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Structuration spatiale et impacts des institutions de micro finance sur le développement local dans la commune d'Ifangni (Sud est du Bénin)

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par Gabriel ASSOGBA
Université d'Abomey Calavi - Maitrise en géographie 2008
  

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INTRODUCTION

Les crises des économies africaines dans les années quatre vingt ont été à l'origine de nombreuses mutations qui ont affecté les organisations sociales, politiques, économiques et administratives de la sous-région ouest africaine. Parmi les réformes préconisées pour juguler les crises qui frappent ces économies africaines figurent : les politiques d'ajustement structurels qui militent pour une diminution de l'intervention de l'Etat dans certains secteurs de la vie politique, économique et sociale. Ces nouvelles mesures ont conduit à un désengagement de plus en plus accentué de l'Etat mais aussi, plus tard, à une promotion et à une mise en oeuvre des politiques dites de décentralisation (Igué et Soulé, 1992 ; Diallo,

2006 ; Hounmènou, 2006).

Le désengagement de l'Etat a conduit au développement des initiatives locales au niveau des populations. Ainsi, à l'échelle des pays africains, autant dans les quartiers urbains que dans les villes d'importance moyenne et dans les régions périphériques, des symptômes d'un dynamisme nouveau se manifestent à travers la mise en valeur des ressources humaines et naturelles des collectivités. Ceci reste l'un des facteurs ayant contribué du développement du secteur informel. (Igué et Soulé, op.cit)

Dans le cadre du présent mémoire de maîtrise, notre intérêt s'est porté sur les structures de micro finance dans une localité frontalière. En effet, diverses procédures méthodologiques et thèmes d'analyse peuvent être abordés et développés afin de mettre en évidence les dynamiques et formes spatiales d'un espace donné. Il est ainsi possible de se fixer différents axes d'études pour comprendre quelles influences modèlent, développent et participent au façonnement des territoires (Martinez, 2003). Ainsi, les activités économiques, les mutations paysagères mais également les évolutions de l'environnement social sont des indicateurs précieux pour démontrer scientifiquement et expliquer la dynamique frontalière. D'où l'intérêt de cette étude intitulée : Structuration spatiale et impacts des institutions de micro finance sur le développement local dans la commune d'Ifangni.

Le présent travail met en évidence la dynamique d'un espace frontalier à travers

les institutions de micro finance formelles et officieux d'une part, et des impacts des pratiques financières sur la vie socio-économique des populations d'autre part. Des résultats issus des travaux de recherche, il ressort que l'espace frontalier constitue un secteur de dynamisme des structures et acteurs financiers. Le développement notable des points de change de monnaies constitue sans doute une illustration de ce dynamisme qu'impulse la frontière sur les activités économiques.

Le développement local est accepté comme un ensemble de stratégies dont la finalité est l'amélioration de la situation socio-économique des populations dans un espace géographique donné. Par leurs initiatives, les populations de façon individuelle ou collective innovent en développant de nouvelles pratiques pour améliorer leurs quotidiens. D'après Prod'homme (1996) cité par Hounmènou, (2006 : 4) : "Il n 'y aurait pas de développement local sans une volonté populaire et une démarche collective sur et pour un espace. Cette volonté consciente ou latente correspond à la capacité de l'ensemble des habitants, quels que soient leur position sociale et leur degré de responsabilité, à élaborer et à mettre en oeuvre un projet collectif en rapport direct avec leurs aspirations, leurs besoins et les ressources locales".

Ce travail s'organise autour de trois parties. La première partie vise principalement à présenter le cadre théorique et méthodologique dans lequel est effectué ce travail. Elle traite des grandes lignes de la problématique et des techniques de collecte et de traitement des informations. La deuxième partie présente d'abord le cadre d'intervention des structures et acteurs financiers en place et l'organisation et le fonctionnement de ces derniers. A ce niveau, une distinction est faite entre les institutions de micro finance formelles et celles informelles à travers leur statut et leur mode de fonctionnement.

La troisième partie traite des impacts des pratiques issues de la présence de ces acteurs et structures financiers sur la diversité des activités économiques et sur l'amélioration de la situation socio-économiques des populations.

PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIGUE

CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE ET APERCU DES CONNAISSANCES
SUR LE SUJET

Ce chapitre s'articule autour de deux axes majeurs : la problématique et la revue de littératures. La problématique fait ressortir le problème, les objectifs et les hypothèses de cette recherche. La revue de la littérature est une brève aperçue de quelques travaux scientifiques effectués sur la problématique du développement local et de la micro finance.

