Car, c'est le gouvernement qui définit les
orientations et politiques nationales (le cas de la décentralisation par
exemple) et devrait pouvoir orienter les aides et les appuis des intervenants
externes dans le sens des options retenues. Par exemple, les ONG/PTF qui
interviennent dans le domaine de l'éducation, de la santé, de la
production, de l'aménagement, de l'environnement, etc., pourraient
signer des protocoles de partenariat avec les mairies de leurs zones
d'intervention et s'inscrire dans une logique d'accompagnement institutionnel
et organisationnel. Ceci contribuera à rendre effectif le rôle de
maîtrise d'ouvrage des communes et celui de maîtrise d'ouvrage
déléguée des associations locales.
A notre avis, il ne saurait y avoir aujourd'hui de
démarche efficace de renforcement des institutions locales, autre que
celle synergique et partenariale (mettre en commun les énergies pour
mieux affronter les contraintes). La contractualisation s'impose, elle permet
de répartir les tâches et les coûts. Elle doit être
bâtie autour d'objectifs précis, quantifiés quand cela est
possible, et systématiquement évalués.
Pour finir, il est nécessaire de rappeler que la
décentralisation rime avec la déconcentration. Ainsi, le
renforcement des capacités des institutions décentralisées
devra évoluer de pair avec celui des services déconcentrés
avec lesquels les communes devront collaborer.
4.1.2.2 La réticence des PTF à procéder
à une responsabilisation intégrale des acteurs locaux
Les collectivités locales sont appelées, dans le
nouveau contexte de décentralisation au Bénin et en tant que
maîtres d'ouvrage, à devenir les principaux acteurs et pilotes des
projets de développement menés sur leur territoire. Elles ne
peuvent y parvenir qu'en s'appuyant sur les organisations de la
société civile et en mettant en place un système de bonne
gouvernance qui met en confiance les intervenants externes. A contrario,
ceux-ci devront, dans leur démarche d'intervention, intégrer le
changement de contexte et accepter de libérer l'espace au profit du
conseil communal et des organisations locales. Les intervenants externes
gagneraient, à moyen et à long terme, à responsabiliser
dès à présent les instances élues et les acteurs
locaux sur la mise en oeuvre des projets de développement et à se
concentrer plutôt sur le renforcement des capacités de ces
derniers.
Or, nous avons constaté, au cours de notre
enquête, que des réticences subsistent encore sur le terrain dans
le sens de l'entière responsabilisation des acteurs locaux. Certains
PTF/ONG internationaux continuent d'avoir leurs animateurs propres ou leurs
équipes de gestion des projets impliqués directement dans la mise
en oeuvre des projets sur le terrain, limitant ainsi l'apport des acteurs
locaux à la mobilisation sociale et à la libération des
contreparties financières. D'autres PTF/ONG, tout en posant des pas
décisifs en matière de responsabilisation des acteurs locaux,
n'investissent pas suffisamment de moyens dans le renforcement leurs
capacités et n'intègrent pas assez le paramètre
«temps », comme un élément crucial à ce
processus d'apprentissage sur le tas (l'impact en matière de
renforcement des capacités des acteurs s'observe sur une durée
moyenne de 5 ans).
Partant de ces réalités, il est recommandable
que les intervenants externes dans les 3 communes touchées par notre
étude, et ceux des autres communes en général, appuient
les conseils communaux à assumer leurs compétences afin de
créer un environnement favorable au développement. Ce choix
permettra de donner aux conseils communaux toute leur légitimité
à travers leurs pleines compétences à prendre en charge
les questions de développement de leurs communautés. Nous
reconnaissons toutefois que ce choix qui consiste à privilégier
les conseils communaux comme la porte d'entrée dans le
développement local doit se faire en toute synergie avec les autres
acteurs locaux (organisations et associations locales, populations et autres
leaders).
Eu égard à ce qui précède,
nous proposons que soit adoptée une démarche progressive de
responsabilisation des acteurs locaux soutenue par une gestion
concertée. Prenons l'exemple d'un forage identifié par une
communauté comme prioritaire et pour lequel le conseil communal a
recherché le financement d'un partenaire.
1. Un premier temps de responsabilisation peut consister
à conduire l'ensemble du processus avec le conseil communal et les
organisations locales, depuis l'appel d'offre jusqu'à la
réception de l'ouvrage en identifiant dans une démarche
participative et concertée de gestion du projet (partage de rôle).
Par exemple, le conseil communal et les représentants des organisations
de base peuvent procéder au choix de l'entrepreneur. Les PTF et le
conseil communal peuvent cosigner le contrat avec l'entrepreneur et
régler les modalités de virement en fonction des circonstances.
Le suivi des travaux et l'apport de certains agrégats peuvent être
de la responsabilité du conseil communal. La mobilisation de la main
d'oeuvre peut être de la responsabilité des organisations locales
sous l'égide du conseil communal, etc. Le renforcement des
capacités peut précéder chaque étape ou se
dérouler concomitamment dans l'action sous la responsabilité des
PTF/ONG.
2. Si tout se déroule normalement, les PTF peuvent
passer à une seconde phase de responsabilisation. Celle-ci peut
consister à donner l'entière responsabilité au conseil
communal sur un autre petit projet en transférant les fonds
nécessaires à sa conduite dans son compte. Le conseil communal
conduit l'ensemble du processus en identifiant, par lui-même, les
principaux acteurs à responsabiliser au niveau local et en identifiant
également ses propres faiblesses en matière technique. Cet auto
diagnostic des capacités lui permettra de solliciter auprès des
PTF concernés, des appuis en renforcement des capacités
appropriés à ses besoins. Les PTF joueront ici un rôle de
suivi et/ou de contrôle a posteriori puis d'accompagnement
technique.
3. Une phase supérieure peut consister à
responsabiliser le conseil communal sur plusieurs projets et/ou programmes
intersectoriels de façon à lui permettre d'avoir une vue
synoptique de l'ensemble des actions de développement menées sur
son territoire et à en proposer une mise en synergie cohérente.
Ceci suppose : (i) que le conseil communal connaisse, par un diagnostic
approfondi, les compétences existantes par secteur sur son
territoire ; (ii) qu'il existe une parfaite collaboration entre les
organisations locales et le conseil communal et que chacun s'engage
à jouer franc jeu ; (iii) qu'il existe un mécanisme fiable de
contrôle au niveau du conseil communal ; (iv) qu'il existe un cadre
de coordination et de concertation fonctionnel. Nous estimons que les PTF/ONG
et les conseils communaux, s'ils se décident, peuvent ensemble mettre en
place cet environnement favorable à une mise en oeuvre coordonnée
des projets de développement et impulser une dynamique aux PDC au niveau
de notre zone d'étude.
4.1.3 La création d'espaces
d'échanges et de mise en cohérence des actions
Cette partie complète l'analyse
précédente. Nous avons relevé au cours de notre
enquête une faible animation communautaire autour des questions de
développement et une faible concertation intersectorielle au niveau
communal. Toutefois, des espaces par secteur ou domaine d'activités
existent et sont animés suivant des périodicités variables
selon les secteurs.
De l'analyse des experts en développement et de notre
expérience du terrain, nous avons noté que le
développement fait appel à une volonté de concertation et
à la mise en place de mécanismes de partenariat et de
réseaux. Car, en compartimentant leurs activités, les
institutions et les organisations locales nuisent à
l'épanouissement de leur communauté (manque de coordination des
actions, certains secteurs sont laissés pour compte pendant que d'autres
secteurs subissent des pressions énormes de divers intervenants, etc.).
Toute stratégie de développement local implique le
décloisonnement des fonctions et des compétences maintenues
jusqu'ici enfermées dans des secteurs homogènes
d'activités et des programmes sectoriels.
Cela nous amène à dire que les élus
locaux ne peuvent pas ignorer les composantes de la société
civile qui sont porteuses de dynamiques de développement, et qu'il
s'agit de fédérer. A contrario, les organisations de la
société civile et les PTF aussi ne peuvent pas ignorer le
rôle de leader désormais dévolu aux élus locaux.
Il doit donc y avoir, dans ce nouveau contexte de
décentralisation au Bénin, une définition en commun entre
les différents acteurs en développement, des actions prioritaires
à réaliser sur le territoire des communes. La mise en oeuvre des
actions définies doit également se faire de façon
concertée pour plus d'effets et d'impact futur. Les intervenants en
développement devront aujourd'hui se convaincre que le
développement n'a pas de paternité. Il est l'affaire de tous. Les
labels individualisés sur des actions de développement paraissent
aujourd'hui absurdes et portent préjudices aux communautés
locales africaines. Nous concevons mal, à l'ère où les
grands peuples occidentaux s'unissent pour être plus forts, que les
partenaires au dévelop-pement continuent d'adopter des approches
individualisées dans le domaine du développement local.
Par ailleurs, les leaders locaux devront aussi se convaincre
qu'il est temps de passer d'une solidarité villageoise à une
concertation structurée autour d'un plan de développement local
identifiant dans le temps les actions immédiates et les actions qui
s'inscrivent dans une vision prospective de développement, ainsi que les
ressources réelles ou potentielles devant conduire à leur
réalisation.
Eu égard à ce qui précède,
nous suggérons ici que :
1. Les conseils communaux de Boukombé et de Cobly
prennent l'initiative d'impulser la mise en place d'un cadre de concertation
intersectoriel auquel participeront les représentants des PTF/ONG, ceux
des organisations de base actives et ceux du conseil communal.
2. Les conseils communaux des 3 communes touchées
par notre étude impulsent l'élaboration des plans locaux de
développement et encouragent les leaders au niveau des villages et
arrondissements à tenir des concertations régulièrement
autour de ces plans et à soutenir les micro initiatives
porteuses.
3. Les collectifs des PTF/ONG intervenant au niveau des 3
communes se retrouvent périodiquement dans un cadre formel pour
harmoniser leurs démarches, mettre en commun leurs stratégies et
moyens autour des actions pertinentes.
4.1.4 L'amélioration des
revenus des populations
Le souhait d'avoir accès au micro crédit a
été émis avec insistance par les populations et les
groupements locaux au cours de la collecte des données. Ceux-ci nous ont
révélé que très peu de partenaires au
développement acceptent de leur octroyer des crédits pour
accroître leurs activités génératrices de revenus.
Nos investigations ont révélé qu'en matière de
micro crédits, seule la gestion des groupements des femmes paraît
fiable. Bien des groupements de producteurs se sont illustrés par leur
incrédibilité, notamment dans ce contexte de chute du prix des
produits sur le marché international ou de baisse des rendements.
Vu que l'accès au crédit des femmes a produit
à plusieurs égards des résultats tangibles, nous
souhaitons vivement qu'il soit poursuivi par les partenaires qui s'y
appliquaient déjà et que les autres partenaires qui
hésitent encore fassent preuve de flexibilité dans leurs
stratégies.
Par ailleurs, l'analyse genre nous pousse également
à nous pencher sur le sort des hommes et des jeunes. Certes, des
explications nous avons retenu que l'octroi des crédits aux hommes
paraît une aventure risquée. Néanmoins, nous invitons les
acteurs de développement à laisser une ouverture à cette
couche de la société en expérimentant l'approche de la
caution solidaire. Celle qui consiste à faire endosser la
responsabilité de chaque membre pris individuellement à tout son
groupement. Une meilleure organisation de la société au niveau
local avec des leaders jouant normalement leur rôle pourrait constituer
un renfort à cette approche de caution solidaire. De plus, l'octroi de
crédit ne peut mieux réussir que lorsqu'il existe un
système de suivi-encadrement qui l'accompagne. Les opérateurs et
les PTF/ONG devront également intégrer la nécessité
de renforcer les capacités des groupements ou des individus à qui
ils octroient des crédits.
La nécessité de favoriser l'accès aux
crédits des populations en vue de leur permettre d'améliorer
leurs revenus s'impose. Car, le dénuement et le paupérisme
ambiants ne sont guère favorables au développement, quelles que
soient la stratégie et la démarche adoptées.
Dans le même ordre d'idées, nous proposons
également une flexibilité au niveau des conditionnalités
financières imposées aux populations locales dans la mise en
oeuvre des projets de développement. De notre point de vue, la garantie
de l'appropriation et de la pérennisation des projets de
développement se situe moins dans la contribution financière
étouffante que dans la démarche de conduite des projets.
Lorsqu'un projet est fondé sur des besoins identifiés comme
prioritaires par les communautés locales ; lorsque
celles-ci participent au choix des méthodes et de la stratégie
à utiliser pour sa mise en oeuvre ; lorsqu'en plus de tout cela,
elles participent à la répartition de rôle, à la
définition de l'échéance de mise en oeuvre et acceptent de
plein gré leur contribution physique, il n'y a pas de raison de douter
du caractère pérenne d'un tel projet. Dans un pareil cas, une
contribution financière symbolique (5%) serait suffisante.
4.2 DIX
PROPOSITIONS AUX ACTEURS DE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNES DE NIKKI,
BOUKOMBÉ ET COBLY
Nous mettrons l'accent, au niveau de cette dernière
sous partie du document, sur quelques propositions clés adressées
à chaque catégorie d'acteurs de développement intervenant
dans les zones d'étude.
4.2.1 Trois propositions à
l'endroit du Conseil communal de Nikki, Boukombé et Cobly
Partant des analyses précédentes, nous
suggérons aux 3 communes touchées par notre étude
de :
4.2.1.1 Mettre en place un pool de compétences
pluridisciplinaires et mutualisables au besoin
Les communes ont réellement besoin de ressources
humaines qualifiées pour définir, aux côtés des
élus locaux, les grandes politiques de développement de leur
territoire. L'existence de compétences permanentes au niveau des
communes en dehors des élus permettra d'assurer une certaine
stabilité et continuité des options stratégiques, au cas
où d'un mandat à un autre, l'organe exécutif de la commune
venait à changer de main. Le contexte de développement recommande
que les collectivités deviennent non seulement des
«communautés entreprenantes», mais aussi et surtout des
«communautés apprenantes». Pour ce faire, l'approche du
renforcement des capacités des acteurs développée plus
haut ne suffit pas à elle seule. Il faut au niveau des services de la
mairie des cadres bien formés et compétents. Les mairies devront
mettre en place des dispositifs pour motiver les cadres à rester
à leur poste en dépit de l'enclavement des zones. Un cadre
compétent et motivé au travail, a un coût que les communes
devront accepter de payer.
Par ailleurs, lorsqu'il existe des contraintes telles que la
faiblesse des ressources ou des avantages tels que la proximité de
plusieurs communes partageant les mêmes réalités (le cas de
Cobly et de Boukombé par exemple), les compétences peuvent
être mutualisées. De là, l'idée d'un cadre
partagé entre deux ou trois communes pourrait être retenue et des
modalités pratiques pour son opérationnalisation seront
définies en fonction des circonstances et du contexte.
Enfin, une autre stratégie pour la constitution des
pools de compétences pourrait par exemple conduire les conseils
communaux à négocier avec les ONG ou PTF des accords de
partenariats portant sur la mise à leur disposition, pendant une
durée déterminée, de cadres recrutés et
payés par ces partenaires.
4.2.1.2 Développer une stratégie d'attraction
des ressources et de coordination des actions
Le constat de façon globale au niveau de la sous
région ouest africaine, que ce soit au Sénégal, au
Burkina, au Mali ou au Bénin, révèle que le processus de
décentralisation représente, en fait, un transfert de
responsabilités de l'Etat aux collectivités locales sans un
transfert correspondant de ressources. Dans ce contexte, les
collectivités devront impérativement développer une
stratégie efficace de mobilisation des ressources pour répondre
aux nombreux défis de développement de leur territoire.
Pour ce faire, il est nécessaire que les conseils
communaux de nos zones d'étude particulièrement disposent de
documents de stratégie globale d'une part, et d'autre part de documents
de stratégie sectorielle en matière de mobilisation des
ressources. Les PDC ont permis de rassembler les inputs pour la
rédaction de ces documents de communication (diagnostic des besoins, des
potentialités, des atouts, des menaces, etc.). Il est à
présent question de savoir valoriser ces atouts et potentialités
pour attirer des ressources externes à la fois avec vos partenaires
traditionnels qu'avec de nouveaux partenaires potentiels.
Les partenaires voudront être convaincus qu'il existe
une dynamique locale rassurante dans vos territoires, qu'il existe un bon
système de gouvernance locale et un minimum de rigueur en matière
de gestion. Tout cela est à démontrer dans vos documents. Ils
voudront que ce soit vous qui posez les premiers pas sur la base de documents
pertinents et convaincants. Ceci ne demande qu'un minimum de rigueur pour y
parvenir.
A cette ère de développement des technologies
d'information et de communication (TIC), il est nécessaire que vous
mettiez l'outil Internet au service de votre politique de mobilisation des
ressources et de partenariat. Profiter de cet outil, en y présentant des
projets pertinents pour la recherche de financement.
Par ailleurs, vous, notamment l'organe exécutif, devrez
développer une stratégie d'optimisation des ressources
actuellement investies dans vos territoires en mettant en place une meilleure
politique de coordination des interventions. Cela passe nécessairement
par la création d'un espace d'expression pour assurer la
transversalité de la pensée et de l'action. Et c'est ici que
vous, élus locaux, désormais héritiers de la
maîtrise d'ouvrage du développement de la collectivité,
avez la lourde responsabilité de bien utiliser toutes les ressources et
de mettre en lien l'ensemble des partenaires de vos territoires.
Somme toute, la participation est particulièrement
difficile à promouvoir en l'absence d'un espace public où
s'exprime la citoyenneté et où se mettent en cohérence des
actions.
4.2.1.3 S'enraciner en interne avant de s'ouvrir à
l'extérieur
Il s'agit ici, pour les élus locaux de nos zones
d'étude particulièrement, de développer une bonne
communication pour le développement et une bonne stratégie
relationnelle à l'intérieur des communes.
L'effort que vous allez consentir ici consiste à amener
les responsables, les leaders ou les groupes dominants à prendre des
initiatives de mobilisation des forces endogènes en adoptant une
démarche genre. La contribution efficace au développement
économique et social passe par l'habilitation de toute la population.
L'engagement à une gouvernance par, pour et avec les populations au
niveau local en tant que l'un des piliers de stabilisation et de
durabilité de la démocratie à la base, s'inscrit dans une
logique de participation communautaire responsable qu'il est nécessaire
que vous promouviez.
Vous avez donc tout intérêt à
définir une stratégie d'intervention qui rassemble toutes les
forces de la société. C'est dire qu'il est nécessaire,
pour vous, de faire jouer le principe de subsidiarité à chaque
fois que cela s'avère nécessaire. Si une fonction peut être
assurée par une association ou organisation locale, vous devrez laisser
celle-ci l'exercer. Le principe est de considérer qu'il est de votre
responsabilité de vous assurer que la compétence que la loi vous
reconnaît est exercée correctement sur votre territoire. Ceci
pourrait se réaliser à travers les cadres de concertation. Bref,
vous devrez trouver une meilleure clé de répartition des
responsabilités afin de favoriser la participation de tous les citoyens
aux actions de développement de votre localité.
