IV.2.2.Classification des BIF
La classification des BIF la plus commune est celle de Gross
(1972, 1980) qui distingue (fig 9):
- Les BIF de type Lac supérieur : correspondent
à des formations ferrugineuses déposées à partir du
protérozoïque inférieur dans un environnement de plateforme
épicontinentale subsidente. L'extension de ce type de BIF peut
dépasser 1000 Km. L'épaisseur cumulée de formations
ferrugineuses peut atteindre 1000 mètres (Routhier, 1980). Les
minéraux ferrifères caractéristiques sont:
l'hématite, la magnétite, la greenalite, le stilpnomélane,
minnesotalite, la ribekite, la grünérite, la sidérite,
l'ankérite et la pyrite. Tous ces minéraux sont
sédimentaires diagénétiques plus ou moins tardifs. Ce type
de BIF constitue prés de 90% des gisements ferrifères
lités.
- Les BIF de type Algoma : sont associés à des
ceintures mobiles archéennes dans
lesquelles s'accumulent des laves, des tufs et des
sédiments volcano-clastiques (grauwakes). Dans ce type de BIF le
minéral abondant est l'hématite qui se transforme souvent en
magnétite par métamorphisme (Routhier, 1980). Par
rapport au type Lac supérieur, l'extension de ce type de BIF est
beaucoup moins importante.
Les BIF de type Algoma ou lac supérieur, constituent
d'excellents métallotectes lithologiques (par le contenu en fer) ou
structuraux (par les réseaux de failles de tension), pour
d'éventuelles minéralisations aurifères. Ils encaissent
des gisements d'or soit concordants sous forme disséminée et
latéralement continus au sein de BIF sulfurés, soit discordants
et confinés dans des structures tardives ou en remplacement dans les BIF
oxydés ou sulfurés.
Figure 9 : Diagramme illustrant les environnements
sédimentaires et tectoniques des différents types de BIF et
l'importance de gisements de type Lac supérieur (in Kassel,
2007).
IV.2.3.Modèles génétiques
Les modèles génétiques des gisements de
type BIF ont été et demeurent sujets à débats et
controverses. Les hypothèses de mise en place sont diverses:
sédimentaires, volcanosédimentaires, volcaniques et même
cosmiques. Les deux premières (sédimentaires et
volcano-sédimentaires) sont les plus adoptées (Bensus 1975).
Néanmoins, le fait que la majorité des BIF ne sont pas
associés à des roches volcaniques, conforte l'hypothèse
d'une origine sédimentaire.
Par ailleurs, la source des éléments chimiques
reste encore largement débattue. Néanmoins, deux
hypothèses principales sont d'actualité:
- Une origine continentale: provenance de l'altération
d'une croûte continentale (Miller et al., 1985).
- Une origine hydrothermale (mantellique pour le fer) le
dépôt de Fe et Si faisant suite à un mélange entre
des fluides hydrothermaux, enrichis en fer et en silice avec les eaux
superficielles (Jacoson et al., 1988 ; El Hadj, 2002 ; Pecoits et al., 2008)
D'autre part la précipitation d'énormes
quantités de Fe3+, nécessite une quantité
importante d'oxygène. Deux processus sont proposés comme
étant à la base de la libération de l'oxygène:
- Chemoautotrophie qui consiste en une est la
photodissociation de la vapeur d'eau par les radiations solaires UV (Canuto et
al., 1983 in El Hadj ; 2002). Ce processus aurait
nécéssité 5 Milliars d'années pour déposer
les BIF du bassin Hamersley en Australie (Mel'nik, 1982) alors que leur mise en
place n'aurait duré que 2 Millions d'années (Trendall, 1983). Par
conséquent, la photodissociation de l'eau ne peut expliquer à
elle seule la production de telles quantités d'oxygène
nécessaires.
- La photosynthèse semble être le processus
principal de libération de l'oxygène. La présence de
nombreuses colonies de stromatolites dans de nombreuses ceintures de roches
vertes (Canada, Inde ...) en est la preuve (Kasting, 1993 in El Hadj ;
2002).
En fin, une activité organique saisonnière
à été invoqué pour expliquer la cyclicité
des dépôts fer-silice dans les BIF. Il semblerait que durant les
périodes climatiques chaudes et humides le développement des
organismes est maximal (donc photosynthèse importante) et par la suite
l'oxygénation de l'atmosphère qui conduit à la
précipitation de fer sous forme de Fe3+. Durant les
périodes froides par contre, l'activité organique est ralentie.
Des microorganismes fixateurs de silice sont plus actifs (khodyush, 1969 in
Routhier, 1980).
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