1.1. LA PROBLEMATIQUE

1.1.1. Le problème

Le fait de pouvoir accéder rapidement à une somme d'argent dans les cas d'urgence et la possibilité d'avoir accès à un crédit « régulier » constitue une priorité pour la plupart des gens au Bénin (Tovo, 1995). Ainsi, la disponibilité du capital financier constitue un élément important dans le développement des initiatives des populations à la base.

Les besoins en matière de financement du développement local peuvent être répartis en deux catégories : le financement des infrastructures économiques et sociales, et le financement des unités économiques tels que les ménages, les micro- entreprises, les organisations ayant des activités économiques qui dégagent des rentabilités directes.

En effet, depuis plusieurs années, le financement des initiatives des populations est considéré comme un moyen puissant de lutte contre la pauvreté. Selon le PEESI/BEN 87/023 cité par J. Guédénon, 2007 : p 44 " le financement des activités d'une entreprise est un élément essentiel qui conditionne son développement." La connaissance acquise sur le fonctionnement des unités économiques montre que les besoins en matière de financement varient d'une unité économique à une autre : capital de démarrage pour les unes, de relance ou d'accompagnement pour d'autres.

Autrement dit, les secteurs d'activités économiques ne peuvent s'inscrire dans la dynamique du développement local sans l'accès au facteur capital.

A cet effet, le secteur financier apparaît comme un secteur prépondérant dans le développement local. La micro finance apparaît de nos jours un maillon important du secteur financier national. Il constitue le meilleur canal de drainage des fonds vers toutes les couches de la société (Azokli et Adjibi, 2007). Le secteur de la micro fiance au Bénin est animé par divers acteurs dont les principaux sont les mutuelles et coopératives d'épargne et de crédits, les institutions de crédits directs, les projets et organisations non gouvernementales à volets micro finance. Leur principale activité est la centralisation des ressources financières disponibles pour le financement des activités économiques.

La micro finance est fondée sur des motivations telles que celles d'affranchir les populations d'un système informel contraignant, de contribuer à l'émancipation des couches défavorisées (femmes, jeunes), et de fournir des services financiers indispensables à la réussite des programmes plus larges. Le secteur de la micro finance s'est structuré et inséré dans l'ambition plus vaste d'être un outil efficace pour la lutte contre la pauvreté (Forestier, 2005).

La présomption générale, qui est parfois admise sans fondement, attribue une large part du mérite de lutte contre la pauvreté à ce mode de financement. Toutefois, la complexité méthodologique fait que les points de vue sont partagés au niveau de la communauté scientifique. Cependant, sur le plan scientifique, et avec la masse des informations accumulées depuis lors, il est tout à fait naturel de s'interroger sur l'efficacité réelle de ce type de financement comme un instrument de lutte contre la pauvreté et donc de développement à la base.

Les institutions de la micro finance occupent dans la commune d'Ifangni une place marginale de par leur importance dans le financement des activités socio- économiques des populations. Localité fortement rurale, elle jouit d'une position favorable pour le développement des activités économiques. Cet espace frontalier est marqué par l'absence de structures bancaires classiques formelles. Les institutions de micro finance paraissent aujourd'hui indispensable eu égard à leur contribution dans la mobilisation de l'épargne et de la distribution des crédits aux

couches à revenus modestes.

Mais, la question cruciale est de savoir en quoi les stratégies d'intervention des structures de micro finance contribuent-elles au développement local. Il s'agira d'identifier les facteurs qui influencent le développement et l'organisation spatiale des structures de micro finance.

La présente étude qui porte sur le thème « Structuration spatiale et impacts des institutions de micro finance sur le développement local dans la commune d'Ifangni » vise à apporter des essais de réponses à ces différentes questions. Cette réflexion sera consacrée d'une part, à l'analyse des facteurs de dynamisme des structures financières et, d'autre part, aux impacts des pratiques financières en cours sur le développement local. C'est dans cette optique que des hypothèses formulées seront vérifiées à travers les objectifs fixés.

1.1.2. OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE RECHERCHE

1.1.2.1. Objectifs de la recherche

L'objectif général de cette étude est d'analyser la dynamique spatiale et économique impulsée par les institutions de micro finance sur le développement local dans la commune d'Ifangni.

Spécifiquement, il s'agira de :

· faire l'état des lieux des structures financières présentes dans la commune d'Ifangni;

· identifier les pratiques financières en cours dans cet espace géographique ;

· analyser les impacts des structures financières sur la vie sociale et économique des populations dans la commune d'Ifangni.

Pour atteindre ces objectifs, des hypothèses ci-après ont été émises.

1.2.2 Hypothèses de recherche

Trois hypothèses sont émises dans le cadre de la présente étude sur les impacts des institutions de la micro finance sur le développement local dans la commune d'Ifangni.

1. Le secteur financier local est composé d'acteurs informels en majorité et d'institution de micro finance.

2. Les institutions de micro finance interviennent plus dans le financement des activités commerciales qu'agricoles.

3. La multiplicité et la proximité des structures financières ont des effets positifs sur la situation socio-économique des populations à la base.

La conduite de la présente étude a nécessité de notre part la consultation des travaux scientifiques effectués sur le développement local et sur le secteur de la micro finance.

1.2. Aperçu de la littérature sur le sujet

Il existe de nos jours une multitude de travaux scientifiques sur les différentes composantes du secteur financier et sur la problématique du développement local. En interrogeant cette littérature existante, il ressort que ces différents concepts ont été abordés par divers acteurs issus de différentes disciplines. Seules quelques études sur ces deux thématiques ont suscité de notre part, préoccupations et intérêts.

Le développement local est un concept qui est apparu, premièrement, dans les pays occidentaux. Il est considéré comme faisant partie des nouveaux paradigmes, cadres d'analyses et d'interventions pour venir à la rescousse des économies européennes en proie à des difficultés. Le développement local s'exerce sur un espace déjà constitué ou à constituer donc sur un territoire réduit (Diaolo, 2006).

Si le concept de région ne cesse de semer la confusion et de perpétuer les débats parmi les économistes et les géographes, on imagine les ambiguïtés liées à un cadre spatial qui, tantôt prend la forme d'un quartier d'une grande ville, d'une ville de petite ou moyenne dimension, ou d'un ensemble de villages autour d'une petite ville

(Joyal : 2006). La référence à une ère géographique composée d'un certain nombre d'administrations locales qui bénéficient d'une base économique commune, permet de comprendre que les termes "régional" et "local" puissent s'utiliser indifféremment par certains auteurs. Ainsi, Blakeley (1989) tend à confondre les deux termes en considérant les possibilités pour les résidents d'une région de se déplacer aisément pour atteindre leurs lieux de travail, d'achats et de loisir.

Quant à l'OCDE (Joyal : 2006), le "local" est comme un espace ayant une identité, une dynamique propre, des spécificités qui entretiennent des relations d'interdépendance avec des espaces plus vastes (régional, national, mondial) dans lesquels il s'insère. En conséquence, nous retenons la dimension sous-régionale, même si, comme c'est souvent le cas, les découpages administratifs ne respectent pas toujours les éléments à l'origine d'un sentiment d'intérêt commun à l'intérieur d'un territoire donné. Au substantif "local", est associé le développement.

Principal enjeu économique de la décentralisation dans les pays en développement, le développement local constitue de nos jours une véritable préoccupation de taille tant pour les autorités politico-administratives que pour les populations. D'après Merlin et Choay (2000), le développement local est compris comme un " processus de diffusion, à l'échelon local, des effets de la croissance, des innovations et des acquis culturels, accompagné d'une transformation, à partir des potentialités locales, des structures économiques, sociales et culturelles". Il est perçu comme une dynamique économique et sociale, voire culturelle, plus ou moins concertée, impulsée par des acteurs individuels et collectifs sur un territoire donné. Il suppose une volonté collective ou individuelle des acteurs d'un espace donné de mobiliser les ressources locales, qu'elles soient naturelles, humaines, économiques ou culturelles, pour créer des activités et construire un territoire homogène

Au Bénin, il est accepté comme "une volonté politique des acteurs de promouvoir le développement du territoire sur lequel ils vivent en vue d'améliorer la situation sociale et économique des populations ". Le guide du maire (2005 : p 57). A cet effet, le développement local se confond aux processus de la décentralisation. Cette dernière repose sur la mise en place ou l'extension des pouvoirs attribués aux institutions publiques dont la compétence est définie par des

lois. En soutenant les points de vue de Agossou (2007 : p 4), le développement est effectif "lorsque certains paramètres enregistrent des augmentations non seulement quantitatives, mais aussi et surtout peut-être des améliorations qualitatives de manière à favoriser le mieux être de l'ensemble ou du plus grand nombre des membres de la communauté".