Par participation, on entend, non pas des échanges
passifs ou unilatéraux d'informations, mais bien une participation
active des acteurs à l'identification des enjeux, à la
formulation, l'exécution et le suivi des politiques, stratégies
et activités aux fins du développement durable, à tous les
niveaux. Vous pourrez élaborer à cette fin, une charte pour
l'action locale qui permettra de rendre transparente l'information, de
mutualiser les pratiques, de faire accepter un partage du pouvoir,
d'appréhender les contraintes et objectifs de l'autre, et d'exprimer les
vôtres. Le maître mot ici est de «travailler ensemble»
pour être plus fort.
4.2.2 Trois propositions à
l'endroit des acteurs locaux des 3 Communes
Nous estimons qu'il est nécessaire pour les acteurs
locaux de :
4.2.2.1 Promouvoir les vertus d'une participation au
développement
Le développement et la participation sont
indissociables. La participation doit se faire en toute responsabilité
et faire constamment appel à la créativité, aux
initiatives et au dynamisme latent de la population. Pour sa part, celle-ci
devra comprendre que le développement est l'affaire de tous et que
participer au développement est un acte exigeant qui demande un
investissement en temps, en efforts, parfois en argent.
Participer aux affaires de la collectivité de
façon réelle et efficace s'apprend, comme toutes autres
activités humaines. Cet apprentissage s'effectue par l'acquisition de
connaissances, de savoir-faire et d'expériences.
La participation peut, mieux que tout autre ingrédient,
nourrir l'enthousiasme envers un projet de développement par la
possibilité qu'elle offre d'intégrer les dynamismes potentiels
à l'action et d'encourager son renouvellement.
Pour susciter la motivation de participer et développer
les talents relatifs à cet acte, nous suggérons aux populations
de nos zones d'étude d'occuper les espaces de participation que leur
offre leur contexte. Par exemple, assister à une réunion
d'information et donner un avis sur une action à mener ; assumer des
responsabilités au sein d'une organisation ; être partenaire dans
une opération de projet collectif ou être membre d'une
organisation et s'engager de façon plus active aux actions de
développement.
4.2.2.2 S'unir pour être plus fort (capitaliser,
partager, mettre en synergie)
Cette suggestion concerne notamment les organisations locales
et les leaders de nos zones d'étude, car nous avons constaté, au
cours de notre enquête, un certain émiettement desdites
organisations sur le terrain. Aujourd'hui, même les pays
développés et les organismes internationaux continuent
d'appliquer dans différents domaines, les principes de l'adage populaire
«l'union fait la force » à travers des accords, des
partenariats et des réseaux divers. Pendant ce temps, au niveau de nos
localités reculées, des groupements et organisations locales
s'individualisent, font cavaliers seuls ou cachent des informations qui
seraient utiles à d'autres organisations pour initier des actions
porteuses pour toute la collectivité. Encore ici, le mot directeur devra
être «travailler ensemble » de façon
intra-sectorielle et intersectorielle pour plus de synergie et pour plus
d'efficacité.
4.2.2.3 Se spécialiser pour être plus efficace
et se renforcer pour devenir incontournable
Que ce soit les populations, prises individuellement ou
regroupées en associations/organisations, elles devront d'une part
s'instruire et s'informer constamment en vue de prendre part aux débats
collectifs, et d'autre part investir du temps et des efforts pour appuyer leurs
opinions et rendre efficace leur participation aux projets de
développement.
Partant du constat que certaines organisations de nos zones
d'étude interviennent dans plusieurs domaines simultanément (par
exemple éducation, santé, agriculture, environnement, micro
finance, etc.), nous leur suggérons de se spécialiser dans deux
domaines (au plus) afin d'y concentrer leurs énergies pour plus de
rentabilité et d'efficacité.
Il n'est pas absurde d'insister ici sur l'auto renforcement
des capacités. Les organisations locales devront associer aux projets
menés un plan de renforcement des capacités et y accorder la
même attention qu'aux autres activités des projets. La conduite de
chaque action devra représenter pour vous un cadre d'apprentissage. La
recherche de qualité pour toute action entreprise en sollicitant, au
besoin, des appuis techniques extérieurs devra aussi vous aider à
vous imposer sur le terrain.
4.2.3 Deux propositions à
l'endroit des ONG/PTF intervenant dans les 3 communes
La préoccupation de tout intervenant externe ayant
à coeur le développement des zones d'intervention devrait
être le transfert des compétences aux acteurs locaux et la
fierté de voir ceux-ci devenir progressivement maîtres de leur
sort. Cette préoccupation connaît encore quelques limites sur le
terrain. Ceci nous amène à suggérer aux ONG/PTF de nos
zones d'étude de :
4.2.3.1 Accompagner les acteurs locaux avec l'esprit de leur
céder la place progressivement
Eu égard aux limites identifiées dans l'adoption
de la démarche participative, nous lançons ici une invite aux
PTF/ONG à responsabiliser sans réserve les acteurs locaux en se
donnant les moyens de renforcer leurs capacités et en leur
concédant le droit à l'erreur notamment au démarrage du
processus de responsabilisation. Les erreurs, les échecs, les prises de
conscience à partir des fautes commises constituent des
éléments qui jalonnent tout processus d'apprentissage. Les PTF et
ONG internationales viennent en appui aux organisations locales et à la
communauté. Cet appui devrait être vu comme un projet avec des
objectifs précis, une durée, un cycle de vie respectant des
étapes, des résultats évaluables, etc. Bref, la principale
préoccupation des ONG, qui accompagnent les acteurs locaux, devra
être le transfert efficace des compétences dans l'optique de
disparaître à terme et de se reconvertir à d'autres
activités.
Nous faisons comme suit quelques propositions en vue d'une
meilleure responsabilisation des acteurs :
1. Dans chaque milieu, identifier des interlocuteurs
légitimes (il s'agit des leaders ou des ordonnateurs du milieu) ;
leur faire approprier l'idée de projet et la nécessité que
ce soit eux qui jouent le rôle central, qui fassent la mobilisation de
leur communauté ;
2. Prendre le temps d'expliquer, d'informer et de sensibiliser
la communauté à l'idée de projet afin qu'elle soit
à même de se prononcer sur leurs besoins et aspirations
profondes ;
3. Formuler les projets, planifier les actions et
répartir les rôles ensemble avec les communautés
locales ;
4. Pour l'exécution des projets, signer des contrats
d'objectifs avec les communautés et leur donner des moyens d'agir.
Renforcer leurs capacités au fur et à mesure afin que le
processus de mise en oeuvre des projets constitue pour elles un cadre
d'apprentissage ;
5. Définir avec les communautés des outils de
pilotage, de suivi et d'auto-évaluation ;
6. Evaluer périodiquement les objectifs que vous leur
avez assignés ;
7. Définir avec les communautés des
stratégies notamment de partenariat et de mobilisation des ressources et
les encourager à prendre des risques et à oser ;
8. Laisser progressivement des acteurs locaux conduire
eux-mêmes l'ensemble du processus de l'identification à
l'évaluation, en passant par la formulation et la mise en oeuvre des
actions.
4.2.3.2 Agir ensemble pour plus d'efficacité, de
pertinence et de durabilité
Nous voudrions ici mettre l'accent sur la
nécessité pour les PTF/ONG d'agir en synergie ; de
développer le dialogue et la concertation ; de mettre en
cohérence leurs actions sur le terrain. La stratégie d'action
concertée est aujourd'hui la seule voie qui pourrait conduire au
développement à travers une vision partagée, une mise en
commun des ressources, une harmonisation de la démarche et des
stratégies, un renforcement mutuel et des actions complémentaires
et coordonnées à tous les niveaux. Les cadres de concertation
existant au niveau national, comme par exemple le FONGIB43(*), le cadre de concertation
national des PTF intervenant en éducation, etc., devront avoir leur
répondant au niveau local. La maîtrise de la gestion des actions
de développement local passe par l'institutionnalisation d'un cadre
pérenne de concertation entre les acteurs. Il est nécessaire
d'organiser et de faire vivre un tel cadre au niveau de chaque commune, et
particulièrement dans les zones touchées par notre étude.
La commune de Nikki a initié une expérience dans ce sens qu'il
est nécessaire de rendre fonctionnel et pérenne.
La nécessité d'agir ensemble recommande à
tout intervenant externe au niveau des communes d'inscrire ses actions dans le
PDC. Certains acteurs et certaines actions ne sont pas encore inscrits dans la
logique de développement intégré définie par les
PDC malgré les efforts fournis tout au long du processus de
planification pour partager l'information et impliquer tous ceux qui
interviennent dans les communes. L'existence d'un cadre de concertation
fonctionnel avec des règles définies pourrait contraindre tout
nouvel intervenant à s'y conformer.
4.2.4 Deux propositions à
l'endroit de l'Etat
La décentralisation apparaît aujourd'hui comme la
meilleure voie pour impulser le développement à partir de la
base. Mais elle est, dans la pratique, confrontée à plusieurs
freins dont quelques uns ont été décrits plus haut. C'est
partant de l'ensemble des constats et analyses que nous suggérons ici au
gouvernement du Bénin de :
4.2.4.1 Montrer de la volonté de booster le processus
de décentralisation à travers des actes courageux qui rompent
avec le balbutiement des quatre premières années
La réussite de la participation de tous au
développement suppose un partage des responsabilités et des
moyens pour y parvenir. Ce partage de rôle en vue de la participation de
tous au développement du milieu doit éviter des situations
ambiguës. Au Bénin, beaucoup de flous semblent entourer la question
de transfert des compétences et des ressources. La loi a défini
un cadre global d'action. Les décrets d'application qui devraient en
préciser le mode opératoire n'ont pas encore été
adoptés ; de même les ressources prévues par la loi
n'ont pas été transférées jusqu'à ce que le
premier mandat des élus locaux arrive à son terme. La loi a
prévu une certaine durée pour l'accompagnement du gouvernement
central aux communes. Cette durée est pratiquement échue alors
que les modalités pratiques de l'accompagnement continuent toujours
d'être discutées. Il s'agit là, de quelques unes des
situations ambiguës qui entourent le processus de décentralisation
au Bénin et pour lesquelles il est nécessaire d'apporter des
réponses satisfaisantes. C'est pourquoi nous en appelons ici à la
rupture avec les balbutiements que connaît le processus de
décentralisation au Bénin en suggérant que les actes
posés en la matière soient conformes aux dispositions
légales. Le cas échéant, il serait nécessaire de
revoir les dispositions légales en les adaptant aux
réalités afin qu'il y ait une concordance entre la pratique et la
théorie.
Par ailleurs, pour donner un véritable envol au
processus de décentralisation, il est aussi nécessaire d'agir sur
les ressources humaines. C'est pourquoi nous lançons un appel à
l'Etat pour que soient placés à la tête des institutions en
charge de la décentralisation, des Hommes engagés, convaincus et
véritables militants pour la cause de la décentralisation au
Bénin.
4.2.4.2 Tracer le chemin : définir des grandes
orientations et politiques nationales pouvant avoir de retombées au
niveau local
L'articulation entre développement local et programmes
sectoriels requiert, de la part de l'Etat, la définition de politiques
sectorielles fixant des orientations et garantissant des normes
homogènes applicables sur l'ensemble du territoire ainsi qu'une
redéfinition, secteur par secteur, du rôle et des
responsabilités des différents acteurs. Sont concernés :
les administrations centrales, les services déconcentrés de
l'Etat, les communautés de base ainsi que les collectivités
territoriales en privilégiant les acteurs locaux chaque fois qu'ils
apparaissent les plus pertinents et qu'ils ont les capacités
nécessaires.
Au cours de notre enquête terrain, les acteurs locaux
ont énoncé des difficultés et contraintes qui peuvent
être reliées à l'insuffisance de grandes politiques
nationales. C'est le cas par exemple des moyens et des technologies
rudimentaires en matière de production et de transformation des
produits agricoles ; de la dégradation des voies d'accès,
limitant l'écoulement des matières premières ; de la
chute du prix de coton...
Eu égard à ce qui précède, nous
estimons que (i) le gouvernement béninois devra opérer une
profonde révolution agraire pour redonner à l'agriculture sa
véritable place dans l'économie du pays ; (ii) vu la
dépendance des prix des matières premières du
marché international, le gouvernement devra penser à une
politique de transformation des produits sur place et élaborer une
stratégie d'investissement des ressources locales et extérieures
dans ce sens. Ceci permettra de créer des emplois à tous les
niveaux. Mais encore faudrait-il qu'un contexte favorable soit
créé pour motiver ces investisseurs internes et étrangers
à intervenir (facilités administratives et douanières,
réduction de la corruption et de la lourdeur administrative ; etc.).
VALIDATION DES HYPOTHESES DE RECHERCHE ET
CONCLUSION GENERALE
Les deux hypothèses de travail ont été
vérifiées tout au long de l'analyse conduite au niveau des
chapitres 2 à 4 du présent document. Bien des
éléments les confirment.
D'abord, il a été ressortir des analyses que
l'existence d'une dynamique locale constitue indiscutablement un gage de
pérennisation et réplication des actions. Des illustrations en
ont été données à travers le mode d'organisation
des conseils communaux, le dynamisme de certaines organisations locales
notamment féminines, l'organisation de certains groupes
socioprofessionnels, pour ne citer que ces exemples là. Les
insuffisances relevées à cet effet visent essentiellement
à inciter les acteurs locaux des 3 communes ciblées à
être davantage dynamiques face aux grands enjeux de développement
de leur localité. La citation qui suit confirme davantage cette
première hypothèse : « Certaines actions sont
durables ou pérennes, vu l'implication de tous les acteurs locaux et le
rôle joué par le pouvoir local. C'est l'exemple de la cantine
endogène amorcée par les parents pour régler le
problème de la faim en milieu scolaire. L'expérience est en train
de bien prendre dans la commune de Boukombé où CRS n'a
donné aucun vivre pour la cantine »44(*).
La deuxième hypothèse s'est aussi
confirmée. Ceci est illustré, entre autres descriptions faites
dans le présent document, par les deux extraits suivants :
« On n'a jamais trop répété que l'approche
participative au développement local est en quelque sorte un processus
global de formation des bénéficiaires. Ceux parmi ces derniers
qui ont participé aux activités d'introduction et de
réalisation du Projet et/ou ont suivi des cours de formation offerts par
celui-ci à travers des organismes spécialisés ou par le
biais d'opérateurs, sont aujourd'hui beaucoup plus aptes à se
prendre en mains ou accepter certaines responsabilités de
représentation locale »45(*). « Le fait que ce soit les populations
elles-mêmes qui décident de leurs priorités en
matière d'infrastructures, qu'elles contribuent au financement des
travaux et qu'elles soient associées à toutes les étapes
de mise en place a permis aux bénéficiaires de comprendre qu'ils
ont un rôle important à jouer dans la pérennisation des
infrastructures »46(*).
Il en ressort que mieux les acteurs locaux comprennent leur
rôle et les enjeux liés à une question ou au
développement dans sa globalité, davantage ils s'y impliquent. Et
c'est pour contribuer à accroître cette compréhension des
acteurs locaux des grandes questions d'enjeux liées au
développement de leur localité que les approches de solutions
proposées, dans le présent document, relatives à leur
capacitation ont été formulées.
En conclusion, il découle des descriptions et des
analyses faites au niveau des précédents chapitres que les
acteurs de développement des zones touchées par la
présente étude font un effort permanent d'adoption d'une
démarche participative dans la conduite de leurs actions sur le terrain.
Bien des intervenants externes essayent de se conformer aux
caractéristiques d'une gestion intégrée des projets de
développement à savoir la prise en compte de l'environnement du
projet, l'implication des acteurs locaux dans l'ensemble du processus, la mise
en place d'un système efficace de communication, le transfert des
compétences aux ressources humaines locales, etc.
Malgré tout, des insuffisances subsistent de part et
d'autre. Des avancées notables pourraient être davantage obtenues
si les intervenants en développement se concentraient sur l'organisation
de la société locale, sur la capacitation des acteurs locaux et
de leurs institutions, sur une réelle responsabilisation des acteurs,
sur la concertation et la mise en synergie des idées et des actions
à tous les niveaux.
Par ailleurs, le développement rêvé aussi
bien pour les zones touchées par la présente étude que
pour l'ensemble des collectivités locales du Bénin, ne sera
véritablement possible que dans la mesure où les autorités
locales l'abordent dans une approche globale et avec une vision prospective.
Cela appelle nécessairement à susciter une dynamique
intersectorielle globale, à impulser des activités
économiques créatrices de richesses et créer des
conditions de leur développement, à assurer la formation des
populations, à améliorer leur communication vis-à-vis de
l'extérieur par des outils fiables, ainsi qu'à promouvoir une vie
sociale et culturelle diversifiées et de qualité suffisante.
Bref, elles devront conduire une action simultanée dans tous les
secteurs de la vie. Pour bâtir un tel édifice, un soubassement
solide axé sur des compétences avérées et sur des
bras valides engagés et motivés doit exister en interne. C'est
là, le sens de l'approche participative.
Il n'est pas superflu de rappeler que la participation
constitue une avancée de grande envergure dans l'approche du
développement local. Les multiples exemples évoqués le
long du présent document, malgré leurs limites, montrent que la
voie tracée est plutôt prometteuse.
Cependant, nous attirons ici l'attention sur un point
essentiel ; celui de prendre garde à ne point considérer la
participation comme une fin en soi. Elle est plutôt promue comme un moyen
devant permettre de mieux capaciter les acteurs locaux afin qu'ils jouent
progressivement le rôle de première vedette en matière de
développement local. L'avenir des collectivités locales de nos
zones d'étude, et même de l'ensemble des régions du
Bénin, est à notre avis sur la voie d'une participation qui
crée un espace pour les citoyens, les professionnels du
développement et les autorités locales pour débattre et
bâtir des projets cohérents, réalistes et adaptés
aux réalités du milieu ; mais aussi pour exécuter ces
projets de manière synergique afin d'en tirer des avantages
réciproques.
L'enjeu de l'approche
participative est donc ici fondamental. D'une part, il s'agit pour les PTF/ONG,
dans un contexte de désengagement de l'Etat et de crise
économique et financière prononcée, d'aider les
populations à lutter contre la fatalité et à
développer leur capital de production afin de s'autonomiser
progressivement. D'autre part, il s'agit pour les maires et les conseils
communaux, de reconnaître la nécessité de concilier une
approche par la demande dans le cadre de processus participatifs et une
approche par l'offre dans le cadre d'une approche "descendante"
consubstantielle aux programmes sectoriels nationaux. Il s'agit
également, pour eux, de concilier la satisfaction des besoins
immédiats des populations et la prise en compte des défis du
développement durable, nécessitant une vision prospective.
