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Le discours religieux en Tunisie: L'exemple de la communauté juive

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par Sadek MTIMET
Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis ( Université Al-Manar) - Master en sciences poltiques 2007
  

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CONCLUSION

Tout au long de notre modeste étude, on a cherché à dégager les grands lignes du discours religieux juif en Tunisie. Fait important , la production et la systématisation de ce discours était devenu, depuis le XIX siècle, non plus l'exclusive des rabbins, les professionnels du religieux , mais du ressort de la nouvelle élite moderne. La prise en charge de ce discours par les intellectuels juifs s'était faite en douceur et sans heurts : les rabbins n'ont pas parjuré les nouveaux penseurs de la condition juive. Les intellectuels, de leur part, n'ont pas attaqué ces " gardiens du sacré ". Le débat entre les premiers et les seconds, à travers la presse écrite, en tant que nouvel espace public, a porté sur le coté culturel ( statut social, succession, vie sociale, etc. ) et n'a pas touché nullement le coté cultuel . "Le salive coule pas le sang et l'excommuniation n'était pas dans l'ordre du jour".

Par ailleurs, on a tenté d'aborder la manière dont la collectivité juive percevait son statut de minorité au sein d'une société a majorité musulmane à travers l'affirmation d'une identité culturelle basée sur des mythes fondateurs qui trouvent leur ancrage dans leur histoire millénaire, et lui donne une légitimité de présence et d'appartenance à la Tunisie depuis la période phénicienne. Toutefois, et malgré l'accumulation historique, le "choc de la modernité " n'a pas épargné cette communauté. Par ce fait, certaines convictions ont été altéré et l'érosion a balayé certains dogmes .

L'arrivée des juifs livournais ( Grana-s ), depuis le XVII siècle jusqu'à l'aube du XX siècle, a ébranlé le caractère redondant du discours religieux juif et lui a donné un contenu variable et revendicatif. Alors ce discours va osciller entre deux référents culturels : le classicisme et le modernisme. Ce débat, en forme d'antagonisme, perdurait, entre les deux groupes jusqu'au 1864, année de révolte de Ali Ben Ghedahom .

L'articulation de 1857 - 1861, à travers le Pacte fondamental et la Constitution octroyés par le Bey, constituait un événement majeur. La dynastie husseinite, depuis son accession au trône depuis 1705, semblait avoir associer les juifs à son pouvoir à travers une politique de fonctionnarisation des notables juifs. Mais en réalité, cette participation ne profitait qu'à une élite liée au pouvoir par des intérêts économiques notoires. Avec les textes de 1857 - 1861, c'est l'égalité qui était affirmé solennellement entre musulmans et " Gens du livre" .

Le "choc colonial ", constituant un défi à relever pour la majorité musulmane , était par contre "l'âme sur un cheval" pour une grande frange de la Communauté juive, et une occasion en or, à ne pas rater, pour l'émancipation effective et l'accession à " l'espace public". La réticence des autorités coloniales vis-à-vis des juifs autochtones pour leur implication totale dans la vie sociale et politique, par calcul politique ou par respect des formes antérieurement établies, semblait un motif suffisant pour l'engagement de l'élite juive dans le combat politique en vue d'une reconnaissance totale des droits civils et politiques, à l'instar de la Métropole. L'extension de la couverture juridictionnelle française et l'assouplissement des conditions de naturalisation étaient les deux leitmotiv pour se débarrasser du joug du pouvoir beylical autoritaire et de la juridiction rabbinique jugée archaïque.

Trois moments ont vu la métamorphose du discours juif en Tunisie : l'entrée des livournais dans la société musulmane avec ses implications culturelles. En second lieu, le fait colonial avec son arrière plan civilisationnel. En troisième lieu, la percée du discours sioniste dans la Communauté juive depuis le début du XX siècle, avec son alternative déracinante. L'indépendance de la Tunisie constituait pour le discours juif le "désenchantement" total et la désillusion d'une frange traditionaliste qui a parié sur la possibilité d'un nouveau pacte de citoyenneté en Tunisie . Entre les textes juridiques posés depuis 1956 et la pratique factuelle de tout les jours, un grand champs discursif, rempli de non-dits, commença à s'élargir. La judéité est une espèce en voie de disparition .

Cette Communauté disparaitra ou, au contraire, se maintiendra-t-elle et, un jour, se retrouvera-elle dans la prospérité ?. La solution en fait se trouve au Moyen-Orient. Si la paix s'installe, comme chacun le souhaite et les palestiniens, peuple chassé de son territoire, recouvrent leurs droits les plus élémentaires ( un Etat vivable avec un territoire vérifiable ), dans ce cas " bien de Twansa-s souhaiteraient retrouver dans le calme et la sérénité les sources de leurs pères et leurs aieux ".

Ce modeste mémoire ne peut donc se terminer que sur un espoir de paix pour tous et en particulier , pour une Communauté , qui a vécu 25 siècles sur le même sol , et que les aléas de la politique et des discours déracinants a éloigné de ses sources historiques , dont elle garde , sous tous les cieux où elle se trouve , actuellement , une profonde nostalgie

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams