L'hydrogéologie du littoral nord est
caractérisée par deux aquifères principaux dont :
· L'aquifère des calcaires Lutétiens
· L'aquifère des sables quaternaires
Plusieurs auteurs ont admis que le contact entre ces deux
aquifères se fait à la faveur d'un accident tectonique qui permet
une bonne continuité hydraulique (Puttalaz, 1962 ; Noël, 1978 ; et
le BRGM in Kane, 1995). Suivant la carte d'extension latérale des
aquifères conçue
par S. Diouf en 1995, ces deux unités sont
séparées par la ligne Tivaouane-Louga : à l'est
l'aquifère des calcaires du lutétien et à l'ouest celle
des sables quaternaires. (Figure 3)
Pour les besoins de la présente étude nous allons
nous intéresser à la deuxième.
Figure 3 : Limite d'extension latérale
des aquifères du littoral nord (Source : Diouf, 1995) 1. La
structure de l'aquifère des sables quaternaires
1.1 La nature de l'aquifère
A l'ouest de la route Thiés - Saint-Louis,
l'aquifère se compose de dépôts sableux et argilo-sableux
reposant sur le substratum marneux ou marno-calcaire du tertiaire (Kane, 1995).
C'est un important réservoir d'eau qui s'écoule lentement vers
l'océan par gravitation. Généralement de bonne
qualité, ces eaux sont cependant sensibles à la pollution
anthropique surtout si elles sont très exploitées. C'est le cas
à Mboro avec l'utilisation intensive de la ressource par les
ménages, les maraîchers et les industries.
1.2 Les paramètres hydrodynamiques
Dans les sables quaternaires les valeurs de
transmissivité sont comprises entre 5,5. 10-4 et 8.10-2
m2 / s et le coefficient de perméabilité varie entre
8,9.10-4 et 2,8.10-5 m/s ( BRGM, 1992). Cette masse
aquifère se distingue également par sa porosité qui est le
rapport entre le volume des pores et le volume total de la masse sableuse que
l'O.M.S (1974) estime entre 30 et 40%.
Ces différents paramètres et leurs valeurs
jouent un rôle important dans les processus de ré alimentation de
la nappe par infiltration dont l'efficacité dépend de la taille
des particules du sol et de la formation aquifère.
2. La piézomètrie
L'eau a été prélevée à
différents niveaux. Les dix puits donnent des valeurs
piézomètriques comprises entre 1,17 et 20 mètres. Ces
mesures sont parfaitement en corrélation avec les zones de
prélèvement (1,1 7m dans les niayes et 19,9 m sur la dune vers
l'extrémité du transect).(Figure 4)
Mais il faut tenir compte de la période de
prélèvement qui est située à la fin de la saison
sèche (12 juin). Il y a donc forcément un abaissement du niveau
de la nappe. Cette dernière étant alimentée par
l'infiltration des eaux de pluie facilitée par le matériel
sableux, il faut s'attendre à une remontée du niveau
piézomètrique à la fin de l'hivernage. Il devra alors
varier entre 0,5 et moins de 19 mètres voire affleurante dans les
niayes.
Mais les travaux effectués en 1994 dans le cadre du
projet « gestion des nappes des niayes » de même que ceux
réalisés par le ministère de l'hydraulique et le programme
des Nations Unis indiquent une baisse générale de 7 à 10
centimètres en moyenne par an.
Cette baisse piézomètrique générale
est liée à la diminution des pluies et aux
prélèvements industriels, domestiques et maraîchers.
Figure 4 : Localisation des points de collecte
(source adaptée).
DEUXIEME PARTIE : LA PROBLEMATIQUE DE L'ENVIRONNEMENT
A
MBORO
Il s'agit de voir d'abord l'occupation socio-économique
de l'espace, ensuite d'évaluer les risques de pollution des ressources
en eau de la nappe phréatique pour enfin étudier la
qualité de l'eau.
CHAPITRE I : LE CONTEXTE SOCIO ECONOMIQUE DE
L'ENVIRONNEMENT
L'étude de l'occupation de l'espace est d'une
importance capitale quand on sait que la pollution des eaux souterraines
provient le plus souvent de la lixiviation des matières organiques par
les eaux de surface (eaux de pluie, d'arrosage et eaux usées) et de leur
percolation dans la formation pour atteindre la nappe.
Les sources de pollution sont nombreuses et variées.
En fait les substances polluantes peuvent provenir des infiltrations des fosses
d'aisance, de la décomposition en surface des ordures
ménagères, des eaux d'irrigation chargées d'engrais et de
biocides, de l'intrusion d'eaux marines depuis la mer suite aux pompages
excessifs. Mais tout ceci est à lier à l'importance
économique de la zone et à la forte pression
démographique.
A/ L'organisation économique du paysage 1. Les
activités industrielles
Il s'agit essentiellement des activités d'exploitation
et de transformation du phosphate en engrais et en acide phosphorique par les
ICS. Elles sont localisées à une dizaine de km au sud-est de
Mboro-village. Une bonne partie de la population y travaille de façon
temporaire ou permanente.
L'installation de ce complexe industriel dans ce milieu
littoral répond certes à des préoccupations de
développement mais elle soulève en même temps la question
des risques de contamination chimique de l'environnement.
Les préjudices portés à l'environnement
sont énormes : pompage de la nappe, rejets de gaz polluants dans
l'atmosphère, déversement en mer d'effluents industriels non
traités qui ont entre autres conséquences la baisse du niveau de
la nappe et intrusion d'eau marine, pollution atmosphérique et
dégradation de la plage.
Ces déchets n'ont pas encore, du moins en apparence,
d'effets néfastes notables si ce ne sont quelques cas de puits
acidifiés, des vergers « brûlés » par les gaz,
des problèmes cutanés, des poissons retrouvés morts sur la
plage. Il demeure toutefois vrai que les ICS génèrent des
déchets dangereux. Ces déchets sont des résidus du
processus de fabrication d'engrais et d'acide phosphorique. Ils peuvent
être des gaz de condensation et des boues de phosphore
(phosphogypse) qui présentent probablement des niveaux
relativement élevés de radioactivité.
2. Les activités agricoles
Cette activité va se développer de façon
optimale sur les sols présentant des inconvénients mineurs. Ce
qui signifie en d'autres termes que l'agriculture va beaucoup plus
se développer sur les sols fertiles à fort niveau
de matières organiques. Et de ce point de vue les
sols hydromorphes des niayes vont s'imposer d'eux
mêmes. Leur teneur en matières organiques est très bonne et
leur profil en permanence humide nécessite de faibles travaux
d'aménagement pour leur mise en valeur.
Ainsi, l'activité agricole va être
dominée par le maraîchage et l'arboriculture fruitière. Les
superficies cultivées sont estimées à 18 000 ha ( D.A.T.,
1986 ) sur l'ensemble de la CR. Le village de Mboro est ceinturé par des
niayes, donc des opportunités d'emploi pour une bonne partie de la
population. Les cultures sous pluie (arachide et mil) pratiquées sur les
sols dunaires à des échelles réduites constituent des
appoints au maraîchage.
Ce développement de l'activité
maraîchère va se traduire par une forte pression sur les
ressources en eau, l'utilisation souvent incontrôlée et en grande
quantité d'engrais et de biocide qui polluent fortement le sol. Ces
produits seront repris par les eaux d'irrigation qui percolent à travers
la formation pour atteindre la nappe.
3. Les activités halieutiques et
touristiques
Elles sont confinées au bord de la mer ; leur
développement encore faible fait que les problèmes
environnementaux liés à elles sont insignifiants.