Bref, c'est d'abord aux collectivités locales
qu'il appartient d'assurer la combinaison des facteurs nécessaires
à leur développement durable. Chaque collectivité doit
élaborer sa propre solution, car ce qui donnera de bons résultats
dans une collectivité sera peut-être inopérant dans une
autre.
Par ailleurs, la mise en oeuvre de l'approche participative
impose l'apprentissage d'un mode d'intervention nouveau tant pour les
populations, qui ont une vision déformée de l'intervention des
ONG et des projets (pourvoyeurs de fonds), que pour les intervenants en
développement qui doivent apprendre à écouter les
populations, à ne pas imposer a priori leur savoir technique, et
à avoir la patience de progresser à un rythme raisonnable
favorisant l'apprentissage des acteurs locaux. Autrement dit, il s'agit pour
les ONG et projets intervenant dans les zones d'étude de trouver le
juste milieu entre la course à l'atteinte des objectifs induite par les
engagements pris vis-à-vis des bailleurs (ou partenaires au
développement) et l'objectif à terme d'une meilleure capacitation
des acteurs locaux, pour lequel les actions développées
aujourd'hui devront servir de tremplin.
S'agissant de la décentralisation, elle est un
processus long et complexe. Au Bénin, son caractère encore
récent, l'insuffisance des textes d'application, l'adhésion pas
toujours totale des administrations, les capacités embryonnaires de
collectivités locales naissantes et la faiblesse de leurs ressources
propres -fiscalité locale et transferts du budget central de l'Etat-
sont autant d'obstacles que les projets de développement local doivent
prendre en compte. Le problème se pose, notamment, en termes de gestion
d'une transition qui appelle beaucoup de flexibilité ainsi qu'un
engagement dans la durée de la part des bailleurs de fonds qui la
soutiennent. Le problème se pose également en termes
d'organisation et d'agencement des différentes étapes du
processus. Car, toute précipitation sans profondes réflexions,
toute hésitation sur une durée relativement longue et toute
navigation à vue, seraient fatales au processus.
Il est clair, pour finir, que le développement
local met en jeu plusieurs acteurs : les citoyens pris individuellement ou
regroupés en associations, les collectivités locales, le
gouvernement central et les partenaires au développement. Chacun de ces
acteurs devra connaître sa place et son rôle dans le processus. La
définition et la répartition sans ambages des
responsabilités constituent un préalable à toute dynamique
et mobilisation. Aussi, est-il vrai que l'obtention de résultats
efficaces et durables en matière de développement ne peut
provenir que de la gestion concertée et d'une meilleure
démocratie à la base.
Somme toute, l'observation des résistances au
changement dans le rang des partenaires au développement et du
gouvernement central d'une part, et d'autre part le triste constat de
l'attentisme et de la politique de main tendue dans le rang des acteurs locaux
(collectivités locales et populations) suscitent en nous de nouvelles
interrogations qui ouvrent le champ de la présente étude à
d'autres réflexions ultérieures. Elles se résument aux
interrogations suivantes : Existe-t-il une crainte pour l'Etat, les
services déconcentrés et les partenaires au développement
à voir les capacités des collectivités locales se
renforcer réellement ? Les aides extérieures
n'inhibent-elles pas la prise d'initiatives et de risque par les populations
à la base et même, à un niveau macro, par le gouvernement
central ? En un mot, quelles sont les mesures à prendre pour que
les aides extérieures soient efficacement mises au service du
développement de nos localités ?
BIBLIOGRAPHIE
I- TEXTES ET DOCUMENTS JURIDIQUES
1. RÉPUBLIQUE DU BÉNIN (1990) ;
Constitution du 11 décembre 1990
2. MISSION DE DÉCENTRALISATION (2006) ;
Recueil des lois sur la décentralisation
II- DOCUMENTS SPÉCIFIQUES
3. AIDE ET ACTION BÉNIN (2005) ; Analyse
du dispositif d'intervention du Programme Bénin et quelques perspectives
d'évolution
4. BANQUE MONDIALE (----); Etude environnementale du
Projet National de Développement Conduit par les Communautés
(PNDCC)
5. CIRD & OSIWA (2004) ; Guide d'un e bonne
gouvernance démocratique locale ; p.246
6. COMMUNE DE NIKKI (----); Monographie de
Nikki ; p.44
7. COMMUNE DE NIKKI (2004) ; Plan de
Développement Communal 2004-2008 ; p. 50
8. Dr. J. LOHMEIR (1997) ; Planification
participative et Gestion du cycle de projet ; p. 176
9. F. DOLIGEZ (2003) ; La participation : un
cadre d'analyse ; p. 21
10. FENU (2004) ; Le pouvoir des pauvres, La
gouvernance locale pour la réduction de la pauvreté ;
p. 177
11. FENU (2006) ; Capitalisation des
expériences des projets d'appui en développement local et
décentralisation en Afrique de l'Ouest : Le cas du
Bénin ; p. 111
12. GTZ (2001) ; Décentralisation, Guide sur
la prise en compte de la dimension du genre ; p. 46
13. J. HEIMANS (2002) ; Renforcer la participation
à la gestion des dépenses publiques : recommandations
à l'intention des principaux acteurs, OCDE ; p. 47
14. M. FINKEN (---)- Programme de partenariat municipal ;
Décentralisation : vue d'ensemble en Afrique ; p.
8
15. PDM (----); Décentralisation, acteurs
locaux et services sociaux en Afrique : L'impact de la
décentralisation sur les services de la santé et
d'éducation en Afrique de l'Ouest et du Centre ; p. 125
16. R. ADJAHO (2004) ; Décentralisation : La
question de la tutelle de l'Etat sur les collectivités
locales ; p. 125
17. R. ADJAHO (2005) ; Bonne gouvernance au
Bénin : Ma contribution ; p. 148
18. S. DAMAK AYADI (----) ; La théorie des
parties prenantes : théorie empirique ou théorie normative
? ; p18
19. S. MEER & C. SEVER /IDS (2004) ; Genre et
citoyenneté ; p. 54
20. S. NEUBERT /IAD (1998) ; Un nouveau
système d'analyse des effets sociaux des projets d'aide au
développement ; p. 29
21. SNV-BUREAU CONSEILS DE NATITINGOU (2006) ; Plan
d'action 2007
III- OUVRAGES GÉNÉRAUX - RAPPORTS ET
REVUES
22. BANQUE MONDIALE (2004) ; Suivi &
Evaluation : Quelques outils, méthodes et approches ; p. 27
23. CEDOLO & SNV (2004) ; La
décentralisation au Mali : du discours à la pratique,
Bulletin n°358 ; p.89
24. C. CASTELLANET - Gret (2003) ; Cycle des projets,
cadre logique et efficacité des interventions de
développement ; p.37
25. COMMISSION EUROPÉENNE (2004) ; Lignes
directrices Gestion du cycle de projet ; p. 160
26. F3E (2002) ; Guide méthodologique, Le
suivi d'un projet de développement, démarche, dispositif,
indicateurs ; p. 86
27. F. P. YATTA (2000) ; La décentralisation
financière en Afrique, Succès, Problèmes et
Contraintes ; p.9
28. GROUPE DE RECHERCHE ET D'ÉCHANGES (2006) ;
Des outils pour programmer, suivre, évaluer et présenter ses
projets ; Coopérer aujourd'hui n°43 ; p. 47
29. I. KAFFO (2004) ; L'Afrique au ras du
décollage, Un plaidoyer pour une alliance citoyenne ; p.270
30. J. AUBEL (2000) ; Manuel d'évaluation
participative, Comment assurer la participation des exécutants de
programme dans le processus d'évaluation ; p. 104
31. J. L. BAKER / Banque Mondiale (2000) ; Evaluation
de l'impact des projets de développement sur la pauvreté, Manuel
à l'attention des praticiens ; p.196
32. J. JüTTING, E. CORSI ET A. STOCKMAYER / OCDE
(2005) ; Décentralisation et réduction de la
pauvreté ; p.6
33. OCDE (2006) ; La gestion axée sur les
résultats de développement, Document de
référence : Des principes de l'action ; p. 214
34. OCDE (1998) ; PUMA, Note de synthèse
n°5, Guide des meilleures pratiques à suivre pour
l'évaluation ; p. 6
35. P. K. N'GOUAN (1996) ; Système
d'organisation associative ; p. 239
36. PNUD (2000) ; Vaincre la pauvreté humaine,
Rapport sur la pauvreté
37. P. SEBAHARA - CEGPD (2004) ; Suivi Evaluation des
appuis à la décentralisation et à la gouvernance locale,
Document de réflexion n°5
38. SÉRIE, BULLETIN 357 (2004) :
Décentralisation et gouvernance locale, Financer la
décentralisation rurale, Taxes et impôts à l'échelle
locale au Bénin, Burkina Faso et Mali ; p. 97 ;
39. TÉLESCOPE (2004) ; La
décentralisation administrative en Afrique subsaharienne ;
volume 11, n°3; p.24
40. URBANEWS (2003) ; Le budget participatif :
outil de démocratie participative, DDC, n°7 ; p 4
ANNEXES :
LA LISTE
DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
LES
OUTILS DE COLLECTE
QUELQUES
DONNÉES COMPLEMENTAIRES ISSUES DE L'ENQUÊTE TERRAIN
ANNEXE N°1 : La liste
des tableaux et graphiques
Les tableaux :
Tableau n°1 : Taux brut de scolarisation
2004-2005
Tableau n°2 : Taux d'abandon par année
d'étude en 2004-2005
Tableau n°3 : Participation selon Albert
Meister
Tableau n°4 : Participation selon Silvain
Fortin
Tableau n° 5 : Récapitulatif de
l'échantillonnage
Tableau n°6 : Budget des communes de Cobly et
de Boukombé sur l'année 2007
Tableau N°7 : Balance Recettes/Dépenses (y
compris investissement et fonctionnement) dans la
Commune de Boukombé de 1998
à mi 2004
Tableau n°9 : Quelques femmes leaders
Tableau n°10 : Place des femmes dans les
organisations/groupements locaux
Tableau n°11 : Rapport nombre
d'instruits/alphabétisés par rapport au nombre total de
membres
Les graphiques :
Graphiques n°1 : Degré de connaissance des
populations de l'existence du PDC
Graphiques n°2 : Recettes propres et fonds
transférés à la commune de Nikki
Graphiques n°3 : Ressources fiscales de la commune
de Nikki
Graphiques n°4 : Ressources non fiscales de la
commune de Nikki
Graphiques n°5 : Regard des populations sur la
gestion des élus locaux
ANNEXE N°2 :
Les outils de collecte des données
I- QUESTIONNAIRE ADRESSÉ AU CONSEIL
COMMUNAL
Superficie :
Population : Total Hommes Femmes
0-14 ans
|
15 - 59 ans
|
60 ans +
|
|
|
|
Découpage administratif :
Nom/Arrondissements
|
Superficie
|
Population
|
Nombre de villages
|
0-14 ans
|
15-59 ans
|
60 ans +
|
Total
|
Femmes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Organisation administrative et
institutionnelle (fonctionnement)
Cadres de
Concertation
|
Acteurs concernés
|
Périodicité
Quelques dates de rencontres
|
Nature des conclusions (avis, décisions ayant force de
loi)
|
Observations
|
|
|
|
|
|
Compétences exercées par les
communes :
Domaines / Secteurs
|
Actions menées
|
Ressources affectées
|
Soutiens des partenaires
|
Observations
|
Partenaires
|
Types de soutien
|
|
|
|
|
|
|
Description de quelques lignes des Stratégies /
démarches partenariales (Existe-t-il un document bien
élaboré à cet effet ?)
Budget Total : Fonds propres :
Subvention de l'Etat
Proportion des apports des partenaires dans le budget de la
commune :
Nombre d'ONG Internationales ou d'Organismes internationaux
intervenant dans la commune :
Nombre d'ONG locales / groupement d'acteurs ou d'association
de développement :
Sources de financement des organisations locales :
· cotisations subventions de la commune subventions des
partenaires
· dons projets de l'Etat projet des bailleurs
Appréciations du Conseil communal de l'utilité
des organisations locales dans le développement de la
commune (dynamisme, initiatives de développement, aptitudes
à trouver de financement ou à faire intervenir des partenaires,
aptitudes à mobiliser la communauté etc.) :
Les actions des organisations locales à l'état
actuel comblent-elles vos attentes en qu'instance dirigeante ?
Si oui, sur quels plans ?
Si non, pourquoi ?
Quel dynamisme insufflez vous à ces organisations pour
qu'elles soient vos supports pour le développement de la commune ?
Autrement, que faites-vous pour que ces organisations soient plus dynamiques
sur le terrain ?
Quelles sont vos attentes par rapport à ces organisations
à l'avenir et quelles stratégies mettez vous en oeuvre pour
y parvenir ?
Outre les organisations locales, y-a-t-il d'autres types de
leaders d'opinions au niveau de la commune ? Lesquels ? Dans quels
domaines sont-ils actifs ? Comment agissent-ils sur le terrain ?
Liste des partenaires au développement intervenant au
niveau de votre Commune (ONG internationales / Projets /Programmes d'Etat, des
bailleurs, etc.)
Partenaires :
nom et date de début d'intervention
|
Domaines d'intervention
|
Mode d'intervention
|
Cibles visées
|
Direct
(avec qui travaillent-ils : Animateurs propres ?
animateurs endogènes ? ou autres)
|
Appui accompagnement
(A qui : ONG locales ? groupements d'acteurs ?
associations de dévpt ? etc.)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
II - QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX PARTENAIRES EXTERNES
INTERVENANT DANS LA COMMUNE
Nom et date de début des interventions dans la
Commune :
Domaines d'intervention
|
Mode d'intervention
|
Cibles visées
|
Direct (avec qui travaillent-ils : Animateurs
propres ? animateurs endogènes ? ou autres)
|
Appui accompagnement
(A qui : ONG locales ? groupements d'acteurs ?
associations de dévpt ?etc.)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Description des actions menées
|
Stratégies utilisées
(comment agissent-ils sur le terrain ? Préciser la
stratégie que ce soit en mode d'intervention directe ou en appui
accompagnement)
|
|
|
|
|
· Vérification de leur niveau de connaissance des
enjeux de développement dans la zone d'intervention :
· Vérification des principaux résultats qu'ils
ont obtenus depuis le début de leurs actions :
· Impact de ces résultats sur le développement
du milieu :
· Cadres de concertation avec les autres acteurs et
interventions dans la zone d'intervention :
Cadres/espaces de concertation
|
Acteurs concernés
|
Sujets débattus
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
NB : Demander à avoir
une copie du plan d'action, plan de renforcement et des documents de
stratégies.
III - QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX ORGANISATIONS LOCALES ET
AUTRES TYPES DE GROUPEMENTS D'ACTEURS (Associations de développement,
groupements féminins, de jeunes, etc.)
Noms / Dates de création :
Domaines d'intervention
|
Cibles
|
Partenaires
|
Type d'appuis apportés par le part.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Composition des organisations : Nombre total Hommes
Femmes Jeunes
Composition des bureaux : Nombre total Hommes
Femmes Jeunes
· Appréciation du niveau de prise de
décisions :
Femmes : Peu écoutées et suivies Souvent
écoutées et suivies Toujours écoutées et
suivies
Hommes : Peu écoutés et suivis Souvent
écoutés et suivis Toujours écoutés et suivis
Jeunes (- de 30 ans) : Peu écoutés et
suivis Souvent écoutés et suivis Toujours
écoutés et suivis
Exemples de grandes décisions déjà
prises :
Description du processus de prise de décision :
Exemple 1
|
Exemple 2
|
Exemple 3
|
|
|
|
· Appréciation du niveau
d'engagements :
Femmes : Peu engagées et actives Moyennement
engagées et actives Très engagées et actives
Hommes : Peu engagés et actifs Moyennement
engagés et actifs Très engagés et actifs
Jeunes : Peu engagés et actifs
Moyennement engagés et actifs Très engagés et
actifs
Décrivez quelques grandes actions
réalisées :
Avec les femmes
|
Sans les femmes
|
|
|
· Appréciation du niveau
d'instruction/alphabétisation dans les organisations :
Nombre de personnes instruites dans le groupe
|
Niveau d'instruction dans le groupe
|
Nombre de personnes instruites dans le bureau
|
Niveau d'instruction dans le bureau
|
Nombre de personnes alphabétisées
|
Types de langues concernées
|
T
|
H
|
F
|
H
|
F
|
T
|
H
|
F
|
H
|
F
|
T
|
H
|
F
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Description des actions menées par l'organisation
locale
|
Stratégies utilisées
|
|
|
|
|
NB : Demander à avoir une copie du
plan d'action, plan de renforcement et documents de
stratégies.
La mobilisation sociale à l'état actuel est-elle
à la hauteur de vos efforts ? ou Comble-t-elle vos
attentes ?
Si oui, sur quels plans ?
Si non, pourquoi ?
Quel dynamisme insufflez vous à ces communautés
pour qu'elles soient vos supports en matière de développement
à la base ? Autrement, que faites-vous pour que les
communautés soient plus dynamiques sur le terrain ?
Quelles sont vos attentes par rapport aux communautés
à l'avenir ?
Quelles stratégies comptez vous mettre en place pour que
ces attentes soient comblées ?
Travaillez vous avec des leaders d'opinions au niveau vos zones
d'intervention (village, arrondissement) ?
Si oui lesquels ?
Dans quels domaines sont-ils actifs ?
Comment agissent-ils sur le terrain ?
Sont-ils écoutés et suivis ? A quelle
proportion à peu près de la population du milieu ?
IV- QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX LEADERS
D'OPINIONS
Nom, prénom et titre (facultatif) :
Vous êtes identifié comme leaders d'opinions. Vous
reconnaissez vous comme tel ?
Si non, pourquoi ?
Si oui, décrivez nous votre parcours pour en être
là ?
Dans quels domaines êtes vous actifs ?
Comment agissez vous sur le terrain ?
Etes-vous écoutés et suivis ? A quelle
proportion à peu près de la population de votre milieu ?
Existent-ils d'autres leaders d'opinions dans le milieu ?
Quelles relations entretenez vous ?
Avez-vous des cadres de concertation dans le milieu : Oui
Non
Périodicité de rencontre
|
Acteurs mobilisés
|
Sujets débattus
|
Natures des conclusions
(conclusions ; à qui elles sont
adressées ?)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
· Votre appréciation du niveau de
participation des populations aux actions de
développement :
Femmes : Peu engagées et actives Moyennement
engagées et actives Très engagées et actives
Hommes : Peu engagés et actifs Moyennement
engagés et actifs Très engagés et actifs
Jeunes : Peu engagés et actifs Moyennement
engagés et actifs Très engagés et actifs
Quelle est votre vision pour le développement de votre
localité ?
Quelles sont les actions que vous prévoyez de mener
à l'avenir pour le développement de votre
localité ?
Comment comptez vous les mener et avec qui ?
Quelles vos attentes à l'égard :
· des populations ?
· des organisations locales :
· des ONG Internationales :
· des élus locaux :
· de l'Etat :
V - QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX POPULATIONS
Nom, prénom et titre (facultatif) :
· Dans quelles actions de développement
êtes-vous engagées au niveau de votre localité ?
Donnez quelques exemples :
· Votre village/quartier dispose-t-il d'un plan de
développement local ?
Si oui, comment il a été
élaboré ?
Si non, comment les actions de développement de votre
localité sont-elles choisies et par qui ?
· De quelle manière les organisations intervenant
dans votre localité associent-elles les populations aux actions
menées pour le développement du milieu ?
Donnez des exemples précis en citant le nom des
organisations sur lesquelles l'illustration porte :
· Quelles sont les organisations (locales ou
internationales) qui interviennent dans votre milieu ?
Nom des organisations (locales ou internationales)
|
Domaines d'intervention de chaque organisation
|
Modes d'intervention (avec qui ? et comment ?)
|
Actions menées
|
Destinataires
|
|
|
|
|
|
· Quelles appréciations faites-vous de
l'intervention des organisations que vous connaissez et aussi du conseil
communal
Structures (ONG/collectivités communales/locales
|
Résultats obtenus
|
Stratégies utilisées
|
Forces
|
Faiblesses
|
Forces
|
Faiblesses
|
|
|
|
|
|
· Connaissez-vous des leaders d'opinions dans votre
localité ?
Citez quelques-uns des leaders
(nom, profession, etc.)
|
Pourquoi dites vous qu'ils sont des leaders ?
|
Comment ces leaders mobilisent-ils les populations ?
|
Comment arrivent-ils à gagner votre confiance ?
|
Citez quelques actions menées par chaque leader et
décrivez le processus de conduite des actions
|
|
|
|
|
|
· Existent-ils des cadres d'animations communautaires
dans votre milieu ? Lesquels et qui regroupent-ils ?
· Donnez la date de la dernière rencontre :
· Que reprochez vous aux organisations et élus
locaux qui interviennent dans le développement de votre
localité ?
· Quelles sont vos perspectives pour le
développement de votre localité ?
· Quelles sont vos attentes par rapport à chaque
catégorie d'acteurs intervenant dans votre milieu :
- Leaders d'opinions :
- ONG locales/associations de développement/groupements
divers :
- Autorités de la commune et de l'arrondissement :
- ONG internationales et autres partenaires d'appui :
ANNEXE N°3 :
Tableau récapitulatif du mode d'intervention de quelques partenaires des
3 communes ciblées
Partenaires des Communes
|
Domaines d'action
|
Mode d'intervention
|
Cibles
|
Zones d'étude touchées
|
Direct / Semi-direct
|
Appui accompagnement
|
Aide et action
|
Education, scolarisation des filles en particulier
|
Animateurs endogènes, Conseillers propres
|
ONG locales, groupements d'acteurs
|
Elèves, enseignants,
Populations
|
Nikki, Cobly,
Boukombé
|
Plan Bénin
|
Education, santé
|
Assistants propres, animateurs locaux
|
Groupements d'acteurs
|
Populations
|
Cobly,
Boukombé
|
SNV
|
Appuis conseils
|
Conseillers propres
|
Mairie, ONG locales, groupements d'acteurs
|
Populations
|
Cobly,
Boukombé
|
PNDCC47(*)
|
Réalisation des infrastructures de base
|
Animateurs propres
|
Groupements d'acteurs
|
Populations pauvres
|
Nikki, Cobly,
Boukombé
|
Louvain-Développement
|
Sécurité alimentaire, micro finance,
|
Animateurs propres
|
ONG locales
|
Producteurs
|
Cobly,
Boukombé
|
PAMRAD48(*)
|
Agricultures
|
Animateurs propres
|
ONG locales ; CeCPA groupements d'acteurs ;
|
Producteurs, Eleveurs
|
Cobly,
Boukombé
|
PDDC49(*)
|
Appuis conseils ; équipements
|
Animateurs endogènes
|
ONG locales
|
Mairie
|
Cobly,
Boukombé
|
PADEAR-GTZ
|
Eau ; hygiène et assainissement
|
Animateurs endogènes
|
Groupements d'acteurs, ONG locales
|
Populations
|
Cobly,
Boukombé
|
UNIDEA
|
Santé
|
Animateurs propres
|
Groupements d'acteurs
|
Populations
|
Cobly,
|
CRS
|
Education
|
Animateurs propres
|
Groupements d'acteurs
|
Populations
|
Cobly, Bouk.
|
ADECOI
|
Equipements, appui institutionnel et aux initiatives locales
|
Equipe de projet
|
Mairie, comités locaux
|
Collectivités locales, populations
|
Nikki
|
IFESH- Bénin
|
Education, formation des maîtres, visites des classes
|
Animateur propre (assistant pédagogique)
|
|
Ecoles, enseignants
|
Cobly
|
Source : Données de l'enquête
ANNEXE N°4 : Les apports financiers de quelques partenaires au secteur
de l'éducation dans la Commune de Nikki
N°
|
Activités
|
Partenaires
|
Apports
en FCFA
|
Contribution du CCE
|
Total
en FCFA
|
|
1. Sensibilisation des filles
élèves, des parents, des professeurs de la Commune
|
LARES
|
740 000
|
230 000
|
970 000
|
|
2. Formation des APE, DEP et participation aux divers ateliers
|
World Education/ CAPID-ONG
|
4 150 000
|
830 300
|
4 980 000
|
|
3. Création des espaces d'études, installation de
moulins à bobine dans trois villages (Séréwondirou, Tasso,
Tchikandou)
|
World Education/ CAPID-ONG
|
7 000 000
|
|
7 000 000
|
|
4. Construction d'une salle d'étude à Gbaari
|
World Education/ CAPID-ONG
|
2 500 000
|
|
2 500 000
|
|
5. Prise en charge des orphelins (240 filles) dans 5
écoles
|
APEM AGSP
|
48 000 000
|
|
48 000 000
|
|
6. Construction d'un module de 3 classes à Takou
|
Projet Equipe
|
4 887 510
|
5 766 563
|
10 654 073
|
|
7. Construction d'un module de 3 classes, bureau, magasin et
équipement à Boucanèrè/Nikki
|
ADECOI
|
15 001 382
|
|
15 001 382
|
|
8. Construction d'un module de 3 classes, bureau, magasin et
équipement à Soumarou/Suya
|
ADECOI
|
16 487 789
|
|
16 487 789
|
|
9. Construction d'un module de 3 classes, bureau, magasin et
équipement à Gbabiré/Tasso
|
ADECOI
|
13 700 000
|
|
13 700 000
|
|
10. Prise en charge de 2 élèves de 2003 à
2005
|
Enfant Epanoui Bénin-ONG
|
88 200
|
|
88 200
|
|
11. Prise en charge de 64 orphelins au centre de lecture
dirigée de 2004 à 2005
|
Enfant Epanoui Bénin-ONG
|
200 600
|
|
200 600
|
|
12. Prise en charge de 124 orphelins au centre de lecture
dirigée en 2005/2006
|
Enfant Epanoui Bénin-ONG
|
560 200
|
|
560 200
|
|
13. Organisation de cours de vacance à l'école
Nikki-Maro
|
Enfant Epanoui Bénin-ONG
|
152 250
|
45 950
|
198 200
|
|
TOTAL
|
|
113 467 931
|
|
120 340 444
|
Source :
Données de l'enquête
ANNEXE
N°5 : Tableau récapitulatif des attentes des acteurs en
matière de développement : l'exemple de Cobly
Attentes de l'ensemble des acteurs à
l'égard des populations
|
Attentes des populations à l'égard des
leaders d'opinion
|
Attentes des populations/CC à l'égard des
ONG locales
|
Attentes des populations à l'égard des
Autorités communales
|
Attentes de l'ensemble des acteurs internes à
l'égard des PTF/ONG intern.
|
Attentes de l'ensemble des acteurs internes à
l'égard de l'Etat
|
Le changement de mentalité des population ; accepter
de pren-dre le risque ; entreprise indivi-duelle évolue
|
Que le nombre de leaders augmente
|
Appui pour l'atteinte de leurs objectifs, bonne structuration des
organes de gestion
|
Que la mairie prenne des décisions de développement
tels que la reconstruction des voiesTokibi- Tchanonga, Tokibi-Gnangou
|
Renouvellement des contrats d'appui, accessibilité aux
appuis des ONG
|
Un appui concret aux artisans et aux structures locales
|
Participation active de la population
|
Nous aider à avoir un cadre de concertation et à
nous former
|
Un meilleur renforcement des ONG locales à
s'autogérer
|
Améliorer leur façon de gérer les actions de
développement
|
Faire des appuis financiers et techniques
|
Renforcement des filières agricoles et du
développement local
|
Qu'elle se donne à l'agriculture surtout la production du
maïs et du sorgho, arachide, etc.