De tout ce qui précède, le développement local peut être accepté comme un mouvement ascendant. C'et-à-dire d'un mouvement qui repose sur les dynamiques des acteurs sociaux et économiques pour contribuer à l'émergence d'un espace : le territoire. Les acteurs ne sont rien d'autre que les individus d'une communauté, d'un espace géographique donné. Par leurs initiatives ces acteurs cherchent à développer de nouvelles pratiques pour l'amélioration de leur vie quotidienne. Ainsi, la dimension territoriale, à savoir l'espace géographiquement limité et déterminé, constitue-t-elle une référence forte pour le développement local. Comme cela est noté plus haut, le développement local nécessite la disponibilité des moyens financiers. Ce qui explique le rôle capital du secteur financier.

Pour l'économiste Brana (2003 :5), un secteur financier regroupe "l'ensemble des institutions, instruments et mécanismes par lesquels les agents disposant de capacités de financement vont pouvoir couvrir les besoins de financement d'autres agents". Selon cet auteur, dans une économie, "il existe des agents qui sont traditionnellement en besoin de financement, telles que les entreprises ou les administrations, et des agents à capacité de financement qui cherchent à placer leurs ressources, tels que les ménages". Ainsi le système financier assure l'interface entre agents à besoin et agents à capacité de financement. Il est constitué de plusieurs structures et acteurs dont le statut varie du formel à l'informel. (Martinez, 2003 ; Lélart, 1998)

La micro finance est de manière consensuelle définie comme "la fourniture d'un ensemble de produits financiers à tout ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel"(Forestier 2005). Elle est de nos jours l'une des composantes les plus dynamiques du secteur financier nationales. La fin de 2002, on comptait 1.192 institutions de micro finance au Bénin, dont seulement 36 officiellement reconnues. Cependant leur taux de pénétration est encore relativement

faible, puisque 15 % seulement de la population active ont accès à ces services. En 2007, le nombre d'institutions de micro finance enregistrées à la cellule de micro finance identifiées est 169 (Rapport du MAEP, 2008 ; Azokli et Adjibi, 2007).

Dans son travail sur l'espace financier dans la ville de Porto-Novo, Martinez (2003) a mis l'accent sur le fonctionnement des acteurs financiers et l'évolution des différents types de pratiques financières des populations. A travers cette étude, l'auteur a comparé des phénomènes, pour la plupart évolutifs, illustrant les dynamiques spatiales qui influent sur les mutations de certains espaces dont la péri - urbanisation. Ainsi il a présenté les différents acteurs financiers présents dans la ville de Porto-Novo et de sa proche périphérie. On peut distinguer les acteurs du secteur officiel de ceux du secteur officieux. Les banques et les diverses institutions de micro finance ont tout d'abord été présentées pour la composante officielle du secteur, puis les banquiers ambulants, les tontines mutuelles et les cambistes informels pour la composante officieuse.

Au-delà de cette classification des acteurs et structures financières en place dans une région en pleine urbanisation comme celle de la ville de Porto-Novo et de ces périphéries, le travail de Martinez (2003), a le mérite d'avoir abordé la question financière en mettant en exergue "l'analyse territoriale des évolutions et des mutations des pratiques financières dans des milieux géographiques différents". Mais en dehors de la complexité et de la diversité des structures financières dans un espace géographique, le véritable problème reste l'accès aux différents produits financiers. Si l'accès au secteur de la micro finance devient de plus en plus à la portée de toutes les couches de la société, l'accès au système bancaire reste de nos jours très limité. Cette situation se trouve à la base du développement de secteur financier informel.

Dans une autre optique, Leila et Findler (1995 : p 14), soutiennent que "les entrepreneurs du secteur informel dépendent de multiples sources d'aide financière, allant des moins formelles, comme la famille, aux plus formelles et aussi moins accessibles, les banques". Et l'économiste Lelart (1990 : p 32) de renchérir en soutenant que, "la structure bancaire, performante dans le financement de l'activité

publique et parapublique, est réputée être inadaptée dans ses procédures au financement de l'activité informelle. Les règles de la production informelle et sa répartition étant si particulière, il en résulte des besoins de financement spécifique, en volume, durée, risque et garanties offertes, rendant impossible tout rapprochement avec le système bancaire".

Le secteur de la micro finance est animé par des acteurs financiers qui reposent sur des formes juridiques particulières. Leurs objectifs en matière de lutte contre la pauvreté, visent à atteindre le plus grand nombre de pauvres. On reconnaît généralement que ces institutions peuvent aider à réduire la pauvreté car elles agissent dans deux directions. "Le premier canal est direct puisque par le financement d'activités ces institutions favorisent l'activité de production des ménages ou de la petite et micro entreprise. Le deuxième canal est indirecte et provient principalement des revenus et des emplois créés, en particulier grâce à l'accès au crédit et services par les micros et petites entreprises" http// www.idrc.ca/fr/ev.

A côté du système financier institutionnel qui ne concerne que les grandes organisations et les agents les plus solvables, s'est développé une finance informelle qui permet à l'ensemble de la population non bancarisée d'avoir accès au crédit et donc de remplacer la finance formelle. Cette finance informelle se caractérise essentiellement par une grande souplesse au niveau organisationnel, de faibles coûts, et repose sur des formes traditionnelles très anciennes. Mais c'est aussi une inadéquation des systèmes financiers formels face aux exigences du développement qui a favorisé le développement de ces pratiques. www.grdc.org

Parmi les travaux sur le secteur financier informel au Bénin, on peut citer ceux de Adéchoubou et Tomety (1992), Guédègbé (2005), Guédénon (2007), Lelart (1997). En parcourant cette littérature, il se révèle que les systèmes de tontines occupent une place très importante dans le secteur financier informel béninois. La tontine constitue une forme de service financier très répandue au Bénin. Les résultats des travaux de ces chercheurs ont montré que les tontines sont "la principale source de financement des activités économiques informelles. Elles sont à

la base de la dynamique du commerce informel". L'intérêt grandissant que l'on porte à ce dernier secteur vient non seulement de la faillite du système bancaire classique mais aussi de son potentiel (Adéchoubou et Tomety, 1992 : p 3). La commune d'Ifangni, localité frontalière fortement rurale bénéficie de tels atouts pour le développement des tontines. Elle a en outre souffert pendant un bon moment de l'absence de structures financières formelles.

La place du secteur financier informel n'est pas négligeable. Pour Lautier cité par Guédénon (2007 : p 12), "au-delà de son activité financière, la tontine est un lieu de socialisation et de solidarité : règles de fonctionnement strictes fondées sur la confiance, le parrainage, repas pris en commun, aide aux membres en difficulté en font d'elle beaucoup plus qu'un mode de financement des activités informelles".

Ainsi, après un bref aperçu des différentes composantes du système financier béninois, l'on est tenté de se demander ce que le présent mémoire, peut apporter en guise de contributions des structures financières au développement local. La quantité et la qualité non négligeable de documentation existante sur ces différents systèmes financiers ne doivent pas se traduire par l'inexistence de champs non encore explorés.

"En recherche scientifique, le plus important est le regard porté par chaque chercheur sur des réalités données" Vigan (2007 : p 17). Il sera mis en exergue la dimension spatiale des structures financières et leurs impacts sur la vie socio- économique des populations dans la commune d'Ifangni. Il s'agit d'évaluer la dynamique du développement local à travers les dynamismes des structures et les différentes pratiques financières. L'espace géographique, constitue-t-il une source de développement des structures et pratiques financières ?

Ce qui est pertinent dans les autres recherches par rapport à ce travail, est que les structures financières sont d'une importance capitale en ce sens qu'elles constituent la base du développement des initiatives individuelles et collectives des populations à la base. Notre travail ne remet pas en cause les recherches antérieures, mais veut aborder le sujet sous un angle beaucoup plus géographique.

Ce secteur d'étude n'a pas encore fait l'objet d'une étude spécifique sur la

situation socio-économique des populations et encore moins sur les structures financières. Mais il est couvert par quelques travaux scientifiques importants qui ont été exploités. Ces travaux ont mis au coeur de leur problématique la question de la dynamique frontalière et surtout le rapport entre l'espace frontalier et le développement des activités commerciales : Igué (1984), Ogouchi (1979), Soares (1984), Sodoloufo (1992), Tidjani (2000), Tohozin (1986). Le but de notre étude est de rechercher les facteurs qui participent à l'organisation spatiale et l'influence des structures financières sur la vie sociale et économique des populations.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry