CHAPITRE I
INTRODUCTION
I-1 CONTEXTE GENERAL
Le taux de dégradation des Forêts tropicales en
général et les forêts denses humides en particulier ont
attiré l'attention de l'opinion internationale pendant les
dernières décennies. L'action de l'homme à travers
l'exploitation forestière anarchique et abusive a réduit
considérablement les capacités d'autorégulation des
écosystèmes forestiers. Les études entreprises par Singh
(1993) montre que plus de 15 millions d'hectare de forêt tropicales (soit
plus de 40.000ha/jour) dans le monde disparaissent chaque année (FAO,
1995, citée par Kani et al., 1997). D'après Devey (1991), 19
millions d'arbres sont abattus chaque jour dans l'ensemble des forêts
tropicales. Mais selon l 'ACCT (1991), l'exploitation forestière ne
représente que 10% de la déforestation, l'agriculture et le bois
de chauffage en sont les principaux responsables.
En Afrique centrale la forêt dense humide couvre une
superficie de 185 millions d'hectares, soit au maximum 60% de son territoire
(IUCN, 1992, cité par BOS 1997). Ces écosystèmes subissent
aussi une exploitation incontrôlée et sont déboisés
à un taux annuel de 0.56% soit 1 139 200 ha (FAO, 1997).
Fort de ce constat les chefs d'Etats du bassin du Congo,
soucieux de la nécessite de conserver et de gérer durablement les
écosystèmes forestiers qui sont à la fois une richesse
naturelle importante pour les générations présentes et
à venir, et une richesse écologique universelle, s'engagent dans
la déclaration de Yaoundé (1999) à:
- Harmoniser les politiques nationales en matière de
forêt,
- Accélérer la mise en place des politiques
d'aménagement
- Renforcer les actions visant à accroître la
participation rapide des populations rurales dans la planification et la
gestion durable des écosystèmes forestiers.
I-2 CONTEXTE LOCAL ET PRESENTATION DU
PROBLEME.
Le Cameroun occupe le troisième rang parmi les pays de
la sous région avec une superficie d'environ 20 millions d'hectares de
forêts naturelles, (CTFT, 1989; OIBT,1998), dont 17 millions d'hectares
de forêts denses de production (FAO, 1997, citée par Dupuy, 1998).
Depuis des années on assiste à une exploitation du bois qui de
nos jours a atteint un rythme alarmant avec 15m3/ha (Djeukam,1998). Cette
action anthropique a des effets néfastes sur les
écosystèmes forestiers. Foahon (1992) estime à 0,9% le
recul du couvert annuel au Cameroun.
Cette situation de déforestation est d'autant plus
préoccupante, car l'Etat compte sur les revenus de l'exploitation
forestière pour augmenter ses recettes. Le secteur forestier au Cameroun
est d'une importance majeure pour l'économie nationale, le bois est la
deuxième source de revenus après le pétrole. En effet, il
représente 9% du PIB et 25% des exportations et va rapporter près
de 38 milliards de FCFA pour l'exercice 2000/2001 (Carret et al, 1999).
Dans le cadre du Plan d'Ajustement Structurel signé
avec la Banque mondiale, afin d'augmenter le contrôle sur la gestion des
ressources forestières, le Cameroun a mené depuis 1988 une
politique visant à l'origine un double objectif à savoir :
Accroître la transparence dans la gestion des
forêts et partant sa rentabilité pour le trésor public.
Renforcer la durabilité de l'exploitation
industrielle des forêts et associer l'ensemble des acteurs sociaux
à la gestion de ce secteur.
La réforme a abouti à la rédaction de la
loi de 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la
pêche, ainsi que des décrets N° 95/678/PM instituant un plan
de zonage préliminaire des forêts du Sud Cameroun, du
décret N° 95/531/PM du 23 août 1995 fixant les
modalités du régime des forêts, et enfin le décret
N°95/466/PM du 20 juillet fixant les modalités du régime de
la faune. Il ressort de ces différents textes, une catégorisation
du domaine forestier national en domaine non permanent (forêt du domaine
nationale, forêts communautaires, forêts des particuliers ) et en
domaine permanent (forêts domaniales, forêts communales).Dans cette
dernière catégorie, la loi prévoit le transfert de
propriété d'une partie du domaine forestier permanent aux
communes (forêt communale).
Le régime des forêts communales actuellement, est
prévu pour 13 communes selon le plan de zonage préliminaire des
forêts du Cameroun méridional forestier. Les communes de
Lomié et celle de Messok en font parti, et elles sollicitent le
classement de la forêt située entre les deux circonscriptions
administratives. Or le classement définitif d'une FCL comme toutes
forêts du domaine permanent exige un plan d'aménagement
approuvé par l'administration des forêts. La réalisation du
plan d'aménagement demande des études socio-économiques et
techniques au préalable. C'est dans cette optique que le projet SDDL a
initié cette étude qui ne prendra en compte que l'aspect
technique pour appuyer le processus de classement de la dite forêt. Le
SDDL reste ainsi fidèle à son objectif global qui est de
favoriser un processus d'auto-développement de manière à
ce que les ressources naturelles dont ce processus dépend, soient
conservées.
Quant à la réalisation concrète de notre
étude, nous nous baserons sur un inventaire d'aménagement qui est
une opération première nécessaire pour la
réalisation du plan d'aménagement. Cette opération nous
permettra de répondre aux questions suivantes:
- Quel est le capital ligneux de la FCL?
- Quelles sont ses potentialités de production en bois
d'oeuvre commercialisable?
- Quel est la dynamique de cette forêt sur le plan de
la régénération naturelle?
I-3 OBJECTIFS DE L'ETUDE.
L'objectif central de cette étude est d'analyser la
structure et la régénération de la forêt communale
de Lomié et Messok pour déterminer le taux de
prélèvement à conseiller afin d'assurer une gestion
écologiquement durable et économiquement viable.
Les objectifs dérivés sont:
· Inventorier les différentes essences de la
forêt communale.
· Evaluer la régénération des
essences principales.
· Décrire la structure diamétrique des
essences principales.
· Déterminer la rotation et la possibilité
· Simuler l'évolution des effectifs d'arbres de
la deuxième rotation.
I-4 IMPORTANCE DE L'ETUDE.
Cette étude trouve son importance pour les
différents acteurs de la gestion durable des forêts du domaine
permanent, en particulier les communes de Lomié et Messok.
Pour les communes:
L'étude leur permet de maîtriser les
potentialités actuelles et futures de la forêt en terme de bois
d'oeuvre. Ainsi ces dernières pourront évaluer la
rentabilité économique de leur forêt.
Pour le projet SDDL :
Une fois le plan d'aménagement terminé, cette
étude servira de model pour l'établissement des plans
d'aménagement des UFA (Unité Forestière
d'Aménagement) prévues dans la zone de Lomié et Messok.
Elle participera aussi à renforcer et à concrétiser
l'idée de gestion rationnelle et durable des ressources naturelles
principalement le bois d'oeuvre, et par-là, créer d'une
filière de bois certifié tel envisagé au sein du
projet.
Pour les législateurs:
Cette étude teste l'application de la loi
forestière de 94 sur le double aspect théorique et technique en
matière de classement des forêts de production en
général et des FCL en particulier. A son terme, elle pourra
relever les contraintes et les limites de la législation en vigueur.
I-5 ORGANISATION DE L'ETUDE
La présente étude est organisée en cinq
chapitres structurés comme suit :
3 Ce chapitre premier ou chapitre introductif aborde le
contexte général, la présentation du problème, et
les objectifs de l'étude.
3 Le chapitre deux précise le cadre de l'étude
et présente une revue de la littérature existante sur le
sujet.
3 La méthodologie utilisée pour la
réalisation de cette étude est présentée au
chapitre trois.
3 Le chapitre quatre présente et analyse les
résultats.
3 Le chapitre cinq, enfin, conclut l'étude et donne
quelques recommandations.
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