INTRODUCTION GENERALE
De nombreuses études ont mis en évidence les
anomalies des rendements basées sur les stratégies de transaction
élaborées sur les marchés financiers. Le papier fondateur
dû à De Bondt et Thaler (1985) montre un effet de
renversement des rendements sur le long terme, autrement dit les titres
gagnants sur une période de 3 à 5 ans passés ont tendance
à devenir des futurs perdants, et vice versa. En outre,
Jegadeesh et Titman (1993), expliquaient que les
stratégies de transactions qui achètent les titres gagnants
pendant les 6 à 12 mois passés et vendent les titres perdants
generont des profits important sur la période subséquente de 6
à 12 mois, il s'agit d'un effet Momentum.
Les performances générées par les
stratégies Momentum et stratégie d'inversion des rendements sur
le long terme, ont suscité la curiosité des chercheurs. Nous
trouvons ainsi, deux familles différentes d'explications, qui
s'opposent :
- D'un côté les tenants de l'approche
« traditionnelle » qui expliquent la performance des
stratégies Momentum par des facteurs de risque systématique qui
ne sont pas pris en considération par le modèle standard. Dans
leurs articles publiés en 1998, Conrad et Kaul et les
autres chercheurs ont une vision plus rationnelle de ce
phénomène.
- De l'autre côté les tenants de la finance dite
« de comportement », expliquent les performances des
stratégies Momentum par le fait que les investisseurs sont soumis
à des biais cognitifs dans l'interprétation de l'information, ce
qui engendrent un phénomène de sous-reaction, du fait que les
titres continuent d'avoir les même performances sur le court terme.
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Note : biais cognitif est une erreur dans la prise de
décision et/ ou le comportement adopté face à une
situation donnée résultant d'une faille ou d'une faiblesse dans
le traitement des informations disponibles.
Barberis et al (1998) considèrent que
la rentabilité des stratégies Momentum est donc due à deux
biais psychologiques : le conservatisme qui est à l'origine de la
sous-reaction aux informations, à savoir l'annonce des
bénéfices des entreprises et la représentativité
qui entraîne des sur-reactions suite à l'observation d'une longue
tendance à la hausse des bénéfices.
Hong et Stein (1999) contribuent à
tester la présence de ce biais sur le marché, pour cela ils
considèrent deux types d'agents, ceux qui négocient exclusivement
sur la base de l'information privée relative aux données
fondamentales des titres (les Newswatchers) et ceux qui se basent uniquement
sur l'évolution récente des prix (les Momentum traders).
Quelque soit l'intérêt que l'on peut porter aux
explications comportementales, il faut bien avouer qu'elles reposent toutes sur
un seul et même principe : l'erreur d'estimation. Pour un
« traditionnelle », une telle approche ne peut pas
être satisfaisante. La prise en compte des risques demeure, pour les
tenants d'une explication rationnelle, la voie naturelle à suivre.
Les modèles théoriques du Momentum dus à
Barberis, Shleifer et Vishny (1998), Daniel, Hirshleifer et
Subrahmanyam (1998) et Hong et Stein (1999) se
concentrent sur la formation imparfaite et la révision des attentes des
investisseurs dans la réponse à une nouvelle information. Bien
que ces modèles ne distinguent pas entre les attentes basées sur
l'information spécifique au firme et sur l'information reliée aux
facteurs, ils peuvent être interprétés tel qu'uniquement la
révision au niveau de la première composante fait augmenter le
Momentum.
Onayer et Savickas dans leurs articles
publiés en 2004, ont montré que les prix des titres ont un effet
important sur l'ampleur et la durée du Momentum. Les portefeuilles
composés des titres à prix élevés, generont des
profits Momentum statistiquement significatifs pour n'importe quelle
période de détention durant les trois à quatre
premières années.
Les stratégies d'investissements ont fait l'objet de
plusieurs travaux de recherche. On peut citer le travail de Jegadeesh
et Titman (1993) sur le marché américain, de De
Bondt et Thaler (1985,1987), de Boujelbène Abbes, A.
Bouri et Y. Boujelbène (2004) sur le marché
français et Rouwenhorst (1998) sur le marché
européen et Chui et al (2000) sur le marché
asiatique.
La problématique de notre travail est la
suivante : la stratégie Momentum et stratégie
d'inversion des rendements sur le long terme sont-elles profitables sur le
marché financier ?
· Le traitement de cette problématique tourne au
tour de deux grands chapitres. Le premier chapitre traitera la stratégie
Momentum et stratégie d'inversion des rendements sur le long terme
encore appelée stratégie contrariante. Dans une première
section nous allons examiner les stratégies Momentum avancées par
Jegadeesh et Titman (1993). Dans une deuxième section,
nous examinerons les stratégies contrariantes développées
par De Bondt et Thaler (1985).
Pour chaque stratégie nous traitons la méthode
de construction des portefeuilles, la profitabilité et les explications
potentielles.
· Le deuxième et dernier chapitre portera sur la
validation empirique des stratégies Momentum sur le marché
boursier Tunisien.
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