WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le rôle de l'Eglise dans le processus de démocratisation en République Démocratique du Congo (1990-2006) Nécessité et Perspectives

( Télécharger le fichier original )
par Jimmy MUNGALA FETA
Abomey-Calavi/ Chaire Unesco pour les droits de la personne et de la démocratie - Diplôme d'Etudes Appronfondies (DEA) 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B. La prise en charge directe du temporel

Autrefois, le rôle des acteurs sociaux internes dans les changements politiques intervenus a fait l'objet de tensions avec le pouvoir. Ainsi, l'Eglise est comptée parmi ces acteurs, partant de son investissement dans les débats politiques, pour l'instauration et/ou pour l'aboutissement de l'ouverture démocratique sur le continent.

S'agissant du contexte susvisé, le professeur CONAC souligne : « ce processus s'est dans la majorité des cas évertué à mettre en place des phases provisoires qualifiées de transitions démocratiques qui sont des périodes au cours desquelles un pays modifie ses structures politiques pour passer d'un régime autoritaire à un régime démocratique »30(*).

Comme un peu partout sur le continent, la traduction d'une lassitude des populations à l'égard de régimes dictatoriaux, prédateurs et inhumains a révélé la preuve d'une saga magistrale sur le dos des peuples réduits en clochards, ce qui sera à la base des crises multiformes qui ont fini par imposer l'urgence et la nécessité de repenser autrement le fonctionnement des Etats.

En RD Congo, du fait de la crise multiforme, toutes les institutions nationales se trouvaient discréditées au point de ne plus être en mesure de tenir un nouveau dialogue constructif avec le peuple pour concevoir un nouveau projet de société pouvant servir de cadre de réalisation du consensus national. Mais, ce qui est encore positif à souligner, c'est la grande diversité d'acteurs. En effet, le contexte congolais obéissait essentiellement au fait que non seulement le peuple de Dieu chrétien en majorité mais aussi des non-chrétiens étaient fortifiés dans leur détermination par l'exigence d'ouverture à la démocratisation, appuyée par la pression extérieure agissant sur la dynamique interne.

Ainsi, saisissant le coche au bond, l'Eglise n'a pas reculé dans son action évangélisatrice pour conduire le peuple à la liberté et à la démocratie. Dans ces conditions, le peuple s'était obligé de trouver une manière d'assumer directement sa responsabilité devant la situation de crise. En voulant se mettre en conférence pour obéir à la tradition africaine de la palabre, le peuple a fondé son espoir de voir un homme de DIEU exercer les charges temporelles en tant que président du forum national en vue d'opérer des choix courageux, difficiles mais vitaux pour sauver l'Etat du chaos.

Par contagion d'idées, l'exemple très remarquable du Benin a servi de locomotive en tant que premier Etat du continent dans l'action et l'engagement politiques d'un évêque à la tête d'une grande institution politique qui présida à la destinée nationale. La barque était si bien menée par son capitaine, aidé de tout l'équipage, que l'Etat et ses habitants ont tiré profit de la prime de démocratie.

Comme le souligne MUKUNA MUTANDA, « dans cette entreprise de régénération d'une société plutôt dégénérée, certains pays africains comme le Congo, le Bénin, le Togo, le Gabon et le Zaïre (RD Congo), ont vu leurs Conférences Nationales présidées par les Evêques »31(*). Il s'agissait de : Messeigneurs Isidore de SOUZA, archevêque coadjuteur de Cotonou, au Bénin ; Ernest KOMBO, évêque d'Owando, au Congo; Laurent MONSENGWO PASINYA, archevêque de Kisangani, au Zaïre; Philippe FANOKO KOSSI KPODZRO évêque d'Atakpamé, au Togo; et BASILE MVE ENGONE, évêque d'Oyem, au Gabon (...) qui ont rayonné et prédominé dans cet investissement remarquable en faveur de la démocratie. A l'exception du Niger et du Mali, quelques Etats ont connu ces moments historiques de Conférence Nationale selon diverses configurations (forum, consultation, instance des réformes des Etats monopartites et dictatoriaux.)

C'est le lieu de saluer avec grande admiration et respect le peuple béninois qui, face au contexte politique tendu, a joué un rôle déterminant dans le choix salutaire d'un prélat catholique en la personne du très vénérable Feu Mgr Isidore DE SOUZA. A travers cet engagement de l'Eglise Catholique qui a préféré mobiliser ses éminences au service de la Nation, cet acquis fut un signal fort qui traduisait sa détermination pour un changement démocratique viable à la fois pour le Bénin et un exemple pour toute l'Afrique entière.

Le même choix d'un évêque en RD Congo, comme président de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) fut un couronnement du long et laborieux investissement de l'Eglise portée par les autres corps sociaux dans la lutte pour l'avènement d'une société réellement démocratique. Plusieurs mobiles justifient cette perception du peuple qui a reçu et accueilli comme un signe d'espoir et un don du ciel cette désignation avec l'acquiescement des autres communautés religieuses, conscientes de leur mission pastorale.

L'Eglise catholique pour sa part, gardienne des valeurs chrétiennes depuis des siècles, déclarera avoir accepté cette charge comme « un don et un bien de l'esprit du Christ, car, la figure de Mgr Laurent MONSENGWO PASINYA, Archevêque de KISANGANI, traduisait l'expression générale de la volonté populaire et signe de la communion véritable entre l'Eglise et le peuple de DIEU»32(*).

Cette prémonition résulte de l'appréhension de la majorité des citoyens qui pense que la politique n'est jamais une entreprise de neutralité, mais un jeu dangereux où ses stratégies basées sur les rapports de force laissent le flanc au mensonge et à la démagogie. Dès lors, la présence de l'Eglise par le Prélat dans la recherche des solutions à la crise multiforme a auguré un réel signe d'espoir malgré les obstacles majeurs à surmonter dans la dynamique du vent de changement véritable.

* 30Gérard CONAC :Quelques réflexions sur les transitions démocratiques en Afrique, in bilan des conférences nationales et autres processus de transition démocratique en Afrique, Colloque de Cotonou du 19-23 Février 2000, Paris, Pedone, 2001, p.346

* 31 MUKUNA MUTANDA P., Préface du livre de GAISE N'GANZI, L'Eglise catholique et le processus de démocratisation au Zaïre (24 avril 1990-24 avril 1995), Essais et Témoignages, Kinshasa, FCK, 1996, p.7

* 32 Voir CEZ, Sauvons la Nation, Déclaration et messages de la CEZ à la CNS et en d'autres occasions pour soutenir le processus de démocratisation ainsi que la justice, la paix et l'unité nationale, Editions du Secrétariat Général de la CEZ, Kinshasa, 1997, p.3.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand