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Le rôle de l'Eglise dans le processus de démocratisation en République Démocratique du Congo (1990-2006) Nécessité et Perspectives

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par Jimmy MUNGALA FETA
Abomey-Calavi/ Chaire Unesco pour les droits de la personne et de la démocratie - Diplôme d'Etudes Appronfondies (DEA) 2009
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DU BENIN

MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Faculté de Droit et de Sciences Politiques

Chaire Unesco des Droits de la Personne et de la Démocratie

ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI

MEMOIRE PRESENTE EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLOME

D'ETUDES APPROFONDIES (DEA) EN DROITS

DE LA PERSONNE ET DE LA DEMOCRATIE

THEME 

LE ROLE DE L'EGLISE DANS LE PROCESSUS DE DEMOCRATISATION EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO (1990-2006)

NECESSITE ET PERSPECTIVES

Présenté et soutenu par Sous la direction du

Jimmy MUNGALA FETA Professeur Théodore HOLO

Agrégé de droit public et Sciences politiques

Professeur Titulaire de droit public

Année académique  2005-2006

AVERTISSEMENT

La Chaire Unesco n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans le mémoire. Ces opinions doivent être considérées comme propres à son auteur.

DEDICACE

A mes très chers parents Anicet MUNGALA ASSINDIE SANZONG et Solange KAMBIDI NSIA KINGUEM

Comme parlait un poète, je dirai aussi :

Je reviendrai au soir

Nimbé d'un soleil de saison sèche

Remettre dans vos coeurs

Ô tendres berceurs de mon sommeil juvénile

Le bonheur familial que j'emportais ce jour-là

Dans le brouillard mouillé d'un matin d'hivernage

Je mettrai sous vos têtes

Toutes mes couronnes de lauriers

Et dans vos mains tremblantes de douleur parentale

Je mettrai la récolte de ma sueur fructifiée

Merci pour tout.

REMERCIEMENTS

C'est ici l'occasion pour nous de témoigner notre reconnaissance à ceux qui, d'une manière ou d'une autre, par leur apport, ont rendu possible la rédaction de cette étude. Nous pensons particulièrement :

1. Au professeur Titulaire Théodore HOLO, notre directeur qui n'a ménagé aucun effort pour nous encadrer malgré ses nombreuses occupations. Il est plus que coauteur de cette oeuvre

2. A Son Excellence Monsieur le professeur Victor TOPANOU

3. A l'administration de la Chaire UNESCO de l'Université d'Abomey-Calavi notamment Mme Joséphine AFFAGNON pour leur marque de confiance en notre candidature et pour la qualité de la formation

4. À tous les enseignants de la Chaire UNESCO de l'Université d'Abomey-Calavi

5. Au campus Numérique francophone de Cotonou qui nous a servi de cadre de recherche incontournable

6. A la Chaire UNESCO de l'Université de Kinshasa pour nous avoir facilité les formalités d'accès à la formation et à l'ensemble du personnel pour la confiance et le soutien manifestés

7. Au Doyen honoraire Professeur Grégoire BAKANDEJA de la Faculté de Droit de l'Université de Kinshasa pour son implication et sa confiance manifestées à cette formation

8. À mes très chers parents, Anicet MUNGALA et Solange KAMBIDI dont la présence morale, l'attention suivie et l'assistance matérielle nous accompagnent toujours et partout malgré la distance physique sans oublier Papa Jean-Paul MUNGALA, Papa Christian MUNGALA (paix à son âme), Papa Romain MUNGALA, Tonton Longin MBELA, l'Abbé Georges MBOMA, Oncle Nicaise MBOMA, Oncle Déo KAMBIDI, Tante Pascaline MUNGALA et les autres.

9. Aux familles KAMBIDI, MUNGALA et aux familles parentes et alliées, à tous mes frères et soeurs qui m'ont soutenu tout au long de ma formation notamment Daniel Yamba Yamba MUNGALA, Au Couple Eugène & Ma Solange MUSOKI MUNGALA , Pomie MUNGALA, Au Couple Biko & Anta-Caroline DIONE MUNGALA, Au Couple Oscar & Lucie MUNGALA, Tantine MUNGALA, Mimi MUNGALA, Jeff MUNGALA, Emmanuel MUNGALA, Désiré MUNGALA, Diana MUNGALA, Yodith MUNGALA, Jonas MUNGALA, Noëlla ABANAKYELO, etc. sans oublier Gauthier et Camy KAPAY, Joël HAMBURE, Gisèle & Mathilde NGONIEM, Pitchouna KAMBIDI ( paix à son âme), Doudou MUNKANA ; vous m'avez plus que soutenu par vos prières, vos conseils et votre réconfort moral

10. Aux Parents Edouard et Marie NDAMBO, Maman Marie TSHITALA, Maseba Vicky BWANGA, tous les enfants de la famille NDAMBO, Christelle SHAMAMBA, Sisi MUKUNGU, Nancy EYENGA, Laurette MBIYA, Laurence BEKOUSSANRI et les autres qui m'ont soutenu dans leurs prières et dont la distance n'a pas réduit la familiarité étroite

11. À vous, Patience BONDONGA, Philippe FAYEN, Fiston ANGELESI, Patrick KITENGE, Nico Valdo KULABUNA, Alain KOLONGA & Francis T. MANDIANGU, Jacques NGBANZO, Maxim LONGI MASAMBA, Fouddah MAHAMAT, Hugues Robert A. RAMAZANI, Hassan LEYA MUTAMBA, Laurent MUMBERE, Timothée NDJOKU DJIMBO, Paulin VONANON, Arsène GNAMEY et toutes les autres personnes non citées qui se reconnaitront pour votre soutien moral et l'intérêt remarquable manifesté à cette formation;

12. À ma bien aimée Mimiche-Murielle KATSHAMA MWAMBA pour les prières, le soutien moral et l'attachement affectif témoignés

13. À la Communauté rd congolaise au BENIN notamment aux Pasteurs Rémy EMONGO et Guy MALUMBA, à Freddy MENGA, Ephraïm BALEMBA GUBANDJA pour son attention indispensable, aux frères et soeurs congolais et autres membres du groupe de prière pour le réconfort moral

14. Aux auditeurs de la Chaire UNESCO de Cotonou de la promotion 2005-2006, particulièrement à ceux qui nous ont été proches et avec qui nous avons constitué une fraternité à savoir Allah RAMADJI NABAYE, Brice MBOUMBA, Ibrahim TAMOU, SA'ABI HAFIZOU (paix à son âme), Ali MAIGA, Ibrahim TAMOU, Mlle Léocadie BAFA'A, sans oublier Sylvestre PAKABOMBA qui, pour nous, est plus qu'un frère.

PRINCIPAUX SIGLES ET ABBREVIATIONS

ACEAC: Association des Conférences Episcopales d'Afrique Centrale

ACDI : Agence Canadienne de Développement International

AFDL : Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération

CALCC: Conseil de l'Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo

CARTEC : Coordination des Actions pour la Réussite de la Transition de l'Eglise Catholique

CCE  : Collectif Chrétien pour les Elections 2005

CEI  : Commission Electorale Indépendante

CEJP  : Commission épiscopale  Justice et Paix

CENCO: Conférence Episcopale Nationale du Congo

CEPAS : Centre d'Etudes Pour l'Action Sociale

CEZ  : Conférence Episcopale du Zaïre

CETA : Conférence des Eglises de Toute l'Afrique

CEVB : Communauté Ecclésiale Vivante de Base

CIAT  : Comité International d'Accompagnement de la Transition

CNS  : Conférence Nationale Souveraine

CVR  : Commission Vérité et Réconciliation

ECC  : Eglise du Christ au Congo

FAD  : Fonds Européen de Développement

FARDC : Forces Armées de la République Démocratique du Congo

FAZ  : Forces Armées Zaïroises

HCR  : Haut Conseil de la République

HCR-PT: Haut Conseil de la République-Parlement de transition

LINELIT: Ligue Nationale pour les Elections libres et Transparentes

MLC  : Mouvement de Libération du Congo

MPR  : Mouvement Populaire de la Révolution

MONUC : Mission de l'Organisation des Nations Unies au Congo

PAPD  : Programme d'appui à la paix et à la démocratie

PAREC: Paix et Réconciliation au Congo

RCD  : Rassemblement des Congolais pour la Démocratie

RDC : République Démocratique du Congo

RFI  : Radio France Internationale

ROC  : Réseau des Observateurs Chrétiens

UDPS  : Union pour la Démocratie et le Progrès Social

UE  : Union européenne

USORAL : Union Sacrée de l'Opposition Radicale et Alliés

SOMMAIRE

AVERTISSEMENT i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

PRINCIPAUX SIGLES ET ABBREVIATIONS v

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIÈRE PARTIE : LA PROBLEMATIQUE DE L'INTERVENTION DE L'EGLISE DANS LE TEMPOREL EN RD CONGO DE 1990 À 1997 9

CHAPITRE 1: LA PARTICIPATION DE L'EGLISE À L'ACCOMPAGNEMENT DU PROCESSUS DE DÉMOCRATISATION 12

Section 1. Les actions et enseignements pastoraux 12

Section 2. Une présence rayonnante et émergente de l'Eglise 22

CHAPITRE II : LA PARTICIPATION DE L'EGLISE AU SEIN DES INSTITUTIONS DE TRANSITION 31

Section1. L'exercice par l'Eglise du pouvoir temporel 31

Section 2. La reprise en main de la situation par le pouvoir du Maréchal MOBUTU 40

DEUXIEME PARTIE : DU REVEIL POLITIQUE 53

DE L'EGLISE, 1997 A 2006 53

CHAPITRE 1 : ENGAGEMENT POLITIQUE DE L'EGLISE 55

Section 1 : Dynamisme lors des rencontres politiques 57

Section 2 : L'Eglise et les Institutions politiques de transition 62

CHAPITRE 2 : L'EGLISE ET LES NOUVEAUX DEFIS 71

Section 1 : Nécessités pré-électorales 71

Section 2: Perspectives d'avenir 83

CONCLUSION GENERALE 98

BIBLIOGRAPHIE 103

EPIGRAPHE

L'Eglise apprécie le système démocratique comme système qui assure la participation des citoyens aux choix politiques et garantit aux gouvernés la possibilité de choisir et de contrôler leurs gouvernants ou de les remplacer de manière pacifique lorsque cela s'avère opportun.

Cependant, l'Eglise ne peut approuver la constitution de groupes dirigeants restreints qui usurpent le pouvoir de l'Etat au profit de leurs intérêts ou à des fins idéologiques.

Jean-Paul II

INTRODUCTION GENERALE

Depuis Mathusalem, au sein des sociétés traditionnelles comme modernes, l'intervention du pouvoir spirituel dans la gestion et l'administration du pouvoir temporel a, généralement, été objet de controverses, car, elle fut tantôt tolérée, tantôt désapprouvée, tantôt saluée. Mais, malgré le débat que soulève notre réflexion, il faut noter, avant tout, que de nombreuses études, réflexions et rencontres, prenant la forme de monographies, d'analyses historiques ou d'approches prospectives ont été réalisées.

Cependant, au delà de la multitude d'analyses, un questionnement central s'impose : Comment comprendre, analyser et expliquer la place de l'Eglise dans le processus de changement que connaissent les sociétés africaines confrontées aux défis de la démocratie et aux valeurs laïques? C'est dans cette optique que se situe la problématique de notre travail portant sur `'le rôle de l'Eglise dans le processus de démocratisation en République Démocratique du Congo''. L'une des qualités s'origine dans le fait que cette réflexion s'inscrit dans une perspective `'historique actionnaliste'' au sens où l'entend Alain Touraine.

En effet, étymologiquement, "Église" est la traduction du terme grec « ekklésia » que l'on trouve dans le Nouveau Testament, et qui signifie « assemblée des croyants », c'est-à-dire, de ceux qui ont été appelés par Dieu pour former une communauté.

Le terme « ekklésia » lui-même est la traduction de l'hébreu « qâhâl » qui dans l'Ancien Testament désigne le peuple de Dieu assemblé. Toutefois, en tant que mot ayant plusieurs acceptions, l'Eglise peut aussi se définir comme un « édifice où se réunissent les chrétiens pour célébrer leur culte », « une société religieuse fondée par Jésus-Christ, Eglise corps du Christ » ou «une communauté chrétienne » ou encore « une  communauté des hommes et des femmes, liés entre eux par une même foi....et qui reconnaissent l'autorité des mêmes chefs » ou encore comme « l'ensemble des personnes professant les mêmes doctrines ou visant le même but »1(*). Ainsi, dans ce sens, l'on parle des Eglises catholique, protestante, orthodoxe, copte etc. pour désigner la communauté des fidèles qui croient aux doctrines catholique, protestante, orthodoxe, etc.

Mais, il sied de signaler qu'au fil des ans, surtout dans le contexte africain caractérisé par la solidarité/hospitalité, on est arrivé à parler aujourd'hui de l'Eglise-Famille de Dieu.

Au demeurant, comme l'idée de communauté transparaît dans le mot Eglise, nous l'emploierons à la fois au sens strict comme au sens large pour désigner l'ensemble des confessions religieuses.

Dès sa genèse, en effet, l'Eglise chrétienne a joué un rôle majeur dans la régulation et le changement social des sociétés. Cette assertion est d'autant plus vraie que l'on ne peut pas s'imprégner de « la dynamique des civilisations européennes sans considérer l'action socialisatrice et mobilisatrice »2(*) de l'Eglise chrétienne, plus spécifiquement de l'Eglise catholique romaine. C'est le cas de l'Europe, jusqu'au début du 20e siècle, où même les Etats laïcs, comme la France, la Belgique et le Portugal reconnaissaient « la place de l'Eglise »3(*).

Malgré que ce rôle majeur se voit notamment à travers le caractère conflictuel qui a défini « les relations entre l'Etat et l'Eglise »4(*) au cours de l'histoire, il a permis à la société civile (siècle des lumières, réforme protestante, révolution française, différents concordats) de sortir l'Etat de la tutelle de l'Eglise.

De plus, avec le principe de la séparation des pouvoirs religieux et politique, dans la plupart des Etats du monde, un équilibre social certain a pris corps entre les deux ordres. Généralement, en Afrique, du moins dans la seconde évangélisation et du point de vue sociologique, avec la problématique de l'acculturation et de l'inculturation, les religions chrétiennes s'inscrivaient dans l'oeuvre coloniale.

C'est pourquoi, à l'exception des Etats musulmans en Afrique, la laïcité procède essentiellement de la colonisation même si les Eglises chrétiennes de l'Afrique du Nord et l'Eglise Catholique dans le Royaume du Congo sont antérieures à la colonisation (XVIe siècle.). Celle-ci est venue renforcer le caractère laïc des Etats africains dans ces contrées du continent noir.

Cette lutte avait également permis de mettre fin à la résistance des structures d'aliénations (colonisation) qui assujettissaient le peuple, car, sans cela, aucune inculturation ne saurait voir le jour. Tel fut le cas en RD Congo où la lutte de l'Eglise pour la valorisation de l'être humain est souvent source de conflits entre Eglise et pouvoir politique.

Nous évoquons le bras de fer entre le Président MOBUTU et l'Eglise catholique qui entraîna quelques incidents fâcheux dont l'exil à Rome de Joseph-Albert Cardinal MALULA et la nationalisation des écoles et universités des réseaux confessionnels catholique et protestant. Mais, fidèle à sa mission d'évangélisation, elle a continué à oeuvrer en faveur de la promotion des droits humains.

Ainsi, l'Eglise, consciente de sa mission pastorale, ne pouvait assister, sans réagir, à la gestion autocratique du pouvoir mobutiste. Son engagement s'est mieux affirmée au lendemain du vent de démocratisation. Du reste, dans cette quête du changement, l'Eglise catholique apparaît comme le fer de lance de toutes les confessions religieuses, d'une part, à travers ses écrits, ses paroles, ses faits tels qu'ils se livrent à l'observation, d'autre part, en raison de la majorité numérique de ses fidèles, de son leadership moral et intellectuel, de sa méthode d'implantation à la base.

Dans les statistiques actuelles admises en RD Congo, les Congolais sont dans leur majorité très attachés au principe de laïcité; la typologie y relative se présente comme suit :

50% de catholiques, 20 % de protestants (62 Eglises dont des Eglises pentecôtistes regroupées au sein de l'Eglise du Christ au Congo, ECC), 16,5 % de kimbanguistes (Eglise afro-chrétienne fondée en 1930 par Simon KIMBANGU), petites minorités d'animistes, musulmans (principalement implantés dans l'Est du pays), Juifs et Orthodoxes, Témoins de Jéhovah. De nombreuses sectes et micro-Assemblées de Dieu, fraternités de prière, groupes bibliques, évangélistes... se compteraient en milliers, parsemées sur toute l'étendue du territoire national. C'est ce qui explique essentiellement l'accent mis sur la très influente Eglise catholique tout au long de notre réflexion.

Cependant, pour tenter de dépasser le cadre purement monographique de ce rôle, il nous importe de scruter des questions qui devraient permettre de mieux comprendre la problématique que pose l'Eglise en tant que l'un des acteurs majeurs de ce processus de transformation de la société:

- Quelle est la législation qui fonde et justifie l'action de l'Eglise dans `'l'historicité'' des peuples africains ?

- La lumière du monde a-t-elle éclairé les peuples de Dieu ou les a-t-elle plongés dans l'obscurité ? Le "bon grain a-t-il réussi à convertir l'ivraie" ou "l'ivraie aurait-elle plutôt corrompu le bon grain" (Mt 13, 24-30) ?

- Quels sont les objectifs poursuivis par l'Eglise en tant qu'acteur historique de ce changement ? Quelles sont les stratégies avancées et les perspectives envisagées ?

- Face aux partenaires dans ce processus de changement (Etat, Société civile...) quel est le type de relations que l'Eglise entretient ?

- Quelles sont la mobilité et la nécessité de son message face à une société de plus en plus confrontée aux effets de la mondialisation?

Aussi, nous tenterons, au terme de nos interrogations, de jeter un regard qui postule notre énoncé à même d'élucider les différentes questions posées. D'abord, il est important de noter que l'intervention délibérée de l'Eglise africaine dans le processus de changement n'est ni un fait de hasard, encore moins un effet de mode. Elle s'inscrit dans la mission reçue du Christ de proclamer l'Evangile à toute la création et d'évangéliser le monde.

Par nature prosélytiste, l'Eglise est consciente que son rôle d'évangélisation doit pouvoir s'adapter (inculturation du message) à un monde de plus en plus matérialiste qui, sur le plan spirituel, s'accorde davantage au principe de la relativité des valeurs. D'où, cette mission de porter la Bonne nouvelle (du Christ) dans toutes les couches de l'humanité, et par son impact, la transformer de l'intérieur elle-même.

Ensuite, malgré qu'elle soit détachée du temporel, au fil des ans dans l'histoire des Nations, son combat a continué pour le respect de la dignité de la personne humaine, car, souvent la vie en temps difficile (conflits, guerres, pauvreté) contrecarre l'évangélisation et expose les chrétiens à chercher la survie en dehors des valeurs chrétiennes et humanitaires.

De plus, en tant que gardienne des valeurs humanitaires et évangéliques telles que « l'égalité des droits des hommes et des femmes, les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine »5(*), l'Eglise a compris qu'il faille non seulement être en mesure de s'inscrire dans cette dynamique de changement, mais également, aller au devant des attentes matérielles des Africains en inaugurant un discours qui tienne compte de tous les aspects qui concourent à la dignité de la personne humaine et à son développement intégral.

Du reste, en bonne position au sein de la Société civile, elle s'est investie dans la transformation de la vie politique et la conversion des mentalités en encourageant l'émergence d'un grand nombre de groupes d'intérêts diversifiés à grand rayonnement dans le nouveau contexte pluraliste, et ce, en apportant une visibilité particulière aux communautés à la base contrairement aux réseaux d'obédience clanique, tribale et ethnique.

Qui plus est, le Chrétien s'identifie comme la lumière et le sel de la terre, ce qui se comprend pour le Chrétien de s'impliquer aussi dans le temporel (Matthieu 5, 13-16). Enfin, comme un peu partout sur le continent où elle s'est distinguée, l'Eglise, en RD Congo, ne pouvait que s'impliquer dans la dynamique de changement auquel aspire l'Afrique en servant d'acteur d'avant-garde dans les luttes pour l'avancement et l'aboutissement du processus de démocratisation et de réconciliation, pour une participation active et décisive dans la marche des Nations vers l'ouverture au pluralisme politique.

S'agissant de l'intérêt de notre réflexion, il sera question de rappeler la volonté manifeste du peuple congolais, et d'évoquer l'ampleur des effets positifs constatés depuis la tenue de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) en 1992. Aussi, il sied de noter qu'en tant qu'étape du processus de démocratisation, la transition politique en RD Congo a connu plusieurs péripéties dont des épisodes faucheux et douloureux pendant une longue période. Quoi de plus normal qu'une perspective « diachronique »6(*) s'impose et qu'une vue dynamique consécutive au caractère mouvant inhérent à tout processus nous amène à présenter les faits dans un ordre chronologique.

Dans la quête démocratique qui s'est imposée comme le seul rempart pour rompre avec le système monolithique tant décrié de la IIème République, l'Eglise a apporté une contribution très remarquable à l'édification d'une société digne et respectueuse des valeurs universelles et humaines. Dans ce pays à majorité chrétienne, l'Eglise a joué un rôle fondamental dans la maturation de la conscience nationale, l'éveil politique et la participation citoyenne, la dénonciation des fléaux nationaux, etc.

Au sujet de l'Eglise catholique de la RD Congo, Jean-Dominique GESLIN souligne que celle-ci a pris une part active dans le jeu politique, pour « marquer sa volonté de peser sur le processus électoral en tant que force morale dans ce pays majoritairement catholique »7(*). Dans la même perspective, l'hymne national de la RD Congo, LE DEBOUT CONGOLAIS, est l'oeuvre d'un Jésuite le Père BOKA à qui la Nation toute entière ne cessera de rendre un vibrant hommage. Par ailleurs, la Conférence Nationale Souveraine fût présidée de main de maître par l'Archevêque de Kisangani, Mgr Laurent MONSENGWO PASINYA.

Notre réflexion présente également le net avantage, de démontrer que l'oeuvre de l'Eglise, dans le processus de démocratisation, s'inscrit dans une problématique complexe tendant à concilier la vérité évangélique à l'impérieuse nécessité d'évangéliser l'homme dans toutes ses dimensions temporelles : sociale, culturelle, politique et économique.

La loi divine, qui veut qu'on rende « à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu », sert de socle à l'approche terrestre du message évangélique dans ses aspects de la dignité de l'homme. Autant évaluer l'apport de l'Eglise en RD Congo nous paraît d'un intérêt énorme, autant la présente étude s'efforcera de répondre aux questions suscitées dont l'intérêt tant théorique, scientifique que pratique semble évident.

Du point de vue scientifique, l'analyse du rôle de l'Eglise dans le processus de démocratisation en Afrique intéresse à juste titre les chercheurs, juristes, sociologues, politologues, et autres théologiens, etc. étant donné que les conflits internes ou interétatiques qui sévissent actuellement à travers le monde et spécialement en zone africaine confrontée à des crises identitaires, religieuses et politiques troublent la paix et la sécurité internationales.

Bien plus, nous pouvons nous interroger avec Serge BLAIS, qui se demande si l'on  peut une fois penser à « la fin de l'apartheid sans le soutien des syndicats, des organisations d'Église, de défense des droits humains, de la presse indépendante, etc. »8(*). C'est dire que dans cette quête, les autres composantes de la société civile susmentionnées doivent demeurer des relais propices des messages pilotés par l'Eglise.

Sur le plan pratique, l'intérêt de cette implication est grand pour les peuples, car, bien comprendre, d'un point de vue sociopolitique, la mission de l'Eglise dans le processus de démocratisation amorcé, dans bon nombre d'Etats d'Afrique, permet à chaque croyant de connaitre sa part de responsabilité dans l'action de son Eglise pour la bonne marche de son Etat aux fins de servir de relais à temps et à contre temps. Aussi, est-il important que le peuple évite la tendance manifeste de se limiter aux seuls acteurs ou décideurs politiques en présence, oubliant le plaidoyer mené par l'Eglise pour influencer les décideurs et modifier ou infléchir certaines évolutions politiques.

Par ailleurs, ce choix nous paraît d'autant plus intéressant que le conflit armé en RD Congo a présenté des allures d'embrasement non pas seulement régional en Afrique centrale et dans la sous- région des Grands-lacs Africains, mais aussi des tensions au niveau continental, voire mondial au point de nécessiter les efforts et l'implication de l'Eglise, de la communauté aussi bien nationale, continentale qu'internationale en vue de restaurer et de consolider la paix. De ce point de vue, c'est toute notre hypothèse de départ qui se trouve décantée après avoir situé la problématique du rôle de l'Eglise dans une Afrique engagée inéluctablement sur le chemin de la démocratisation. Ainsi, il ya lieu de comprendre que tout l'intérêt de notre étude se trouve finalement dans la capacité d'entrevoir les perspectives qu'offrent les Eglises africaines confrontées à la lancinante question de l'émergence d'un Etat de droit, régi par les principes de la transparence et de la bonne gouvernance, préalables notamment à la réduction de la pauvreté en vue d'un développement durable. Cet aspect nous parait essentiel et fondamental pour la survie de la Nation Congolaise. Tant d'intérêts justifient la délimitation du sujet dans le temps et dans l'espace.

Par rapport à l'espace, notre étude se limitera à l'Afrique en général et spécialement à la République Démocratique du Congo qui constitue le cas pratique de la présente étude.

Par rapport au temps, notre réflexion remontera au déclenchement des processus de démocratisation en Afrique à partir de l'an 1990, lequel a vu la RD Congo, `'ex-Zaïre'' répondre au rendez-vous de l'histoire, jusqu'en 2006, année électorale historique qui a mis fin à la plus longue période de transition démocratique africaine (16ans) avec l'installation des nouvelles institutions légitimes et légales issues des urnes.

Il sera également question, suivant la méthode historique-actionnaliste, de tenter de comprendre les différentes interventions de l'Eglise dans les processus de démocratisation, afin de découvrir sa mission et d'examiner son action dans les différents Etats africains pour dégager une constance et apprécier à sa juste valeur son rôle dans ce même processus au niveau de l'Afrique en général et de la RD Congo en particulier. Par ailleurs, nous ne manquerons pas de souligner la difficulté majeure rencontrée lors de la collecte des données spécifiques se rapportant à notre sujet. Néanmoins, le recours à la technique documentaire a rendu possible la consultation des documents officiels et privés, ainsi que des supports visuels et audiovisuels dont l'essentiel disponible sur Internet a été précieux pour enrichir notre réflexion.

Quant à la méthode dialectique, elle nous a permis de nous interroger, en ce siècle de profondes mutations sociales, sur comment entrevoir à partir de ce rôle, des pistes de solution et des perspectives qui garantissent la pérennité de l'action historique de l'Eglise dans la refondation des Etats africains, plus singulièrement de la RD Congo. Pour ce faire, nous nous sommes proposé de retracer le parcours, dans le temps, de la contribution de l'Eglise à l'éclosion émergente de la démocratie contemporaine, d'où, la subdivision du travail en deux parties de deux chapitres chacune.

La première partie qui s'étend de 1990-1997 se penche sur la problématique de l'intervention de l'Eglise dans le temporel, c'est-à-dire, de la manière dont l'Eglise a été acteur du processus de démocratisation, notamment, son implication dans le temporel, à travers la tenue effective de la CNS et la mise en place des institutions démocratiques issues desdites assises.

La deuxième partie qui se penche sur le réveil politique de l'Eglise, aborde la période allant de l'avènement de l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération (AFDL) depuis le 17 Mai 1997 jusqu'à l'investiture du président Joseph KABILA KABANGE le 6 décembre 2006, grâce à l'organisation historique des élections après plus de 40 ans de crise de légitimité du pouvoir. Il sera entre autres question d'examiner les défis pré-électoraux, électoraux et postélectoraux actuels en RD Congo. Il s'agira d'analyser l'action de l'Eglise tout au long des différentes rencontres ayant abouti à la signature des différents accords tels que L'ACCORD DE CESSEZ LE FEU DE LUSAKA ET L'ACCORD GLOBAL ET INCLUSIF (au Dialogue Inter Congolais) jusqu'à la tenue historique des élections de 2006.

PREMIÈRE PARTIE : LA PROBLEMATIQUE DE L'INTERVENTION DE L'EGLISE DANS LE TEMPOREL EN RD CONGO DE 1990 À 1997

Avant toute chose, il convient d'évoquer par une analyse générale, la problématique de l'intervention de l'Eglise dans le temporel en situant l'origine de notre réflexion dans le double contexte historique mondial et continental du bipolarisme incarné par la guerre froide.

Partant du principe évangélique qui dit `'Rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui à Dieu'', principe de responsabilité et de responsabilisation, il me parait loyal de formuler l'interrogation suivante : `'l'Eglise, en général, et celle de la RD Congo en particulier, a-t-elle la légitimité d'intervenir dans les affaires temporelles ? Comment expliquer qu'à travers l'histoire, l'Eglise se soit impliquée dans les problèmes d'ordre temporel`'?

En effet, s'il est vrai que cette loi divine établit le rôle que chacune des parties en présence est appelée à jouer, il est également vrai que l'Eglise tire son fondement du lien intrinsèque qui existe dans l'engagement de la religion en faveur des libertés, plus précisément de la démocratie. De plus, plusieurs auteurs se sont efforcés à démontrer la pertinence de ce fait à travers des analyses que le professeur AIVO a qualifiées de « relation fusionnelle entre les croyances chrétiennes et le principe même de la démocratie »9(*).

C'est le cas, d'un coté, de Léo MOULIN qui a rapporté que, dans l'histoire et la vie de l'Eglise, elle a été pendant des lustres « la seule institution où le principe de l'élection par les gouvernés se soit maintenu : le clergé et les peuples choisissent librement, tout au moins en principe leurs évêques »10(*), de l'autre, de Georges BURDEAU qui a mis en exergue le lien entre l'action catholique et le recentrage du peuple à l'origine de l'aménagement du pouvoir politique contemporain.

Dès lors, l'on considère cette époque comme l'origine de la culture démocratique qui fonde l'intervention de l'Eglise dans la troisième vague démocratique consistant en la « pédagogie de libération fondant la lutte contre les régimes totalitaires au lendemain du Concile Vatican II »11(*).

Cependant, dans son application, il est apparu des controverses suscitées par cette pédagogie de libération venue de l'Amérique latine exprimée en termes de résistance de l'Eglise face aux dictatures militaires. En Afrique, l'engagement de l'Eglise s'est manifesté également dans ce qui a été qualifié des Etats véritables vampires pour la liberté et la dignité de la personne humaine. Mais, il a fallu attendre que le monde soit marqué à la fin des années 1980 pour que l'Afrique noire francophone bascule dans le cycle des mutations politiques et idéologiques.

Pour l'Eglise catholique de la RD Congo, le Concile Vatican II reste un tournant décisif. En effet, à l'instar des pressions tous azimuts au niveau international, l'Afrique en marche vers le pluralisme politique, à partir de 1990, a connu la contestation des pouvoirs dictatoriaux par l'Eglise, dans la plupart des cas, à travers la conjonction d'initiatives croisées de la plus haute hiérarchie des confessions religieuses et de leurs représentations locales, et des mouvements associatifs, syndicaux, des médias, de sensibilités politiques chrétiennes et d'autres, acquises au changement.

En RD Congo, devant la gravité de la crise multiforme et généralisée, les institutions officielles avaient perdu toute crédibilité : l'urgence avait fini par imposer la nécessité de repenser la restructuration et le fonctionnement du pays, car, le peuple ne se reconnaissait plus dans le mode de gestion qu'incarnait, en premier, le chef de l'Etat à travers le verrouillage de tous les pouvoirs qui, du reste, devenaient inopérants, contreproductifs et contre-indiqués. C`était le cas du temps du marxisme-léninisme au Congo-Brazzaville, au Bénin et de l'idéologie de l'authenticité au Zaïre (RD Congo), transportée par ailleurs au Togo, etc.

Devant cette impérieuse exigence, l'Eglise congolaise refusa d'être cantonnée à son rôle spirituel parce qu'elle est consciente que les valeurs qui façonnent la société et modulent les comportements humains s'opèrent de plus en plus en dehors de l'Eglise.

Soulignons que cette analyse a capté au degré similaire quelques princes de l'Eglise comme le vénérable Mgr Isidore DE SOUZA du Benin qui a légué à l'Afrique et au monde un message chrétien relatif à la politique. C'est une grande leçon qui disait en substance que l'on peut faire la politique, mais sans se laisser inféoder par elle. De plus, les chrétiens qui se laissent emporter par elle, oublient tout simplement le discours libérateur de Jésus-Christ, susceptible de favoriser une mutation constructive.

Par conséquent, bien que cela soit un devoir contraignant pour l'Eglise, se mouvoir dans le temporel devenait une nécessité en tant que veilleur et éveilleur des consciences.

Voilà pourquoi, l'Eglise s'est illustrée, d'une part, par sa participation à l'accompagnement du processus de démocratisation (chap.1), d'autre part, de manière active au sein des institutions de transition (chap.2).

CHAPITRE 1: LA PARTICIPATION DE L'EGLISE À L'ACCOMPAGNEMENT DU PROCESSUS DE DÉMOCRATISATION

Autant les années 1960 ont été celles des indépendances africaines, autant la décennie 1990 a été celle de l'ouverture au pluralisme politique. Presque partout en Afrique, la démocratisation a consisté à quitter l'assujettissement du parti unique pour rentrer dans la conformité d'une pluralité réelle des partis politiques qui introduit le principe de l'alternance au pouvoir.

C'est pourquoi, il convient de situer la participation de l'Eglise dans le débat démocratique qui constitue à la fois un cadre d'expression de la liberté des personnes et offre à l'Eglise la possibilité de participer aux débats et aux décisions de société. Evoquer notamment sa participation à l'accompagnement dudit processus revient à parler des actions et enseignements pastoraux (Sect.1), et à se référer, à une présence rayonnante et émergente (Sect.2).

Section 1. Les actions et enseignements pastoraux

Le contexte sociopolitique de l'heure a suscité un engouement dans le chef des populations qui souhaitaient tourner la page de la dictature mobutiste. Face à cette aspiration au changement, il devenait plausible que le vent de démocratisation qui soufflait aussi sur l'Afrique noire francophone ne pouvait laisser indifférente l'Eglise.

Ainsi, dans le souci de communier avec le peuple de Dieu en RD Congo, l'Eglise est sortie du temple pour porter et servir de courroie de transmission des revendications populaires dans le but d'infléchir le pouvoir resté insensible devant le spectacle des congolaises et congolais meurtris et lassés des diverses crises (politique, économique socioculturelle, morale, et même spirituelle), bref de la crise des valeurs.

Par le biais des actions et enseignements pastoraux, qui sont des messages d'interpellation et d'espérance aux peuples et aux dirigeants, cette sortie du temple de l'Eglise se perçoit comme un rôle d'avant-garde (§1), malgré les vicissitudes que comporte tout processus de changement (§2).

Paragraphe 1. Un rôle d'avant-garde

Au lendemain des bouleversements politiques provoqués par la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989 qui ont atteint l'Afrique subsaharienne dont la RD Congo, le peuple a cru à l'action de l'Eglise tout en saluant l'engagement pastoral de servir la Nation comme un rôle d'avant-garde. De plus, en tant que vecteur démocratique, ce rôle s'est davantage manifesté à l'occasion de deux importants événements qui sont venus faire avancer l'ouverture des réformes profondes. Il s'agit de la transition démocratique, un contexte favorable au changement (A) et le Mémorandum historique des évêques catholiques qui demeure un instrument déterminant (B).

A. La Transition démocratique, un contexte favorable

La chute du Mur de Berlin le 9 Novembre 1989 et les bouleversements politiques importants qui en résultaient dans le monde entier ont donné un nouveau souffle aux transformations des institutions politiques et socioéconomiques en Afrique. Dans cette quête en vue notamment d'affronter les défis de la misère sociale des peuples, il est intéressant de souligner le concours très remarquable que le clergé africain a apporté aux processus de démocratisation en Afrique. Son entrée en scène a sans conteste modifié les rapports de force en présence.

Né des aspirations générales des peuples à transformer les règles de fonctionnement de l'Etat, ce vent de démocratisation en RD Congo a conduit les forces vives de la Nation, dont l'Eglise, à donner de la voie dans le débat démocratique. En effet, à l'initiative du Maréchal-président MOBUTU, le processus de démocratisation était engagé pour répondre surtout au nouveau contexte de transition politique qui soufflait sur l'Afrique dont nous pouvons dégager les fondements et analyser les mécanismes de ses actions.

Au plan politique, il était question d'apporter des réponses adéquates à la situation de crise que reflétait le mécontentement grandissant du peuple contre le pouvoir dont la léthargie s'observait dans le fonctionnement de l'Etat. Il a fallu que l'Eglise s'implique réellement dans le débat sur le fonctionnement et la conduite régulière de la chose publique pour devenir une pièce sociale maitresse dans le processus de changement, encore que, ses messages obéissent au principe d'inculturation. Forte de l'autorité morale influente qu'elle exerce sur les détenteurs du pouvoir, l'Eglise par son intervention a occupé davantage l'espace comme acteur privilégiée pour aborder la question concernant la condition humaine (matérielle, politique) parce que celle-ci influe sur la spiritualité des individus, sa principale cible pastorale.

Par effet d'amplification, l'on peut à ce niveau çi, faire référence à tous les Magistères que l'Eglise catholique a élaborés, notamment à la suite du Marxisme et des théories libérales consécutives à la révolution industrielle et à la laïcisation de la société occidentale (encycliques, etc.). Cependant, il convient de s'interroger sur les stratégies utilisées et les facteurs ayant concouru à leur influence en vue de dégager les mécanismes par lesquels l'Eglise s`est illustrée face aux mutations sociopolitiques.

Comme annoncé ci-haut, au lendemain du mouvement de démocratisation enclenché depuis les réformes initiées en URSS par le président Michael GORBATCHEV et les effets induits qui progressivement, emportaient les systèmes totalitaires de l'Europe de l'Est, l'exigence du peuple en ex-Zaïre (RD Congo) était que le Maréchal-président MOBUTU engage lui aussi un dialogue avec l'opposition pour éviter, par contagion, à la Nation les tragiques événements d'ailleurs.

C'est de là qu'il prit la décision d'annoncer, le 14 janvier 1990, son initiative d'engager des consultations nationales à travers le pays, car, il était conscient de courir des risques en observant le mimétisme pluraliste pointé sur l'Afrique. Mais, en réalité, le `'Guide'' voulait seulement contenir et devancer le mouvement de désobéissance civile dans le pays. Cela transparaissait dans ses propos devant le corps diplomatique le même jour, lorsqu'il insistait sur « la nécessité d'une libéralisation politique par la vertu de la palabre directe qui prend en compte les réalités africaines et non importées de l'extérieur »12(*).

S'agissant de ce choix contraignant mais décisif pour le Maréchal-président, un débat public a été engagé à travers la vaste campagne dite Consultations populaires du 29 janvier au 29 mars 1990. Selon le Professeur MWAYILA TSHIYEMBE, ces consultations populaires ont eu le mérite de permettre au Chef de l'Etat et à sa délégation de recueillir « les avis de toutes les couches socioprofessionnelles, à tous les échelons, et ce, dans tous les secteurs sur le fonctionnement du Parti-Etat »13(*). Dans ce sens, 6.128 mémorandums (dont 128 venus de la diaspora) qui ont été adressés de toutes parts réclamaient la fin du système politique de la IIème République et l'instauration d'un système démocratique pluraliste.

Dans leur grande majorité, les populations ont exprimé leurs aspirations à la liberté et exigé l'ouverture démocratique à travers une réforme complète du système de gestion gouvernementale et de fonctionnement de l'Etat. Du reste, presque tous les analystes politiques s'accordent, avec la tendance majoritaire du peuple, à reconnaître que la contribution majeure de l'Eglise catholique, par son leadership, par la pertinence et la qualité de son mémorandum adressé au chef de l'Etat a sans doute été l'élément détonateur ayant mûri la position du Marchal-président à lâcher du leste.

C'est le cas de Vincent KAMBERE qui affirme : « publié à une période particulièrement difficile de l'histoire de notre pays, ce document de la Conférence Episcopale a été pour les consciences chrétiennes une sorte de phare qui éclaire l'histoire de nos sociétés lacérées par les misères de toutes sortes et une réelle interpellation pour les détenteurs du pouvoir »14(*). Cet écrit qui encourage les autres forces vives à ouvrir davantage l'oeil et le bon, sert de balise dans la poursuite de la transformation sociale recherchée en RD Congo, mérite d'être analysé.

B. Le Mémorandum historique du clergé catholique

Répondant à l'appel lancé par le président de la République, le 14 janvier 1990 lors de la traditionnelle présentation des voeux des corps Constitués à Kinshasa, le Comité Permanent des Evêques catholiques a, à l'issue d'une session extraordinaire tenue à Kinshasa du 7 au 9 mars 1990, en vertu de ses qualités et responsabilités pastorales, trouvé opportun d'adresser un Mémorandum au Chef de l'Etat sur le fonctionnement des institutions nationales, ce qui constitue l'une des contributions de l'Eglise catholique au débat public sur la situation générale du pays.

Le Mémorandum des évêques, comme on le nomme, a épinglé parmi les causes de la crise de légitimité : le système politique hybride de gouvernement ( le libéralisme et le totalitarisme), l'institutionnalisation du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR, 1970) et sa transformation en Parti-Etat (MPR parti-Etat, 1974)  basé sur un régime présidentiel où le chef de l'Etat est le premier responsable à la fois des instances dirigeantes du parti et du pouvoir exécutif, la gestion des finances de l'Etat comme une caisse du parti-Etat sans référence à la loi financière contraignante, le lourd endettement intérieur et extérieur.

Bref, la mauvaise gouvernance de la chose publique avec ses corollaires : impunité, corruption, forte tendance à l'inversion de l'échelle des valeurs notamment au niveau des critères de recrutement, d'appréciation et de promotion qui l'emportaient généralement sur la vertu et la compétence. Une autre critique concernait l'une des sources d'inspiration du système politique zaïrois à savoir le principe du recours à l'authenticité prôné par le président MOBUTU en 1972 dans sa fougue contre l'impérialisme occidental. Bien que valable en soi, celui-ci a été mal géré.

De plus, voyant la dégradation continue de la situation , le clergé catholique ne pouvait pas du tout accorder sa bénédiction à un pouvoir politique qui entretenait l'exploitation éhontée du congolais par le congolais, encore que, plus d'une fois dans le passé, il avait élevé la voix pour indiquer aux décideurs les effets pervers de l'absence de capitalisation de la paix sur tous les plans par les différents gouvernements successifs, lesquels ont conduit le pays à partir de 1996 à des situations telles que : la guerre de libération, les rebellions, la guerre d'agression avec des pillages systématiques des ressources naturelles et minières.

Toutes ces guerres ont plongé le pays dans l'insécurité et le chaos surtout avec la présence sur le territoire national des multitudes de milices, des groupes armés incontrôlés ainsi que des armées étrangères. Dès lors, la forte tension qui gagnait les citoyens a permis de comprendre qu'il s'agissait d'une quête de liberté et de démocratie. Face à cette imposante pression sur les dirigeants africains pour le virage démocratique par la remise en cause de leurs systèmes des gouvernements, il est apparu très vite évident que, comme un peu partout ailleurs sur le continent, le régime mobutiste n'avait plus le choix de l'orientation politique à suivre.

Hormis son caractère de dénonciation des antivaleurs jadis qualifiées de fléaux, des pistes de solutions y ont été proposées. Elles ont tourné autour du refus du totalitarisme de l'Etat en faveur du pluralisme politique et de la mise en place des Institutions de la Transition en vue de l'instauration d'un nouvel ordre politique qui mettrait l'homme au centre de tout développement. Le mécanisme approprié, pour ce faire, consistait en l'organisation d'un débat public à l'échelon national, afin que tous les secteurs de la vie nationale soient soumis à une évaluation sans complaisance face à leurs politiques qui ont conduit le pays dans le chaos.

A nos yeux, le discours du 24 Avril 1990 qui annonçait l'ouverture au pluralisme politique pouvait être perçu en termes d'autopsie d'une politique décriée et rejetée par la majorité du peuple. Cette politique était caractérisée par ce qu'on appelait les fléaux congolais qui se traduisaient, entre autres, par le clientélisme, l'amateurisme, la loi du plus fort, méfaits de la politique de monopartisme qu'incarnait le Parti-Etat.

La large diffusion du Mémorandum des évêques catholiques avait fait prendre conscience aux congolais au point que son retentissement inattendu provoqua non pas seulement « l'indignation du chef de l'Etat en tant que premier destinataire »15(*), mais surtout des effets démultiplicateurs après l'entrée en scène des médias. Qui plus est, l'Eglise, à elle toute seule, ne pouvait parvenir à bon port sans l'appui informationnel de la population et des médias pour prolonger et vulgariser son message tant la profondeur du mal était incommensurable.

C'est pourquoi, il importe de connecter spécifiquement à présent l'apport des medias qui ont joué un rôle déterminant dans la lutte pour le changement politique, encore que, la libéralisation politique a ouvert la voie à la libéralisation de la presse. Avant le 24 avril 199O, on connaissait quelques stations privées de Radiodiffusion et de chaînes de Télévision, seulement deux journaux à Kinshasa (Salongo et Elima), un journal à Kisangani (Boyoma), un à Lubumbashi (Mujumbe).

Mais dès l'avènement du processus de Transition, la presse tant écrite qu'audio-visuelle a montré que le nouveau journalisme devenait celui du combat et emboitait le pas au combat de société que mène l'Eglise, ce qui explique l'apparition des titres évocateurs de lutte comme : Le Soleil, L'Observateur, Le Volcan, L'Evénement, La Conscience , Umoja, La Libération, Le Potentiel, Demain le Congo, Le Phare, La Référence Plus, Le Soft, L'Étincelle, La Rafale, Forum des As, L'Ouragan, L'intrus, L'Apostrophe, Le Maximum, La Tempête des Tropiques, La Flèche, La République, La Prospérité, des journaux satiriques et caricaturaux Grognon, Pili-pili, Pot Pourri, etc. qui appelaient la population à prendre conscience, à se libérer du vieil homme peureux vis-à-vis de la gestion dictatoriale, à se mettre ensemble, à travailler à l'unisson pour briser toutes les épreuves qui jonchent le chemin vers le changement radical.

En outre, ces journaux, véritables programmes politiques s'adressaient aussi aux acteurs politiques pour les convertir à la promotion des valeurs morales dans la gouvernance. Tout en décriant la dictature et ses pratiques, les revues missionnaires, Renaitre, Afrique Espoir, Congo Afrique, Documentation et Informations Afriques (DIA) etc. réputées pour des analyses fouillées sur les questions sociales et politiques prêchaient la renaissance du Congo par la conversion des mentalités afin de redonner confiance et espoir. Les Radiodiffusions et Télévisions aussi bien religieuses Elykia(catholique) Radio Maendeleo, Sango Malamu (protestante) Rtk (kimbanguiste) et Rtmv, Rtp, Atv (Églises de Réveil) que privées profanes (Cctv , Rtga , Canal Kin Tv, Horizon33 , Cmb, TropicanaTv, Cebs , Raga Tv, Antenne A) et bien d'autres encore ont contribué à offrir de nouvelles tribunes d'expression, de participation citoyenne et politique , de conscientisation et de recherche de la paix.

En réponse, il n'est pas risqué d'affirmer que la réaction du pouvoir dictatorial était suivie des vicissitudes au processus de changement dont les avancées obtenues et les perspectives envisagées pour la sortie de crise furent sabotées.

Paragraphe 2. Les vicissitudes au processus de changement

Un mois seulement après son discours historique du 24 avril 1990, le Maréchal-président se rétractera à l'occasion d'un discours dit de clarification. Ce changement spectaculaire créa de fortes tensions politiques dont l'essentiel se caractérisait par de nombreux obstacles et obstructions du pouvoir (A) pour bloquer le processus politique dans lequel le peuple avait placé tous ses espoirs légitimes. A cette occasion, l'Eglise catholique lança un appel à travers un message de vérité et de conscientisation (B) qui invitait toutes les parties à privilégier l'intérêt national.

A. Obstacles et Obstructions du pouvoir

Le contexte de l'heure caractérisé par l'exigence populaire des réformes avait embarrassé sérieusement le pouvoir mobutiste. Aussi, face à la pression populaire grandissante pour un changement démocratique appuyé par la Communauté internationale, et par souci du maintien et de la conservation du pouvoir, le Maréchal-président se trouvait-t-il réellement devant un véritable dilemme.

Prenant au sérieux les menaces qui fusaient de partout, le Maréchal-président réussît momentanément à reprendre l'initiative en prononçant le 24 avril 1990, le célèbre discours dans lequel il fit des concessions importantes. Elles consistaient en la séparation nette entre le parti et l'Etat, la réhabilitation des trois pouvoirs traditionnels (législatif, exécutif et judiciaire comme seuls organes constitutionnels), la dépolitisation de la fonction publique, de l'administration territoriale, de l'armée, de la gendarmerie, de la Garde civile et des services de sécurité, l'instauration du multipartisme à trois et du pluralisme syndical, la révision de la Constitution en vue de l'adapter à la période de transition ainsi que la mise en place d'une commission constitutionnelle chargée d'élaborer la Constitution de la Troisième République qui sera soumise au referendum.

En clair, sur papier, le Chef de l'Etat a donc détruit littéralement les bases de son régime par "l'abolition de l'institutionnalisation du MPR"16(*) (Mouvement Populaire de la Révolution) et de ses organes. Aussitôt, à Kinshasa, à Kisangani et à Bukavu notamment, des manifestations de joie ont voulu «hâter la démocratisation du régime», trop longtemps attendue. Mais, cette ouverture démocratique, décrétée par le Maréchal-président, lui-même, a aussitôt été bloquée par une volte-face officielle suivie d'un avertissement.

En effet, l'explosion de joie et les espoirs légitimes suscités par ce discours précité furent de courte durée, car, un mois plus tard, une grande déception s'empara du peuple à l'occasion d'un autre discours dit de clarification le 03 mai 1990 devant l'Assemblée Nationale. Bien qu'il ait rectifié certains propos précédemment tenus, après avoir réalisé « le vide juridique»17(*) créé, ce discours fut un véritable coup asséné au processus de démocratisation qu'il venait d'initier un mois auparavant, car, il le vida largement de son contenu, notamment sur son appartenance au Mouvement Populaire de la Révolution.

Pourtant, en proclamant la fin du monopartisme, le président de la République augurait une ère nouvelle de liberté et de démocratie. En qualifiant les bonnes paroles du Maréchal-président de discours d'intention, le professeur Anicet MUNGALA ajoute: « Ainsi, contrairement [...] le président MOBUTU se rétractera le 03 mai 1990 lors d'un discours de clarification au parlement pour confirmer son appartenance au Mouvement Populaire de la Révolution tout en limitant le nombre de partis politiques à 3 et contre toute attente, il nommera le 04 Mai 1990, un premier ministre, le professeur LUNDA BULULU, sans consulter les autres forces politiques en présence »18(*).

De toute évidence, il apparaissait visiblement que le Maréchal-président a voulu ouvrir les portes démocratiques avant qu'elles ne soient enfoncées. D'ailleurs, plusieurs constitutionnalistes congolais et africains dont Joseph OWONA et Me Robert DOSSOU19(*) l'ont qualifié de discours constituant. Ce changement brusque et inattendu a poussé la majorité du peuple, comme l'a souligné le professeur MUNGALA, à déduire que « l'idée de consultation populaire émergea pour contourner le puissant courant de la Perestroïka et de la Glasnost initié en Europe communiste et repris en Afrique sous forme de négociation pour le changement démocratique par l'organisation des conférences nationales »20(*). Cette appréhension confirmait également les intentions larvées mais saisissantes contenues dans le discours présidentiel du 03 mai 1990 devant la représentation nationale, lesquelles s'étaient vite traduites en actes à travers un ensemble d'obstacles et obstructions apparus pour saper le processus politique.

Le pouvoir avait utilisé, comme il en avait l'habitude, toutes les manoeuvres dilatoires, la corruption à prix d'argent, la création d'une multitude de partis satellites du MPR, mensonges, tricheries, intimidations... De façon ouverte, l'Eglise plaidera en faveur de la poursuite du processus de démocratisation en réclamant dans plusieurs messages, « la fin de  l'imbroglio politique et la tenue de la Conférence Nationale Souveraine »21(*). Ses appels seront suivis d'un message d'espoir adressé par les confessions religieuses pour la recherche d'un consensus national en associant toutes les couches de la population aux côtés des acteurs politiques.

En outre, unis par la foi chrétienne face au climat délétère où la méfiance, la crispation, la peur et les inquiétudes étaient au quotidien, les chefs hiérarchiques des Confessions religieuses (Catholique, Protestante, Orthodoxe, Musulmane et Kimbanguiste) adressèrent pour « la 1ère fois un message commun à toute la population, pour que la CNS soit un lieu privilégié d'écoute mutuelle, de dialogue, de concertation et de réconciliation »22(*) en insistant sur l'urgente nécessité d'engager le dialogue pour redonner le souffle au peuple qui plaçait tous les espoirs dans l'aboutissement du processus enclenché vers la démocratie.

Cet appel fut un réel stimulant à « l'élan général du peuple vers la démocratie et de se libérer de la peur entretenue sciemment par le régime en place »23(*) pour se maintenir ou conserver le pouvoir en dehors des voies démocratiques. Dans cette perspective, l'Eglise décida de maintenir le cap à travers un discours de vérité et de conscientisation.

B. Discours de vérité et de conscientisation

Dans sa principale charge pastorale de s'occuper du salut des âmes et de sauver les corps qui les abritent, l'Eglise a été, plus d'une fois, amenée à élever sa voix au nom du peuple dont elle partage au quotidien les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses, ce qui explique l'urgence de rappeler au pouvoir politique à ses responsabilités encore que des interrogations fusaient de partout sur les réelles intentions du pouvoir d'empêcher définitivement le processus politique vers l'instauration de la démocratie.

De plus, cet appel de l'Eglise a le mérite de rassurer dans la justice, la transparence et la vérité les individus, groupes d'individus, classe politique dirigeante et toutes les forces sociales et politiques en présence. Mais, il faut noter que le peuple congolais a plus d'une fois payé le prix fort dans son cheminement vers la démocratie, car, cette expression de liberté était perçue comme une humiliation pour le régime agonissant du Maréchal-président MOBUTU.

Parmi les répressions subies par les congolais, on peut retenir : les massacres des chrétiens le 16 février 1992, les assassinats d'évêques, le sabotage des édifices et temples, le plasticage des imprimeries de la presse écrite libre (les imprimeries du Zaïre du Groupe Elima en octobre 1991, les imprimeries Terra Nova la nuit du7/8novembe 1992, les installations du journal le potentiel le 26/27décmbre 1992, etc.)

Aussi, il faut souligner que l'Eglise, cette autorité morale d'une grande influence en RD Congo a, à certaines occasions, fait l'objet de réelles discordes avec l'Etat, car, les deux parties ont fréquemment vécu des relations en dents de scies même depuis l'époque du Zaïre. Pour illustrer ces tensions, nous évoquons :

-Le `'Te Deum`' chanté le 19 décembre 1965 lors de la clôture du Concile Vatican II, Mgr l'archevêque de Kinshasa, Joseph-Albert MALULA dira au président MOBUTU, présent dans la cathédrale : « C'est pour nous un réconfort que notre gouvernement s'associe à nous pour fléchir avec nous les genoux devant Dieu [...]. Monsieur le président, l'Eglise reconnaît votre autorité, car, l'autorité vient de Dieu. Nous appliquerons fidèlement les lois que vous voulez bien établir. Vous pouvez compter sur nous, dans votre oeuvre de restauration de la paix à laquelle tous aspirent si ardemment »

-Le Te Deum le 18 Août 1966 en présence du président MOBUTU, Mgr Joseph-Albert MALULA, Archevêque de Kinshasa, dira au nom du peuple : « je voudrais être ici le pauvre au milieu de l'abondance [...]. Nous voulons vous dire à vous nos gouvernants : sachez que notre peuple attend de vous un peu de soleil, notre peuple attend de vous un peu de joie ». Dans la même foulée, l'on peut évoquer la déclaration du clergé de l'Archidiocèse de Kisangani en 1968 : « [...] les efforts actuellement tentés pour mettre en place une administration moderne sont viciés à la base par le fait qu'on confie des responsabilités importantes à des personnes qui n'ont ni la formation ni la compétence requises.

Par ailleurs, l'utilisation des élites intellectuelles et formées est souvent peu judicieuse soit parce que les responsables actuels craignent d'être confrontés à des éléments plus jeunes et mieux formés soit parce qu'on nomme ces technocrates sans leur donner des moyens requis pour qu'ils puissent travailler efficacement. On stérilise ainsi les talents et on les détourne du service de la fonction publique (...) ».

L'engagement de l'Eglise de se déterminer par rapport à l'Etat s'est davantage affirmé à partir du concept « Une Eglise congolaise dans un Etat Congolais »23(*) énoncé par Mgr Joseph-Albert MALULA. C'est ainsi que dans ses prises de position en tant que pouvoir spirituel, l'Eglise n'a cessé d'interpeller les dirigeants politiques, leur rappelant la priorité de mettre au devant le bien commun sur les intérêts particuliers. Elle agit comme contrepoids, groupe de pression à l'endroit des détenteurs du pouvoir temporel à la lumière de l'Evangile.

Dès lors, on peut avancer que l'Eglise entretient des rapports de collaboration permanents avec l'Etat et les autres partenaires internes et externes dans la réalisation de nombreuses tâches et actions salvatrices en faveur de la population surtout dans certains secteurs publics prioritaires (éducation, santé, développement rural, etc.) et dans le domaine communautaire. Cette vaste entreprise de l'Eglise dans le social, participe activement, de façon remarquable à son émergence et/ou son implantation au sein des communautés à la base.

Section 2. Une présence rayonnante et émergente de l'Eglise

Dans la quotidienneté des populations, sa présence incontestable se manifeste dans les secteurs éducatif et socioprofessionnel, encore qu'elle constitue une référence, voire un modèle même pendant les moments de grande instabilité politique perturbant le bon fonctionnement des structures étatiques et communautaires à la base. Cet atout lui permet de renforcer d'un côté, sa place comme partenaire social privilégié de l'Etat (§1); de l'autre côté, l'entente et la cordialité dans le cadre de l'oecuménisme dans le processus de démocratisation (§2).

Paragraphe 1. L'Eglise, partenaire social privilégié de l'Etat

Le secteur socio-éducatif en RD Congo constitue un des champs d'action où l'Eglise excelle en réalisations pour la satisfaction des attentes et besoins des populations. A l'instar des pouvoirs publics et des privés non conventionnés, presque chaque confession religieuse possède ses écoles. Selon les statistiques fournies par la Coordination Nationale des écoles conventionnées catholiques, en 2006 celle-ci gérait 11811 écoles dont 8869 écoles primaires (avec 2702.469 écoliers), 2942 écoles secondaires, (avec 647.039 élèves), 41491enseignants dont 5629 femmes.

Face aux défis importants à relever par l'Etat dont le secteur de l'enseignement en cette période de basse conjoncture, les pouvoirs publics ne sauraient seuls tout faire. C'est pourquoi, il est de son avantage de se faire aider par des structures comme les confessions religieuses, étant donné que l'oeuvre éducative exige le respect des valeurs éthiques; encore qu'elles sont également expérimentées dans la promotion des valeurs citoyennes et l'organisation des enseignements aussi bien primaire, secondaire qu'universitaire qui, par ailleurs, demeurent d'obédience nationale.

Par ailleurs, pendant la longue étape de la Transition, la RD Congo était quasiment en rupture avec la coopération internationale, ce qui explique le fait que les différents réseaux confessionnels d'enseignement national ont pu bénéficier d'une multitude d'initiatives, d'aides bilatérales et multilatérales en termes d'apport au renforcement des capacités en infrastructures, en support pédagogique, en mobilité et transfert des compétences professionnelles.

Un regard rétrospectif nous renseigne que parmi les trois universités nationales en RD Congo, deux sont d'origine confessionnelle (catholique /Lovanium-Université de Kinshasa et protestante /Université de Kisangani). Alors qu'avant l'indépendance, l'opinion générale coloniale considérait qu'ouvrir une Université au Congo était prématuré et une erreur dangereuse, un petit groupe de catholiques isolé a par idéal et par humanisme chrétien, créé la première Université au CONGO : L'Université Lovanium (Université de Kinshasa) ouverte le 15 janvier 1954 suivi plus tard par les protestants, promoteurs de l'Université de Kisangani.

Dans son livre `'L'école trahie'', le Père Martin EKWA bis ISAL, s.j. écrit : « L'ouverture des Instituts Supérieurs Pédagogiques (ISP) destinés à former des enseignants qualifiés pour les classes du cycle d'orientation fut aussi une étape à la fois décisive et prometteuse. Le Bureau de l'Enseignement Catholique se lança avec une audace surprenante dans la création des Instituts Supérieurs Pédagogiques (ISP) à Kinshasa en 1961, à Boma en 1963, à Bukavu en 1965, à Kikwit et à Lubumbashi en 1966, à Bunia et Mbuji- Mayi en 1968 » 24(*).

Ainsi, l'Eglise croit fermement que la promotion du bien commun passe nécessairement par l'éducation qui remoule la conscience et amène l'individu à la maturation d'un être viable et fiable, c'est-à-dire, doué de raison et de liberté. Autrement dit, transmettre les connaissances théoriques permet le partage des expériences de l'humanité et des qualités morales. Et ces dernières n'étant pas innées, elles doivent s'apprendre en société, entendons : la famille, l'Eglise, l'école, les mass médias, les groupes de réflexion, organisations et autres institutions à vocation éducative.

Notons qu'en principe, la tâche éducative relève d'abord de la responsabilité de l'Etat. Toutefois, devant la crise qui a institutionnalisé l'inversion des valeurs et généralisé l'opinion selon laquelle les études ne sont pas indispensables pour accéder à de hautes fonctions, l'Eglise a perçu à juste titre que l'éducation doit devenir plus une tâche commune, une tâche communautaire si l'on veut éviter de mettre en péril tout le système éducatif. C'est dans cette optique que nous considérons d'abord l'éducation comme le chemin par lequel viendra l'instauration d'un ordre nouveau, le lieu où les libertés fondamentales doivent s'exercer.

Sans négliger les apports des uns et des autres, nous mettons souvent en exergue la prédominance de l'Eglise Catholique dite « Eglise-mère » dans le langage courant en RD Congo, lequel reconnait implicitement même au niveau national, la permanence de son leadership.

A. Leadership permanent de l'épiscopat catholique

Comme souligné ci-haut, l'Eglise congolaise en général a servi et sert de canal de transmission des revendications populaires dans le cadre de sa mission pastorale. Quant à l'Eglise catholique, elle a, de façon ininterrompue, assuré et assumé le leadership moral, intellectuel et social au sein des confessions religieuses. Son image s'est accrue à telle enseigne qu'elle a acquis la réputation de prendre les risques d'affronter l'Etat en apparaissant au devant de la scène sociopolitique nationale de façon plus que perçante quel que soit le régime en place, avec des écrits portant des titres suggestifs tels que répertoriés par Mgr Professeur Faustin Jovite MAPWAR BASHUTH : 

[« Respectons la vie et la personne humaine (20 janvier 1996) ; Non à la guerre, Oui à la paix et à la justice (29 octobre 1996); Lève-toi et marche (31janvier1997); Conduis nos pas Seigneur, Sur les chemins de la paix(1998) ; Sois sans crainte, la situation dramatique actuelle et l'avenir de la RD Congo(19 novembre 1999); Courage le Seigneur ton Dieu est au milieu de toi (juillet2000); Tous pour les intérêts supérieurs de la Nation (2 mars 2001); L'espérance ne déçois jamais, le dialogue du peuple congolais dans la liberté, la justice et la vérité (7 juillet 2002); Quel avenir pour le pays ? (6 juillet 2003); J'ai vu la misère de mon peuple, trop c'est trop (15 février (2003); Pour l'amour du Congo, je ne me tairai point (14 février 2004); Frères, que devons-nous faire? L'heure des responsabilités a sonné (3 juillet 2004); Voici le temps favorable, voici maintenant le jour du salut (5 février 2005); Pourquoi avoir peur? L'avenir du Congo dépend de son peuple (22 juillet 2005); Levons-nous et bâtissons ! Pour un Congo nouveau (mars 2006); Pour une fin de transition apaisée, le peuple avait le coeur à l'ouvrage (22 juin 2006); La vérité vous rendra libres, le verdict des urnes dans la transparence (5 octobre 2006); Avance en eau profonde, la foi dans l'avenir du Congo (5 décembre 2006) »25(*)].

En outre, cette place de choix très considérée dans la vie nationale qu'elle occupe tient également de ses prises de position sur la conduite, le fonctionnement et la gestion de l'appareil étatique. En effet, l'Eglise catholique est restée la plus dynamique de toutes les autres communautés religieuses existantes à travers notamment l'ampleur de sa production. Celle-ci est d'une richesse indéniable composée des messages, déclarations, points de presse, appels, lettres pastorales adressés aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté et une série de mémorandums à l'attention des dirigeants politiques. Comme fer de lance de toutes les confessions religieuses nationales, son rayonnement se trouve être étendu largement par le biais de sa vaste implantation sur toute l'étendue du pays, son investissement dans les grandes infrastructures des domaines sanitaire, médical et les oeuvres à impact visible (de petites et moyennes unités de production, génératrices de revenus et d'emplois) sans compter la publication, la diffusion des manuels éducatifs, etc.

Durant toutes les étapes de l'histoire politique de la RD Congo, particulièrement la longue période de transition démocratique (16 ans), elle a été amenée à prendre des positions énergiques qui ont déterminé les esprits et les comportements citoyens. En tant qu'Eglise-mère, elle reste la seule qui organise des communautés ecclésiales vivantes de base dans toutes les entités territoriales décentralisées jusque dans les coins les plus reculés du pays.

Ces micros structures constituent des relais efficaces pour véhiculer les messages de l'Eglise, ce, malgré la montée vertigineuse des assemblés évangéliques chrétiennes appelées communément Eglises de réveil. Soulignons, à ce sujet, que suite à la crise multiforme qui a ravagé bon nombre de foyers, le sursaut religieux a percé au moyen d'une stratégie thématique intéressée qui leur a permis de gagner plusieurs adeptes.

B. l'Emergence des Eglises de Réveil

Bien que toutes ne soient pas logées à la même enseigne, il importe de noter que depuis l'accentuation de la crise généralisée , plusieurs personnes non satisfaites et déçues de ne pas obtenir gain de cause facile avaient quitté les rangs des Eglises chrétiennes traditionnelles à la recherche de la solution-miracle au sein des Eglises dites de Réveil dont la plupart ont centré leurs discours et thèmes sur l'immédiateté de la guérison, du mariage, des miracles et de la prospérité en vue de gagner la notoriété au sein de la société.

C'est ainsi que de nombreuses personnes, voire des familles entières, conquises par ce charme, ont intégré ces rangs. A ce jour, leur impact ne fait l'ombre d'aucun doute, car, en dehors de l'évangélisation, elles sont considérées aussi par une grande frange de la population comme des lieux d'espérance de conversion des mentalités, de transformation de la société, de l'amélioration de conditions de vie mais surtout des refuges. Malheureusement, il sied de souligner que le peuple de Dieu a connu pas mal de déchantement et continue superbement à dénoncer des pasteurs qui ont su manipuler la naïveté et la misère des Congolais.

C'est le cas notamment qu'il suffisait de toucher son poste téléviseur pour que le miracle se produise. Mais plus le temps passait, plus les Congolais se rendaient compte de la supercherie. L'effet positif de ce réveil a, en effet, permis à bon nombre d'adeptes de sécher les rangs, qui plus est, si le pasteur avait réussi à se constituer une relative prospérité, les fidèles eux, avaient fini d'économiser les illusions. Comme une mode, que d'Eglises de ses pasteurs ne désemplissent, car, plus personne n'y croit.

Qu'a cela ne tienne, bon nombre de pasteurs ont oeuvré dans l'organisation de plusieurs journées de prières et d'actions de grâce, campagnes de sensibilisation, etc. pour l'instauration de la démocratie, partant de l'audience qui leur a permis d'influer dans les rapports de force sur l'échiquier politique national. C'est le cas de: l'Armée de l'Eternel du Général Sony KAFUTA ROCKMAN ; Armée de Victoire du pasteur KUTHINO FERNANDO avec son événement controversé `'Sauvons le Congo''; des pasteurs Jean-Oscar KIZIAMINA KIBILA du Ministère de la PUISSSANCE ; MUTOMBO KALOMBO du Ministère AMEN ; Denis LESSIE d'Arche de NOE, etc.

Tant d'autres actions ont enrichi leur contribution participative tout au long du processus ayant conduit aux élections historiques de 2006. Soulignons également que cet ancrage a permis l'élection de deux des pasteurs très en vue à savoir Jean-Oscar KIZIAMINA KIBILA et EJIBA comme députés nationaux à l'Assemblée Nationale.

Paragraphe 2. L'impact de l'oecuménisme dans le processus de démocratisation

Le processus de démocratisation en RD Congo a été l'une des occasions qui a contribué au renforcement de l'oeuvre oecuménique. En effet, remontant de plusieurs années, bien avant l'avènement dudit processus, cette pratique fut instituée dans le souci de renforcer la foi et l'unité spirituelle, de rapprocher les personnes et les coeurs, d'établir des synergies, de mobiliser des ressources permettant de mener des actions concrètes et non véhiculer des utopies dans les chantiers politique, économique, social, culturel, spirituel, moral qui constituent actuellement la RD Congo.

Pour se faire entendre, il fallait parler d'une même voix, gommer les divergences dues à la taille des groupes, à des affirmations dogmatiques prétendant posséder toute la vérité et/ou aux intérêts partisans. Comme les écritures saintes l'enseignent, la mission de l'Eglise doit se placer dans la continuité de celle de Jésus-Christ dont elle se réclame être le disciple. C'est pour cela que, pour mener à bien son oeuvre, Jésus-Christ avait affiché à tout moment, le comportement d'un Homme libre pour écouter, guérir, aimer l'autre; bref, libre pour faire le bien.

Ainsi, devant l'urgence, il était indispensable de faire de la sauvegarde de la Nation le point de jointure et de convergence. Malgré quelques incidents enregistrés ça et là, cet engagement dans l'expérimentation de l'oeuvre oecuménique a permis à l'Eglise de dépasser le cap du travail en ordre dispersé et les clivages doctrinaux à travers le développement d'une Chaîne de Solidarité Agissante où l'on privilégie la recherche du bien commun pour la dignité du peuple congolais.

A. La Chaîne de Solidarité Agissante

Rentrant dans leur réalisation pour le salut de la Nation, la période de transition a vu naître la Chaîne de Solidarité Agissante au niveau de l'Eglise congolaise. Née le 27 juillet 1997 à l'initiative des chefs des Confessions chrétiennes, elle est un service inter-ecclésial représenté en une plate-forme oecuménique des commissions Justice, Paix et Sauvegarde de la création. Pour réaliser ses objectifs, la Chaîne dispose de six Commissions Nationales Permanentes qui gravitent autour du Comité Directeur.

Ces commissions sont des organes techniques chargés chacune d'activités spécifiques. Les quatre commissions permanentes nationales sont :

- La commission éducation civique et élections

- La commission protection et promotion des droits de l'homme

- La commission gestion des catastrophes et des urgences.

- La commission paix, réconciliation et résolution des conflits

Plus que saluée, elle a représenté une opportunité louable et salutaire, en se fixant comme objectifs, d'une part, de réaliser en commun les objectifs traditionnels dévolus aux commissions Justice, Paix et Sauvegarde de la création, d'autre part, la protection et la promotion de la justice. Bien que les ennemis s'appuient souvent sur la division, selon l'adage « Diviser pour mieux régner », qui a conduit à l'affaiblissement littéral de l'Etat, pour empêcher les Congolais de faire tête en bloc, l'engagement de l'Eglise n'a pas varié, car, sa mission doit plus consister à libérer les Congolais de l'emprise de l'esclavage dans tous les domaines fondamentaux, en commençant par la libération du coeur qui passe notamment par le changement des mentalités.

Etant donné qu'il existe au sein de l'Eglise une interaction entre ses membres, cette solidarité agissante en chaîne ne devrait pas seulement concerner les chefs hiérarchiques des confessions religieuses mais également les fidèles, c'est-à-dire, qu'il n'y ait pas d'un coté, une hiérarchie qui dicte, qui s'exprime, donne les ordres et ordonnance tout, et de l'autre coté, un peuple, des fidèles infantilisés et passifs, une masse diffuse qui exécute aveuglement les ordres/recommandations de la hiérarchie.

C'est pourquoi, au regard de divers enjeux et défis de la démocratisation/ Elections, défis de la paix, de l'unité et /ou de la réconciliation nationale, défis des droits humains, devant le défis de la pauvreté généralisée, il était impérieux de voir cette osmose entre les communautés chrétiennes produire des résultats probants. Pour y parvenir, elles devaient travailler en collaboration pour mener des actions concrètes qui viseraient à affronter les défis ci-haut évoqués.

B. Les actions en collaboration

Les confessions religieuses ont justement appréhendé la portée de la stratégie de l'Union fait la force, la stratégie de la force solidaire. En effet, des actions en communion libèrent ses initiateurs et bénéficiaires de la peur de l'insécurité, de l'incertitude du lendemain, de la dictature avilissante, des pesanteurs socioculturelles et religieuses et les arment d'un courage plein de témérité pour affronter toute forme d'exploitation de l'homme par son semblable, l'exploitation des gouvernés par les gouvernants, les antivaleurs qui sont légion et qui déshumanisent la vie des congolais.

Mais, il sied de rappeler que le sens d'engager les actions en collaboration constitue une exigence sociologique, une remise en question de soi, un certain brisement; nonobstant les dissimilitudes qui pouvaient apparaître. De ce fait, le souci d'éviter de retomber dans des considérations religieuses, politiques, ethniques, culturelles, doctrinales, économiques qui les affaibliraient et les diviseraient, a exigé d'elle non seulement de dépasser ces obstacles de plusieurs ordres (doctrinal, idéologique et politique, ethnique, culturel,...), mais également d'éviter toute improvisation et tout amateurisme dans l'agir.

Mieux encore, dans le souci de pro activité, force est de reconnaître également le mérite d'avoir associé les assemblées chrétiennes dites Eglises indépendantes, à la réflexion et à la réalisation des actions concertées et engagées par les Eglises Chrétiennes. Face aux grandes questions cruciales du pays, les premières citées qui drainent de foules de fidèles devaient être mises à contribution par obligation de résultat. Ces actions comportaient à la fois la préparation des hommes dans une approche participative et la constitution du matériel de travail susceptible d'amener les fidèles, peuple de Dieu à la citoyenneté responsable, à l'amour de Dieu et de la Patrie si nous pouvons emprunter l'expression latiniste «Pro Deo Pro Patria ».

Cela dit, les actions en collaboration dans cette 1ère phase de la transition ne pouvaient être fructueuses que dans la mesure où il y avait organisation et coordination de toutes les communautés des enfants de Dieu sans prétention aucune de supériorité des unes sur les autres. Par conséquent, il était capital de mettre sur pieds des stratégies d'actions et de s'engager à les réaliser sur le terrain, main dans la main, pour mettre en déroute les détracteurs internes et externes de la RD Congo.

C'est le cas de mentionner les réalisations suivantes parmi les nombreuses organisées dans le cadre de l'accompagnement du processus de démocratisation :

1. La tenue des journées de Consultations Nationales sur la marche du pays du 28 février au 11 mars 2000. Organisées sous les auspices des Chefs de confessions religieuses en prévision du dialogue inter congolais, lesdites journées ont été appuyées par la Conférence des Eglises de toute l'Afrique (CETA). Elles ont été couronnées par un culte oecuménique célébré dans la Cathédrale du Centenaire Protestant à KINSHASA/LINGWALA.

2. Le PAREC (Programme OEcuménique de Paix, Transformation des Conflits et Réconciliation) piloté par le Révérend Pasteur NGOY MULUNDA de l'Eglise Protestante Méthodiste. Cette institution s'investit dans la gestion des conflits, spécifiquement dans la démobilisation et la réinsertion des enfants soldats, le ramassage et la destruction des munitions et des armes légères.

3. La création par les confessions religieuses de la RD Congo d'un cadre de concertation, de dialogue sur lequel va se fonder le vaste programme de préparation citoyenne notamment pour l'Education Civique et Electorale. Le protocole d'accord y relatif a été signé le 24 juillet 2004 à KINSHASA.

Au demeurant, malgré que le rôle de l'Eglise au milieu du village reste d'actualité dans le contexte post-conflit particulier à la RD Congo, il faut cependant, s'interroger sur le fait qu'elle n'arrive pas dans sa diversité à atteindre le résultat escompté. Ce constat amer a souvent tourné autour d'un manque de prise de position coordonnée entre elles dans certaines circonstances, comme par exemple, pendant la période très mouvementée partant de l'organisation du referendum constitutionnel des 18-19 décembre 2005 jusqu'à celle des premier et second tours de l'élection présidentielle et des élections législatives. Cela dénote des préoccupations sur le rôle de l'oecuménisme qui, pourtant, doit  arriver à corriger de telles défaillances. 

Toutefois, il y a lieu de reconnaître que cette initiative a permis d'offrir des opportunités du genre `'rapprocher les vues des différentes communautés religieuses en présence, colmater les brèches par la conciliation entre protagonistes, éveiller des consciences, etc. De plus, cette osmose religieuse qui s'est manifestée presque partout en Afrique, a permis de conforter le crédit de l'Eglise à telle enseigne que son rôle a été remarquable dans la conduite des Nations vers l'ouverture au pluralisme politique et au sein des institutions démocratiques dont le cadre de définition des phases transitoires fut d'abord la Conférence nationale souveraine en tant qu'un cadre, un forum national réunissant les délégués de tous les corps constitués de la Nation en vue de réfléchir sur le devenir du pays.

Partout en Afrique où se sont tenus ces forums, l'Eglise y a pris souvent une part active, voire décisive, pour pousser l'avancement, l'aboutissement des processus de démocratisation et de réconciliation enclenchés. En RD Congo, son poids sociopolitique considérable lui a valu ainsi sa participation au sein des Institutions de transition.

CHAPITRE II : LA PARTICIPATION DE L'EGLISE AU SEIN DES INSTITUTIONS DE TRANSITION

D'entrée de jeu, il est important de préciser que l'Eglise s'ouvre au monde pour l'évangéliser, pour lui annoncer l'Evangile afin que ce monde se convertisse à sa lumière et croie. Comme l'a souligné le Pape Jean Paul II dans son encyclique « Redemptoris missio »26(*), l'Eglise a évolué dans sa conception de son immixtion dans le temporel : son action, qui s'inscrit dans la durée, est une continuité de sa mission de défenseur des valeurs chrétiennes, de porte-parole des sans voix, des marginalisés de la société face aux régimes qui avilissent les populations dans les différents Etats.

Ainsi, « la mission de l'Eglise est plus urgente que jamais, elle a peut être changé de visage, mais reste celle qui doit s'engager parce que l'être missionnaire appartient et vit dans le même monde et cela suppose qu'elle devait intéresser aussi bien les fidèles que ceux qui vivent en dehors d'Elle »27(*). Ceci expliqué que l'Eglise en général, et le clergé catholique en particulier, ait connu une fulgurante ascension à travers sa participation à la gestion du temporel.

Voilà pourquoi, presque partout en Afrique, notamment en RD Congo, l'Eglise, avec le soutien du peuple, s'est s'impliquée dans l'exercice du pouvoir temporel (Section1), en dépit de l'aboutissement final de ces conférences qui n'a pas été satisfaisant partout, car ici et là, les régimes monopartites ont tenté et parfois réussi une récupération des dividendes à leur profit. Tel a été, par exemple, le cas de la RD Congo (ex-Zaïre) avec la reprise en main de la situation par le pouvoir du Maréchal-président MOBUTU (Section2).

Section1. L'exercice par l'Eglise du pouvoir temporel

S'il est admis que les politiques mises en place par les pouvoirs publics ont engagé l'Etat dans le chaos, il convient également d'admettre que l'exercice par l'Eglise du pouvoir temporel fut une conséquence logique du déficit de confiance apparu dans le chef des populations. En effet, au fil des ans, l'Eglise a, par son engagement, grandement contribué à la maturation de la conscience nationale, l'éveil politique des citoyens, la dénonciation des fléaux nationaux, etc.

Dans le même ordre d'idées, l'initiative des confessions religieuses (Communauté des Eglises Baptistes Unies, Communauté Evangélique du Congo, Armée du Salut) d'obédience protestante a emboité le pas en mettant sur le marché pendant cette Transition « un manuel d'éveil citoyen, agréé par le Ministère de l'Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel au n° MINEPSP/SG/80/0858/2004 pour la classe de Sixième Secondaire»28(*).

La collaboration acquise de l'Eglise soeur suédoise (Mission Evangélique Suédoise et Conseil Suédois de Mission) traduit clairement le vouloir agir de l'Eglise congolaise à poser en amont et en aval pour aider à l'instauration des principes démocratiques tant recherchés par la jeunesse. En amont, il est question de préparer un modèle de citoyen, défenseur des valeurs chrétiennes et des valeurs humanitaires; alors qu'en aval, devant l'hégémonie des antivaleurs, les notions du Civisme-Morale intériorisées visent à influencer les comportements /attitudes des responsables d'écoles de ces jeunes à la croisée des chemins entre la poursuite des études en faculté et l'entrée dans le monde d'emploi, chacun d'eux avec ses réalités spécifiques. Son impact diversifié l'a propulsée au devant de la scène politique suite aux fortes pressions des forces vives, sociales et politiques qui réclamaient la convocation d'une CNS.

Analyser l'exercice par l'Eglise du pouvoir temporel revient donc à démontrer comment son autorité morale a influencé la marche de l'Etat vers la démocratie, et ce, en prenant la direction de la conférence nationale (§1), avant de relever les obstacles à l'ascension des clergés catholiques à la direction des conférences nationales (§ 2).

Paragraphe 1. La direction de la conférence nationale, un engagement politique salutaire

Partant des réflexions menées sur le déroulement des transitions africaines, l'action de l'Eglise dans l'effondrement des régimes autoritaires a été annonciatrice. Cependant, il importe de préciser que « certains Etats ont subi, plus que d'autres, une influence beaucoup plus grande des confessions religieuses ; tout comme certaines confessions religieuses, par leur importance sociale, auront marqué plus que d'autres l'évolution politique de leur pays»29(*).

A ce propos, évoquer l'unité d'actions à travers son soutien aux revendications légitimes des congolais, mais dans la diversité de leurs dogmes devrait caractériser l'engagement de l'Eglise dans le processus de démocratisation

A. L'unité dans la diversité

Tantôt en silence, tantôt avec fracas, l'Eglise en RD Congo a cheminé avec le peuple dans sa quête du changement. Malgré leur disparité, les confessions religieuses ont, toutes tendances confondues, accompagné le peuple dans sa lutte pour la démocratie véritable.

Dans la plupart des cas, l'exigence des peuples africains, là où se sont tenues les Conférences Nationales, était de voir un évêque présider l'instance. Sa proximité au quotidien de la précarité des conditions de vie des populations le met en position de choix pour plaider leur cause. L'exemple est inspiré du Benin qui est considéré comme Pionnier dans cette expérience africaine. Mais, face aux efforts vainement conjugués de partout pour rompre de façon pacifique avec la dictature, le peuple congolais se retrouvait devant un dilemme : se laisser abattre dans la résignation ou payer le prix fort pour renverser le régime implacable du Maréchal-président MOBUTU.

Consciente de la force qu'elle constitue et par souci de vérité, de transparence et de neutralité dans la conduite du processus de démocratisation, l'Eglise a été mise en exergue tant au niveau de la Conférence Nationale dite Souveraine qui va réfléchir sur l'histoire nationale, établir les nouvelles règles de jeu et définir le cadre institutionnel devant remplacer l'ancien système dictatorial, qu'au niveau des Institutions de la Transition, d'où, il importe d'évoquer la prise en charge directe du temporel par l'Eglise.

B. La prise en charge directe du temporel

Autrefois, le rôle des acteurs sociaux internes dans les changements politiques intervenus a fait l'objet de tensions avec le pouvoir. Ainsi, l'Eglise est comptée parmi ces acteurs, partant de son investissement dans les débats politiques, pour l'instauration et/ou pour l'aboutissement de l'ouverture démocratique sur le continent.

S'agissant du contexte susvisé, le professeur CONAC souligne : « ce processus s'est dans la majorité des cas évertué à mettre en place des phases provisoires qualifiées de transitions démocratiques qui sont des périodes au cours desquelles un pays modifie ses structures politiques pour passer d'un régime autoritaire à un régime démocratique »30(*).

Comme un peu partout sur le continent, la traduction d'une lassitude des populations à l'égard de régimes dictatoriaux, prédateurs et inhumains a révélé la preuve d'une saga magistrale sur le dos des peuples réduits en clochards, ce qui sera à la base des crises multiformes qui ont fini par imposer l'urgence et la nécessité de repenser autrement le fonctionnement des Etats.

En RD Congo, du fait de la crise multiforme, toutes les institutions nationales se trouvaient discréditées au point de ne plus être en mesure de tenir un nouveau dialogue constructif avec le peuple pour concevoir un nouveau projet de société pouvant servir de cadre de réalisation du consensus national. Mais, ce qui est encore positif à souligner, c'est la grande diversité d'acteurs. En effet, le contexte congolais obéissait essentiellement au fait que non seulement le peuple de Dieu chrétien en majorité mais aussi des non-chrétiens étaient fortifiés dans leur détermination par l'exigence d'ouverture à la démocratisation, appuyée par la pression extérieure agissant sur la dynamique interne.

Ainsi, saisissant le coche au bond, l'Eglise n'a pas reculé dans son action évangélisatrice pour conduire le peuple à la liberté et à la démocratie. Dans ces conditions, le peuple s'était obligé de trouver une manière d'assumer directement sa responsabilité devant la situation de crise. En voulant se mettre en conférence pour obéir à la tradition africaine de la palabre, le peuple a fondé son espoir de voir un homme de DIEU exercer les charges temporelles en tant que président du forum national en vue d'opérer des choix courageux, difficiles mais vitaux pour sauver l'Etat du chaos.

Par contagion d'idées, l'exemple très remarquable du Benin a servi de locomotive en tant que premier Etat du continent dans l'action et l'engagement politiques d'un évêque à la tête d'une grande institution politique qui présida à la destinée nationale. La barque était si bien menée par son capitaine, aidé de tout l'équipage, que l'Etat et ses habitants ont tiré profit de la prime de démocratie.

Comme le souligne MUKUNA MUTANDA, « dans cette entreprise de régénération d'une société plutôt dégénérée, certains pays africains comme le Congo, le Bénin, le Togo, le Gabon et le Zaïre (RD Congo), ont vu leurs Conférences Nationales présidées par les Evêques »31(*). Il s'agissait de : Messeigneurs Isidore de SOUZA, archevêque coadjuteur de Cotonou, au Bénin ; Ernest KOMBO, évêque d'Owando, au Congo; Laurent MONSENGWO PASINYA, archevêque de Kisangani, au Zaïre; Philippe FANOKO KOSSI KPODZRO évêque d'Atakpamé, au Togo; et BASILE MVE ENGONE, évêque d'Oyem, au Gabon (...) qui ont rayonné et prédominé dans cet investissement remarquable en faveur de la démocratie. A l'exception du Niger et du Mali, quelques Etats ont connu ces moments historiques de Conférence Nationale selon diverses configurations (forum, consultation, instance des réformes des Etats monopartites et dictatoriaux.)

C'est le lieu de saluer avec grande admiration et respect le peuple béninois qui, face au contexte politique tendu, a joué un rôle déterminant dans le choix salutaire d'un prélat catholique en la personne du très vénérable Feu Mgr Isidore DE SOUZA. A travers cet engagement de l'Eglise Catholique qui a préféré mobiliser ses éminences au service de la Nation, cet acquis fut un signal fort qui traduisait sa détermination pour un changement démocratique viable à la fois pour le Bénin et un exemple pour toute l'Afrique entière.

Le même choix d'un évêque en RD Congo, comme président de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) fut un couronnement du long et laborieux investissement de l'Eglise portée par les autres corps sociaux dans la lutte pour l'avènement d'une société réellement démocratique. Plusieurs mobiles justifient cette perception du peuple qui a reçu et accueilli comme un signe d'espoir et un don du ciel cette désignation avec l'acquiescement des autres communautés religieuses, conscientes de leur mission pastorale.

L'Eglise catholique pour sa part, gardienne des valeurs chrétiennes depuis des siècles, déclarera avoir accepté cette charge comme « un don et un bien de l'esprit du Christ, car, la figure de Mgr Laurent MONSENGWO PASINYA, Archevêque de KISANGANI, traduisait l'expression générale de la volonté populaire et signe de la communion véritable entre l'Eglise et le peuple de DIEU»32(*).

Cette prémonition résulte de l'appréhension de la majorité des citoyens qui pense que la politique n'est jamais une entreprise de neutralité, mais un jeu dangereux où ses stratégies basées sur les rapports de force laissent le flanc au mensonge et à la démagogie. Dès lors, la présence de l'Eglise par le Prélat dans la recherche des solutions à la crise multiforme a auguré un réel signe d'espoir malgré les obstacles majeurs à surmonter dans la dynamique du vent de changement véritable.

Paragraphe 2 : Les obstacles à l'ascension du clergé catholique à la direction de la conférence nationale

En préliminaire, il convient de relever que l'Eglise catholique avait d'abord exprimé ses réticences à voir son évêque assumer cette importante charge politique au sommet de l'Etat. Elle était désireuse de voir un laïc présider aux destinées de la Conférence Nationale Souveraine, étant entendu que cette responsabilité ne relevait ni de la vocation, ni de la mission pastorale d'un évêque conformément aux dispositions du Saint-Siège interdisant formellement aux prêtres, religieux et religieuses ainsi qu'aux évêques de solliciter ou briguer un mandat politique pour des raisons évoquées précédemment.

Ensuite, deux autres obstacles majeurs sont apparus quant à l'ascension du clergé catholique à la direction des conférences nationales souveraines sur le Continent. En plus du Vatican réticent et attaché à sa position officielle de laisser aux laïcs la charge de gérer la res publica (A), les pouvoirs dictatoriaux en place, soucieux de maîtriser l'orientation de ces conférences nationales, craignaient que l'ascension du clergé à la tête de ces forums ne les fasse échapper à leur contrôle (B).

A. Les réticences du Vatican

Pour comprendre les réticences du Vatican, il importe d'abord d'examiner quelques spécificités du catholicisme, étant donné que Mgr le président du bureau de la CNS en RD Congo en est l'émanation. En effet, selon LUNDIONGO NDOMBASI, deux canons du code de droit canonique de 1983 sont en rapport avec l'engagement politique des ministres de Dieu/clercs (Evêque, Prêtre, Religieux, Diacre, Consacré) à savoir :

1- Le Canon 285, &3 qui dispose : « Il est interdit aux clercs de remplir les charges publiques qui comportent une participation à l'exercice du pouvoir civil ». 33(*)

2- Le Canon 287 &2 qui énonce : Les clercs « ne prendront pas une part active dans les partis politiques ni dans la direction des associations syndicales à moins que, au jugement de l'autorité ecclésiastique compétente, la défense des droits de l'Eglise ou la promotion du bien commun ne le requièrent. Les clercs se limiteront à éclairer les consciences des fidèles laïcs, les former à prendre leurs responsabilités afin d'imprégner le monde d'esprit évangélique ».34(*) 

Dans le même ordre d'idées, les évêques du Congo écrivaient : « Dans les circonstances présentes, même s'il y avait des pressions, il est exclu de penser que le clergé pourrait assumer un rôle quelconque de suppléance dans la conduite des affaires de l'Etat. ».35(*) C'est ici le lieu de saluer la mémoire du Pape Jean-Paul II qui a servi l'Eglise avec détermination et engagement dynamique, car, globalement, son action constante et la contribution diffuse du Saint-Siège dans la réalisation du rêve démocratique dans le monde ont suscité plus qu'un intérêt. Grâce à leur rôle révélateur sur la conscience populaire, ses nombreux déplacements ont provoqué un renouveau dynamique dans le chef des peuples opprimés. Tels furent les cas contre le totalitarisme communiste, la chute du mur de Berlin et la fin des dictatures africaines.

Dans son engagement pour la paix, la liberté et la démocratie, le Pape Jean-Paul II a pris son bâton de pèlerin pour fustiger et dénoncer les affres des pouvoirs dictatoriaux contre la volonté des peuples. Unanimement, il est admis qu'il a joué un rôle capital même dans la chute du mur de Berlin, etc. Cependant, sans le dire ouvertement à ses évêques, le Pape Jean-Paul II avait malgré tout accepté cette voie. En effet, saluant la présence du Pape lors de sa visite officielle au Bénin du 02 au 05 février 1993, le président du Bénin, Nicéphore Dieudonné SOGLO avait clairement mis en exergue « le rôle éminent joué par l'Eglise catholique, en la personne Mgr Isidore DE SOUZA, dans la renaissance de la patrie »36(*).

En réponse, le Pape Jean-Paul II salua l'expérience béninoise comme « un vaste effort de renouvellement qui stimulera les autres nations du continent africain »37(*). Mais, tout en affichant son soutien au processus de démocratisation des Etats africains demeurés sous le joug des dictatures, le Pape Jean-Paul II s'était clairement prononcé sur le fait que « cette action temporelle exceptionnelle de la hiérarchie de l'Eglise devait prendre fin dès que possible »38(*). Tout en saluant et félicitant l'apport de Mgr Isidore DE SOUZA en tant que président de la Conférence des Forces Vives de la Nation, le Saint-Père, devant les sept évêques du Bénin, avait attiré leur attention sur les limites strictes à l'action politique des prêtres : « Je suis très heureux du grand service que la hiérarchie de ce pays, en la personne de Mgr Isidore DE SOUZA, a rendu à la Nation à une heure importante et je vous en félicite. D'une manière générale, je forme le voeu que celui qui a cru devoir accepter exceptionnellement, par esprit évangélique, une mission temporaire d'ordre politique revienne sans tarder à sa mission propre, la charge d'âmes, pour laquelle il a reçu l'ordination. En effet, dans ce domaine, il convient que le relais soit passé aux fidèles laïcs dès que possible, selon ce que déclare le catéchisme de l'Eglise catholique : `'il n'appartient pas aux pasteurs de l'Eglise d'intervenir directement dans la construction politique et dans l'organisation de la vie sociale''».39(*)

Soulignons également avec le professeur AIVO que « le Vatican s'était très subtilement occupé du global comme sa vocation universelle, laissant ainsi aux Eglises nationales, le soin d'un engagement plus ciblé, plus approprié et en proportion avec le degré de dangerosité du régime en place »40(*). Ceci expliqua, entre autres, que le front le plus efficace de la fronde religieuse fut mené de l'intérieur du continent, car, bien que membre de la Société civile, l'Eglise catholique africaine s'est démarquée des autres corps sociaux par « son mode d'action qui a eu au moins le mérite d'avoir placé les pouvoirs africains dans une crise de légitimité morale »41(*).

En RD Congo, l'Eglise catholique se rendit à l'évidence qu'il s'agirait pour Elle et son évêque d'« un service exceptionnel de charité en faveur du bien de la communauté nationale »42(*). Face à ce qui est apparu comme un dilemme cornélien, le Saint-Siège a dû reculer sur les limites édictées en acceptant que des prélats s'impliquent dans ces processus. A ce sujet, la commission pour l'interprétation du code canonique a, dans sa réponse du 25 avril 1992, dit : « Tout en tenant compte de l'intention de la Sacrée Congrégation Consistoriale, cette intention est que , si , en vertu de la Constitution de l'Etat, les Cardinaux, Archevêques ou Evêques sont de droit sénateurs et le Saint Siège a de quelque manière approuvé cette situation, ces derniers précités peuvent, sans permission spéciale, remplir cette fonction, à condition d'assurer l'accomplissement de leurs obligations par leur vicaire général ou d'une autre façon. Dans tous les autres cas, les Cardinaux, les Archevêques et Evêques, tant résidentiels que titulaires, ont besoin de l'autorisation du Saint-Siège »43(*).

Par ailleurs, la hiérarchie épiscopale nationale ajoutera : « au nom de la charité, à la demande de leurs peuples et de leurs conférences épiscopales respectives, le Saint-Siège a autorisé certains Evêques africains, dont Monseigneur Laurent MONSENGWO, à jouer un rôle de premier plan dans les forums à caractère politique»44(*) encore que cette fonction fût provisoire et dépourvue de prérogatives strictement politiques.

Sachant bien que le choix de Mgr MONSENGWO à la tête de la CNS s'imposait dans l'opinion tant politique que sociale, l'Eglise catholique l'avait accepté comme « un engagement social et un service à la Nation »45(*) face à une situation qui procédait de l'exception et du provisoire. Toutefois, il est important de retenir que les clercs ne doivent pas s'éloigner des préoccupations réelles de la société et de la politique, quand bien même il leur est défendu de faire de la politique active. Ainsi, évangéliser devient construire une Nation où Dieu est au centre de tout engagement et où la paix, l'amour, la cohabitation pacifique, la justice sont des donnes capitales à la démocratie.

Mais, l'opposition ouverte du pouvoir en place intervint pour tenter de détourner la direction du vent, qui plus est, de toutes les confessions religieuses, c'est bien Elle qui s'affirmait de plus et apparaissait constamment comme la cible privilégiée à abattre par l'Etat mobutiste.

B. L'opposition ouverte du pouvoir en place

Au-delà des réticences surmontées du Vatican et en dépit des signaux rassurants, l'opposition ouverte du pouvoir du Maréchal-président MOBUTU intervint pour tenter de détourner l'opinion. Elle identifiait dans le clergé son plus virulent détracteur, avec ses multiples dénonciations et prises de position qui revêtent diverses formes (prédication, communiqués signature des manifestes ou pétitions, participation à des manifestations pacifiques, conférences de presse). Celles-ci ont, en grande partie, influé dans les blocages observés dans le camp présidentiel pour la désignation de l'Evêque comme président de la Conférence Nationale Souveraine.

Craignant la contagion du Congo voisin et du Bénin surtout, le camp présidentiel a voulu obstruer l'ascension du prélat par notamment diverses tentatives de blocage dans la salle comme l'alignement des candidatures d'obédience présidentielle, l'usage des tracts, de menaces et intimidations sans compter l'achat des consciences à coup d'espèces sonnantes et trébuchantes. Mais, la ferveur soulevée par la candidature du prélat tournait en dérision une telle machine machiavélique. Devant garder sa neutralité et réconforter tout le monde en restant l'Eglise au milieu du village, elle a besoin au préalable du consensus de toutes les parties prenantes avant de voir l'Evêque assumer cette importante charge politique. Ainsi, fruit des contacts tous azimuts entre la société civile active et l'Union Sacrée de l'Opposition Radicale et Alliés (USORAL), la candidature du prélat, contre celui du camp présidentiel avait été exprimée largement par une majorité écrasante, mieux un véritable plébiscite.

En tant que fer de lance dans la défense de l'intérêt général face au pouvoir défaillant, l'Eglise se voyait investie pour assumer de hautes responsabilités. Cette élection était sa contribution à impulser la recherche de solutions à la crise multiforme du pays. Peu importe les questions doctrinales concernant la nature profonde de la mission spécifique, fût-elle exceptionnelle et provisoire, ce plébiscite exigeait de l'Evêque, un engagement avec courage, voire d'affronter des risques avec confiance et sérénité.

Déjà, l'Episcopat catholique avait prévenu que pour être « efficace et fructueux, un débat public de cette nature doit éviter de s'enliser dans le quotidien et le ponctuel pour se situer au niveau des principes qui commandent le système et la machine politique dans notre pays »46(*). Par conséquent, l'engagement de tous sur la voie irréversible du changement ne devrait pas ressembler au passé douloureux et pénible, mais plutôt conduire le peuple réuni en conférence à s'approprier son destin en commençant par le choix de ses dirigeants.

Mais hélas, ce grand espoir fut de courte durée, car, très vite le pouvoir s'activera à mettre des peaux de banane sur le chemin de la CNS dans l'objectif d'une reprise en main de la situation qui lui échappait davantage.

Section 2. La reprise en main de la situation par le pouvoir du Maréchal MOBUTU

L'impasse politique intervenue au lendemain de la clôture précipitée de la CNS fut l'oeuvre de la plupart d'acteurs politiques imbus d'esprit égoïste, d'un sens étroit et mesquin de responsabilité. Après un long et vain processus politique pour amener le Maréchal-président MOBUTU à adhérer à la volonté populaire de voir la démocratie s'installer, le pays s'est retrouvé dans un tournant de tous les dangers.

Pourtant, le peuple avait formé tous les espoirs légitimes dans la réussite de la CNS, considérée comme une victoire politique arrachée sous la direction du gouvernement d'un homme politique devenu le symbole de l'Opposition, M. Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA. En effet, ne voulant point comprendre, le régime mobutiste résista à la poussée pluraliste en réussissant « une parfaite transmutation politique »47(*) comme le note le professeur AIVO. De plus, c'était mal connaître `'l'homme à la canne et à la toque du léopard''48(*) qui, en fin stratège politique, réussira à reprendre l'initiative politique.

Précédemment, nous avons eu à évoquer le modèle exemplaire de sortie de crise du Bénin qui avait le mérite d'avoir jeté les bases d'une démocratisation même si tout le mal béninois n'était pas résorbé en un clin d'oeil. Mais, connu pour sa ruse politique, le Maréchal-président avait provoqué la stupeur et la colère dans la population. Dans son intransigeance, il refusa de s'en inspirer et ne s'empêcha pas de paralyser les institutions issues de la CNS (§1) à travers son poids dans le processus de démocratisation (§2).

Paragraphe 1: La paralysie des Institutions issues de la Conférence Nationale Souveraine

S'il est vrai que la loi est l'expression concrète de la volonté politique, il est également vrai que la référence en est le projet de société dont les institutions constituent le cadre, et l'instrument de réalisation. Mais, cette dynamique portant sur la revalorisation des institutions nationales issues de la CNS n'a pas rencontré l'adhésion du Chef de l'Etat. Il les neutralisa.

Cela dit, nous tenterons de rechercher les motivations cachées à travers, respectivement le flou entretenu sur la convocation de cet important forum(A), et, à l'occasion de la grande marche pacifique du 16 février 1992(B).

A. Le flou dans la convocation de la Conférence Nationale Souveraine

Déjà, le 20 mai 1990, au lendemain du discours historique du 24 Avril 1990 précité, les Evêques catholiques joignaient leur voix à celle majoritaire du peuple pour appeler à la tenue de cette Table Ronde qualifiée de « débat public nécessaire et incontournable à l'échelon national, afin que toutes les institutions soient soumises à une évaluation sans complaisance et à un nouvel examen (...) »49(*). Mais, au lieu de se soumettre au verdict de l'histoire, seule et unique voie de sortie qui s'imposait face à l'évidence de la faillite totale, le pouvoir multiplia des situations de blocage des travaux de la Conférence Nationale Souveraine.

Un des moments forts, pour essayer de gagner du temps, fut le flou entretenu sur la prise des ''ordonnances présidentielles'' portant convocation de ladite conférence, en ne mentionnant pas la vraie nature du forum convoqué, quant à ses compétences et à son autorité. Ces ordonnances portaient donc tantôt convocation d'une conférence constitutionnelle (cf. le texte de l'ordonnance présidentielle n°91-010 du 06 Mars 1991), tantôt d'une conférence nationale (cf. le texte de l'ordonnance présidentielle n° 91-097 du 11 Avril 1991). A la suite de ce premier essai de blocage qui donna lieu à de fortes pressions internes/externes et réactions hostiles des forces vives, sociales et politiques dont l'Opposition radicale, le Chef de l'Etat fera amende honorable en signant une autre ordonnance portant clairement `'convocation d'une conférence Nationale''50(*).

Sous la conduite de son bureau, Celle-ci-se proclama souveraine et eût mandat de produire :

- des déclarations de politique générale pour faire l'état des lieux de la Nation ;

- des dossiers sur le détournement des deniers publics et les enrichissements illicites ;

- des dossiers sur les assassinats politiques ;

- un projet de Constitution de la Troisième république ;

- un calendrier électoral.

Par ailleurs, il est important de mentionner le fait qu'à l'instar de la fronde sociopolitique qui montait déjà, celle religieuse fut également déterminante dans la délégitimation morale du pouvoir en place, au travers du nouvel espace trouvé pour accabler le régime. En effet, dans son communiqué de presse le 20 septembre 1991, Mgr Laurent MONSENGWO PASINYA dénonçait la deuxième tentative de blocage entretenu à dessein lors de la désignation des membres du Bureau provisoire et la direction des débats.

L'Eglise catholique condamnera l'usage de ces manoeuvres dilatoires avant de suspendre sa participation, la justifiant par le fait que `'l'organisation et la direction des travaux de la Conférence Nationale ne reflètent ni ne favorisent l'instauration d'une véritable démocratie''51(*). Cependant, fidèle à sa tradition de non-violence, l'Eglise, par la voix de Mgr MONSENGWO, exhorta le peuple et les hommes de bonne volonté à surmonter la crise en évitant d'imposer «des solutions politiques en dehors des voies pacifiques et démocratiques»52(*).

Après plusieurs tentatives politiques et religieuses infructueuses, l'Eglise participa à la pression politique exercée par la Société civile sur le régime. Et, dans un élan général bien orchestré par la Société civile et les politiques qui soutenaient la candidature du prélat au perchoir de la CNS, l'Eglise, forte de son influence, réussira à infléchir le pouvoir qui s'obstinait à tout prix à maintenir le statu quo d'un régime des privilèges exorbitants en perte de vitesse et luttant désespérément contre le vent du changement.

Comme dans certains Etats où un Evêque a joué un rôle prépondérant, la RD Congo, en la personne de Mgr Laurent MONSENGWO PASINYA, Archevêque de Kisangani, après tant d'embuches marcha sur les mêmes pas. Ainsi, au bout d'un marathon politique, le consensus a finalement triomphé et permit l'accession du Prélat, un homme connu de la scène politique nationale et internationale, un témoin et acteur attitré, à la tête de la Conférence. C'est le lieu de saluer la valeur de cet homme averti, pasteur et passionné de science qui a donné le meilleur de lui-même grâce à l'appui de toutes les forces acquises au changement pour éviter en ce temps difficile, l'irréparable qui, hélas, arrivera avec les deux guerres de libération de 1996-1997 et d'agression doublée d'une autre occupation de 1998-2003.

Dans leur ouvrage en trois tomes intitulé : « 25 ans d'épiscopat au service de la Vérité, de la Justice et la Paix. »53(*), le Père Roger GAISE et le professeur Isidore NDAYWEL ès NZIEM, historien et linguiste congolais ont consacré des pages entières sur le haut sens de responsabilité de Mgr Laurent MONSENGWO PASINYA. Pour ces auteurs, il ne peut, non seulement ignorer ces problèmes, mais il ne doit pas non plus réduire son engagement et son message à des appels génériques : Bien au contraire, il est appelé à pénétrer dans l'enchevêtrement complexe et si confus des questions sociopolitiques, en faisant toujours resplendir les grandes valeurs humaines et évangéliques de la paix, de la justice, de la solidarité, de la dignité de la personne et de la liberté.

En dépit de ses capacités notoires, doublées des talents de fin diplomate, à conduire la CNS, la crédibilité du prélat fut dans une certaine mesure entachée aux yeux de l'opinion publique (qui pourtant le soutenait) suite aux obstacles à haut risque rencontrés. En effet, dans sa stratégie de résolution des problèmes qui naissaient en plein parcours, Mgr le président de la CNS a subi très souvent des tirs croisés, affronté ennuis et blocages venant de la classe politique en général, dont les plus virulents sortaient du camp de la mouvance présidentielle et tendaient à saper son image et son travail.

Devant les enjeux ténébreux de la démarche politique du pouvoir qu'exerçait Mgr le président, d'aucuns n'ont pas craint le pire, l'attribuant à sa lourde charge, d'autres par contre, confiants mais réalistes, ont préféré mettre au grand jour leurs critiques. C'est le cas du Professeur KÄ MANA qui a clairement déclaré qu'il était happé dans « les tourbillons de la géopolitique régionaliste et tribaliste, envoûté par les sirènes de la visibilité vaniteuse que confère l'action publique, enchaîné aux tractations contradictoires où l'opportunisme des uns se module à l'aune de la mauvaise foi des autres, le prince de l'Eglise donna l'impression de danser « entre les eaux »54(*). Et, le Professeur MUDIMBE VUMBI YOKA d'ajouter de « tanguer entre les forces mobutistes sans lesquelles rien ne pouvait se faire et l'opposition, dont l'ambition était de s'emparer pour elle seule les rênes du pays »55(*). Telle fut la rude épreuve d'une diplomatie qui avait caractérisé l'exercice des fonctions de Mgr le président du Bureau de la CNS.

Ce qui expliquera notamment le fait que cet engagement de servir la cause nationale au nom de l'Eglise finira par lui faire payer le prix fort lors de la grande marche pacifique à l'appel des mouvements associatifs chrétiens catholiques pour exiger la réouverture des travaux de la CNS.

B. La grande marche pacifique du 16 février 1992

Autant la suspension de la CNS était un affront pour le peuple congolais qui y plaçait tout son espoir, autant la marche du 16 février 1992 l'était pour le Maréchal-président MOBUTU. En effet, bon nombre d'observateurs soutiennent qu'au moins pour la première fois, le Maréchal-président trouvait sur son chemin un peuple qui ne lui devait rien, un peuple libéré de la peur et déterminé à sortir de l'esclavage dictatorial.

En outre, le chef de l'Etat, dans son refus de s'impliquer dans le processus de la remise en question de sa gestion catastrophique, voyant la tournure que prenait la CNS, et surtout la détermination du peuple réuni en conférence, instruisit le gouvernement à prendre l'indélicate décision le 19 janvier 1992 de suspendre les travaux de la CNS.

Certes, la démocratisation n'était qu'à un stade embryonnaire, mais le peuple a vite compris qu'il s'agissait purement et simplement d'un autre coup de force tendant à retarder la bonne marche dudit processus. Qui plus est, cette suspension, jusqu'à nouvel ordre, n'avait aucun fondement avec son financement tel qu'officiellement déclaré. En réalité, des prétextes avancés à savoir le coût exorbitant des assises, la question de la géopolitique, la prise en charge des délégués à la conférence couvaient une remise en cause de certaines décisions prises par les délégués du peuple réunis en Conférence.

Dans la lutte du peuple congolais en quête du changement, cette circonstance demeure l'un des moments historiques et mémoriaux. C'est pourquoi, comme un seul homme, sur toute l'étendue du pays, spécialement à Kinshasa, où se tenaient les travaux, le peuple descendit dans la rue pour exiger la réouverture de la CNS. Ce 16 Février 1992, à l'appel du Comité laïc de Coordination de l'Eglise catholique, le peuple de Dieu par centaines de milliers de fidèles catholiques, protestants, kimbanguistes, orthodoxes, adeptes des Assemblées de Réveil et tous les congolais épris de paix, des milliers de manifestants encadrés par les organisateurs descendirent envahir massivement les artères avec des chants, cantiques et danses, tenant en mains qui images religieuses, rameaux, qui croix, chapelets et tous avec des bandelettes noires autour de la tête comme seules armes.

En optant de descendre dans la rue, le peuple a payé donc le lourd tribut, car, pour braver la dictature, cette marche des chrétiens dite grande marche d'espoir fut sauvagement réprimée dans le sang par le pouvoir qui démontra une fois encore sa dangerosité. Cependant, cette grande manifestation a eu le mérite de mettre à nu surtout la désapprobation générale du système et de ses gouvernants, les méthodes d'oppression et ses effets néfastes causés par la brutalité du régime contre les contestataires sans armes. Par leur grande mobilisation, les congolais ont démontré aux yeux du monde et du pouvoir la force que revêtent la non-violence évangélique et le prix qu'ils attachaient à la CNS. Comme toujours, l'Eglise, par la bouche des Evêques catholiques, a vite perçu cette «  tentative d'annihilation de l'espérance des fils et filles de la RDC (ex-Zaïre) »56(*).

Elle a dénoncé ces manoeuvres dilatoires tendant à rompre l'élan vers la démocratie tout en dénotant l'inutilité des moyens disproportionnés de violence et l'importance de la réconciliation manquée des filles et fils congolais réunis en conférence. Par ailleurs, elle annonçait le chemin de la vérité en réprouvant la classe politique irresponsable et les diverses institutions corrompues de la République.

Nonobstant la reprise des travaux le 06 avril 1992 annoncée par une allocution du Chef de l'Etat le 27 Mars 1992 et quelques acquis comme l'élection démocratique du premier Ministre et chef du gouvernement, Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA, le 15 Août 1992, l'absence de volonté politique réelle d'engager l'Etat sur le chemin de profondes réformes attendues avait sensiblement réduit la marge des manoeuvres de la CNS. Ainsi, elle n'a pu épuiser toutes les matières ni présenter les rapports d'audition et débats sur certains dossiers très sensibles parmi lesquels les biens mal acquis, assassinats politiques, détournement de fonds, enrichissement illicite et frauduleux, et autres jusqu'à la clôture précipitée des travaux le 06 décembre 1992 dans une ambiance électrique augurant des lendemains incertains.

Certes, la CNS, comme toute oeuvre humaine n'a pas été parfaite; qui plus est; l'usure du temps, la persistance de la crise ont entrainé la désintégration de la résistance. Toutefois, il sied de rappeler, tout spécialement, le thème de la réconciliation nationale par rapport à la conflictualité ayant marqué en profondeur l'histoire de la RD Congo depuis l'indépendance. Dans une certaine mesure, le peuple a mis en profit les messages de la non-violence active des confessions religieuses relayés grâce à l'émergence de la presse libéralisée pour parvenir à refuser la division et la guerre civile.

A la lumière des événements, il apparaissait que la fin en catastrophe de la CNS révélait les intentions malsaines et nuisibles du pouvoir qui avait boycotté et avait saboté la cérémonie de réconciliation prévue à la clôture du forum national. Aussi, nous restons d'avis que s'il y a eu échec de la CNS qui a offert au peuple une merveilleuse occasion de restauration nationale, il est à situer du côté des leaders véreux et alimentaires qui avaient des comptes à rendre au peuple pour leur mauvaise gestion de la chose publique.

Emanation directe de la CNS, le Haut Conseil de la République (HCR) n'a pas pu non plus examiner ces dossiers, alors qu'il avait pour tâche de poursuivre le travail inachevé de cette dernière et d'en exécuter les décisions sur la base des orientations déjà tracées. Par la suite, la même mission sera dévolue à la nouvelle institution, Haut Conseil de la République/Parlement de Transition (HCR/PT) qui, à la différence du HCR, était le fruit d'un consensus politique général. A l'issue des négociations politiques intervenues, une consensus permit une fusion des parlementaires issus de la CNS qui exerçait également les prérogatives législatives en tant qu'instance extra institutionnelle, avec les anciens députés de la défunte législature.

Fort malheureusement, au lieu de se préoccuper de l'avancement du travail amorcé par la défunte CNS pour sortir l'Etat de la crise multiforme et le peuple de l'angoisse, au niveau du Haut Conseil de la République, les politiques et parlementaires, toutes catégories socioprofessionnelles et tendances représentées, avaient tout simplement choisi de se battre pour « leurs intérêts égoïstes »57(*) au point d'appliquer la théorie de prédation, comme l'a si bien fait remarquer TSHIMBOMBO MUKUNA dans la livraison du journal le Soft du 3 juin1996.

Quoique des appels incessants des confessions religieuses sur la justice distributive aient été adressés aux gouvernants pendant la Transition, ces derniers ont donné l'impression d'être frappés de surdité et de cécité politiques au profit de leurs intérêts égoïstes. Ce comportement colle à la peau de la plupart des dirigeants congolais et guide pour l'essentiel leurs velléités de rébellion, de trahison, de corruption, de mauvaise gestion et parfois d'impunité. Ces déboires qui rongent la gouvernance en RD Congo accentuent davantage la pauvreté de la population. Ce souci permanent de partager des postes et par le pouvoir et par l'opposition avait débouché sur une « 3ème voie »58(*). Pour n'avoir pas empêché la réalisation de cette "3ème voie", le prélat sera désavoué par ses pairs du HCR-PT et destitué de ses fonctions de président de l'instance législative de la Transition. Ceci créa une septicémie politique définie par de nouveaux rapports de force qui mirent en branle l'excellent héritage de la CNS légué au HCR, devenu à son tour HCR-PT (Haut Conseil de la République- Parlement de transition).

Comme il fallait s'y attendre, le régime mobutiste a recouvré à la fin l'essentiel du contrôle de la situation après avoir paralysé le Parlement et le Gouvernement de transition. Il importe donc d'évoquer le poids de la personne du Maréchal-président MOBUTU dans les cartes brouillées de ce processus de démocratisation.

Paragraphe 2. Le poids « MOBUTU » dans le processus de démocratisation

Analyser l'influence qu'exerçait le Maréchal-président MOBUTU, à cette étape du processus, revient à le situer dans le contexte de l'heure. En effet, au lendemain du vent de changement issu du démantèlement de l'empire russe, de l'Europe de l'Est et des autres pays d'Afrique, le peuple congolais réclamera et obtiendra du Maréchal-président l'ouverture vers la démocratisation. Pour ce faire, un nouveau procédé de passage politique africain dit Conférence Nationale apparut très vite comme l'unique cadre pour démystifier le fait autoritaire du prince qui régnait dans bon nombre d'Etats en Afrique noire francophone. Comme un feu de paille se répand, il s'imposa en instrument de gestion des crises politiques affectant des systèmes monolithiques, par la reconnaissance officielle des libertés publiques et la consécration de l'Etat de droit. Aussi, il eut le mérite d'avoir été pour les peuples concernés une vague, un phénomène captivant qui marqua, selon le professeur Maurice KAMTO, « l'irruption de la société civile, et plus largement du peuple, sur la scène du pouvoir »59(*).

Cependant, en RD Congo, cette formule n'avait vraiment pas produit le résultat escompté, en raison de plusieurs mobiles comme les velléités autoritaires du régime à vouloir garder son contrôle, la longueur exceptionnelle du processus de transition et les efforts inlassables de sauvegarde de l'intégrité du territoire national. Du reste, cette dernière cause légitime a toujours servi de repère culminant de toute la lutte nationaliste des congolais épris de paix, selon l'esprit des messages de l'Eglise « Pour l'amour du Congo, je ne trahirai point » (A), et contre la prise en otage du processus due à la pesanteur du régime mobutiste (B).

A. Maintien de l'intégrité du territoire national

D'aucuns reconnaissent que l'intégrité territoriale demeure un acquis de la Deuxième République même si les gouvernements successifs pendant la période de Transition n'ont pas pu la préserver. Principal acteur et capitaine du navire en route vers la démocratie, le Maréchal-président MOBUTU n'est pas un inconnu à présenter.

Dans son discours le 24 novembre 1965 de prise du pouvoir d'Etat par coup de force, le jeune officier Joseph-Désiré MOBUTU, qui venait d'être élevé au grade de Lieutenant-colonel par le premier président de la République Joseph KASAVUBU, annonça; au nom du Haut Commandement de l'Armée Nationale Congolaise (ANC), « le renversement du gouvernement de Moïse TCHOMBE »60(*), premier ministre de la République. Au passage, il sied de noter que ce coup de force, intervenu après une instabilité politique née à partir de la mise à l'écart puis de l'élimination physique du 1er premier ministre de la République, Patrice Emery LUMUMBA, reste le fondement de la crise de légitimité intervenue en RD Congo.

Vite, après avoir pris l'étoffe et l'emploi de la fonction, Joseph-Désiré MOBUTU gravit les échelons dans le giron international et maintint de main de fer l'intégrité territoriale. Dans le contexte de guerre froide, il devint un pilier incontournable de la tactique occidentale en Afrique. Son double rôle de gendarme des intérêts occidentaux et protecteur du pillage des ressources nationales par les grandes firmes multinationales lui garantissait en retour la défense à tout prix de la stabilité de son régime par ses parrains étrangers. Dès lors, ses dérives dictatoriales prirent confortablement des proportions exagérées et nuisibles.

A la tête d'un Etat très convoité, le Maréchal-président a réussi à se faire une forte personnalité qui suscitait pour son peuple et son Etat des sentiments fort contrastés, non seulement d'admiration, de fierté nationale et un profond respect jusqu'au-delà des frontières nationales, mais aussi de jalousie, de déstabilisation et d'ambitions nébuleuses. Pour reprendre l'expression du Philosophe béninois Paulin HOUTONDJI, « les lendemains de fête » en RD Congo ont révélé la complexité de la situation ainsi que le lot des difficultés qui ont jalonné et compromis notamment la Conférence nationale et son aboutissement final.

Paradoxalement, le rêve de la population congolaise à vivre décemment s'est transformé en une avalanche d'illusions d'une large majorité des citoyens plongeait dans une paupérisation généralisée contre une minorité vivant dans une opulence insolente. En conséquence, la grande fronde populaire doublée des incessantes pressions de l'Opposition consolidée par les prêches conscientisantes des pasteurs de confessions religieuses contre la personne du «Léopard« poussera ce dernier à se retrancher dans ses palais de Gbadolité, à l'Equateur, sa région natale « pour peaufiner ses stratégies : Après moi, c'est le déluge ». Tel fut le cas avec la fragilisation chaotique du processus de démocratisation.

B. Fragilisation chaotique du processus de démocratisation (1994-1997)

Après de longues concertations et vaines négociations politiques pour amener le Maréchal-président MOBUTU à adhérer à la démocratisation, il s'accrocha contre vents et marées. Pour saisir la portée de la détermination du peuple qui voulait en découdre avec lui, quelle que soit la voie, remémorons son refus de consentir au projet de société incarné par la CNS. Dès lors, il n'est pas risqué de soutenir que la crise pluridimensionnelle était due en grande partie à l'absence de volonté politique réelle et manifeste du régime mobutiste d'accepter et d'appliquer loyalement le nouveau principe démocratique. Même le contexte international caractérisé par « l'exigence de poursuite des efforts de démocratisation avant l'octroi de toute aide et/ou assistance dans le cadre de la coopération internationale »61(* n'avait pas réussi à le fléchir. Sa réputation de grand homme d'Etat présentait autant des contrastes troublants : tantôt comme un insensible cruel; tantôt altruiste, affichant un sens d'humour et une générosité inouïs. Ces attitudes poignantes ont particulièrement dérangé ses rapports avec l'Eglise; à telle enseigne que les séduisantes assemblées évangéliques de réveil s'étaient livrées à une interprétation variée des versets bibliques pour montrer qu'il était devenu l'incarnation du diable. Que d'acteurs et dirigeants politiques vivants et/morts n'ont pas publiquement mis à nu son côté obscur. Le cas édifiant de Feu le professeur Marcel LIHAU EBUA qui, lors d'une conférence de presse publique en 1990, se demandait « si le diable lui-même était aussi rusé que MOBUTU»62(*).

Il est corroboré par les différents témoignages de certains des ses anciens collaborateurs sur ses accointances occultes. Celles-ci ont concouru à faire converger vers lui des déductions sur son statut de suppôt des ténèbres. Dès lors, il n'à point hésité à faire subir un feu nourri à ses détracteurs, ennemis et adversaires politiques résolus, défiant même la nature en affirmant que de « son vivant il n'avait jamais passé une seule nuit sur un lit d'hôpital ».

Au lieu de tirer les leçons des évènements en cours sur le continent et dans le monde, le Maréchal-président crut bon de résister au vent du changement, oubliant que « la grandeur d'une pirogue ne l'empêche pas de chavirer »63(*). C'est pourquoi, bon nombre d'analystes et observateurs politiques imputent la grande responsabilité au Maréchal-président en tant que principal facteur d'obstruction et fragilisation dudit processus qui, du reste, fut la cause première ayant précipité sa chute.

En clair, sa double responsabilité réside dans le fait, d'un côté, d'avoir poussé à outrance son refus d'assumer l'échec de sa gestion de la chose publique, et de l'autre, de son désir d'exclusion et d'enlisement pour sauvegarder à tout prix ses privilèges, oubliant la maxime suivante : « Qui a savouré les délices du règne devait aussi avoir le courage d'avaler l'amertume de la décadence ». Par là, sans aucun doute, il se révélait honteusement une véritable « perversion du pouvoir »64(*) qui lui fera tout perdre. Comme à l'intérieur de son pays, l'homme avait aussi été combattu durement à l'extérieur. Même MAO TSE-TOUNG, en 1973, a fini par lâcher : « Ah, Président, si vous saviez l'argent que j'ai dépensé pour vous faire renverser. Et les sommes que j'ai investies pour vous faire assassiner  »65(*). En revanche, le peuple a, à son actif, gardé un fort sentiment d'unité nationale, seul acquis du mobutisme accepté également par l'Eglise, que les déstabilisations de tout genre n'ont pas réussi à entamer.

Au pouvoir pendant 32 ans dont 7ans passés pendant la transition démocratique, le Maréchal-président était parfois battu, parce que combattu, mais rarement abattu, sauf lors de sa honteuse fin de règne et sa « fuite de la capitale KINSHASA le 16 Mai 1997 devant l'avancée irrésistible des troupes rebelles de l'AFDL de Mzée Laurent Désiré KABILA, son successeur au pouvoir »66(*).

Quant à l'Eglise, elle a joué un rôle capital pendant le processus de démocratisation amorcé le 24 avril 1990. Les vastes campagnes d'éducation civique menées ont permis d'ouvrir les yeux aux congolais, de former des leaders chrétiens, de sensibiliser les gouvernants /gouvernés à différents niveaux et de faire le plaidoyer auprès des Eglises soeurs.

En définitive, elle vise comme finalité le triomphe du principe de citoyenneté responsable concrétisé dans le respect des droits fondamentaux, individuels et collectifs de la personne. Ceux-ci découlent de la dignité de tout être humain créé à l'image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1,26-27). Mais, au niveau de l'Eglise, un certain nombre de lacunes dans son action pendant la première étape (1990-1997) du processus n'est pas à occulter. Nous en relèverons quelques unes. Devant l'ampleur des besoins, la longue période de transition démocratique (16ans) a montré que beaucoup reste encore à faire.

C'est pourquoi, l'Eglise a l'obligation non seulement de poursuite, mais surtout d'intensification des campagnes contre les antivaleurs, car, comme le déclare Elie WIESEL, Prix Nobel de la Paix 1986, « la neutralité favorise l'oppresseur, jamais la victime, le silence encourage le persécuteur, jamais le persécuté ».

Ainsi, devant des cas de démission des pouvoirs publics vis à vis de leurs responsabilités régaliennes, l'Eglise ne doit pas exclusivement dénoncer à travers les rhétoriques condamnations mais plus se montrer proactive pour devancer les événements.

Du reste, fort du rayonnement de son leadership reconnu, le retour de l'Eglise au devant de la scène a été bien perçu par la population congolaise et les partenaires au développement en vue de mener à bien la détermination à aboutir au règlement pacifique des conflits qui minent la RD Congo. Ce sera l'objet de la deuxième partie de notre travail.

DEUXIEME PARTIE : DU REVEIL POLITIQUE

DE L'EGLISE, 1997 A 2006

L'analyse de cette période porte sur le retour en scène de l'Eglise dans l'arène politique. Autant il est vrai que la période entre 1990-1997 a été celle de la dénonciation du régime du Maréchal-président, autant il s'avère vrai aussi qu'à partir de 2002, l'Eglise a opéré un véritable retour au sein de la sphère politique bien que son influence permanente en RD Congo au niveau de la classe politique remonte bien avant 1997.

En effet, devant l'éventuelle menace de la guerre que courait la capitale KINSHASA, l'Eglise s'était investie lors des pourparlers politiques pour soutenir une solution négociée et concertée par rapport au départ du Maréchal-président et la prise du pouvoir d'Etat par l'AFDL sous la direction de Mzée Laurent Désiré KABILA.

Ainsi, au lendemain de l'échec des pourparlers qui laissa le champs libre aux forces rebelles, et l'insuffisance d'initiatives au niveau de la classe politique après le changement intervenu, l'Eglise congolaise, avec le soutien des leaders émergents de la société civile, a pris ses responsabilités de moralisatrice des populations et de contrepoids pour rappeler au nouveau pouvoir de travailler dans le sens de la recherche de l'intérêt commun.

De plus, comme le pouvoir du 17 mai 1997 de l'AFDL consacra la fin de l'option fondamentale de la CNS marquée par la dynamique démocratique et la non-violence pour se retourner en faveur de celle de la guerre, de la force et de la violence, l'Eglise l'invita à prendre en compte le projet de société tracé par la CNS, fruit d'un large consensus de tout le peuple, à s'engager dans le processus avec détermination.

Mais, une année à peine, après cette espérance du peuple et au moment où l'Eglise s'investissait à rétablir le pont entre le nouveau régime et le peuple, une nouvelle guerre se profilait à l'horizon. Consternées et en colère, les populations lassées, s'interrogeaient sur le bien-fondé réel de cette guerre : D'où vient-elle réellement ? Que poursuit-elle ? Est-elle justifiée ? Pourquoi une nouvelle guerre alors que l'espoir renaissait à travers les actions du président de la République Mzée Laurent Désiré KABILA qui a su mobiliser les énergies et les fonds à partir des ressources locales ? Valait-elle vraiment la peine quand on connaît les efforts de reconstruction qui commençaient à porter des fruits dans certains secteurs prioritaires de la Nation? L'Eglise quant à elle, s'interrogeait également sur l'obstacle qui empêchait la résolution pacifique des conflits. Avec le peuple, elle condamna clairement la guerre et dénonça l'agression du pays par des puissances étrangères, laquelle agression a freiné l'élan de la reconstruction nationale. Elle s'opposait aussi à toute tentative de sa balkanisation, mettant l'accent sur l'intégrité du territoire, la souveraineté nationale, la protection du patrimoine économique et sur le refus des dirigeants qui servaient des intérêts étrangers voire s'imposaient par la force des armes pour des intérêts égoïstes.

Ce point de vue contre la division de la RD Congo et contre les leaders politiques à la solde de l'étranger va rester constant à travers toutes les prises de position et tous les messages au niveau de l'Eglise congolaise, particulièrement celle portant sur la fin de la guerre et le retrait définitif de toutes les forces d'agression et d'occupation du territoire national afin de permettre aux congolais de se rencontrer librement pour traiter et résoudre les problèmes de leur destinée.

Devant cette impérieuse nécessité, l'Eglise leva l'option d'influer directement en intervenant dans le domaine temporel. Aussi, d'un côté, a-t-elle joué un rôle sociopolitique très important pour appuyer, soutenir et défendre les aspirations du peuple à travers un engagement affiché dans les rencontres politiques (Chapitre 1), et de l'autre, face au processus électoral, pour dégager sur la base de ses atouts et faiblesses (Chapitre 2), les nécessités et perspectives d'avenir afin de se pencher sur les défis tournés vers la recherche, la consolidation de la paix, de la stabilité, la réconciliation et la reconstruction nationale.

CHAPITRE 1 : ENGAGEMENT POLITIQUE DE L'EGLISE

Dans le souci d'apporter sa pierre au vaste chantier en construction qu'est la démocratie en RD Congo, l'Eglise croit devoir sans partie pris intervenir dans le champ politique, et ce, fort de l'appui de la population comme le témoignent les statistiques ci dessous. En effet, dans son article : « Le Congo, un cas sans espoir ? Perception démocratique et perspectives électorales en RDC, Béatrice SCHLEE donne quelques indicateurs qui montrent que les populations de KINSHASA s'identifient plus avec leurs confessions ou communautés religieuses, en tant que lieux de refuge.

A la question de savoir : Avec lequel des groupes suivants les personnes interrogées s'identifient-elles d'abord? Tableau 1 

Mon église ou ma communauté religieuse

47

Congolaise

19

Intellectuels

15

Classe moyenne

6

Groupe ethnique

5

Gens du voisinage

5

Fermiers

1

Les pauvres/les petites gens

1

Aussi, cet engagement politique se présente t-il comme une réponse à l'exigence du contexte, répondant au fait qu'on ne saurait défendre la religion sans lutter pour le bien-être de l'homme qui pratique la religion. Déjà, lors de la visite ad limina à Rome, le Pape Jean-Paul II s'adressait en ces termes aux Evêques de la RD Congo: « J'en appelle avec force à un retour rapide à la paix. Rien ne se résolve par la violence qui, au contraire, augmente la souffrance et la misère des plus pauvres. Il est urgent de mettre fin à cette tragédie, à des chasses à l'homme qui, dans la capitale et ailleurs déshonorent leurs instigateurs. Que disparaisse du coeur de chacun toute trace de haine, de rancoeur et de refus de son frère ! Que toutes les parties en cause dans ce drame aient le courage d'une véritable réconciliation dans la justice et le respect de la personne humaine»67(*).

De ce fait, face à la situation de guerre qui empoisonnait l'atmosphère sociopolitique, l'implication politique de l'Eglise devenait indispensable, car, elle vise, prône et poursuit un développement de tout homme et de l'homme, champ de prédilection de sa mission pastorale.

En dépit des lâches assassinats des « évêques, prêtres, religieuses, religieux et laïcs »68(*), qui ont payé de leur vie leur engagement au service de la Nation, pour avoir dénoncé la guerre, la profanation des objets de culte, des paroisses et autres infrastructures ecclésiastiques, elle choisit l'option de poursuivre inlassablement son oeuvre, car, la paix demeure la première aspiration de toutes les populations pour un meilleur épanouissement et un développement harmonieux. Les cas les plus troublants ont eu lieu à l'Eglise catholique de BUKAVU, chef-lieu de la province du SUD-KIVU au Nord-est du pays qui a perdu ses deux Evêques, Christophe MUNZIHIRWA, tué dès le début de l'agression et Emmanuel KATALIKO, ce qui fait penser que l'Eglise catholique était l'une des principales cibles.

Dans cette perspective, elle adressa un message aux dirigeants politiques « d'arrêter la guerre, qui entraîne la destruction et la régression du pays »69(*), et « aux Evêques et aux prêtres, aux religieux et religieuses, aux agents pastoraux à s'atteler à la mission pacificatrice du monde et des hommes, spécialement quand sévit la haine fratricide »70(*). Pour ce faire, elle insistait pour une paix durable dans le dialogue entre congolais et leurs frères des Etats voisins avec lesquels ils ont vécu ensemble des moments d'embrasement.

Il était donc impérieux que toutes les parties prenantes, ensemble avec les peuples, développent des attitudes de paix, de pardon et de réconciliation en respectant les droits des peuples et des personnes à vivre en paix dans chacun des Etats, conformément aux dispositions légales et réglementaires prévues.

Du reste, après avoir condamné ouvertement l'agression dont le pays était victime, une année après sa libération par la force, l'Eglise ne pouvait que soutenir sans réserve aucune, le processus tendant à restaurer la paix et la concorde nationale, en prenant en compte les engagements de la communauté internationale.

Par ailleurs, face au dynamisme dont elle a fait montre pendant les rencontres politiques (section 1), elle sera associée à la gestion des Institutions politiques de la Transition (section 2).

Section 1 : Dynamisme lors des rencontres politiques

Au terme de la cinquième année du conflit armé qui couvait sans qu'aucune partie n'ait pu prendre le dessus militairement, l'Eglise, dans le cadre de la société civile, se déployait grandement pour le retour de la paix.

Dans un contexte où elle n'avait que peu d'emprise sur les belligérants, elle privilégia des actions tournées vers la périphérie des vrais enjeux de la guerre, des actions de plaidoyer auprès de la Communauté internationale pour qu'elle exerce toutes les pressions possibles susceptibles de ramener les belligérants à dialoguer comme l'unique solution devant les souffrances des populations.

La conjonction des efforts consentis avait finalement joué dans la dynamique et conduit les parties belligérantes à engager les pourparlers en Zambie (§1) et à prendre en compte le poids de l'Eglise dans le Dialogue Inter Congolais en Afrique du Sud (§2).

Paragraphe 1. Des Pourparlers au Dialogue Inter Congolais

L'acceptation des pourparlers en Zambie reste surtout le résultat des fortes pressions tant internationales que nationales. A la suite de ces discussions, les parties belligérantes signèrent en deux temps un texte dit « Accord de Cessez-le Feu de Lusaka» le 10 et le 31 juillet 1999 entre le gouvernement et chacun des principaux mouvements de rébellion.

En effet, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) avait différé sa signature à cause d'une crise de leadership en son sein. Finalement, l'Accord a été signé par les 49 membres fondateurs du mouvement politico-militaire, montrant que la réalité du pouvoir en son sein était sujette à des interrogations évidentes.

Plus tard, toutes les parties signèrent ce document le 04 mai 2001. Mais, son application a été rendue impossible. Plusieurs raisons étaient à la base de ce blocage ; parmi les plus importantes, on peut retenir le fait qu'il avait été « imposé aux protagonistes » alors que les conditions militaires et politiques ayant imposé cette signature étaient en perpétuel changement. Au fond, par des manoeuvres dilatoires de part et d'autre, les différents acteurs en présence donnaient l'illusion d'une possible victoire militaire.

En marge, l'Eglise congolaise, chrétienne et non chrétienne, réunie a initié une rencontre dite Consultations Nationales pour entrevoir le rapprochement des points de vue des antagonistes en présence. Mais, le dernier tournant qui portait sur les vrais protagonistes, à savoir le noyau dur du pouvoir de KINSHASA, les leaders des différentes rébellions, les parrains des belligérants et les pourvoyeurs de fonds pour l'entreprise guerrière, était mal négocié à telle enseigne que le travail fondamental attendu n'avait pas pu être fait.

Même l'Eglise catholique se retira malheureusement sur la pointe des pieds, sans cependant proposer une éventuelle alternative. Toutefois, l'Eglise s'était vue reconnaître un espace dans le processus politique des négociations en vue de mettre fin à la guerre et d'instaurer un nouvel ordre politique. Entretemps, une nouvelle donne intervint, à savoir la disparition brusque et fatale du président de la République Mzée Laurent-Désiré KABILA, suivie d'une redistribution des cartes au plan politico-militaire et géostratégique qui ont rendu indispensable d'imposer le dialogue sans condition.

A l'instar des fortes pressions de la Communauté internationale, le plaidoyer mené par l'Eglise auprès de différentes parties belligérantes, semblait aboutir : ces dernières acceptèrent alors d'engager le dialogue sans condition, prétextant mettre fin aux souffrances du peuple.

A-t-on mit fin réellement aux souffrances du peuple ? Dieu seul le sait ! Voilà ce qui nous pousse à évoquer successivement l'exigence de dialogue sans condition (A) et l'appel de l'épiscopat catholique au lendemain de l'assassinat ignoble du président de la République Mzée Laurent-Désiré KABILA KA MAKOLO (B).

A. Les exigences du dialogue inter congolais

Comme signalé précédemment, à l'instar des fortes pressions de la Communauté internationale, le plaidoyer mené par l'Eglise, pour exiger le dialogue sans condition, après la reprise des hostilités dénotait de l'absence de bonne foi dans le respect et l'application de l'Accord de Cessez-le Feu de Lusaka de 1999. Cela a montré que l'acceptation de l'autre à travers le dialogue constitue la force qui permet de résoudre les différends et les incompréhensions, parce que, dialoguer, c'est parvenir à être d'accord sur ses désaccords. Dialoguer ici, revient à rechercher un ensemble des pistes de solutions, ce qui confirme le principe selon lequel rien ne peut être impossible aux hommes lorsque ceux-ci font preuve de bonne foi et de bonne volonté.

C'est dans cette optique que l'Eglise a exhorté et exigé de toutes les parties concernées, de faire preuve d'engagement par le dialogue sans condition pour la fin de la guerre et la recherche d'une solution négociée et consensuelle à la crise de légitimité. Par ailleurs, pendant que le pays était confronté gravement à la défense de son intégrité et de sa souveraineté nationale contre l'agression et l'occupation étrangères, il sera tragiquement endeuillé par l'assassinat du président de la République, à son bureau au palais de Marbre.

Cette rupture d'avec le passé a occasionné la relance du processus par la signature d'un protocole appelé l'Acte d'engagement de Gaborone le 24 Août 2001 au Botswana par toutes les parties congolaises sous la facilitation de l'ancien président du Botswana KETUMILE MASIRE. Signalons également que dans le cadre du processus menant au rétablissement de la paix, les parties concernées s'étaient retrouvées à Sun City en passant par Victoria Falls, Victoria II et III, l'Ile Maurice, Lusaka, Gaborone, Addis-Abeba, Cotonou, Libreville, Abuja, Genève, Bruxelles, etc.

B. Appel de l'Episcopat catholique

Suite à la profonde douleur de l'événement et aux peurs des lendemains incertains, diverses réactions de condamnation doublées des appels au calme ont fusé de partout dont l'Appel de l'Eglise catholique qui a fait montre de son leadership encore une fois.

Le processus de démocratisation qui, déjà marchait à reculons, s'est vu douloureusement secoué à telle enseigne que d'aucuns ont vite pensé à l'échec. En effet, après l'annonce officielle du décès dans les conditions troubles du président de la République Mzée Laurent-Désiré KABILA, le pays; déjà en guerre, s'était retrouvé dans un contexte particulier, faisant craindre des lendemains inquiétants, d'où, l'appel au calme des Evêques catholiques : « la disparition tragique du président de la République, Laurent-Désiré KABILA, le 16 janvier 2001, a plongé la Nation congolaise dans la consternation générale et le deuil. Nous nous associons au peuple congolais pour présenter nos condoléances à la famille de l'illustre disparu, aux autorités du pays et à toute la Nation. En même temps, nous condamnons fermement ce crime ainsi que tout recours à la violence pour résoudre les problèmes qui se posent au sein de la communauté nationale »71(*).

Partagé entre la colère, l'émoi et l'angoisse, le peuple a unanimement fait preuve de calme et d'esprit élevé de responsabilité face à la situation. Plus de peur que de mal, dit-on, la tension pourtant perceptible laissera la place à des lendemains rassurants grâce aux appels moralisants et répétés de l'Eglise. A cause de cet assassinat crapuleux et devant la nécessité, le gouvernement après concertation avec le Haut Commandement militaire désignera son fils, le Général-Major Joseph KABILA KABANGE officiellement pour « assumer les rênes du pays »72(*) non sans soulever l'irritation de nombreux opposants à ce scénario de type dynastique. Aussi, cette succession a soulevé beaucoup d'encre et de salive, car, il heurtait et énervait le droit positif congolais.

Cette désignation augurait une ère de paix et de normalisation dans un pays-quasi continent laminé par des années de dictature et une guerre quasi continentale où dans l'entretemps, les ravages de la guerre d'agression et son cortège de malheurs frappaient durement les populations surtout dans l'espace sous occupation rwandaise et ougandaise.

Aussitôt, le tout nouveau président s'emploiera, dès son entrée en fonction le 26 janvier 2001, à mettre fin à la guerre par la relance du processus politique des négociations avec d'un côté, les différents mouvements rebelles, et de l'autre, leurs parrains rwandais et ougandais. La relance du processus douloureux et lent des négociations politiques inter congolaises (DIC) eut lieu en Zambie au sommet de Lusaka du 02 au 15 février 2001.

C'est dans cette optique que le nouveau Chef de l'Etat Joseph KABILA KABANGE annonça des « changements profonds dans tous les secteurs de la vie nationale »73(*) sur fond de la restauration de la paix qui impérativement passait par la reprise du dialogue bloqué par l'inapplication de l'Accord de Cessez-le Feu de Lusaka.

Paragraphe 2. Le poids de l'Eglise dans le dialogue inter congolais

De Pretoria à Sun City, la présence et l'implication de l'Eglise dans le Dialogue Inter Congolais (DIC) ont été bénéfiques à plus d'un titre. D'abord, elles ont constitué une opportunité de continuer à pousser par des pressions sur les acteurs politiques en présence.

C'est le cas de l'exhortation à l'unité faite par le Primat de l'Eglise catholique congolaise en la personne de Son Eminence Fréderic Cardinal ETSOU NZAMBI BAMUNGWABI face à une impasse qui pouvait faire dérailler le train suffisamment avancé des négociations pour la conclusion d'un Accord politique satisfaisant.

A. L'exhortation à l'unité

Devant l'impasse des négociations intervenue à l'étape décisive de Pretoria, Son Eminence Frédéric Cardinal ETSOU NZAMBI BAMUNGWABI s'y rendit pour aider à aplanir les différends nés d'un désaccord serré autour du partage des responsabilités et la reconnaissance des grades au sein des Forces Armées de la RD Congo (FARDC) des officiers et sous-officiers ayant servi dans les rébellions.

Se fondant sur l'Evangile, le primat s'adressa aux délégués en ces termes : « Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume-là ne peut subsister. Et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison-là ne pourra se maintenir» (Marc 3,24-25).

En outre, vis-à-vis des positions tranchées des protagonistes, l'Eglise catholique par le Cardinal, appuyée par les autres membres des forces vives dont les délégués des mouvements associatifs féminins, avait pesé de tout son poids, sa personnalité, son prestige, son influence de Pasteur et Père spirituel pour faciliter une solution consensuelle. Sans cesse, le Cardinal ETSOU répéta les propos du Pape Jean-Paul II que toutes les parties en cause dans ce drame aient le courage du dialogue pour la recherche sincère des voies d'une véritable réconciliation dans la justice et le respect de la personne humaine. Cette exhortation amena les délégués à conclure les termes d'un Accord qui était très attendu comme le dénouement historique.

B. Le dénouement historique

A l'instar des différentes concessions intervenues ça et là dans les négociations, l'implication personnelle du Cardinal ETSOU avec des propos pathétiques a raisonné comme une voix de sagesse pour tous. Ainsi, le dénouement historique a permis aux négociations d'accoucher le 17 décembre 2002 de l'Accord Global et Inclusif (AGI). Ce document eut le mérite d'avoir permis théoriquement la fin de la guerre, la réunification et la quasi pacification du pays et prévoyait l'installation d'un nouvel ordre politique.

Adopté en plénière le 01 Avril 2003 à Sun City, promulgué le 04 Avril 2003 par le président de la République, Joseph KABILA KABANGE, cet Accord, sur la base duquel la Constitution de transition fut élaborée, prévoyait curieusement une formule inédite au monde à savoir un Exécutif composé d'un président de la République, chef de l'Etat assisté de quatre vice-présidents de la République au sein du gouvernement de transition. Celui-ci regroupait toutes « les composantes et entités »74(*) au dialogue, pour conduire le peuple congolais aux élections libres, démocratiques et transparentes, pour la mise en place d'un régime constitutionnel démocratique. Cependant, il convient de déplorer que cet Accord semblait avoir comme principale faiblesse de donner une prime à ceux qui avaient opté pour la guerre.

En effet, une des critiques notoires résidait dans l'absence de condamnation du recours à la force comme moyen d'accéder au pouvoir, mais laissait ouvertement se tirer à bon compte les présumés coupables de nombreuses violations des droits humains, et surtout, il restait muet sur les sanctions à infliger à ceux des signataires qui s'écarteraient de ses dispositions. En revanche, le principal mérite de l'Accord était de substituer la logique de paix et de dialogue à celle de l'affrontement armé. Plus fondamentalement, l'Accord constituait une cinglante réponse à tous ceux qui, à travers le monde, s'activaient pour la balkanisation de la RD Congo.

En somme, sa finalité demeura la préparation des élections générales et non moins le partage du pouvoir. Tout le peuple espérait qu'avec une volonté politique affirmée, et surtout avec la détermination de la population, la longue transition mise en route avec la Conférence Nationale allait finalement aboutir par des élections libres, démocratiques et transparentes.

Dans cette perspective, l'Eglise a, dans le quota qui lui était réservé en tant que membre de la Société civile, été associée au sein des Institutions politiques de transition.

Section 2 : L'Eglise et les Institutions politiques de transition

La participation de l'Eglise au sein des institutions politiques de transition est un des résultats significatifs de son influence dans l'avancement du processus de démocratisation.

Aussi, face au contexte sociopolitique de l'heure caractérisé par la méfiance, la suspicion et des appréhensions perceptibles au sein du nouvel exécutif de l'Etat, était-il indispensable que la société civile, à laquelle appartient l'Eglise, prenne la mesure de la situation en ne laissant pas la gouvernance politique entre les mains des seuls acteurs politiques en présence au risque de voir s'embraser toute la République, car, comme l'affirmait le Pape Jean-Paul II : c'est « le travail de l'Eglise de rendre les hommes capables de bien construire l'ordre temporel... »75(*).

Du reste, l'histoire nous enseigne qu'en cas de crises majeures, le choix est généralement porté vers les hommes de Dieu capables de rassembler le peuple autour des idéaux fondés sur le bien commun et la dignité humaine. C'est pourquoi, dans le souci de raviver et maintenir la flamme allumée à travers cette volonté de l'Eglise d'aider le peuple à avoir une connaissance nette et claire de la situation et de ses responsabilités, participer au débat touchant aux problèmes politiques de la Nation en vue d'éclairer le temporel par la lumière divine, sera une nécessité.

