CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
A travers ce travail, nous avons en un premier temps
défini de manière empirique les déterminants de la
diversification des exportations au Bénin. Comme dans tout travail de
recherche, l'étude est limitée par la qualité et la
disponibilité des données. En dépit de ces
difficultés, on peut dire qu'on a réussi à
déterminer que le processus de diversification est fortement
influencé par l'investissement, le revenu par tête et le taux de
change. Ainsi le renforcement de la diversification nécessite des
niveaux élevés du revenu par habitant et de la Formation Brute de
Capital Fixe. Au cours de ces dernières années, les fluctuations
des cours mondiaux ont fortement compromis le processus de diversification des
exportations au Bénin. Il en est de même pour la
détérioration des termes e l'échange dont le Bénin
est victime depuis des décennies ainsi que de la dévaluation.
En un second temps, nous avons tenté d'établir
la présence et l'importance du lien entre la diversification et la
croissance économique dans l'économie béninoise. Les
résultats ont montré que le renforcement de la diversification
permettrait d'améliorer la productivité totale des facteurs. En
d'autres termes le Bénin peut augmenter sa croissance économique
en augmentant la productivité des facteurs à travers un
renforcement de la diversification. On notera aussi l'importance d'une
accumulation des capitaux pour une dynamisation de la croissance
économique. La mise en oeuvre de politiques économiques et
gouvernementales devrait contribuer à lever les contraintes liées
à l'accumulation des facteurs de production. Ces politiques auront pour
effet de renforcer la diversification des exportations, ce qui permettra, en
fin de compte, d'augmenter la contribution de la productivité totale des
facteurs à la croissance économique.
Les résultats analytiques et empiriques, que nous avons
examinés dans les deux chapitres précédents de la
présente étude, permettent de dégager deux raisons
essentielles qui justifient la nécessité de faire de la
diversification un élément central des efforts de
développement du pays. Tout d'abord, la diversification est
nécessaire pour renforcer la croissance économique. La
deuxième raison majeure
qui justifie la diversification est liée au fait
établi que le Bénin n'a pas réussi à mettre
pleinement à profit les préférences et la mondialisation.
Ainsi, il apparaît nécessaire de concevoir un nouveau
modèle de diversification pour permettre au pays de tirer profit des
préférences et de la libéralisation du commerce. Cette
incapacité à tirer le meilleur profit des
préférences et de la libéralisation du commerce est
d'autant plus importante qu'il apparaît de plus en plus évident
que les gains dont pourraient bénéficier le Bénin dans le
cadre de la libéralisation du commerce actuelle ne seront pas
réinvestis pour une meilleure diversification.
Le présent travail propose plusieurs politiques et
recommandations essentielles, qui répondent au besoin de diversification
pour renforcer la croissance économique au Bénin et qui
pourraient constituer les éléments d'un nouveau modèle de
diversification qui permettrait au pays de se développer.
Le Bénin bénéficie de la stabilité
monétaire inhérente au franc CFA et des efforts d'harmonisation
des politiques au sein de l'UEMOA. Bien que la parité fixe entre le
franc CFA et l'euro soit source de stabilité, elle comporte
également une certaine vulnérabilité à laquelle il
faut remédier, comme en témoigne la forte appréciation
récente de l'euro. Toutefois, dans le domaine des finances publiques, la
détérioration récente du déficit budgétaire
met en évidence la vulnérabilité de l'économie et
des recettes publiques au commerce avec le Nigeria et à
l'évolution de la filière coton. À court terme, le
Gouvernement doit continuer à appliquer vigoureusement les mesures
axées sur le suivi des dépenses et à contenir les
dépenses non essentielles jusqu'à ce que la situation
budgétaire s'améliore. Au fil du temps, les autorités
doivent s'attacher à accroître les recettes en rationalisant les
opérations douanières et en améliorant l'administration
fiscale. À long terme, elles doivent consentir des efforts pour
élargir la base d'imposition en s'appuyant sur une étude du
système fiscal. Comme on l'a vu dans le cas du coton, la
disponibilité d'institutions d'appui au marché est une condition
préalable pour développer les marchés. Pour les ventes
destinées à l'exportation vers les marchés des pays
développés, il importe de prêter attention à la
qualité, au prix, au respect des délais
et de la régularité des livraisons.