|
Que ces leaders ne cessent pas de faire de bonnes actions pour le
développement de Tokibi
|
Les ONG devraient changer de manière de faire
c'est-à-dire ne pas dire une chose et la contredire
|
Prendre des décisions pour renforcer les groupements
d'agriculteurs en eau potable pour la vie et les bêtes
|
Bien préparer leur désengagement à l'endroit
des ONG locales et de la population à la base
|
Beaucoup de subventions au secteur agricole surtout les secteurs
ruraux pour un décollage du développement
|
Qu'elles s'impliquent positivement pour rattraper ce qu'elles ont
perdu il y a des années
|
Un appui à l'information aux structures et à la
communauté
|
Un appui technique et un suivi rigoureux des activités
|
Prise de décision favorisant le développement de ma
communauté
|
Un appui financier ; élargissement du secteur
d'intervention
|
Qu'il honore ses engagements à travers un partage
équitable des ressources de l'Etat
|
Favorables car elles prendront part activement aux prises de
décision et apporteront leur part de contribution communautaire
|
Meilleure collaboration entre leaders d'opinions
|
Qu'elles ne cessent pas de nous appuyer
|
Rechercher les financements pour réaliser les actions de
développement (forage, route)
|
Appuyer notre arrondissement à se développer
|
Que l'Etat prenne au sérieux des décisions pour
accompagner l'éducation informelle surtout l'alpha comme
l'éducation formelle. Qu'il organise ce secteur de l'éducation
|
Qu'elles soient actives et participent aux actions de
développement dont elles sont les bénéficiaires
|
Qu'ils continuent de mobiliser des populations autour des actions
de développement
|
Nous invitons l'organisation à nous aider pour plus de
sensibilisations
|
Que le maire fasse quelque chose de concret à
Nanagadé
|
On leur souhaite plus d'appui financier et plus de subvention
|
Faire des subventions ; renforcer les capaci-tés des
personnes ressources tels que les maîtres ; les agents de
santé
|
Qu'elles soient attentives, respectueuses et très
impliquées pour les actions de développement
|
A organiser la cité pour qu'il n'y ait plus de
rancunes ; des appuis techniques en communication
|
Des actions pour un développement durable à travers
la prise en compte du genre et de l'environnement
|
Appui moral ; prise de grandes décisions du
développement
|
Appuis financiers et organisationnels
|
Représente notre grand père ; ne pas nous
sevrer brusquement
|
Qu'elles soient attentives et motivées à toutes
initiatives
|
Une union de nos efforts pour le développement
|
Travailler ensemble pour un bon résultat (fils de Cobly
travaillons la main dans la main)
|
Plus de volontaristes qui se mettent au service de leurs parents
pour le développement de Cobly
|
Avoir plus d'ONG pour développer notre commune
|
Appui à la tutelle
|
Continuer à s'acquitter de leur devoir ; inscrire les
enfants et surtout les filles à l'école
De se prêter apte à la mobilisation des
contreparties dans la réalisation des ouvrages communautaires
|
Qu'ils nous assistent en matière d'organisation et de
proposition d'activités
|
Qu'elles soient bien outillées et sollicitées
|
Qu'ils prennent des décisions pour renforcer les
capacités des communautés
|
Appui concret aux ONG locales
|
Apport des personnes ressources ; appui financier pour les
réalisations de nos attentes
|
Nous voulons des leaders engagés pour la cause de
développement
|
Résultats concrets pour diverses actions menées
|
Un développement basé sur l'union,
l'égalité et la justice
|
Appui technique ; financier et formations
|
Qu'il renforce les moyens accordés aux communes pour
qu'elles reprennent vie.
Donc on voudrait avoir plus de subventions.
Il faut que l'Etat agisse en bon père de famille.
|
Mieux nous impliquer dans les actions de développement
|
Appui organisationnel et les formations
|
Mieux oeuvrer pour le développement de la commune
|
Avoir les conditions favorables
|
Une réussite des actions menées
|
Qu'elles aient le développement de la localité
à coeur et cultivent la concorde
|
Qu'elles s'attaquent aux problèmes réels et
s'inscrivent dans un esprit de durabilité
|
Qu'ils aient la patience et soient plus impliqués dans les
actions de développement
|
Bonne gouvernance, actions concertées
|
Un meilleur renforcement des capacités
financières ; une assistance technique ; un appui de
promotion
|
Appui à la sensibilisation et à la formation des
parents et enseignants, recrutement des enseignants, plaidoyer auprès de
l'Assemblée Nationale (lois)
|
Franche collaboration car l'union fait la force
|
Qu'ils fassent un effort pour apporter leur part à l'alpha
et l'épanouissement des populations pauvres
|
Ce sont eux qui devront motiver et sensibiliser les populations
à prendre part à toutes les actions de développement
|
Qu'ils soient les pilotes du développement
|
Source :
Données de l'enquête
ANNEXE N°6 :
Exposé oral présenté à la soutenance du
présent document
Les illustrations dont référence est
faite lors de la présentation orale
Illustration 1
Illustration 2
Illustration 3
Illustration 4
Illustration 5
* 1 UNICEF (2006) ;
Situation des enfants dans le monde
* 2 PNUD (2006) ; Rapport
mondial sur le développement humain
* 3 Article 13 de la
Constitution du 11 décembre 1990 : « L'état
pourvoit à l'éducation de la jeunesse par des écoles
publiques. L'enseignement primaire est obligatoire. L'Etat assure
progressivement la gratuité de l'enseignement public ».
* 4 PNUD, Rapport mondial sur le développement humain,
2006
* 5 Indicateur de
développement humain
* 6 Richard A. (2004) ;
Décentralisation, la question de la tutelle de l'Etat sur les
collectivités locales ; les Editions du Flamboyant ; 125 p.
* 7 D'après le
recensement général de la population et des habitats (RGPH) de
2002
* 8 Groupe de recherche et
d'échanges technologiques (GRET), Coopérer aujourd'hui n°43,
mars 2005
* 9 J. MERCOIRET cité par
Issa SORGHO (2006) ; Développement local et
décentralisation
* 10 Bernard Vachon (2001)
; Le développement local intégré : une approche
humaniste, économique et écologique du développement des
collectivités locales
* 11 Paul Houée
cité par Clause Casagrande ; Rôle des collectivités
locales dans le développement local ; déc. 2003
* 12 AFD : Agence
Française de Développement
* 13 L'AFD & le
développement local en zones rurales, note d'orientations
opérationnelles ; janvier 2001
* 14 Issa Sorgho (qui aussi se
réfère à d'autres auteurs) ; Op. Cit.
* 15 FAO (Organisation des
Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) ; Approche
participative, communication et gestion des ressources forestières en
Afrique sahélienne : Bilan et perspectives ; 1995 ; 114 p.
* 16 Emmanuel Matteudi
l'article ; Participation et développement local
* 17 Albert Meister,
1974 ; La participation dans les associations ; Paris, Ed.
Ouvrière ; 276 pages
* 18 Silvain Fortin,
1969 ; «La participation et le pouvoir » in revue
Recherches Sociologique ; Vol. n1-2, Québec, Les presses de
l'Université de Laval, p. 307 à 307
* 19 A Nikki, le
Secrétaire Général et une dizaine de personnes ont
représenté le conseil communal dans un focus group.
* 20 Le conseil communal de
Boukombé était représenté par le Maire en
personne.
* 21 Cité par Sorgho
Issa ; Le développement local, théorie et pratique ;
2006
* 22 Ces secteurs sont :
Enseignement primaire et secondaire "Art. 97" ; Santé, action sociale et
culturelle "Art. 100"
* 23 Commune de Nikki, Plan de
développement de la commune de Nikki ; février 2004
* 24 Commune de Cobly, Plan de
développement de la commune de Cobly ; mai 2004 ; p.7
* 25 ADECOI : Projet
d'appui au développement communal et aux initiatives locales dans le
Borgou
* 26 Cité par Denis
Pesche dans son article, op cit
* 27 Document de
référence : Aide et Action Bénin ; Analyse
du dispositif d'intervention du Programme Bénin et quelques perspectives
d'évolution ; janvier 2005
* 28 OEuvrer pour que les
acteurs locaux soient porteurs et dépositaires de leurs propres enjeux
éducatifs.
* 29 cf. article 36 de la loi
97-029 du 15 janvier 99
* 30 Document de
référence : SNV/Bureau conseils de Natitingou ; Plan
d'action 2007 ; novembre 2006
* 31-31 SNV/Bureau conseils de
Natitingou ; Plan d'action 2007 ; novembre 2006, Op. Cit.
* 32
* 33-33 SNV/Bureau conseils de Natitingou ; Plan d'action
2007 ; novembre 2006, Op. Cit.
* 34
* 35 SNV/Bureau conseils de
Natitingou ; Plan d'action 2007 ; novembre 2006, Op. Cit.
* 36 Document de
référence : Etude environnementale du Projet National de
Développement Conduit par les Communautés (PNDCC)
* 37 Agefib : Agence de
financement des initiatives de base
* 38 Document de
référence : Rapport d'évaluation du Projet d'Appui au
Développement Local dans le Borgou-Est et l'Atacora-Ouest ; janvier
2002 ; 98 p.
* 39 AGDSD : Agence de
gestion de la dimension sociale du développement
* 40 Document de
référence : FENU ; Capitalisation des
expériences des projets d'appui en développement local et
décentralisation en Afrique de l'Ouest : Le cas du Bénin ;
111 p.
* 41 ADECOI : Projet
d'appui au développement communal et aux initiatives locales dans le
Borgou
* 42 Maurice Allefresde
cité par Issa Sorgho (2006), Développement local et
Décentralisation Op. Cit.
* 43 Forum des ONG
internationales intervenant au Bénin
* 44 Propos d'un administrateur
de projet du CRS
* 45
* 45- 46 Extraits du
Rapport d'évaluation du Projet d'Appui au Développement Local
dans le Borgou-Est et l'Atacora-Ouest ; op.cit
* 47 PNDCC : Projet
national de développement conduit par les
communautés (financé par la Banque mondiale)
* 48 PAMRAD : Projet
d'appui au monde rural dans les départements de l'Atacora et de la
Donga
* 49 PDCC : Programme pour
le Développement des communes (appuyé par la coopération
allemande)
|