Par conséquent, évoquer à ce stade la double qualité de prince de l'Eglise et d'homme d'Etat (§1) dont étaient revêtus les hommes de DIEU avant de tenter de situer le bilan de leur gestion dans les Institutions politiques de la Transition (§2) ne serait pas insignifiant.

Paragraphe 1. Double qualité de prélat et d'homme d'Etat

S'il est vrai que l'Eglise n'a pas à s'occuper directement de la gestion du temporel, encore moins de politique pour son propre intérêt parce que sa mission principale est la prise en charge des âmes pour leur salut éternel, il est admis que, dans le cas d'espèce, cette participation s'inscrivait, d'un côté, en tant que religieux et pasteurs à travers le service et le ministère qui leur sont spécifiques (la prière, le témoignage, la charge pastorale, la charité chrétienne,) etc., et de l'autre, en tant que citoyens, aptes à exprimer des justes et opportunes options politiques et l'obéissance aux lois du pays.

Du reste, l'évidence voudrait que soit effectivement dans les évangiles où l'Eglise puise les doctrines capables soit de mettre fin aux tensions, aux conflits, soit de les atténuer, d'où, le fondement de la mission évangélique (A) qui l'a conduite en missionnaire politique à assumer la direction des Institutions politiques de transition (B).

A. Mission évangélique

De par cet engagement qui rentrait dans sa mission évangélique, la présence de l'Eglise consistait à aider les laïcs à s'acquitter fidèlement de leur mission, celle de renouveler le temporel conformément aux exigences de la parole de DIEU, qui est orientée vers le bien et la foi. Aussi, s'était-elle investie en vue d'éclairer par l'esprit de DIEU les problèmes du peuple, de former les personnes capables de bien orienter la politique, de faire des choix justes et pratiques selon les valeurs d'humanisme, de respect et de la dignité de la personne humaine.

De plus, cette présence des princes de l'Eglise fut perçue par la population comme une force de progrès, gage de transparence même dans le domaine sociopolitique. En RD Congo, la mission évangélique vise également à étendre et à perpétuer une confession. Chaque confession a ses fidèles qui ont une identité propre. En d'autres termes, les fidèles ne sont pas des chrétiens tout court, mais, chrétiens catholiques-romains, chrétiens orthodoxes, chrétiens protestants méthodistes, chrétiens protestants baptistes, chrétiens protestants luthériens, chrétiens protestants anglicans, chrétiens protestants adventistes du 7ème jour, chrétiens protestants disciples du Christ, chrétiens protestants évangélistes, chrétiens protestants réformés... Et, toute la pédagogie de la mission évangélique est orientée par ce clivage identitaire et culturel, mais ce qui importe, c'est le chemin de libération et de communion qui s'ouvre pour la cause commune qu'est le salut de la RD Congo à travers l'évangile de la bonne nouvelle. La casquette de missionnaire politique apparait clairement dans la répartition des responsabilités au sein des Institutions d'appui à la démocratie.

B. Missionnaire politique

S'agissant de la direction des Institutions politiques d'un Etat, il convient de noter que normalement, elle ne constitue pas une affaire des hommes de DIEU, car, la politique est, avant tout, le lieu d'engagement propre des fidèles laïcs. Toutefois, bien qu'ils aient leur vocation propre de la charge des âmes, il est des circonstances exceptionnelles qui peuvent conduire légitimement les Evêques, les prêtres, les religieux et les religieuses, les pasteurs, les initiés à ne pas se désintéresser de ce champ d'activité humaine et fondamentale. C'est ainsi, qu'il est arrivé, au nom de la charité, dans certains Etats d'Afrique, qu'un homme de DIEU ait « dû accepter de présider des instances à caractère politique »76(*).

Tel fut le cas en RD Congo, car, face au processus qui avançait lentement avec souvent des moments d'épreuves et des douleurs, exercer le pouvoir temporel par l'Eglise constituait une réponse à l'appel du peuple pour une mission d'intérêt collectif. Ceci explique que, depuis la Conférence Nationale Souveraine, l'Eglise a joué un rôle de premier plan dans l'animation des Institutions politiques de la Transition. On se souviendra de Mgr Laurent MONSENGWO PASINYA qui a dirigé avec satisfaction aussi bien la Conférence Nationale Souveraine que le Haut Conseil de la République, puis le Haut Conseil de la République-Parlement de Transition.

Par ailleurs, il est important de souligner que toutes les parties présentes aux négociations n'étaient pas logées à la même enseigne. Certes, elles étaient au même pied d'égalité lors des débats et à l'adoption des résolutions, mais, il apparait visiblement que le poids sociologique a prévalu dans le quota prévu aux confessions religieuses pendant la transition après Sun-city : L'Eglise protestante appelée Eglise du Christ au Congo par Mgr Pierre MARINI BODHO a dirigé le Sénat, Mgr Jean-Luc KUYE NDONDO WA MULEMERA (Eglise méthodiste) la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) et Mr l'Abbé Apollinaire MUHOLONGU MALU-MALU la Commission Electorale Indépendante (CEI).

D'ailleurs, évoquant la personnalité du président de l'Eglise du Christ au Congo, Mgr Pierre MARINI BODHO en tant que haut personnage de l'Etat à l'époque, le professeur KÄ MANA ajoute qu'il « (...) bénéficie d'une oreille attentive et assure une sorte de direction spirituelle sereine et attentionnée de par sa position éminente au Sénat qui fait de lui prince de l'Etat et de l'Eglise'' »77(*). Ainsi, on pourrait imaginer que, de par sa position, sa parole avait un poids politique et était susceptible d'éclairer les autorités sur ce qu'elles devraient faire pour sortir la Nation de ses turbulences actuelles. Cependant, bien qu'ils aient exécuté leur mission dans un contexte particulier caractérisé notamment par une classe politique minée par « l'insalubrité politique »78(*), il est important de s'interroger sur le bilan de leur travail : `'Quel bilan peut-on faire aujourd'hui de l'implication de l'Eglise dans la gestion de la Transition en RD Congo'' de 1990 à 2006?

Paragraphe 2. Bilan de la gestion de l'Eglise dans les Institutions de la Transition

Après la conclusion de l'Accord Global et Inclusif à Sun-city qui engagea la RD Congo sur une autre période de transition, la classe politique avait associé l'Eglise à la direction des Institutions de la République. Il importe de rappeler, qu'à l'instar du Sénat et des Institutions d'appui à la démocratie dont le leadership était réservé à la société civile, le quota accordé aux confessions religieuses indiquait pour le Parlement de transition (Assemblée Nationale et Sénat) : 2 catholiques, 2 protestants, 2 orthodoxes, 2 musulmans, 2 Eglises dites de réveil et 2 Eglises indépendantes.

Dans l'ensemble, elles ont assumé leurs charges avec satisfaction au regard des attentes à gérer et à satisfaire sans compter des difficultés énormes à vaincre. Cependant, il n'est pas moins vrai que leur bilan a été partout positif, d'où, une épreuve assumée (A) selon la perception de l'opinion publique (B).

A. Une épreuve assumée

D'entrée de jeu, nous soulignons que malgré leurs bonnes intentions affichées, les efforts et progrès notés ça et là, le contexte particulier du pays n'a pas permis aux confessions religieuses de remplir leur mission sans heurts, car, des tiraillements et suspicions de toutes sortes ont constitué des obstacles sérieux.

Pour le cas d'espèce, les hautes charges à la CNS, au HCR et au HCR-PT assumées par Mgr Laurent MONSENGWO PASINYA pendant la première transition, ont révélé l'absence de réalisation de l'objectif principal et final qu'est la réconciliation nationale.

En outre, bon nombre de gens, surtout dans l'opposition, ont soutenu que dans sa quête perpétuelle du consensus, le prélat ne fit pas suffisamment preuve de fermeté contre les velléités des camps opposés. Autant, l'opposition l'accusa de laxisme face aux velléités anti-démocratiques des partisans du pouvoir, autant ces derniers l'indexèrent de cheval de Troie de l'opposition. De toute évidence, ses diatribes eurent des effets contre-productifs notamment sur la réconciliation nationale et l'instauration d'un nouvel ordre politique.

Il va sans dire que cette léthargie avait laissé la voie royale à la guerre dite de libération conduite par l'AFDL à partir d'Octobre 1996. Même ce groupe qui a « boudé de participer à la CNS »79(*), dira une fois au pouvoir que le prélat eut tort d'insister sur la réconciliation au lieu de doter le pays de nouvelles institutions démocratiques.

Par ailleurs, malgré la complexité de la question, il nous a paru inapproprié que la position officielle de l'Eglise catholique n'ait été que de principe, sans clairement définir l'attitude à prendre, alors que les populations adhéraient massivement à la cause du nouvel ordre. En effet, bon nombre des prélats surtout se limitaient essentiellement à condamner et dénoncer la violence, pendant que d'autres ne gardaient guerre leur langue dans la poche pour souhaiter la chute du pouvoir du Maréchal-président.

Ce flou que d'aucuns avaient qualifié d'artistique avait, dans un premier temps, alimenté la méfiance entre le président de la République Mzée Laurent-Désiré KABILA et l'Eglise qui exerça les charges publiques à travers Mgr Laurent MONSENGWO PASINYA.

L'opinion publique a également noté l'affirmation faite 8 ans après la guerre dite de libération par Mgr MONSENGWO suite aux tensions intervenues à l'approche de la fin de la première phase transitoire, c'est-à-dire, le 30 juin 2005. Il s'agissait du débat sur la fin ou non de la période de transition au 30 juin 2005. Les opposants au pouvoir estimaient que ce fut le délai buttoir alors que les dispositions de l'article 196, alinéa 2 de la Constitution de transition du 04 Avril 2003 accordaient une prolongation d'une année, d'où, il y eut quelques manifestations de l'opposition qui ont occasionné des incidents, dérapages et bavures contre notamment les infrastructures ecclésiastiques. Certes, la guerre dite de libération avait gravement porté atteinte aux avancées réelles liées au processus de démocratisation. Mais, qualifiant de « gâchis de 1997 »80(*), l'avis de Mgr MONSENGWO était loin de corroborer l'enlisement de la situation politique, encore que, le peuple congolais était fatigué et avait perdu tout espoir, d'où, cette effervescence populaire palpable à l'avènement de l'AFDL.

Un autre constat des tensions qui ont prévalu entre le pouvoir et l'Eglise, c'est fut également l'échec dans la mise en oeuvre des résolutions issues des Consultations Nationales initiées par l'Eglise dans le cadre la réconciliation nationale. En effet, en dépit d'un engouement populaire observé à l'ouverture jusqu'à la clôture des travaux, le chef de l'Etat Mzée Laurent-Désiré KABILA et son gouvernement ne s'y associèrent que pour ne pas perdre la face. Qui plus est, le Chef de l'Etat avait ignoré en pratique son engagement de suivre les résolutions issues dudit forum au lendemain de ses assises.

Signalons que les journées de Consultations Nationales sur la marche de l'Etat tenues du 28 février au 11 mars 2000 ont été organisées sous les auspices des Chefs de confessions religieuses en prévision du dialogue inter congolais avec l'appui et le soutien de la Conférence des Eglises de Toute l'Afrique (CETA) et des partenaires extérieurs de la RD Congo. Elles ont été couronnées par un grand culte oecuménique célébré dans la Cathédrale du Centenaire Protestant de KINSHASA/LINGWALA.

Aussi, pendant la seconde phase transitoire, la conduite s'était-elle avérée encore plus délicate. Il s'agit d'abord de l'échec notoire de la Commission Vérité et Réconciliation sous la conduite de Mgr Jean-Luc KUYE NDONDO WA MULEMERA (Eglise méthodiste) dont le déficit de leadership a brillé par un manque d'initiatives et d'actions de haute visibilité retentissante au point que la CVR, déjà inefficace, n'a pu donc pas réconcilier même les politiques ouvertement opposés. D'ailleurs, beaucoup ne connaissaient la CVR, l'une des Institutions d'appui à la démocratie, que par le nom.

Ensuite, on a déploré une certaine léthargie au niveau du leadership au Sénat incarné par Mgr Pierre MARHINI BODHO (Eglise protestante) notamment dans la conduite des travaux, la gestion administrative, la production de documents législatifs, etc.

Enfin, au niveau de la Commission Electorale Indépendante où le leadership était conduit par Monsieur l'Abbé président Apollinaire MUHOLONGU MALU-MALU, quelques dérapages ont été relevés. Bien que plein d'énergie, dynamique, compétent et remarquablement courageux, Monsieur l'Abbé président a, par moment, été « trop direct et a manqué parfois de flair diplomatique »81(*). Ce manque de tact a souvent failli jeter de l'anathème sur l'image et la crédibilité des opérations électorales, ce qui lui valut et à la CEI plus d'une fois, d'être accusés sans preuves par les détracteurs et autres politiciens de parti pris en faveur du pouvoir et de ses partisans.

Toutefois, toutes ces allégations n'ont pas empêché l'Eglise d'oeuvrer toujours avec courage et détermination pour défendre les aspirations des populations et à s'investir pour les élections afin de mettre un terme à la crise de légitimité.

B. La Perception de l'opinion publique

Globalement, nonobstant quelques critiques légitimes, l'opinion publique a salué l'accomplissement de charges des hommes de DIEU, notant ainsi, une conduite marquée par la connaissance des dossiers, l'habileté à trouver des compromis pour dépasser le blocage, la sagesse dans l'action.

Parmi toutes les Institutions de Transition sous la conduite des princes de l'Eglise, la CNS, le Sénat et la Commission Vérité et Réconciliation ont retenu la grande attention du public. En effet, Mgr MONSENGWO, par sa position de président de la Conférence épiscopale, ses messages retentissants, ses adresses publiques, a amené le régime du Maréchal-président à le prendre pour cible, à le neutraliser, non sans avoir parfois dérangé et terni son image. Mais, le contexte permit à celui-ci de s'améliorer significativement au point d'être considéré comme un héros ou un martyr aux yeux du peuple. A ce jour, son apport positif continue à rayonner notamment à travers son prestige captivant, sa forte personnalité et sa grande influence sur l'échiquier politique national et international.

S'agissant du Sénat, la mauvaise gestion administrative s'est manifestée notamment par l'insuffisance, voire l'insignifiance de la production de textes législatifs au moment où même le peuple en avait besoin pour son information. Cette léthargie a engendré une inflation d'arriérés législatifs et administratifs auxquels se sont attelés avec brio après les élections, l'ancien Bureau provisoire et l'actuel leadership du Sénat incarné par Léon KENGO WA DONDO82(*).

Quant à la Commission Vérité et Réconciliation, l'opinion publique a fustigé sa léthargie qui plongea l'institution dans le clair-obscur et l'indifférence générale. Aucune demande de pardon officielle, ni de déballage de la vérité n'ayant été entreprise, par contre, elle a été considérée plus comme lieu de positionnement des candidats, par ricochet, budgétivore pour le trésor public. Et pourtant, on aurait pu s'inspirer de l'expérience sud-africaine sous la houlette d'un grand homme de DIEU, Mgr Desmond MPILO TUTU. A ce sujet, il n'est pas risqué d'affirmer que la CVR congolaise a raté le coche Vérité et Réconciliation, l'un des cinq objectifs institués par la Constitution de la Transition.

Par ailleurs, dans la période qui précédait les échéances électorales de 2006, une enquête réalisée du « 08 mars au 08 Avril 2006 à KINSHASA, dans la commune de MATETE, à la suite de la campagne d'éducation civique lancée par l'Eglise catholique le 30 mars 2005, renseigne qu'à la question de savoir si le rôle de l'Eglise catholique a été bon, mauvais ou indécis durant cette transition, 57,5% des questionnés ont répondu `'BON pendant la transition'' et 62,5% `'BON depuis la campagne d'éducation civique `' »83(*). Le journal le Potentiel, dans une de ses livraisons, a rapporté justement que les populations congolaises, particulièrement celles de la Capitale KINSHASA, ont apprécié à juste titre le travail positif de l'Eglise »84(*) malgré le fait que les devoirs de charité et de rendre service n'ont pas suffi pour changer certaines méthodes endurcies. Ainsi, nous pouvons dire que le bilan semble positif, mais les défis à relever restent énormes.

C'est le lieu de rappeler la pertinence de la question du professeur KÄ MANA : « Comment pouvons-nous, nous communautés de foi, transformer cette situation en un atout dont notre société pourra nous être reconnaissante, une fois que la Nation aura été sauvée de son désastre actuel ? »85(*). Dès lors, il convient de dégager les nécessités et perspectives d'avenir pour répondre aux nouveaux défis tournés vers la recherche et la consolidation de la paix, d'un côté, et de l'autre, la stabilité et la réconciliation nationale.

CHAPITRE 2 : L'EGLISE ET LES NOUVEAUX DEFIS

Depuis le lancement du processus de démocratisation le 24 avril 1990, l'accompagnement de l'Eglise dans la conscientisation des dirigeants et autres acteurs politiques sur la gestion de l'appareil de l'Etat est présent. Aux yeux du peuple notamment, cet engagement a constitué un soutien fort dans sa détermination d'aboutir pacifiquement au changement par le choix de ses dirigeants et le contrôle de ses nombreuses richesses à travers un régime politique où la souveraineté est exercée par le peuple.

Face au nouveau contexte qui s'imposait, l'Eglise a eu le coeur à l'ouvrage pour l'aboutissement du processus électoral à travers les élections historiques reconnues comme justes, libres, démocratiques et transparentes. En outre, consciente des dures conditions de vie et de travail des populations qu'elle partage du reste au quotidien, l'Eglise a décidé de faire plus qu'hier, davantage demain, pour répondre, aux nécessités pré-électorales (Sect1), et aux perspectives d'avenir (Sect2).

Section 1 : Nécessités pré-électorales

Comme dit un adage populaire, `'il y a de la coupe aux lèvres''. Depuis des lustres, au sujet de la gestion quotidienne de la `'res publica'', le peuple congolais a vécu comme dans une traversée du désert, la satisfaction de ses nombreuses attentes. Ainsi, sachant que par le passé, ses attentes du peuple ont été soit déçues, soit réalisées en payant un lourd tribut, l'Eglise a invité tout le monde à l'ouvrage, en premier lieu, les institutions, car, les regards du peuple étaient tournés vers les élections pour mettre fin à la longue crise de légitimité.

Pour ce faire, elle a initié des actions face au processus électoral (§1) en dépit des prises de position opposées ayant suscité à la fois craintes et espoirs (§2).

Paragraphe 1. Des actions nécessaires face au processus électoral

Dans le souci d'accompagner le processus électoral, l'Eglise a décidé d'organiser une série d'actions mobilisatrices. Dans le but de ne pas se limiter aux dénonciations et autres interpellations, elle a suggéré des pistes de solutions à l'endroit d'une frange des forces politiques et sociales qui s'étaient dressées contre les élections sous prétexte que les conditions n'étaient pas idéalement réunies. Il ne pouvait en être autrement dans la mesure où l'Eglise s'était toujours érigée en gardienne du temple au milieu du village.

Et, en tant que partie prenante et garante de l'Accord Global et Inclusif (AGI) également, elle devait veiller à sa mise en oeuvre effective, d'où, la poursuite de la sensibilisation par des actions mobilisatrices (A), en prélude du processus électoral (B).

A. Des actions mobilisatrices

En prévision du lancement officiel de la campagne pour les élections, l'Eglise a, dans le cadre de ses actions, amorcé la sensibilisation du peuple à travers ses fidèles afin qu'ils s'imprègnent des enjeux et contours de l'expression du suffrage.

Il s'agissait essentiellement de :

- La publication et diffusion des supports didactiques tels que les ouvrages, les dépliants à l'intention des animateurs civiques et électoraux dans le but notamment d'appuyer leurs enseignements et prises de position ;

- La vulgarisation des expériences en matière d'éducation civique à travers tout le pays pour une participation effective et massive des citoyens au referendum constitutionnel et aux élections proprement dites;

- L'organisation et la tenue des cycles de conférences, colloques et autres sessions de formation en rapport avec tout le processus démocratique.

- La formation des observateurs et médiateurs des conflits électoraux ;

- La formation des témoins électoraux

- La formation des leaders politiques chrétiens

Les cris d'alarme à travers le message du Comité Permanent des Evêques du Congo: « j'ai vu la misère de mon peuple (Ex 3,7) Trop c'est trop »86(*).

Dorénavant, l'Eglise catholique prit l'option courageuse de passer à la vitesse supérieure par l'inauguration d'une nouvelle dynamique non seulement dans la prise de position, mais surtout dans l'action à entreprendre par Elle devant le drame du peuple congolais, d'où, une série d'actions de sensibilisation à savoir :

- passer des déclarations, dénonciations à l'engagement réel ;

- prendre conscience de la mission de l'Eglise et s'organiser pour accompagner la période de transition, spécialement en prenant des positions courageuses et prophétiques face à l'évolution de la situation nationale;

- s'investir dans la formation de base des leaders politiques et chrétiens, du peuple à la paix, à la démocratie, aux principes électoraux et mobiliser le peuple à acquérir le réflexe de sa propre prise en charge sous toutes ses formes.

En effet, après une campagne de conscientisation des masses sur le bien-fondé du suffrage universel et de ses règles de jeu, l'Eglise a engagé une vaste campagne d'éducation civique et électorale. L'objectif poursuivi était d'amener les populations à s'approprier du processus et leur faire prendre conscience des enjeux des élections à venir en vue de les rendre responsables et de les impliquer au niveau de l'organisation à différents échelons.

Pour y parvenir, l'Eglise catholique a mis en place une cellule d'experts dénommée `Observatoire de la Conférence Episcopale Nationale du Congo `', et le 17 janvier 2004, `'le collectif chrétien pour les Elections 2005'' qui comprenait en son sein un groupement de quelques Associations et Mouvements d'obédience catholique dont l'objectif principal était d'amener le peuple Congolais à se familiariser avec le processus électoral.

Dans la foulée, le Collectif a rédigé et publié entre autres, le manuel intitulé `'Elections en RD Congo : Enjeux et stratégies d'organisation'' à l'intention des animateurs et éducateurs de la culture démocratique et électorale. Ainsi, dans le cadre de son appui aux Institutions de la transition, la CENCO a procédé le Mardi 07 Mars 2004 au lancement officiel de la campagne d'« éducation civique pour la préparation des populations aux élections prochaines en RD Congo »87(*). Ces actions contribuaient au développement et à la formation de leadership engagé dans le processus de démocratisation, à la sensibilisation des communautés chrétiennes sur leurs droits et devoirs de citoyen notamment de dénoncer les mauvaises pratiques qui torpillent la paix. Pour l'Eglise catholique, la déclaration des Evêques « Pour l'amour du Congo, je ne me tairai point »88(*) indique suffisamment que l'Eglise avait montré sa force en dénonçant toute dictature d'où qu'elle vienne (dictature du Maréchal-président MOBUTU, celle de l'AFDL).

`'Trop c'est trop, nous avions organisé la résistance aux abus sociaux'', tels sont les propos de Mgr NLANDU, Vicaire général et Evêque auxiliaire de Kinshasa devant un parterre d'invités de marque dont le Vice-président de la République qui avait dans ses attributions la charge de la commission socio culturelle du gouvernement Arthur Z'AHIDI NGOMA, la Ministre des Droits Humains Mme Marie Madeleine KALALA, Mr l'Abbé-président de la CEI Apollinaire MALU-MALU, les membres du corps diplomatique et de nombreux fidèles catholiques, responsables politiques et associatifs membres de la société civile, etc. Le temps des discours est révolu, il faut passer aux actes : disait-il, d'où, le programme actuel qui s'articule autour de six axes, à savoir : `'passer des déclarations à l'engagement réel, pendant que la classe politique se dispute les postes, prendre de positions courageuses chaque fois que le climat sociopolitique l'exige pour sensibiliser le peuple congolais et sauvegarder l'intégrité territoriale et s'impliquer dans les Institutions d'appui à la démocratie pour rapprocher la base''. De son côté, la Commission Episcopale `' Justice et Paix'', CEJP, lancera la campagne « Non-violence active et élections » 89(*) à l'issue de la clôture de la formation des formateurs nationaux.

Dans le cadre de la préparation immédiate des populations aux élections, il a été mis sur pied un projet de formation en marge du grand programme supervisé par la Coordination des actions pour la réussite de la transition (CARTEC) de l'Eglise catholique. L'union faisant la force et pour faire d'une pierre deux coups, toutes les confessions religieuses conclurent le 29 juillet 2004 un protocole d'accord pour une collaboration franche et étroite à l'éducation civique et électorale autour d'un programme commun dit « le projet CARTEC » comme suit :

« Conscients du rôle qui est le nôtre, nous, Chefs de Confessions religieuses présentes en RDC, organisés en plate-forme de dialogue interreligieux au niveau tant national, provincial que local, forts de l'expérience que nous avons des actions conjuguées ensemble lors des semaines de prière pour l'unité et le dialogue interreligieux ainsi que lors des grands enjeux de la Nation congolaise tels que la Conférence Nationale, le Dialogue inter congolais, nous nous engageons, par cette déclaration écrite, au nom de la foi, à collaborer pour assurer l'éducation civique et électorale à la population congolaise afin de l'aider à s'approprier la Transition pour la réussite des élections et à instaurer un Etat de droit pour sauver le pays de la situation chaotique et lui ouvrir le chemin du développement »90(*). Après cette signature du protocole d'accord, le projet CARTEC a été adopté comme programme commun de toutes les confessions religieuses en vue d'assurer l'éducation civique et électorale aux populations congolaises pendant la transition via les commissions « Justice et Paix » de chaque confession religieuse partie prenante dudit protocole.

Cette initiative des confessions religieuses traduisait leur engagement sociopolitique de soutenir le processus en cours par des actions communes pour l'établissement d'un Etat de droit démocratique et respectueux des droits et libertés du citoyen en RD Congo. Et, pour ce faire, il a fallu de la détermination pour transformer les longues et pénibles douleurs en un atout pour l'ensemble de la communauté. Les étapes du déroulement du processus électoral ci-après en témoignent.

B. Déroulement du processus électoral

Le pari gagné de la tenue des élections en RD Congo avec le triple caractère libre, transparent et démocratique fut salué, quoique précédé des moments d'effervescence autour du calendrier électoral. En effet, convaincu du discours officiel et du calendrier établi par la CEI sur la tenue effective des élections, le peuple n'attendait plus que le rendez-vous avec l'histoire afin de mettre un terme à la crise de légitimité.

Par ailleurs, il faut reconnaître que l'existence de quelques interrogations sur sa tenue effective dans la mesure où le budget national 2005 ne prévoyait pas son financement. Cette préoccupation avait conduit l'Eglise catholique avec l'appui des autres confessions religieuses, à proposer `'la création d'un fonds national pour les élections'' afin de les financer par la population, mais l'initiative suscita la peur dans certains milieux politiques.

En effet, cette tentative des confessions religieuses n'a pas trouvé d'écho au sein de la classe politique qui craignait que la grande ascendance de l'Eglise ne leur fasse ombrage. Pourtant, face aux aléas logistiques et financiers présentés par la CEI, le report des élections pour l'an 2006 était plus que prévisible. Toutefois, après la mobilisation des fonds, la CEI parvint à cumuler l'organisation de l'identification et l'enrôlement des électeurs. Le succès de ces opérations permit notamment à l'Eglise de renforcer son appui à la CEI qui réussit son `'pari en organisant le référendum constitutionnel en date de 18 et 19 décembre 2005''.

Cet appui était constitué, entre autres, de la mise à la disposition de la CEI du réseau des observateurs chrétiens (ROC), d'un important quota en ressources humaines de qualité (agents électoraux et observateurs) ainsi que des bâtiments d'établissements scolaires conventionnés et autres édifices leur appartenant pour la réussite de l'événement.

Malgré le « manque de cohésion dans le mot d'ordre »91(*) observé du côté de l'Eglise, le peuple congolais ne s'était pas empêché de se prononcer à « une écrasante majorité pour le OUI à la Constitution (84,3%) »92(*), comme lors du tout premier référendum de 1964 portant sur la Constitution de Luluabourg, avec un taux de participation estimé à 60% sur l'étendue du territoire national. Cette étape du processus électoral avec la promulgation solennelle de la Constitution par le président de la République Joseph KABILA KABANGE le 18 février 2006 a été marquée par des prises de position opposées ayant suscité craintes et espoirs.

Paragraphe 2. Craintes et espoirs

Après le referendum constitutionnel, l'Eglise ne s'était pas empêchée de se prononcer sur la question des listes liées à la loi électorale et l'éventualité d'une rencontre réunissant les forces en présence avant la tenue des élections. L'enjeu de taille que revêtait la question étant sensible, elle ne pouvait se garder de peser de tout son poids politique et sociologique pour faire triompher un choix susceptible de traduire la volonté du peuple.

A. Le triomphe d'un choix

Plusieurs scenarii de choix s'étaient disputés la vedette : listes ouvertes, listes fermées et listes zébrées. Dans le souci de faire triompher la volonté du peuple, l'Eglise s'était clairement prononcée sur l'option des  « listes ouvertes », alors que le gouvernement préférait celle des « listes bloquées et zébrées ». Du côté du Parlement, les débats houleux et passionnés sur le projet de la loi électorale tournaient autour des modes de scrutin avec les différents concepts.

En effet, la liste ouverte avec une voix préférentielle permet à chaque électeur de choisir un seul candidat sur une liste. Les candidats seront ensuite rangés selon l'ordre alphabétique sur la liste d'un parti, d'une plate-forme ou d'un regroupement politique. Certes, la seule voix de l'électeur profite à la liste et au candidat choisi. Mais, au partage des voix après dépouillement, le candidat qui récoltera le nombre de voix correspondant au quotient électoral sera élu quelle que soit sa place sur la liste.

Par contre, cette option se démarque de la liste bloquée que les parlementaires ont, du reste, rejetée car, elle limite le choix de l'électeur. En plus, lorsque ce dernier vote, sa voix compte non pas pour le candidat de son choix mais uniquement pour la liste pour laquelle ce candidat se présente. Une autre démarcation des listes bloquées est que l'ordre de ces listes n'est plus alphabétique, mais il est dicté par chaque parti politique propriétaire ou allié de la liste. Par conséquent, le partage des voix se fait en fonction de l'ordre préféré par le parti ou regroupement politique, en respectant la parité homme-femme, peu importe la préférence de l'électeur.

Enfin, s'agissant de la forme zébrée des listes bloquées, elle impose de faire suivre une femme après chaque candidat homme sur ces listes. Après des débats et interprétations en sens divers, l'Assemblée Nationale leva finalement l'option des `'listes ouvertes'' lors de sa plénière du vendredi 20 janvier 2006, laquelle était proposée par l'Eglise catholique.

A la suite de la position de l'Eglise catholique que nous avons partagée, car, à notre humble avis, le mode de scrutin proportionnel des listes ouvertes à seule voix préférentielle comportait un avantage certain en ce qu'il respecte l'intention des électeurs et donne aux députés le sentiment de légitimité et une certaine fierté d'être mandatés réellement par le souverain primaire, ce qui ne serait pas le cas si on avait opté pour « le scrutin à listes bloquées et zébrées, n'exprimant pas nécessairement la préférence de l'électeur »93(*).

Rejoignant la tendance majoritaire des Congolais, cette position apparaîtra dans la mouture finale de la loi électorale promulguée le 9 mars 2006. Nonobstant la solution trouvée sur le choix des listes, d'autres divergences apparurent entre les confessions religieuses autour de l'éventualité d'une rencontre, qualifiée de piégée, qui devaient réunir autour d'une table toutes les forces en présence à l'approche du 30 juin 2006, date retenue pour les élections présidentielles et législatives.

B. Une rencontre piégée

L'éventualité des concertations politiques avant la tenue des élections était l'occasion d'un autre bras de fer. Elle a fait apparaître des contradictions internes entre les confessions religieuses comme c'était le cas à propos de la consigne de vote au référendum constitutionnel.

En effet, à l'appui du calendrier électoral publié par la CEI le samedi 30 avril 2006 qui situait les élections présidentielles et législatives au 30 juillet 2006, donc après le 30 juin 2006, l'Eglise catholique proposa pour le 1er mai 2006 un dialogue politique de toutes les forces vives de la Nation en vue de prendre les dispositions nécessaires pour rassurer tout le monde et éviter que la gestion de l'après 30 juin ne soit la même que celle de l'avant 30 juin 2005. Fustigeant le calendrier électoral, la CENCO trouva « qu'étant donné qu'il sera impossible d'organiser les élections avant le 30 juin 2006 ; ainsi que cela a été prévu par l'Accord Global et Inclusif et par la Constitution de la Transition ; il va de soi que tout réaménagement du calendrier électoral ne puisse se faire unilatéralement, mais qu'il soit le résultat d'un consensus entre les forces vives de la Nation »94(*). Mais, cette proposition présentée ne faisait pas l'unanimité au sein de l'Eglise en général même pas au sein de l'Eglise catholique.

Dans la même fronde, les Evêques à l'Est du pays s'opposaient à la position de la CENCO en rejetant les concertations politiques, avant d'appeler le peuple au respect du calendrier électoral présenté par la CEI. Partant, ils affirmèrent indirectement que, la transition ne prenait pas fin au 30 juin 2006. Point par point, cette position rejoignait également celle prise par les Eglises de réveil pilotées par les Pasteurs Albert KANKIENZA, Sony KAFUTA ROCKMAN et Jean Oscar KIZIAMINA KIBILA. De son côté, dans un style subtil et précis, l'Eglise protestante s'opposait à la position de la CENCO, appelant ainsi au « respect de la Constitution de la Troisième République, spécialement les articles 222, 228 et 229 »95(*). Qui plus est, l'Eglise protestante estimait qu'il fallait mettre le cap sur les élections, sans transiter par des concertations politiques.

Réunie en sa 38ème session ordinaire à Mbuji-Mayi du 16 au 19 mai 2006 dans la province du Kasaï-Oriental, l'Eglise protestante affirmait également dans sa déclaration que la transition ne s'arrête pas le 30 juin 2006, apprécie la fixation par la CEI du calendrier électoral révisé après consultation des bureaux des deux chambres du parlement et d'autres partenaires engagés dans le processus électoral et réitère son appréciation du fonctionnement des institutions de la transition (...), de leur constance à mener le pays aux élections libres(...).

S'agissant de la fin de la transition, l'Abbé-président de la CEI rappelait l'article 222 de la Constitution du 18 février 2006, pour dire qu'il n'y avait qu'une seule Constitution, et non deux, un peu pour dire qu'il rejetait l'expression « réaménagement unilatéral », car, la CEI était légalement la seule structure habilitée à établir le calendrier électoral.

Au demeurant, elle s'opposait aux concertations politiques, qui pour lui allaient renvoyer indéfiniment les élections, probablement aux calendes grecques. Au sein de la CEI, le président ne s'exprimait pas en sa qualité de prêtre catholique, mais il n'en restait pas moins membre du clergé chapeauté par la CENCO. Sur cette question, Mgr MONSENGWO dira que « l'Abbé MALU-MALU est un prêtre. Nous devons donc le protéger contre tous les dangers éventuels, physiques et moraux, et contre toute pression(...), il n'est pas toujours compris, mais nous voulons le protéger ; c'est pour cela que nous prenons certaines positions, que lui ne peut pas prendre »96(*).

Pourtant, dans sa déclaration faite le 20 juillet 2006, dix jours avant les élections du 30 juillet, la CENCO menaçait de ne pas reconnaître la validité des élections du fait que toutes les conditions n'étaient pas encore réunies pour la tenue de scrutins réellement transparents, libres et démocratiques. Trois jours après, le Comité régional des Abbés de la ville de Kinshasa va apporter son soutien à la position de la CENCO, et surtout, va appeler le peuple à boycotter les élections si les irrégularités constatées ne sont pas corrigées avant la clôture de la campagne électorale.

En effet, la CENCO constatait un ensemble de données confirmant les craintes de manipulation, de tricherie sinon de fraude notamment les déclarations contradictoires sur les listes électorales et le nombre exact des électeurs, les explications embarrassées sur celui des bulletins de vote excédentaires, les suspicions sur la localisation du serveur central et sur les programmes informatiques, l'absence du calendrier électoral complet.

Aux antipodes de ces deux positions, Mgr François-Xavier MAROY, Archevêque de BUKAVU appelait les Congolais à participer au scrutin du 30 juillet 2006 sans évoquer ni les conditions de transparence, ni les cas d'irrégularités97(*). S'alignant sur la même position, les chefs des Eglises d'Inongo dans la province du Bandundu, à l'Ouest du pays, ont lancé au cours d'un culte oecuménique un appel à leurs fidèles à voter massivement et sans sentiment le 30 juillet prochain, car, le vote est un devoir à ne pas manquer.

En clair, nous pouvons dire que la gestion de la réalité électorale a été délicate pour tout le monde, encore qu'à ce stade, chaque confession religieuse s'est mise en exergue.