L'acquisition de compétences de ce genre n'est pas aisée, et elle
doit être facilitée par les organismes d'appui publics, mais comme
on l'a déjà mentionné, la performance de ces organismes
laisse apparemment à désirer. Pour parvenir à exporter des
produits comme la noix de cajou et l'ananas, il faut un ensemble
cohérent de politiques officielles qui créent un environnement
plus propice et qui aident les producteurs, tout en laissant une grande marge
de manoeuvre aux forces du marché. Ici, le rôle qui revient
proprement à l'instance politique est de créer un environnement
généralement favorable à l'investissement, ainsi que de
fournir les biens publics nécessaires tels que les infrastructures et
l'assistance aux producteurs (recherche, diffusion des informations,
exécution des contrats). Le Gouvernement doit probablement s'abstenir de
cibler des cultures précises, toutefois, comme le montre l'exemple
malheureux du manioc. Cet exemple souligne par ailleurs l'importance de la
commercialisation et de l'attention à accorder au contrôle de la
qualité et aux normes. Il serait utile d'étudier les
enseignements tirés de l'expérience d'autres pays qui ont
réussi dans une certaine mesure à diversifier leurs exportations
agricoles, comme par exemple la Tanzanie et le Mozambique avec la noix de
cajou, et le Ghana avec l'ananas. Dans ce contexte, le Gouvernement doit
envisager les mesures concrètes ci-après:
i) Encourager la création d'une organisation des
producteurs de noix de cajou et renforcer l'organisation des producteurs
d'ananas. Étant donné que les organisations de producteurs
peuvent rarement exercer un pouvoir compensateur de monopole, et que les
producteurs ont besoin d'une solution de rechange, il serait utile de mettre
à contribution les organisations de « commerce loyal » ou de
commerce « alternatif » afin qu'elles aident à ouvrir d'autres
débouchés et à susciter la concurrence face aux acheteurs
monopsonistes.
ii) Fournir une assistance technique aux producteurs dans les
domaines du contrôle de la qualité, de l'accès au
crédit, de la commercialisation, etc.
iii) Améliorer les routes rurales, les installations
d'entreposage, y compris les entrepôts frigorifiques à
l'aéroport.
iv) Traiter de la même manière les producteurs
de noix de cajou/autres producteurs et les planteurs de coton, afin de garantir
l'équité des incitations fiscales et d'autres avantages
accordés aux uns et aux autres.
v) Le ministère de la Culture, de l'Artisanat et du
Tourisme doit collaborer avec un ou plusieurs promoteurs privés pour
identifier sur la côte une parcelle de terre à aménager en
vue de la construction d'hôtels, puis mettre de manière
sécuritaire ce terrain à la disposition du secteur privé,
à la condition que les investisseurs respectent le plan global
d'aménagement, notamment le nombre de petits hôtels
aménagés avec goût et adaptés à
l'environnement et au potentiel du Bénin. En même temps,
l'État doit investir dans la préservation des attractions
naturelles et environnementales du pays, telles qu'Abomey et Ganvié. Une
assistance technique doit être fournie à la fois au
ministère de la Culture et au secteur de l'artisanat. Il faudrait
envisager des événements touristiques comme un festival de
vaudoun. L'agence de promotion des exportations doit commercialiser ces
attractions en Europe et éventuellement auprès des populations
d'origine africaine des États-Unis et du Brésil.
Les politiques de diversification recommandées peuvent
être appréhendées à deux niveaux. Tout d'abord, il
faudrait adopter des politiques macroéconomiques qui favorisent la
diversification. Puis, le Bénin devrait mettre en oeuvre de nouvelles
politiques économiques pour renforcer la diversification.
La diversification des exportations est en règle
générale un processus de longue haleine, Empêcher la
surévaluation du taux de change réel est une raison cruciale de
soutenir les exportations. Les pays latino-américains et asiatiques ont
réussi à élargir leurs bases d'exportations
étroites en créant un environnement macroéconomique assez
stable et en mettant un terme aux préjugés antiexportation
hérités de l'époque de l'industrialisation axée sur
la substitution des importations. Il faudrait donc adopter des politiques au
niveau macroéconomique qui puissent encourager l'accumulation de
capitaux mais aussi des initiatives d'investissements privés. C'est
à ce niveau que l'Etat à énormément à
contribuer
dans sa politique de diversification de l'économie en
matière d'incitation de le population.
Une autre recommandation essentielle que l'on peut tirer de
l'étude concerne le rôle des politiques économiques
favorisant la diversification. Il faudrait donc mettre en oeuvre des politiques
économiques plus dynamiques en harmonie avec les politiques
macroéconomiques. Compte tenu des résultats relatifs aux
déterminants de la diversification, tels qu'ils apparaissent dans la
présente étude, la mise en oeuvre de politiques dynamiques dans
les domaines du commerce, des finances, s'impose plus que jamais.
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