La mobilisation des savoirs chez les retraités à travers la pratique bénévole( Télécharger le fichier original )par Anne Gometz Paris 8 Vincennes Saint-Denis - Master 1 2008 |
3.3 - Précisions sur la démarche de recherche et sur les aspects méthodologiques : pour une analyse de mon implication dans les entretiens et l'observation participante.La pratique sur le terrain revêt quelques aspects « techniques » qu'il me semble utile de mentionner ici. En effet, en tant qu'apprenti-chercheur, mes premiers pas sont forcément aléatoires, incertains; je trébuche, me reprends et même ainsi, il apparaît vite que seul, le recul temporel me permettra de poser un regard distancié capable d'analyser ma démarche méthodologique, les erreurs, les manques et les faiblesses. Ces difficultés ou aléas de la recherche concernent l'observation participante, les conversations informelles et la conduite des entretiens semi-dirigés. Le moment de l'entretien est un exercice périlleux qui nécessite un questionnement permanent afin de mesurer les effets de la rencontre sur l'autre et ses répercussions éventuelles sur la richesse et/ou la qualité du matériau qui en résulte. L'attitude critique prévaut ici pour mener à bien ce travail de terrain. Et au centre de cette réflexion, le journal de recherche occupe une place intéressante en tant qu'outil d'analyse de mon implication. Il représente une nouveauté pour moi et un élément du processus méthodologique dans lequel je me suis engagée. Nécessaire dans toute démarche scientifique, l'analyse implicationnelle se doit « d'être cumulative, pouvoir être critiquée, reconstruite, revisitée »84(*) puisque tout chercheur en sciences humaines et sociales établit des relations importantes d'ordre divers (affectif, émotionnel...) avec son objet de recherche. La démarche heuristique d'analyse de ma propre implication (notion inséparable de celle d'interaction et donc opposée à l'objectivité pure) s'effectue à travers la rédaction du journal de terrain, qui, en plus de conserver une trace écrite de la construction de mes connaissances au fil des explorations, oblige au questionnement sur les difficultés rencontrées et facilite selon Ardoino (1992)85(*) le travail du « rapport complexe implication-distanciation » qui relie le chercheur à son objet. Pour Rémi Hess (2008), « le journal est un outil efficace pour celui qui veut comprendre sa pratique, la réfléchir, l'organiser »86(*). Et ce journal « extime », parce qu'il suscite diverses réactions, fait évoluer la pensée en stimulant lors de la relecture, un recul réflexif et critique, une compréhension a postériori des faits par une analyse dans l'après-coup des éléments marquants. Son procédé cumulatif ainsi que l'indexicalisation des réflexions offrent un gain de temps appréciable au moment d'effectuer un retour sur des écrits antérieurs éventuellement réfléchis sous un éclairage nouveau. Cette posture réflexive qui évite des interprétations hâtives, se révèle être dans ma pratique hésitante d'apprenti-chercheur, un outil de choix qui mérite de s'améliorer encore pour mieux élucider mon implication dans la recherche. Enfin, je précise que l'incursion sur le terrain de recherche, la rencontre des acteurs principaux, les conversations nombreuses ont apporté des corrections à ma vision de départ et enrichi la problématique. Toutefois, mon inexpérience dans le domaine a ralenti la progression optimale de ce travail en donnant dans un premier temps une place prééminente à la théorie au détriment de la recherche empirique. * 84 Le Grand, J-L.(2006) Implexité : implications et complexité. Le Journal des Chercheurs. Site : http://www.barbier-rd.nom.fr/JLLeGrandImplexite.html * 85 Ardoino, J. (1992) L'implication, publication Voies libres, Lyon : http://jardoino.club.fr/publications_2.htm#174 * 86 Hess, R. (2008) « L'écriture du journal et de la correspondance. Une éducation tout au long de notre vie » in Colin, L. et Le Grand, J-L. (2008) [dir.] L'éducation tout au long de la vie, Economica Anthropos. |
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