Même l'Eglise catholique a vu l'éclosion de ses différends internes remonter à la surface.Quoique confrontée à une épreuve sans précèdent, la CENCO n'a pas versé dans la résignation, au contraire, elle a surmonté ses contradictions internes en peu de temps, pour éviter de placer les fidèles-électorat catholique devant un dilemme d'un mot d'ordre autour des élections. Par la voix de son président Mgr MONSENGWO et sans équivoque, elle déclara ce qui suit : «Dimanche, allez voter, moi-même je vais me rendre dès demain à Kisangani pour participer au vote »98(*). Pour expliquer ce revirement prévisible, à trois jours des élections et sept jours après la déclaration au vitriol du 20 juillet, le prélat informa que l'évolution de la position de la CENCO est intervenue après une enquête systématique sur les faits menée auprès des acteurs impliqués dans le processus électoral. Au sujet des irrégularités dénoncées, Mgr le président de la CENCO dira de façon ironique et embarrassée : `'Posez la question aux 19 candidats''. Autrement dit, l'Eglise catholique avait obtenu gain de cause sur les inquiétudes et doutes intervenus et qu'elle n'avait pas à cautionner le faux-fuyant de certains acteurs politiques qui s'étaient engagés manifestement dans la spéculation, la désinformation et l'intoxication pure et simple.

Ainsi, comme jadis Jean XXIII déclara, « dans l'application des principes, il peut arriver que des catholiques, même sincères, soient d'opinions différentes. En ce cas, ils doivent veiller à se conserver et à se manifester estime et respect mutuels. »99(*). De son côté, l'Abbé-président MALU-MALU de la CEI, tout en regrettant qu'on fasse de chaque difficulté un montage, n'avait pas tort de dire que son institution avait l'avantage d'organiser les élections après que beaucoup d'Etats africains aient organisé les leurs, car, cela lui avait permis de « consulter plusieurs d'entre eux afin de pouvoir réaliser de bonnes élections en RD Congo»100(*). De ce point de vue, nous pensons qu'il faille être de mauvaise foi pour ne pas comprendre que la motivation réelle de cette agitation politique était ailleurs.

Cependant, il faut souligner toute l'importance que cela représentait de recueillir d'autres sons de cloche émis par d'autres prélats et prêtres du clergé. Par contre, il sied de noter, en effet, que bon nombre de candidats étaient désabusés, car, se sachant populaires uniquement dans leurs familles respectives et auprès de leurs proches immédiats. Ainsi, ils ont très vite préféré s'aligner dans la manipulation de la population. Voulant à tout prix justifier leur défaite prévisible avec un discours populiste, ils ont pompeusement accusé la CEI d'être à la solde du candidat locataire du palais de la Nation (Bureau officiel de la Présidence de la RD Congo). Ces faits ont été aussi relevés par « bon nombre d'observateurs avertis »101(*).

Par ailleurs, décréter un boycott des élections par l'Eglise catholique paraissait à la fois trop risqué et aurait l'air d'un véritable défi, car, la grande inconnue se situait autour de la réaction de la population et surtout des fidèles catholiques qui, au-delà de leur adhésion sans faille à la foi catholique, restaient citoyens à part entière avec des préférences politiques distinctes par rapport aux choix des candidats. Au demeurant, étant donné que les catholiques sont majoritaires en RD Congo, le boycott pouvait susciter des débordements dangereux.

Pourtant, le principe des concertations entre acteurs politiques institutionnels et non institutionnels était approuvé par toutes les forces politiques et sociales. Mais, il n'en fut rien, car, engager des concertations ouvrirait la voie aux manoeuvres dilatoires, alors que le problème que posaient certains acteurs politiques, la plupart de l'opposition, se situait sur la légitimité des mandats politiques des acteurs institutionnels après le 30 juin 2006 conformément aux articles 196 de la Constitution de la Transition, 222, 228 et 229 de la Constitution du 18 février 2006 et dont réponse figurait dans les dispositions constitutionnelles sus indiquées.

Comme l'a souligné le Père Rigobert MINANI, « les chrétiens ont le devoir d'être cohérents avec l'Evangile et l'enseignement de l'Eglise dans leur action politique; mais il est normal qu'il y ait parmi eux des divergences sur l'opportunité d'agir ou non... le besoin de prévaloir la citoyenneté en accomplissant son devoir civique ou la nécessité de se conformer à la consigne de l'Eglise »102(*). Par ailleurs, il importe de mentionner que certains acteurs politiques dont un grand nombre des candidats malheureux à la présidentielle ont tenté, notamment à travers des déclarations accusatrices basées sur des rumeurs non fondées, de reprendre à leur compte tous les desiderata exprimés par la CENCO à la CEI.

C'est le lieu de saluer et de reconnaître comme tout le monde, y compris en premier lieu la CEI, qu'en dépit des hauts et des bas, sans l'implication de la CENCO qui s'est investie considérablement à expliquer le bien-fondé des élections aux populations, la tâche de la CEI ne serait pas du tout aisée. Les enseignements de la CARTEC ont permis à la CEI de communiquer avec les populations et d'atteindre la base profonde.

Il faut, cependant, déplorer le fait que malgré son sol et son sous-sol immensément riches en ressources, la RD Congo ne pouvait pas organiser seule les différents scrutins prévus à cause de plusieurs années de mauvaise gouvernance, d'instabilité politique et des conflits armés. Ainsi, la Communauté internationale a pris en considération la complexité de la situation au point qu'en réponse aux appels lancés, ça et là à son attention, elle a réagi positivement par l'octroi d'un appui matériel et financier impressionnant au gouvernement de la RD Congo et aux partenaires locaux au développement pour la réussite des élections. C'est le cas notamment de l'Eglise catholique qui bénéficia d'un `'appui financier multilatéral considérable pour la concrétisation de son programme électoral en faveur des populations''.

A l'instar de l'Organisation des Nations Unies à travers sa mission en RD Congo (MONUC), un certain nombre de partenaires au développement comme l'Agence Canadienne de Développement International (ACDI), Développement et Paix (Canada) et la Fondation Konrad ADENAUER a appuyé l'action de l'Eglise. Déjà depuis 2001, Développement et Paix en collaboration avec ses partenaires congolais a organisé bon nombre d'activités dans le cadre d'un programme bilatéral avec l'Agence Canadienne de Développement International.

Avec son programme d'appui à la paix et à la démocratie (PAPD), l'ACDI a permis d'effectuer un vaste travail d'éducation civique à travers tout le pays, bien que plusieurs autres projets d'éducation électorale n'aient été réalisés, afin de préparer la population à la tenue des premières élections libres, transparente et démocratiques depuis 40ans.

Cependant, il convient de noter que de tous les projets financés grâce au Programme d'Appui à la Paix et à la Démocratie, celui de la CENCO, nommé CARTEC (Coordination des actions pour la réussite de la transition de l'Eglise catholique) est devenu le programme de toutes les confessions religieuses. Cet élan de solidarité a assuré à la CARTEC un soutien financier pour la réalisation du « Guide de formation de l'électeur congolais, dont l'usage a servi à une large couverture des actions de l'Eglise dans leur soutien au processus électoral notamment le déploiement de 50.000 animateurs pour sensibiliser la population »103(*).

Cet appui a permis à l'Eglise de devenir un acteur incontournable dans le processus électoral. Aussi, face à l'inertie et la démission de la classe politique, son rôle s'est-il accru. Bien que son intervention ait été tantôt saluée, tantôt critiquée, il convient d'en tirer le meilleur parti, c'est-à-dire, reconnaître les progrès réalisés, les consolider et relever les failles de cette intervention pour y remédier.

Section 2: Perspectives d'avenir

Nous ne cesserons de rappeler que depuis son accession à l'indépendance le 30 juin 1960, la RD Congo n'a connu qu'une éphémère période d'apprentissage démocratique.

En effet, l'histoire nous renseigne que les Pères de l'indépendance avaient posé les jalons de la démocratie notamment avec la création des partis politiques, grâce auxquels ils ont concouru aux élections générales, dont celles de mai 1960 étaient les plus déterminantes, car, elles ont conduit notre entité à accéder à la souveraineté internationale avec Patrice Emery LUMUMBA, 1er premier ministre et Joseph KASAVUBU premier président de la République. Il eut également les élections pluralistes intervenues en 1964 mais l'expérience inaugurée sera vite interrompue par le fameux coup d'Etat militaire du 24 novembre 1965 orchestrée par le Haut Commandement Militaire sous la conduite du Lieutenant-colonel Joseph-Désiré MOBUTU.

Après 32 ans de son règne sans partage, le pays s'est retrouvé dans un long processus de transition. Avec la tenue de premières élections générales à partir de 2006, le pays a franchi un tournant décisif, mettant le cap sur les principes démocratiques universels.

Cependant, plus qu'hier, la hâte de revivre dans un Etat pacifié, unifié, réconcilié, prospère, débarrassé notamment des conflits armés, et de la précarité insupportable, s'est vite transformée en illusion, compte tenu du non-achèvement des objectifs cardinaux fixés par l' ACCORD GLOBAL INCLUSIF, et la question de la paix, la réconciliation/cohésion nationale, l'accélération de la réforme de l'armée nationale intégrée se restent d'actualité.

De toute évidence, l'heure a donc sonné pour la RD Congo, avec le nouveau souffle des dirigeants légitimes que s'est choisis le souverain primaire, ses énormes potentialités diversifiées (ressources humaines, naturelles), d'entreprendre des choix judicieux dans tous les secteurs vitaux de la vie nationale pour rétablir les ressorts (§1) et capitaliser les dividendes électorales à travers la responsabilité collective dans la réalisation du projet commun (§2).

Paragraphe 1. Rétablir les ressorts

Rétablir les ressorts brisés suppose l'application concrète des mesures courageuses, difficiles, décisives, énergiques et librement prises pour marquer le passage de l'ancien régime monopartite non- démocratique au nouveau système pluraliste et démocratique, car, le peuple attend plus d'actes concrets et moins de discours qui peuvent paraitre démagogiques.

Tout ceci appelle un brisement intérieur des décideurs, un esprit de sacrifice pareil aux propos suivants de l'ancien président de la MAURITANIE, le Colonel Ely OULD MOHAMED VALL : « dès lors que celui qui est au pouvoir se veut un homme d'Etat au service de ses concitoyens, l'exercice du pouvoir n'est pas une jouissance, c'est une souffrance quotidienne. Prendre chaque jour des décisions qui engagent la vie des gens et l'avenir d'une Nation en se demandant sans cesse si on ne se trompe pas, en se battant contre ses doutes et ses propres insuffisances, se réveiller la nuit en se demandant si on a bien mesuré toutes les conséquences de ses actes, croyez-moi, c'est une torture »104(*).

Sur cet aspect, l'essentiel de la mission spécifique du Seigneur confiée à son Eglise serait notamment de continuer à contribuer à la formation des gouvernants et gouvernés pour qu'ils s'imprègnent des enjeux démocratiques et prennent consciences des exigences de leurs responsabilités sociopolitiques chacun là où il se trouve, « car la formation du peuple apparaît comme l'une des réponses les mieux appropriées à la crise de la classe politique congolaise,... »105(*).

Alors, annoncer la bonne nouvelle du salut serait éclairer et animer tous les aspects du cheminement des hommes et des peuples vers le salut véritable (le Royaume de Dieu) en faisant de leur bien-être le centre des préoccupations. Pour y parvenir, l'Eglise doit saisir ce temps favorable pour exercer son leadership communautaire, c'est-à-dire, apporter à la fois aux institutions publiques, et aux entreprises privées des idées novatrices /recommandations et la méthodologie de leur mise en oeuvre aux fins d'accomplir certains objectifs.

A titre d'exemple, il est du rôle de l'Eglise d'exiger de:

· Après l'installation des institutions légitimes et légales, les faire piloter par des animateurs intègres, compétents, soucieux du bien-commun, ayant un sens aigu du patriotisme, du leadership communautaire répondant aux préoccupations de la base;

· Gouverner pour bâtir la refondation du pays à partir des piliers démocratiques ;

· Faire actionner tous les mécanismes national, régional, international pour faire du Congo un pays où il fait beau vivre, favorisant le débat d'idées, pays où règnent la paix, la concorde nationale, la cohabitation pacifique, la justice distributive, la vie décente, le respect des droits de la personne grâce à un développement socio-économique endogène ;

· Instaurer la culture de la bonne gouvernance avec zéro tolérance d'impunité, de corruption, de trahison

Ainsi, il ya lieu de comprendre que tout l'intérêt de notre étude se trouve finalement dans la capacité d'entrevoir les perspectives qu'offrent les Eglises africaines confrontées à la lancinante question de l'émergence d'un Etat de droit, régi par les principes de « la transparence et de la bonne gouvernance »106(*), préalables notamment à la réduction de la pauvreté en vue d'un développement durable.

Certes, la situation préoccupante à l'Est du pays constitue un frein à l'envol général, mais elle s'améliore avec la fin des hostilités et cela n'empêche guère que soit capitalisée la nouvelle donne intervenue après le choix libre, démocratique et transparent des dirigeants actuels. Par conséquent, le travail de l'Eglise doit continuer pour forger un sursaut patriotique et responsable (A) dans les coeurs et les esprits de chacun, au premier chef, non seulement des dirigeants politiques pour la consolidation de l'Etat de droit(B), mais aussi de la population qui ,en dépit de son éveil d'esprit sans conteste, recourt encore, soit à l'espérance biblique de la fin de la misère sans effort personnel `'(voir l'expression: NZAMBI A SALA ,TALELA BISO LIKAMBO OYO)''107(*), soit se perde dans l'inconscience au point d'accorder son soutien actif à des politiciens, qui abusent de sa bonne foi jusqu'à l'entrainer dans des conflits meurtriers.

A. Un sursaut patriotique et responsable

A l'ouverture de l'Angélus le 11 mars 2007, le Pape Benoît XVI déclara : « les personnes et les sociétés qui vivent sans jamais se remettre en question ont comme unique destin final la ruineil vaut mieux allumer une allumette que maudire l'obscurité »108(*).

Ces propos présentent en filigrane l'idée du changement, de l'effort pour créer et parfaire, car, comment rélever les défis qui s'imposent sans qu'un sursaut patriotique et responsable ne soit accompagné de l'action sans laquelle aucune réflexion rationnelle et adéquate ne peut résister à l'usure du temps. En effet, c'est d'abord par le travail que l'individu, non seulement transforme les choses et la société, mais s'accomplit en développant ses facultés, s'humanise et s'ennoblit.

Cela implique également que le comportement politique subisse une métamorphose après la tenue des élections qui ne constituent point une justification, encore moins un alibi pour qui que ce soit de s'adonner impunément à la manipulation, à la désinformation, à l'intoxication, à la démagogie, etc. Qui plus est, il apparaît encore clairement qu'en RD Congo, le vieil homme refuse de passer la main à l'homme nouveau, c'est la nature du message des Evêques du 21 février 1995: « Des dirigeants nouveaux pour le salut du peuple ».Voilà pourquoi nous rappelons aux politiques qu'il ne suffit pas de vous déclarer être du peuple et travailler pour lui, il est indispensable de vous vous engager dans les voies de la justice et du droit pour le progrès réel de tous.

Au siècle dernier, dans son enseignement, encore d'actualité, le Pape Léon XIII affirmait : `'Ce qui fait une Nation prospère, ce sont des moeurs pures, des familles fondées sur des bases d'ordre et de moralité, la pratique de la religion, le respect de la justice, une imposition modérée et une répartition équitable des charges publiques, le progrès de l'industrie et du commerce, une agriculture florissante et d'autres éléments du même genre, s'il en est, que l'on ne peut développer sans augmenter d'autant la prospérité et le bonheur des citoyens''»109(*).

N'a-t-on pas entendu dire qu'un Etat bien géré prospère, tandis que celui qui est mal géré se dégrade et qu'un Etat qui se veut respectueux des principes et règles de jeu démocratiques devra conduire sa politique de gestion conformément aux règles de la bonne gouvernance, c'est-à-dire, une saine et juste gestion de toutes les ressources nationales sans laquelle l'on ne saurait, ni répondre aux attentes des populations, ni entamer le déclic d'un développement durable dans cette construction de la démocratie.

Voilà pourquoi Ousmane SY du Mali disait :"L'Afrique n'est pas pauvre, elle est mal gouvernée... ". En définitive, le sous- développement que connaît la majeure partie des Etats africains dont la RD Congo, résulte de la mauvaise gouvernance de l'Etat.

Il faut une réelle remise en cause de nos structures et comportements qui ne cadrent pas à un sens élevé de responsabilité et à une gestion saine et orthodoxe des affaires publiques. En effet, présidant les cérémonies d'inhumation de Frédéric Cardinal ETSOU de la RD Congo, Christian Cardinal NTOUMI, légat du Souverain pontife a, dans un langage très franc, tranché et ferme, décrié la « boulimie d'argent et du pouvoir pour le pouvoir qui caractérise notre classe politique, laquelle a conduit certains à mettre leur pays à feu et à sang sans omettre de relever le manque d'esprit d'amour et de patriotisme élémentaires qui poussent d'autres à placer dans des banques occidentales l'argent volé ou arraché à leur peuple(...). Vous avez devant vous, a-t-il martelé, le ciel et l'enfer, libre à vous de choisir l'un ou l'autre et Dieu se contentera de prendre acte »110(*).

Aussi, le peuple est-il sorti massivement pour traduire la volonté de changement en acte concret par le vote. A présent, l'impérieuse nécessité de consolider l'Etat de droit démocratique s'impose.

B. Consolidation de l'Etat de droit démocratique

C'est à point nommé, que les Evêques catholiques ont fait remarquer dans leur message à l'occasion des 48 ans d'indépendance nationale : « nous sommes encore loin de réaliser ce beau rêve de bâtir un Congo toujours plus beau qu'avant »111(*), mais la voie de sortie demeure l'appropriation de notre idéal d'homme libre et responsable de son destin.

En tant qu'Etat post-conflit, la RD Congo ne sortira pas en réalité de la tourmente tant qu'une partie du territoire à l'Est restera encore en proie au désordre et à l'absence de l'autorité affirmée du pouvoir central. L'élection demeure un passage obligé, mais ne constitue pas une fin en soi, et de ce fait, requiert, pour sa performance, un comportement républicain des dirigeants politiques et une citoyenneté responsable de tous. C'est là toute la signification de l' « appel à la vigilance pour sauvegarder la souveraineté nationale et bâtir notre destinée" 112(*)du Message de la Conférence Episcopale du 10 juillet 2008. Il est donc temps de se réveiller, pour ne pas aliéner la souveraineté nationale et trahir la nation.

Bien que la RD Congo n'ait pas encore atteint l'envergure nationale et internationale à laquelle sa dimension et ses ressources l'invitent à aspirer, l'on ne s'empêchera de rappeler que rien ne saurait être efficace tant que les actions sur le terrain n'auraient pas répondu aux attentes du peuple,  première cible concernée par les projets et les modes de développement de la RD Congo. Dès lors, la consolidation de l'Etat de droit démocratique, dont les bases ont été jetées avec l'installation des institutions légales et légitimes au sortir des urnes est un défi à relever et qui exige que les règles du jeu démocratique soient clairement définies, connues et appliquées.

Tenant compte des obstacles inhérents à l'enclenchement du processus de démocratisation, l'Eglise doit également saisir l'avènement de la décentralisation pour améliorer ses rapports avec le pouvoir qui dispose et exerce des attributs de la puissance publique. Il s'agira notamment d'accroître les opportunités de rencontre, de dialogue et d'échanges avec les décideurs gouvernants ou non et d'autres partenaires autour de la marche et du fonctionnement des institutions républicaines en vue de modeler le sens de la responsabilité.

Mais, cette osmose ne signifie guère absence de conflits, au contraire, dans un monde qui se laïcise profondément et où l'emprise de la mondialisation se fait pesante, les perspectives pour des nouvelles tensions sont non seulement prévisibles, mais fatales.

Dans cette perspective, il est nécessaire que les interlocuteurs s'accordent sans équivoque sur les valeurs centrales qui doivent régenter un Etat de droit démocratique pour plus d'efficacité d'actions, d'où, l'idée de la responsabilité collective dans un projet commun.

Paragraphe 2. La responsabilité collective dans un projet commun

La responsabilité collective dans la réalisation du projet commun consiste à rendre chacune et chacun conscients et capables de transformer l'imagination créatrice en acte palpable. Aussi, il sied de souligner que la démocratie est une réalité à trois dimensions ; elle est d'abord une valeur, c'est-à-dire, une certaine vision du monde, elle est un processus et enfin, elle est une praxis qui régit la gouvernance d'une société.

En tant que valeur, c'est-à-dire « image guide », selon L. CHAMBART DE LOUVE, elle n'est pas encore entièrement ancrée dans la vie collective. En sa qualité de force de socialisation de mouvement social, l'Eglise-famille de Dieu est à même de mieux transmettre les valeurs indissociables à la démocratie, c'est-à-dire, une vision du monde dégagée de toute idéologie partisane, transcendant les aprioris idéologiques, dénonçant sans complaisance, les dérives de la société et disposant des atouts pour mieux « conscientiser »113(*) les populations.

En s'intégrant de façon dynamique à l'action et en refusant d'outrepasser ses prérogatives, l'Eglise a toutes les chances de faire entendre sa voix pour autant que les laïcs surtout chrétiens prennent de plus en plus l'initiative des stratégies. L'Eglise devra non seulement saluer, encourager le débat citoyen mais suscité et appuyé davantage l'éclosion des débats sur les politiques publiques. De plus, la défense de la justice sociale exige de l'Eglise de s'adresser autant aux pouvoirs publics qu'aux partis politiques qui doivent développer les réponses appropriées et spécifiques aux préoccupations du peuple. Dès lors, il est nécessaire d'informer le peuple sur la gestion du pays, car, comme déclare Elie WIESEL, Prix Nobel de la Paix 1986, « la neutralité favorise l'oppresseur, jamais la victime ; le silence encourage le persécuteur, jamais le persécuté, l'Eglise a un rôle prophétique et doit répandre la vérité quand personne d'autre n'ose le faire »114(*).

La teneur de ces propos traduit également le sens de l'histoire de la révélation : Dieu lui-même ; les juges, les prophètes, le Christ et les apôtres n'ont rien fait d'autre qu'influer sur les gouvernants et les gouvernés pour le bonheur du pays et de ses habitants. Tant les Institutions dépersonnalisées influent sur le comportement de la classe politique, tant les réformes au sein de la justice, dans l'Administration sont une panacée visant à renforcer le pouvoir de l'autorité politique, symbole et garant d'un Etat de droit.

Parmi les acteurs qui participent à cette entreprise, il y a les forces vives de la Nation dont fait partie l'Eglise qui ne cesse de soutenir et accompagner, à travers des actions et initiatives locales, l'édification de la nouvelle Nation congolaise, car, il ya un temps pour tout : un temps pour la guerre et un temps pour la paix (Ecclésiaste 3 : 8).

Maintenant que la page d'une histoire écrite, à certains moments, en lettres de sang a été tournée, le peuple congolais aspire recouvrer le calme, la paix et la tranquillité. Indéniablement, cela suppose que les dirigeants étatiques prennent la mesure de cet intérêt vital en faisant montre de conscience et de volonté politique élevées. Comme l'a dit Théodore Cardinal SARR du Sénégal, « la paix n'est pas celle imposée par les plus forts à partir des rapports de force et des conflits armés, mais la paix du dialogue et de réconciliation mutuelle »115(*) à travers le monde. Ainsi, il ne peut y avoir de développement harmonieux sans ce facteur indispensable qui conditionne la réalité matérielle du projet commun. Pour ce faire, l'Eglise doit continuer l'accompagnement de ce grand chantier de la consolidation de la paix et de la concorde nationale (A) à travers la poursuite de l'action pendant la période postélectorale (B).

A. Consolidation de la paix et de la concorde nationale

Au sujet de sa situation d'Etat post-conflit, la RD Congo est mieux placée pour développer des attitudes et des stratégies de grande portée. En effet, `'la paix ne signifie pas seulement absence de la guerre, mais un processus dynamique de coopération entre les Etats et les peuples''116(*), ces propos du Professeur Anicet MUNGALA résume l'intérêt de cette indispensable donne pour la RD Congo.

L'Etat de droit ici, c'est aussi la consolidation et la consécration de l'indépendance de la magistrature à travers le principe sacro-saint et constitutionnel de la séparation des pouvoirs Exécutif, Législatif et Judiciaire. Or, la jeune démocratie congolaise est encore fragile, trois décennies de dictature et une décennie de guerre ont laissé des traces dans les mentalités et les comportements. Aussi, la tenue des élections générales n'a nullement imposé la paix, mais a été suivie d'une période cruciale face à la consolidation de la paix, à la stabilité et à l'intégrité du territoire national qui restent des défis auxquels s'emploie inexorablement la RD Congo à relever notamment dans sa partie névralgique à l'Est d'où étaient lancées les guerres de 1996 et 1998.

Cependant, en dépit des progrès louables déjà notés avec le brassage de quelques groupes armés, le processus de mise en place d'une armée républicaine, intégrée, forte et dissuasive a connu beaucoup trop de ratés pendant la transition. Par conséquent, la contribution de l'Eglise doit être proposée pour prêter main forte dans ce secteur de souveraineté, car, tous les peuples, à commencer par les dirigeants, conviennent que la paix est au centre de toutes les autres valeurs ; sans elle, l'homme ne peut rien bâtir de solide et de durable.

En revanche, selon Nestor DIMBWANA et `'la Pléiade Congolaise'117(*), il faut admettre qu'en tant qu' « acte qui met fin aux hostilités et aux fracas des armes » l'absence des combats ne garantit pas nécessairement l'absence d'un conflit. Telle est la situation sécuritaire et humanitaire très préoccupante dans les provinces du Nord Kivu, Sud Kivu et dans la Province Orientale, qui ne traduit pas cette paix en tant que valeur universelle au coeur de la cohésion sociale de tous les peuples.

En somme, face aux faiblesses et lacunes apparues depuis la transition dans la gestion du secteur de la sécurité, à l'insécurité au Nord et au Sud-Kivu due grandement à l'activisme aveugle de nombreuses milices, groupes armés locaux et étrangers ainsi que de certains éléments indisciplinés et véreux des Forces Armées de la RD Congo (FARDC), la consolidation de la paix passe nécessairement par la réforme de ce secteur et celui de la justice.

B. Intérêt postélectoral dans l'action de l'Eglise

Le processus électoral, point culminant de la période de transition constitue une opportunité pour les différentes chapelles à travers l'adhésion et l'intérêt suscités à la sensibilisation préélectorale. A l'évaluation, au lendemain des élections de 2006, l'un des constats probants restera toute la mobilisation électorale effectuée par la société civile active dont l'Eglise fait corps. Qui plus est, la réussite électorale tient également à la qualité et la détermination de l'Eglise qui a couvert tout le territoire national dans l'enseignement de la culture électorale.

Les facilitations de ses infrastructures implantées dans les recoins où l'Etat est faiblement implanté, constituaient déjà un avantage. Il faut, cependant, rappeler que l'Eglise n'a pas dans ses charges le rôle de promouvoir des idéologies, de concevoir des stratégies d'action politique, des programmes de gouvernement, de parrainer politiquement des individus ou des groupes d'intérêt pour l'accès ou le maintien au pouvoir.

Mais, dans son action prophétique, l'Eglise sert à guider, à éclairer le temporel, et ses dénonciations des injustices constituent une force dans le domaine de l'encadrement civique des chrétiens et du citoyen tout court. C'est ainsi que dans bon nombre de messages aux catholiques et aux hommes de bonne volonté, l'Episcopat soulignait déjà l'importance pour le laïc catholique de s'engager dans la vie sociopolitique.

Pour l'Eglise, les fidèles laïcs doivent faire la politique (l'action multi-dimensiomelle, législative, sociale, économique, administrative, culturelle organisée au sein des institutions pour promouvoir le bien-être des citoyens) pour sanctifier l'ordre temporel et y apporter la lumière de l'évangile et toutes les valeurs y relatives. C'est le cas notamment de la foi catholique qui encourage en soi « l'engagement des fidèles dans les rouages politiques »118(*), car, « en faisant de la bonne politique, on travaille inévitablement à la faveur des pauvres gens »119(*).

Par ailleurs, s'agissant des défis de la démocratie (Paix-Elections), l'Eglise doit poursuivre le travail d'encadrement civique, politique et électoral, en visant également à faire prendre conscience au peuple des enjeux des élections locales, à tirer les leçons des échéances précédentes et le rendre responsable dans la tenue de celles-ci, tout en l'incitant à s'impliquer au niveau de l'organisation de la cité à différents échelons.

De plus, pour dissiper certaines fixations assez répandues dans l'opinion publique qui pense que les enjeux électoraux sont souvent l'affaire des politiciens et que tout est joué d'avance, il serait louable, dès à présent, dans le cadre de « l'appropriation du processus, d'envisager l'organisation d'une vaste campagne de mobilisation des fonds »120(*) en prévision notamment des élections urbaines, communales et municipales prévues en 2009; pour contourner la dépendance financière et excessive des bailleurs de fonds extérieurs avec tout ce que cela comporte d'aliénant.

En constituant une action oecuménique concrète, elle pourrait comporter l'avantage, d'une part, de faire réfléchir éventuellement les détenteurs du pouvoir, d'autre part, de dissuader les partenaires étrangers au développement de soulever ou de présenter des exigences contraignantes dans le cadre de l'aide bilatérale et multilatérale, car, « dans les circonstances actuelles, aucun gouvernement ne saurait relever le défi de la reconstruction de l'Etat, s'il ne jouit d'une confiance aussi large que possible de notre population »121(*).

Quant à l'Eglise catholique qui a, tout au long du processus électoral, fait l'objet de beaucoup de convoitises surtout du fait de son leadership moral et intellectuel , de la majorité numérique de ses fidèles parmi les électeurs et de la prédominance de ses structures sur l'ensemble du territoire national, elle doit poursuivre les actions dont le renforcement des capacités dans le cadre de la formation postélectorale du peuple, tant au sein des Réseaux d'actions oecuménique comme les Observateurs Chrétiens (ROC), de la CARTEC .

Dans le même ordre d'idées, il s'avère indispensable qu'elle fasse accompagner les actions de sensibilisation amorcées, à l'instar du feuillet LISANGA(UNION), de l'éducation civique et de la culture politique de la commission diocésaine des Communautés Ecclésiastiques Vivantes de Base (CEVB), et d'autres instruments tant d'information que de formation, pour permettre l'ancrage des citoyens. Ainsi, pour le bon encadrement des élections, par sa commission Justice et Paix à travers la CARTEC, l'Eglise doit amener les populations à participer de façon plus responsable à la gestion des nouveaux espaces de pouvoirs gagnés à la faveur desdites élections. Lala BEN BARKA n'a-t-il pas déclaré que « la bonne gouvernance est une affaire trop importante pour que l'on la laisse dans les seules mains des politiques »?122(*)

D'ailleurs, selon la Révérende Soeur Marie-Bernard ALIMA MBALULA, secrétaire de la Commission Episcopale Justice et Paix, les raisons qui ont milité en faveur de la mise sur pied de ce programme dit "Réconciliation et gouvernance participative" sont dues au fait qu'en RD Congo, Etat post conflit," les fils et filles ont besoin d'être réconciliés après des années d'atroces guerres et d'être sensibilisés, encadrés pour suivre sur le terrain les animateurs élus des nouvelles institutions issues des élections afin que ceux-ci intègrent dans leurs actions, les préoccupations de la population"123(*).

A notre humble avis, il importe d'accroître les enseignements liés à la participation citoyenne dans le cadre de la gouvernance locale. Comme l'a souligné M. Henri MUHIYA, chargé de programme au sein de la CARTEC, ce projet travaillera pour la réconciliation et la gouvernance participative visant un Etat de droit démocratique, la reprise de l'économie du pays et l'amélioration des conditions de vie de la population, sans oublier la mise sur pied des comités locaux, instrument de travail dans le nouveau programme en vue d'organiser le peuple pour une bonne participation à la gouvernance locale. Ces comités locaux doivent fonctionner comme des lieux de réflexion, d'initiatives, d'action et de dialogue entre les réseaux d'associations et dirigeants locaux.

Dans ce cadre de « la gouvernance de proximité pour s'auto prendre en charge à la base »124(*), des enquêtes ont démontré, que les communautés se sont organisées en ateliers-palabres au niveau provincial pour parler de la question des ressources en tant que problème de société, des séminaires et conférences par le biais de la Commission Justice et Paix dans le cadre d'une vaste campagne lancée contre l'exploitation illégale des ressources naturelles en RD Congo ont été organisés.

S'appuyant sur la plupart des confessions religieuses qui comportent en leur sein des commissions Justice et Paix, il s'agira non seulement de renforcer leurs capacités à promouvoir une gouvernance participative, mais également accroître celles de la société civile dans le but d'obtenir des pouvoirs publics la bonne gouvernance, la transparence et la responsabilité. Cette démarche de l'Eglise consisterait justement à accorder la parole à la population pour qu'elle partage sa vision sur l'exploitation de ces ressources sur la base des connaissances du contexte local.

L'intérêt d'une telle démarche serait de verser ces propositions dans l'argumentaire du plaidoyer (mécanisme pour relever le défi eu égard à leurs expériences pastorales) de l'Eglise et des autres partenaires de la Société civile auprès des décideurs. Comme aux premiers moments de l'ouverture du processus de démocratisation , la société civile, en collaboration avec la presse, doit continuer à organiser régulièrement des rencontres de réflexion, d'échange et d'orientation stratégique dans le but de permettre au peuple, à l'élite intellectuelle congolaise et à la Communauté internationale d'explorer de nouvelles pistes d'amélioration de la gouvernance, encore que, la RD Congo connaît « un engouement sans précédent avec les récents contrats signés dans le cadre de la coopération sino-congolaise »125(*).

Le but poursuivi est double : il est question d'apporter l'information au peuple et lui permettre de s'en approprier face au constat peu satisfaisant sur la gestion des ressources naturelles soit par les politiciens, soit par les exploitants sans que la population propriétaire attitré y ait trouvé un bénéfice. C'est ainsi que nous saluons également « l'engagement de l'Eglise catholique dans la lutte contre le VIH/SIDA »126(*) à travers sa vaste campagne de mobilisation des fonds lancée pour la prise en charge des personnes porteuses de cette maladie. Cela renforce la crédibilité et encouragera les pouvoirs publics d'accélérer la décentralisation qui, du reste, est un combat, mieux, une conquête pour plus d'autonomie à la base.

Par ailleurs, il sied de noter que le destin d'un pays ne se décide pas seulement en terme politique, car, l'économie joue également un rôle déterminant pour l'avenir et le devenir d'une Nation. Dans ce monde menacé par les conflits, déchiré par la crise pluridimensionnelle, d'une part, et à l'heure où les énergies se mobilisent de partout, avec ardeur et enthousiasme notamment dans le cadre de cinq chantiers de la République, d'autre part, pour sortir le pays de sa léthargie, il est impérieux que les élites congolaises prêchent par l'exemple, comme l'a dit un jour dans un discours l'ancien président français, Jacques CHIRAC, « l'exemple, c'est la meilleure éducation ».

En RD Congo, l'évocation de ce vaste programme de reconstruction nationale et de modernisation des infrastructures ravive dans le peuple la sensibilité de l'espoir, en vue d'un lendemain radieux. Au même moment, cette attente pourtant légitime, devrait trouver un répondant qui lui soit logiquement lié, dans le comportement collectif des « gens du haut », car, on a souvent entendu dire dans le contexte national que les violons ne s'accordent pas entre les élites et la base. A ce propos, l'Eglise reste bien placée pour accompagner les efforts des pouvoirs publics et mouvements associatifs tendant à la moralisation de la vie publique, y compris les moeurs politiques.

Aussi, la lutte contre la corruption qui gangrène encore la société doit être soutenue plus fortement, au delà des stigmatisations qui pleuvent dans les discours ecclésiastiques.

Dans cet ordre d'idée, nous soutenons largement la nécessité d'accompagner les actions ministérielles menées conjointement, pour l'efficacité dans l'application de la loi, tant l'impunité est ciblée comme maux à combattre par tous les moyens légaux possibles. Ce soutien de l'Eglise peut consister à structurer en vue d'une organisation fiable et viable, les forums d'échanges et des discussions appelés communément « Parlements débout ».

Dans cette perspective, le Président du Faso Blaise COMPAORE n'a-t-il pas souligné qu'aujourd'hui, l'Etat africain a « plus que jamais besoin des acteurs non étatiques pour impulser le développement » ?127(*) N'est-ce pas là une reconnaissance implicite du rôle non négligeable que joue aussi la société civile dans l'encadrement des citoyens? Voilà pourquoi, l'Eglise, acteur non négligeable au plan sociopolitique, doit continuer à s'investir pour pousser, exiger et obtenir des dépositaires de l'autorité de l'Etat une réelle volonté politique d'instaurer des conditions favorables de transparence, d'équité, de probité morale, de lutte contre la corruption et l'impunité.

En outre, il est intéressant de souligner que c'est le peuple qui donne mandat aux élus, lesquels le représentent dans « le choix d'autres mandataires »128(*). Fort de cette légitimité, le président de la République Joseph KABILA KABANGE, aujourd'hui encore plus clairement qu'hier, sait où il va, mais de grâce, qu'il n'y aille pas seul. Qui plus est, nous plaidons pour que l'Eglise accentue davantage sa collaboration effective avec l'Etat et affective également avec le peuple à travers un dialogue constructif à la paix, à la liberté, au changement et au bien-être.

Toutefois, comme il est connu de tous que le poisson commence à pourrir par la tête, c'est-à-dire, que les fléaux congolais tant décriés ont entre autres origines, les dirigeants à la haute hiérarchie de l'Etat, les valeurs de probité, de transparence, d'équité et de sens de bien commun ne peuvent être attendues des personnes désemparées depuis des décennies par la crise multiforme. A l'amorce du processus électoral, plus d'un Congolais attendaient l'annonce de la candidature d'un des princes de l'Eglise aux élections présidentielles pour espérer sortir de la misère.

Sans être pour autant iconoclaste, nous pensons que compte-tenu de la situation exceptionnelle de la RD Congo, aux ressources immenses avec une population extrêmement pauvre, « la haute hiérarchie de l'Eglise au Vatican ne pourrait-elle pas accéder à la demande du peuple Congolais à travers un Concile Vatican III ? »129(*)

Etant donné que ceci ne sera pas une nouveauté en Afrique subsaharienne, il n'est pas risqué d'espérer que notre approche fasse école en ce moment où le continent Africain venait d'accueillir le Souverain pontife Benoit XVI, en mission pastorale avant la tenue en Octobre prochain au Vatican de la Deuxième Assemblée spéciale pour l'Afrique du Synode des évêques sur le thème `'L'Eglise en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. Vous êtes le sel de la terre (...) Vous êtes la lumière du monde''.

Au demeurant, nous saluons l'appel du Pape Benoit XVI, « Laissez-vous réconcilier ! »130(*), à l'Afrique qui témoignait du grand engagement politique et un enjeu pour l'Eglise-famille de Dieu dans son processus d'inculturation.

CONCLUSION GENERALE

Au terme de notre travail, force nous est d'observer que la problématique posée au début valait son pesant d'or. Avons-nous répondu de manière satisfaisante? Nous ne pouvons le dire. Le domaine d'intervention de l'Eglise pendant la Transition est si complexe que nous l'avons simplement effleuré, encore que, les limites de la réflexion restent toujours largement ouvertes.

En définitive, nous voudrions néanmoins relever quelques faits saillants qui ont retenu notre attention. En effet, de tout le temps, l'Eglise demeure une pierre angulaire dans l'histoire de la RD Congo. Le rôle de l'Eglise dans le processus de démocratisation en RD Congo (1990-2006), Nécessité et perspectives, tel est le réverbère qui a guidé nos pas tout au long de notre réflexion.

A priori, cet énoncé semble ne pas mettre en exergue la dynamique de l'action de l'Eglise dans l'émergence des valeurs démocratiques et citoyennes au sein des Nations africaines. Toutefois, comme consigné dans notre recherche, l'Eglise joue, a joué et est appelée à jour des rôles variés, à plusieurs échelons pendant la Transition africaine et celle de la RD Congo, dans l'optique d'apporter plus d'éclairage chrétien aux consciences des peuples et dans sa détermination de contribuer à la réussite du processus, une nouveauté dans la mémoire collective des congolais, en utilisant des moyens à sa disposition.

Elle était et est engagée dans les domaines de lutte politique, en appuyant les initiatives de dialogue, de concertation , de négociation et même de coordination historique et légitime de certaines Institutions de prise de décisions nationales de la Transition(CNS, SENAT, CEI, CVR), car, « les Institutions ont nécessairement des repères, des principes d'inspiration, des orientations à prendre et des valeurs de base sur lesquelles se fondent leurs politiques de gestion et de fonctionnement »131(*).

Elle s'active dans la défense des droits de la personne, dans les secteurs socioéconomiques et de réduction de la pauvreté. Devant l'insuffisance de diffusion /vulgarisation des lois et réglementation accompagnant le processus en général, étant donné le taux élevé de la population analphabète, pour intensifier ses messages de dénonciation de la mal gouvernance de l'Etat, et des appels à la démocratisation, afin de mieux cadrer son discours avec les préoccupations de la population, elle a associé toutes les confessions religieuses qui, dans un esprit d'oecuménisme, ont participé résolument à la formation des masses pour les préparer intensément à comprendre les enjeux du processus de démocratisation et de la Transition. Autour d'un projet commun d'Education Civique « Cartec » (initialement programme de l'Eglise catholique), un vaste programme de conscientisation adapté aux différentes catégories sociales du pays, l'Eglise a axé son action essentiellement sur le dénominateur de référence obligée aux valeurs universelles qui fondent la démarche.

Les thèmes de respect des droits fondamentaux humains, bonne gouvernance, transparence devenus une nécessité dans la gestion des affaires publiques, principes et normes des élections démocratiques, citoyenneté responsable, culture démocratique, paix, sécurité, justice sociale et distributive, réconciliation nationale cadrent mieux le discours avec les préoccupations de la population. Dans ce sens, il a été nécessaire que les parties prenantes puissent s'accorder sans équivoque sur les valeurs centrales qui doivent régenter un Etat de droit.

Nous avons essayé de retracer le contexte ayant favorisé l'amorce du processus de démocratisation qui, du reste, a fait l'objet de tensions énormes au niveau interne, après le vent de changement soufflé au lendemain de la chute du Mur de Berlin, le 09 novembre 1989, et de la disparition du clivage Est-Ouest. En outre, nous avons également dans une perspective historico-actionnaliste soulevé un certain nombre d'interrogations qui ont alimenté notre hypothèse de départ.

Premièrement, il s'est agi, en effet, de circonscrire le contexte pour mieux saisir les divers contours de l'action de l'Eglise consistant à déceler la légitimité qui fonde son action en se plaçant dans le processus de l'historicité des nations africaines, ce qui explique notre insistance sur la prise en compte des préoccupations des peuples, de se réaliser dans un environnement économique, social et politique découlant de la nature même de la mission évangélisatrice de l'Eglise ; celle-ci part de la réalité fondamentale que c'est tout l'Homme et tout homme au sens plénier, dans toutes ses composantes qui doit être pris en considération dans la quête de changement .

Cette mission est largement étagée à travers les textes évangéliques qui définissent la vocation de l'homme, ses relations avec Dieu et ses semblables. Prosélytiste, elle s'adresse non seulement aux croyants, mais aussi à tous « les hommes de bonne volonté », car, le renouveau chrétien qui perçoit l'Eglise corps du Christ démontre de plus en plus des signes de tolérance, de dépassement des barrières liées aux doctrines, au genre, à la classe sociale, à la religion... « (1Cor : 12,13 ; Ga : 3,28 ; Eph : 2, 15-16 ; 3-6) »

Deuxièmement, l'Eglise n'est pas seule acteur historique. Il était donc question de connaître la dynamique des relations entre ces divers protagonistes et la dialectique de leur engagement, du fait que les Etats africains et leurs peuples ont, non seulement reconnu et compris le poids de l'Eglise, mais peuvent s'appuyer sur elle pour mieux canaliser les aspirations au changement.

De ces diverses considérations, nous comprendrons davantage pourquoi bien des conférences nationales ont été dirigées par des hommes de Dieu, des princes de l'Eglise catholique. Puisqu'on en parle, dans cette gestion participative à travers les rencontres, concertations, marches, séminaires/ateliers de formation et autres activités y liées, partant du principe biblique à chacun selon sa capacité et fort d'honnêteté intellectuelle de rigueur scientifique, nous avons eu à faire une mention spéciale quant au leadership de l'Eglise catholique locale et universelle. La supériorité numérique de ses fidèles, de son clergé bien formé et de ses oeuvres sociales, l'abondance de ses publications/autres productions en la matière, sa grande capacité mobilisatrice avec ou sans l'apport des autres confessions religieuses, sa tradition en termes de doctrine sociale de l'Eglise, sa structuration et son organisation interne assise sur du solide... justifient à suffisance notre approche.

Bien que respectueuse de ses dogmes, l'Eglise africaine en général et congolaise en particulier du 21è siècle commençant se trouve confrontée, au même titre que toute la société, à l'impérialisme de la mondialisation qui tend à « relativiser » certaines valeurs considérées par l'Eglise comme absolues. En conséquence, il apparait une série de difficultés d'ordre organisationnel parfois structurel au sein de quelques confessions religieuses gênant ainsi la planification, et/ou la coordination des actions d'envergure nationale, provinciale et locale (cas de la marche du 2 mars 1992 lorsque les Kimbanguistes et certaines assemblées évangéliques de réveil se sont désolidarisés) devant stimuler davantage la participation citoyenne pendant cette période cruciale.

D'autres fractures subsistent dans la mesure où d'autres confessions religieuses viennent comme des paravents, inhibiteurs de l'éclosion de vrais groupes oecuméniques de base dans les communautés les plus désemparées. La formule « Eglise au milieu du village » ne semble pas toujours marcher du fait des colorations politiques parfois très affichées des leaders religieux, ce qui engendre des querelles intestines de positionnement, de débauchage, et de diabolisation. Des dissensions subviennent également autour d'argent vu que beaucoup de confessions religieuses ne disposent pas des moyens financiers propres et appropriés pour répondre aux sollicitations grandissantes. Malgré l'approche de l'inculturation qui a décrété la prise en charge de l'Eglise par ses propres fidèles, le résultat final donne que la majeure partie d'entre elles (y compris les Eglises dites traditionnelles) sont tributaires des bailleurs de fonds internationaux. Ces derniers font souvent le diktat, influencent et même décident de l'orientation à donner auxdits fonds. Cette dépendance infantilise, affaiblit, réduit toute marge de manoeuvre et crée des dispersions. Voila le contexte difficile dans lequel a évolué l'Eglise congolaise pendant la longue transition jonchée de zones de turbulences.

L'orbite de transition sur laquelle est placée l'implication de l'Eglise exige des ses membres une franche collaboration, un leadership responsable, constructif et remarquable, afin de conduire à bon port l'objectif de l'instauration de la culture démocratique susceptible d'assurer l'avenir politique, économique et social de la RD Congo. Par ailleurs, elle doit se fixer des priorités pour mener des actions concrètes sans cesser de s'adresser aux dirigeants et aux hommes de bonne volonté engagés dans la voie de la refondation de l'Etat.

Avec les vicissitudes de la Transition, le Congolais a eu l'opportunité de se faire une opinion sur la gestion de l'Etat, d'évaluer ses leaders par rapport à des actions à impact visible en sa faveur, de s'opposer à adhérer aux discours démagogiques de quel que bord que ce soit, car, il faut bien le reconnaître, une prééminence trop visible de la hiérarchie de l'Eglise dans la définition des actions peut paraître suspecte à certains et créer un désintérêt dans le chef des leaders laïcs.

Point de doute que la RD Congo a une belle occasion de redonner plus d'espoir à l'Afrique et surtout à son peuple. Un peuple cheminant vers sa maturation, conscient de son destin et avec lequel il faudra désormais composer pour décider sur toutes les questions d'intérêt national; et à l'Afrique après quatre décennies de mauvaise gouvernance.

A maintes occasions qui lui sont offertes, l'Eglise ne cesse de prêcher le pardon, la reconnaissance des fautes, tords et la réconciliation. Fort de son leadership pesant, l'Eglise catholique répète son engagement à la réconciliation au sein de la classe politique.

Autant le Saint-Siège se veut engager en faveur d'une réconciliation authentique et durable entre les Chrétiens et les Juifs, autant l'Eglise catholique congolaise s'affirme de façon irrévocable sur le chemin choisi par le Concile Vatican II.

En somme, quel que soit le régime qui sera mis en place, le rôle de l'Eglise, doit demeurer un contre-pouvoir, ni alliée de l'opposition ni celle du pouvoir, car, leur raison d'exister est de veiller à ce que la société congolaise dans son ensemble fonctionne correctement. François MITTERRAND, que je cite de mémoire, disait : « on sauve la démocratie par le respect des lois. On la perd par la raison d'Etat », c'est tout dire, et ce sera faire justice à la Nation congolaise.


BIBIOGRAPHIE

1. OUVRAGES

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27. RDC: Élections sous haute surveillance militaire, Editions n°3774 du Mardi 11 juillet 2006, le Potentiel, Kinshasa, version électronique, www.lepotentiel.com/archives

28. Riez (Janos) et AMEGBLEAME (Simon), L'Eglise catholique face au processus de démocratisation au Togo, Editions Histoire, littérature et Société au Togo, Frankfurt, IKO, version électronique, 1997

29. Sénégal: Stade comble pour la 1ère messe de cardinal de Mgr Théodore SARR, 02 décembre 2007, Dakar, AFP, version électronique, www.jeuneafrique.com

30. TAO (Abdoulaye), A la recherche d'un Etat capable, `' 7e forum sur la gouvernance en Afrique, le 24 octobre 2007, Ouagadougou/ Burkina Faso, Editions n° 3982 du 25 octobre 2007, Quotidien le Pays, version électronique, www.lepays.bf

31. TSHILOMBO MUNYENGAYI: l'Eglise catholique face au processus électoral : fermeté et contradictions, Editions n° 3887 du vendredi 24 novembre 2006, le Potentiel, version électronique, www.lepotentiel.com

32. Vie pastorale, Archidiocèse de Kinshasa, numéro spécial RDC Elections 2006, Editions Epiphanie, Kinshasa, n°52-Octobre 2006, 4 pages

33. TSHILOMBO MUNYENGAYI, la transition démocratique à la lumière du paramètre MOBUTU, Editions n°3821 du 08 Septembre 2006, le Potentiel, version électronique www.lepotentiel.com

34. OULD MOHAMED VALL (Ely) : Tout a changé...sauf moi, Interview de François SOUDAN avec le Chef de la junte militaire et Chef de l'Etat de la Mauritanie, Jeune Afrique n° 2376 du 23-29 juillet 2006, version électronique, www.jeuneafrique.com

35. YACOUBIAN (Nina), Elections en RDC : les chiffres en disent long/ MONUC, 17 novembre 2006, version électronique, ww.monuc.org

3. TEXTES OFFICIELS

· Constitution de la Transition, version électronique, Journal officiel de la RDC, Cabinet du Président de la République, numéro spécial, 05 Avril 2003, www.presidentrdc.cd

· Constitution de la Troisième République du 18 Février 2006, version électronique, Journal officiel de la RDC, Cabinet du Président de la République, www.presidentrdc.cd/ constitution.html

· L'ordonnance présidentielle n°07/075 du 20 décembre 2007 portant convocation de la Conférence sur la Paix, la Sécurité et le Développement du Nord et du Sud Kivu, KINSHASA, décembre 2007, Journal officiel de la RDC, Cabinet du Président de la République, www.présidentrdc.cd

· L'ordonnance n°61-205 du 15 juillet 1991 portant convocation de la CNS, modifiant et complétant celle n° 91-097 du 11 avril 1991, Journal officiel de la République de la RDC (ex-Zaïre), Cabinet du Président de la République, www.présidentrdc.cd

4. MEMOIRES ET THESES

· DIDRIT (Nicolas), Le rôle de l'Eglise catholique dans la démocratisation du Togo, Maîtrise d'Anthropologie sociale et culturelle, Université Paris Sorbonne, Septembre 1996, www.nicus.club.fr/togo.htm

· Betty EULALIE, La Conférence nationale et le processus de démocratisation au Congo, Mémoire de DEA, Sciences politiques, Bibliothèques universitaire et facultaire Droit et CURAPP, Amiens, 1994, 130 pages

· Nomanyath MWAN-a MONGO, les Eglises de réveil dans l'histoire des religions en RDC, Thèse de Doctorat en Histoire des religions et analyse des phénomènes interculturels, Université Lille III- Charles de gaulle, Ecole doctorale Tesolac « Temps et société, langues et culture », Institut fédératif de recherche en Histoire des religions, 18 mai 2005, version électronique, 260 pages

5. AUTRES DOCUMENTS

1. Accord sur le pacte de non agression portant sur la paix, la sécurité, la stabilité et le développement dans la sous-région des Grands-lacs Africains signé à Nairobi au KENYA, 15 décembre 2006, version électronique, Journal officiel de la RDC, Cabinet du Président de la République, www.presidentrdc.cd

2. Accord Global et Inclusif de Sun City et Pretoria du 16 décembre 2002, version électronique, Journal officiel de la RDC, Cabinet du Président de la République, 04 avril 2003, www.presidentrdc.cd

3. Appel de Mgr L'Archevêque François Xavier MAROY aux congolais à participer au scrutin ce dimanche 30 juillet 2006, Bukavu, 25 juillet 2006, version électronique, www.cenco.cd

4. Appel des Eglises d'INONGO lancé par l'Evêque catholique d'INONGO et les responsables des autres confessions religieuses, version électronique, www.cenco.cd

5. Atelier national de la Société civile et des Eglises sur le dialogue inter congolais, Centre NGANDA, Kinshasa, 04-09 Octobre 1999, version électronique, www.grandslacs.net/doc

6. BLAIS(Serge), La prévention des conflits en Afrique : le rôle de la société civile, Développement et Paix, Agence canadienne de développement international, Exposé aux consultations organisées au Ministère des affaires étrangères et du commerce industriel sur la consolidation de la paix et de la sécurité humaine, Montréal, 25 Avril 2002, version électronique, 3 pages

7. Charte des Nations Unies, New-York, Nations-Unies, San Francisco, 26 juin 1945, 70 pages, www.un.org

8. Code de droit canonique de1983, Auctoritatae Ioannis Pauli PP. II Promulgatus Datum Romae, die xxv Ianuarii, anno MCMLXXXIII, version électronique, http://www.vatican.va/archive/FRA0037/_index.htm

9. Déclaration du Président de la République Française François Mitterrand lors du Sommet France Afrique de la Baule du 19-21 juin 1990, version électronique sur le web

10. DIANZUNGU DIA BINIAKUNU, J. et Cie, Education Civique et Morale en sixième secondaire, Éditions Centre protestant d'édition et de diffusion, Editions 2004, Kinshasa, 12O pages

11. Discours du Président Joseph KABILA KABANGE devant la 62è AG/ONU, Septembre 2007, version électronique, www.presidentrdc.cd

12. Dictionnaire Petit Larousse Illustré, les Editions Françaises Inc, Paris, 2004, 1569 pages

13. Discours d'investiture de Joseph KABILA KABANGE, KINSHASA, 26 janvier 2001, version électronique, www.presidentrdc.cd

14. Discours de Vital KAMHERE, Président de l'Assemblée Nationale, à l'occasion de la rentrée parlementaire, samedi 15 septembre 2007, Kinshasa, version électronique, www.assemblée-nationalerdc.org

15. Jean Paul II, Encyclique Redemptoris missio (la mission du Christ Rédempteur sur la valeur permanente du précepte missionnaire), version électronique, www. http:// www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jpii_enc_0712199_redemptoris-missio_fr.html

16. KAMBERE KAGHANIRYO ( Vincent), le memorandum des évêques zairois au Chef de l'Etat, plaidorie en faveur du peuple sacrifié, Séminaire de theologie dogmatique sous la direction du professeur Abbé SANTEDI, Editions des Facultés Catholiques de Kinshasa, Kinshasa, 2003-2004, www.cenco.cd

17. MABOKOI (Godefroid), CENCO lancement de la campagne, n°3773 du lundi 10 juillet 2006, le Potentiel, version électronique, www.lepotentiel.com

18. NGUNDU Mick, o.m.i, « L'engagement des fidèles laïcs dans le code de 1983 », dans l'engagement politique des fidèles du Christ selon le Code de droit canonique de1983, Kinshasa, Editions Baobab.1999, 72 pages

19. Pontficia Commisio ad codicis canones authentice interpretandos, Commission pontificale sur l'interprétation authentique du droit canon, 2 juin 1994, version électronique, http://www.vatican.va

20. Théodore HOLO, Bonne gouvernance, « la gestion efficiente des affaires publiques impliquant la notion de transparence et de responsabilité », Séminaire sur les Transitions Démocratiques, DEA-DHD, 2005-2006, Chaire Unesco, FADESP, UAC. Inédit

6. MEMORANDUMS ET DECLARATIONS

21. COMITE PERMANENT DE LA CONFERENCE EPISCOPALE DU ZAIRE : Mémorandum des Evêques au Chef de l'Etat sur le fonctionnement des institutions nationales et la situation générale du pays, Editions du Secrétariat Général de la CEZ, Kinshasa, 09 mars 1990, Kinshasa, 6 pages.

22. COMMUNICATON de la CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO  à propos des échéances électorales de la visite « ad limina apostolorum », Kinshasa, 11 janvier 2006, in le discours sociopolitique des Evêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) ; T2 : Messages, Déclarations et Points de presse des Evêques de la CENCO (1996-2006) et la Transition Politique, Editions des Facultés Catholiques de Kinshasa, Kinshasa, 208 pages.

23. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Secrétariat Général de la CENCO, Coordination des Actions pour la réussite de la Transition (CARTEC), Guide de formation de l'électeur congolais, Editions du Secrétariat Général CENCO, Kinshasa, Avril 2006, 30 pages.

24. CONFERENCE EPISCOPALE DU ZAIRE : Tous appelés à bâtir la Nation, Mémorandum et Déclaration des Evêques du Zaïre, Editions du Secrétariat Général de la CEZ, Kinshasa, 16 juin 1990, 24 pages.

25. CONFERENCE EPISCOPALE DU ZAIRE, Complémentarité des vocations et des missions au sein de l'Eglise pour le service de la Nation, Kinshasa, Editions du Secrétariat Général de la CEZ, 14 septembre 1992, n°16, 4 pages.

26. CONFERENCE EPISCOPALE DU ZAIRE : Pour une Nation mieux préparée à ses responsabilités, Message des Evêques du Zaïre aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté, Editions du Secrétariat Général de la CEZ, Kinshasa, 21 août 1994, 30 pages.

27. CONFERENCE EPISCOPALE DU ZAIRE : Le processus de démocratisation au Zaïre, obstacles majeurs et voies de solution, Editions du Secrétariat Général de la CEZ, Kinshasa, juillet 1996, 189 pages.

28. CONFERENCE EPISCOPALE DU ZAIRE : Bien Heureux les Artisans de la Paix (Mt 5,9), Les événements actuels et l'avenir du Zaïre, Message des Evêques du Zaïre aux catholiques et aux hommes de bonne volonté, Editions Secrétariat Général de la CEZ, Kinshasa, 31 janvier 1997, 15 pages.

29. CONFERENCE EPISCOPALE DU ZAIRE : Sauvons la Nation, Déclarations et Messages de la Conférence Episcopale du Zaïre à la Conférence Nationale Souveraine et en d'autres occasions pour soutenir le processus de démocratisation ainsi que la justice, la paix et l'unité nationale, Editions du Secrétariat Général de la CEZ, Kinshasa, 1997, 47 pages.

30. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Conduis nos pas, Seigneur, sur le chemin de la paix (cf. Luc 1,79), Message des Evêques catholiques de la République Démocratique du Congo aux fidèles et aux hommes de bonne volonté, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 07 novembre 1998, 6 pages.

31. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Sois sans crainte, vous êtes tous des frères, Arrêter les guerres, Message des Evêques CENCO, suivi du Message des Evêques ACEAC, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 15 novembre 1999, 30 pages, www.cenco.cd

32. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Courage ! Le Seigneur ton Dieu est au milieu de toi (So 3,17), Message des Evêques de la CENCO aux catholiques et à tous les hommes de bonne volonté, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 15 juillet 2000, 20 pages, www.cenco.cd

33. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Tous, pour les intérêts supérieurs de la Nation, Message des Evêques aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 02 mars 2001, 16 pages, www.cenco.cd

34. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Quel avenir pour le pays, Déclaration de la Conférence Episcopale dans la situation d'impasse politique actuelle en République Démocratique du Congo, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 06 juillet 2002, 61 pages, www.cenco.cd

35. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : J'ai vu la Misère de mon peuple (Ex. 3,7), TROP C'EST TROP, Message des Evêques de la RD Congo aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 15février 2003, 14 pages, www.cenco.cd

36. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Pour l'amour du Congo, je ne me tairai point (cf. IS 62,1), Message du comité permanent des Evêques de la RD Congo aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté, suivi du Mémorandum au Secrétaire Général des Nations Unies, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 14 février 2004, 96 pages, www.cenco.cd

37. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Frères, que devons-nous faire ? (Actes. 2,7), L'heure des responsabilités a sonné, Message des Evêques du Congo aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté, Suivi de la Déclaration de la CENCO sur les relations de l'Eglise Catholique avec le Kimbanguisme, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 03 juillet 2004, 95 pages, www.cenco.cd

38. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Voici le temps favorable, voici maintenant le jour du Salut (2 Cor 6,2), Le Congo nous appartient, Déclaration du Comité permanent des Evêques de la RDC sur la situation politique actuelle, aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 2005, 47 pages, www.cenco.cd

39. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Secrétariat Général CENCO, Coordination des Actions pour la réussite de la Transition (CARTEC), Présentation du matériel didactique produit par la CARTEC pour la formation de l'électeur congolais, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, avril 2005, 32 pages, www.cenco.cd

40. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO, Archidiocèse de Kinshasa, message « ELECTIONS 2006 : SOMMES-NOUS PRETS ? », Kinshasa, le 21 juillet 2006, www.archikinshasa.org

41. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Levons-nous et bâtissons ! (Néhémie 2,18). Pour un Congo nouveau. Déclaration du Comité permanent des Evêques de la RDC adressée aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, mars 2006, 10 pages, www.cenco.cd

42. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Message du Comité permanent des Evêques de la RD Congo, Changeons nos coeurs (cf. Jean 2 :13) : Appel à un engagement réel pour la reconstruction, du 09 février 2008, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 4 pages, www.cenco.cd

43. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : "Il est temps de nous réveiller" (Rm 13,11b), Message de la CENCO aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté à l'occasion du 48ème anniversaire de l'indépendance, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Editions du Secrétariat Général de la CENCO Kinshasa, 10 juillet 2008, 9pages, www.cenco.cd

44. DECLARATION DE LA CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO sur la reprise des hostilités dans l'Est et le Nord-est de la RD Congo, Encore le sang des innocents en RD Congo ! (cf. Jr 19, 4), 13 octobre 2008, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 2 pages, www.cenco.cd

45. DECLARATION DE LA CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO  sur la situation à l'Est du pays, « Arrêtez cette guerre », Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 22 décembre 2007, 2 pages, www.cenco.cd

46. DECLARATION de la CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO  sur les élections nationales, point de presse de la présidence de la CENCO, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 27 juillet 2006, 2 pages, www.cenco.cd

47. DECLARATION de la CEZ à la CNS, Editions du Secrétariat général de la CEZ, Kinshasa, 30 mai 1992, 17 pages.

48. Mémorandum de la CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO  aux participants à la Conférence sur la paix, la sécurité et le développement au NORD et au SUD-KIVU, « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix.» (Jn 14, 2), Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 05 janvier 2008, 6 pages, www.cenco.cd

49. MESSAGE des Evêques de la CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté, « La vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32), Le verdict des urnes dans la transparence, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 05 octobre 2006, 7 pages, www.cenco.cd

50. MESSAGE des Evêques de la CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté à l'occasion du 47e anniversaire de l'indépendance, Kinshasa, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, 07 juillet 2007, 9 pages, www.cenco.cd 

51. Message des Eglises catholiques, orthodoxes, protestantes et kimbanguistes, 08 Août 1991, in le discours sociopolitique de l'Eglise Catholique du Congo (1956 -1998) ; T1 : Textes de la Conférence Episcopale, Editions des Facultés Catholiques de Kinshasa, Kinshasa, 1998, 495 pages

52. Partenariat Confessions Religieuses de la RD Congo : Protocole d'accord pour l'Education Civique et Electorale, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 29 Juillet 2004, 3 pages.

7. WEBOGRAPHIE

1. www.afrique-asie.com

2. www.cenco.cd (Conférence épiscopale nationale du Congo)

3. www.cean.u-bordeaux.fr

4. www.dia-afrique.org

5. www.diastode.org (diaspora togolaise de l'étranger)

6. www.digitalcongo.net

7. www.figaro.fr

8. www.groupelavenir.com

9. www.lemonde.fr

10. www.lepays.bf

11. www.lepotentiel.com

12. www.lesoftonline.net

13. www.jeuneafrique.com

14. www.lalibre.be

15. www.lesoir.be

16. www.wcc-coe.org/wcc/africa (Conseil oecuménique des Eglises)

17. www.zenith.org

Tables des matières

AVERTISSEMENT i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

PRINCIPAUX SIGLES ET ABBREVIATIONS v

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIÈRE PARTIE : LA PROBLEMATIQUE DE L'INTERVENTION DE L'EGLISE DANS LE TEMPOREL EN RD CONGO DE 1990 À 1997 9

CHAPITRE 1: LA PARTICIPATION DE L'EGLISE À L'ACCOMPAGNEMENT DU PROCESSUS DE DÉMOCRATISATION 12

Section 1. Les actions et enseignements pastoraux 12

Paragraphe 1. Un rôle d'avant-garde 12

A. La Transition démocratique, un contexte favorable 13

B. Le Mémorandum historique du clergé catholique 15

Paragraphe 2. Les vicissitudes au processus de changement 18

A. Obstacles et Obstructions du pouvoir 18

B. Discours de vérité et de conscientisation 21

Section 2. Une présence rayonnante et émergente de l'Eglise 22

Paragraphe 1. L'Eglise, partenaire social privilégié de l'Etat 23

A. Leadership permanent de l'épiscopat catholique 24

B. l'Emergence des Eglises de Réveil 26

Paragraphe 2. L'impact de l'oecuménisme dans le processus de démocratisation 27

A. La Chaîne de Solidarité Agissante 27

B. Les actions en collaboration 28

CHAPITRE II : LA PARTICIPATION DE L'EGLISE AU SEIN DES INSTITUTIONS DE TRANSITION 31

Section1. L'exercice par l'Eglise du pouvoir temporel 31

Paragraphe 1. La direction de la conférence nationale, un engagement politique salutaire 32

A. L'unité dans la diversité 33

B. La prise en charge directe du temporel 33

Paragraphe 2 : Les obstacles à l'ascension du clergé catholique à la direction de la conférence nationale 36

A. Les réticences du Vatican 36

B. L'opposition ouverte du pouvoir en place 39

Section 2. La reprise en main de la situation par le pouvoir du Maréchal MOBUTU 40

Paragraphe 1: La paralysie des Institutions issues de la Conférence Nationale Souveraine 41

A. Le flou dans la convocation de la Conférence Nationale Souveraine 41

B. La grande marche pacifique du 16 février 1992 44

Paragraphe 2. Le poids « MOBUTU » dans le processus de démocratisation 47

A. Maintien de l'intégrité du territoire national 48

B. Fragilisation chaotique du processus de démocratisation (1994-1997) 49

DEUXIEME PARTIE : DU REVEIL POLITIQUE DE L'EGLISE, 1997 A 2006 53

CHAPITRE 1 : ENGAGEMENT POLITIQUE DE L'EGLISE 55

Section 1 : Dynamisme lors des rencontres politiques 57

Paragraphe 1. Des Pourparlers au Dialogue Inter Congolais 57

A. Les exigences du dialogue inter congolais 58

B. Appel de l'Episcopat catholique 59

Paragraphe 2. Le poids de l'Eglise dans le dialogue inter congolais 60

A. L'exhortation à l'unité 61

B. Le dénouement historique 61

Section 2 : L'Eglise et les Institutions politiques de transition 62

Paragraphe 1. Double qualité de prélat et d'homme d'Etat 63

A. Mission évangélique 63

B. Missionnaire politique 64

Paragraphe 2. Bilan de la gestion de l'Eglise dans les Institutions de la Transition 65

A. Une épreuve assumée 66

B. La Perception de l'opinion publique 68

CHAPITRE 2 : L'EGLISE ET LES NOUVEAUX DEFIS 71

Section 1 : Nécessités pré-électorales 71

Paragraphe 1. Des actions nécessaires face au processus électoral 71

A. Des actions mobilisatrices 72

B. Déroulement du processus électoral 75

Paragraphe 2. Craintes et espoirs 76

A. Le triomphe d'un choix 76

B. Une rencontre piégée 77

Section 2: Perspectives d'avenir 83

Paragraphe 1. Rétablir les ressorts 84

A. Un sursaut patriotique et responsable 85

B. Consolidation de l'Etat de droit démocratique 87

Paragraphe 2. La responsabilité collective dans un projet commun 88

A. Consolidation de la paix et de la concorde nationale 90

B. Intérêt postélectoral dans l'action de l'Eglise 91

CONCLUSION GENERALE 98

BIBIOGRAPHIE 103

ANNEXES

* 1Dictionnaire Petit Larousse Illustré, Paris, les Editions Françaises Inc., 2004, p.365

* 2 Au cours de l'histoire, les rapports entre l'Église et l'État ont toujours été complexes. Ce débat qui s'inscrit dans la dynamique historique tendant à définir les rapports entre l'Etat et l'Eglise, accompagne toute l'évolution historique de la société depuis la reconnaissance officielle de l'Eglise par L'Empire romain jusqu'à ce jour. Tout au long de sa longue et tumultueuse évolution émaillée de crises de légitimité, l'Eglise a façonné les structures sociales, culturelles, politiques et économiques du vieux continent. Elle lui a même imposé le rythme de son temps jusqu'au moment où, au XVIIe siècle, elle a dû lâcher la prise au profit des philosophies laïques, qui au nom de la raison, lui contestait sa mission sur la société, encore faut-il admettre, que les nouvelles valeurs laïques ne sont que des valeurs chrétiennes progressivement laïcisées

* 3 S'agissant de la France, le principe de la laïcité est une  construction juridique à valeur constitutionnelle et non idéologique c'est-à-dire répond plus du droit public que de l'intimité des consciences, en vertu de la loi du 09 décembre 1905 sur la laïcité. Lire Charles ARAMBOUROU, Et la laïcité en Europe?, 1905-2005 Après un siècle de séparation de l'Eglise et l'Etat, 25déc2005, p.1 in www.démocratie-socialisme/article

* 4 Les relations entre l'Eglise (le spirituel) et la société civile, notamment l'Etat (temporel) repose sur deux paradigmes aux interprétations contradictoires à savoir: rendre, laisser à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu

* 5En tant qu'institution, son intervention s'explique et se justifie par le fait que la nouvelle évangélisation des peuples s'inscrit également dans l'optique de la reconnaissance et du respect des droits fondamentaux de l'homme.Cf. Charte des Nations Unies, §2 du Préambule, Nations-Unies, New-York, 1945, p.3

* 6 Il existe plusieurs méthodes mais on peut les regrouper autour de deux : les méthodes synchroniques et les méthodes diachroniques. Les méthodes synchroniques voient les choses avec un oeil statique ; tandis que les méthodes diachroniques considèrent les faits dans leur dynamisme. Le changement y est la donne la plus importante ; les faits sont vus avec un oeil dynamique.

* 7 GESLIN (J-D), Quand l'Eglise prêche le consensus, in Jeune Afrique n°2365 du 07-13 mai 2006, Paris, p.14

* 8 Propos tenus dans le cadre de la prévention des conflits en Afrique : le rôle de la société civile, exposé aux consultations du MEACI sur la consolidation de la paix et la sécurité humaine, 25 avril 2002, Développement et paix, Agence canadienne développement international, www.diastode.org

* 9 AIVO (F.J), Le président de la République en Afrique noire francophone, Paris, l'harmattan, 2007, p.354

* 10 D'ailleurs, en remontant à l'antiquité, il est attesté que cet engagement pour le triomphe de la liberté se fonde sur des théories religieuses antérieures ainsi que sur de nombreux travaux scientifiques. Sans équivoque sur la vocation démocratique de l'Eglise catholique, Léo MARTIN soutient que la démocratisation de l'Europe, inscrite dans la première vague de Samuel HUNTINGTON, a été au moins indirectement influencée par le legs démocratique de l'Eglise

* 11 Le Concile Vatican II fut un tournant majeur dans l'engagement de l'Eglise contre les dictatures de tout poil. Officiellement, la haute hiérarchie de l'Eglise catholique s'était engagée à soutenir la détermination de l'ensemble des clergés africains dans les pays sous le joug des dictatures ostentatoires. En légitimant cette lutte des Eglises locales, ce fut une nouvelle orientation de la doctrine catholique.

* 12Propos tenus lors de l'échange des voeux de Nouvel an avec les corps diplomatique, Lire Anicet MUNGALA A.S : Le Consensus politique et la renaissance de la RDC, Kinshasa, Editions du Cerdaf, 2002, p.35

* 13 MWAYILA TSHIYEMBE, le Zaïre et la Troisième République, réflexions sur le projet constitutionnel adopté par la Conférence Nationale Souveraine, Directeur de l'Institut Panafricain de Géopolitique de Nancy, http://www.congonline.com/ConstEtudes.html

* 14Vincent KAMBERE KAGHANIRYO, Le memorandum des évêques zairois au Chef de l'Etat, plaidoirie en faveur du peuple sacrifié, Séminaire de theologie dogmatique sous la direction du professeur Abbé SANTEDI, Facultés Catholiques de Kinshasa, 2003-2004, p.11

* 15 Ce texte fut publié cinq jours plus tard in Jeune Afrique, édition n°1527 du 09 avril 1990, p.20-25, et il fut établi que la fuite avait eu lieu au niveau des services de l'Etat et non pas au niveau de la Nonciature apostolique ou au siège de la Conférence épiscopale (cf. Léon De Saint Moulin, OEuvres complètes du Cardinal MALULA, Kinshasa, 1997, No 6, p.330 cité par De SAINT MOULIN (L) & GAISE N'GANZI(R). : le discours sociopolitique de l'Eglise Catholique du Congo (1956 - 1998) ; T1 : Textes de la conférence épiscopale, Editions des Facultés catholiques de Kinshasa, Kinshasa, 1998, p.335

* 16 Le MPR, Mouvement Populaire de la Révolution a été créé le 2O mai 1967 par son Fondateur Joseph Désiré MOBUTU SESE SEKO KUKU NGWENDU WA ZA BANGA. Cinq ans après sa prise de pouvoir par un coup de force le 24 novembre 1965 c'est-à-dire, en Octobre 1970 à l'issue de son congrès tenu à Kinshasa, les participants ont décidé de sa sublimation dans les institutions de la République. Une loi constitutionnelle datée du 29 octobre 1970 l'instituait comme la seule institution au pays (cf. Loi n° 74 / 020 du 15 août 1974 portant révision de la constitution du 24 juin 1967 ou la Constitution de Luluabourg). Après cette révision, toutes les autres institutions furent supprimées pour ne devenir que des organes du MPR : Congrès, le Conseil législatif (Parlement), l'Exécutif (le gouvernement). En référence au congrès ordinaire du MPR tenu Kinshasa du 06-11 décembre 1982, l'expression Parti-Etat fut introduit : la mobutisation du pays selon le professeur KAYEMBE NTAMBA [lire Fonctionnement et financement des partis politiques en RD Congo par  TSHILOMBO MUNYENGAYI, Editions du Potentiel n°3985 du Vendredi 30 Mars 2007, Kinshasa, in www.lepotentiel.com

* 17L'emploi du terme vide juridique ici renvoie à un article de la Constitution du Zaïre de l'époque qui disposait que le président fondateur du MPR était de droit président de la République. Et donc, annoncer solennellement son départ du parti-Etat MPR qui cessait de l'être, ipso facto, il cessait également d'être président de la République

* 18Anicet MUNGALA A S, op. cit. , p.37

* 19 Maitre Robert DOSSOU, actuel président de la Cour Constitutionnel du Bénin, est une référence, un modèle et fierté notoire pour son pays et pour l'Afrique. Homme de droit et acteur politique, il fut Bâtonnier de l'ordre des avocats du Bénin, Doyen de la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Politiques, plusieurs fois Ministre dont celui des affaires étrangères. Vers les années 1980, il fut un des artisans les plus actifs du processus de passage du Marxisme-léninisme à la démocratie. Président du comité préparatoire de la Conférence des Forces Vives de la Nation Béninoise, Maitre Robert DOSSOU a été sous la présidence de Nicéphore Dieudonné SOGLO, (1991-1996), un des animateurs de la vie politique et institutionnelle du Bénin. Il a fait partie également du cercle immédiat du Candidat Thomas BONI YAYI, actuel président de la République du Bénin et reste une des figures marquantes du régime installé en Avril 2006. Il a été désigné par Maitre Abdoulaye WADE, actuel président de la République du Sénégal, président de la commission ad hoc mise en place à la demande de l'Union Africaine sur le dossier judiciaire de l'ancien président du TCHAD, Hussein HABRE, exilé au Sénégal depuis son renversement par coup d'état militaire en 1990.

* 20Anicet MUNGALA A S : Le Consensus politique et la Renaissance de la RDC, Kinshasa, Editions du Cerdaf, 2002, p.35

* 21 Voir Secrétariat Général de la Conférence épiscopale du Zaïre, le processus de démocratisation au Zaïre, Ed. Secrétariat Général CEZ, Kinshasa, 1996, p.5

* 22 Message des Eglises catholiques, orthodoxes, protestantes et kimbanguistes, 08 Août 1991, in le discours sociopolitique de l'Eglise Catholique du Congo (1956 - 1998) ; T1 op. cit, pp. 362-364

* 23 Déjà à partir de 1960, ce concept avait traduit le principe de l'appropriation de l'Eglise par les fidèles chrétiens, en premier lieu les catholiques. Ayant fait école, cela avait beaucoup joué dans l'enracinement ou le renforcement de la connaissance et la pratique, afin d'offrir à l'Eglise en général des perspectives sur la meilleure façon de relever les défis auxquels elles sont confrontées. Ce processus a abouti au sein de l'Eglise catholique surtout à ce qu'on appelle l'inculturation (le fait d'introduire les cultures locales dans la vie de l'Eglise : rite congolais approuvé par le Saint-Siège et dont l'illustration de taille reste la béatification de Bienheureux Isidore BAKANDJA par le Pape Jean-Paul II)

* 24 Martin EKWA bis ISAL, s.j, l'Ecole trahie, Editions Cadicec, Kinshasa, 2004, p.18

* 25 Faustin-Jovite MAPWAR BASHUTH et Cie, histoire au service de l'Eglise, de la jeunesse et de la société, Facultés Catholiques de Kinshasa, Editions Facultés Catholiques de Kinshasa, 2007,400 p.

* 26Pape Jean Paul II, Redemptoris missio sur la valeur permanente du précepte missionnaire, 12.07.1990, in http:// www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jpii_enc_0712199_redemptoris-missio_fr.html.

* 27Idem,http:// www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jpii_enc_0712199_redemptoris-missio_fr.html. Une encyclique est une lettre solennelle (ou bulle) concernant la foi et la morale, que le Pape adresse en qualité de Successeur de pierre à tous les chrétiens, clercs ou laïcs. La promulgation d'une encyclique constitue toujours un évènement d'Eglise important. LA MISSION DU CHRIST REDEMPTEUR que JEAN-PAUL II publia, pour le 25e anniversaire du Décret "Ad Gentes" (Envoyée par Dieu aux païens) du Concile Vatican II, est véritablement un évènement prophétique traitant de "la mission auprès de tous ceux qui ne connaissent pas le Christ".

* 28 DIANZUNGU DIA BINIAKUNU, J. et Cie, Education Civique et Morale en sixième secondaire,

Éditions Centre Protestant d'Edition et de Diffusion, 2004, Kinshasa, 120p.

* 29Wamu OYATUMBWE, Eglise catholique et pouvoir politique au Congo-Zaïre : la quête démocratique, Editions l'Harmattan, Paris, 1997, p.1, www.éditions-harmattan.fr

* 30Gérard CONAC :Quelques réflexions sur les transitions démocratiques en Afrique, in bilan des conférences nationales et autres processus de transition démocratique en Afrique, Colloque de Cotonou du 19-23 Février 2000, Paris, Pedone, 2001, p.346

* 31 MUKUNA MUTANDA P., Préface du livre de GAISE N'GANZI, L'Eglise catholique et le processus de démocratisation au Zaïre (24 avril 1990-24 avril 1995), Essais et Témoignages, Kinshasa, FCK, 1996, p.7

* 32 Voir CEZ, Sauvons la Nation, Déclaration et messages de la CEZ à la CNS et en d'autres occasions pour soutenir le processus de démocratisation ainsi que la justice, la paix et l'unité nationale, Editions du Secrétariat Général de la CEZ, Kinshasa, 1997, p.3.

* 33 LUDIONGO NDOMBASI, Normes canoniques pour l'engagement politique des chrétiens et des ministres sacrés, dans Eglises et démocratisation en Afrique, Actes de la XIXe semaine théologique de Kinshasa du 21 au 17 novembre 1993, Kinshasa, Editions Facultés catholique de Kinshasa, 1994, p. 308.

* 34 LUDIONGO NDOMBASI, ibidem, p.323

* 35 CEZ, Pour une nation mieux préparée à ses responsabilités, Kinshasa, Edition du Secrétariat Général de la CEZ, 1994, n0 34-35, p.8

* 36 Stéphane Dupont, envoyé spécial JAE, Le Souverain pontife prêche la démocratisation, JAE n° 165, Mars 1993, p.88

* 37 Stéphane Dupont, ibidem, p.86

* 38Stéphane Dupont, ibidem, p.86

* 39 Idem ; p.89

* 40 AIVO (FJ), op. cit, p.356

* 41 Voir F. BOILLOT, l'Eglise catholique face aux processus de changement politique du début des années 1990, l'Année Africaine, 1992-1993, pp. 115-114, cité par AIVO (FJ), op Cit.

* 42 Secrétariat Général de la Conférence épiscopale du Zaïre, le processus de démocratisation au Zaïre, Ed. Secrétariat Général CEZ, Kinshasa, 1996, p.40

* 43Voir Pontficia Commisio ad codicis canones authentice interpretandos, (Commission pontificale sur l'interprétation authentique du droit canon) cité par LUNDIONGO NDOMBASI, ibidem, p.308 Par décision papale du 2 juin 1984, Jean-Paul II renomma la commission sous le titre de « commission pontificale pour l'interprétation authentique du droit canon », avec la charge de veiller à l'application du nouveau code de droit canonique publié en 1983. Il prend son nom actuel en 1988 par la constitution apostolique Pastor Bonus. En 1990, la « commission Pontificale pour la réforme du droit canon des Églises orientales » est dissoute, suite à la publication du code des canons des Églises orientales. Une partie de ses compétences est alors confiée au « conseil pontifical pour les textes législatifs ».

* 44 CEZ, Complémentarité des vocations et des missions au sein de l'Eglise pour le service de la Nation, Kinshasa, Editions du Secrétariat Général de la CEZ, 1994, n°16, p.4

* 45 Voir Secrétariat Général de la Conférence épiscopale du Zaïre, le processus de démocratisation au Zaïre, Editions du Secrétariat Général CEZ, Kinshasa, 1996, pp.46-51

* 46COMITE PERMANENT DE LA CONFERENCE EPISCOPALE DU ZAIRE : Mémorandum au chef de l'Etat, le mal est à la racine et non en surface, in DC n°2006 du 20 mai 1990, p.511-515

* 47 AIVO (FJ), op cit. p.365

* 48 Cette expression signifie que l'homme aimait se promener muni d'une canne et coiffé d'un chapeau à la toque du Léopard, attributs du pouvoir mobutien.

* 49COMITE PERMANENT DE LA CONFERENCE EPISCOPALE DU ZAIRE : Mémorandum au chef de l'Etat, le mal est à la racine et non en surface, in DC n°2006 du 20 mai 1990, p.511-515

* 50Cf. L'ordonnance n°61-205 du 15 juillet 1991 portant convocation de la CNS, modifiant et complétant celle n° 91-097 du 11 avril 199, version électronique, Journal officiel de la RDC, Cabinet du Président de la République, www.presidentrdc.cd

* 51Mgr Laurent MONSENGWO PASINYA, Communiqué de presse, 20 Septembre 1991, in Secrétariat Général de la Conférence épiscopale du Zaïre, le processus de démocratisation au Zaïre, Editions du Secrétariat Général CEZ, Kinshasa, 1996, p.9

* 52Déclaration radiodiffusée de Mgr MONSENGWO, in Documentation et Informations Africaines (23octobre1991), 2pages spéciales, p. 721, repris dans Zaïre-Afrique (1991) n° 259, p. 469-470, Kinshasa, 22 oct. 1991

* 53 Isidore NDAYWELL ès NZIEM & Roger GAISE NGANZIEM: 25 ANS D'EPISCOPAT AU SERVICE DE LA VERITE, LA JUSTICE ET DE LA PAIX (1980-2005), Tome I : Mgr Laurent MONSENGWO Pasteur Infatigable 604 pages, Tome II : Mgr Laurent MONSENGWO Artisan de Justice et de Paix 408 pages et Tome III : Mgr Laurent MONSENGWO Passionné de la Science 628 pages, les Editions Karthala/Paris et Mediaspaul/Kinshasa, 2008

* 54Godefroid KÄ MANA, Hommes de Dieu et gestion des élections: les Eglises appelées à sauver le Congo, in le Potentiel n° Edition 3725 du Vendredi 12 Mai 2006, www.lepotentiel.com/archives

* 55KÄ MANA, ibidem

* 56 in Secrétariat Général de la Conférence épiscopale du Zaïre, op.cit n° 7, p.3

* 57 La classe politique fut en ébullition étant donné que le partage équitable et équilibré'' des postes de responsabilité était imminent. Ce terme qui venait enrichir le vocabulaire politique congolais concerne essentiellement les entreprises publiques, les portefeuilles  ministériels, la territoriale et la diplomatie. Prélude de la base de l'Accord de Sun City et Pretoria en 2003, cette pratique caractérielle de la clase politique congolaise engendrera pendant la nouvelle période de transition une autre formule toute aussi originale, celle de 1+4 au sommet de l'Etat.

* 58La mise en place d'un gouvernement constitué de toutes les tendances politiques, dirigé par Léon KENGO WA DONDO, en remplacement de celui issu de la CNS.

* 59 KAMTO (M.), « Les Conférences nationales africaines ou la création révolutionnaire des Constitutions », cité par AIVO (FJ), op cit. p. 382

* 60 l'histoire de notre pays nous rappelle que les Pères de l'indépendances avaient posé les jalons de la démocratie avec la création des partis politiques, grâce auxquels ils vont concourir aux élections générales, dont celles de mai 1960 étaient les plus déterminantes, avec Patrice EMERY LUMUMBA, premier ministre et Joseph KASA VUBU premier président de la République. Ainsi donc, lors de l'accession de notre pays à la souveraineté internationale, l'Assemblée Nationale jouait le rôle de catalyseur de la démocratie par la qualité des débats et, surtout, par le biais du contrôle de l'action gouvernementale. Plusieurs courants politiques, notamment les Nationalistes, les Confédéralistes et les Fédéralistes, s'exprimaient librement sans être inquiétés le moins du monde. Ce climat de convivialité, qui a caractérisé les premiers mois de l'indépendance, va connaître des hauts et des bas à cause de l'instabilité politique et de multiples rébellions qui ont endeuillé le pays. L'espoir reviendra avec les élections législatives de 1965, à l'issue desquelles un nouveau Parlement fut installé, avec une majorité de la Convention Nationale Congolaise du Premier Ministre Moïse TCHOMBE. Hélas, cette deuxième expérience ne fut que de courte durée, car le non-respect du choix clairement exprimé par le peuple replongea le pays dans la crise, laquelle servit de prétexte au haut commandement militaire avec le lieutenant général Joseph-désiré MOBUTU pour s'emparer du pouvoir

* 61Cf. Déclaration du Président François Mitterrand de la République Française lors du Sommet France Afrique de la Baule (19-21 juin 1990) et la doctrine du premier ministre Edouard Balladur qui conditionnait l'octroi de l'aide française aux Etats Africains par les réformes démocratiques, à l'instar de conclusion des programmes avec les bailleurs des fonds

* 62Lire TSHILOMBO MUNYENGAYI, la transition démocratique à la lumière du paramètre MOBUTU, le Potentiel n°3821 du 08 Septembre 2006,www.lepotentiel.com/archives

* 63Proverbe Bambara / Sénégal

* 64Cette perversion du pouvoir se fait sentir durement lors des travaux de la CNS. Comme un avion frappé par une panne technique en plein vol, la CNS a connu une cérémonie de clôture brusque et humiliante le 05 Décembre 1992, un atterrissage forcé pour sauver les meubles. Cette navigation à vue par le régime répressif du Maréchal Président MOBUTU aggravera continuellement la crise politique, et débouchera sur le déclenchement de la lutte armée sous la houlette de quelques fils et filles du pays déterminés à le chasser et conquérir par la force, le pouvoir d'Etat.

* 65MAO, L'histoire inconnue, Gallimard 2006, cité par CHRISTOPHE BOISBOUVIER pour JA, De KASAVUBU à KABILA, in JA n° 2377 du 30 Juillet-05 Août 2006, p.50

* 66Devant l'avancée vertigineuse des troupes rebelles de l'AFDL, le Maréchal -président MOBUTU et sa famille sonneront le glas de son régime par leur fuite le 16 mai 1997 de Kinshasa, laissant le pouvoir d'Etat aux mains de Laurent Désiré KABILA, appelé Mzée affectueusement par la population et qui s'autoproclama président de la RD Congo. C'était la fin d'une guerre, fut-elle d'agression en droit international, mais acceptée et cautionnée par l'ensemble du peuple meurtri par un régime répressif qui refusa complètement de répondre aux appels incessants de l'Eglise pour un changement sans violence ni recours aux armes.

* 67Voir CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Conduis nos pas, Seigneur, sur le chemin de la paix (cf. Luc 1,79), Message des Evêques catholiques de la République Démocratique du Congo aux fidèles et aux hommes de bonne volonté, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 1999, § 4, p.6

* 68 Cf. Bien Heureux les Artisans de la Paix (Mt 5,9), Les événements actuels et l'avenir du Zaïre, rôle de l'Eglise, Message des Evêques du Zaïre aux catholiques et aux hommes de bonne volonté, Editions du Secrétariat Général de la CEZ, Kinshasa, 1997, p.8

* 69 Voir CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Sois sans crainte, vous êtes tous des frères, Arrêter les guerres, Aux dirigeants politiques § 8, Message des Evêques CENCO, Suivi du Message des Evêques ACEAC, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 1999, p. 23

* 70 Bien Heureux les Artisans de la Paix (Mt 5,9), Les événements actuels et l'avenir du Zaïre, rôle de l'Eglise, Message des Evêques du Zaïre aux catholiques et aux hommes de bonne volonté, Editions Secrétariat Général de la CEZ, Kinshasa, 1997, p.8

* 71 CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Tous, pour les intérêts supérieurs de la Nation, Message des Evêques aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 2001, pp.3-4

* 72 Militaire chevronné, il fut élevé par son père en 1998 au grade de Général-major des Forces Armées Congolaises (FAC) et plus tard aux fonctions de Chef d'Etat-major de la force terrestre. Aussitôt investi à la tête du pays, le fils de Mzée (« le sage » en swahili) Joseph KABILA KABANGE s'est attelé à créer un climat propice à la paix, à la pacification et à la réconciliation en prenant des mesures accordant l'amnistie, pour faits de guerre, infractions politiques et d'opinions aux membres des anciens mouvements rebelles, permettant ainsi le retour des compatriotes exilés au lendemain de la prise du pouvoir par l'AFDL. Bien qu'il fût projeté sans y être dans ce sens politiquement préparé, cette désignation représentait aux yeux de beaucoup le compromis le plus acceptable pour éviter que le pays ne sombre dans le chaos. Telle fut la solution avancée par le Conseil des ministres élargi au Haut Commandement militaire qui ont recherché une solution crédible à l'absence de disposition constitutionnelle établie

* 73 Discours d'investiture de Joseph KABILA KABANGE, 26 janvier 2001, Journal officiel, Cabinet du président de la République, version électronique, www.presidentrdc.cd ou sur le web et Voir Frédéric LEJEAL, Joseph KABILA succède à son père à la tête de la RD Congo, version électronique, J.A. du 20 janvier 2008, www.jeuneafrique.com

* 74 Les composantes et entités désignent les parties prenantes au dialogue inter congolais à savoir le Gouvernement, l'Opposition armée RCD&MLC, l'opposition politique ou opposition non armée et la société civile dont font partie les confessions religieuses.

* 75 Robert MINANI (s.j), Existe-t-il une doctrine sociopolitique de l'Eglise, Editions CEPAS, Kinshasa, 2000, p.17

* 76 Voir la position du Saint-Siège exprimée par le Pape Jean-Paul II, cité par Stéphane Dupont, envoyé spécial JAE, Le Souverain pontife prêche la démocratisation, in JAE n° 165, Mars 1993, p.88

* 77Voir KÄ MANA, Hommes de Dieu et gestion des élections: les Eglises appelées à sauver le Congo, in le Potentiel n° Edition n°3725 du Vendredi 12 Mai 2006,www.lepotentiel.com/archives

* 78 La classe politique congolaise est considérée comme un marigot contenant énormément de caïmans

* 79 Au lendemain de sa prise de pouvoir d'Etat, le nouveau régime AFDL mit fin à la cacophonie notamment par le refus et le rejet de toutes les Institutions de transition issues de la CNS, les considérant comme à la solde de l'ancien pouvoir.

* 80 Cette expression fait allusion à la prise du pouvoir par la force de l'AFDL conduite par Mzée Laurent-Désiré KABILA et la remise en cause des Institutions de transition qui, selon le prélat, avaient permis l'avancée du processus de démocratisation au RD Congo (Zaïre).

* 81 Comme lors de son interview à la RFI avec Christophe BOISBOUVIER, il a annoncé officiellement le report de l'organisation des élections en 2006. Cela provoqua un tollé des déclarations hostiles, la destruction des infrastructures ecclésiastiques à KINSHASA surtout en guise de représailles par les partisans hostiles au processus électoral comme l'UDPS, les tentatives de lynchage dont il a été l'objet à KANANGA, chef-lieu de la province du KASAÏ-OCCIDENTAL et fief de l'UDPS lors de la campagne de sensibilisation des fidèles aux opérations électorales. Rappelons ici que cette campagne était organisée par les communautés ecclésiastiques, chacune l'organisait dans la ville de son choix, et ce, de manière rotative. Et à chaque rotation, l'ouverture et la clôture des travaux étaient sous la présidence de Mr L'Abbé Apollinaire MALUMALU, président de la CEI. Le choix de l'Eglise Orthodoxe était la ville de KANANGA où cette dernière a une grande mission, mais laquelle se trouve être un des bastions du parti d'opposition UDPS qui était farouchement opposé au processus électoral. Ce qui a justifié largement le courroux de ses partisans à l'encontre de Mr l'Abbé Président de la CEI, pris comme bouc émissaire.

* 82Léon KENGO WA DONDO, actuel président du SENAT, l'homme d'Etat est Docteur en droit et n'est pas à présenter en RD Congo pour avoir gravi plusieurs échelons. Il est de façon ironique notoirement appelé l'homme de la rigueur pour tout le mal que sa politique de la rigueur drastique et orthodoxe appliquée a fait au peuple pendant tous ses passages à la Primature dont il a gardé le record des Premiers Ministres au temps du Maréchal-président MOBUTU. Il est également présenté comme très proche des milieux occidentaux notamment les Institutions de BRETTON WOODS (Fonds Monétaire International&Banque Mondiale)

* 83 Voir Vie pastorale, Archidiocèse de Kinshasa, numéro spécial RDC Elections 2006, Edition Epiphanie, Kinshasa, n°52-Octobre 2006, p.49

* 84Vie pastorale, Archidiocèse de Kinshasa, numéro spécial RDC Elections 2006, op cit. p.49

* 85Godefroid KÄ MANA, Hommes de Dieu et gestion des élections: les Eglises appelées à sauver le Congo, in le Potentiel Edition n°3725 du Vendredi 12 Mai 2006,www.lepotentiel.com/archives

* 86CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : J'ai vu la Misère de mon peuple (Ex. 3,7), TROP C'EST TROP, Message des Evêques de la RDC aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté, Editions Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 2003, www.cenco.cd, 14 pages.

* 87 Octave M. LUAMELE, Appui aux Institutions de la transition, l'Eglise catholique lance la campagne d'éducation civique pour les élections, Kinshasa, Quotidien indépendant L'Avenir du 10 Mars 2004, www.groupelavenir.cd

* 88 CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Pour l'amour du Congo, je ne me tairai point (. IS 62,1), Message du comité permanent des Evêques de la RDC aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté, suivi du Mémorandum au Secrétaire Général des Nations Unies, Editions Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 2004, www.cenco.cd, 96 pages.

* 89 Godefroid MABOKOI, CENCO lancement de la campagne, Le Potentiel n°3773 du lundi 10 juillet 2006,

* 90Voir le Partenariat des Confessions religieuses de la RDC : Protocole d'accord signé le 29 Juillet 2004 par : Messeigneurs Laurent MONSENGWO PASINYA (Eglise Catholique), Pierre MARINI BODHO (Eglise Protestante), Simon NZINGA MALUKA (Eglises Indépendantes), Prof. Théodore FUMUNZANZA GIMUANGA (Eglise Orthodoxe), Imam Abdallah MANGALA (Communauté Islamique) Bishop Albert KANKIENZA MWANA MBO (Eglises de Réveil), www.cenco.cd

* 91 Voir la Déclaration de la Présidence de la CENCO : Conférence de presse, lundi 12 décembre 2005, centre interdiocésain, Kinshasa, www.cenco.cd, et TSHILOMBO MUNYENGAYI: l'Eglise catholique face au processus électoral : fermeté et contradictions, version électronique le Potentiel, Edition n°3887 du vendredi 24 novembre 2006, www.lepotentiel.com/archives

* 92 Voir tous les résultats après la proclamation par la Cour Suprême de Justice des résultats définitifs, http://www.cei-rdc.cd

* 93 Voir la déclaration de la CENCO du Mercredi 11 janvier 2006, www.cenco.cd

* 94 Article 222 : Les institutions politiques de la transition restent en fonction jusqu'à l'installation effective des institutions correspondantes prévues par la présente Constitution et exercent leurs attributions conformément à la Constitution de la Transition, Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006, TITRE VIII : DES DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES, p.27

* 95 Article 222 : Les institutions politiques de la transition restent en fonction jusqu'à l'installation effective des institutions correspondantes prévues par la présente Constitution et exercent leurs attributions conformément à la Constitution de la Transition.

Article 228 : Sans préjudice des dispositions de l'article 222 alinéa 1, la Constitution de la Transition du 04 avril 2003 est abrogée.

Article 229 : La présente Constitution, adoptée par référendum, entre en vigueur dès sa promulgation par le Président de la République, Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006- TITRE VIII : DES DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES, p.27, version électronique, www.presidentrdc.cd

* 96Marie-France CROS : RD CONGO-ELECTIONS : Interview du président de la CENCO Mgr MONSENGWO, in la Libre Belgique du 22 Mai 2006, http://congomania.afrikblog.com/archives/2006/05/24/1942995.html

* 97 Appel de Mgr L'Archevêque François Xavier au Congolais le 25 juillet 2006, www.radiookapi.net

* 98 Point de presse de la Présidence de la CENCO, Kinshasa, 27 juillet 2007, www.cenco.cd

* 99Révérend Père Rigobert MINANI BIHUZO BIN KKURU (s.j): Existe-t-il une doctrine sociopolitique de l'Eglise ? Editions CEPAS, Kinshasa, 2000, p.188

* 100 J.P.M et P. BIOTO : MALU-MALU « je vais lever les zones d'ombre », la Référence Plus du 25 juillet 2006, Kinshasa, www.digitalcongo.net/recherche

* 101 Marie-France CROS, in la libre Belgique, Edition datée 17 juillet 2006, cité par T. KIN-KIEY MULUMBA : Sur la communication, très mitterrandien, AZN triomphe, JPBG passe, P3 fort mal à l'aise, mise en ligne le 25 juillet 2006, Kinshasa, Édition «LE SOFT INTERNATIONAL2» N°868 datée du 21 juillet 2006, www.lesoftonline.net

* 102 Révérend Père Rigobert MINANI BIHUZO BIN KKURU (s.j), op.cit, p.188

* 103 Voir CENCO : Secrétariat Général CENCO, Coordination des Actions pour la réussite de la Transition (CARTEC), Guide de formation de l'électeur congolais, Editions du Secrétariat Général CENCO avec le soutien financier de Développement et Paix (Canada), CRS (USA), CORDAID (Hollande), Broederlijk Delen ( Belgique) et la Coopération technique belge (CTB), Avril 2006, in www.cenco.cd

* 104Ely OULD MOHAMED VALL : Tout a changé...sauf moi, Interview de François SOUDAN avec le Chef de l'Etat de la MAURITANIE, JA n° 2376 des 23-29 juillets 2006, p.38

* 105 Comité permanent des Evêques, Pour une Nation mieux préparée à ses responsabilités...message des Evêques, 21/08/1994, www.cenco.cd

* 106 La bonne gouvernance exige, selon Le Professeur HOLO, « la gestion efficiente des affaires publiques impliquant la notion de transparence et de responsabilité », Propos tenus lors du Séminaire sur les Transitions Démocratiques, DEA-DHD, 2005-2006, Chaire Unesco, FADESP, UAC. Inédit

* 107 NZAMBI A SALA, TALELA BISO LIKAMBO OYO veut simplement dire Que Dieu agisse ou fasse selon sa volonté et Qu'Il nous vienne en aide face à ce problème

* 108Benoît XVI, propos tenus à l'ouverture de la messe avant l'Angélus, dimanche 11 mars 2007, Rome, in www.zenith.org

* 109Pape Léon XII, Rerum novarum, cité par De SAINT MOULIN (L) & GAISE N'GANZI(R). : Eglise Catholique du Congo (1956 - 1998) ; T1 : Eglise et Société, Textes de la conférence épiscopale, Editions des Facultés catholiques de Kinshasa, Kinshasa, 1998, p. 407

* 110Pour Son Eminence Christian Cardinal NTOUMI, cette situation a fait que la bêtise atteigne son paroxysme dans la mesure où ces dirigeants ne font rien d'autre que déposséder les plus pauvres pour enrichir les plus riches. Vanité des vanités, tout est vanité, dira en résumé le Cardinal, car, tôt ou tard, mais certainement, le Juge Suprême finit par remettre les pendules à l'heure. Lire Xavier MIRINDI KIRIZA : Deux hôtes, un discours, L'Observateur, jeudi 01 février 2007, www.lobservateur.cd

* 111CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : "Il est temps de nous réveiller" (Rm 13,11b),  : Message de la Conférence Episcopale Nationale du Congo aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté à l'occasion du 48ème anniversaire de l'indépendance, Kinshasa, 10 juillet 2008, in www.cenco.cd

* 112CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : "Il est temps de nous réveiller" (Rm 13,11b),  : ibidem.

* 113 Dans son homélie le 19 mars 2009 au Stade Ahmadou Ahidjo à Yaoundé à l'occasion de sa première visite en terre africaine (Cameroun), le pape a déploré "le bouleversement de la vie traditionnelle" africaine et "la tyrannie du matérialisme" sous l'effet de la mondialisation. Tout en avertissant qu'à ce rythme, "L'Afrique en général et le Cameroun en particulier encourent le risque de ne pas reconnaître" Dieu, "le véritable auteur de la vie", il a évoqué le "déracinement" tragique de nombreux Africains, particulièrement les jeunes privés de ressources et attirés "par les paradis éphémères". (Lire Le pape déplore l'effet de la globalisation en Afrique devant la foule à Yaoundé, AFP/JA du 19mars 2009, version électronique sur le web)

* 114 Propos de Mgr Pius NCUBE, Archevêque de BULAWAYO au ZIMBABWE tenus dans un entretien avec le quotidien britannique Daily Telegraph (cf. Attaque de Mugabe contre les évêques qui `'font la politique'', AFP/JA - 4 mai 2007, version électronique sur le web)

* 115Propos tenus dans son homélie lors de la célébration de la première messe de son Cardinalat, lire Sénégal: stade comble pour la 1ère messe de cardinal de Mgr Théodore SARR, 02 décembre 2007/, version électronique, AFP, www.jeuneafrique.com.

* 116 Extraits de l'intervention du Pr A. MUNGALA ASSINDIE SANZONG portant sur les fondements de la culture de la paix, Atelier sur la paix, la démocratie et la bonne gouvernance organisé par l'Observatoire des médias congolais (OMEC), 03-05 avril 2007, Kinshasa, 2007, www.lepharerdc.com

* 117La Pléiade congolaise est un mouvement de libres penseurs et intellectuels créé à la suite de la Transition démocratique pour l'avènement d'un ordre politique nouveau en RD Congo. A travers leurs actions, elle véhicule les bonnes idées au service de la paix, la réconciliation et la reconstruction nationales

* 118 Quelques articles de son Code de droit canonique en vigueur sont explicites à ce sujet :

· canon 222, &2 donne obligation aux fidèles laïcs de faire la promotion de la justice sociale.

· canon225, &2 demande aux fidèles, chacun selon sa condition de vie de s'employer à parfaire le temporel ; c'est un devoir moral.

· Canon227 L'Eglise reconnait l'usage de la liberté religieuse et celle politique des chrétiens. Elle les exhorte à en user avec harmonie sans engager L'Eglise dans leurs convictions politiques.

* 119 NGUNDU Mick, o.m.i, « L'engagement des fidèles laïcs dans le code de 1983 », dans l'engagement politique des fidèles du Christ selon le Code de droit canonique de1983, Kinshasa, Editions Baobab.1999.p.31

* 120 L'Eglise en RD Congo a développé l'esprit et le sens d'inculturation à travers des actions constructives à grand impact ça et là. A titre d'illustration, il est intéressant de voir combien c'est croustillant la prise en charge de l'Eglise par ses propres fidèles au sein des Eglises kimbanguistes, catholique et de réveil. Cette approche est également utilisée chez les protestants salutistes et méthodistes d'origine étrangère.

* 121Rémy MASAMBA, Secrétaire Général de l'UDPS: l'UDPS veut promouvoir l'idée de la concertation, discours tenu lors d'une matinée-réflexion repas organisé par le PNUD au Cercle ELAÏS, cité par KIN- KIEY MULUMBA ( T), lundi 18 décembre 2006, in www.lesoftonline.net,Editions n°887 datée du 21décembre 2006, mise en ligne le 22 décembre 2006, Kinshasa (UDPS, c'est le parti politique historique de l'Opposition sous la direction du Sphinx et leader maximo Etienne THISEKEDI WA MULUMBA, figure emblématique de l'Opposition en RD Congo)

* 122 Lala BEN BARKA, mot de circonstance à l'ouverture des travaux du 7e forum sur la gouvernance en Afrique, le 24 octobre 2007, Ouagadougou/ Burkina Faso, cité par Abdoulaye TAO, A la recherche d'un Etat capable, in Quotidien le Pays n° 3982 du 25 octobre 2007, version électronique, www.lepays.bf

* 123Voir RDC : Lancement officiel du programme "Réconciliation et gouvernance participative", DIA, Politique et Société, Centre culturel du Collège BOBOTO, lundi 19 février 2007, (Agence catholique D.I.A.), http://www.dia-afrique.org.

* 124 Régine KIALA, SOCIETE- La décentralisation : un combat et une conquête pour plus d'autonomie à la base, du 3 au 5 novembre 2008 et les Enjeux et les défis de la décentralisation en RDC, 5 octobre 2008, CEPAS, Kinshasa, in www.potentiel.com; Journées Sociales organisées par le CEPAS, 5 au 8 juin à Manrensa à Kimwenza, Kinshasa, in www.le potentiel.com, Bukavu : l'Eglise catholique relance le barza communautaire, 13 Août 2008, in www.radiookapi.net, etc.

* 125 C'est le cas récemment d'un forum au centre d'études pour les actions sociales (CEPAS) le jeudi 3 juillet 2008 à KINSHASA où une vingtaine d'experts miniers (nationaux et étrangers) ont réfléchi sur les contrats chinois en RD Congo. Ce forum répondait également à la nécessité d'élargir un peu plus leur expérience à d'autres réalités en se basant sur la valorisation des ressources minières dans la convention minière, l'analyse juridique de cette convention ainsi qu'un regard critique sur la dite convention. Après l'aval de l'Assemblée Nationale à la mise en oeuvre des contrats chinois, il ne restait plus qu'aux experts du secteur minier de se prononcer sur le bien fondé de ce type nouveau de coopération Sud-Sud. C'est désormais chose faite, avec l'appui favorable que viennent d'apporter les experts congolais des mines lors de ce forum. Ces contrats chinois ont fait l'objet d'un autre débat dans la salle des conférences au centre de la paroisse Notre Dame de Fatima dans la commune de la Gombe le 26 juin 2008 à KINSHASA. C'est le groupe de presse Le Potentiel, avec la collaboration de l'Institut Panafricain des Relations Internationales et Stratégiques, IPRIS en sigle, qui a organisé cette rencontre dans le but de permettre à l'élite intellectuelle congolaise de réfléchir une fois de plus sur le contrat de la récente coopération sino-congolaise.

* 126 Lancement par la Conférence Episcopale Nationale du Congo de la campagne de mobilisation de 140 millions des dollars pour la prise en charge des personnes porteuses du VIH/SIDA, le 22 mai 2009, Kinshasa, www.cenco.cd

* 127Blaise CAMPAORE, discours d'ouverture des travaux du 7e forum sur la gouvernance en Afrique, le 24 octobre 2007, Ouagadougou/ Burkina Faso, cité par Abdoulaye TAO, A la recherche d'un Etat capable, in Quotidien le Pays n° 3982 du 25 octobre 2007

* 128 A l'instar de la croisade que mène l'Eglise catholique, l'Eglise protestante (Eglise du Christ au Congo), à l'occasion de la clôture de la 14ème session de son synode national le 18 août 2008, à Kinshasa, a exigé toute la lumière sur le détournement de 1,3 milliards USD annoncé par la commission interministérielle sur la lutte contre la corruption. (Par qui, où?)

* 129 A l'issue de la messe célébrée le 19 mars 2009 au Stade Ahmadou Ahidjo à Yaoundé, le pape a remis aux évêques le document préparatoire du prochain synode catholique sur l'Afrique qui dénonce "un processus organisé de destruction de l'identité africaine (. . .) sous prétexte de modernité". Le texte accuse les "puissances militaires et économiques" d'imposer leur loi, fomentant trafics d'armes générateurs de guerres et exploitant les richesses minières du continent. Les institutions financières internationales sont aussi mises en cause pour les effets "funestes" des programmes imposés de restructuration. En outre, la "globalisation" menace "les valeurs africaines authentiques" comme le "respect des Anciens", "le respect de la vie" ou la culture de l'entraide, accuse le document. D'où, la pertinence de notre appel à la réflexion sur Concile Vatican III, pourquoi pas, à l'occasion du prochain Synode des Evêques d'Afrique à Rome en Octobre prochain.

* 130Cette invitation du Souverain pontife a été lancée lors de sa rencontre avec les membres du Benoît XVI invite l'Afrique à la réconciliation Conseil spécial pour l'Afrique du Synode des évêques, à la nonciature apostolique de Yaoundé à l'issue de son séjour au Cameroun, Voir Benoît XVI invite l'Afrique à la réconciliation, vendredi 20mars 2009,in www.zenith.org

* 131Lire COMITE PERMANENT DE LA CONFERENCE EPISCOPALE DU ZAIRE : Mémorandum au chef de l'Etat, le mal est à la racine et non en surface, in DC n°2006 du 20 mai 1990, op.cit, p.44-51






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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe