Elites urbaines et politique locale au Cameroun. Le cas de Bayangam( Télécharger le fichier original )par Paul NUEMBISSI KOM Université Yaoundé II SOA - Master en sciences politiques 2007 |
SECTION IV : LA DÉTERMINATION DU CHAMP DE L'ÉTUDEBayangam est un groupement d'une superficie d'environ 49 km², pour une population estimé à 20 000 habitants, soit une densité de 468 habitants aux km². Limité au Nord et au Nord-Est par Bandjoun, à l'Ouest et au Nord-Ouest par Baham, au Sud par Bangoua et à l`Est et au Sud-Est par Batoufam ce village est situé dans le département du Koung-Khi. En effet, il est à la fois, le chef lieu de l'arrondissement de Bayangam créé par décret N° 92/206 du 05 octobre 1992 comprenant Batoufam, Bandrefam et Bayangam. Dans le cadre de cette étude, on se limitera à la localité de Bayangam en tant que chefferie de 2e degré. Du fait de son attraction symbolique, en tant que « chef lieu », Bayangam est le lieu de confrontations politiques. Trois principaux partis politiques s'y disputent le leadership politique local depuis 1996. Il s'agit du RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais), du SDF (Social Democratic Front) et de l'UNDP (Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès). En 1996, l'UFDC (Union des Forces Démocratiques du Cameroun) était présent mais a perdu toute audience dans ce village après les élections de la même année. La plupart de ses militants s'étant ralliés soit au RDPC soit au SDF. Des partis satellites tels que le PSD (Parti des Démocrates Camerounais), le NPC/BUSH6(*) et l'UPC (Union des Populations du Cameroun) sont présents, mais bénéficient d'un soutien populaire relativement faible.
Ces différents partis sont soutenus par de nombreuses élites urbaines constituées de ministres, députés, hommes d'affaires, ingénieurs, etc. qui rivalisent pour la conquête des positions de pouvoir ou tout simplement pour de l'influence. Ce qui ne va pas sans poser des problèmes avec l'institution traditionnelle. En effet, sur le plan historique et culturel, Bayangam est une chefferie Bamiléké de longue tradition dont la création remonte au XVI iéme siècle. (Kuipou Chimba; 1986 : 17). En tant que telle de nombreux conflits tant internes qu'externes ont rythmés son existence. En effet, après des guerres contre des chefferies voisines comme Bandjoun et Batoufam qui prennent fin avec l'arrivée des puissances impérialistes, la chefferie de Bayangam va connaître des soubresauts internes à partir des années 1940. Djuije Nbogne relève ainsi que des révoltes contre le chef Kom David en 1948 à la suite de la création d'une Association des Réformes du Traditionaliste Yogam (ARTGAM), conçu pour « réformer » le village (1983 : 50). Cette association fermée au chef recruta ses membres parmi les « cadets sociaux » et les membres des communautés extérieures. A ces conflits est venu se greffer une effervescence particulière entre 1955 et 1963 du fait des luttes d'indépendances qui, ici, ont été d'une intensité particulière. Les archives de la chefferie révèlent, par exemple, qu'il y a eu plus d'une centaine de morts du fait du « maquis ». Depuis 1990, la plupart des conflits s'y déclinent dans une large mesure sous le prisme politique et traditionnel. Les élites traditionnelles et les élites s'y affrontent pour le contrôle des biens symboliques. Carte 2 : Les principaux quartiers de Bayangam * 6 Nationalisme des pacifistes du Cameroun pour le Bien être et Unité réelle contre les Souffrances des Humains |
|