0.2. ETAT DE LA QUESTION ET
PROBLEMATIQUE
Le Rwanda a été longtemps
caractérisé par une communication de type traditionnel.
L'échange de l'information se faisait soit de bouche à oreille,
soit à l'aide de divers instruments à percussion comme le
tambour, la trompette, la flûte. La presse, quant à elle,
n'apparaît au Rwanda que vers les années 30.
Etant donné que la presse constitue un des moyens
essentiels de l'action non seulement culturelle mais aussi économique,
sociale, politique, etc., elle a comme mission principale d'informer,
d'éduquer, de cultiver, de distraire, de susciter la curiosité,
d'élargir les horizons dans tous les domaines, auprès de tous les
publics. C'est sous cet angle que la prolifération des journaux, au
Rwanda, dès 1991, est attachée aux familles ou aux partis
politiques qui venaient de voir le jour. Certains journaux ont
étés créés pour soutenir le gouvernement en place,
les autres pour renforcer l'opposition qui venait de naître.
Selon les informations tirées de la revue
« Dialogue » (1991 :70), on comptait dans cette
même année vingt-deux nouveaux journaux. Tandis que
Chrétien (1995 :44) explique que « ce sont au moins
quarante-deux titres qui apparaissent en cette seule année.
Malgré l'étroitesse du lectorat, l'instauration du multipartisme
et la nouvelle loi sur la presse ont donné un formidable coup
d'accélération aux journaux».
A partir de ce moment, beaucoup d'autres raisons ont
contribué et contribuent encore à l'émergence (ou à
la croissance) de nouveaux journaux. Seulement, même si l'on s'accorde
sur cet accroissement de la presse écrite, l'on dénombre pas mal
de contraintes ou d'obstacles. En réalité, la presse
écrite exige beaucoup de travail dans la rédaction, l'impression,
la diffusion et la distribution des journaux ; ce qui fait qu'elle a moins
d'adeptes que la presse parlée ou audio-visuelle. De plus,
l'analphabétisme constitue un grand handicap à cet égard
dans ce sens que, compte tenu du taux d'analphabétisme, ces journaux
sont mal achetés.
La culture de non- lecture est un autre obstacle majeur que
rencontrent les journaux. En fait, à coté de la faiblesse du
pouvoir d'achat au sein du public rwandais, les problèmes les plus
dangereux restent le poids de la tradition orale et l'apathie du citoyen
rwandais à la lecture. On remarque jusqu'aujourd'hui, et surtout dans
les villes où l'on accède facilement aux journaux, que bon nombre
de gens ne manifestent aucun souci d'acheter ces journaux, non pas parce qu'ils
en sont incapables, mais à cause de cette mauvaise habitude de beaucoup
de Rwandais qui, au lieu de lire, préfèrent des racontars. Enfin
la conséquence en devient la disparition ou la fermeture de certains
journaux.
Contrairement au discours oral, le texte écrit est
toujours beaucoup plus dense. Et l'attention exigée pour la lecture est
plus forte que celle qui est demandée par l'écoute de la radio ou
par la réception du spectacle télévisé.
L'analphabétisme constitue à son tour un grand handicap à
cet égard. Tous les Rwandais peuvent bien écouter la radio, mais
peu sont capables de lire un article de journal. Sur la base des données
du SNR (Service National de Recensement), le taux d'alphabétisation,
pour la population âgée de 15 ans et plus est estimé
à 60% dans l'ensemble du pays, contre 40% d'analphabètes.
Précisons ici, que cette tranche d'âge est globalement
considérée comme étant adulte. A tout cela, s'ajoute enfin
la culture de l'oralité et le problème financier qui freine non
seulement les lecteurs quant à l'achat des journaux, mais aussi les
producteurs de ces derniers.
Vu tous ces phénomènes qui se produisent dans le
domaine de la presse et considérant son rôle et son impact sur
toute la société, plusieurs mémoires de licence ont
été écrits à ce propos, les uns traitant la presse
sous l'aspect journalistique et communicationnel, d'autres cadrant avec son
influence sur la vie politique et administrative ; d'autres encore
s'attardant sur le droit et la liberté de la presse. C'est le cas des
travaux comme ceux de Ihunge, (1993), Kayira Muvunyi, (2001), Mulinda,
(2000), Mundere, (1980), Museruka, (2001), Niyitegeka, (2001), Rutabara Longo,
(2001), Rwumbuguza, (2000), Sibomana, (2000), etc.
Cependant, nous remarquons que l'aspect linguistique reste
jusqu'ici non exploité surtout du point de vue lexical et
sémantique. Seuls Nyirindekwe, (1999), Twagiramariya (1979) et
Twiringiyimana Biraro (2000) ont traité la presse écrite sous un
angle purement linguistique.
Quant à nous, emboîtant le pas à Niklas -
Salminen, (1997 :86) qui dit que « comme la vie ne
s'arrête jamais, des mots nouveaux sont toujours indispensables pour
exprimer les changements qui surviennent, les découvertes scientifiques,
les progrès industriels, les modifications de la vie sociale, etc. en
même temps, il y a des mots qui s'usent qui perdent de leur force et de
leur expressivité et qui finissent par
disparaître », nous allons répertorier tous les
noms des journaux rwandais. C'est une tâche qui s'avère
nécessaire du fait que la prolifération des journaux traduit les
diverses réalités au sein de la société rwandaise.
En réalité, depuis la genèse de la presse rwandaise,
plusieurs journaux paraissent et disparaissent quelques temps, en laissant
derrière eux, leurs noms dans la mémoire des gens. Et puis cette
étude apportera bien d'éclaircissements sur ces noms, à
tous ceux qui en auront besoin.
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