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Le rôle de l'Eglise dans le processus de démocratisation en République Démocratique du Congo (1990-2006) Nécessité et Perspectives

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par Jimmy MUNGALA FETA
Abomey-Calavi/ Chaire Unesco pour les droits de la personne et de la démocratie - Diplôme d'Etudes Appronfondies (DEA) 2009
  

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Paragraphe 2. Le poids « MOBUTU » dans le processus de démocratisation

Analyser l'influence qu'exerçait le Maréchal-président MOBUTU, à cette étape du processus, revient à le situer dans le contexte de l'heure. En effet, au lendemain du vent de changement issu du démantèlement de l'empire russe, de l'Europe de l'Est et des autres pays d'Afrique, le peuple congolais réclamera et obtiendra du Maréchal-président l'ouverture vers la démocratisation. Pour ce faire, un nouveau procédé de passage politique africain dit Conférence Nationale apparut très vite comme l'unique cadre pour démystifier le fait autoritaire du prince qui régnait dans bon nombre d'Etats en Afrique noire francophone. Comme un feu de paille se répand, il s'imposa en instrument de gestion des crises politiques affectant des systèmes monolithiques, par la reconnaissance officielle des libertés publiques et la consécration de l'Etat de droit. Aussi, il eut le mérite d'avoir été pour les peuples concernés une vague, un phénomène captivant qui marqua, selon le professeur Maurice KAMTO, « l'irruption de la société civile, et plus largement du peuple, sur la scène du pouvoir »59(*).

Cependant, en RD Congo, cette formule n'avait vraiment pas produit le résultat escompté, en raison de plusieurs mobiles comme les velléités autoritaires du régime à vouloir garder son contrôle, la longueur exceptionnelle du processus de transition et les efforts inlassables de sauvegarde de l'intégrité du territoire national. Du reste, cette dernière cause légitime a toujours servi de repère culminant de toute la lutte nationaliste des congolais épris de paix, selon l'esprit des messages de l'Eglise « Pour l'amour du Congo, je ne trahirai point » (A), et contre la prise en otage du processus due à la pesanteur du régime mobutiste (B).

A. Maintien de l'intégrité du territoire national

D'aucuns reconnaissent que l'intégrité territoriale demeure un acquis de la Deuxième République même si les gouvernements successifs pendant la période de Transition n'ont pas pu la préserver. Principal acteur et capitaine du navire en route vers la démocratie, le Maréchal-président MOBUTU n'est pas un inconnu à présenter.

Dans son discours le 24 novembre 1965 de prise du pouvoir d'Etat par coup de force, le jeune officier Joseph-Désiré MOBUTU, qui venait d'être élevé au grade de Lieutenant-colonel par le premier président de la République Joseph KASAVUBU, annonça; au nom du Haut Commandement de l'Armée Nationale Congolaise (ANC), « le renversement du gouvernement de Moïse TCHOMBE »60(*), premier ministre de la République. Au passage, il sied de noter que ce coup de force, intervenu après une instabilité politique née à partir de la mise à l'écart puis de l'élimination physique du 1er premier ministre de la République, Patrice Emery LUMUMBA, reste le fondement de la crise de légitimité intervenue en RD Congo.

Vite, après avoir pris l'étoffe et l'emploi de la fonction, Joseph-Désiré MOBUTU gravit les échelons dans le giron international et maintint de main de fer l'intégrité territoriale. Dans le contexte de guerre froide, il devint un pilier incontournable de la tactique occidentale en Afrique. Son double rôle de gendarme des intérêts occidentaux et protecteur du pillage des ressources nationales par les grandes firmes multinationales lui garantissait en retour la défense à tout prix de la stabilité de son régime par ses parrains étrangers. Dès lors, ses dérives dictatoriales prirent confortablement des proportions exagérées et nuisibles.

A la tête d'un Etat très convoité, le Maréchal-président a réussi à se faire une forte personnalité qui suscitait pour son peuple et son Etat des sentiments fort contrastés, non seulement d'admiration, de fierté nationale et un profond respect jusqu'au-delà des frontières nationales, mais aussi de jalousie, de déstabilisation et d'ambitions nébuleuses. Pour reprendre l'expression du Philosophe béninois Paulin HOUTONDJI, « les lendemains de fête » en RD Congo ont révélé la complexité de la situation ainsi que le lot des difficultés qui ont jalonné et compromis notamment la Conférence nationale et son aboutissement final.

Paradoxalement, le rêve de la population congolaise à vivre décemment s'est transformé en une avalanche d'illusions d'une large majorité des citoyens plongeait dans une paupérisation généralisée contre une minorité vivant dans une opulence insolente. En conséquence, la grande fronde populaire doublée des incessantes pressions de l'Opposition consolidée par les prêches conscientisantes des pasteurs de confessions religieuses contre la personne du «Léopard« poussera ce dernier à se retrancher dans ses palais de Gbadolité, à l'Equateur, sa région natale « pour peaufiner ses stratégies : Après moi, c'est le déluge ». Tel fut le cas avec la fragilisation chaotique du processus de démocratisation.

* 59 KAMTO (M.), « Les Conférences nationales africaines ou la création révolutionnaire des Constitutions », cité par AIVO (FJ), op cit. p. 382

* 60 l'histoire de notre pays nous rappelle que les Pères de l'indépendances avaient posé les jalons de la démocratie avec la création des partis politiques, grâce auxquels ils vont concourir aux élections générales, dont celles de mai 1960 étaient les plus déterminantes, avec Patrice EMERY LUMUMBA, premier ministre et Joseph KASA VUBU premier président de la République. Ainsi donc, lors de l'accession de notre pays à la souveraineté internationale, l'Assemblée Nationale jouait le rôle de catalyseur de la démocratie par la qualité des débats et, surtout, par le biais du contrôle de l'action gouvernementale. Plusieurs courants politiques, notamment les Nationalistes, les Confédéralistes et les Fédéralistes, s'exprimaient librement sans être inquiétés le moins du monde. Ce climat de convivialité, qui a caractérisé les premiers mois de l'indépendance, va connaître des hauts et des bas à cause de l'instabilité politique et de multiples rébellions qui ont endeuillé le pays. L'espoir reviendra avec les élections législatives de 1965, à l'issue desquelles un nouveau Parlement fut installé, avec une majorité de la Convention Nationale Congolaise du Premier Ministre Moïse TCHOMBE. Hélas, cette deuxième expérience ne fut que de courte durée, car le non-respect du choix clairement exprimé par le peuple replongea le pays dans la crise, laquelle servit de prétexte au haut commandement militaire avec le lieutenant général Joseph-désiré MOBUTU pour s'emparer du pouvoir

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo